Sommaire :
L’éditorialiste dresse le bilan des derniers mois de lutte
anti-fumée dans les établissements publics.
Les édiles de Lausanne ont interprété le vote du 27 septembre comme
un encouragement à la démesure
Max nous entretient d’un délateur, des étranges mœurs politiques à Paris,
d’un auditeur de RTL qui prétend, en
sa qualité de chef d’entreprise, choisir librement ses collaborateurs en
fonction de ses préférences et d’un récent film interprété par Isabelle Adjani
que les enseignants suisses devraient aller voir.
Pollux s’étonne que tant de gens trouvent le temps d’intervenir sur
des sites interactifs du Web, souvent pour y démontrer… qu’ils n’ont rien à
dire.
Michel de Preux constate que la Conférence des évêques suisses
publie des communiqués sur des objets qui échappent à sa compétence.
Chronique mensuelle et savoureuse du révisionnisme historique.
Un lecteur de Delémont s’indigne de l’acharnement de Claude
Paschoud contre les chiens et les propriétaires de chiens.
Où il est question de sièges pour enfants, et de plusieurs Prix
Nobel
Rubrique malicieuse du politiquement correct et du beau langage. Ce
mois, le pinailleur est trahi par un correcteur inattentif, qui introduit une
faute d’orthographe dans la version papier !
Claude Paschoud explique pourquoi il votera «Oui» à l’initiative
anti-minarets, au risque de se fâcher avec les fédéralistes et avec les
musulmans.
Où C.P. estime que ce n’est pas l’entreprise France-Télécom qui est la principale responsable de la vague de
suicides enregistrée parmi ses collaborateurs, mais les syndicats.
Les
lois anti-fumée prolifèrent dans notre beau pays, cantons et Confédération
rivalisant de zèle, au nom de compétences apparemment très entremêlées, pour
éradiquer le tabagisme.
En
ce qui concerne le canton de Vaud, les choses ne se sont pas trop mal passées
au début, puisque l’interdiction de fumer dans les lieux publics est entrée en
vigueur le 15 septembre, à un moment où les terrasses des cafés et restaurants
étaient encore ouvertes et où, grâce à un début d’automne particulièrement
clément, les fumeurs ont pu «assouvir leur vice» agréablement à
l’extérieur – nous ne parlerons pas ici
des employés qui prennent leur pause sur les trottoirs: c’est un autre sujet.
Ce
temps béni étant désormais révolu, on voit surgir dans la presse réflexions et
récriminations concernant les fumoirs, les terrasses chauffées et, plus
généralement, les effets de la loi sur la vie économique des établissements
publics.
Le
15 octobre, 20 minutes annonce que
les fumoirs sont peu demandés, semble s’en étonner et conclut: «Même
l’arrivée des prochains frimas, qui va décourager les fumeurs de s’en griller
une dehors, n’a pas déclenché une avalanche de demandes pour créer un fumoir.» Madame Jacqueline Favez, auteur de
l’article, est probablement non fumeuse, ce qui expliquerait sa totale
méconnaissance de la mentalité des fumeurs: un vrai fumeur n’hésitera jamais à
fumer dehors, surtout s’il peut accompagner sa cigarette d’un petit café. Les
cafetiers et restaurateurs le savent bien, raison pour laquelle il ne voient
pas l’utilité de dépenser de l’argent dans la création de fumoirs qui devront
répondre à des normes coûteuses et n’offriront pas de service.
C’est
pourquoi, ainsi que le note 24 heures une
semaine plus tard, les patrons de bistrots réclament des terrasses chauffées.
C’est la solution adoptée en France comme en Italie. Grâce aux chaufferettes,
et à condition qu’on porte des vêtements de saison, tout le monde est content,
sauf les ayatollahs qui rêvent
d’interdire la fumée partout. En plus, cela met de l’ambiance dans les rues et
sur les places, ce qui est fort sympathique.
Nul
doute que les écologistes purs et durs vont monter au créneau et brandir
quelque risque de pollution ou de gaspillage d’énergie pour faire interdire les
chaufferettes collectives. Mais rassurez-vous:
on trouve dans le commerce des chaufferettes individuelles qui font
merveille, sans polluer, pour moins de cinquante francs.
Pour
ce qui est des effets de l’interdiction de la fumée sur le chiffre d’affaires
des cafés et restaurants, la tendance
est à la baisse et de manière sensible. On peut lire dans le Matin-Dimanche
du 25 octobre: «(…) les
cafés-restaurants valaisans sont à la peine. Moins 20,50 et parfois moins 80%
de chiffre d’affaires depuis que les fumeurs ne peuvent plus s’en griller une
au bar ou autour d’une table. (…) Vaud (…) enregistre déjà les mêmes plaintes
et les mêmes tendances à la baisse que le Valais. (…)»
On
dira que la crise sans précédent que nous traversons est la grande responsable
de cet état de choses. C’est possible. Mais alors pourquoi ne vide-t-elle pas
aussi les supermarchés et les grands magasins?
En
fait, la plupart des citoyens favorables à la loi qui disaient ne pas
fréquenter les établissements publics à cause de la fumée, mais promettaient de
s’y précipiter aussitôt l’air assaini, pour remplacer les fumeurs ostracisés,
se sont révélés menteurs. C’est comme ça en démocratie: les engagements sont
faits pour n’être pas tenus.
En
1997, une information de la Ligue suisse contre le cancer, trouvée sur internet, annonçait que le
cancer du poumon – dont nul n’ignore qu’il est imputé principalement au
tabagisme par les acteurs de la santé – touchait environ trois mille deux cents
personnes en Suisse chaque année. La même source en comptabilisait trois mille
six cents en 2009. Compte tenu de l’augmentation de la population, qui a passé
de quelque sept millions à environ sept millions six cent mille habitants au
cours des douze ans écoulés, on peut donc dire que, selon cette ligue pourtant
peu portée à l’optimisme, le cancer du poumon touche chaque année dans notre
pays entre quarante-cinq et quarante-sept habitants sur cent mille, fumeurs et
non-fumeurs confondus. Le nombre des décès dus au fléau stagne lui à deux mille
huit cents par an, soit un taux oscillant entre quarante pour cent mille en
1997 et environ trente-sept pour cent mille en 2009, la différence, bien
faible, pouvant s'expliquer, nous semble-t-il, par les progrès réalisés dans le
traitement et le dépistage de la maladie.
On
remarque que les chiffres ne bougent guère, ce qui peut signifier que les
mesures anti-tabagisme sont inopérantes et qu’on nous ment en prétendant que le
nombre des fumeurs – et, par conséquent, la quantité de fumée inhalée par les
fumeurs passifs – a considérablement diminué. Il est tout aussi possible que
les causes du cancer du poumon ne soient pas, de loin pas, seulement celles
qu’on montre du doigt.
Il
faudrait alors songer à changer de têtes de turcs!
Le
Pamphlet
«Lausanne
rêve d’un M3», titre 20 minutes du 15 octobre, avant de nous
apprendre que les autorités de la ville, et donc pas du tout les Lausannois,
songent à construire un deuxième métro qui relierait la gare de Lausanne à la
Blécherette en passant par le Flon, Saint-Roch, le Palais de Beaulieu et la
Pontaise. La réalisation de ce projet coûterait quelque quatre cents millions.
On a vu avec le M2 le crédit qu’on peut
accorder aux devis présentés par nos autorités.
Mais, surtout, on croyait savoir que l’un des projets de
développement de l’agglomération lausannoise retenus par les services de Moritz
Leuenberger, chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de
l’énergie et de la communication – DETEC pour les intimes –, pour bénéficier de
la manne fédérale consistait à établir, aux environs de 2018-2020, une ligne de
tram reliant Lausanne-Flon à la Blécherette.
On ne comprend pas très bien pourquoi
le tram, moyen de transport jugé naguère désuet par les édiles lausannois – qui
n’étaient pas, il est vrai écolo-socialistes ou contaminés – au point qu’ils
l’ont supprimé sans états d’âmes, rails compris, en dépit du coût des travaux,
était redevenu, le temps d’un projet, la solution de l’avenir. Ce qu’on
comprend, en revanche, c’est que tout se passe comme si Monsieur Olivier
Français et ses collègues jouaient au Monopoly, sans se soucier de l’argent des
contribuables, puisque la nouvelle lubie métropolitaine ne fait évidemment pas
partie des projets agréés par Berne.
Comme on l’a vu, et contrairement au
tram dont Lausanne ne rêve plus, le nouveau métro partirait de la gare et non
du Flon, cela en dépit du fait que le M2 passe par les deux stations et que, si
on tenait vraiment à faire bon poids, on pourrait créer, en direction de la
Place de l’Europe, une ramification du
tunnel piétons qui devrait relier la gare à Saint-François dans quelques
années.
Apparemment, le résultat négatif du
vote du 27 septembre sur le stade de la Pontaise, qui a été – il fallait s’y
attendre – interprété par les autorités lausannoises comme une acceptation
enthousiaste et globale du projet Métamorphose,
a donné des ailes à notre municipalité mégalomane. Cette dernière envisage
maintenant, on l’a appris mi-octobre également, de creuser un tunnel de sept
cent cinquante mètres sous la Place Saint-François, afin d’en bannir les
automobiles au profit des piétons et des transports publics.
Tout cela est bien joli mais va coûter
des centaines de millions. Où les prendra-t-on? Si la commune de Lausanne était
richissime, cela se saurait!
On ne peut pas tout faire, que diable!
Il faut aussi penser aux installations sportives démesurées, qui seront le
couronnement de la Métamorphose
lausannoise!
Mariette Paschoud
Quid de ces minarets qui pointent vers le
ciel ?
Persistant à penser qu’une interdiction
constitue souvent un aveu d’impuissance face à des évidences gênantes1
(en l’espèce, la montée en puissance d’un islam à la conquête de notre Europe
chrétienne en déclin), l’auteur de ces lignes ne pourra que
s’abstenir, avec cependant en lui ce je-ne-sais-quoi de Suisse «primitif» qui
le porte à espérer que le texte aboutira.
Atavisme?
Monsieur Bradley Birkenfeld est un
délinquant financier comme on en coince parfois à Wall Street. Par souci de
confort, il a passé un accord de délation avec le procureur de New York,
contraignant, ce faisant, son ancien employeur – l’UBS – à livrer
ignominieusement aux bons soins du fisc de chez eux quelques milliers
d’Etats-uniens lâchés par les gnomes de Zurich. Les remous de la trahison ne
sont pas encore calmés chez nous que là-bas, déjà, le bon M. Birkenfeld réclame
un pourcentage des sommes déclarées par ses victimes.
On pourra donc parler des dollars de
Judas...
Y aurait-il quelque chose de
pourri dans le régime de Paris ?
Etranges mœurs politiques, en France,
où l’on entend le président expliquer, candide, sur les ondes (France-Info), que si les trois quarts
des peuples de la planète se défient désormais de ceux qui les gouvernent et ne
croient plus en leurs statistiques, «on
va changer les statistiques»; où le même éructe vouloir pendre un ancien
premier ministre «à un crochet de
boucher», reprenant ainsi – mais le sait-il seulement? – le programme prévu
par un certain Hitler à l’intention des traîtres du complot «Walkyrie»; où la
quasi-totalité de la classe politique se scandalise avec un émouvant ensemble
que son prédécesseur, jadis virtuose de l’escamotage judiciaire, mais
maintenant rendu à son statut de simple justiciable, soit enfin appelé à rendre
des comptes, comme n’importe quel citoyen, et où l’on commence à penser
que l’accession à l’âge de la retraite finit, pour ceux que les affaires n’ont
pas pu rattraper, par valoir reconstruction de virginité pénale; où un ministre
de la culture au passé exotique, ouvertement adepte de circuits touristiques
obscurs, prend publiquement fait et cause pour un délinquant sexuel en cavale
sans que quiconque – ou presque – dans la gent politique s’en émeuve!
Pendant ce temps, le vertueux régime en
place à Paris, qui n’en est pas à une incohérence près, condamne la réélection
du Président Ahmadinejad et applaudit à celle de M. Karzaï!
Oups !
Toujours en France, où la religion
«drouadlhomiste» ne connaît plus ni frontières ni mesure et où la guerre à
toutes les formes de discrimination2 prend des allures
exponentielles, il est de plus en plus question d’imposer le «cévé»3
anonyme. Sur les ondes de RTL
(4.11.09 vers 14 h.), un premier auditeur, chef d’entreprise, sème
l’embarras et la consternation en objectant qu’il entend pouvoir librement choisir ses employés en
fonction de ses préférences... «comme on
choisit la femme qu’on va épouser [selon qu’on la préfère] blonde, brune ou rousse ». En
plus, il est égyptien! Dans les studios, un ange passe, les soutes chargées de
tracts d’organisations méritantes... La régie cafouille (les oreillettes
grésillent à vide)... Court-circuitée, l’animatrice bafouille : «Oui... mais... justement... il ne faut
pas... c’est contre ça qu’on lutte...». Et auprès de milliers de
récepteurs, dans l’Hexagone, on devine des oreilles suspendues... Il ne faut
pas quoi? Choisir librement son
épouse? Confusément, on sent que cette liberté-là, un jour, «ils» vont la
supprimer aussi (pas de liberté pour
les ennemis de la soumission!). Là-bas, dans les studios, on engueule le
standard et l’on s’engage à mieux filtrer les prochains auditeurs.
Etat des lieux
Philippe Bouvard (un peu plus tard, sur
la même chaîne) à Jean (IV) de France – prétendant au trône du même nom: «Vous n’êtes pas trop instruit pour
gouverner le pays?»
«La journée de la jupe»4
(un huis-clos dans un
cul-de-sac)
Isolée dans la jungle d’un lycée en
zone «défavorisée», cernée par les ilotes, Isabelle Adjani campe avec réalisme
une enseignante qui perd pied et provoque un enchaînement implacable. Denis
Podalydès en négociateur à problèmes et Jackie Berroyer en directeur veule et
désabusé sont très bons aussi; comme, du reste, l’ensemble de la distribution,
à l’exception d’une «ministre de l’intérieur» à contre-emploi à qui le rôle
d’une commissaire de choc siérait mieux.
Les enseignants de Suisse qui auront le
courage de voir ce film comprendront pourquoi il a été occulté... et ce qui les
attend dans la logique des flux migratoires imposés et la perspective de la
montée de l’illettrisme chez nous.
Aveu (de l’utilité de prendre du champ)
Il m’aura fallu la distance d’une crise
de foi pour me faire une meilleure idée de la gigantesque opération combinée de
désinformation («bobardements»
massifs), de mise en condition
(«croquemitaineries» complexes sans cesse renouvelées) et de paupérisation accélérée (crise économique majeure et provoquée) que des illuminés
mènent contre nos peuples, et convenir, enfin, que les rares chrétiens lucides
qui y voient une entreprise de domination mondiale satanique sont loin d’être
des allumés...
Max l’Impertinent
1 De leurs geôles, et en dépit des bâillons que des frénétiques tentent de leur imposer, les révisionnistes sont là pour en témoigner.
2 Sexe, couleur, âge, taille, origine, apparence, préférences sexuelles, appartenance politique, religion...
3 «Fossiles»! Comprenez curriculum vitae et non pas l’anagramme de «vécés».
4 ...de Jean Paul Lilienfeld, DVD ARTE France Développement (2009), 90 minutes, réf.: 3 453277 676039.
Ceux qui critiquent le réseau internet
au motif que celui-ci charrie des choses horribles ont tort: internet n'est que
le reflet de la nature humaine et c'est donc à cette dernière que nous devons
réserver notre opprobre. Il faut pourtant reconnaître que la «toile» a une
fâcheuse tendance à mettre en évidence les qualités les moins reluisantes de
nos congénères. C'est particulièrement le cas avec cette mode – apparue il y a
quelques années lors de l'essor des blogs et étendue maintenant aux sites
d'information – qui veut que les lecteurs puissent ajouter leurs propres
commentaires à la suite de chaque texte régulièrement publié.
Cette pratique, hélas, révèle de
manière effrayante le degré d'inculture, d'ignorance, de sottise, de bassesse
ou de méchanceté de ceux que l'on se désole de devoir appeler ses concitoyens.
La plupart des articles diffusés sur internet se trouvent ainsi affublés d'une
liste plus ou moins longue de commentaires presque toujours consternants.
L'orthographe pitoyable fait penser à la manière dont un auteur de bandes
dessinées, dans les années 1960, imaginait ce que serait notre société au
cinquante et unième siècle; nous avons un peu d'avance. Les phrases sont
pataudes, mal construites, quelquefois incompréhensibles. Mais si la forme est
déplorable, malhabile, rébarbative, c'est surtout le contenu qui est accablant.
Les «opinions» exprimées partent
tellement dans toutes les directions que l'on ne peut même pas dire que ce soit
un triomphe de la pensée unique. Certes, beaucoup de ces commentaires
dégoulinent de conformisme, d'égalitarisme, de socialisme, de mondialisme, de
républicanisme démocratique… Mais ce n'est de loin pas toujours le cas et l'on
est surpris de voir apparaître, sous le couvert de l'anonymat, quantité de
propos d'une rare incorrection politique. On ne saurait pourtant s'en réjouir,
car ceux qui refusent ainsi de respecter les canons de la morale moderne ne se
plient pas pour autant aux exigences de la logique, de la modération et de
l'intelligence. Il arrive même qu'on ait honte de commentaires exprimant une
position juste, mais pervertis par la faiblesse ou le mauvais goût de leur
argumentation.
Finalement, on s'étonne de ce que tant
de personnes désœuvrées réussissent à passer leurs journées à «intervenir» sur
ce que les pédants appellent le «Web 2.0» – ou sites «interactifs». Un record a
été atteint durant le récent incendie d'un local d'archives à Lausanne, lorsque
deux factions – les anti-pompiers et les pro-pompiers – se sont furieusement
apostrophées pendant plusieurs jours sur les pages internet du quotidien local,
chacun répondant pour appondre, répétant inlassablement ses mêmes arguments
afin d'avoir le dernier mot, à moins que ce ne fût dans l'espoir absurde de
convaincre l'adversaire. Les «modérateurs» du site ne sont pas intervenus. Ils
n'interviennent jamais, ni contre les idées défendues, ni contre les
déclarations saugrenues, ni contre les attaques personnelles, ni contre les
injures, ni contre les «trolls» – ainsi que l'on surnomme les commentateurs
dont le seul but est de semer la pagaille sous des airs faussement innocents.
Ils ont raison. Si l'on sollicite les
commentaires des visiteurs, autant ne pas les censurer ensuite. L'idéal serait
de ne pas les solliciter et que les concepteurs de sites, abandonnant leur
obsession de l'«interactivité», inventent un «Web 3.0» où l'expression publique
serait réservée à ceux qui ont quelque chose à dire et qui savent le dire.
Pollux
Ainsi donc la Conférence des évêques
suisses nous informe qu’elle rejette, par
cohérence «avec nos valeurs chrétiennes
et les principes démocratiques de notre pays»1, l’initiative
populaire de l’UDC contre la construction des minarets.
Comme citoyens, les évêques suisses ont
évidemment le droit d’émettre l’opinion de leur choix sur tout objet soumis au vote
populaire. Comme pasteurs assujettis à une doctrine catholique, ce choix est
limité, sauf à se voir opposer publiquement le grief de désinformation et
d’abus de l’autorité cléricale, qu’on est en droit de formuler tout aussi
publiquement.
En effet, la tolérance d’une fausse
religion qui, de surcroît, ne pratique pas, dans des Etats se réclamant de sa
foi, la réciprocité, qui admet des pratiques barbares (excision, peines
vindicatives pour le simple port du pantalon par une femme, survivance de l’esclavage
domestique) n’a pas à être érigée en principe normatif inconditionné, et
surtout pas au nom des principes démocratiques modernes en plus ! Pareille
tolérance ne relève en l’occurrence que de la seule opportunité sociale et
politique, sans même parler de la vertu de prudence (vertu cardinale pour un
chrétien) avec laquelle la position publique des évêques suisses se concilie
difficilement.
C’est donc dénaturer la question de la
tolérance et faire de celle-ci un faux principe idéologique, inadmissible en
lui-même, que de prendre appui tant sur les valeurs chrétiennes (non précisées
en outre) que sur les principes démocratiques pour discréditer une initiative
qui doit, en bonne morale, être traitée sous le seul angle de l’opportunité et
de la saine raison pratique, ainsi, répétons-le, que de la vertu de prudence.
Il faut donc rejeter comme totalement
irrecevable un autoritarisme clérical notoirement incompatible avec les «valeurs chrétiennes» et les principes
de la plus élémentaire raison politique. Le communiqué de la Conférence des
évêques suisses relève de l’intoxication, il trompe le lecteur à la fois sur le
sens des valeurs morales et la juste autonomie de l’ordre politique.
Michel de Preux
1 Communiqué du 9 septembre 2009
Jugements
Le 27 octobre, la XVIIe chambre du Tribunal
de Grande Instance (TGI) de Paris a condamné Dieudonné M’Bala M’Bala,
humoriste, à dix mille euros d’amende et à d’énormes frais au profit des
habituelles associations émules de Big Brother – le montant total avoisine la
somme de trente mille euros – pour des propos tenus le 26 décembre 2008 au
Zénith de Paris, à l’occasion de la remise au professeur Robert Faurisson du prix de l’infréquentabilité. Selon le
tribunal, le provocateur s’est rendu coupable d’injure publique envers des
personnes d’ascendance ou de confession juive. Il n’y a là, hélas, rien de bien
inattendu.
Mais il y a tout de même du nouveau à
la XVIIe du TGI de Paris: à mon intense stupéfaction et à ma non
moins immense jubilation, celle-ci a relaxé, dans la même affaire, le «condamné
d’avance» Robert Faurisson, que la Ligue
Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme voulait faire pendre
haut et court – en même temps que Dieudonné relaxé lui aussi de ce chef – pour
contestation de crime contre l’humanité. En effet, ce fameux 26 décembre au
Zénith, le malappris avait déclaré que, en dépit de ses nombreuses
condamnations pour révisionnisme, il ne changerait pas – quelle surprise! –
d’opinion. Le tribunal n’est tout de
même pas allé jusqu’à coller à l’association antiraciste, notoirement
miséreuse, puisqu’elle en est réduite à courir les tribunaux aux fins de faire
sa pelote, les frais de justice ou le versement d’une indemnité aux deux
poursuivis. Mais, tout de même, il y a eu relaxe.
L’arrogante LICRA privée de sa proie? Quel plaisir délicat!
Comme un malheur n’arrive jamais seul,
le président de dite LICRA, Patrick
Gaubert, aura sans doute appris avec un vif chagrin que son ancien patron et
(toujours?) ami Charles Pasqua, ci-devant ministre de l’intérieur français à
deux reprises, avait été condamné, le 27 octobre également, à trois ans de
prison, dont deux avec sursis, et cent mille francs d’amende, cette fois par la
XIe chambre du TGI de Paris, pour trafic d’influence dans l’affaire
des ventes d’armes à l’Angola (1994). Bien entendu, il va faire appel du
jugement.
Mais en attendant, on rappellera que,
le 20 septembre 1987, cet intègre personnage, alors en charge du Ministère de l’intérieur
pour la première fois, avait déclaré au Club de la Presse d’Europe
1 qu’il était favorable à une loi antirévisionniste, et que la place de
Faurisson était en prison.
Les meules du Seigneur tournent
lentement, mais broient très finement.
M.P.
Monsieur,
Depuis des années, je partage la
plupart de vos idées et suis un de vos fidèles lecteurs. Cependant, votre
«acharnement» contre les animaux (chiens, loups, etc.) m’exaspère. Regardez ce
que fait l’Homme! Pollution, guerres et j’en passe! Il n’y a pas de Hitler chez
les animaux que je sache…
Vous parlez de taxes… D’accord pour des
amendes aux personnes qui «perdent» dans la nature: papiers, chewing-gum (comme
dans certains pays ou aéroports asiatiques) et pas vingt francs…
Quant aux loups, ours etc., ils étaient
là bien avant le bipède! Dans le temps, chaque troupeau avait ses chiens ET son
berger… Quand on n’a pas les moyens de sa politique, alors…
Cordialement,
D.S.
Eurocompatibilité
Le Conseil fédéral en a décidé ainsi: dès avril 2010,
les sièges pour enfants installés à l’arrière des voitures ne seront plus
obligatoires jusqu’à l’âge de sept ans seulement, mais jusqu’à douze – sauf si
les mouflets mesurent plus de cent cinquante centimètres; on ne nous dit pas ce
qu’il en est des adultes mesurant moins d’un mètre cinquante.
On se réjouit pour les fabricants de
sièges de sécurité qui vont gagner beaucoup d’argent et, qui sait, se
transformer en bienfaiteurs de l’humanité en créant des emplois. D’ailleurs, à
notre avis, ils devraient étudier la mise au point de «dispositifs de retenue»
destinés à tous les bipèdes mesurant plus d’un mètre cinquante. Il y a là un créneau
à ne pas négliger en ces temps de crise sans précédent.
Mais ce n’est pas la sécurité des
passagers arrière ni la situation économique qui préoccupent le Bureau de
prévention des accidents. «Les standards
européens seront aussi appliqués en Suisse», s’est paraît-il exclamé tout
réjoui, selon 20 minutes du 15 octobre, le représentant du BPA.
Quel progrès!
Nobel
Notre
confrère Les 4 Vérités Hebdo, journal généralement bien informé, nous
fait savoir dans son numéro 712 du 16 octobre que les statuts du Comité Nobel
exigent qu’on choisisse le prix Nobel de la paix le 1er février au
plus tard et que Monsieur Obama était donc en fonction depuis douze jours quand
il a été désigné.
C’est ce qui s’appelle juger les gens à
leurs œuvres!
Ingérence
D’après 20 minutes du 2 novembre,
l’archevêque sud-africain Desmond Tutu et l’artiste argentin Adolfo Perez
Esquivel, tous deux lauréats du Prix Nobel de la paix, respectivement en 1984
et en 1980, pour leur engagement sans faille au service des droits humains
apportent leur soutien au Groupement pour une Suisse sans armée dans sa
campagne pour l’interdiction d’exporter du matériel de guerre. Le bon apôtre
Tutu prêche que «si la Suisse accepte de
ne plus exporter d’armes, ce serait un brillant exemple pour les autres pays du
monde».
Ce vieux menteur se fiche de nous! Les
autres pays du monde se moquent comme d’une guigne de ce que peut faire ou ne
pas faire la Suisse en cette matière. Pour le reste, autant qu’on sache, les
droits humains ont davantage de progrès à faire en Afrique du Sud et en
Argentine que chez nous. Alors, à la niche, les nobélisés!
M.P.
Ne dites pas: «En prétendant redémarrer le processus de paix entre son arrivée en
Israël samedi matin (31 octobre) et son départ dans le courant de la nuit
suivante, Hillary Clinton se moque du monde et fait de la politique spectacle.»
Dites: «En prétendant faire redémarrer le
processus de paix entre son arrivée en Israël samedi matin et son départ dans
le courant de la nuit suivante, Hillary Clinton se moque du monde et fait de la
politique spectacle.»
Le pinailleur
Tout le monde est conscient que le débat sur les minarets
cache en réalité autre chose.
Les minarets n’ont aucune importance et ne sont qu’un
révélateur pour les deux partis engagés dans le débat.
Mais le débat ne peut
avoir lieu franchement: l’article 8 de la Constitution fédérale proclame en
effet que «nul ne doit subir de
discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son sexe, de
son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses
convictions religieuses, philosophiques ou politiques ni du fait d’une
déficience corporelle, mentale ou psychique».
De l’interdiction
constitutionnelle de la discrimination,
on aboutit aisément à l’incrimination
de tout discours révélant une crainte de l’islam, ou une opposition politique à
l’invasion allogène, en vertu du fameux article 261bis du Code pénal qui
réprime celui qui aura, «publiquement,
incité à la haine ou à la discrimination envers une personne ou un groupe de
personnes en raison de leur appartenance raciale, ethnique ou religieuse».
Une affiche proclamant «NON aux minarets» veut faire passer, à
l’évidence, un autre message, qui pourrait être, au choix : «NON à l’invasion de l’Europe par les
musulmans» ou «NON à une religion
obscurantiste et sexiste» ou encore «NON
aux terroristes islamistes» ou enfin «NON
à ce voyou de Kadhafi».
Dans la plupart de ces
autres discours sous-jacents, on peut humer un léger fumet de discrimination, laquelle était, selon
mon dictionnaire Littré, la faculté de
discerner, de distinguer, et, selon le psychologue Théodule Ribot, le fondement de notre intelligence, mais
qui est devenue un objet de scandale sous l’empire du «politiquement correct».
Quand les bons apôtres qui
veulent croire et nous faire croire à la cohabitation pacifique de toutes les
religions nous parlent des minarets, ils évoquent parallèlement les clochers
des églises, ils plaident la liberté des cultes, la paix confessionnelle, la
laïcité de l’Etat et la différence selon eux essentielle entre l’islam et
l’islamisme.
Qu’ils soient de bonne ou
de mauvaise foi, ces discours sont trompeurs. Les minarets sont la partie
émergente, aujourd’hui, d’une opération plus vaste d’islamisation conquérante
de l’Europe.
Face à ce mouvement
formidable, les chrétiens se terrent frileusement. Les descendants de Charles Martel
baissent les yeux et changent de trottoir. Même les théologiens protestants
prêchent le repli honteux: «Si je crois
en Jésus, faut-il pour autant combattre Mahomet ou Bouddha ? Que valent
des convictions qui ont besoin de limiter l’autre pour s’affirmer?» écrit
le pasteur Claude Schwab dans 24 heures1.
On est loin de l’impératif
d’évangélisation qui constitue «la mission essentielle de l’Eglise
chrétienne et la responsabilité de
chaque chrétien», comme le reconnaissait un arrêt de la Cour européenne des
droits de l’homme en 19562. Le chrétien d’aujourd’hui ne vise plus
la conversion du païen, du musulman ou du juif, il est déjà reconnaissant qu’on
le laisse pratiquer sa religion en paix.
Face à l’invasion de
populations certes pacifiques, mais inassimilables,
l’Européen préfère regarder ailleurs, parce que, finalement, la religion, il
s’en moque. Tant que les musulmans ne le dérangent pas dans sa douce quiétude,
aussi longtemps qu’ils égorgent tranquillement et sans bruit des moutons dans
leurs baignoires, tant que des muezzins ne diffusent pas des appels à la prière
intempestifs par haut-parleurs à côté de chez lui, le chrétien passe son
chemin.
Ce n’est évidemment pas
lui qui va exiger l’érection de cathédrales en Arabie séoudite ou au Soudan puisque,
à l’exemple du bon pasteur Schwab, il ne croit plus à rien.
Mais il n’aime pas les
conflits et les «histoires», comme on dit en Pays de Vaud. Dès lors, il a peur
que l’interdiction des minarets n’appelle des mesures de rétorsion économique
des pays du Golfe, des attentats de la part des extrémistes ou la réprobation
des nations bien-pensantes.
C’est effectivement un
triple risque qu’une nation fière et indépendante doit assumer avec
détermination. Car lorsqu’elle ne sera plus apte à résister à ces pressions,
lorsqu’elle sera prête à verser cinquante millions de dollars à un tyran pour
obtenir du pétrole et la libération de deux imbéciles, lorsqu’il faudra tolérer
non seulement des minarets, mais des muezzins, qu’il faudra prier les
autochtones de sortir des piscines pour permettre à nos hôtes musulmans de se
baigner, lorsqu’on fixera les audiences des tribunaux ou les sessions d’examens
en fonction du Ramadan… nous serons mûrs pour la dhimmitude, c’est-à-dire pour une sorte d’état de sujétion où l’occupant
sera disposé à protéger nos personnes et nos biens, à condition que nous
acceptions la loi islamique.
Ce n’est certes pas en
acceptant l’initiative anti-minarets qu’on inversera la tendance actuelle à
l’à-plat-ventrisme, mais ce pourrait être un signal opportun, pour toute
l’Europe, contre l’invitation de la Turquie dans l’Union.
Je voterai OUI !
Claude Paschoud
1 24 heures du 4 novembre, page 22.
2 Arrêt Kokinakis.
On a appris à mi-octobre le suicide à Lannion (Côtes d’Armor)
d’un ingénieur de France Télécom de
quarante-huit ans, en arrêt maladie depuis un mois sur les conseils (sic) de son médecin du travail.
Cela porte hélas à vingt-cinq en vingt mois le nombre de
suicides au sein de la grande entreprise de téléphonie.
Les syndicats ont immédiatement mis en cause la gestion de
l’entreprise, où on a passé, selon le mot d’un ancien PDG, «d’une culture de service public à une machine à cash».
Ces syndicat sont bien audacieux, à mon avis, car je les
tiens pour les principaux responsables de l’inadaptation des salariés aux
conditions du XXIe siècle et, dès lors, du désespoir des plus vulnérables.
Jusqu’en 1990, les PTT
étaient en France l’entreprise de service public qui coiffait les deux entités
que sont devenues par la suite La Poste,
d’une part, et France Télécom d’autre
part. En 1996, France Télécom devient
une société anonyme et, en 2005, la part de l’Etat dans le capital passe
au-dessous de 50%
Le rachat d’Orange
et la pression de la concurrence obligent France
Telecom à des restructurations importantes, auxquelles les fonctionnaires
des ex-PTT ne sont pas préparés.
J’observe qu’aujourd’hui encore les deux tiers du personnel de France Télécom bénéficie du statut du
fonctionnaire.
Les syndicats ont-ils fait tout ce qu’on pouvait attendre
d’eux pour accompagner leurs membres dans cette mutation? Certes non. Les syndicats français sont probablement les
archétypes de la sclérose, de l’immobilisme, de l’esprit réactionnaire le plus
obtus. Imperméables aux changements, ils encouragent les salariés au maintien
des acquis sociaux, aux revendications salariales, au refus de travailler
au-delà la limite fatidique des trente-cinq heures par semaine, en bref à une
culture non pas de service public
mais de fonctionnariat universel.
Habitué pendant toute sa carrière à travailler peu, à
servir, aussi mal que possible et pour des prix prohibitifs, des usager captifs
d’un monopole, le fonctionnaire issu des PTT
n’était pas préparé à tomber dans une
véritable entreprise commerciale, avec des clients et avec des concurrents
(SFR, Bouygues), dans une branche où il est possible plus qu’ailleurs de
«délocaliser» des services dans des pays où on travaille plus pour des salaires
moindres.
Les syndicats français n’ont su ni prévoir ni s’adapter. Il
y a d’autres entreprises où la conduite est plus brutale et où le personnel
s’adapte.
Dans un ouvrage intitulé
«Orange stressé, le management par le
stress à France Télécom» (La Découverte, 2009), le journaliste Ivan du Roy
analyse le phénomène. Dans un débat du 1er octobre publié
intégralement sur le site internet du journal Le Monde, un participant
pose la question: «Les salariés des entreprises en compétition
avec France Télécom sont-ils plus heureux, ou mieux traités,
qu'à France Télécom?» L’auteur
répond: «C'est difficile de savoir, parce qu'au sein de Bouygues Télécom ou de SFR, c'est davantage un désert syndical.»
M. du Roy voulait dire, évidemment, que
ce «désert syndical» avait pour
conséquence un manque d’information sur le bonheur des salariés. Moi, je lis
cette information autrement: c’est dans l’entreprise où la présence syndicale
est la plus forte que le taux de suicides est le plus grand, ce qui confirme
mon hypothèse sur l’inaptitude de la CGT, de la CFDT, de FO et des autres à se
préoccuper concrètement et utilement du sort des salariés.
Le débat a suscité parmi les
internautes de nombreuses réactions, généralement hostiles au fonctionnariat:
l’un d’eux écrit : «A l’époque où FT était service public, on pouvait attendre
deux ans un raccordement au téléphone. Le monopole imposait des prix élevés et
un service minable.» Une autre déclare: «Je
travaille chez FT et je peux
témoigner: c'est vraiment trop dur, on nous demande de travailler, tous les
jours, et ça c'est vraiment insupportable. Avant la privatisation, ce n'était
pas nécessaire. Ne travaillaient que ceux qui le voulaient. Pour les autres il
suffisait d’être présent, surtout aux arrosages. Maintenant on nous demande
d'être efficaces, et parfois même d'être compétents. Mais nous n'avons jamais
été formés à cela et ça déstabilise l'ensemble de mes collègues.» Se non è
vero…
Si je représentais les intérêts de la
famille de l’un ou l’autre des désespérés de France Télécom, je n’attaquerais pas l’entreprise en
responsabilité, mais le syndicat.
C.P.