Lausanne 39e année      «ne pas subir»      Octobre  2009 No 388

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste peste contre le «conseiller» qui prétend vous faire économiser de l’argent en choisissant la caisse d’assurance-maladie qui lui procure la commission la plus juteuse.

 

Départ

Hommage à Jacques Chessex

 

Les dieux du légume

Nous sommes dans le collimateur des écolos végétariens !

 

Bricoles

Où il est question des nouveaux gendarmes, de l’immortalité, de cette organisation qui se nommait elle-même (par antiphrase ?) Pro Familia, du loup, du nouveau Prix Nobel et d’une attaque de la Lune.

 

La bonne Télé

Pollux dit du bien – une fois n’est pas coutume – des journalistes de «La Télé», chaîne privée valdo-fribourgeoise et de ses animateurs Fathi Derder et Pascal Décaillet.

 

L’affaire Polanski

Michel de Preux démontre que les défenseurs de M. Polanski reproduisent le comportement de la haute aristocratie de cour lors de l’arrestation du cardinal de Rohan dans l’affaire du collier de la reine.

 

L’affaire du collier

Rappel de la célèbre «Affaire du collier»

 

Outrages

M. Mathieu Kassovitz doute de la version officielle au sujet des événements du 11 septembre à New York. Il porte plainte contre les journalistes qui l’ont comparé à Goebbels ou à Faurisson.

 

Les nouvelles aventures…

Chronique du révisionnisme européen

 

Eloge de la décroissance

Claude Paschoud s’étonne que chacun appelle de ses vœux la croissance (démographique) sans se soucier de savoir si cette augmentation de la population va correspondre à une croissance de la fortune.

 

Une question de prix

L’éditeur aborde le prix du lait, le prix des managers, le prix de la liberté d’expression et finalement le prix de l’impôt pour les détenteurs de chiens.

 

Ne dites pas…

Chronique mensuelle de la politique fédérale et du beau langage.

 

 

Editorial

 

         Chaque année, juste après le Comptoir, les rires jaunissent en même temps que les feuilles des arbres quand arrive la rituelle augmentation des primes de l’assurance- maladie. Chaque année ou presque, votre éditorialiste pique une colère et rappelle que le problème des coûts de la santé ne se résoudra que par la suppression du caractère obligatoire de l’assurance-maladie de base et un retour à un système qui permettrait à chacun de s’assurer en fonction de ses besoins, de ses désirs et de ses moyens, ce qui n’empêcherait nullement les pouvoirs publics de secourir les nécessiteux.

 

         Changeons donc de disque et évoquons une autre nuisance imputable à l’assurance-maladie obligatoire, qui a fleuri cette année aussitôt connues les primes annoncées par les différentes caisses pour 2010: le harcèlement pratiqué par des officines de conseils prétendument soucieuses d’aider bénévolement les malheureux assurés pressurés, mais en réalité chargées de rabattre le gibier vers les compagnies d’assurances qui les paient pour ce faire. Et là, on voit apparaître des méthodes hautement contestables, puisqu’il s’agit de dénigrer votre caisse quand il appert que vous en êtes satisfait.

 

         Voici comment les choses se passent: le «conseiller» qui vous appelle vous annonce qu’il est en mesure de vous faire réaliser des économies substantielles sur votre assurance de base. Vous répondez alors, par exemple, que vous ne voyez pas comment, puisque votre assurance est la moins chère par rapport au modèle que vous  avez choisi une fois pour toutes. Sans se démonter, votre correspondant vous explique alors que oui, bien sûr, la caisse Machin est la moins chère, mais qu’elle n’est guère efficace dans le traitement des dossiers. Comme vous êtes parfaitement satisfait des délais dans lesquels la caisse Machin rembourse vos frais médicaux, vous tentez de renvoyez l’importun à ses chères études. Mais il arrive que celui-ci s’accroche, ce qui vous oblige parfois, et c’est très désagréable, à manquer de politesse à son endroit, surtout s’il  est le énième – le troisième, en ce qui nous concerne – à vous faire perdre votre temps.

 

          Pour le modèle que nous avons choisi, la caisse la moins chère prélève trois cent cinquante-trois francs, la plus chère quatre cents nonante-cinq. En ce qui concerne la qualité des prestations, les notes attribuées par les comparatifs varient, parfois considérablement, de sorte qu’on ne peut s’y fier.

 

         Les «conseillers» tentent donc de vous faire dépenser des centaines de francs chaque année pour des «avantages» plus qu’ incertains.

 

         C’est ça, la concurrence entre les caisses dans le cadre de l’assurance de base obligatoire!

 

Le Pamphlet

 

 

Départ

        

         Jacques Chessex a quitté brusquement ce monde le 9 octobre en début de soirée, alors qu’il était entouré d’amis et d’admirateurs.

 

         Aussitôt, la douleur du chœur des louanges, répercutée par la presse, s’est donné libre cours, les choristes en rajoutant dans l’hyperbole et l’hagiographie.

 

         Jacques Chessex avait du talent. Nul ne le conteste. Et c’est à juste titre que Claude Paschoud écrivait, en mai 1971, en conclusion d’un article consacré à Carabas: «M. Chessex ne se pose pas – heureusement – en modèle de vertu. Il dit ses passions, ses haines, ses tourments. Il dit aussi ses femmes, ses beuveries, son pays qui vit dans ses tripes comme y coule le petit vin blanc. Et ça sonne juste.» Mais les livres de l’écrivain vaudois furent de qualité inégale, et ceux qui eurent le plus grand retentissement ne furent pas forcément les meilleurs. Je n’ai pas aimé L’Ogre qui lui valut pourtant  le prix Goncourt.

 

         Toutefois,  je laisse à plus compétent ou plus flatteur que moi le soin de commenter son œuvre comme il convient.

 

         Quant à moi, je garde de Jacques Chessex deux souvenirs:  celui, à l’époque de mon adolescence, d’un voisin de quartier qui, compte tenu de sa réputation, en l’occurrence imméritée, était la terreur des mères de jeunes filles en fleur; celui d’un collègue «inclassable» et indépendant, qui fut mon mentor – en tout bien tout honneur, contrairement à ce que prétendirent à l’époque certains mauvais esprits – durant mon bref passage au gymnase de la Cité, ce dont je lui suis profondément reconnaissante.

 

         En mai 1971, Chessex eut le bon goût de rire de la caricature  – reproduite ici – que lui consacrait notre dessinateur de l’époque. Nous lui en savons gré, tout comme nous lui savons gré d’avoir été autre chose que celui qui, dans l’esprit quelque peu tourmenté de la journaliste et «écrivaine» Anne-Sylvie Sprenger, «restera à jamais “le plus grand écrivain que la Suisse ait connu”»1.

 

Mariette Paschoud

 

1 Tribune de Genève du samedi 10 octobre.

 

 

 

Les dieux du légume

        

Vous pensiez  qu’en cessant de fumer, de boire et de penser vous aviez toutes vos chances de vivre en paix le reste de vos jours? Eh bien! pas du tout. Nous sommes désormais dans le collimateur des écolos végétariens.

        

          Le 15 septembre, feu le Matin Bleu nous apprenait qu’«en consommant de la viande trois fois par semaine au lieu de neuf, chacun réduirait son empreinte écologique personnelle de 20%». J’ai essayé de me renseigner sur ce qu’est l’empreinte écologique personnelle. Les explications que j’ai trouvées sont bien trop compliquées pour mon esprit débile, mais je crois comprendre que les gens qui mangent de la viande neuf fois par semaine sont des ennemis de la nature. Pourquoi? On ne nous le dit pas. Nous sommes contraints de croire sur parole les défenseurs de l’environnement. Le dieu WWF Suisse a parlé: silence et respect.

 

         Toutefois, une autre information due, elle, à 20minutes du 5 octobre vient nous éclairer quelque peu, quoique vraiment très peu: toujours selon une organisation au-dessus de tout soupçon, qui défend, elle, les animaux, «(…) se passer de viande permet de préserver les ressources en eau de la planète». Pourquoi? Comment? Mystère. La déesse PETA1 a parlé: révérence et humilité.

 

         Nous en sommes réduits aux hypothèses, mais nous devons avoir la foi et maintenir notre prochain dans le droit chemin tout en faisant preuve de compréhension et de charité.

 

         Donc, lors de votre prochain passage chez votre boucher, en vue, bien sûr, de le convaincre de fermer boutique, ne vous fâchez pas si ce respectable commerçant ne se trouve pas derrière son étal. Patientez un peu. Peut-être sera-t-il simplement occupé à arroser sa plantation de côtelettes dans le fallacieux espoir de mieux vous servir. Si tel est le cas, n’oubliez pas de lui tirer les oreilles, gentiment, et de lui conseiller de suivre le soir des cours de théoécologie appliquée.

 

M.P.

 

1 Cet acronyme n’a aucun rapport avec les flatuosités polluantes du bétail. Il signifie People for the Ethical Treatment of Animals.

 

 

Bricoles

 

Tour de vis

 

         20minutes du       6 octobre nous apprend que les autorités cantonales vaudoises ont nommé des gendarmes chargés des relations avec les requérants d’asile. Ces agents de la force publique, placés dans des postes de police proches des foyers de migrants, auront un rôle préventif et répressif, et permettront de lutter plus efficacement contre le trafic de stupéfiants lié aux migrants en question. Les gendarmes désignés sont sensibles aux problèmes des étrangers.

 

         Nous pouvons donc être rassurés: les trafiquants et autres délinquants venus d’ailleurs n’auront pas affaire à des brutes xénophobes.

 

Immortalité

 

         Cette année, le prix Nobel de médecine a été attribué à trois biologistes américains pour leurs travaux sur le cancer et le vieillissement. Il semblerait que ces bienfaiteurs de l’humanité aient travaillé sur une enzyme qui protège les cellules du vieillissement. «Leur découverte a été associée à l’immortalité», nous dit notre quotidien gratuit toujours le 6 octobre.

 

         Il faudrait savoir ce qu’on veut: on ne cesse de nous dire que toutes sortes de problèmes sont liés au fait que les gens vivent de plus en plus longtemps. Est-il vraiment bien souhaitable de les prolonger jusqu’à ce que la planète soit à ce point surpeuplée qu’on ne puisse plus y bouger, y boire et y manger ?

 

         La mort n’est certes pas un perspective réjouissante, surtout pas pour des scientifiques qui ont mis Dieu au rancart et tentent de se substituer à Lui. Mais appeler de ses vœux une situation dans laquelle il faudra finalement tuer les gens pour faire de la place aux autres et leur permettre de se nourrir et de s’abreuver me paraît relever du délire.

 

         Heureusement, la nature se venge toujours, même si ce n’est pas par le biais de la grippe porcine.

 

Alerte !

 

         Depuis trois semaines environ, les distributeurs des gares et des stations-services fournissent des tests de grossesse, si l’on en croit 20minutes du 7 octobre.

 

         On peut discuter de l’opportunité de cette innovation, mais dans la mesure où de tels tests sont en vente libre en pharmacie, il n’y a pas d’inconvénient à cela, me semble-t-il.

 

         Toutefois, le médecin responsable de Profa – organisation de planning familial appelée autrefois, par antiphrase, Pro Familia  et adepte de l’avortement libéralisé – y voit quelques dangers, en particulier celui-ci: certaines femmes – qui n’ont pas eu la chance d’être informée par Profa sans doute – «risquent de faire un test de grossesse alors qu’il est encore temps de prendre une pilule d’urgence» qui provoque un avortement jusqu’à septante-deux heures après un rapport sexuel.

        

         En somme, ce qui dérange les gens de Profa, ce n’est pas que le produit sorte d’un automate, c’est que, trompées par le test, forcément négatif  deux ou trois jours après le rapport, des femmes prennent le risque d’attendre un bébé et, pire, de le garder, alors que ce n’est pas le bon moment et que la situation n’est pas du tout favorable. Pensez!  Ce pauvre bébé! On ne peut tout de même pas lui faire ça!

 

Conflits territoriaux

 

         Le 20 août, un loup a été abattu dans le Val-d’Illiez en toute légalité, en raison des dégâts qu’il causait aux troupeaux de moutons. A cette occasion, selon 20minutes du 9 octobre, les défenseurs de la nature, par la voix du porte-parole de Pro Natura, ont fait remarquer, avec la lucidité qui fait leur charme, que «le loup ne poserait pas de problème si on lui laissait son habitat naturel». En  d’autres termes, les éleveurs de moutons, qui occupaient en toute tranquillité les pâturages de montagne depuis la disparition du loup de nos contrées, devraient laisser la place au revenant. Dans le même ordre d’idées, on se demande bien ce que faisait sur les hauts de Bex une écurie contenant cent vingt poulets qui, selon la même source, ont tous été tués par un loup, apparemment à la surprise générale. Les adeptes de l’équilibre écologique pourraient-ils nous dire où commence l’habitat naturel du loup?

 

         Ces gens me font un peu peur. Je vois venir le jour où ils prétendront rendre nos villes à la nature sous prétexte que, à l’origine, les lieux étaient occupés par une faune aujourd’hui dispersée et à laquelle il est urgent de rendre soin habitat naturel.

 

Encore un Nobel mérité!

 

         Comme chacun sait, le président américain Barack Obama vient de se voir attribuer le prix Nobel de la paix.

 

         Le résultat de ses efforts en faveur de la paix, de la liberté, de la justice et des droits de l’homme se faisant attendre, l’Iran juge hâtive la décision du Comité Nobel. C’est le moins qu’on puisse dire, puisque, en neuf mois de règne, Monsieur Obama n’a tenu aucune des promesses électorales qui devaient valoir aux Américains des lendemains ensoleillés. Vous me direz qu’il n’est pas le seul à confondre bavardages et action. N’empêche…

 

         On peut lire dans un communiqué AFP du 9 octobre le commentaire optimiste formulé par Ali Akbar Javanfekr, conseiller du président Mahmoud Amadinejad: «Nous espérons que cela (la récompense) l’incitera à emprunter la voie qui apportera la justice dans le monde.» Autrement dit, récompensons d’abord et voyons ce qui en sortira; mettons de bonnes notes aux cancres pour en faire des forts en thème; fournissons de la drogue aux trafiquants afin de leur donner une chance de reprendre le droit chemin.

        

         Qui eût cru que Monsieur Amadinejad et les siens étaient des humoristes?

 

Du sens des mots

 

         20minutes du 9 octobre, encore lui, me causait à l’heure du petit-déjeuner une grosse frayeur. Le désormais unique quotidien gratuit du coin annonçait en effet en page 8 : «La Nasa lance une attaque kamikaze sur la lune». Jugez de mon angoisse: les Etats-Unis avaient-ils décidé de détruire la lune en tout ou en partie? Le kamikaze était-il le président américain en personne pourtant si nécessaire au bien-être de ses concitoyens ? Etait-il au contraire un condamné à mort aux veines fuyantes, désireux de finir en beauté?

 

         Eh bien! pas du tout. En fait, il n’y avait pas de kamikaze – je ne vous ferai pas l’injure de vous expliquer ce que c’est. Il y avait juste un vieil engin spatial sans pilote qui devait s’écraser sur notre satellite en vue d’une quelconque étude scientifique.

 

         Il ne suffit pas que deux quotidiens gratuits fusionnent «pour mieux nous informer». Encore faudrait-il que leurs collaborateurs réunis apprennent le sens des mots.

 

M.P.

 

 

La bonne Télé

 

         Est-il raisonnable de dire ici du bien de quelque média et de quelques journalistes? On s’y risquera exceptionnellement, tant on est «déçu en bien» des premières semaines d’émission de La Télé.

 

         C’est sous ce nom – un peu trop générique il est vrai – que sont diffusés depuis cet été les programmes de la nouvelle télévision régionale Vaud-Fribourg, issue de plusieurs anciennes chaînes locales vaudoises et de l’absence de télévision fribourgeoise. Le regroupement des deux cantons en une seule entité audio-visuelle est un artifice déplaisant, imposé depuis Berne, d’un trait de crayon rouge distraitement porté sur une carte d’état-major par un fonctionnaire fédéral alémanique fatigué d’élaborer son Fernsehgesamtkonzept et pressé de terminer sa journée à 16h15. Les responsables des anciennes télévisions locales vaudoises ont unanimement contesté cette zone imposée; mais comme l’administration fédérale ne comprend pas le français, le découpage de la Suisse romande a été maintenu tel quel, sans un mot d’explication; le gouvernement vaudois n’a pas osé faire de scandale et chacun a fini par hausser les épaules.

 

         A défaut d’une légitimité territoriale irréprochable et d’une dénomination qui lui correspondrait explicitement, on peut donc saluer aujourd’hui le niveau tout à fait honorable des émissions de La Télé. On n’est plus dans la catégorie des anciennes télévisions locales où un journaliste stagiaire se faisait accompagner de sa cousine qui avait reçu une caméra pour Noël afin de réaliser un reportage gentiment maladroit sur la vendeuse de macramé du quartier, émission qui tournait en boucle durant toute la soirée, entrecoupée d’un peu de publicité et d’un peu de musique.

 

         De fait – et sans doute à cause de son ambiguïté géographique –, La Télé n'apparaît guère locale, ni même vraiment cantonale; régionale tout au plus, mais avec des thèmes de discussion souvent fédéraux, voire internationaux. Par là même, elle se présente davantage comme une concurrente de la Télévision suisse romande. Et c'est précisément de cette comparaison avec la TSR que La Télé tire ses charmes.

 

         Car ici, pas de présentateur benêt ayant toujours l’air de vouloir être copain avec tout le monde. Pas de présentatrice qui se force à faire des «grimaces citoyennes» pour souligner ses préférences idéologiques. Pas d'austère procureur du Politburo chargé de tourner en ridicule les suppôts de la réaction. On y voit des débats sur des sujets généralement intéressants, avec des invités variés, parfois avec des personnalités éminentes – par exemple des conseillers fédéraux, mais aussi un ancien ministre de la culture français – en face desquelles les journalistes qui les interrogent – principalement Fathi Derder1 et Pascal Décaillet – ont l’air au moins aussi compétents.

 

         Qualité technique, qualité intellectuelle, honnêteté intellectuelle aussi: les émissions ne trahissent aucun parti pris; les présentateurs ne laissent pas transpirer leurs convictions politiques par tous les pores de leur peau; le téléspectateur qui ne baigne pas dans le «politiquement correct» ne se sent pas insulté ni méprisé.

 

         Sans vouloir idéaliser excessivement les choses, on dira que La Télé est un média «normal», ce qui constitue une grande qualité par les temps qui courent, et ce qui contraste plaisamment avec la soupe que nous sert habituellement la télévision d’Etat du bout du lac, très abondamment financée par nos redevances obligatoires.

 

Pollux

 

1 Très médiocre dans ses contributions écrites au journal 24 heures, mais de bonne tenue intellectuelle lorsqu’il apparaît à La Télé.

 

 

 

L’affaire Polanski

 

         L’arrestation, samedi 26 septembre 2009 à Zurich, du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, aura un mérite durable et en cela, elle reste un cas d’école digne de figurer dans nos mémoires. Le cœur de la question est la prescription. C’est en effet autour de ce thème unique que s’est développée la polémique, et non à propos du simple respect de la légalité internationale et nationale. Les deux camps sont réellement irréconciliables. Il est évident que l’application régulière du droit ne peut susciter ni scandale ni contestation d’aucune sorte, à supposer, naturellement, que la norme de fond soit elle-même légitime sur le plan moral. Or le crime pour lequel cet artiste est poursuivi aux Etats-Unis est incontestable. Un retrait de plainte du lésé est en l’occurrence inopérant et ne constitue pas un argument en faveur de l’impunité: ce serait, dans ce cas, porter une atteinte très grave à la sécurité du droit, dont tous doivent pouvoir bénéficier même contre leur volonté.

 

         Mais, nous le constatons, les défenseurs de Polanski et lui-même d’ailleurs, apparemment, sont totalement imperméables à ce type de raisonnement. Pour eux, qu’il y ait ou non imprescriptibilité de l’action pénale, peu importe. On ne juge pas un homme de septante-six ans pour un crime commis trente-deux ans auparavant. Ceci a l’air d’un principe; en réalité, c’est une revendication très dangereuse de privilège crapuleux lié à une situation d’excellence mondaine. Les défenseurs de Roman Polanski ne semblent pas se rendre compte qu’ils reproduisent très fidèlement le comportement de la haute aristocratie  de cour à Versailles lors de l’arrestation du cardinal de Rohan dans l’affaire du collier de la reine. Louis XVI n’était plus reconnu apte à exercer son droit de punir dès lors que celui-ci s’appliquait à un membre particulièrement illustre de l’aristocratie de cour (cf. encadré).

 

         Ce fut le prélude juridique à la Révolution…

 

         Nos artistes, nos ministres français et polonais, se comportent avec l’insolence et la désinvolture des grands de Versailles en faveur du cardinal de Rohan, dont le rôle est tenu aujourd’hui par le célèbre cinéaste. Ils excusent le crime et veulent qu’on le déclare impunissable non pas au nom du droit mais des œuvres de l’accusé. Cette excuse est l’équivalent de celle de la naissance du prélat arrêté à Versailles.

 

         Nous saisissons ainsi l’essence de la question soulevée par cette arrestation. Quand une aristocratie exige l’impunité au nom de ce qu’elle estime sa propre excellence, l’atteinte au droit supérieur de l’Etat à faire respecter sa loi rend nécessaire sa confrontation directe avec les tenants d’un privilège odieux. Car il est dans ce cas de l’intérêt public d’humilier les grands afin de conserver l’estime des petits et des humbles, pour ne pas les pousser à la révolte ni égarer leur conscience par le scandale. On mesure très exactement la santé et la viabilité d’une société à ce genre de défi.

 

         Ce n’est donc pas un hasard si une telle exigence apparaît aujourd’hui. Notre pays garde toutes ses chances de respectabilité.

 

Michel de Preux

 

 

Outrages

 

         Monsieur Mathieu Kassovitz, acteur-réalisateur de son état, ne croit pas à la version officielle des attentats du 11 septembre. Il l’a dit publiquement, le pauvre naïf.

 

         Evidemment, il s’est aussitôt trouvé un ou deux journalistes particulièrement imaginatifs pour le comparer qui à Goebbels, célèbre spécialiste de la manipulation et de l’intoxication intellectuelle des masses abruties, qui à «l’historien révisionniste» Robert Faurisson, «négationniste» notoire, donc menteur invétéré et de surcroît extrêmement dangereux.

 

         Considérant, selon son avocat, qu’il avait «fait l’objet d’outrages d’une exceptionnelle gravité qui portent douloureusement atteinte à sa réputation, à son honneur et au-delà à sa famille dont il rappelle qu’une grande partie a disparu dans les camps de concentration nazis1», Mathieu Kassovitz a porté plainte contre les «diffamateurs» de l’Express et du Journal du Dimanche2.

 

         Le sieur Kassovitz a encore beaucoup à apprendre, en particulier que la vérité officielle ne saurait être mise en doute et que les fauteurs de troubles risquent gros quand les gardiens de l’orthodoxie font leur vilain travail.

 

         Porter plainte est bien risqué et peut se révéler extrêmement ruineux, c’est moi qui vous le dis. Il eût été plus expédient, plus économique et beaucoup plus injurieux de renvoyer la balle aux scribouillards incriminés en les comparant publiquement à l’épurateur soviétique Beria. Il est vrai que lesdits scribouillards n’ont probablement jamais entendu parler du «Himmler de Staline» et qu’il ne faut laisser passer aucune occasion de rappeler qu’on est une pauvre victime des seuls méchants du XXe siècle.

 

         Quoi qu’il en soit, je jubile à la pensée que les juges vont, cette fois-ci, se trouver le fondement entre eux chaises percées, sans loi de circonstance derrière laquelle se réfugier. Vont-ils une fois pour toutes faire de Robert Faurisson un démon aux pieds fourchus – pour Goebbels, c’est déjà fait – et condamner des journalistes qui ne manqueront pas de hurler au viol de la liberté de la presse? Vont-ils au contraire prêter le flanc au soupçon de banalisation du nazisme et du «négationnisme» en déboutant Mathieu Kassovitz en dépit de son apport essentiel à la culture de notre époque et de ses malheurs passés?

 

         Le suspense est insoutenable!

 

M.P

 

1 A l’heure où j’écris ces lignes, Roman Polanski ne s’est pas encore servi d’une évocation de ce genre pour faire avancer sa cause. Je me demande bien pourquoi.

2 Source: LEXPRESS.fr, 25 septembre 2009.

 

 

 

L’affaire du collier

 

L’affaire du collier de la reine révéla l’importance, à la fin de l’ancien régime, des jeux d’influence de la cour sur le personnel judiciaire dans une affaire d’escroquerie portant sur l’achat frauduleux d’un collier de diamants valant un million et demi de francs. Il s’agissait d’humilier publiquement l’épouse du roi Louis XVI, détestée à la cour, en lui imputant une responsabilité dans cette affaire à laquelle elle était parfaitement étrangère.

 

Le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg et grand aumônier de France, tomba amoureux de Marie-Antoinette, qui le méprisait… Pour obtenir les faveurs de la souveraine, il accepta de servir d’intermédiaire entre un charlatan, Cagliostro, et des joailliers allemands, pour l’achat d’un collier au nom de la reine de France, censée vouloir l’acquérir en secret compte tenu des difficultés budgétaires de la France à l’époque. Rohan, à la fois naïf et vaniteux, consentit à rencontrer la reine dans un bosquet, à Versailles, la nuit. C’est en fait une femme de chambre qui joua le rôle de Marie-Antoinette! L’affaire fut conclue à Londres, mais à la première échéance, la supercherie se découvrit. Le roi livra tous les protagonistes à la justice, dont le cardinal de Rohan. Mal lui en prit. Le Parlement de Paris acquitta purement et simplement Rohan à seule fin de discréditer la reine pourtant totalement étrangère à l’affaire, où son nom avait été utilisé à son insu.

 

Le rapport avec l’affaire Polanski est évident: un groupe de pression puissant tente, avec succès dans l’affaire du collier, de faire fléchir le droit et la justice par haine du pouvoir royal en l’occurrence. De même, des artistes protègent aujourd’hui l’un des leurs par mépris d’un ordre juridique applicable à tous s’il veut rester crédible. (mdp)

 

 

 

 

Les nouvelles aventures…

 

Nouvelles d’Allemagne

 

         Les 1er et 2 octobre, le Service d’information du révisionnisme mondial a rendu visite aux prisonniers d’opinion Sylvia Stolz et Ernst Zündel respectivement incarcérés à Heidelberg et Mannheim. Le moral et la santé des détenus sont bons.

 

         Si l’avocate Sylvia Stolz n’obtient pas la révision de son procès – et pourquoi l’obtiendrait-elle en ces temps de promotion des libertés démocratiques? –, elle sera libérée en avril 2011 après avoir purgé une peine de trois ans et demi pour révisionnisme.

 

         Quant à Ernst Zündel, à qui une libération anticipée a été une nouvelle fois refusée le 10 juillet pour cause de refus d’exprimer le fond de sa pensée – ce qui équivaut, naturellement, aux yeux de n’importe quel honnête juge allemand à s’entêter dans l’erreur –, il devrait quitter sa geôle le 1er mars 2010 si tout va bien, ce à quoi il ne croit pas trop. Il aura alors passé presque sept ans en détention si l’on tient compte de son «séjour» dans une cellule canadienne insalubre avant son extradition vers l’Allemagne.

 

          De toute façon, le révisionniste germano-canadien n’en a pas fini avec les ennuis: sa femme Ingrid fait l’objet d’un mandat international en raison de son site Internet révisionniste et ne peut quitter les Etats-Unis, dont, originaire d’Allemagne, elle est citoyenne par naturalisation. Or Ernst Zündel est interdit d’entrée aux USA pour vingt ans!

 

         Il me semble qu’en comparaison, les malheurs de Mathieu Kassovitz sont bien insignifiants.

 

M.P.

 

 

Eloge de la décroissance

 

«La croissance est devenue le veau d'or moderne, la formule magique qui permet de faire l'économie de la discussion et du raisonnement.»

 

Dominique Méda

Qu'est-ce que la richesse ? - 1999

 

         Il est surprenant que le syndic de la commune la plus insignifiante appelle de ses vœux, très régulièrement, la croissance, par quoi il entend généralement la croissance démographique (la seule qu’il soit susceptible de comprendre, à son niveau), et non la croissance économique qui ne lui est pas synonyme.

 

         Il est fier que le nombre des habitants de sa commune ait gagné 12 % depuis le dernier recensement et il le proclame. D’ici à supposer que ce gain de bipèdes va nous conduire inéluctablement vers des lendemains qui chantent, il n’y a qu’un pas que franchissent allègrement les rhéteurs de cantines.

 

         En soi, un accroissement de population ne signifie rien d’autre… qu’une augmentation de la population.  Si l’on espère qu’une telle augmentation entraînera une augmentation du produit intérieur brut, global ou par habitant, une meilleure répartition des richesses, une élévation du niveau de vie générale, encore faut-il que ces nouveaux habitants, gagnés par natalité ou par immigration, soient des acteurs économiques susceptibles de produire plus de richesse qu’ils n’en consommeront.

 

         Après la deuxième guerre mondiale, l’accroissement de la population suisse dû à l’immigration italienne, espagnole, portugaise et même balkanique fut fructueuse pour nous: grâce à une législation sur les saisonniers cruelle pour les intéressés mais très avantageuse pour nous, la Suisse a pu bénéficier pendant plus d’un demi-siècle d’une main-d’œuvre travailleuse, sérieuse, régulière et bien portante.

 

         La suppression du statut de saisonnier – statut qui interdisait le regroupement familial – et l’ouverture des frontières à toute l’Union européenne (et non seulement à la racaille d’Annemasse), aux travailleurs et à leur famille, change évidemment la donne.

 

         Il n’est plus du tout certain qu’une augmentation de la population corresponde à une amélioration de la croissance ou du développement, à une progression de la richesse ou à une meilleure qualité de vie, bien au contraire!

 

         L’AI est en faillite. Les caisses de pension sont en difficulté. Les Centres sociaux régionaux croulent sous les dossiers de personnes en état de grande précarité, les maîtresses d’école devraient parler quinze langues pour se faire comprendre de leurs classes, dont le serbo-croate, l’arabe, le bambara, le sarakolé, le foulani, le mandé, le malinké, le swahili, le lingala, le wolof, le dyula, le fang, le sénoufo, le haoussa, le kikongo et le mina.

 

         De façon générale, on peut affirmer sans une once de xénophobie que l’immigration exotique, constituée essentiellement de personnes sans qualifications professionnelles, mais dotées d’une grande famille, augmente la croissance (démographique) et diminue la richesse économique de tous.

 

         Je rêve d’un politicien qui aurait l’intelligence, et le courage, de prôner la nécessité de la décroissance démographique pour assurer une meilleure croissance économique: moins de monde, moins d’écoles, moins d’EMS, moins de stades olympiques, moins de 4x4 dans les villes, moins de centres d’accueil pour requérants d’asile et moins de rentiers AI dépressifs.

 

         Et le syndic pourrait fièrement proclamer, dans son allocution du 1er août: «Le nombre d’habitants a heureusement régressé, ce qui va améliorer de façon significative l’état de nos finances.»

 

         Vive la décroissance!

 

Claude Paschoud

 

 

Une question de prix

 

Guerre du lait

 

         Sentimentalement, je partage les angoisses des producteurs de lait et je suis d’ailleurs prêt à payer moi-même deux francs le litre de ce breuvage si le paysan peut recevoir un franc pour sa peine. Actuellement, le paysan ne sait pas le prix qu’on lui versera pour le lait qu’il livre et il s’irrite des marges prélevées par les distributeurs.

 

         Mais la révolte est vaine: il y a trop de producteurs, pour une demande insuffisante. La chute des prix éliminera les exploitations les moins rentables, ce qui fera diminuer l’offre et permettra l’adaptation des prix à la hausse.

 

         Mais le cycle continuera : alléchés par la hausse du prix, certains paysans se lanceront à nouveau dans la production laitière, jusqu’à la prochaine surproduction et le prochain effondrement du prix.

 

         En outre, l’homogénéisation du lait, sa pasteurisation, son conditionnement en briques ou en bouteilles, son transport dans les centres de distribution sont des services, dont le prix n’est pas négligeable. Je m’étonne qu’un consommateur puisse trouver «scandaleux» que l’ensemble de ces prestations coûte deux fois le prix du liquide, et trouve en revanche normal que le prix d’une bouteille d’eau plate, vendue au magasin, coûte deux cents fois la valeur du contenu.

 

Salaire des cadres supérieurs

 

         Il est question régulièrement, dans la presse populaire, des revenus des dirigeants de multinationales, que certains voudraient limiter à n fois le salaire du salarié le plus modeste de l’usine.

 

         Vous observerez que personne ne s’indigne des revenus d’un Zidane, d’un Federer ou d’un Tiger Woods, pas plus que des cachets perçus par Tokyo Hotel, ou des subventions allouées à Pro Helvetia.

 

         Il est pourtant probable que l’action du Dr Vasella, patron de Novartis, a été et est encore plus bénéfique pour l’ensemble de la Suisse que celle d’un Michael Jackson pour l’Amérique.

 

         Finalement, le salaire du président de Novartis ne concerne que les clients de cette entreprise et ses actionnaires. Et jusqu’à aujourd’hui, à ma connaissance, les grands groupes pharmaceutiques n’ont pas tendu la main pour obtenir des subventions publiques.

 

Le prix de la liberté d’expression

 

         Quel est le prix de la liberté d’expression? Si l’on en croit M. Olivier Français, conseiller municipal de Lausanne, qui a fait interdire sur le territoire de cette commune l’affiche des opposants aux minarets, «il faut mettre un terme à une liberté d’expression devenue excessive».

 

         Outre qu’une aussi colossale imbécillité mériterait à coup sûr le prix Champignac, il vaut la peine de s’interroger sur le prix qu’un peuple réputé évolué est disposé à payer pour la préservation de la liberté d’expression des autres !

 

         Or, chaque fois qu’une opinion pourrait être de nature à chagriner une frange marginale de la population, elle est stigmatisée comme raciste, haineuse, discriminatoire et évidemment inadmissible…. à condition toutefois que la minorité qui pleurniche ou qui s’indigne fasse  partie des groupes de pression que le politiquement correct se doit de caresser dans le sens du poil.

 

         Parmi ceux-là, évidemment, les Africains, les juifs et les homosexuels. Loin derrière, les musulmans (qui ont tous les droits chez nous, mais pas dans la bande de Gaza), eux qui sont les disciples d’un prophète pacifique – quoique pédophile – et les bienveillants protecteurs des dhimmis que nous sommes.

 

         Rien à voir avec d’autres sectes supposées maléfiques, comme l’Eglise de scientologie qui prétend guérir les toxicomanes – horresco referens – par l’abstinence, ou les raéliens, dont le Grand Maître s’est vu refuser une autorisation de séjour en Valais!

 

Le prix de l’impôt pour les chiens

 

         En mai 1985, je commettais un article d’humeur proposant de réclamer aux propriétaires de chiens un impôt proportionné aux nuisances sociales provoquées par ces bestioles, «mettons, de dix à vingt mille francs par année, selon la race».

 

         J’admettais néanmoins que pourraient en être dispensés «les chiens d’aveugles, les chiens d’avalanche et quelques autres, dont l’utilité sociale serait démontrée».

 

         Bon prince, je concédais qu’on pourrait prévoir également un rabais« pour les spécimens aphones, édentés et rasés, en dehors des agglomérations urbaines».

 

         Une avalanche de protestations salua mes propositions, que je réitère néanmoins aujourd’hui, au moment où une initiative vise à transformer l’impôt sur les chiens en une taxe affectée.

 

         Les initiants pourraient d’ailleurs bien se tirer une balle dans le pied, car si l’on comptabilisait la totalité des nuisances générées par les chiens, dans les lieux privés et publics, et qu’on fasse payer aux propriétaires le dédommagement de ces nuisances, grâce à une taxe affectée, on pourrait assez vite faire grimper l’impôt actuel d’un sérieux pourcentage.

         Finalement, ils l’auront bien cherché.

 

C.P.

 

 

 

Ne dites pas…

 

         Ne dites pas: «Dans la course à la succession de Pascal Couchepin, le “champion” Didier Burkhalter s’est affronté à plusieurs concurrents presque aussi brillants que lui et tout aussi désireux de servir le peuple souverain dans un esprit d’abnégation et d’humilité sans rapport avec le goût du pouvoir.» Dites: «Dans la course à la succession de Pascal Couchepin, le “champion” Didier Burkhalter a affronté plusieurs concurrents presque aussi brillants que lui et tout aussi désireux de servir le peuple souverain dans un esprit d’abnégation et d’humilité sans rapport avec le goût du pouvoir.»

 

Le pinailleur