Sommaire :
L’éditorialiste peste contre le «conseiller» qui prétend vous faire
économiser de l’argent en choisissant la caisse d’assurance-maladie qui lui
procure la commission la plus juteuse.
Hommage à Jacques Chessex
Nous sommes dans le collimateur des écolos végétariens !
Où il est question des nouveaux gendarmes, de l’immortalité, de
cette organisation qui se nommait elle-même (par antiphrase ?) Pro Familia, du loup, du nouveau Prix
Nobel et d’une attaque de la Lune.
Pollux dit du bien – une fois n’est pas coutume – des journalistes
de «La Télé», chaîne privée valdo-fribourgeoise et de ses animateurs Fathi
Derder et Pascal Décaillet.
Michel de Preux démontre que les défenseurs de M. Polanski
reproduisent le comportement de la haute aristocratie de cour lors de l’arrestation
du cardinal de Rohan dans l’affaire du collier de la reine.
Rappel de la célèbre «Affaire du collier»
M. Mathieu Kassovitz doute de la version officielle au sujet des
événements du 11 septembre à New York. Il porte plainte contre les journalistes
qui l’ont comparé à Goebbels ou à Faurisson.
Chronique du révisionnisme européen
Claude Paschoud s’étonne que chacun appelle de ses vœux la
croissance (démographique) sans se soucier de savoir si cette augmentation de
la population va correspondre à une croissance de la fortune.
L’éditeur aborde le prix du lait, le prix des managers, le prix de
la liberté d’expression et finalement le prix de l’impôt pour les détenteurs de
chiens.
Chronique mensuelle de la politique fédérale et du beau langage.
Chaque
année, juste après le Comptoir, les rires jaunissent en même temps que les
feuilles des arbres quand arrive la rituelle augmentation des primes de l’assurance-
maladie. Chaque année ou presque, votre éditorialiste pique une colère et rappelle
que le problème des coûts de la santé ne se résoudra que par la suppression du
caractère obligatoire de l’assurance-maladie de base et un retour à un système qui
permettrait à chacun de s’assurer en fonction de ses besoins, de ses désirs et
de ses moyens, ce qui n’empêcherait nullement les pouvoirs publics de secourir
les nécessiteux.
Changeons
donc de disque et évoquons une autre nuisance imputable à l’assurance-maladie
obligatoire, qui a fleuri cette année aussitôt connues les primes annoncées par
les différentes caisses pour 2010: le harcèlement pratiqué par des officines de
conseils prétendument soucieuses d’aider bénévolement les malheureux assurés
pressurés, mais en réalité chargées de rabattre le gibier vers les compagnies
d’assurances qui les paient pour ce faire. Et là, on voit apparaître des
méthodes hautement contestables, puisqu’il s’agit de dénigrer votre caisse
quand il appert que vous en êtes satisfait.
Voici
comment les choses se passent: le «conseiller» qui vous appelle vous annonce
qu’il est en mesure de vous faire réaliser des économies substantielles sur votre
assurance de base. Vous répondez alors, par exemple, que vous ne voyez pas comment,
puisque votre assurance est la moins chère par rapport au modèle que vous avez choisi une fois pour toutes. Sans se
démonter, votre correspondant vous explique alors que oui, bien sûr, la caisse Machin
est la moins chère, mais qu’elle n’est guère efficace dans le traitement des
dossiers. Comme vous êtes parfaitement satisfait des délais dans lesquels la
caisse Machin rembourse vos frais médicaux, vous tentez de renvoyez l’importun
à ses chères études. Mais il arrive que celui-ci s’accroche, ce qui vous oblige
parfois, et c’est très désagréable, à manquer de politesse à son endroit,
surtout s’il est le énième – le
troisième, en ce qui nous concerne – à vous faire perdre votre temps.
Pour le modèle que nous avons choisi, la
caisse la moins chère prélève trois cent cinquante-trois francs, la plus chère
quatre cents nonante-cinq. En ce qui concerne la qualité des prestations, les
notes attribuées par les comparatifs varient, parfois considérablement, de
sorte qu’on ne peut s’y fier.
Les
«conseillers» tentent donc de vous faire dépenser des centaines de francs
chaque année pour des «avantages» plus qu’ incertains.
C’est
ça, la concurrence entre les caisses dans le cadre de l’assurance de base
obligatoire!
Le
Pamphlet
Jacques Chessex a quitté brusquement ce
monde le 9 octobre en début de soirée, alors qu’il était entouré d’amis et
d’admirateurs.
Aussitôt, la douleur du chœur des
louanges, répercutée par la presse, s’est donné libre cours, les choristes en rajoutant
dans l’hyperbole et l’hagiographie.
Jacques Chessex avait du talent. Nul ne
le conteste. Et c’est à juste titre que Claude Paschoud écrivait, en mai 1971,
en conclusion d’un article consacré à Carabas:
«M. Chessex ne se pose pas – heureusement
– en modèle de vertu. Il dit ses passions, ses haines, ses tourments. Il dit
aussi ses femmes, ses beuveries, son pays qui vit dans ses tripes comme y coule
le petit vin blanc. Et ça sonne juste.» Mais les livres de l’écrivain
vaudois furent de qualité inégale, et ceux qui eurent le plus grand retentissement
ne furent pas forcément les meilleurs. Je n’ai pas aimé L’Ogre qui lui valut pourtant
le prix Goncourt.
Toutefois, je laisse à plus compétent ou plus flatteur
que moi le soin de commenter son œuvre comme il convient.
Quant à moi, je garde de Jacques
Chessex deux souvenirs: celui, à
l’époque de mon adolescence, d’un voisin de quartier qui, compte tenu de sa
réputation, en l’occurrence imméritée, était la terreur des mères de jeunes
filles en fleur; celui d’un collègue «inclassable» et indépendant, qui fut mon
mentor – en tout bien tout honneur, contrairement à ce que prétendirent à
l’époque certains mauvais esprits – durant mon bref passage au gymnase de la
Cité, ce dont je lui suis profondément reconnaissante.
En mai 1971, Chessex eut le bon goût de
rire de la caricature – reproduite ici –
que lui consacrait notre dessinateur de l’époque. Nous lui en savons gré, tout
comme nous lui savons gré d’avoir été autre chose que celui qui, dans l’esprit
quelque peu tourmenté de la journaliste et «écrivaine» Anne-Sylvie Sprenger, «restera à jamais “le plus grand écrivain
que la Suisse ait connu”»1.
Mariette Paschoud
1 Tribune
de Genève du samedi 10 octobre.
Vous
pensiez qu’en cessant de fumer, de boire
et de penser vous aviez toutes vos chances de vivre en paix le reste de vos
jours? Eh bien! pas du tout. Nous sommes désormais dans le collimateur des
écolos végétariens.
Le 15 septembre, feu le Matin Bleu nous apprenait
qu’«en consommant de la viande trois fois
par semaine au lieu de neuf, chacun réduirait son empreinte écologique
personnelle de 20%». J’ai essayé de me renseigner sur ce qu’est l’empreinte
écologique personnelle. Les explications que j’ai trouvées sont bien trop
compliquées pour mon esprit débile, mais je crois comprendre que les gens qui
mangent de la viande neuf fois par semaine sont des ennemis de la nature.
Pourquoi? On ne nous le dit pas. Nous sommes contraints de croire sur parole
les défenseurs de l’environnement. Le dieu WWF
Suisse a parlé: silence et respect.
Toutefois, une autre information due,
elle, à 20minutes du 5 octobre vient nous éclairer quelque peu, quoique
vraiment très peu: toujours selon une organisation au-dessus de tout soupçon,
qui défend, elle, les animaux, «(…) se
passer de viande permet de préserver les ressources en eau de la planète».
Pourquoi? Comment? Mystère. La déesse PETA1
a parlé: révérence et humilité.
Nous en sommes réduits aux hypothèses,
mais nous devons avoir la foi et maintenir notre prochain dans le droit chemin
tout en faisant preuve de compréhension et de charité.
Donc, lors de votre prochain passage
chez votre boucher, en vue, bien sûr, de le convaincre de fermer boutique, ne
vous fâchez pas si ce respectable commerçant ne se trouve pas derrière son
étal. Patientez un peu. Peut-être sera-t-il simplement occupé à arroser sa
plantation de côtelettes dans le fallacieux espoir de mieux vous servir. Si tel
est le cas, n’oubliez pas de lui tirer les oreilles, gentiment, et de lui
conseiller de suivre le soir des cours de théoécologie appliquée.
M.P.
1 Cet acronyme n’a aucun rapport avec les flatuosités polluantes du bétail. Il signifie People for the Ethical Treatment of Animals.
Tour de vis
20minutes du 6 octobre nous apprend que les autorités cantonales vaudoises
ont nommé des gendarmes chargés des relations avec les requérants d’asile. Ces
agents de la force publique, placés dans des postes de police proches des foyers
de migrants, auront un rôle préventif et répressif, et permettront de lutter
plus efficacement contre le trafic de stupéfiants lié aux migrants en question.
Les gendarmes désignés sont sensibles aux problèmes des étrangers.
Nous pouvons donc être rassurés: les
trafiquants et autres délinquants venus d’ailleurs n’auront pas affaire à des
brutes xénophobes.
Immortalité
Cette année, le prix Nobel de médecine
a été attribué à trois biologistes américains pour leurs travaux sur le cancer
et le vieillissement. Il semblerait que ces bienfaiteurs de l’humanité aient
travaillé sur une enzyme qui protège les cellules du vieillissement. «Leur découverte a été associée à
l’immortalité», nous dit notre quotidien gratuit toujours le 6 octobre.
Il faudrait savoir ce qu’on veut: on ne
cesse de nous dire que toutes sortes de problèmes sont liés au fait que les
gens vivent de plus en plus longtemps. Est-il vraiment bien souhaitable de les
prolonger jusqu’à ce que la planète soit à ce point surpeuplée qu’on ne puisse
plus y bouger, y boire et y manger ?
La mort n’est certes pas un perspective
réjouissante, surtout pas pour des scientifiques qui ont mis Dieu au rancart et
tentent de se substituer à Lui. Mais appeler de ses vœux une situation dans
laquelle il faudra finalement tuer les gens pour faire de la place aux autres et
leur permettre de se nourrir et de s’abreuver me paraît relever du délire.
Heureusement, la nature se venge
toujours, même si ce n’est pas par le biais de la grippe porcine.
Alerte !
Depuis trois semaines environ, les
distributeurs des gares et des stations-services fournissent des tests de
grossesse, si l’on en croit 20minutes du 7 octobre.
On peut discuter de l’opportunité de
cette innovation, mais dans la mesure où de tels tests sont en vente libre en
pharmacie, il n’y a pas d’inconvénient à cela, me semble-t-il.
Toutefois, le médecin responsable de Profa – organisation de planning
familial appelée autrefois, par
antiphrase, Pro Familia et adepte de l’avortement libéralisé – y voit
quelques dangers, en particulier celui-ci: certaines femmes – qui n’ont pas eu
la chance d’être informée par Profa sans
doute – «risquent de faire un test de
grossesse alors qu’il est encore temps de prendre une pilule d’urgence» qui
provoque un avortement jusqu’à septante-deux heures après un rapport sexuel.
En somme, ce qui dérange les gens de Profa, ce n’est pas que le produit sorte
d’un automate, c’est que, trompées par le test, forcément négatif deux ou trois jours après le rapport, des
femmes prennent le risque d’attendre un bébé et, pire, de le garder, alors que
ce n’est pas le bon moment et que la situation n’est pas du tout favorable. Pensez! Ce pauvre bébé! On ne peut tout de même pas
lui faire ça!
Conflits territoriaux
Le 20 août, un loup a été abattu dans
le Val-d’Illiez en toute légalité, en raison des dégâts qu’il causait aux
troupeaux de moutons. A cette occasion, selon 20minutes du 9 octobre,
les défenseurs de la nature, par la voix du porte-parole de Pro Natura, ont
fait remarquer, avec la lucidité qui fait leur charme, que «le loup ne poserait pas de problème si on lui laissait son habitat
naturel». En d’autres termes, les
éleveurs de moutons, qui occupaient en toute tranquillité les pâturages de
montagne depuis la disparition du loup de nos contrées, devraient laisser la
place au revenant. Dans le même ordre d’idées, on se demande bien ce que
faisait sur les hauts de Bex une écurie contenant cent vingt poulets qui, selon
la même source, ont tous été tués par un loup, apparemment à la surprise
générale. Les adeptes de l’équilibre écologique pourraient-ils nous dire où
commence l’habitat naturel du loup?
Ces gens me font un peu peur. Je vois
venir le jour où ils prétendront rendre nos villes à la nature sous prétexte
que, à l’origine, les lieux étaient occupés par une faune aujourd’hui dispersée
et à laquelle il est urgent de rendre soin habitat naturel.
Encore un Nobel mérité!
Comme chacun sait, le président américain
Barack Obama vient de se voir attribuer le prix Nobel de la paix.
Le résultat de ses efforts en faveur de
la paix, de la liberté, de la justice et des droits de l’homme se faisant
attendre, l’Iran juge hâtive la décision du Comité Nobel. C’est le moins qu’on
puisse dire, puisque, en neuf mois de règne, Monsieur Obama n’a tenu aucune des
promesses électorales qui devaient valoir aux Américains des lendemains
ensoleillés. Vous me direz qu’il n’est pas le seul à confondre bavardages et
action. N’empêche…
On peut lire dans un communiqué AFP
du 9 octobre le commentaire optimiste formulé par Ali Akbar Javanfekr,
conseiller du président Mahmoud Amadinejad: «Nous
espérons que cela (la récompense) l’incitera à emprunter la voie qui apportera
la justice dans le monde.» Autrement dit, récompensons d’abord et voyons ce
qui en sortira; mettons de bonnes notes aux cancres pour en faire des forts en
thème; fournissons de la drogue aux trafiquants afin de leur donner une chance
de reprendre le droit chemin.
Qui eût cru que Monsieur Amadinejad et
les siens étaient des humoristes?
Du sens des mots
20minutes du 9 octobre, encore lui,
me causait à l’heure du petit-déjeuner une grosse frayeur. Le désormais unique
quotidien gratuit du coin annonçait en effet en page 8 : «La Nasa lance une attaque kamikaze sur la
lune». Jugez de mon angoisse: les Etats-Unis avaient-ils décidé de détruire
la lune en tout ou en partie? Le kamikaze était-il le président américain en
personne pourtant si nécessaire au bien-être de ses concitoyens ? Etait-il
au contraire un condamné à mort aux veines fuyantes, désireux de finir en
beauté?
Eh bien! pas du tout. En fait, il n’y
avait pas de kamikaze – je ne vous ferai pas l’injure de vous expliquer ce que
c’est. Il y avait juste un vieil engin spatial sans pilote qui devait s’écraser
sur notre satellite en vue d’une quelconque étude scientifique.
Il ne suffit pas que deux quotidiens
gratuits fusionnent «pour mieux nous informer». Encore faudrait-il que leurs
collaborateurs réunis apprennent le sens des mots.
M.P.
Est-il raisonnable de dire ici du bien
de quelque média et de quelques journalistes? On s’y risquera
exceptionnellement, tant on est «déçu en bien» des premières semaines
d’émission de La Télé.
C’est sous ce nom – un peu trop
générique il est vrai – que sont diffusés depuis cet été les programmes de la
nouvelle télévision régionale Vaud-Fribourg, issue de plusieurs anciennes
chaînes locales vaudoises et de l’absence de télévision fribourgeoise. Le
regroupement des deux cantons en une seule entité audio-visuelle est un
artifice déplaisant, imposé depuis Berne, d’un trait de crayon rouge
distraitement porté sur une carte d’état-major par un fonctionnaire fédéral
alémanique fatigué d’élaborer son Fernsehgesamtkonzept
et pressé de terminer sa journée à 16h15. Les responsables des anciennes
télévisions locales vaudoises ont unanimement contesté cette zone imposée; mais
comme l’administration fédérale ne comprend pas le français, le découpage de la
Suisse romande a été maintenu tel quel, sans un mot d’explication; le
gouvernement vaudois n’a pas osé faire de scandale et chacun a fini par hausser
les épaules.
A défaut d’une légitimité territoriale
irréprochable et d’une dénomination qui lui correspondrait explicitement, on
peut donc saluer aujourd’hui le niveau tout à fait honorable des émissions de La
Télé. On n’est plus dans la catégorie des anciennes télévisions locales
où un journaliste stagiaire se faisait accompagner de sa cousine qui avait reçu
une caméra pour Noël afin de réaliser un reportage gentiment maladroit sur la
vendeuse de macramé du quartier, émission qui tournait en boucle durant toute
la soirée, entrecoupée d’un peu de publicité et d’un peu de musique.
De fait – et sans doute à cause de son
ambiguïté géographique –, La Télé n'apparaît guère locale, ni
même vraiment cantonale; régionale tout au plus, mais avec des thèmes de
discussion souvent fédéraux, voire internationaux. Par là même, elle se
présente davantage comme une concurrente de la Télévision suisse romande. Et
c'est précisément de cette comparaison avec la TSR que La Télé tire ses charmes.
Car ici, pas de présentateur benêt
ayant toujours l’air de vouloir être copain avec tout le monde. Pas de
présentatrice qui se force à faire des «grimaces citoyennes» pour souligner ses
préférences idéologiques. Pas d'austère procureur du Politburo chargé de
tourner en ridicule les suppôts de la réaction. On y voit des débats sur des
sujets généralement intéressants, avec des invités variés, parfois avec des
personnalités éminentes – par exemple des conseillers fédéraux, mais aussi un
ancien ministre de la culture français – en face desquelles les journalistes
qui les interrogent – principalement Fathi Derder1 et Pascal
Décaillet – ont l’air au moins aussi compétents.
Qualité technique, qualité
intellectuelle, honnêteté intellectuelle aussi: les émissions ne trahissent
aucun parti pris; les présentateurs ne laissent pas transpirer leurs
convictions politiques par tous les pores de leur peau; le téléspectateur qui
ne baigne pas dans le «politiquement correct» ne se sent pas insulté ni
méprisé.
Sans vouloir idéaliser excessivement
les choses, on dira que La Télé
est un média «normal», ce qui constitue une grande qualité par les temps qui
courent, et ce qui contraste plaisamment avec la soupe que nous sert
habituellement la télévision d’Etat du bout du lac, très abondamment financée
par nos redevances obligatoires.
Pollux
1 Très médiocre dans ses contributions écrites au journal 24 heures, mais de bonne tenue intellectuelle lorsqu’il apparaît à La Télé.
L’arrestation, samedi 26 septembre 2009
à Zurich, du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, aura un mérite durable et
en cela, elle reste un cas d’école digne de figurer dans nos mémoires. Le cœur
de la question est la prescription. C’est en effet autour de ce thème unique
que s’est développée la polémique, et non à propos du simple respect de la
légalité internationale et nationale. Les deux camps sont réellement
irréconciliables. Il est évident que l’application régulière du droit ne peut
susciter ni scandale ni contestation d’aucune sorte, à supposer, naturellement,
que la norme de fond soit elle-même légitime sur le plan moral. Or le crime
pour lequel cet artiste est poursuivi aux Etats-Unis est incontestable. Un
retrait de plainte du lésé est en l’occurrence inopérant et ne constitue pas un
argument en faveur de l’impunité: ce serait, dans ce cas, porter une atteinte
très grave à la sécurité du droit, dont tous doivent pouvoir bénéficier même
contre leur volonté.
Mais, nous le constatons, les
défenseurs de Polanski et lui-même d’ailleurs, apparemment, sont totalement
imperméables à ce type de raisonnement. Pour eux, qu’il y ait ou non
imprescriptibilité de l’action pénale, peu importe. On ne juge pas un homme de
septante-six ans pour un crime commis trente-deux ans auparavant. Ceci a l’air
d’un principe; en réalité, c’est une revendication très dangereuse de privilège
crapuleux lié à une situation d’excellence mondaine. Les défenseurs de Roman
Polanski ne semblent pas se rendre compte qu’ils reproduisent très fidèlement
le comportement de la haute aristocratie
de cour à Versailles lors de l’arrestation du cardinal de Rohan dans
l’affaire du collier de la reine. Louis XVI n’était plus reconnu apte à exercer
son droit de punir dès lors que celui-ci s’appliquait à un membre
particulièrement illustre de l’aristocratie de cour (cf. encadré).
Ce fut le prélude juridique à la
Révolution…
Nos artistes, nos ministres français et
polonais, se comportent avec l’insolence et la désinvolture des grands de
Versailles en faveur du cardinal de Rohan, dont le rôle est tenu aujourd’hui
par le célèbre cinéaste. Ils excusent le crime et veulent qu’on le déclare
impunissable non pas au nom du droit mais des œuvres de l’accusé. Cette excuse
est l’équivalent de celle de la naissance du prélat arrêté à Versailles.
Nous saisissons ainsi l’essence de la
question soulevée par cette arrestation. Quand une aristocratie exige
l’impunité au nom de ce qu’elle estime sa propre excellence, l’atteinte au
droit supérieur de l’Etat à faire respecter sa loi rend nécessaire sa
confrontation directe avec les tenants d’un privilège odieux. Car il est dans
ce cas de l’intérêt public d’humilier les grands afin de conserver l’estime des
petits et des humbles, pour ne pas les pousser à la révolte ni égarer leur
conscience par le scandale. On mesure très exactement la santé et la viabilité
d’une société à ce genre de défi.
Ce n’est donc pas un hasard si une
telle exigence apparaît aujourd’hui. Notre pays garde toutes ses chances de
respectabilité.
Michel de Preux
Monsieur Mathieu Kassovitz, acteur-réalisateur de son
état, ne croit pas à la version officielle des attentats du 11 septembre. Il
l’a dit publiquement, le pauvre naïf.
Evidemment, il s’est aussitôt trouvé un
ou deux journalistes particulièrement imaginatifs pour le comparer qui à Goebbels,
célèbre spécialiste de la manipulation et de l’intoxication intellectuelle des
masses abruties, qui à «l’historien
révisionniste» Robert Faurisson, «négationniste» notoire, donc menteur
invétéré et de surcroît extrêmement dangereux.
Considérant, selon son avocat, qu’il
avait «fait l’objet d’outrages d’une
exceptionnelle gravité qui portent douloureusement atteinte à sa réputation, à
son honneur et au-delà à sa famille dont il rappelle qu’une grande partie a
disparu dans les camps de concentration nazis1»,
Mathieu Kassovitz a porté plainte
contre les «diffamateurs» de l’Express
et du Journal du Dimanche2.
Le sieur Kassovitz a encore beaucoup à
apprendre, en particulier que la vérité officielle ne saurait être mise en
doute et que les fauteurs de troubles risquent gros quand les gardiens de
l’orthodoxie font leur vilain travail.
Porter plainte est bien risqué et peut
se révéler extrêmement ruineux, c’est moi qui vous le dis. Il eût été plus
expédient, plus économique et beaucoup plus injurieux de renvoyer la balle aux
scribouillards incriminés en les comparant publiquement à l’épurateur
soviétique Beria. Il est vrai que lesdits scribouillards n’ont probablement
jamais entendu parler du «Himmler de Staline» et qu’il ne faut laisser passer
aucune occasion de rappeler qu’on est une pauvre victime des seuls méchants du
XXe siècle.
Quoi qu’il en soit, je jubile à la
pensée que les juges vont, cette fois-ci, se trouver le fondement entre eux
chaises percées, sans loi de circonstance derrière laquelle se réfugier.
Vont-ils une fois pour toutes faire de Robert Faurisson un démon aux pieds
fourchus – pour Goebbels, c’est déjà fait – et condamner des journalistes qui
ne manqueront pas de hurler au viol de la liberté de la presse? Vont-ils au
contraire prêter le flanc au soupçon de banalisation du nazisme et du
«négationnisme» en déboutant Mathieu
Kassovitz en dépit de son apport essentiel à la culture de notre époque et de
ses malheurs passés?
Le suspense est insoutenable!
M.P
1 A l’heure où j’écris ces lignes, Roman Polanski ne s’est pas encore servi d’une évocation de ce genre pour faire avancer sa cause. Je me demande bien pourquoi.
2 Source: LEXPRESS.fr, 25 septembre 2009.
L’affaire
du collier de la reine révéla l’importance, à la fin de l’ancien régime, des
jeux d’influence de la cour sur le personnel judiciaire dans une affaire
d’escroquerie portant sur l’achat frauduleux d’un collier de diamants valant
un million et demi de francs. Il s’agissait d’humilier publiquement l’épouse
du roi Louis XVI, détestée à la cour, en lui imputant une responsabilité dans
cette affaire à laquelle elle était parfaitement étrangère. Le
cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg et grand aumônier de France, tomba
amoureux de Marie-Antoinette, qui le méprisait… Pour obtenir les faveurs de
la souveraine, il accepta de servir d’intermédiaire entre un charlatan,
Cagliostro, et des joailliers allemands, pour l’achat d’un collier au nom de
la reine de France, censée vouloir l’acquérir en secret compte tenu des
difficultés budgétaires de la France à l’époque. Rohan, à la fois naïf et
vaniteux, consentit à rencontrer la reine dans un bosquet, à Versailles, la
nuit. C’est en fait une femme de chambre qui joua le rôle de
Marie-Antoinette! L’affaire fut conclue à Londres, mais à la première
échéance, la supercherie se découvrit. Le roi livra tous les protagonistes à
la justice, dont le cardinal de Rohan. Mal lui en prit. Le Parlement de Paris
acquitta purement et simplement Rohan à seule fin de discréditer la reine
pourtant totalement étrangère à l’affaire, où son nom avait été utilisé à son
insu. Le
rapport avec l’affaire Polanski est évident: un groupe de pression puissant
tente, avec succès dans l’affaire du collier, de faire fléchir le droit et la
justice par haine du pouvoir royal en l’occurrence. De même, des artistes
protègent aujourd’hui l’un des leurs par mépris d’un ordre juridique
applicable à tous s’il veut rester crédible. (mdp) |
Nouvelles d’Allemagne
Les 1er et 2 octobre, le
Service d’information du révisionnisme mondial a rendu visite aux prisonniers
d’opinion Sylvia Stolz et Ernst Zündel respectivement incarcérés à Heidelberg
et Mannheim. Le moral et la santé des détenus sont bons.
Si l’avocate Sylvia Stolz n’obtient pas
la révision de son procès – et pourquoi l’obtiendrait-elle en ces temps de
promotion des libertés démocratiques? –, elle sera libérée en avril 2011 après
avoir purgé une peine de trois ans et demi pour révisionnisme.
Quant à Ernst Zündel, à qui une
libération anticipée a été une nouvelle fois refusée le 10 juillet pour cause
de refus d’exprimer le fond de sa pensée – ce qui équivaut, naturellement, aux
yeux de n’importe quel honnête juge allemand à s’entêter dans l’erreur –, il
devrait quitter sa geôle le 1er mars 2010 si tout va bien, ce à quoi
il ne croit pas trop. Il aura alors passé presque sept ans en détention si l’on
tient compte de son «séjour» dans une cellule canadienne insalubre avant son
extradition vers l’Allemagne.
De toute façon, le révisionniste germano-canadien
n’en a pas fini avec les ennuis: sa femme Ingrid fait l’objet d’un mandat
international en raison de son site Internet révisionniste et ne peut quitter
les Etats-Unis, dont, originaire d’Allemagne, elle est citoyenne par
naturalisation. Or Ernst Zündel est interdit d’entrée aux USA pour vingt ans!
Il me semble qu’en comparaison, les
malheurs de Mathieu Kassovitz sont bien insignifiants.
M.P.
«La croissance est devenue
le veau d'or moderne, la formule magique qui permet de faire l'économie de la
discussion et du raisonnement.»
Dominique Méda
Qu'est-ce que la richesse ? - 1999
Il est surprenant que le syndic de la commune la plus
insignifiante appelle de ses vœux, très régulièrement, la croissance, par quoi
il entend généralement la croissance démographique (la seule qu’il soit
susceptible de comprendre, à son niveau), et non la croissance économique qui
ne lui est pas synonyme.
Il est fier que le nombre des habitants de sa commune ait
gagné 12 % depuis le dernier recensement et il le proclame. D’ici à supposer
que ce gain de bipèdes va nous conduire inéluctablement vers des lendemains qui
chantent, il n’y a qu’un pas que franchissent allègrement les rhéteurs de
cantines.
En soi, un accroissement de population ne signifie rien
d’autre… qu’une augmentation de la population.
Si l’on espère qu’une telle augmentation entraînera une augmentation du produit intérieur brut, global ou par
habitant, une meilleure répartition des
richesses, une élévation du niveau de
vie générale, encore faut-il que ces nouveaux habitants, gagnés par
natalité ou par immigration, soient des acteurs économiques susceptibles de
produire plus de richesse qu’ils n’en consommeront.
Après la deuxième guerre mondiale, l’accroissement de la
population suisse dû à l’immigration italienne, espagnole, portugaise et même
balkanique fut fructueuse pour nous: grâce à une législation sur les
saisonniers cruelle pour les intéressés mais très avantageuse pour nous, la
Suisse a pu bénéficier pendant plus d’un demi-siècle d’une main-d’œuvre
travailleuse, sérieuse, régulière et bien portante.
La suppression du statut de saisonnier – statut qui
interdisait le regroupement familial – et l’ouverture des frontières à toute
l’Union européenne (et non seulement à la racaille d’Annemasse), aux
travailleurs et à leur famille,
change évidemment la donne.
Il n’est plus du tout certain qu’une augmentation de la
population corresponde à une amélioration de la croissance ou du développement,
à une progression de la richesse ou à une meilleure qualité de vie, bien au
contraire!
L’AI est en faillite. Les caisses de pension sont en
difficulté. Les Centres sociaux régionaux
croulent sous les dossiers de personnes en état de grande précarité, les
maîtresses d’école devraient parler quinze langues pour se faire comprendre de
leurs classes, dont le serbo-croate, l’arabe, le bambara, le sarakolé, le
foulani, le mandé, le malinké, le swahili, le lingala, le wolof, le dyula, le
fang, le sénoufo, le haoussa, le kikongo et le mina.
De façon générale, on peut affirmer sans une once de
xénophobie que l’immigration exotique, constituée essentiellement de personnes
sans qualifications professionnelles, mais dotées d’une grande famille, augmente
la croissance (démographique) et diminue la richesse économique de tous.
Je rêve d’un politicien qui aurait l’intelligence, et le
courage, de prôner la nécessité de la décroissance
démographique pour assurer une meilleure croissance économique: moins de
monde, moins d’écoles, moins d’EMS, moins de stades olympiques, moins de 4x4
dans les villes, moins de centres d’accueil pour requérants d’asile et moins de
rentiers AI dépressifs.
Et le syndic pourrait fièrement proclamer, dans son
allocution du 1er août: «Le
nombre d’habitants a heureusement régressé, ce qui va améliorer de façon
significative l’état de nos finances.»
Vive la décroissance!
Claude
Paschoud
Guerre du lait
Sentimentalement, je partage les angoisses des producteurs
de lait et je suis d’ailleurs prêt à payer moi-même deux francs le litre de ce
breuvage si le paysan peut recevoir un franc pour sa peine. Actuellement, le paysan
ne sait pas le prix qu’on lui versera pour le lait qu’il livre et il s’irrite
des marges prélevées par les distributeurs.
Mais la révolte est vaine: il y a trop de producteurs, pour
une demande insuffisante. La chute des prix éliminera les exploitations les
moins rentables, ce qui fera diminuer l’offre et permettra l’adaptation des
prix à la hausse.
Mais le cycle continuera : alléchés par la hausse du
prix, certains paysans se lanceront à nouveau dans la production laitière,
jusqu’à la prochaine surproduction et le prochain effondrement du prix.
En outre, l’homogénéisation du lait, sa pasteurisation, son
conditionnement en briques ou en bouteilles, son transport dans les centres de
distribution sont des services, dont le prix n’est pas négligeable. Je m’étonne
qu’un consommateur puisse trouver «scandaleux» que l’ensemble de ces
prestations coûte deux fois le prix du liquide, et trouve en revanche normal
que le prix d’une bouteille d’eau plate, vendue au magasin, coûte deux cents
fois la valeur du contenu.
Salaire des cadres supérieurs
Il est question régulièrement, dans la presse populaire, des
revenus des dirigeants de multinationales, que certains voudraient limiter à n fois le salaire du salarié le plus
modeste de l’usine.
Vous observerez que personne ne s’indigne des revenus d’un
Zidane, d’un Federer ou d’un Tiger Woods, pas plus que des cachets perçus par
Tokyo Hotel, ou des subventions allouées à Pro Helvetia.
Il est pourtant probable que l’action du Dr Vasella, patron
de Novartis, a été et est encore plus
bénéfique pour l’ensemble de la Suisse que celle d’un Michael Jackson pour
l’Amérique.
Finalement, le salaire du président de Novartis ne concerne que les clients de cette entreprise et ses
actionnaires. Et jusqu’à aujourd’hui, à ma connaissance, les grands groupes pharmaceutiques
n’ont pas tendu la main pour obtenir des subventions publiques.
Le prix de la liberté d’expression
Quel est le prix de la liberté d’expression? Si l’on en
croit M. Olivier Français, conseiller municipal de Lausanne, qui a fait
interdire sur le territoire de cette commune l’affiche des opposants aux
minarets, «il faut mettre un terme à une
liberté d’expression devenue excessive».
Outre qu’une aussi colossale imbécillité mériterait à coup
sûr le prix Champignac, il vaut la peine de s’interroger sur le prix qu’un
peuple réputé évolué est disposé à payer pour la préservation de la liberté
d’expression des autres !
Or, chaque fois qu’une opinion pourrait être de nature à
chagriner une frange marginale de la population, elle est stigmatisée comme
raciste, haineuse, discriminatoire et évidemment inadmissible…. à condition
toutefois que la minorité qui pleurniche ou qui s’indigne fasse partie des groupes de pression que le
politiquement correct se doit de caresser dans le sens du poil.
Parmi ceux-là, évidemment, les Africains, les juifs et les homosexuels.
Loin derrière, les musulmans (qui ont tous les droits chez nous, mais pas dans
la bande de Gaza), eux qui sont les disciples d’un prophète pacifique – quoique
pédophile – et les bienveillants protecteurs des dhimmis que nous sommes.
Rien à voir avec d’autres sectes supposées maléfiques, comme
l’Eglise de scientologie qui prétend guérir les toxicomanes – horresco referens
– par l’abstinence, ou les raéliens, dont le Grand Maître s’est vu refuser une
autorisation de séjour en Valais!
Le prix de l’impôt pour les chiens
En mai 1985, je commettais un article d’humeur proposant de
réclamer aux propriétaires de chiens un impôt proportionné aux nuisances sociales
provoquées par ces bestioles, «mettons,
de dix à vingt mille francs par année, selon la race».
J’admettais néanmoins que pourraient en être dispensés «les chiens d’aveugles, les chiens
d’avalanche et quelques autres, dont l’utilité sociale serait démontrée».
Bon prince, je concédais qu’on pourrait prévoir également un rabais« pour les spécimens aphones, édentés et rasés, en dehors des
agglomérations urbaines».
Une avalanche de protestations salua mes propositions, que
je réitère néanmoins aujourd’hui, au moment où une initiative vise à
transformer l’impôt sur les chiens en une taxe affectée.
Les initiants pourraient d’ailleurs bien se tirer une balle
dans le pied, car si l’on comptabilisait la totalité des nuisances générées par
les chiens, dans les lieux privés et publics, et qu’on fasse payer aux
propriétaires le dédommagement de ces nuisances, grâce à une taxe affectée, on pourrait assez vite
faire grimper l’impôt actuel d’un sérieux pourcentage.
Finalement, ils l’auront bien cherché.
C.P.
Ne dites pas: «Dans la course à la succession de Pascal Couchepin, le “champion” Didier
Burkhalter s’est affronté à plusieurs concurrents presque aussi brillants que
lui et tout aussi désireux de servir le peuple souverain dans un esprit d’abnégation
et d’humilité sans rapport avec le goût du pouvoir.» Dites: «Dans la course à la succession de Pascal
Couchepin, le “champion” Didier Burkhalter a affronté plusieurs concurrents
presque aussi brillants que lui et tout aussi désireux de servir le peuple
souverain dans un esprit d’abnégation et d’humilité sans rapport avec le goût
du pouvoir.»
Le pinailleur