Effets pervers

Depuis le 1er novembre 2020, les travailleurs genevois bénéficient du droit à un salaire minimum réévalué chaque année sur la base de l’indice des prix à la consommation.

L’introduction de cette innovation acceptée par les citoyens genevois le 27 septembre 2020 a eu d’heureux effets pour les travailleurs qui gagnaient moins que le salaire minimum. Mais elle n’a pas que des aspects bénéfiques, ce qui était à prévoir, d’ailleurs.

S’exprimant à propos des difficultés que rencontrent les étudiants en quête de travail, le directeur général des chaussures Aeschbach, qui participe à un projet de cartes de réduction pour les jeunes gens âgés de seize à vingt-neuf ans, déclare avec bon sens: «Entre une personne qualifiée et quelqu’un d’inexpérimenté qu’on doit rémunérer au même salaire, on va logiquement privilégier la première (...).»1

C’est en effet logique et normal. Les chefs d’entreprise ne sont pas des philanthropes.

Le propos de M. Sébastien Aeschbach est doublement intéressant: d’une part, il explique pourquoi les jeunes gens financièrement à l’étroit peinent à trouver du travail; d’autre part, il souligne le fait que du personnel qualifié peut – en fait, curieusement, il dit «doit» – ne pas être mieux rémunéré que des étudiants impécunieux sans formation.

C’est cela, la justice sociale: surpayer les travailleurs non qualifiés et sous-payer les autres. Une forme de redistribution des richesses, en somme.

On apprendra sans surprise que l’initiative sur le salaire minimum, qui émanait des syndicats de Genève, était soutenue par le Parti socialiste, Les Verts, Ensemble à Gauche et le collectif de la grève des femmes.

Du beau linge pas trop exposé à la précarité.

M. P.

 

1 20 minutes

Thèmes associés: Economie - Politique genevoise

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