Sommaire :
L’éditorialiste
analyse sans complaisance la prose de deux spécimens de
Où il
est question de la prairie du Grütli, d’un cambrioleur vorace, de la
fumée au Tessin, d’un génie très méconnu dans le canton de Vaud, de
prétendu vin, de bruit, d’un
volatile migrateur, du niveau de 24 Heures et de l’événement du
mois.
Max
rappelle quelques principes éprouvés de la propagande de guerre et s’avise
qu’ils sont toujours utilisés avec le même succès. Il s’interroge
sur les sujets de plus en plus restreints autorisés aux humoristes et se penche
sur le cas d’un certain Bernard-Henry Lévy.
De la nécessité sociale
des dogmes religieux
Michel
de Preux a lu le «Manifeste libertin»
(essai révolutionnaire contre l’ordre moral antiraciste) de Me Eric
Delcroix. Il en recense les mérites et les faiblesses.
Sans
illusion sur l’issue du scrutin, Claude Paschoud expose pourquoi il
refusera d’un NON majuscule l’école fédérale qu’on nous
propose le 21 mai prochain.
Allocations
familiales : signez le referendum !
Il est
encore temps de signer et de faire circuler le referendum contre l’intervention
fédérale dans le régime des allocations fédérales.
Franck
Peyrot signe un «billet» empreint de consternation sur l’état de
Il est beaucoup question de fédéralisme
en ce moment du fait de la votation sur l’«espace suisse de formation» et
du lancement du referendum sur les allocations familiales. On assiste à un
affrontement entre les tenants de la souveraineté des cantons et les partisans
d’un «Etat suisse». Comme les seconds n’ont qu’une très vague
idée des fondements historiques du fédéralisme suisse et de l’éclatement
inéluctable qui résulterait à terme d’un Etat suisse entièrement gouverné
de Berne, ils nous sortent des arguments spécieux et même parfois
incompréhensibles. C’est ainsi que Madame Géraldine Savary, conseillère
nationale socialiste, invitée de 24
heures du 10 avril et
s’exprimant sur les bienfaits de l’harmonisation de la formation
écrit : «A ce titre, le
fédéralisme doit être un horizon, pas une frontière. Ou alors il est
mortifère.» Si vous y comprenez quelque chose, bravo ! Nous avons
toujours cru et croyons encore que le fédéralisme était et reste un système
politique. Certains de nos compatriotes le trouvent ringard. Libre à eux. Mais
il ne faut pas se payer de mots et nous pensons que Madame Savary devrait
quitter la politique pour se recycler dans la poésie.
Dans 24 heures des
8 et 9 avril, un autre rêveur nous livre sa pensée, dans le courrier des
lecteurs cette fois. Un monsieur Jacques Schaerrer conclut sa lettre par cette
exhortation emphatique : «Osons
Tout d’abord, notre
centralisateur appelle de ses vœux «un
Etat unique, moderne et efficace». Il nous explique ensuite que «Si la
structure actuelle avait sa justification à l’époque des diligences, elle
n’a plus de raison d’être pour gérer une population qui ne dépasse
guère celle d’une grande métropole.» Puis il pose la question
suivante :«Imagine-t-on la ville de Paris où chaque arrondissement
aurait son système scolaire, sa politique de santé, son appareil judiciaire, sa
fiscalité ?» Ensuite, il déclare doctement que «Le système
fédéraliste est valable pour des grands pays tels que l’Allemagne ou les
Etats-Unis où un seul de leurs Etats est plus peuplé que
C’est une tendance très
répandue chez les progressistes que d’opposer la modernité au Moyen-Age
ou, comme ici, à l’époque des diligences. Il est impossible de leur faire
comprendre que, au temps des diligences, en tout cas au XIXe siècle, les
circonstances n’étaient pas si différentes de celles
d’aujourd’hui qu’on veut bien le dire, que les différences de
langues, de religions et de mentalités cantonales, sources de tensions ou au
contraire de rapprochements existaient déjà. Puisqu’ils ne veulent rien
savoir, n’insistons pas.
Insistons,
en revanche sur le fait que Monsieur Schaerrer s’emmêle considérablement
et objectivement les pinceaux quand il déclare, d’une part, que le
fédéralisme avait sa raison d’être au temps des diligences et,
d’autre part, qu’il ne convient qu’à de grands Etats très
peuplés comme les USA et l’Allemagne, car, au temps des diligences,
Contrairement à Jacques Schaerrer, nous
imaginons très bien Paris «fédéralisé». Pour tout dire, nous pensons que la
capitale française sera obligée de recourir au système fédéraliste le jour où
certains arrondissements seront majoritairement habités par des immigrés
d’origines et de religions diverse. Les allogènes ayant tendance à se
regrouper, il y aura peut-être un jour un arrondissement majoritairement
chinois, un arrondissement majoritairement africain et ainsi de suite. Il
faudra alors recourir à une solution qui permette à chaque communauté
d’avoir son propre système scolaire, sa politique de santé, son appareil
judiciaire, et sa fiscalité. Ce sera le fédéralisme ou le chaos.
Monsieur Schaerrer ne nous indique pas
les innombrables améliorations et projets d’envergure qui se heurtent à
l’autonomie des cantons. Comme pour le reste, et comme Madame Savary, il
nous livre un acte de foi.
Et il n’est pas certain qu’il sera
plus agréable aux progressistes romands de voir leurs grands projets se heurter
au refus des Suisses alémaniques plutôt qu’à l’autonomie des
cantons.
Le
Pamphlet
Pour accéder cette
année à la prairie du Grütli, il faudra demander à l’avance un billet
d’entrée nominatif à
Cette mesure est
destinée à écarter le risque de chahut par de jeunes perturbateurs, qualifiés
pour effrayer le bourgeois de «néo-nazis».
L’orateur
sera M. Markus Rauh, président du conseil d’administration de Swisscom,
car le président de
Il sera intéressant
de savoir sur quel(s) critère(s) l’organisateur se permettra de refuser
l’entrée à tel ou tel requérant, et comment il justifiera son refus.
C’est le 24
mars 1859 qu’a été lancée une souscription pour l’achat de la
prairie historique, qui a été financée par des patriotes et offerte à
Et s’il avait
fallu empêcher, au XIIIe siècle, les «extrémistes» d’accéder au Grütli,
il est très clair que ni Werner Stauffacher, ni Walter Fürst ni Arnold de
Melchtal n’auraient reçu leur billet, non plus que l’agitateur
Guillaume Tell.
Les débats
d’idées sont toujours plus sereins si on empêche tout débat, et
qu’on n’a point d’idées. (cp)
Début avril, un cambrioleur britannique
a pu être arrêté grâce à son ADN retrouvé sur le sandwich qu’il avait
laissé derrière lui en fuyant le lieu où il exerçait ce soir- là son activité
«professionnelle».
Selon un porte-parole
de la police, «ce cas illustre l’impact que peuvent avoir les avancées
technologiques sur le travail de la police» (ats, 7.4.2006)
Il nous semble à nous que ce cas illustre surtout la
nécessité de ne pas manger pendant les heures de travail. (mp)
l’interdiction de fumer dans les établissements publics est
entrée en vigueur au Tessin le 12 avril et lesdits établissements ont
jusqu’au 12 avril 2007 pour se conformer aux nouvelles dispositions. Mais
le gouvernement tessinois a décidé de violer
l’interdiction, pourtant acceptée par 80% des votants du canton, par le
biais du règlement d’application de la loi et d’autoriser
l’aménagement d’espaces séparés et suffisamment aérés pour les
fumeurs. Vive la démocratie !
Ces lieux de
perdition pulmonaire ne devront pas occuper plus du tiers de la surface de l’établissement, ils devront être
entourés de parois sur tous les côtés et munis de portes à fermeture
automatique. Dame ! il ne faudrait pas que quelque fumeur oublieux pollue
les espaces «normaux» en laissant ouverte la porte conduisant à l’espace
«suffisamment aéré» !
En séjour à Lugano
fin mars, j’ai constaté que les fumeurs sont priés de s’abstenir de
fumer dans les parcs publics, espaces aérés s’il en est. Drôle de
logique ! (mp)
Le conseiller d’Etat écologiste François
Marthaler vient de lancer l’idée du siècle : pour inciter les
automobilistes à utiliser les transports publics durant les jours de pics de
pollution, il voudrait que soit autorisée l’utilisation des permis de
circulation comme titres de transport dans les bus, les métros et les trains.
On se demande bien pourquoi seuls les automobilistes devraient bénéficier de ce
privilège et pas les motards ni les cyclomotoristes qui polluent eux aussi
– comme pas mal de bus, d’ailleurs. On fera remarquer, en outre,
que les citoyens non motorisés qui utilisent les transports publics toute
l’année et qui paient avec ou sans pics de pollution risquent de
la trouver saumâtre. (mp)
Faux vin
On apprenait
tardivement le 21 avril que
Le 25 avril était journée internationale de sensibilisation
au bruit. Le pétarades n’ont pas diminué pour autant, ce qui prouve une
fois de plus l’inutilité de ces journées de tout et de n’importe
quoi. A cette occasion, le canton de Vaud a mis à disposition de ses habitants,
sur Internet, le cadastre du bruit des routes les plus fréquentées. Nous
pouvons dès maintenant évaluer le respect des normes légales et demander au
propriétaire de la route concernée de l’assainir. Vu le zèle que met la
police – lausannoise en particulier – à réprimer les abus de
décibels, il y a fort à parier que la réponse aux demandes
d’assainissement sera : «On vous a dit que vous pouviez demander,
pas que vous pouviez obtenir.» (mp)
Retour de manivelle
Lorsque, à l’occasion du lamentable spectacle
que nous a offert voici quelque temps le provisoirement obwaldien Josef
Zisyadis, le député Philippe Leuba a lancé l’idée que tout candidat au
Conseil d’Etat devrait avoir séjourné dans le canton au moins deux ans,
nous avons cru à une bonne plaisanterie condamnée à un enterrement de première
classe. Erreur ! Cette affaire sera discutée par le Grand Conseil en mai.
Les exploits du petit père Josef ayant indisposé pas mal de monde, il
n’est pas exclu que la proposition du député libéral soit adoptée.
Espérons pour notre popiste que quelque député obwaldien en quête de notoriété
viendra alors s’installer dans le canton de Vaud pour lui apporter son
appui. (mp)
Emoi dans les
chaumières : des petits garçons de neuf à dix ans se livraient à des
pratiques sexuelles d’adultes, dans les douches de la salle de
gymnastique, sous le regard de leurs camarades sommés de ne pas en parler.
L’affaire finit par éclater et 24 heures en tartine une
pleine page dans son édition des 1er et 2 avril, avec témoignages de
«mères très ébranlées», évocation de «l’inimaginable»,
de «l’enfer (…) vécu (…) dans les vestiaires», des
petits spectateurs «maintenant déliés de leur lourd secret», point de
vue des inévitables psys, de la justice et de la police. Certes,
l’affaire est regrettable, mais la monter en épingle de cette façon
risque de donner des idées à d’autres. En outre, il paraît peu
vraisemblable que des enfants si jeunes soient tout simplement aptes à
se livrer à des pratiques sexuelles d’adultes. Quoi qu’il en soit,
le (de moins en moins) dodu quotidien vaudois verse de plus en plus dans le
sensationnalisme et c’est insupportable. Ne lisez plus 24 heures.
Lisez Babar. (mp)
Au cas où vous ne liriez pas
les manchettes de la presse populaire, nous vous le signalons : Cindy sort
avec Bruno et elle a changé de coiffure. (mp)
En septembre 2000 était ici posée une première
question impertinente1 : «Les
prix des carburants s’envolent. […] Est‑ce
qu’“ON” ne serait pas, par hasard, en train de préparer les
opinions publiques à une nouvelle guerre au Moyen-Orient ?» Nous
étions alors à douze mois d’un certain 11 septembre… Forte de ce
qui suivit, la question impertinente du présent semestre sera : les sujets
de
Je dois à Me Eric Delcroix l’emploi du mot
« formatage » à l’usage des bipèdes d’origine naturelle.
Le formatage, en informatique, c’est l’effacement total de la
mémoire d’un ou de plusieurs ordinateurs suivi par l’implantation
d’une nouvelle mémoire aux ordres et désirs de l’utilisateur. Il en
va de même avec le matériau humain… avec une nette préférence pour le
processus en série. On pourra même, pour la convenance, lui laisser aussi une
mesure d’autonomie.
Je
plains les humoristes dont la sphère d’intervention se réduit comme une
peau de chagrin. A moins de faire partie des espèces protégées, il leur est
désormais interdit de se moquer des [censuré], des [re-censuré], des [censuré
aussi] et des [vous ne pensez tout de même pas que j’allais les
mentionner ?]. Dans leur marge restreinte, il ne leur reste plus guère que
le règne animal : ils peuvent ainsi par exemple, et sous réserve
d’intervention des sociétés protectrices de nos amies les bêtes, se
gausser en relative impunité des ratons, des biches, des ânes et des rats. En
prenant toutefois bien garde de préciser que c’est bien à l’animal
en soi qu’ils s’attaquent sans autre arrière-pensée. Car la pensée,
désormais, devient suspecte, et pas seulement celle des humoristes. Et
puisqu’ils savent que nous savons qu’ils savent que nous savons, à
défaut d’ouvrir une savonnerie, on peut bien le dire ici : on nous
concocte des lois qui permettront de nous poursuivre pour ce que nous pouvions
penser en opposition à ce que nous aurions dû penser.
Quel
ne fut notre étonnement, d’entendre, fugitivement, sur une chaîne
d’information télévisuelle française, un indigène belge décrire les
meurtriers alors présumés maghrébins d’un jeune homme poignardé pour un
lecteur de musique comme : « …
des blonds aux yeux bleus… vous savez bien… des
“Suédois” puisqu’on ne peut plus dire…» Le reste de
la phrase fut promptement coupé et l’interview nocive disparut
définitivement des éditions suivantes. Quinze ans plus tôt, en Afrique du Sud,
nous avions adopté la même technique de résistance passive au terrorisme de la
pensée en faisant référence aux « Swedes » locaux. A défaut
d’humour l’esprit restera l’arme ultime. Il est redoutable et
nos ennemis le savent qui, après être parvenus à aplanir l’humour,
s’attachent désormais à décérébrer nos enfants. C’est à nous
qu’il incombe de défendre cette ultime sphère de liberté.
A nos lecteurs qui souhaiteraient comprendre la résistible
ascension de M. Bernard-Henri Lévy au rang de maître à penser correctement
des deux derniers régimes français (les doublés Mitterrand et Chirac), nous
recommandons chaleureusement la lecture édifiante de Une imposture française2.
MM. Nicolas Beau et Olivier Toscer, au terme d’une enquête de quatre
années sur Bêêê (les consommateurs d’idées) – H (pour phon.
«hétchéhomo» ?) – Elle (pour Arielle Dombasle ? Précieuse
chanteuse) démontent les mécanismes d’une assez intéressante série en
matière d’escroquerie intellectuelle. En fin de lecture «BHL», ça serait
plutôt “RAStignac zéro-zéro-zéro-un”3 !
1 Le Pamphlet, septembre 2000, n° 297, p. 1.
2 Editions Les Arènes, ISBN : 2-912485-95-9, 214 pages passionnantes, € 14,90.
3 L’écrivain dialoguiste Henri Jeanson avait assez méchamment surnommé Georges Simenon “BALzac zéro-zéro-zéro-un”, en référence au numéro téléphonique d’une célèbre agence de publicité.
De la nécessité sociale
des dogmes religieux
«On avait considéré la religion comme un besoin de l’homme; les temps sont venus de la considérer comme une nécessité de la société.»
Louis de Bonald, Pensées
Me Eric Delcroix vient de publier aux
éditions de l’Aencre, à Paris, en 20051, un «Essai
révolutionnaire contre l’ordre moral antiraciste», avec ce titre : Manifeste
libertin, de 120 pages. C’est un plaidoyer en faveur du racisme blanc
et européen contre le multiculturalisme et l’antiracisme ambiants, dont
les dogmes sécularisés forgent peu à peu leur droit propre, assassinant la libre
pensée, gloire de la civilisation occidentale.
On comprend parfaitement l’auteur
de cet essai méritant d’être lu lorsqu’il accuse les sectaires des
Droits de l’homme de véhiculer une dogmatique chrétienne sécularisée
mettant en réel danger la libre pensée et l’autonomie légitime de la
recherche historique ou scientifique2. Mais il est impossible de le
suivre lorsque, sur le sujet de la libre pensée, il croit établir une rupture
entre la saine raison et la religion chrétienne, car sur ce point
l’accord est parfait entre Léon XIII exprimant, authentiquement et
définitivement la doctrine de l’Eglise, et les philosophes païens les
mieux autorisés. Ce pontife n’écrivait-il pas dans son encyclique Diuturnum illud du 29 juin 1881,
sur l’origine du pouvoir civil, ceci : «Il n’est pas un
homme qui ait en soi et de soi ce qu’il faut pour enchaîner par un lien
de conscience le libre vouloir de ses semblables. Dieu seul, en tant que
créateur et législateur universel, possède une telle puissance : ceux qui
l’exercent ont besoin de la recevoir de lui et de l’exercer en son
nom.» ? Cicéron pensait de même : «Avec la piété envers les
dieux disparaissent nécessairement la bonne foi, la société humaine, et la plus
excellente des vertus, la justice.» Plutarque : «La croyance en
Dieu (à sa loi et à sa puissance) est le lien et le ciment de toute société,
l’appui de toute justice.», et il ajoutait : «Je crois
qu’il est plus facile de bâtir une ville dans les airs qu’il ne
serait de former ou de maintenir un Etat sans aucune espèce de religion.»
Eric Delcroix est forcé d’en
convenir au moins implicitement, lui qui ne reconnaît en fin de compte aucun
critère répressif que «le seul critère subjectif» (Op. cit., page 84),
au nom duquel il décrète, suivant sa propre subjectivité, que «le droit
… ne peut servir à réprimer le libertinage intellectuel et moral, ou
toute espèce de «fornication spirituelle», sauf à légitimer
l’opposition et la révolte.» (Ibidem, p. 86), «C’est là»,
ajoute-t-il, «un préalable fondamental et imprescriptible.»
D’autres que lui opinent d’une autre manière. Par conséquent, se
maintenir dans cette logique de l’affrontement des subjectivités
n’est pas autre chose que transformer les sociétés en coupe-gorge.
C’est la loi de la jungle. Nous la connaissons, certes. Mais Eric
Delcroix n’en sort pas; au contraire, il la confirme à sa façon, car il
ne suffit pas d’être dissident, hérétique ou iconoclaste pour avoir
raison. Je précise encore que lui-même est complice de
l’institutionnalisation de ce type de violence créé par la confrontation
entre partenaires sociaux inégaux d’opinions divergentes, car
lui-même ne veut absolument pas convenir du lien de causalité entre la
perte du sens religieux et l’extension sociale de la mauvaise foi dans
les rapports sociaux, et ceci bien qu’il constate cette dérive
jusqu’aux plus hautes instances juridictionnelles européennes3.
Tous les efforts que fait cet avocat
– et il en fait ! – pour éluder la question de la vérité, du
bien en soi, n’aboutissent, en fin de compte, qu’à opposer à la
fausse morale des philistins antiracistes un dogme raciste, autrement dit un
antiracisme inversé !
Le malentendu est énorme : «On
se demande pourquoi seuls les membres de la race blanche ont élaboré toutes les
connaissances scientifiques.»4 Il ne viendrait pas à
l’esprit de ces positivistes que le religion chrétienne pût y être pour
quelque chose, elle qui, seule, distingue réellement le sacré du profane et
qui, par sa rigueur dogmatique, que jamais la raison ne peut contredire,
habitue l’esprit humain à la rigueur dans la pensée, qui par elle-même
favorise l’essor scientifique, et impose une ascèse certes peu prisée des
libertins pour des motifs qu’on imagine.
A la question de Pilate : «Qu’est-ce
que la vérité ?» (Jean, XVIII, v. 38), Me Eric Delcroix fait cette
interprétation éclairante de la réponse du Christ : «Le Christ
n’a pas donné de réponse… Porte entrouverte au libertinage
chrétien…» (Op. cit., page 110). Mieux éclairé et surtout plus sage,
Dom Prosper Guéranger qualifiait ce même silence de terrible (dans L’Année
liturgique). Chercher la caution du libertinage de la pensée jusque
chez le Christ et durant sa Passion me paraît pousser très loin les racines de
l’impiété. Au reste, le Christ ne s’était-il pas présenté à Pilate
d’une manière qui interdit cette interprétation de son silence : Quiconque
est de la vérité écoute ma voix.» (Jean, XVIII, v. 37) ? Dieu nous dit
par conséquent ceci : quiconque n’est pas de la vérité refuse
d’écouter ma voix. Est-ce clair ?
«Nos
jugements nous jugent», disait Paul
Valéry…
Michel
de Preux
1 12 rue de
2 «C’est bien à tort que nombre de chrétiens voient dans ce monde contemporain un nouveau paganisme, alors que ce monde-là est au contraire une contrefaçon matérialiste, vulgaire et extrémiste du christianisme, un alterchristianisme.» (Op. cit., page 64).
Ce constat n’est objectif qu’en apparence. La religiosité dénoncée par Me Delcroix est incontestable. Mais sa critique porte aussi sur la religion et la métaphysique, fondements de la connaissance morale. Elle légitime le règne arbitraire en soi des opinions. C’est là le principe de tous les despotismes futurs : «L’extrême opposé d’un gouvernement violent n’est pas un gouvernement doux, mais un gouvernement juste.», dit toujours Louis de Bonald.
3 Op. cit., page 81,
avec référence à l’article 17 de
4 Op. cit., page 89, citant l’ouvrage de Hans Weinert Race et intelligence, publié en 1951, p. 39.
Compte tenu des
recommandations de vote des partis politiques, ainsi que du Parlement et du
Conseil fédéral, il est quasiment certain que seront adoptés, le 21 mai
prochain, les articles constitutionnels qui nous sont proposés sur une
prétendue «harmonisation» d’un
imaginaire «espace suisse de formation».
Les chattemites qui
ont rédigé la petite brochure explicative destinée à vanter le potage
qu’on tente de nous faire avaler ont pris bien soin de ne pas heurter de
front les fédéralistes, ni les Romands, ni personne : le système sera
garant d’une formation ouverte et souple, gage de perméabilité,
il sera lui-même cohérent et transparent.
On nous affirme que
la grande majorité des cantons
soutiennent les nouveaux articles constitutionnels, lesquels n’affectent
pas la souveraineté cantonale en matière d’instruction publique (Brochure,
page 6).
C’est là un
mensonge si gros qu’il affecte la crédibilité de l’ensemble.
Lorsque le rédacteur parle de la grande
majorité des cantons, il ne peut s’appuyer, vraisemblablement, que
sur les réponses faites dans le cadre de la procédure de consultation, par un
fonctionnaire cantonal préposé à cet objet, ou sur l’inexplicable
léthargie du Conseil des Etats.
Dans la réalité, si
les cantons n’arrivent pas à des solutions homogènes,
Mais
qu’attend-on concrètement de cet «espace
suisse de formation», à la fois transparent et perméable ?
D’abord,
qu’il élimine les obstacles à la mobilité,
qu’il soit même un encouragement à la mobilité. Il semble d’ailleurs, à ce sujet, que les Suisses
bougent de moins en moins et non pas de plus en plus comme on se plaît à le
répéter dans les milieux officiels, au mépris de la réalité observable.
Mais si toutes les
offres de formation sont harmonisées,
c’est-à-dire pratiquement identiques dans l’espace suisse, quel
avantage y aurait-il à la mobilité ? Je suis prêt à aller étudier un
semestre à Leipzig ou à Montpellier si je sais qu’un professeur illustre
y dispense un enseignement dont je ne pourrai bénéficier à Lausanne.
J’irai même, pour le bien de mes enfants, jusqu’à prendre résidence
en Valais si je sais que l’autorité scolaire de ce canton est en mesure
de résister aux pédagogistes et à PECARO.
Mais à
quoi bon la mobilité si l’enseignement donné dans toute
Mais qui va choisir
ces méthodes, ces livres, ces matières sinon
On nous dit que la qualité, à tous les niveaux, est
essentielle aux yeux du Conseil fédéral (Brochure, page 11). Fort bien.
Mais quand on voit la manière avec laquelle le gouvernement fédéral pilote les
dossiers dont il a la charge (défense nationale, politique étrangère, santé
publique, transports et communications, finances etc.), on se demande ce qui
lui fait croire qu’il est capable de conduire une politique de la
formation !
Ce qui fait la
valeur d’une institution d’enseignement, sa réputation et ses
résultats, ce n’est pas d’être fédérale ou cantonale. Les deux plus
illustres exemples d’écoles connues et appréciées dans le monde entier
sont l’Ecole hôtelière du Chalet à Gobet et l’Institut
Le Rosey, à Rolle et Gstaad, nées l’une et l’autre de
l’initiative privée il y a plus d’un siècle. Leurs programmes et
leurs méthodes d’enseignement n’ont été harmonisés avec nuls autres, mais l’une et l’autre ont
misé sur l’originalité et sur l’excellence. Et c’est pourquoi
les étudiants s’y inscrivent encore, malgré le coût des études.
L’école que
les articles 48a et 61 et suivants de
Nous
voterons : NON !
Claude
Paschoud
signez
le referendum !
Nous en avons déjà
touché un mot dans notre dernier numéro, mais il est nécessaire d’y
revenir. Nos abonnés en Suisse trouveront d’ailleurs, dans
l’enveloppe qui leur a apporté leur exemplaire du Pamphlet, une carte à
signer, faire signer (une carte par commune politique) et renvoyer sans frais
au Comité référendaire «Non à
l’intervention fédérale dans les allocations familiales».
Pour que
l’objet puisse être soumis au vote populaire, il faut que ce comité
recueille 50'000 signatures jusqu’au
15 juin prochain, les fasse valider dans les communes et les fasse parvenir
à
Quand bien même
l’excellent Guide de l’employeur édité par le Centre patronal classe les allocations familiales dans son chapitre
V intitulé «Assurances sociales», il convient de relever que les
allocations familiales, jusqu’à ce jour (à l’exception des
allocations destinées aux travailleurs agricoles), ne sont pas une assurance
sociale mais un système financé par les employeurs et calculé sur
l’ensemble de la masse salariale brute (donc y compris sur le salaire des
travailleurs sans charge de famille) et dont profitent les salariés ayant
charge d’enfants, de jeunes en formation ou d’enfants invalides.
Le montant des
allocations, et leur financement, sont de la compétence des cantons, qui
règlent la question différemment, selon divers paramètres locaux.
Certains octroient
une allocation pour famille nombreuse pour chaque enfant dès le troisième,
certains versent l’allocation également aux salariés étrangers dont les
enfants vivent hors de Suisse, d’autres limitent ce versement aux enfants
qui résident en Suisse ou dans l’Union européenne.
C’est cette
diversité qui choque les esprits avides de schématisme : quand bien même
le salaire d’un instituteur à Zurich est une fois et demi celui de son
collègue vaudois, quand bien même le prix moyen du logement à Genève est deux
ou trois fois celui d’une surface identique aux Grisons, le crétin
simplificateur n’en a cure : comme le caporal à l’école de
recrues, il ne veut voir qu’une
tête.
Il lui importe peu
que le système actuel soit financièrement sain et socialement équitable. Il se
moque des 700 millions supplémentaires que les entreprises devront débourser,
car il s’imagine que ces 700 millions seront prélevés sur les bonus du
conseil d’administration.
Mais la majorité
des entreprises sont des PME et non des banques et des multinationales. Les 700
millions que
Qu’ils soient
prélevés dans les entreprises, dans la caisse des cantons ou directement dans
votre poche, c’est toujours vous qui les paierez, finalement, par
ponction directe, indirecte, ou par la diminution des prestations que vous
attendez de l’Etat.
Signez le
referendum. N’oubliez pas de renvoyer votre carte, complète ou non.
Lorsque la loi sera soumise à votation populaire, votez NON !
C.P.
C’était dans la poussière grise des trottoirs
que se vautraient les mauvaises filles chantées par Fréhel.
C’est dans
l’informe et l’indifférencié que se répand l’information
écrite et parlée de notre beau pays.
Pas un jour sans la
«victimisation» de ces pauvres allogènes qui ont tant apporté à
Alors que le coût
d’un parasite social, venu du diable vauvert, représente dix fois celui d’un contrat de
première embauche (CPE), les barbus trotskystes ressortent les banderoles
délavées de leurs gesticulations soixante-huitardes, et mobilisent dans leurs
traînasseries les boutonneux d’une star’ac planétaire.
Voici donc
Notre peuple voulait du travail et des héros. Nos
dirigeants lui infligent le crédit et l'impôt.
Franck
Peyrot