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L’administration
Sommaire de ce numéro :
Claude Paschoud revient sur les fameux minarets, et surtout sur la
signification de cette votation.
Où il est question de patriotisme, de prescription pénale, de Bill
Clinton, d’un Soudanais aux dents longues, et de deux livres recommandables.
Max commente à son tour la votation sur les minarets et s’autorise une
hypothèse audacieuse sur Matrix.
Les bouffons du
politiquement correct
Pollux analyse le sens de l’humour chez les gens de gauche
Michel de Preux démontre par l’histoire que seul le christianisme a
vocation universelle.
Où le lecteur est invité à manifester un geste de sympathie aux révisionnistes
incarcérés.
Allocution prononcée par M. Guy Delacrétaz, VZ, lors de la Fête du Grütli
2009 à la Blanche Maison.
Invitation de l’administration au réabonnement pour 2010
____________________________________________________________
Rarement une votation
populaire aura donné lieu à un tel tsunami de commentaires, de réactions, de
manifestations diverses. On a même entendu d’authentiques démocrates pur sucre
nous démontrer sans rire qu’une votation populaire était, dans certains cas, antidémocratique.
Nous n’avons jamais
été démocrates. Nous avons toujours cru que la monarchie était le régime
politique le plus naturel et le plus adapté à la recherche du bien commun.
Nous supportons néanmoins la démocratie
que nous subissons depuis deux siècles, parce que nos concitoyens, formatés par
les instituteurs issus de la Révolution française, n’envisagent même pas qu’un
régime politique puisse surpasser la démocratie, en légitimité et en vertu…
sauf évidemment dans les cas où le
peuple se trompe et vote mal!
Nous partageons
souvent cet avis. De temps en temps, le peuple se trompe. Et peut-être même
cette fois-ci eût-il mieux valu que la question ne lui fût pas posée, parce que
c’était une question absurde, et que les minarets n’ont, en soi, aucune
importance.
L’important, c’est la
liberté de conscience et de croyance garantie par l’article 15 de la
Constitution fédérale qui confère à chacun le droit de choisir librement sa
religion ainsi que de professer ses
convictions philosophiques individuellement ou en communauté. Evidemment, le droit de professer ses
convictions a ses limites: vous pouvez proclamer que vous ne croyez ni à Dieu
ni au diable, que pour vous la terre est plate comme une pièce de cent sous, et
que Darwin est un âne gris. Vous pouvez même affirmer qu’il n’y a pas de
réchauffement climatique anthropique: vous serez considéré comme un imbécile
inoffensif par la masse, et vous serez injurié par Philippe Barraud, mais vous
ne risquez pas les foudres de la justice pénale.
Vous risquez la prison
ferme, en revanche, si vos études vous ont incité à douter de la réalité des
chambres à gaz homicides, car la religion holocaustique est devenue au XXIe
siècle la seule religion à laquelle il est obligatoire d’adhérer.
Mettre sur pied
d’égalité n’importe quelle croyance, n’importe quelle communauté religieuse,
est une sottise. Il y a des religions dont les pratiques heurtent notre ordre
juridique et nos mœurs. Nous ne sommes pas prêts à tolérer la polygamie,
l’excision des petites filles, les mariages forcés et la servitude des épouses.
Il y a des comportements sociaux qui, sans contrevenir à notre ordre juridique,
marquent clairement le communautarisme et la volonté affichée de ne pas
s’assimiler, comme le port de la burqa, le cimetière israélite ou le carré
musulman, le refus d’apprendre la langue du pays, le bain séparé, le refus des
étudiants de suivre les cours pendant certaines périodes de la semaine ou de
l’année et j’en passe.
La plus grande partie
de l’Europe a baigné depuis plus de mille ans dans la tradition chrétienne.
Même un agnostique ou un mécréant le sait et il ne considère pas la Croix-Rouge
comme une entreprise de prosélytisme du protestantisme genevois. C’est dire si
est absurde une décision de la Cour européenne des droits de l'homme condamnant
l'Italie, début novembre, pour la présence de crucifix dans les salles de
classe, disposition jugée contraire au droit des parents d'éduquer leurs
enfants selon leurs convictions, et au droit des enfants à la liberté de
religion.
Les juges de
Strasbourg ont estimé que la croix peut aisément être interprétée par des
élèves de tous âges comme un signe religieux, signe qui peut être
perturbant (sic) pour des élèves d'autres
religions ou athées. La Cour a conclu à l'unanimité à la violation de l'article
2 du protocole 1 (droit à l'instruction) conjointement avec l'article 9 de la
Convention (liberté de pensée, de conscience et de religion).
Quand on lit de
pareilles fadaises, on peut se demander s’il ne serait pas sage que la Suisse
dénonce la Convention imprudemment ratifiée en 1987 et ne permette en aucun cas
à des juges étrangers de se mêler de nos affaires.
L’Italie est le
berceau de l’Eglise catholique. Pourquoi n’aurait-elle pas le droit inaliénable
de décréter que les élèves que la présence d’un crucifix dans une salle de
classe perturbe sont libres de suivre
un enseignement laïc privé, dans les locaux de la loge maçonnique la plus
proche s’ils sont Italiens, ou de rentrer chez eux s’ils sont étrangers.
Pourquoi ne pas
refuser la naturalisation aux islamistes, motif pris d’un défaut d’assimilation
ou de l’absence d’une volonté d’intégration?
Un écrivain
palestinien chrétien qui a reçu la nationalité suisse il y a quelques années
nous racontait que la Commission de naturalisation lui avait posé de nombreuses
questions, notamment sur la recette de la fondue au fromage, mais ne lui avait
pas posé cette question fondamentale: «Etes-vous disposé à respecter notre
ordre juridique et à vous conformer à nos mœurs?»
Ce pourrait être une
question à poser à tous les musulmans fâchés de ne pouvoir ériger des minarets
dans nos villes et nos villages.
Claude Paschoud
Patriotisme
Lors d’un entretien accordé au Figaro,
le président Sarkozy aurait déclaré, entre autres choses, à propos de la guerre
d’Afghanistan: «La France n’enverra pas
un soldat de plus. Ma conviction, c’ est qu’il faut davantage de soldats
afghans. Ce sont eux qui seront les plus efficaces pour gagner cette guerre,
parce que c’est leur pays. Mais il faut les payer davantage afin d’éviter des
désertions au bénéfice des taliban.»
Si l’on comprend bien, le président
français confond patriotisme et mercenariat, ce qui n’est pas vraiment à son
honneur. Par ailleurs, il ne semble pas avoir imaginé un seul instant que les
soldats afghans qui désertent au profit des taliban ne le font peut-être pas
parce que qu’ils sont mal payés, mais parce que, à tort ou à raison, ils jugent
les terroristes plus grands patriotes que les politiciens et les forces armées
aux ordres de la «coalition».
De quoi je me mêle?
Le président Sarkozy, décidément
toujours sur la brèche quand il s’agit de donner des leçons, «a estimé que les poursuites de la justice
américaine contre le réalisateur Roman Polanski pour viol ne constituaient pas,
trente-deux ans après les faits, “une bonne administration de la justice”».
En somme, plus les faits sont anciens,
moins ils sont répréhensibles. Tiens tiens…
Sauveur
Début novembre, l’ancien président des
Etats-Unis William J. Clinton a inauguré, à Pristina, ville principale du
Kosovo, une statue à son effigie – trois mètres de hauteur, excusez du peu!
Il semble que Pristina comporte déjà un
boulevard Bill Clinton et une image de douze mètres représentant le grand homme
sur la façade d’un immeuble.
Pourquoi cette débauche d’adoration?
Monsieur Clinton «est considéré par les
Kosovars albanais comme le principal artisan de la décision d’entamer les
bombardements de l’OTAN sur la Serbie, qui avaient contraint les forces
yougoslaves à se retirer du Kosovo, début 1999, et comme un “sauveur”».
Il n’y a pas de doute: ce bienfaiteur a
tout à fait le profil d’un Nobel de la paix!
Dents longues
Les
pays de l’Union européenne ont décidé de verser sept milliards deux cent
millions d’euros sur trois ans aux pays les plus pauvres de la planète pour les
aider à faire face au réchauffement climatique.
Le Soudanais Lumumba Stanislas
Dia-Ping, représentant desdits pays à Copenhague, estime que cette somme est «insignifiante», que la mesure ne résout
pas la question du financement de l’aide aux pays pauvres à long terme et que
les dirigeants européens agissent comme des «sceptiques
du réchauffement climatique» – ça, c’est l’injure suprême!
Il faudrait peut-être demander leur
avis aux contribuables européens, qui n’ont que trop tendance, les affreux, à
croire que l’aide aux pays pauvres sert surtout à assurer aux potentats
africains, élus démocratiquement bien sûr, le luxe et la richesse.
Lectures
Faute de place, je ne suis pas en mesure de commenter
sous la rubrique Lire deux ouvrages
qui méritent qu’on s’y arrête.
Le premier est le Cahier de la Renaissance Vaudoise no 148 rédigé par l’historien
vaudois Michel Campiche. C’est un recueil de réflexions intitulé Autour de mon clocher, tout un programme
pas vraiment politiquement correct. Vous trouverez en annexe un bulletin de
commande.
Le second, dont le titre, Pire que les chambres à gaz – deux procès politiques au scanner1,
ne doit pas effrayer, contient certes des passages avec lesquels on n’est pas
obligé d’être d’accord, mais permet surtout de comprendre pourquoi, quand il
s’agit de juger des révisionnistes, les juges suisses ne peuvent choisir
qu’entre la lâcheté et l’héroïsme, entre l’arbitraire et la démission.
1 Les Editions de
Cassandra, case postale 144, CH-3960 Sierre.
M.P.
Vers un nouveau Poitiers en
Suisse ?
Il est encore un peu tôt pour répondre
à cette question. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le vote
d’interdiction des minarets sur sol helvétique du 29 novembre est un fameux
pavé dans le marécage euro-mélangiste. Le Suisse «primitif» pas tout à fait en
sommeil chez l’auteur de ces lignes ne peut que se réjouir du résultat, et
l’analyste remarquer les édifiantes réactions que cette décision a provoquées,
tant chez les nouveaux conquérants que chez les adeptes de la dissolution des
peuples par mixage:
L’outrance: «C’est indigne de la Suisse !» – pour le président de la
Communauté de Suisse, lequel paraît tout ignorer des limitations imposées aux
chrétiens dans la plupart des pays de l’Islam.
La surprise poliment consternée – chez
M. Laurent Mossu (correspondant suisse de France Info) qui parle de «surprise énorme», de «partis politiques (…) totalement abasourdis
(…) invoquant un vote humiliant pour
les musulmans», imagine d’autorité une «peur
[de l’islam] fondée sur des facteurs
dépassant le strict cadre religieux», cite la tarte à la crème des «démêlés entre la Suisse et la Lybie [sur
l’affaire des otages]» et déplore que les
nationalistes pavoisent alors que les milieux d’affaires s’inquiètent des retombées
[financières, économiques et touristiques]».
Dans une France gênée au beau milieu
d’une manière de «débat sur l’identité nationale» imposé par le régime de Paris
et ô combien contenu par d'utiles modérateurs (au vu des premiers résultats
très incorrects révélés par le «oueb» et les autres médias), on assiste à une
floraison d’explications réductrices sur la prise de position de notre peuple,
dont la plus tartuffe est qu'il s’agit là d’une question «purement architecturale»!
Un peu partout dans les provinces
d’Europe – et comme il est de coutume depuis les avatars du traité de Lisbonne
– des «autorités préoccupées» s’arrogent le droit de «permettre» au souverain
helvétique de voter à nouveau… des fois qu’on puisse les piéger comme les
Irlandais pour ce dernier traité.
Max, pour sa part, voit en cette
décision la manifestation de l’exaspération légitime d’un peuple sorti
d’anesthésie – pour une fois – plus tôt que les autres; un peuple encore
paisible mais néanmoins fort irrité de voir son pays progressivement bradé au
culte de la polyculture mondialiste par des félons exécutifs ou médiatiques.
France sarkozienne :
vers une société à trois tiers ?
Insensiblement, le pays évolue vers un
système social à trois «tiers» d’inégales grandeurs: un gros tiers qui épie,
contrôle, verbalise (souvent) et intervient (parfois, lorsque les risques
physiques et politiques sont faibles et les perspectives d’encaissement
réjouissantes) ; un autre gros tiers qui tend la main (par nécessité ou
par profession); tous deux encadrant un tout petit tiers en constante
diminution et qui s’épuise à les financer dans un système au sein duquel l’Etat
ne rendra bientôt plus qu’un seul service public: percevoir les impôts!
Hypothèse sur Matrix
Max
remercie ce lecteur bourguignon de lui avoir conseillé ce film et précise n’en
avoir vu que le premier épisode; parce que trop d’effets spéciaux lassent
l’esprit et trop de lumières glauques fatiguent la vue. Matrix un, c’est la description d’un monde d’esclaves nivelés sous
une cybersurveillance totale générée par une «matrice», sans doute
essentiellement composée de silicium, servie par des argousins que l’on devine
issus du métissage1 d’un(e) technocrate et d’un(e) agent(e) de
surveillance gouvernementale, avec ce qu’il faut de héros multicolores, et des
trois sexes, pour lutter contre l’oppresseur. En revanche, il n’est jamais
indiqué clairement qui se cache derrière cette «matrice», mais il ne faut pas
de trop grands efforts d’imagination pour envisager la présence occulte d’une
Bête immonde «fascistoïde». En gros, nous avons-là un (long) film pour quatre
messages – l’oppression est pour bientôt, les forces démocratiques de la
liberté triompheront, mais ça va être dur et il y aura beaucoup de héros morts
– et deux gros mensonges: car la «matrice» est déjà en place... et la Bête
immonde n’est pas celle que vous croyez. L’intention perverse du film est
d’inverser les responsabilités.
En Europe, la «matrice» s’applique à
monter un mur psychologique – bien supérieur en efficacité au défunt mur de
Berlin avec lequel on distrait tant les masses – autour d’une Suisse coupable
de souveraineté et de non alignement sur les oukases de Bruxelles. Quant aux
populations assommées de slogans des provinces européennes, laissons la parole
aux Russes qui les visitent et remarquent, consternés et surpris de la naïveté
et de la passivité des «de souche»: « Vous
allez connaître ce que nous avons quitté ». Et ces «sous-chiens» vont
en effet apprendre à connaître les «délices» d’un régime stalinien, avec
l’assurance inaliénable de déterminer librement leur avenir pourvu qu’ils
sachent opiner dans toutes les langues européennes.
Tout a été prévu pour la tranquillité
des veaux... Combien sont-ils, au demeurant, à savoir qu’un texte amende
utilement l’article 2 - 2 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union
européenne – «La peine de mort est abolie. Nul ne peut être condamné à une telle
peine ni exécuté» – en passant par l’article 6 al. 1 et 3 du Traité de Lisbonne2 en
vertu duquel, «les droits, les libertés
et les principes de la Charte
sont à interpréter en fonction des dispositions générales du Titre VII de la
Charte qui en définit l’interprétation
et l’application ainsi qu’en tenant dûment compte des “explications ”3
mentionnées dans la Charte et où sont indiquées les sources de ces
dispositions». Ainsi :
«La
noble prohibition de la peine de mort est rendue caduque par “l’explication”
suivante : “La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de
cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendu
absolument nécessaire: (…) pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou
une insurrection” (article
2 - 2 de la Convention européenne des droits de l’homme) »4.
En clair: le jour où les peuples excédés descendront dans les rues dans
l’espoir illusoire de faire sauter les verrous du système, les séides du gros
tiers évoqué en premier dans le texte précédent tireront à vue et pour tuer.
Sur
ces intéressantes perspectives, Max souhaite aux lecteurs du Pamphlet de bonnes fêtes quand
même.
Max l’Impertinent
1 Dans les
combinaisons sexuelles qu’il plaira au lecteur d’imaginer.
2 «152 pages, contenant plus de 350 dispositions de droit primaire, auxquelles s’ajoutent 13 protocoles et 59 déclarations, et complexifié à l’extrême à dessein, pour qu’on n’y comprenne rien», selon le professeur de droit allemand Karl Albrecht Schachtschneider.
3 Souligné par nous.
4 Toujours selon Schachtschneider.
Les bouffons du
politiquement correct
Une précédente chronique1
évoquait avec satisfaction l'honnête impartialité des débats organisés par La
Télé Vaud-Fribourg, qui contraste agréablement avec le ton de la télévision
d'Etat du bout du lac. La perfection n'étant pas de ce monde, il faut aussi
signaler ici, parmi les rendez-vous phares de la nouvelle chaîne régionale
valdo-fribourgeoise, les Bouffons de la Confédération, sketches de
marionnettes largement inspirés des Guignols de l'info de la chaîne
française Canal+ et adaptés à
la sauce helvétique. On y retrouve chaque semaine quelques vedettes de la scène
politique fédérale ou romande, tels que Pascal Couchepin, Micheline Calmy-Rey,
Oskar Freysinger, Christian Levrat ou Daniel Brélaz, accompagnés d'autres têtes
connues du monde du spectacle ou de la radio, sans oublier l'apparition
régulière du grand Mouammar Kadhafi.
Oui, d'accord, c'est amusant, et c'est
bien pour cela que l'on regarde… Mais on regarde avec agacement, car c'est
terriblement orienté! Comme dans les Guignols de l'info, on y raille les
politiciens de droite autant que les politiciens de gauche, les premiers parce
qu'ils sont trop à droite et les seconds parce qu'ils ne sont pas assez à
gauche. Tous en prennent pour leur grade, tous voient leurs petits et grands
défauts tournés en dérision, mais avec des degrés d'irrévérence différents:
avec les personnages censés représenter l'«extrême-droite», les scénaristes
savent qu'ils ne risquent rien et ne s'imposent donc aucune limite, multipliant
les insultes et les abjections.
Au moment de coucher ces réflexions sur
le papier, nous voyons paraître la première édition de Vigousse, nouvelle tentative de lancement d'un journal
satirique en Suisse romande après le défunt et peu regretté Saturne. Ce numéro un – qui
était en quelque sorte un numéro zéro, dénomination qui lui aurait d'ailleurs
mieux convenu – confirme hélas que les gens de gauche ont bien de la peine à
être vraiment drôles tant l'humour, chez eux, prend un rôle militant et
idéologique. Leur humour sert d'abord à rire le plus méchamment possible des
adversaires détestés et à stigmatiser les idées honnies – quitte à les
attribuer artificiellement à quelques protagonistes pâlots –, et ensuite
seulement à ajouter quelques moqueries gentillettes, presque amicales, à
l'égard des «amis».
Chez les humoristes politiquement
corrects, le rire n'est jamais gratuit. Il ne se livre jamais pour la seule
beauté du geste, pour le seul plaisir de décrocher des maxillaires ou de
déchaîner des zygomatiques. Il y a toujours un message, une morale.
C'est plus sérieux, et donc c'est moins drôle.
Pollux
1 Le Pamphlet n° 388, octobre 2009.
«Le musulman est sûr d’être dans la vraie
religion.»
Père Abd-el-Gali, franciscain, musulman converti en 1928, dans la Nouvelle revue théologique, octobre 1938.
Si le colonel Kadhafi choisit la ville
de Rome pour contester le dogme chrétien et proclamer l’universalité de sa
propre religion, l’islam, ce n’est pas par hasard. C’est même, sans doute, dans
son esprit, une forme de défi. La presse occidentale, comme à son habitude, ne
réplique pas sur le fond et présente la chose comme un incident curieux,
insolite, sans portée. Cette indifférence un peu hautaine cache un mépris
certain pour les contestations religieuses. Mais, d’un autre côté, cette même
presse se garde bien de provoquer le monde musulman quand bien même elle
n’apporte aucun crédit aux assertions du chef d’Etat libyen et à ce message en
particulier.
Je pense personnellement qu’un tel
silence, mi-condescendant, mi-politique, mondain aussi, favorise, en fait,
aussi bien l’agressivité musulmane que celle des antimusulmans européens dans
la mesure où ces derniers n’entrent, eux non plus, jamais en matière sur le
fond de ces divergences. Pareille attitude, secrètement cynique, contribue à
jeter le discrédit sur les uns et à installer dans les esprits une fausse
tolérance favorisant l’agressivité islamique. Contre les premiers, la presse
invoquera le respect de toutes les religions, idée creuse s’il en est, et pour
les autres, un appui totalement irraisonnable en faveur de l’irresponsabilité
intellectuelle et religieuse. Car le discrédit notoire des positions de l’islam
sur le Christ doit être étendu, sans jamais le dire, au christianisme lui-même,
secrètement haï, et le respect d’une religion doit s’imposer en raison même de
sa fausseté, seul moyen de combattre le christianisme sans se révéler comme un
adversaire de la religion en soi. Le mensonge est suffisamment épais pour
passer dans un monde faisant de la superficialité une règle particulièrement
impérative en ces matières.
Contre de tels assauts, nul besoin de
monter sur nos grands chevaux. Des réponses aussi fermes que courtoises aux
propos du colonel Kadhafi auront, à long terme, beaucoup plus d’effet sur les
musulmans eux-mêmes et constituent une réplique cinglante à l’hypocrisie et à
la lâcheté de cette attitude occidentale manifestée par ses journalistes.
Le colonel Kadhafi veut donc nous
donner à penser que le christianisme ne concerne que les juifs, alors que sa
propre religion a seule vocation universelle. Nous n’allons pas donner ici une
réponse théologique à ces propos. Nous nous contenterons d’évoquer deux faits
certains relevant incontestablement de l’histoire universelle, faits qui
prouvent que c’est bien le contraire qui est vrai de l’aveu même de païens
contemporains du Christ… Oui, l’histoire générale nous apporte la preuve que la
personne du Christ intéresse toute l’humanité, quand celle de Mahomet ne
concerne que les seuls musulmans!
Lors de la naissance de Jésus, la paix
était générale dans le monde entier. Peut-on révéler de façon plus délicate et
souveraine néanmoins l’avènement du Prince de la Paix? Mais ce n’est pas tout.
L’empereur Auguste, qui régnait alors, ordonna un recensement général de
l’empire. Saint Luc le rapporte dans son Evangile au premier verset du chapitre
2. Mais il fit plus, et ceci ne figure pas dans les Ecritures. Il publia un
édit défendant expressément qu’on lui donnât à lui-même le titre de seigneur
«Dominus»). Saint Thomas d’Aquin, au chapitre XIII de De regimine principum, commente ainsi le fait: «C’est qu’à ce même moment était né le véritable seigneur et monarque
du monde, celui dont Auguste n’était que l’intendant; mais il agissait, à son
insu, sous la motion divine, comme plus tard Caïphe prophétisa sans le savoir.»1
Si la naissance du Sauveur fut
ressentie obscurément par des païens, dont certains vinrent même en Israël pour
l’honorer et l’adorer (les mages d’Orient), la mort du Christ eut également un
retentissement international dont témoignent d’ailleurs les évangiles
synoptiques eux-mêmes: l’obscurcissement du soleil. Or un homme, un magistrat
athénien, en a témoigné aussi: Denis l’aréopagite, converti par la suite et
canonisé par l’Eglise. Il en avait fait ce commentaire «à chaud»: «Ou le Dieu de la nature souffre, ou le
système du monde est détruit.»
On ne trouve dans l’islam aucun fait de
portée universelle opposable à ceux-ci, qui témoignent sans contestation
possible de la puissance de Dieu, du Dieu des chrétiens, sur l’ordre même du
monde et sur le fait que sa domination est absolue également sur les hommes
sans pourtant aucunement porter atteinte à leur liberté.
Michel de Preux
1 Allusion à la question du grand prêtre à Jésus: «Es-tu le Christ, le Fils de Dieu?» (Matt. XXVI, 63 et Marc XIV, 61).
Ecrivez-leur
Cette année, ce sont toujours cinq
révisionnistes, trois Allemands et deux Autrichiens, qui passeront Noël
derrière les barreaux, mais ce ne sont plus tout à fait les mêmes puisque
Germar Rudolf a été libéré alors que l’avocat Horst Mahler est venu combler le
vide.
On
peut envoyer à ces prisonniers d’opinion un mot de sympathie et éventuellement
quelques euros – mentionnés dans le message1 – destinés à l’achat
d’une petite douceur ou de quelques timbres. Voici leurs coordonnées :
-
M. Ernst Zündel / JVA Mannheim / Herzogenriedstr. 111 / D – 68169 Mannheim
- Me Horst
Mahler / Anton-Saefkow-Allee 22 / D – 14772 Brandenburg/Havel
- Me Sylvia
Stolz / JVA / Münchener Strasse 33 / D – 86551 Aichach
-
M. Gerd Honsik / Justizanstalt Wien-Josefstadt /
Wickenburggasse 18-22 / A – 1082
Vienne
-
M. Wolfgang Fröhlich / même adresse que Gerd Honsik.
Les vœux de joyeuses fêtes et de bonne
année n’étant évidemment pas opportuns, on peut au moins leur souhaiter bon
courage.
Mariette Paschoud
1 Pour Maître Stolz, prière de faire figurer au bas de la lettre mention «Verwendungszweck: Sondergeld 1».
Ne dites pas: «C’est à tort que nous avons toujours taxé Micheline Calmy
d’incompétence intégrale, car en déclarant, un peu tardivement il est vrai, à
la chaîne Al Jazeera que la Suisse n’a pas à s’excuser de quoi
que ce soit après la votation du 29 novembre sur les minarets, elle a été
surprise, si l’on ose dire, en flagrant délit de bonne conduite.» Dites: «C’est à tort que nous avons toujours taxé
Micheline Calmy d’incompétence intégrale, car en déclarant, un peu tardivement,
il est vrai, à la chaîne Al Jazeera que la Suisse n’a pas à s’excuser de quoi
que ce soit après la votation du 29 novembre sur les minarets, elle a été
prise, si l’on ose dire, en flagrant délit de bonne conduite.»
On pourrait dire aussi: «(…) Micheline Calmy (...) a été surprise en
train de se bien conduire.»
Le pinailleur
Le toast à la patrie
prononcé le 27 novembre lors de la Fête du Grütli qui a réuni en leur Blanche
Maison les Vieux Zofingiens vaudois, membres de l’illustre société des
étudiants de Zofingue, dont sont issus cinq des six fondateurs du Pamphlet, nous paraît digne de
publication. Nous le publions donc, en toute logique, avec l’autorisation de
l’auteur.(Réd.)
Chers
frères de couleurs,
On en a déjà dit sur la patrie.
Histoire, territoire, langue, religion, culture, mœurs, autant de discours. Et
voilà qu’il faut recommencer.
Essayons donc un angle nouveau: ceux à
qui la patrie est destinée. C’est-à-dire ceux qui forment la communauté humaine
qui se prévaut de cette patrie et qui la fonde et l’exprime. Une patrie, c’est
en effet aussi, on pourrait même être tenté de
penser « surtout », une communauté qui y vit et qui s’y réfère.
Ce serait d’ailleurs assez dans l’air du temps. Une patrie n’a en effet
réellement de sens qu’au travers de la manière dont les individus qui la
composent la vivent et la ressentent.
Qu’attend-on de sa patrie? Qu’elle soit
un ensemble accueillant et protecteur. Qu’elle offre un cadre agréable. Qu’on
s’y sente chez soi. A l’abri. Qu’elle contribue au sentiment si précieux
d’appartenir à une communauté parce qu’elle lui permet d’être. Sans cette
communauté constituée, et qui se reconnaît comme telle, à quoi donc pourrait
bien servir la notion de patrie, sinon à
quelques théoriciens de la chose publique? Donc une abstraction. Or,
même si un Zofingien n’est pas trop regardant quant aux motifs de libations à venir,
vous admettrez avec moi qu’on ne porte pas un toast à une abstraction!
Je vais donc le porter, ce toast, à ce
que nous attendons de notre patrie. C’est-à-dire ce que nous attendons de ceux
qui ont charge d’en assurer la conduite. Je vous propose donc d’examiner s’il
est possible de nous reconnaître dans les diverses offres que nous proposent
ceux qui squattent aujourd’hui le
pouvoir: les partis, ces organismes essentiellement diviseurs et exclusifs.
Puis de voir s’ils sont compatibles ou pas avec la pérennité de la patrie.
Quelle vision donc pour notre patrie?
Celle des fondateurs, ces Waldstädten terrés dans ces quelques vallées
perdues dans les montagnes et les forêts au centre du massif alpin, aux
origines gothiques obscures. Ces gnomes gutturaux qui ont élevé le roesti, le
Schappsiger et le Krüter au rang de trésors nationaux et d’art de vivre. Avec
cette patrie-là, nous n’allons pas vraiment nous y retrouver.
La patrie version Parti
socialiste alors? Qui veut une patrie sociale mais qui la fait
technocratique et autoritaire. Qui la demande solidaire mais qui l’aime
centralisée et planifiée. Plutôt partisan d’ailleurs d’une patrie
internationale et rouge, au territoire non encore défini. Mais
international, donc interpatriotique! Voudrait-on de cette patrie-là, celle des
profs et des instits ? Ces humanoïdes privilégiés qui ont raison le matin
et congé l’après-midi ? Pas non plus vraiment.
Celle de Kadhafi alors? Rassemblés
avec les Valaisans, les Fribourgeois, les Genevois, etc., dans un même
département français? A la merci de Simplet, de Biancaneve et de sa cour ?
Peut-être alors la patrie rêvée par les
mollahs protestants de l’Union Démocratique Fédérale: sans minarets ?
C’est vrai qu’après avoir mis des siècles à se débarrasser de la tyrannie des
curés on ne souhaite pas subir celle des mollahs. Mais faut pas s’agiter.
Comme l’Eglise du Vatican, l’islam sait s’adapter aux mœurs locales pour les
récupérer à son profit. Quand Abdul Chaudet sera muezzin du Grand minaret de
Rivaz, il appellera les fidèles à l’heure de l’apéro. Il remplacera ainsi feu
les bateaux de la CGN qui ne siffleront
plus devant le débarcadère sur le coup des onze heures. C’est bien ça le
fond de la question: les fondamentalistes de
l’UDF ne visent qu’à empêcher l’arrivée de muezzins vaudois à la
seule fin de tuer l’apéritif. Or, sans chasselas sur le coup des midi, pas de
patrie vaudoise!
Alors la patrie des Verts
peut-être ? Cette communauté multicolore et multiforme: blancheur
virginale des intentions, rouge de la colère anti-nucléaire, anti-CO2,
anti 4x4, anti OGM, anti-effet de serre, anti-pet de vache, anti-trou d’ozone,
anti-vous, anti-moi, anti-tout. Une indignation patriotique permanente
m’insupporterait!
Et une patrie libérale ? Celle
d’économiesuisse et de la finance internationale. Celle des grand patrons de
quelques multinationales, prototypes cupides et vaniteux de la
mondialisation, Gessler des temps modernes devant lesquels même les plus grands
s’inclinent dans le vain espoir qu’on leur jette quelques miettes…Une patrie
qui voit se multiplier les abris pour sans-abris, les refuges pour sans
famille, les aides pour sans revenus. On n’y est pas non plus à
l’aise. Cette patrie-là n’est pas durable car elle fait fi de
l’équité communautaire la plus élémentaire.
Voilà, on a fait le tour. Rien de très
folichon, vous en conviendrez. Chacune de ces notions correspond pourtant plus
ou moins à la patrie telle que ressentie par des gens très différents. Mais qui
partagent ensemble son histoire. Qui vivent dans les mêmes institutions et qui
se sentent ainsi chez elles... et objectivement, qui vivent dans la même
patrie. Alors à laquelle de ces patries allons-nous pouvoir porter ce
toast?
On voit dès lors que la patrie ne peut
suffisamment se définir par ceux qui s’y réfèrent. Car elle leur est extérieure,
même s’ils y puisent leur enracinement. Il faut donc conclure que les
composantes habituelles utilisées pour définir la patrie sont incontournables:
un territoire et une unité politique d’abord. Une histoire ensuite. Alors
quelle patrie pour ce toast?
Il est bien entendu que la patrie de
tout Zofingien normalement calibré,
c’est la Suisse. Zofingue est une société suissarde. Affreusement suissarde, et
depuis toujours. On le sait mais on l’aime quand même. Comme on aime cette
Suisse qui nous permet de protéger notre vraie patrie. Contre nos voisins
Confédérés d’abord. Parce qu’il ne faut pas rêver. Ils ne sont nos amis que
depuis à peine deux petits siècles. Et encore, parce qu’ils ne peuvent pas
faire autrement. Rappelons-nous: il n’y a pas si longtemps que les Bernois nous
ont chipé le plateau du Gessenay, qu’ils appellent maintenant le Saanenland.
Occuper Gstaad, Schönried et Saanen, ce n’était pas vraiment amical.
Et les Fribourgeois qui ont fait main
basse sur le Romontois, le Staviacois et même la Gruyère. C’était amical?
Aujourd’hui, l’existence même du pacte fédéral protège notre canton de telles
exactions. Enfin presque: rappelez-vous la partition bernoise, en 1979.
Nous aimons cette Suisse quand elle est
le grand frère qui permet au canton de Vaud de s’épanouir, de vivre en harmonie
avec les autres confédérés, avec les pays voisins et les pays amis. Cette
Confédération-là, à l’abri de laquelle nous développons notre économie, nous
formons nos enfants et garantissons leur développement harmonieux. Cette alliance qui nous permet de nous régaler des
arts et des lettres, de nous instruire et de travailler dans la paix. Cette
Confédération-là, qui nous permet de vivre normalement, nous y adhérons… mais
cela n’en fait pas pour autant notre patrie.
Notre patrie, la seule, c’est celle sur
le sol de laquelle nous sommes ce soir. C’est ce canton, si admirable et si
détestable. Si complet et si indigent. Si puissant mais si faible. Au potentiel
si grand et si mal utilisé. Si arrogant du temps de sa grandeur radicale passée
et si galvaudé aujourd’hui par nos amis Confédérés.
Il faut la soigner cette patrie-là
parce qu’elle puise ses sources très loin dans l’histoire. Parce qu’elle a
survécu aux nombreux régimes qui l’ont gouvernée ou administrée, plus ou moins
bien, plus ou moins mal. Parce qu’elle transcende les modes et les siècles.
Parce que c’est la nôtre. Il faut donc veiller à ce qu’elle puisse durer. Pour
que ceux qui l’habitent la ressentent bien comme une vraie patrie… et pas comme
un lieu d’habitation ou de travail, interchangeable à merci.
Cela implique d’abord des
parlementaires et des hommes d’Etat qui, sur la durée, soient conscients des
besoins et des conditions de durabilité de la patrie vaudoise. Conscients de
son importance. Or nous constatons avec tristesse que la grande illusion des
partis sur leur propre avenir, et donc les préoccupations qui lui sont liées,
ont pris le pas depuis longtemps sur le reste. Et que la vision à long terme
pourtant si nécessaire en l’espèce, s’arrête généralement à la date des
prochaines élections. Mais Vaud devrait survivre à ce régime aussi. Même à
celui-là.
Vive la Suisse, Vive le canton de Vaud,
notre patrie à laquelle nous portons enfin ce toast, vivat, crescat, floreat
Tobinia valdensis.
Guy Delacrétaz, VZ,
Semestre d’hiver 1971
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