En direct de Sirius

Entendu en rêve (hypothèse inconvenante)1

[Date: 05/01/2011 – Counter at 00:00:00:00 – Recording starts:]

«Allo O.? Ici O.

– Non mais… tu sais l’heure qu’il est ici?

– Pas le temps pour les usages, y faut que tu m’écoutes attentivement et que tu comprennes vite.

– …

– Tu deviens embarrassant, va falloir t’éliminer. Ton apparition à point nommé pour faire réélire mon prédécesseur, c’était très bien mais y’en a chez moi – et chez toi aussi – à qui ça a mis la puce à l’oreille… Et pis, chez moi, ils sont de plus en plus nombreux à avoir un doute pour les gratte-ciel… Qu’esse-tu-veux, y’a trop de simulateurs de vols dans les PC d’leurs moufflets et encore trop d’types chiants qui réfléchissent pas juste… Y faut qu’on change d’croquemitaine… Mon équipe est en route…

– Tu songerais pas à me ceaucescouïser des fois? Tu sais, j’ai des dossiers au frais chez mon notaire de Chnève…

– T’y es pas du tout… Toi, tu coupes ta barbe et tu te teins en blond, tu mets des Ray-ban, une chemise hawaïenne, des baggies et des tongs et mes gars t’exfiltrent sous les palmiers et les bananiers, mais loin… et tu tâches d’apprendre une langue scandinave (mes gars t’passeront une méthode rapide).

– Et pour le de cujus ?

– A pas peur. Mes gars l’ont aussi… l’est un peu congelé, mais comme on va l’filer aux poissons fissa, ça baigne.

– Et pour l’ADN?

– Tu sais, s’il nous fallait de l’ADN de mammouth, mes labos me le composeraient en moins d’temps qu’il t’en faut pour dire “Allah Akhbar”… A pas peur ch’te dis… Bon t’as encore vingt minutes pour préparer ton baise-en-ville et prendre ta retraite, alors sois sympa, grouille et loupe pas l’hélico…

– Et pour mes défraiements?

– On continue comme d’hab’… Allez… Salut… “Olaf”!

– Ah c’est fin!…

– Et pis, tu fais pas l’con; tu prends pas ton portable… Tu nous oublies… Pigé?

– J’crois qu’j’entends l’hélico… Allez, adieu “O… librius”!

– Ça aussi… c’est fin!»

[Date: 05/01/2011 – Counter at 00:01:46:82 – End of recording – File under “Barnum’s last show” – NOT TO BE DUPLICATED]

Le pictogramme, marque de progrès insigne

Pour complaire aux illettrés et aux analphabètes, un astucieux eut un jour l’idée de réexhumer l’hiéroglyphe et, par souci du neuf, le nomma «pictogramme». Cette innovation allégea considérablement la tâche des instituteurs – pardon – des «professeurs des collèges» (pour nos lecteurs français), tout en entretenant ceux qui ne savaient pas lire dans le confort relatif de leur ignorance et en permettant aux étrangers «monoglottes» de trouver rapidement les toilettes dans des aéroports des antipodes. Les perfectionnistes s’y mirent et les pictogrammes crûrent et se multiplièrent en toutes occasions. Il est désormais possible au Bas Normand ou au Neuchâtelois du haut de trouver aisément un orthophoniste certifié francophone à Oulan-Bator. C’est quand même mieux que l’espéranto. Mais les pictogrammes sont de nos jours si complexes et les pierres de Rosette si rares qu’il n’est désormais pas exclu que quelque concepteur invente prochainement l’écriture.

A barque pleine, concision féminine

Dans une province européenne, Sophia Belladonna* travaille dans une de ces villes qu’on qualifiait jadis de villes frontières; frontières dont on sait, depuis les accords de Schengen, qu’elles ne sauraient entraver la libre circulation de quiconque, d’où qu’il prétende venir. Sophia est charmante, spirituelle, toujours aimable et souvent drôle – un vrai plaisir – jusqu’au moment où elle endosse son uniforme de policière. Elle devient alors correcte, sévère et efficace – un vrai plaisir – mais tout un chacun sent bien qu’il vaudrait mieux ne pas se trouver du mauvais côté de son arme de fonction; fonction qui l’amène souvent à purger la voie publique de ces apparitions indéfinissables aux origines peu claires – leurs documents d’identité brûlent dès qu’ils tombent à l’eau en vue d’une île promise – qui squattent les trottoirs pour des durées imprécises afin d’y exercer des occupations douteuses. Il est alors fréquent que de braves quidams couinent sur l’exportation autoritaire des sans–statut–précis. «Prenez-les donc chez vous», répond-elle.

Mais personne, parmi les couineurs, fût-il maire ou ministre, ne les prend jamais chez lui…

Statistiques et réalités

«Croyez-vous possible qu’un plan se mette en place pour supprimer “proprement” une grande partie des humains sur cette pauvre terre archi-polluée?» me demande la Dame d’Oman*.

– C’est une évidence statistique, comme celle qui postule que l’ensemble des habitants de notre planète tiendrait dans le Léman. C’était en tout cas vrai il y a un an. Un instant dubitatif, mon polytechnicien d’ami K. Zimir* – une tête bien faite autant que bien pleine –, tirant sa calculette, me l’avait confirmé.»

Bien au-dessus de ceux qui jouent à nous gérer, les mystiques qui s’emploient à nous imposer coûte que coûte LEUR gouvernement mondial et la “démoctature” à l’usage des malentendants ont compris que l’illusion de répandre sur le Globe le mode de vie américain s’était brisée sur la réalité d’une croissance exponentielle de l’appétit des consommateurs les plus défavorisés. Ces adorateurs du rendement et des pourcentages, s’apercevant enfin que le mythe de la spirale de l’expansion économique n’était qu’un leurre et que les effets pervers de la bienveillante prophylaxie surpeuplaient la Planète dans un emballement irrépressible, parfaitement conscients de leur incapacité à réfréner les lemmings dans leur course vers l’abîme, contemplent une alternative évidente: la réduction drastique de la population humaine – la seule qui se soit quelque peu affranchie du contrôle de la nature – ou l’expatriation… Des indices montrent qu’ils étudient les deux solutions. En termes de probabilités, le cynisme et l’état actuel de nos connaissances scientifiques pointent plutôt en direction de la première…

Max l’Impertinent

1 Toute ressemblance avec… etc.

* Pseudonyme.

Thèmes associés: Divers - Politiques diverses

Cet article a été vu 3714 fois

Recherche des articles

:

Recherche des éditions