Lausanne 39e année      «ne pas subir»      Novembre  2009 No 389

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste dresse le bilan des derniers mois de lutte anti-fumée dans les établissements publics.

 

Rêves de grandeur

Les édiles de Lausanne ont interprété le vote du 27 septembre comme un encouragement à la démesure

 

En direct de Sirius

Max nous entretient d’un délateur, des étranges mœurs politiques à Paris, d’un auditeur de RTL qui prétend, en sa qualité de chef d’entreprise, choisir librement ses collaborateurs en fonction de ses préférences et d’un récent film interprété par Isabelle Adjani que les enseignants suisses devraient aller voir.

 

Pas de commentaire!

Pollux s’étonne que tant de gens trouvent le temps d’intervenir sur des sites interactifs du Web, souvent pour y démontrer… qu’ils n’ont rien à dire.

 

Incompétents!

Michel de Preux constate que la Conférence des évêques suisses publie des communiqués sur des objets qui échappent à sa compétence.

 

Les nouvelles aventures…

Chronique mensuelle et savoureuse du révisionnisme historique.

 

Au courrier

Un lecteur de Delémont s’indigne de l’acharnement de Claude Paschoud contre les chiens et les propriétaires de chiens.

 

Bricoles

Où il est question de sièges pour enfants, et de plusieurs Prix Nobel

 

Ne dites pas…

Rubrique malicieuse du politiquement correct et du beau langage. Ce mois, le pinailleur est trahi par un correcteur inattentif, qui introduit une faute d’orthographe dans la version papier !

 

Minarets

Claude Paschoud explique pourquoi il votera «Oui» à l’initiative anti-minarets, au risque de se fâcher avec les fédéralistes et avec les musulmans.

 

Suicides

Où C.P. estime que ce n’est pas l’entreprise France-Télécom qui est la principale responsable de la vague de suicides enregistrée parmi ses collaborateurs, mais les syndicats.

 

 

 

Editorial

 

 

         Les lois anti-fumée prolifèrent dans notre beau pays, cantons et Confédération rivalisant de zèle, au nom de compétences apparemment très entremêlées, pour éradiquer le tabagisme.

 

         En ce qui concerne le canton de Vaud, les choses ne se sont pas trop mal passées au début, puisque l’interdiction de fumer dans les lieux publics est entrée en vigueur le 15 septembre, à un moment où les terrasses des cafés et restaurants étaient encore ouvertes et où, grâce à un début d’automne particulièrement clément, les fumeurs ont pu «assouvir leur vice» agréablement à l’extérieur  – nous ne parlerons pas ici des employés qui prennent leur pause sur les trottoirs: c’est un autre sujet.

 

         Ce temps béni étant désormais révolu, on voit surgir dans la presse réflexions et récriminations concernant les fumoirs, les terrasses chauffées et, plus généralement, les effets de la loi sur la vie économique des établissements publics.

 

         Le 15 octobre, 20 minutes annonce que les fumoirs sont peu demandés, semble s’en étonner et conclut: «Même l’arrivée des prochains frimas, qui va décourager les fumeurs de s’en griller une dehors, n’a pas déclenché une avalanche de demandes pour créer un fumoir.» Madame Jacqueline Favez, auteur de l’article, est probablement non fumeuse, ce qui expliquerait sa totale méconnaissance de la mentalité des fumeurs: un vrai fumeur n’hésitera jamais à fumer dehors, surtout s’il peut accompagner sa cigarette d’un petit café. Les cafetiers et restaurateurs le savent bien, raison pour laquelle il ne voient pas l’utilité de dépenser de l’argent dans la création de fumoirs qui devront répondre à des normes coûteuses et n’offriront pas de service.

 

         C’est pourquoi, ainsi que le note 24 heures une semaine plus tard, les patrons de bistrots réclament des terrasses chauffées. C’est la solution adoptée en France comme en Italie. Grâce aux chaufferettes, et à condition qu’on porte des vêtements de saison, tout le monde est content, sauf  les ayatollahs qui rêvent d’interdire la fumée partout. En plus, cela met de l’ambiance dans les rues et sur les places, ce qui est fort sympathique.

 

         Nul doute que les écologistes purs et durs vont monter au créneau et brandir quelque risque de pollution ou de gaspillage d’énergie pour faire interdire les chaufferettes collectives. Mais rassurez-vous:  on trouve dans le commerce des chaufferettes individuelles qui font merveille, sans polluer, pour moins de cinquante francs.

 

         Pour ce qui est des effets de l’interdiction de la fumée sur le chiffre d’affaires des cafés et restaurants,  la tendance est à la baisse et de manière sensible. On peut lire dans le Matin-Dimanche du 25 octobre: «(…) les cafés-restaurants valaisans sont à la peine. Moins 20,50 et parfois moins 80% de chiffre d’affaires depuis que les fumeurs ne peuvent plus s’en griller une au bar ou autour d’une table. (…) Vaud (…) enregistre déjà les mêmes plaintes et les mêmes tendances à la baisse que le Valais. (…)»

         On dira que la crise sans précédent que nous traversons est la grande responsable de cet état de choses. C’est possible. Mais alors pourquoi ne vide-t-elle pas aussi les supermarchés et les grands magasins?

 

         En fait, la plupart des citoyens favorables à la loi qui disaient ne pas fréquenter les établissements publics à cause de la fumée, mais promettaient de s’y précipiter aussitôt l’air assaini, pour remplacer les fumeurs ostracisés, se sont révélés menteurs. C’est comme ça en démocratie: les engagements sont faits pour n’être pas tenus.

 

         En 1997, une information de la Ligue suisse contre le cancer, trouvée sur internet, annonçait que le cancer du poumon – dont nul n’ignore qu’il est imputé principalement au tabagisme par les acteurs de la santé – touchait environ trois mille deux cents personnes en Suisse chaque année. La même source en comptabilisait trois mille six cents en 2009. Compte tenu de l’augmentation de la population, qui a passé de quelque sept millions à environ sept millions six cent mille habitants au cours des douze ans écoulés, on peut donc dire que, selon cette ligue pourtant peu portée à l’optimisme, le cancer du poumon touche chaque année dans notre pays entre quarante-cinq et quarante-sept habitants sur cent mille, fumeurs et non-fumeurs confondus. Le nombre des décès dus au fléau stagne lui à deux mille huit cents par an, soit un taux oscillant entre quarante pour cent mille en 1997 et environ trente-sept pour cent mille en 2009, la différence, bien faible, pouvant s'expliquer, nous semble-t-il, par les progrès réalisés dans le traitement et le dépistage de la maladie.

 

         On remarque que les chiffres ne bougent guère, ce qui peut signifier que les mesures anti-tabagisme sont inopérantes et qu’on nous ment en prétendant que le nombre des fumeurs – et, par conséquent, la quantité de fumée inhalée par les fumeurs passifs – a considérablement diminué. Il est tout aussi possible que les causes du cancer du poumon ne soient pas, de loin pas, seulement celles qu’on montre du doigt.

 

         Il faudrait alors songer à changer de têtes de turcs!

 

 

Le Pamphlet

 

 

 

Rêves de grandeur

 

         «Lausanne rêve d’un M3», titre 20 minutes du 15 octobre, avant de nous apprendre que les autorités de la ville, et donc pas du tout les Lausannois, songent à construire un deuxième métro qui relierait la gare de Lausanne à la Blécherette en passant par le Flon, Saint-Roch, le Palais de Beaulieu et la Pontaise. La réalisation de ce projet coûterait quelque quatre cents millions.

 

         On a vu avec le M2 le crédit qu’on peut accorder aux devis présentés par nos autorités.

 

         Mais, surtout,  on croyait savoir que l’un des projets de développement de l’agglomération lausannoise retenus par les services de Moritz Leuenberger, chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication – DETEC pour les intimes –, pour bénéficier de la manne fédérale consistait à établir, aux environs de 2018-2020, une ligne de tram reliant Lausanne-Flon à la Blécherette.

 

         On ne comprend pas très bien pourquoi le tram, moyen de transport jugé naguère désuet par les édiles lausannois – qui n’étaient pas, il est vrai écolo-socialistes ou contaminés – au point qu’ils l’ont supprimé sans états d’âmes, rails compris, en dépit du coût des travaux, était redevenu, le temps d’un projet, la solution de l’avenir. Ce qu’on comprend, en revanche, c’est que tout se passe comme si Monsieur Olivier Français et ses collègues jouaient au Monopoly, sans se soucier de l’argent des contribuables, puisque la nouvelle lubie métropolitaine ne fait évidemment pas partie des projets agréés par Berne.

 

         Comme on l’a vu, et contrairement au tram dont Lausanne ne rêve plus, le nouveau métro partirait de la gare et non du Flon, cela en dépit du fait que le M2 passe par les deux stations et que, si on tenait vraiment à faire bon poids, on pourrait créer, en direction de la Place de l’Europe, une ramification du  tunnel piétons qui devrait relier la gare à Saint-François dans quelques années.

 

         Apparemment, le résultat négatif du vote du 27 septembre sur le stade de la Pontaise, qui a été – il fallait s’y attendre – interprété par les autorités lausannoises comme une acceptation enthousiaste et globale du projet Métamorphose, a donné des ailes à notre municipalité mégalomane. Cette dernière envisage maintenant, on l’a appris mi-octobre également, de creuser un tunnel de sept cent cinquante mètres sous la Place Saint-François, afin d’en bannir les automobiles au profit des piétons et des transports publics.

 

         Tout cela est bien joli mais va coûter des centaines de millions. Où les prendra-t-on? Si la commune de Lausanne était richissime, cela se saurait!

        

         On ne peut pas tout faire, que diable! Il faut aussi penser aux installations sportives démesurées, qui seront le couronnement de la Métamorphose lausannoise!

 

Mariette Paschoud

 

 

En direct de Sirius

 

Quid de ces minarets qui pointent vers le ciel ?

 

         Persistant à penser qu’une interdiction constitue souvent un aveu d’impuissance face à des évidences gênantes1 (en l’espèce, la montée en puissance d’un islam à la conquête de notre Europe chrétienne en déclin), l’auteur de ces lignes ne pourra que s’abstenir, avec cependant en lui ce je-ne-sais-quoi de Suisse «primitif» qui le porte à espérer que le texte aboutira.

 

Atavisme?

 

         Monsieur Bradley Birkenfeld est un délinquant financier comme on en coince parfois à Wall Street. Par souci de confort, il a passé un accord de délation avec le procureur de New York, contraignant, ce faisant, son ancien employeur – l’UBS – à livrer ignominieusement aux bons soins du fisc de chez eux quelques milliers d’Etats-uniens lâchés par les gnomes de Zurich. Les remous de la trahison ne sont pas encore calmés chez nous que là-bas, déjà, le bon M. Birkenfeld réclame un pourcentage des sommes déclarées par ses victimes.

 

         On pourra donc parler des dollars de Judas...

 

Y aurait-il quelque chose de pourri dans le régime de Paris ?

 

         Etranges mœurs politiques, en France, où l’on entend le président expliquer, candide, sur les ondes (France-Info), que si les trois quarts des peuples de la planète se défient désormais de ceux qui les gouvernent et ne croient plus en leurs statistiques, «on va changer les statistiques»; où le même éructe vouloir pendre un ancien premier ministre «à un crochet de boucher», reprenant ainsi – mais le sait-il seulement? – le programme prévu par un certain Hitler à l’intention des traîtres du complot «Walkyrie»; où la quasi-totalité de la classe politique se scandalise avec un émouvant ensemble que son prédécesseur, jadis virtuose de l’escamotage judiciaire, mais maintenant rendu à son statut de simple justiciable, soit enfin appelé à rendre des comptes, comme n’importe quel citoyen, et où l’on commence à penser que l’accession à l’âge de la retraite finit, pour ceux que les affaires n’ont pas pu rattraper, par valoir reconstruction de virginité pénale; où un ministre de la culture au passé exotique, ouvertement adepte de circuits touristiques obscurs, prend publiquement fait et cause pour un délinquant sexuel en cavale sans que quiconque – ou presque – dans la gent politique s’en émeuve!

 

         Pendant ce temps, le vertueux régime en place à Paris, qui n’en est pas à une incohérence près, condamne la réélection du Président Ahmadinejad et applaudit à celle de M. Karzaï!

 

Oups !

 

         Toujours en France, où la religion «drouadlhomiste» ne connaît plus ni frontières ni mesure et où la guerre à toutes les formes de discrimination2 prend des allures exponentielles, il est de plus en plus question d’imposer le «cévé»3 anonyme. Sur les ondes de RTL (4.11.09 vers 14 h.), un premier auditeur, chef d’entreprise, sème l’embarras et la consternation en objectant qu’il entend pouvoir librement choisir ses employés en fonction de ses préférences... «comme on choisit la femme qu’on va épouser [selon qu’on la préfère] blonde, brune ou rousse ». En plus, il est égyptien! Dans les studios, un ange passe, les soutes chargées de tracts d’organisations méritantes... La régie cafouille (les oreillettes grésillent à vide)... Court-circuitée, l’animatrice bafouille : «Oui... mais... justement... il ne faut pas... c’est contre ça qu’on lutte...». Et auprès de milliers de récepteurs, dans l’Hexagone, on devine des oreilles suspendues... Il ne faut pas quoi? Choisir librement son épouse? Confusément, on sent que cette liberté-là, un jour, «ils» vont la supprimer aussi (pas de liberté pour les ennemis de la soumission!). Là-bas, dans les studios, on engueule le standard et l’on s’engage à mieux filtrer les prochains auditeurs.

 

Etat des lieux

 

         Philippe Bouvard (un peu plus tard, sur la même chaîne) à Jean (IV) de France – prétendant au trône du même nom: «Vous n’êtes pas trop instruit pour gouverner le pays?»

 

«La journée de la jupe»4 (un huis-clos dans un cul-de-sac)

 

         Isolée dans la jungle d’un lycée en zone «défavorisée», cernée par les ilotes, Isabelle Adjani campe avec réalisme une enseignante qui perd pied et provoque un enchaînement implacable. Denis Podalydès en négociateur à problèmes et Jackie Berroyer en directeur veule et désabusé sont très bons aussi; comme, du reste, l’ensemble de la distribution, à l’exception d’une «ministre de l’intérieur» à contre-emploi à qui le rôle d’une commissaire de choc siérait mieux.

 

         Les enseignants de Suisse qui auront le courage de voir ce film comprendront pourquoi il a été occulté... et ce qui les attend dans la logique des flux migratoires imposés et la perspective de la montée de l’illettrisme chez nous.

 

Aveu (de l’utilité de prendre du champ)

 

         Il m’aura fallu la distance d’une crise de foi pour me faire une meilleure idée de la gigantesque opération combinée de désinformation («bobardements» massifs), de mise en condition («croquemitaineries» complexes sans cesse renouvelées) et de paupérisation accélérée (crise économique majeure et provoquée) que des illuminés mènent contre nos peuples, et convenir, enfin, que les rares chrétiens lucides qui y voient une entreprise de domination mondiale satanique sont loin d’être des allumés...

 

Max l’Impertinent

 

1 De leurs geôles, et en dépit des bâillons que des frénétiques tentent de leur imposer, les révisionnistes sont là pour en témoigner.

2 Sexe, couleur, âge, taille, origine, apparence, préférences sexuelles, appartenance politique, religion...

3 «Fossiles»! Comprenez curriculum vitae et non pas l’anagramme de «vécés».

4 ...de Jean Paul Lilienfeld, DVD ARTE France Développement (2009), 90 minutes, réf.: 3 453277 676039.

 

 

 

Pas de commentaire!

 

 

         Ceux qui critiquent le réseau internet au motif que celui-ci charrie des choses horribles ont tort: internet n'est que le reflet de la nature humaine et c'est donc à cette dernière que nous devons réserver notre opprobre. Il faut pourtant reconnaître que la «toile» a une fâcheuse tendance à mettre en évidence les qualités les moins reluisantes de nos congénères. C'est particulièrement le cas avec cette mode – apparue il y a quelques années lors de l'essor des blogs et étendue maintenant aux sites d'information – qui veut que les lecteurs puissent ajouter leurs propres commentaires à la suite de chaque texte régulièrement publié.

         Cette pratique, hélas, révèle de manière effrayante le degré d'inculture, d'ignorance, de sottise, de bassesse ou de méchanceté de ceux que l'on se désole de devoir appeler ses concitoyens. La plupart des articles diffusés sur internet se trouvent ainsi affublés d'une liste plus ou moins longue de commentaires presque toujours consternants. L'orthographe pitoyable fait penser à la manière dont un auteur de bandes dessinées, dans les années 1960, imaginait ce que serait notre société au cinquante et unième siècle; nous avons un peu d'avance. Les phrases sont pataudes, mal construites, quelquefois incompréhensibles. Mais si la forme est déplorable, malhabile, rébarbative, c'est surtout le contenu qui est accablant.

         Les «opinions» exprimées partent tellement dans toutes les directions que l'on ne peut même pas dire que ce soit un triomphe de la pensée unique. Certes, beaucoup de ces commentaires dégoulinent de conformisme, d'égalitarisme, de socialisme, de mondialisme, de républicanisme démocratique… Mais ce n'est de loin pas toujours le cas et l'on est surpris de voir apparaître, sous le couvert de l'anonymat, quantité de propos d'une rare incorrection politique. On ne saurait pourtant s'en réjouir, car ceux qui refusent ainsi de respecter les canons de la morale moderne ne se plient pas pour autant aux exigences de la logique, de la modération et de l'intelligence. Il arrive même qu'on ait honte de commentaires exprimant une position juste, mais pervertis par la faiblesse ou le mauvais goût de leur argumentation.

         Finalement, on s'étonne de ce que tant de personnes désœuvrées réussissent à passer leurs journées à «intervenir» sur ce que les pédants appellent le «Web 2.0» – ou sites «interactifs». Un record a été atteint durant le récent incendie d'un local d'archives à Lausanne, lorsque deux factions – les anti-pompiers et les pro-pompiers – se sont furieusement apostrophées pendant plusieurs jours sur les pages internet du quotidien local, chacun répondant pour appondre, répétant inlassablement ses mêmes arguments afin d'avoir le dernier mot, à moins que ce ne fût dans l'espoir absurde de convaincre l'adversaire. Les «modérateurs» du site ne sont pas intervenus. Ils n'interviennent jamais, ni contre les idées défendues, ni contre les déclarations saugrenues, ni contre les attaques personnelles, ni contre les injures, ni contre les «trolls» – ainsi que l'on surnomme les commentateurs dont le seul but est de semer la pagaille sous des airs faussement innocents.

         Ils ont raison. Si l'on sollicite les commentaires des visiteurs, autant ne pas les censurer ensuite. L'idéal serait de ne pas les solliciter et que les concepteurs de sites, abandonnant leur obsession de l'«interactivité», inventent un «Web 3.0» où l'expression publique serait réservée à ceux qui ont quelque chose à dire et qui savent le dire.

Pollux

 

 

Incompétents!

 

         Ainsi donc la Conférence des évêques suisses nous informe qu’elle rejette, par cohérence «avec nos valeurs chrétiennes et les principes démocratiques de notre pays»1, l’initiative populaire de l’UDC contre la construction des minarets.

 

         Comme citoyens, les évêques suisses ont évidemment le droit d’émettre l’opinion de leur choix sur tout objet soumis au vote populaire. Comme pasteurs assujettis à une doctrine catholique, ce choix est limité, sauf à se voir opposer publiquement le grief de désinformation et d’abus de l’autorité cléricale, qu’on est en droit de formuler tout aussi publiquement.

 

         En effet, la tolérance d’une fausse religion qui, de surcroît, ne pratique pas, dans des Etats se réclamant de sa foi, la réciprocité, qui admet des pratiques barbares (excision, peines vindicatives pour le simple port du pantalon par une femme, survivance de l’esclavage domestique) n’a pas à être érigée en principe normatif inconditionné, et surtout pas au nom des principes démocratiques modernes en plus ! Pareille tolérance ne relève en l’occurrence que de la seule opportunité sociale et politique, sans même parler de la vertu de prudence (vertu cardinale pour un chrétien) avec laquelle la position publique des évêques suisses se concilie difficilement.

 

         C’est donc dénaturer la question de la tolérance et faire de celle-ci un faux principe idéologique, inadmissible en lui-même, que de prendre appui tant sur les valeurs chrétiennes (non précisées en outre) que sur les principes démocratiques pour discréditer une initiative qui doit, en bonne morale, être traitée sous le seul angle de l’opportunité et de la saine raison pratique, ainsi, répétons-le, que de la vertu de prudence.

 

         Il faut donc rejeter comme totalement irrecevable un autoritarisme clérical notoirement incompatible avec les «valeurs chrétiennes» et les principes de la plus élémentaire raison politique. Le communiqué de la Conférence des évêques suisses relève de l’intoxication, il trompe le lecteur à la fois sur le sens des valeurs morales et la juste autonomie de l’ordre politique.

 

Michel de Preux

 

1 Communiqué du 9 septembre 2009

 

 

 

Les nouvelles aventures…

 

Jugements

 

         Le 27 octobre, la XVIIe chambre du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris a condamné Dieudonné M’Bala M’Bala, humoriste, à dix mille euros d’amende et à d’énormes frais au profit des habituelles associations émules de Big Brother – le montant total avoisine la somme de trente mille euros – pour des propos tenus le 26 décembre 2008 au Zénith de Paris, à l’occasion de la remise au professeur Robert Faurisson du prix de l’infréquentabilité. Selon le tribunal, le provocateur s’est rendu coupable d’injure publique envers des personnes d’ascendance ou de confession juive. Il n’y a là, hélas, rien de bien inattendu.

        

         Mais il y a tout de même du nouveau à la XVIIe du TGI de Paris: à mon intense stupéfaction et à ma non moins immense jubilation, celle-ci a relaxé, dans la même affaire, le «condamné d’avance» Robert Faurisson, que la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme voulait faire pendre haut et court – en même temps que Dieudonné relaxé lui aussi de ce chef – pour contestation de crime contre l’humanité. En effet, ce fameux 26 décembre au Zénith, le malappris avait déclaré que, en dépit de ses nombreuses condamnations pour révisionnisme, il ne changerait pas – quelle surprise! – d’opinion.  Le tribunal n’est tout de même pas allé jusqu’à coller à l’association antiraciste, notoirement miséreuse, puisqu’elle en est réduite à courir les tribunaux aux fins de faire sa pelote, les frais de justice ou le versement d’une indemnité aux deux poursuivis. Mais, tout de même, il y a eu relaxe.

 

         L’arrogante LICRA privée de sa proie? Quel plaisir délicat!

 

         Comme un malheur n’arrive jamais seul, le président de dite LICRA, Patrick Gaubert, aura sans doute appris avec un vif chagrin que son ancien patron et (toujours?) ami Charles Pasqua, ci-devant ministre de l’intérieur français à deux reprises, avait été condamné, le 27 octobre également, à trois ans de prison, dont deux avec sursis, et cent mille francs d’amende, cette fois par la XIe chambre du TGI de Paris, pour trafic d’influence dans l’affaire des ventes d’armes à l’Angola (1994). Bien entendu, il va faire appel du jugement.

 

         Mais en attendant, on rappellera que, le 20 septembre 1987, cet intègre personnage, alors en charge du Ministère de l’intérieur pour la première fois, avait déclaré au Club de la Presse d’Europe 1 qu’il était favorable à une loi antirévisionniste, et que la place de Faurisson était en prison.

 

         Les meules du Seigneur tournent lentement, mais broient très finement.

 

M.P.

 

 

Au courrier

 

Monsieur,

 

         Depuis des années, je partage la plupart de vos idées et suis un de vos fidèles lecteurs. Cependant, votre «acharnement» contre les animaux (chiens, loups, etc.) m’exaspère. Regardez ce que fait l’Homme! Pollution, guerres et j’en passe! Il n’y a pas de Hitler chez les animaux que je sache…

 

         Vous parlez de taxes… D’accord pour des amendes aux personnes qui «perdent» dans la nature: papiers, chewing-gum (comme dans certains pays ou aéroports asiatiques) et pas vingt francs…

 

         Quant aux loups, ours etc., ils étaient là bien avant le bipède! Dans le temps, chaque troupeau avait ses chiens ET son berger… Quand on n’a pas les moyens de sa politique, alors…

 

         Cordialement,

 

D.S.

 

 

Bricoles

 

 

Eurocompatibilité

 

         Le Conseil fédéral en a décidé ainsi: dès avril 2010, les sièges pour enfants installés à l’arrière des voitures ne seront plus obligatoires jusqu’à l’âge de sept ans seulement, mais jusqu’à douze – sauf si les mouflets mesurent plus de cent cinquante centimètres; on ne nous dit pas ce qu’il en est des adultes mesurant moins d’un mètre cinquante.

 

         On se réjouit pour les fabricants de sièges de sécurité qui vont gagner beaucoup d’argent et, qui sait, se transformer en bienfaiteurs de l’humanité en créant des emplois. D’ailleurs, à notre avis, ils devraient étudier la mise au point de «dispositifs de retenue» destinés à tous les bipèdes mesurant plus d’un mètre cinquante. Il y a là un créneau à ne pas négliger en ces temps de crise sans précédent.

 

         Mais ce n’est pas la sécurité des passagers arrière ni la situation économique qui préoccupent le Bureau de prévention des accidents. «Les standards européens seront aussi appliqués en Suisse», s’est paraît-il exclamé tout réjoui, selon 20 minutes du 15 octobre, le représentant du BPA.

 

         Quel progrès!

 

 

Nobel

 

Notre confrère Les 4 Vérités Hebdo, journal généralement bien informé, nous fait savoir dans son numéro 712 du 16 octobre que les statuts du Comité Nobel exigent qu’on choisisse le prix Nobel de la paix le 1er février au plus tard et que Monsieur Obama était donc en fonction depuis douze jours quand il a été désigné.

 

         C’est ce qui s’appelle juger les gens à leurs œuvres!

 

 

Ingérence

 

         D’après 20 minutes du 2 novembre, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu et l’artiste argentin Adolfo Perez Esquivel, tous deux lauréats du Prix Nobel de la paix, respectivement en 1984 et en 1980, pour leur engagement sans faille au service des droits humains apportent leur soutien au Groupement pour une Suisse sans armée dans sa campagne pour l’interdiction d’exporter du matériel de guerre. Le bon apôtre Tutu prêche que «si la Suisse accepte de ne plus exporter d’armes, ce serait un brillant exemple pour les autres pays du monde».

 

         Ce vieux menteur se fiche de nous! Les autres pays du monde se moquent comme d’une guigne de ce que peut faire ou ne pas faire la Suisse en cette matière. Pour le reste, autant qu’on sache, les droits humains ont davantage de progrès à faire en Afrique du Sud et en Argentine que chez nous. Alors, à la niche, les nobélisés!

 

 

M.P.

 

Ne dites pas…

 

         Ne dites pas: «En prétendant redémarrer le processus de paix entre son arrivée en Israël samedi matin (31 octobre) et son départ dans le courant de la nuit suivante, Hillary Clinton se moque du monde et fait de la politique spectacle.» Dites: «En prétendant faire redémarrer le processus de paix entre son arrivée en Israël samedi matin et son départ dans le courant de la nuit suivante, Hillary Clinton se moque du monde et fait de la politique spectacle.»

 

Le pinailleur

 

 

Minarets

 

 

         Tout le monde est conscient que le débat sur les minarets cache en réalité autre chose.

 

         Les minarets n’ont aucune importance et ne sont qu’un révélateur pour les deux partis engagés dans le débat.

 

         Mais le débat ne peut avoir lieu franchement: l’article 8 de la Constitution fédérale proclame en effet que «nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ni du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique».

 

         De l’interdiction constitutionnelle de la discrimination, on aboutit aisément à l’incrimination de tout discours révélant une crainte de l’islam, ou une opposition politique à l’invasion allogène, en vertu du fameux article 261bis du Code pénal qui réprime celui qui aura, «publiquement, incité à la haine ou à la discrimination envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance raciale, ethnique ou religieuse».

 

         Une affiche proclamant «NON aux minarets» veut faire passer, à l’évidence, un autre message, qui pourrait être, au choix : «NON à l’invasion de l’Europe par les musulmans» ou «NON à une religion obscurantiste et sexiste» ou encore «NON aux terroristes islamistes» ou enfin «NON à ce voyou de Kadhafi».

 

         Dans la plupart de ces autres discours sous-jacents, on peut humer un léger fumet de discrimination, laquelle était, selon mon dictionnaire Littré, la faculté de discerner, de distinguer, et, selon le psychologue Théodule Ribot, le fondement de notre intelligence, mais qui est devenue un objet de scandale sous l’empire du «politiquement correct».

 

         Quand les bons apôtres qui veulent croire et nous faire croire à la cohabitation pacifique de toutes les religions nous parlent des minarets, ils évoquent parallèlement les clochers des églises, ils plaident la liberté des cultes, la paix confessionnelle, la laïcité de l’Etat et la différence selon eux essentielle entre l’islam et l’islamisme.

 

         Qu’ils soient de bonne ou de mauvaise foi, ces discours sont trompeurs. Les minarets sont la partie émergente, aujourd’hui, d’une opération plus vaste d’islamisation conquérante de l’Europe.

 

         Face à ce mouvement formidable, les chrétiens se terrent frileusement. Les descendants de Charles Martel baissent les yeux et changent de trottoir. Même les théologiens protestants prêchent le repli honteux: «Si je crois en Jésus, faut-il pour autant combattre Mahomet ou Bouddha ? Que valent des convictions qui ont besoin de limiter l’autre pour s’affirmer?» écrit le pasteur Claude Schwab dans 24 heures1.

 

         On est loin de l’impératif d’évangélisation qui constitue «la mission essentielle de l’Eglise chrétienne et la responsabilité de chaque chrétien», comme le reconnaissait un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme en 19562. Le chrétien d’aujourd’hui ne vise plus la conversion du païen, du musulman ou du juif, il est déjà reconnaissant qu’on le laisse pratiquer sa religion en paix.

 

         Face à l’invasion de populations certes pacifiques, mais inassimilables, l’Européen préfère regarder ailleurs, parce que, finalement, la religion, il s’en moque. Tant que les musulmans ne le dérangent pas dans sa douce quiétude, aussi longtemps qu’ils égorgent tranquillement et sans bruit des moutons dans leurs baignoires, tant que des muezzins ne diffusent pas des appels à la prière intempestifs par haut-parleurs à côté de chez lui, le chrétien passe son chemin.

 

         Ce n’est évidemment pas lui qui va exiger l’érection de cathédrales en Arabie séoudite ou au Soudan puisque, à l’exemple du bon pasteur Schwab, il ne croit plus à rien.

 

         Mais il n’aime pas les conflits et les «histoires», comme on dit en Pays de Vaud. Dès lors, il a peur que l’interdiction des minarets n’appelle des mesures de rétorsion économique des pays du Golfe, des attentats de la part des extrémistes ou la réprobation des nations bien-pensantes.

 

         C’est effectivement un triple risque qu’une nation fière et indépendante doit assumer avec détermination. Car lorsqu’elle ne sera plus apte à résister à ces pressions, lorsqu’elle sera prête à verser cinquante millions de dollars à un tyran pour obtenir du pétrole et la libération de deux imbéciles, lorsqu’il faudra tolérer non seulement des minarets, mais des muezzins, qu’il faudra prier les autochtones de sortir des piscines pour permettre à nos hôtes musulmans de se baigner, lorsqu’on fixera les audiences des tribunaux ou les sessions d’examens en fonction du Ramadan… nous serons mûrs pour la dhimmitude, c’est-à-dire pour une sorte d’état de sujétion où l’occupant sera disposé à protéger nos personnes et nos biens, à condition que nous acceptions la loi islamique.

 

         Ce n’est certes pas en acceptant l’initiative anti-minarets qu’on inversera la tendance actuelle à l’à-plat-ventrisme, mais ce pourrait être un signal opportun, pour toute l’Europe, contre l’invitation de la Turquie dans l’Union.

 

Je voterai OUI !

 

Claude Paschoud

 

 

1 24 heures du 4 novembre, page 22.

2 Arrêt Kokinakis.

 

 

 

Suicides

 

 

         On a appris à mi-octobre le suicide à Lannion (Côtes d’Armor) d’un ingénieur de France Télécom de quarante-huit ans, en arrêt maladie depuis un mois sur les conseils (sic) de son médecin du travail.

 

         Cela porte hélas à vingt-cinq en vingt mois le nombre de suicides au sein de la grande entreprise de téléphonie.

 

         Les syndicats ont immédiatement mis en cause la gestion de l’entreprise, où on a passé, selon le mot d’un ancien PDG, «d’une culture de service public à une machine à cash».

 

         Ces syndicat sont bien audacieux, à mon avis, car je les tiens pour les principaux responsables de l’inadaptation des salariés aux conditions du XXIe siècle et, dès lors, du désespoir des plus vulnérables.

 

         Jusqu’en 1990, les PTT étaient en France l’entreprise de service public qui coiffait les deux entités que sont devenues par la suite La Poste, d’une part, et France Télécom d’autre part. En 1996, France Télécom devient une société anonyme et, en 2005, la part de l’Etat dans le capital passe au-dessous de 50%

 

         Le rachat d’Orange et la pression de la concurrence obligent France Telecom à des restructurations importantes, auxquelles les fonctionnaires des ex-PTT ne sont pas préparés. J’observe qu’aujourd’hui encore les deux tiers du personnel de France Télécom bénéficie du statut du fonctionnaire.

 

         Les syndicats ont-ils fait tout ce qu’on pouvait attendre d’eux pour accompagner leurs membres dans cette mutation? Certes non.  Les syndicats français sont probablement les archétypes de la sclérose, de l’immobilisme, de l’esprit réactionnaire le plus obtus. Imperméables aux changements, ils encouragent les salariés au maintien des acquis sociaux, aux revendications salariales, au refus de travailler au-delà la limite fatidique des trente-cinq heures par semaine, en bref à une culture non pas de service public mais de fonctionnariat universel.

 

         Habitué pendant toute sa carrière à travailler peu, à servir, aussi mal que possible et pour des prix prohibitifs, des usager captifs d’un monopole, le fonctionnaire issu des PTT n’était pas préparé à tomber dans une véritable entreprise commerciale, avec des clients et avec des concurrents (SFR, Bouygues), dans une branche où il est possible plus qu’ailleurs de «délocaliser» des services dans des pays où on travaille plus pour des salaires moindres.

 

         Les syndicats français n’ont su ni prévoir ni s’adapter. Il y a d’autres entreprises où la conduite est plus brutale et où le personnel s’adapte.

 

         Dans un ouvrage intitulé «Orange stressé, le management par le stress à France Télécom» (La Découverte, 2009), le journaliste Ivan du Roy analyse le phénomène. Dans un débat du 1er octobre publié intégralement sur le site internet du journal Le Monde, un participant pose la question: «Les salariés des entreprises en compétition avec France Télécom sont-ils plus heureux, ou mieux traités, qu'à France Télécom L’auteur répond: «C'est difficile de savoir, parce qu'au sein de Bouygues Télécom ou de SFR, c'est davantage un désert syndical.»

 

         M. du Roy voulait dire, évidemment, que ce «désert syndical» avait pour conséquence un manque d’information sur le bonheur des salariés. Moi, je lis cette information autrement: c’est dans l’entreprise où la présence syndicale est la plus forte que le taux de suicides est le plus grand, ce qui confirme mon hypothèse sur l’inaptitude de la CGT, de la CFDT, de FO et des autres à se préoccuper concrètement et utilement du sort des salariés.

 

         Le débat a suscité parmi les internautes de nombreuses réactions, généralement hostiles au fonctionnariat: l’un d’eux écrit : «A l’époque où FT était service public, on pouvait attendre deux ans un raccordement au téléphone. Le monopole imposait des prix élevés et un service minable.» Une autre déclare: «Je travaille chez FT et je peux témoigner: c'est vraiment trop dur, on nous demande de travailler, tous les jours, et ça c'est vraiment insupportable. Avant la privatisation, ce n'était pas nécessaire. Ne travaillaient que ceux qui le voulaient. Pour les autres il suffisait d’être présent, surtout aux arrosages. Maintenant on nous demande d'être efficaces, et parfois même d'être compétents. Mais nous n'avons jamais été formés à cela et ça déstabilise l'ensemble de mes collègues.» Se non è vero…

 

         Si je représentais les intérêts de la famille de l’un ou l’autre des désespérés de France Télécom, je n’attaquerais pas l’entreprise en responsabilité, mais le syndicat.

 

 

C.P.