35 ans
Dîner d’anniversaire :
samedi 2
septembre dès 11h30 à Pully
Entre les plats, les
convives entendront de brefs exposés de
Max l’Impertinent,
Daniel Bassin, Michel de Preux,
Claude et Mariette Paschoud
Les abonnés reçoivent le
détail avec leur exemplaire du Pamphlet
N° 356 sous enveloppe
Inscriptions jusqu’au 15 juillet
Sommaire :
L’éditorialiste analyse les résultats de la votation du 21 mai sur
l’espace éducatif suisse.
Pollux démontre que la conception que se font les Français, et après eux
les Suisses de l’entreprise s’est depuis peu profondément modifiée
Max se penche sur le sort des Kémites, il plaint le général Harris, il se
réjouit d’avoir rencontré des Français et du calme qui règne à Bagdad.
Pris à partie dans l’avant-dernier numéro du Pamphlet au
sujet de son dernier livre Manifeste libertin, Me Eric Delcroix répond.
Lettre ouverte à Mgr
Joseph Roduit
Michel de Preux démontre qu’en prenant position publiquement contre
la révision des lois sur l’asile et sur les étrangers, Mgr Roduit s’aventure
sur un terrain qu’il devrait laisser à d’autres
Où il est question d’€uro(s), de balle au pied et de musiques
actuelles, de chasse à la baleine et de lapidation pour cause d’adultère
Reproduisant un remarquable article de Mme Marie-Madeleine Greub, paru
dans Notre Armée de milice, Claude Paschoud invite les lecteurs à se prononcer
sur la question suivante : l’armée suisse est-elle en train de
perdre son âme ?
Mariette vous recommande des lectures roboratives pour cet été.
Prétendre que le résultat de la
votation du 21 mai sur l’espace éducatif suisse n’a pas été pour
nous une déception serait un mensonge. En revanche, nous n’avons pas été
surpris, sinon par l’ampleur du désastre : 85,6% de votes positifs
et acceptation par tous les cantons. On pourra toujours relativiser le résultat
en faisant remarquer que le taux de participation a été extrêmement bas (27,2%)
et que, en fait, la centralisation larvée de l’école n’a recueilli
les suffrages que de quelque 23% des citoyens en âge de voter. C’est un
petit jeu auquel on peut se livrer quant il s’agit de ramener à de justes
proportions l’«éclatante victoire» d’un nouvel élu. Mais, dans le
cas qui nous occupe, il n’y a aucune consolation à en tirer, bien au
contraire : constater que 72, 8% des Suisses soit se moquent comme
d’une guigne de l’avenir scolaire des enfants de leur canton, soit
approuvent que les cantons ne soient plus libres d’organiser leur école
comme ils l’entendent devrait nous arracher des torrents de larmes.
Séchons nos pleurs et tâchons de
comprendre le sens de cette votation. Pourquoi les Suisses qui votent sont-ils
massivement favorables à l’harmonisation, donc à l’uniformisation
des systèmes scolaires cantonaux ? Ce n’est pas parce que la qualité
sera meilleure, bien que la propagande fédérale ait tenté de nous faire croire
à ce bobard. Ce n’est pas non plus, ou alors très peu, pour des raisons
de mobilité, même si la même propagande a constamment prétendu mensongèrement
que les familles se déplaçaient de plus en plus : les gens voient bien et
savent bien, même sans statistiques, que leurs amis et voisins sont plutôt
sédentaires.
C’est à notre sens parce que nous vivons à
l’ère du simplisme. Or, le système fédéraliste est compliqué. Donc il
faut l’«aménager» en attendant de le supprimer purement et simplement.
Ayons tous le même système scolaire, ce sera plus simple, croit-on. Et on ne
voit pas où ce besoin de «faire simple» conduit, particulièrement dans un pays
comportant des minorités. Pourquoi ne déciderait-on pas un jour que tout le
monde doit parler la même langue, parce que c’est plus simple ? Doit
pratiquer la même religion, parce que c’est plus simple ? Doit voter
pour le même parti, parce que c’est plus simple ?
Nous lisons dans 20 minutes1 du 17 mai, à
propos de la lutte contre la fumée ce qui suit :
«LAUSANNE- Le projet d’interdiction de la fumée
dans les établissements publics poursuit son chemin. Après une heure de débats,
le Grand Conseil a accepté hier qu’une commission se penche sur le
dossier. Des voix se sont élevées pour dire qu’il était inutile de créer
26 lois cantonales comme le texte en vigueur au Tessin. Une initiative contre
la fumée passive doit être prochainement étudiée à Berne.»
Des parlementaires cantonaux, qui devraient se garder
le maximum de compétences, ne serait-ce que pour conserver des raisons de
siéger – le jour où tout viendra de Berne, ils pourront fermer boutique
– se font les champions de la centralisation, parce que c’est plus
simple ! Il n’y a donc pas lieu de s’étonner, pour en revenir
à l’espace éducatif suisse, que toute l’officialité des cantons,
suivie par les citoyens, ait approuvé le projet fédéral : c’est
tellement plus simple ! Et si Pascal Couchepin réalisait son rêve de tenir
dans ses mains tous les domaines de la formation, ce serait tellement plus
simple ! Et si tout le monde faisait les mêmes études, ce serait tellement
plus simple ! Et si tout le monde se couchait à la même heure, ce serait
tellement plus simple ! Et si tout le monde s’habillait de la même
façon, ce serait tellement plus simple ! Et si tout le monde gagnait le
même salaire, ce serait tellement plus simple ! Et si tout était simple,
ce serait tellement plus simple !
«Pourquoi faire simple quand on peut faire
compliqué ?» disait, voici bien des années, un professeur de
mathématiques à ses élèves qui cherchaient midi à quatorze heures. Certes, il
ironisait. Mais nous serions tenté de reprendre à notre compte ce qui
n’était alors qu’une boutade, car le simplisme érigé en idéologie
conduit, comme toutes les idéologies, au totalitarisme, alors que la diversité,
à condition de n’être pas érigée en idéologie, est gage d’un
minimum de liberté
Bon été à tous et rendez-vous en septembre.
Le
Pamphlet
1 Le Matin
Bleu et 20 minutes sont tout aussi mauvais que 24
heures, mais ils ont le mérite d’être gratuits.
Quelques
dépêches d’agence ont relaté le procès, dans une petite ville française,
de la gérante d’un salon de coiffure inculpée de «discrimination à
l'embauche en raison d'une appartenance ethnique ou raciale». Trois mille euros
d'amende et «l'obligation de suivre un stage de citoyenneté» ont été requis
contre cette dame, coupable d’avoir refusé d’embaucher une
coiffeuse d’origine haïtienne en prétextant qu’elle n’avait
besoin de personne. Le recours à une «candidate-piège» de race blanche, puis
une enquête menée par l’inspection du travail et la gendarmerie ont
montré que la patronne avait bel et bien eu l’intention d’engager
une coiffeuse, mais qu’elle avait refusé la candidate noire à cause de la
couleur de sa peau.
La
lutte contre la discrimination ne doit pas avoir de limites. A l’avenir,
pour être logique, il faudra aussi traquer les individus qui n’ont pas de
personnes de couleur parmi leurs amis. Et ceux qui n’ont pas voulu
épouser une personne de couleur. Et aussi ceux que l’on soupçonne
d’avoir changé de trottoir, ou passé à une autre caisse du supermarché,
pour éviter une personne de couleur. On pourra ensuite procéder de la même
manière avec les handicapés, puis avec d’autres «minorités». Il y a là du
travail pour des milliers d’inspecteurs de police et pour des centaines
de juges.
L’affaire
dont il est question ici met aussi et surtout en évidence la conception que
notre société se fait des entreprises et des relations de travail. Autrefois,
on estimait que le patron d’une entreprise privée était libre –
pour autant qu’il respecte la liberté et la sécurité des autres –
de produire ce qu’il voulait avec qui il voulait, et d’organiser
son commerce selon ses goûts, ses idées, ses convictions, avec tout ce que cela
suppose de subjectivité. On constate aujourd’hui que cette conception
libérale n’a plus cours en France – et il est probable que les
mentalités évoluent en Suisse dans la même direction. Les entreprises semblent
désormais considérées comme des services complémentaires de l’Etat,
chargés accessoirement de produire des biens et des services et principalement
de procurer des emplois aux citoyens. Un patron qui a du travail à fournir doit
accepter d’engager les candidats qui frappent à sa porte; il ne peut
refuser quelqu’un sans un motif objectif et légalement valable. Il
n’a plus le droit de choisir avec qui il veut travailler dans sa propre
entreprise. A moins bien sûr qu’il n’accepte de payer les lourdes
amendes que lui infligeront les tribunaux, lesquelles se transformeraient alors
en une sorte de taxe permettant aux commerçants les plus aisés de continuer à
choisir leurs collaborateurs.
Et
c’est ainsi que l’on combat les inégalités et les discriminations.
Pollux
Mr
President,
(Réf. : v/dde du 10 courant) le “Think tank” du Comité des
services de renseignements est en mesure de vous soumettre deux versions
condensées de la longue lettre que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad
vous a adressée le 8 courant via Bern (Swazil
– sorry – Switzerland) :
A version : « Fuyez, tout est découvert ! »2
B version (pour les sourds et les malentendants) : «Arrête
ton char, “Ben Hur”, ou nous révélons au monde entier tout ce que
vous couvrez depuis si longtemps.»
Max tient du Dr X, psychiatre pénitentiaire, que la
corruption est une perversion. «Les pervers sont incurables», lui
précise-t-elle. Incurables donc, les corrupteurs et leurs séquelles, les
corrompus… et contagieux en sus !
«Allons, mec !», lui avait-il intimé, «T’es
plus à l’âge où l’on fait des héros !»
– C’est exact, mon gars, lui avait
répondu le quinquagénaire confirmé, plus à l’âge des héros, mais à celui
où l’on trouve encore pas mal d’enragés… Et il avait
fait monter une cartouche dans le canon de son arme d’ordonnance…
Le vocabulaire politique français, déjà passablement
ethnique, s’est tout récemment enrichi du substantif «Kémite». Les
«Kémites», selon eux-mêmes, tireraient leur nom de l’égyptien pharaonique
«Kemet» dont l’hebdomadaire Minute3 nous apprend qu’il
signifierait «Terre noire ou Terre des Noirs». Forte de cette
ascendance autoproclamée, et revendiquant à son seul actif toute la grandeur de
l’Egypte ancienne, il semblerait que Tribu Ka, un groupuscule de
cette mouvance, n’ait pas craint d’aller se promener, avec une
insistance un peu trop appuyée, dans Paris, sur les territoires contrôlés par
le Bétar et l’Organisation Juive de Défense (OJD) –
sortes de troupes de choc de l’extrême-droite sioniste –,
entraînant, par réflexe pavlovien du ministre de l’intérieur, M. Sarkozy,
la radiation du Net du site Tribu Ka. En foi de quoi on peut se demander
si S.O.S. Racisme ne va pas y voir une nouvelle manifestation
d’antikémitisme…
Camp de concentration de détenus arbitraires de
Guantanamo : trois de ses prisonniers s’étant suicidés,
l’amiral états-unien Harris, Gentil Organisateur en chef du village de
barbelés, s’indigne de ce qu’il qualifie, animé d’une belle
logique «bushienne», d’«acte de guerre» de la part des Méchants Membres
de l’Axe du Mal. On en viendrait presque à déplorer que ce parfait
gentleman n’ait pas cru bon de déférer les cadavres en justice…
doublement coupables, après tout, de manquement aux principes de l’islam
et de délit de fuite. Il est peut-être permis de relever ici que, soixante ans
plus tôt, si le moindre gradé allemand avait argué, pour sa défense,
d’une telle logique, le «nazi» aurait été immédiatement promis à
l’échafaud dans la vertueuse indignation des défenseurs du Bien…
Dans la parution précédente du Pamphlet,
Max avait fait part à ses lecteurs de l’inquiétude du patron de
Ils étaient dix, en deux tables distinctes ; cinq
couples de ces Français de souche, si rares. Comme on en rêve chez eux, chez
nous, chez les autres : élégants de cette vraie élégance qui fuit
l’ostentation, modérés dans leur ton, attachés à la discrétion, heureux
du gîte comme du couvert. Comme tous, ils se régalaient. En fin de service, la
patronne quitta ses fourneaux pour venir s’enquérir, comme à
l’accoutumée, du bien-être de ses clients. De table en table, entre gens
de bonne composition, on en vint aux confidences : ils n’étaient pas
des habitués ; les uns étaient venus « au nez », les autres sur
le conseil d’un sergent de ville. De fil en aiguille, il s’était
établi une sorte de connivence générale sur la qualité indiscutable de la table
et de l’accueil… Et à la surprise de tous, les Français se mirent à
applaudir la « chef », aussitôt rejoints par l’ensemble du
restaurant.
Alors, merci à ces dix inconnus, heureux, généreux de
cœur, amicaux à en frôler la désuétude et que l’on pressentait
solides, de nous avoir fait, un court instant, oublier les autres ; ces
malheureux vêtus de complets de vaincus déjà trop grands pour eux, décrochés au
prêt-à-porter d’une succession de gouvernements ineptes, gavés au
fourrage de la « malbouffe », chloroformés de belles promesses et
abrutis de contributions solidaires ; petits vieux de tous âges, brisés, honteux
et confus d’être descendus si vite d’un grand peuple, qui préfèrent
le ruisseau au trottoir plutôt que de croiser le regard de leurs conquérants et
s’excusent d’oser leur demander pardon.
21 juin 2006 : pas plutôt la peine de mort requise
à l’endroit du président irakien par le gang des Forces du Bien
qu’un troisième avocat de Monsieur Saddam Hussein est retrouvé
assassiné… Mais à part ça, l’ordre démocratique règne dans Bagdad
libérée de la tyrannie.
Max l’Impertinent
1. Ces lignes ont été composées
le 9.5.2006… Nous suggérons aux lecteurs qui souhaiteraient les comparer
au contenu réel du message de se rendre à l’adresse Internet http://fr.altermedia.info/general/9113_9113.html
où il a été publié depuis.
2. Note hist. : Durant l’entre-deux-guerres, un
canular des camelots du Roi avait déclenché un assez réjouissant début de
panique à l’Assemblée en adressant ce message anonyme à quelques
parlementaires choisis. Note bibl. : Amis «canulards», ne laissez
pas passer Mines de Rien – ou les grandes mystifications du
demi-siècle de P.A. Cousteau, éditions Déterna, coll. «en ce temps
là», ISBN : 2-913044-56-5 !
3. N° 2260, du 7.6.2006, p. 10.
J’ai lu avec intérêt l’article de Michel
de Preux De la nécessité sociale des
dogmes religieux (Le
Pamphlet d’avril). Je me dois de relever une grave inexactitude
dans la description de ma pensée. En effet, Monsieur de Preux écrit, en
référençant la page 84 de mon Manifeste libertin, qu’en matière de
droit répressif, je considérerais qu’il n’existe que «le seul critère subjectif». Il poursuit en énonçant que «se maintenir dans cette logique de l’affrontement
des subjectivités n’est pas autre chose que transformer les sociétés en coupe-gorge. C’est la
loi de la jungle».
Or tel n’est pas mon propos. J’ai écrit
que la répression de la liberté de pensée et d’expression ne pouvait être
entravée que sur des critères subjectifs que je réfute précisément comme tels.
Mes mots sont : «Aucune
répression des idées et des sentiments, c’est-à-dire aucune inquisition
des consciences, ne peut être justifiée, surtout par le biais du droit hissé au
statut de métaphysique. Au-delà des lieux communs suaves sur la paix,
l’harmonie universelle et le prétendu droit naturel, le seul critère
utilisable est subjectif».
C’est tout autre chose. Je pense que le droit, lui, doit tout au
contraire rechercher des appuis objectifs autant que faire se peut. De même, le
droit ne doit réprimer que des actes tangibles et non pas des idées ou
sentiments. Il doit rechercher ces appuis dans la science du comportement, les
traditions spécifiques et les besoins de sauvegarde civique. C’est
pourquoi, tout à l’inverse du discours qui m’est prêté,
j’estime que le droit ne doit pas intervenir dans ce domaine de la
liberté de pensée. C’est un lieu où il ne peut que se subvertir en se
noyant dans les abîmes de la subjectivité.
Je comprends très bien la gêne de Monsieur de Preux
qui prétend justifier «de la
nécessité sociale des dogmes religieux».
Car c’est au nom de ces dogmes qu’a sévi l’Inquisition ;
mais c’est au nom des nouveaux dogmes de la religion de
Eric
Delcroix
Lettre ouverte à Mgr
Joseph Roduit
abbé de Saint-Maurice
Monseigneur,
Depuis Vatican II, l’Eglise à
laquelle vous appartenez dit reconnaître une pleine et entière autonomie de
l’Etat dans son domaine propre de compétence et va même jusqu’à
reconnaître, par la liberté de conscience et des cultes, une séparation non pas
seulement entre la religion et les Etats mais aussi entre la connaissance de la
loi morale et l’autorité publique de quelque religion que ce soit.
Ces reconnaissances ont un coût que
vous-même et votre collègue de Sion se doivent d’assumer. Le domaine des
valeurs humanitaires relève ainsi, de l’aveu de votre propre Eglise, des
libres déterminations de la conscience.
Non seulement la politique
d’asile en fait incontestablement partie, mais c’est un point
fermement acquis de la conscience morale universelle que les discriminations
entre nationaux et non nationaux ainsi que les discriminations entre non nationaux
sont moralement licites. C’est également un point acquis de cette même
conscience morale universelle que le droit d’asile ne puisse faire
l’objet de contraintes légales, quelles que puissent être par ailleurs
les détresses auxquelles les requérants doivent faire face dans leur pays
d’origine. On n’imagine même pas, en cas de catastrophe naturelle,
des prélèvements obligatoires sur les
biens ou la fortune des non lésés par ces catastrophes.
Le principe du droit d’asile
obéit très exactement à la même norme morale générale et universelle encore une
fois. Sans la liberté du bien, de la charité en particulier, la notion même de
morale est gravement viciée, et s’il n’y a pas, dans les
catastrophes naturelles, devoir de solidarité mais uniquement des aides
librement consenties, indépendamment des fonds constitués à cet effet de
manière préventive mais tout aussi librement, il ne saurait non plus, sur le
plan collectif et politique, et notamment en matière de droit d’asile,
exister un devoir légal de solidarité des Etats, comme le déclare à tort la
conseillère fédérale socialiste Micheline Calmy-Rey.
L’initiative1 que vous
avez prise à la suite de Pascal Couchepin et de Jean Zermatten relève
d’une pensée dictatoriale foncièrement immorale et même antichrétienne.
La qualité sacerdotale qui est la vôtre est en l’occurrence utilisée de
manière incontestablement abusive dans le dessein de contraindre les consciences en les
impressionnant par un faux devoir moral. Votre intervention est dépourvue de
titre religieux ou moral et n’est en fait explicable que dans le cadre
d’une politique totalement séparée de tous repères moraux et par le
prestige d’une idéologie qui masque cette absence de repères et y
substitue abusivement de faux critères moraux, le socialisme.
C’est bien dans le cadre de la
sécularisation d’un christianisme que votre intervention dans ce débat
trouve son véritable sens : «Votre socialisme est une vertu forcée et
une fraternité obligatoire. C’est par là qu’il est répugnant, tant
du point de vue esthétique que moral. Votre socialisme révolutionnaire ne
reconnaît pas cette vérité chrétienne fondamentale : la fraternité entre
les hommes ne peut être que le fruit du libre amour, que l’épanouissement
spirituel de la communion humaine. Vous, vous voudriez contraindre les gens à
être frères. Vous avez emprunté, vous avez volé au christianisme l’idée
de la fraternité, et vous en usez sans scrupules. Vous n’y avez aucun
droit. La fraternité des hommes n’est possible que dans et par le Christ.
Elle ne peut être un état naturel des hommes et des sociétés. Dans
l’ordre naturel, l’homme pour l’homme est non pas un frère,
mais un loup, et les hommes se livrent une lutte acharnée. C’est le
darwinisme qui y règne. Votre socialisme en est issu, qui veut imposer la
fraternité sur terre par cet implacable combat. Ce combat est vicié et malade.
Sur le mal et par le mal, il veut assurer son bien (celui du socialisme). Ce
n’est point par le Christ ni par l’amour de grâce que vous voulez
instaurer la fraternité humaine, mais par la haine et la guerre d’une
classe contre l’autre.»2, actuellement de peuples entre
eux.
Votre intervention est témoignage de
haine sociale singeant l’amour du Christ, le contrefaisant.
L’anti-Eglise est à l’œuvre dans ce geste, qui bafoue et
méprise la liberté humaine, fondement de tout ordre moral véritable.
1 Mgr Roduit a pris
position publiquement, au nom de sa conception du christianisme, contre la
révision des lois sur l’asile et les étrangers. (n.d.l.r.)
2 Nicolas
Berdiaef : De l’inégalité, Neuvième lettre : du
socialisme, éd. de l’Age d’Homme, Lausanne 1976, page 156, trad.
française de Constantin & Anne Andronikof.
Euro(s)
Notre ami Max nous faisait remarquer, dans notre
dernier numéro, que le mot euro est invariable. Max a incontestablement
raison : une vérification m’a permis de constater que
l’italien ne transforme pas, au pluriel, le mot euro en euri, que l’allemand ne
l’accorde pas non plus, alors que, dans cette langue, le mot typiquement
teuton de Tango devient Tangos au pluriel.
Le mérite de Max est d’autant plus grand que
notre ami est seul contre tous. L’anglais et l’espagnol écrivent euros
au pluriel. Tous les journaux français que je lis, à savoir Rivarol,
Le Cri de
Grande est ma perplexité : dois-je accompagner
Max dans son combat ? Dois-je lui imposer, par souci d’uniformité
une orthographe erronée ?
Voici ce que je vais faire :
laisser aux rédacteurs du Pamphlet le soin de choisir entre
l’usage et la correction. (mp)
Depuis le temps qu’on nous en rebat les
oreilles, nul ne saurait l’ignorer : la coupe d’Europe de
football, rebaptisée Eurofoot, aura lieu, en 2008, dans notre cher pays. Comme
je ne m’intéresse pas à la question, j’ignore qui a décidé que les
villes de Zurich, Genève, Berne et Bâle accueilleront cet événement majeur. Ce
que je sais, en revanche, c’est que
Je ne vois aucun inconvénient à ce que les amateurs de
football bénéficient de matches à grand spectacle dans des stades coûteux
qu’il convient de protéger des cinglés et des vandales au moyen
d’un service d’ordre considérable donc très onéreux. Mais je vois
un inconvénient majeur à ce que l’opération soit financée par la
collectivité. Les milieux sportifs, les fanatiques, les télévisions, les
mécènes, bref, tous ceux qui estiment avoir un intérêt à brailler et faire
brailler dans les bistrots pendant quelques semaines n’ont qu’à se
cotiser pour financer leur dada. (mp)
Vous vous rappelez peut-être que la
ville de Lausanne avait racheté, après l’Expo.02, le Théâtre des Roseaux
pour le transformer en salle de concerts destinée à la «musique actuelle».
Rebaptisé Les Docks, l’établissement devait coûter 2,6 millions de
francs à une commune pas vraiment prospère. Malheureusement, il va falloir
débourser 930 000 francs de plus.
Selon Le Matin Bleu du 23 juin, «[
Si, au lieu de bricoler un vague avant-projet,
on avait planché sur un projet, il est probable qu’on aurait prévu
d’entrée de cause l’indispensable sortie de secours, que les
travaux n’auraient pas pris autant de retard et que le dépassement de
crédit ne se monterait pas à 36 %. D’ailleurs, en ces temps de
disette, est-il bien raisonnable de financer une salle de musiques
actuelles ?
Je me moque du foot et je dois payer
pour le foot. Je n’aime pas les musiques actuelles et je dois payer pour
les musiques actuelles. La vie est mal faite. (mp)
Mi-juin,
Un
tribunal islamique des Emirats Arabes Unis a condamné un homme adultère à la
lapidation (Le Matin Bleu du 12 juin). Personne n’a
réagi ! (mp)
Les traditions sont des doctrines, des coutumes et
aussi des pratiques transmises de générations en générations pour resserrer des
communautés. Les religions, les nations et les armées aussi en sont friandes.
L'armée suisse avait également son flot de traditions.
Armée
95 mais surtout AXXI ont constitué une remise en question pour ne pas dire une
rupture brutale avec nos traditions militaires issues du plus profond de notre
Histoire ou du moins depuis
Ces
traditions se basaient sur l'esprit de l'armée de milice avec ses troupes
cantonales et fédérales, ses principes d'instruction selon lesquels les chefs
de milice étaient à la fois instruits par leurs supérieurs souvent également de
milice, mais aussi responsables de l'instruction des formations qu'ils
commandaient.
Une
autre tradition voulait que tout citoyen devait presque impérieusement
effectuer son service militaire pour être considéré dans la société et même
aspirer à une bonne place de travail. Enfin, il était admis que tout militaire
quel que soit son grade, avait à effectuer toute la filière de l'instruction
selon l'idée que le «métier s'apprend sur le terrain» en suivant la logique
recrue - école de sof - paiement de galon - école d'officier – paiement
de galon, etc., et cela au minimum jusqu'au niveau de commandant de bataillon.
Ce
système était le garant de disposer de cadres maîtrisant parfaitement les Armes
qu'ils avaient à engager. Un rythme régulier, indiscutable de «cours de
répétition» et de manoeuvres à plus ou moins grande échelle permettaient de
maintenir un niveau élevé d'instruction.
Aujourd'hui,
toutes ces notions sont balayées et même la mission la plus noble de notre
armée qui était de se montrer au mieux dissuasive en étant apte à la guerre, et
par là à défendre le pays si nécessaire, n'est plus placée avant toutes les
autres missions de conciergerie et d'intendance qui visent à «produire de la
sécurité» ici et là pour faire l'économie de l'engagement de policiers.
Les
missions à l'étranger constituent égaIement une préoccupation majeure au
détriment de la défense du pays en son sens le plus noble. Cela a pour
conséquence une perte de connaissances militaires spécifiques à
Aussi,
l'Armée s'éloigne de plus en plus du pays et de la population qu'elle doit
défendre, et les militaires ne se sentent plus véritablement intégrés dans des
formations bien structurées et bien commandées.
L'opinion
publique a le sentiment que l'armée se cherche maladivement des missions pour
justifier son existence. Les cadres professionnels semblent parfois démotivés
et en plus, les milieux politiques qui étaient par tradition les soutiens de
notre armée se désintéressent aujourd'hui de ses besoins.
En
d'autres termes, l'armée est devenue ce qu'elle n'aurait jamais dû être: «un
mal nécessaire» et encore pour combien de temps?
Certes,
nous ne sommes pas naïfs pour ne pas savoir que les données géostratégiques ont
changé depuis la chute du mur de Berlin. Certes, le monde et l'Europe subissent
des bouleversements qu'il n'était pas possible d'imaginer il y a vingt ans
encore. Certes, les données sécuritaires ne sont plus les mêmes qu'à l'époque
de la guerre froide mais est-ce suffisant pour ranger au placard ce qui faisait
la spécificité du système militaire suisse?
Faut-il
vraiment se fondre au moule des autres pays en matière de défense et mettre les
traditions les plus solides de notre armée au placard? Beaucoup, et surtout les
anciens, ne s'y retrouvent plus vraiment. Les traditions ne sont-elles que la
somme des valeurs vieillies ou le progrès est-il une tradition qui se prolonge?
Est-il
important de cultiver nos traditions militaires comme un bien précieux
appartenant au génie même de notre pays? Ces questions, nous nous les posons.
Peut-être est-il (encore?) temps d'y réfléchir avant qu'il ne soit trop tard,
car après avoir perdu plus de deux tiers de ses effectifs, il serait dramatique
que l'armée suisse perde encore son âme !
Marie-Madeleine GREUB
Notre
Armée de Milice N° 4 (avril-mai 2006)
L’article
ci-dessus a paru dans l’excellent mensuel d’informations militaires
Notre Armée de Milice (case postale 798, 1401 Yverdon-les-Bains) dont le
rédacteur en chef est notre camarade l’adjudant sous-officier Jean-Hugues
Schulé qui a bien voulu nous en autoriser la reproduction. Cet article nous a
plongé dans un mélange de ravissement et de perplexité.
Car le mensuel précité avait, si nos souvenirs sont
bons, milité à l’époque pour
l’introduction d’Armée XXI, le majeur collé au passepoil du
pantalon militaire, dans une impeccable attitude de confiance aveugle envers
les promesses du Conseil fédéral.
Le mensuel NAM aurait-il perdu la foi ? On
sentait déjà l’ombre d’une inquiétude dans le numéro 5-6 de
l’an passé (juin-juillet 2005) où le rédacteur ne craignait pas, en guise
d’éditorial, de reproduire les propos désabusés de M. Pierre-Gabriel
Bieri, parus dans Patron n° 6 :
«Au moment du vote sur Armée XXI, alors que le Conseil
fédéral affirmait qu’il s’agissait d’un projet abouti et
mûrement étudié, ses détracteurs rétorquaient que cette réforme n’était
qu’une étape intermédiaire vers une réduction plus drastique, déjà
prévue, de la capacité de défense militaire de
La majorité des votants a choisi de faire confiance au
Conseil fédéral.
Mais il y a quelques semaines, le département de M. Samuel
Schmid a annoncé une nouvelle “optimisation” consistant, si
l’on en croit les termes du communiqué officiel, à réduire encore les
moyens affectés aux missions de défense classiques et à les réaffecter à des
tâches en faveur des autorités civiles….»
Si le soldat suisse de tout grade n’a plus
d’autre alternative, pour ses cours de répétition, que d’aller
faire le polichinelle dans des opérations lointaines de maintien de la paix ou de servir de planton aux portes des
ambassades à
Lorsque l’on croit n’avoir plus rien à
défendre, il est inévitable que les maigres effectifs qu’on a conservés
soient affectés, tant bien que mal, à des tâches susceptibles d’occuper
la troupe sans choquer personne.
Mme Greub pose une question pertinente : l’Armée suisse est-elle en train de perdre son
âme ?
Il semble que les sociétés d’officiers, les
amicales de sous-officiers, les lecteurs fidèles de Notre Armée de Milice ou
ceux du Pamphlet pourraient être invités à faire connaître leurs
sentiments.
Nos colonnes leur sont ouvertes !
Claude Paschoud
Soucieuse de vous aider à passer un bon été, je vous
propose quelques livres qui devraient, selon le cas, vous instruire, vous
distraire et vous faire rire.
Les amateurs de philosophie et de sociologie liront
avec profit le dernier ouvrage d’Eric Werner,
Ceux qui aiment les cascades de mots, trouveront leur
bonheur dans les cinq nouvelles publiées par Pierre-Yves Lador sous le titre de
Nénuphars2.
Si vous aimez l’humour grinçant et les histoires
farfelues, vous savourerez les dix-huit nouvelles regroupées sous le titre de Banzai !3
par Chris Koufrine.
Enfin, ceux qui, après avoir étudié péniblement les
spéculations des philosophes de toutes les époques, se sont empressés de les
oublier pourront rafraîchir leur mémoire en riant aux éclats à la lecture de
l’Histoire universelle de la pensée de Cro-Magnon à Steevy4
de Basile de Koch.
Bonne lecture.
1 Editions Xenia, cp
395, 1800 Vevey, 2006
2 Editions
L’Age d’Homme, Lausanne, 2006
3 Publi-Libris SA,
2006
4 Editions de