Sommaire :
Une fois n’est pas coutume, c’est l’éditeur qui signe l’éditorial et qui
traite des objets de votation fédérale et cantonale en Pays de Vaud.
Encore une attaque du «politiquement
correct» contre Tintin !
Max a lu – et apprécié – un livre d’Aymeric
Chauprade. Il revient sur certains attentats aériens, sur les vantardises de
certains ministres, et sur les pollutions sonores.
Exceptionnel, comme d'habitude
Pollux se moque des précautions oratoires
visant à nous faire croire que la crapulerie est exceptionnelle.
Chronique mensuelle du pinailleur
Michel de Preux démontre qu’il est
contraire au droit naturel d’offrir au loup des animaux domestiques
Mariette Paschoud prend position sur un
des objets de votation cantonale du 27 septembre : l’accueil parascolaire
des écoliers en âge de scolarité obligatoire.
Chronique mensuelle du révisionnisme.
Dans le trop célèbre affaire Kadhafi, Claude Paschoud est convaincu que
la Suisse a accumulé les erreurs.
Mariette Paschoud ne sait plus s’il faut
voter pou ou contre Métamorphose.
Elle sait qu’il y aura trop de stades.
________________
Votations fédérales
Les deux objets fédéraux soumis à notre
appréciation sont de très inégale importance.
L’un d’eux nous propose la suppression
de l’initiative populaire générale,
innovation acceptée en votation populaire en 2003 mais pas encore entrée en
vigueur. On vient de s’aviser que cette nouveauté, dont les têtes pensantes de
la Confédération nous vantaient les mérites incomparables en 20011 est en réalité totalement inutilisable. C’est assez
plaisant. Je propose de voter OUI.
L’autre objet est plus sérieux.
Constatant la situation financière catastrophique de l’assurance-invalidité, on
nous invite à accepter une augmentation de la TVA de 7,6 à 8 % pendant sept
ans, comme financement additionnel de l’AI, durée pendant laquelle de nouvelles
mesures d’assainissement seront prises dans le cadre de la sixième révision,
mesures qui visent à ce que «les comptes de l’AI soient durablement équilibrés
lorsque le relèvement de la TVA prendra fin».
L’augmentation du taux de TVA
prendra-t-il vraiment fin en 2017 ? C’est bien peu probable, les impôts
provisoires ayant une fâcheuse tendance à devenir définitifs. Mais la question,
en réalité, n’est pas là. Il s’agit de mesurer la capacité des organes de l’AI
à diminuer les dépenses (je dis
bien: diminuer les dépenses et non
seulement maîtriser l’augmentation des
coûts), notamment en éliminant les rentes servies aux dépressifs et autres
chômeurs en fin de droit psychologiquement inaptes à se remettre au travail.
Les auteurs du projet ont raison de
tirer la sonnette d’alarme. Ils ont eu raison de proposer quelque chose. Et une
augmentation de la TVA de 7,6 à 8 % me paraît supportable. Enfin, s’il faut
augmenter un impôt, autant la TVA, payée par tout le monde, que la cotisation
AI financée seulement par les entreprises et par ceux qui travaillent. Je suis
donc tenté de voter OUI.
Mais je crains que les
milliards tombés du ciel n’incitent l’AI à s’endormir sur une fausse impression
de sécurité et ne la dispensent de prendre les mesures d’économie qui
s’imposent dès aujourd’hui.
Par signe de mauvaise humeur, pour
hâter la sixième révision et parce qu’il ne suffit pas, lorsqu’on dépense trop,
d’augmenter les recettes sans limiter ses dépenses, je voterai NON.
Dans le canton de
Vaud
Nos abonnés du canton de Vaud auront
encore quatre objets à leur menu. Le plus controversé, celui qui ignore les
clivages habituels gauche-droite, est l’initiative populaire dite «pour une police
unifiée et plus efficace» ou
«Opération d’Artagnan».
Lancée par des
gendarmes, elle vise à incorporer dans un corps cantonal à commandement unique
l’ensemble des force de police du canton.
De son côté, la
Convention entre le Canton et les communes vise à maintenir l’autonomie
communale et les corps de polices municipales, agents de proximité
indispensables.
Mon cœur penche pour le maintien des
polices municipales. Je voterai NON !
Un autre objet n’a suscité aucune
discussion ni opposition, c’est l’article constitutionnel sur les EMS. La constitution
vaudoise reconnaît déjà la responsabilité de l’Etat et des communes de
favoriser le maintien à domicile.
Cet article ne suffit pas au lobby des propriétaires d’EMS qui souhaite une
référence constitutionnelle à l’hébergement explicite. L’extension du réseau
des établissement médico-sociaux par la création de quelque cinq cents lits
supplémentaires d’ici à l’an 2011 sera malheureusement de nature à diminuer les
efforts entrepris pour maintenir à leur
domicile, aussi longtemps que possible, les personnes âgées, vulnérables,
dépendantes, handicapées ou en fin de vie.
L’initiative va en
revanche permettre à tous les propriétaires d’EMS, conventionnés ou non, de se
remplir joyeusement les poches: ils rationnent les soins autant qu’il est
possible et ils font payer leurs infrastructures par l’Etat. Avec un taux
d’occupation qui dépasse le 95 %, ils font rêver les hôteliers des zones
touristiques les plus branchées, qui, eux, doivent en outre financer
l’amortissement des bâtiments!
Tous les partis recommandent le OUI. Je
voterai résolument NON!
Claude Paschoud
[1] FF 2001 4608
Il insiste !
L’étudiant perpétuel congolais Bienvenu
Mbutu Mondondo dont j’eus le privilège de vous entretenir en septembre 2007, suite
à la plainte qu’il avait déposée en Belgique contre la société Moulinsart, en
raison du caractère prétendument raciste de Tintin
au Congo, est devenu comptable. On en serait ravi pour lui si, sa plainte
belge s’étant perdue corps et biens, il n’avait pas jugé opportun d’utiliser
son temps libre pour s’en prendre de nouveau, en France cette fois, au
caractère raciste et colonialiste de la
célèbre bande dessinée.
Je trouve que ce monsieur si
chatouilleux devrait se pencher sur les péchés d’autres dessinateurs belges.
S’il voulait bien s’intéresser à Spirou et Fantasio immortalisés notamment par
Franquin, il s’apercevrait que, dans les années cinquante, celui-ci a conçu et
illustré des scénarios hautement racistes – La
Corne de rhinocéros, Le Gorille a
bonne mine – mettant en scène des
«sauvages» peinturlurés dont les plus évolués parlent le petit-nègre.
Tout aussi scandaleusement, mais dans
un autre registre, Franquin s’associe à l’apologie très sportivement incorrecte
du dopage – Il y a un sorcier à
Champignac –, puisque le X1 inventé par le comte de Champignac donne à
celui-ci une force miraculeuse qui lui permet de s’enrichir rapidement – pour
la bonne cause, il est vrai – en gagnant aisément matches et courses.
Enfin, le sexisme n’est pas absent des
scénarios illustrés par Franquin: l’attitude paternaliste de Fantasio à l’égard
de sa collègue Seccotine aura gêné plus d’une féministe.
Pourquoi donc Bienvenu Mbutu Mondondo,
champion de la lutte contre les discriminations, ne s’en prend-il pas aux
hérésies de Franquin? La réponse gît peut-être dans le fait qu’il croit avoir
davantage de chances de succès en s’en prenant à un «extrémiste de droite»
notoire plutôt qu’à un homme non marqué politiquement. (mp)
Une Chronique du choc des
civilisations qui réveille
Aymeric Chauprade, auteur de l’ouvrage
cité en intitulé, est une cassandre. Les politiciens et les commandants-en-chef
de bureaux n’aiment pas les cassandres pour la propension qu’elles ont à
exposer ce qu’il ne faudrait pas. C’est sans doute pourquoi, par petitesse
descendue de haut lieu, il a été remercié de son poste de directeur du cours de
géopolitique au Collège interarmées de défense (jadis, plus clairement nommé
Ecole de Guerre) de Paris. Le fait n’est pas nouveau qu’au prétexte de la
raison d’Etat, quand ça n’est pas, plus prosaïquement, pour protéger les
intérêts de félons qu’ils dérangent, on s’acharne à bâillonner des analystes
par trop indépendants. Dino Buzzati en avait assez subtilement évoqué le
principe dans son Désert des Tartares
lorsqu’était confisquée une paire de lunettes d’approche non réglementaires
dont le grossissement excessif permettait d’observer ce qu’il ne fallait
surtout pas voir venir. Adoptant la bonne échelle d’observation, Chauprade va
chercher loin dans les millénaires l’explication logique d’événements récents
de portée majeure. A ceux de nos lecteurs désireux de ne point mourir myopes,
Max conseille cette remarquable chronique1 qui démontre avec une
redoutable efficacité où en est l’Occident et à quoi de tristes petits
maquignons politiques envisagent de livrer nos peuples anesthésiés. Ils
pourront compléter utilement cette lecture par celle de l’excellent n° 32 de la
revue Réfléchir & Agir (été 2009)2 qui donne à ce géopoliticien à
longue vue l’occasion de s’expliquer sur sa disgrâce; mais aussi la parole à
quelques autres de ces réprouvés de notre nouveau siècle... tous cassandres...
En instance de goulag ?
Vingt sur vingt pour un zéro (troisième partie)
Quelques jours après la parution du n°
386 du Pamphlet, Max a hérité d’un défunt diplomate certains documents
confirmant la plausibilité de l’hypothèse des vols «fantômes». Ils attestent de
manière irréfutable qu’aux Etats-Unis, à l’époque de la guerre froide (plus
particulièrement durant la crise de Cuba de 1962) et sous la responsabilité
directe du secrétaire d’Etat à la défense Robert McNamara, un certain nombre de
provocations avaient été étudiées afin de mettre en délicatesse le régime de Castro.
L’une d’elles consistait à substituer à un vol «civil», dûment rempli de
comparses, une doublure radioguidée que l’on aurait envoyée s’éparpiller en un
endroit quelconque du territoire américain cependant que son modèle, passé
au-dessous de la zone de couverture radar, se serait posé discrètement sur un
aérodrome secret. Convaincre de l’évidence d’un attentat castriste une opinion
publique dûment mise en condition n’aurait plus alors été qu’un simple jeu
d’enfant.
Dans la foulée de l’UBS (toujours la main prise dans le
hachoir à viande)
Trahissant au passage, sans états
d’âme, la confiance de sa clientèle privée étrangère, la banque susnommée, par
sa servile reconversion en auxiliaire fiscal au service de l’étranger (aussi),
a provoqué un fameux courant d’air. Et donc, emboîtant le pas aux vertueux
Etats-uniens, certain ministre voisin entreprend de monter à l’assaut de nos
coffres, tout cocoricant, flamberge au vent et brandissant gonfanon
portant en lettres de feu que les quelque trois mille évadés fiscaux
potentiels (dont il assure détenir les noms) n’ont qu’à bien se tenir en cas de
refus d’obtempérer à l’injonction de réamorcer la pompe à phynances de leur
Mère patrie. Tartarinade reprise sur les ondes officielles en trémolos
patriotiques sur les binious de Sainte Transparence. Antienne que la Teutonne
du nord, en grand déficit de popularité, s’apprête à adapter à ses ouailles
itou...
Max en informe son ami Lenaïf,
concitoyen du preux, que la nouvelle consterne:
« Mon
Dieu ! Mais que va-t-il advenir de tous ces zélés serviteurs de l’Etat et
autres fils de p........s3
(bien d’chez nous) qui comptaient tant, les pauvres, pour arrondir leurs
retraites, sur leurs matelas déposés en vos voûtes ? Ah ! Pour sûr
que c’est grand malheur de voir ça... »
Max n’a pas eu le courage de rassurer
son bon ami. Tout va très bien, farceurs, dormez en paix... Il n’y a que les
braves gens industrieux qui aient quelques raisons de s’inquiéter!
Pollution à l’usage intensif
des bêtes à manger du son
Aussitôt qu’il reçoit la Nation
et toute affaire cessante, Max va se divertir au coin qu’occupe, tapi en
embuscade en fin fond de quatrième page, le Ronchon. Ce perspicace manie la
mauvaise humeur avec une réjouissante dextérité. Ainsi s’irritait-il récemment
de ces fonds sonores, très approximativement musicaux, que l’on sert
d’autorité, en tout lieu et à tout propos, aux consommateurs captifs et
impuissants (les oreilles n’ayant pas de paupières). Ces épandages de sons, qui
mettent, avec une belle indifférence et dans un méritoire brassage
multiculturel (ci-après, par ordre analphabétique) MM. Akhenaton4,
Mozart (en arrangements) et Clayderman à la portée des caniches, alternant les
vagissements d’hôtesses d’accueil pâmées, les guimauves-de-mon-cœur et les
martellements syncopés de tapissiers-cloutiers, ont cependant, pour les sots,
des mérites: ils rendent l’encéphale optionnel, facultative la pensée et
impossibles les échanges d’idées.
Encore un petite poussée de décibels
et, sous peu, dans les lieux publics, au milieu des zombies, dans le calme
sidéral des grands vides cérébraux, on ne verra plus converser ensemble que les
mains des sourds-muets.
Max
l’Impertinent
1 Editions Chronique-Dargaud SA, 44 rue du Président Wilson, F-24000 Périgueux, ISBN 978-2205-06220-5.
2 Réfléchir & Agir Magazine, BP 80432, F-31004 Toulouse Cedex 6.
3 Huit petits points... pas trois!
4 Le rappeur, bien
sûr... pas l’hérétique!
Exceptionnel, comme d'habitude
Agression d’un policier à la gare de
Bex par des jeunes voyageant sans billet (24 heures du 08.09.2009). Meurtre au
couteau en plein jour dans un parc du centre de Lausanne, «pour un simple regard» (24 heures du 04.09.2009).
Démantèlement d’une «internationale de la
petite délinquance» dans l’ouest lausannois (24 heures du 20.08.2009).
Arrestation à Payerne de cinq «terreurs
de gare» qui tabassaient les passants pour leur voler leur téléphone
portable (24 heures du 30.07.2009). A Orbe, agression et menaces de mort
contre des automobilistes, puis contre des policiers, par un jeune chauffard
qui avait provoqué un accident (24 heures du 10.07.2009). A la gare
de Montreux, une quinzaine de jeunes attaquent la police ferroviaire à coups de
pierres (24 heures du 02.07.2009). Policiers blessés par une «foule hostile» et «scènes d’émeutes» à Lausanne (24 heures du 29.06.2009). Voyageurs
roués de coups par six jeunes dans un train entre Lausanne et Villeneuve (24
heures du 21.04.2009).
Interrompons ici cette liste – non
exhaustive et volontairement limitée au canton de Vaud et à ces derniers mois.
Il s'agit uniquement d'une recension de faits divers relatés par la grande
presse et que nous avons épurée, pour des raisons bien compréhensibles, de
toute référence à la nationalité ou à l'origine ethnique des délinquants.
Pourtant, même ainsi, il n'est pas sûr qu'une telle juxtaposition soit conforme
aux exigences du politiquement correct. En effet, un lecteur trop hâtif
pourrait avoir l'impression que ces actes de violence sont désormais monnaie
courante chez nous. Or il n'en est rien.
Car ces événements sont exceptionnels.
C'est ce que l'on apprend presque à chaque fois de la bouche d'un commissaire
de police ou d'un édile local «qui se veut rassurant» et qui
nous explique que de tels cas sont certes révélateurs d'une «tendance
préoccupante», mais qu'ils restent «heureusement plutôt rares,
plutôt isolés», qu'on ne peut pas vraiment parler de série, que le
phénomène n'est pas propre à notre région, qu'il faut éviter de généraliser et
à plus forte raison de céder à la psychose. Un peu comme dans l'ex-Union
soviétique lorsque des fonctionnaires s'ingéniaient à donner l'impression que
tout allait bien par peur que la révélation d'un problème ne les fasse passer
pour des ennemis du socialisme – avec tous les désagréments sibériens que cela
pouvait entraîner.
On est donc prié d'admettre que les
actes de violence impertinemment répertoriés plus haut constituent une suite
quasiment ininterrompue d'exceptions. C'est certainement
leur seul lien avec la langue française.
Pollux
Ne
dites pas, à l’instar d’un journaliste peu doué: «Dans le cadre de sa visite officielle de travail aux Etats-Unis, la
conseillère fédérale Mme Micheline Calmy-Rey, cheffe du Département fédéral des
affaires étrangères, a eu un entretien aujourd’hui à Washington avec la
secrétaire d’Etat Mme Hillary Rodham Clinton.» Dites: «Dans le cadre de sa visite de travail officielle aux Etats-Unis, la
conseillère fédérale Micheline Calmy, chef du Département fédéral des affaires
étrangères, a eu un entretien aujourd’hui à Washington avec la secrétaire
d’Etat Hillary Clinton.» Vous pouvez dire aussi: «(…) Madame Micheline Calmy, conseillère fédérale et chef du
Département fédéral des affaires étrangères, a eu un entretien (…) avec Madame
Hillary Clinton, secrétaire d’Etat.»
Le pinailleur
Il y a dans l’actualité des débats
n’ayant pas lieu d’être dans la mesure où certains principes généraux vont de
soi. Celui-ci, par exemple: dans le canton de Lucerne, un loup pourra être
abattu après avoir égorgé vingt-sept moutons, et encore! dans un délai de
soixante jours. Débats dans la presse. Qu’en penser?
Protéger la faune est légitime;
dénaturer des rapports entre animaux ne l’est plus du tout. Les victimes de
prédateurs carnassiers, félins en Afrique ou en Asie, loups dans nos pays, ont
dans leur constitution et leur instinct des moyens de défense parce qu’elles
sont des animaux sauvages. Ce n’est
pas le cas des animaux domestiques. En
conséquence, ce n’est pas favoriser les qualités propres de chasseur d’un
prédateur naturel que de lui offrir pratiquement des mangeoires de chairs
vivantes; c’est même, par un renversement des normes de la nature, le traiter
en quelque sorte en animal lui aussi domestique. Il y a, dans la tolérance de
ces pratiques, un authentique mensonge écologique.
Le système juridique qui autorise ce
genre d’abus, voire l’encourage par des indemnisations dont le caractère
perfide est démontrable, est lui-même antinaturel et l’on peut affirmer qu’il
heurte aussi la morale, car nous avons des devoirs envers les animaux, ce que
le publiciste bernois Charles-Louis de Haller, fils du célèbre Albert de
Haller, reconnaissait explicitement dans son traité de science politique, au
chapitre XIV de l’Introduction, consacré aux bornes de la puissance. Ce qui
frappe dans ces nouvelles normes et l’insensibilité que celles-ci révèlent chez
le législateur, c’est que l’on y conçoit un prétendu droit d’exposition au
danger délibéré d’êtres vivants placés naturellement
sous la protection humaine, alors que ce comportement est un délit; c’est qu’il
faille un nombre suffisant de victimes pour justifier une attaque de prédateur,
de qui, par ailleurs, on dénature l’instinct de chasse.
Il y a dans cette dissociation de la
puissance et du devoir de protection, qui lui est naturellement lié, une grave
dérive dans la pensée juridique. Et l’on perçoit cette dérive ailleurs que dans
ce domaine précis, à l’intérieur des rapports humains, tant sur le plan
séculier que religieux. Le Christ nous en avertit en nous apprenant à nous
méfier des loups déguisés en agneaux. N’en disons pas plus, mais rappelons
simplement le mot du roi Salomon, dont la sagesse inspirée dénonce ici
clairement ce retour à la barbarie: «Le
juste prend soin de la vie de ses bêtes, mais les entrailles des méchants sont
cruelles.»1
Michel de Preux
1 Proverbes, chap. XII, verset 10.
L’un des quatre objets sur lesquels les
Vaudois devront se prononcer le 27 septembre est le nouvel article
constitutionnel 63a qui traite de l’accueil parascolaire des écoliers en âge
de scolarité obligatoire et stipule que,
en cas d’acceptation, les communes organiseraient, en collaboration avec l’Etat
– entendez sous surveillance de l’Etat – et des partenaires privés, une prise
en charge des écoliers en mal de parents le matin avant le début des cours, à
midi et l’après-midi après la fin des cours. Cette disposition, qui se veut «une réponse à l’évolution de la société»1
a obtenu au Grand Conseil «une très large
majorité, avec quelques avis contraires et quelques abstentions». On ne
nous donne pas de chiffres ni de noms. Sans doute sommes-nous tous censés lire
avec régularité et passion les comptes rendus des débats de notre parlement
cantonal. D’ailleurs, tout le monde sait que l’UDC est la seule formation
politique opposée aux sages mesures qui permettront aux mères désireuses ou
contraintes d’exercer une activité professionnelle, ainsi qu’aux pères veufs ou
divorcés avec enfants, de vaquer à leurs occupations en toute tranquillité
puisque l’Etat nounou veillera sur leur progéniture par communes et partenaires
privés interposés.
Malheureusement, Nounou n’a pas pensé à
tout: qu’advient-il, dans ce beau projet, des mères célibataires, veuves ou
divorcées, des pères chargés de l’éducation de leurs enfants en cas de travail
de nuit? Quid des chauffeurs de taxi, des serveurs, des employés des chemins de
fer, des policiers, qui sont appelés à travailler toute la nuit ou au moins
jusque tard le soir? Ne conviendrait-il pas d’organiser un accueil parascolaire
nocturne? Et pourquoi pas un accueil parascolaire dominical? Il y a des tas de
gens qui travaillent le dimanche!
Actuellement, la loi sur l’accueil de
jour des enfants (LAJE) s’applique aux bouèbes
qui n’ont pas atteint l’âge de douze ans. La nouvelle disposition
étendra la sollicitude de Nounou aux adolescents qui n’auront pas terminé leur
scolarité obligatoire, soit à des garçons et filles en plein «âge bête», dont
on sait qu’ils ont besoin d’un savant mélange d’encadrement et de liberté et
qu’ils sont souvent arrogants, voire agressifs. «Accueillir» ces jeunes gens «dans les locaux scolaires ou à proximité»
en compagnie, forcément, d’enfants plus jeunes, voire carrément petits ne me paraît
pas vraiment judicieux.
Certaines communes possèdent déjà des
structures d’accueil. L’accueil pour enfants en milieu scolaire (APEMS) conçu
pour les élèves de l’école primaire fait merveille à Lausanne, il faut le dire,
et épargne à de nombreux parents le souci de trouver des solutions originales.
Mais le problème n’est que reporté, puisqu’il n’existe plus rien de tel à
partir de l’école secondaire, sous réserve de réfectoires. C’est alors qu’il
faut faire preuve d’imagination. C’est alors qu’on découvre la réalité, à
savoir que la mère socialement non évoluée d’un condisciple peut accueillir
Fifils ou Fifille moyennant une modeste pension; qu’un adolescent normal est
parfaitement apte à faire ses devoirs à la maison, seul ou avec un copain, en
attendant le retour de papa et maman; qu’il y a des amis, des parents, des
voisins aimables et serviables; que la notion de réciprocité permet toutes
sortes d’arrangements satisfaisants du genre «Je garde ton gamin, tu me prêtes
ta voiture à l’occasion», «Je surveille les devoirs de ta fille la semaine, tu
fais de temps en temps mes courses le samedi».
Il est tout de même extravagant qu’à
notre époque où tout le monde doit être solidaire de tout le monde, l’Etat
prétende agir comme si l’entraide entre particuliers relevait du conte de fées.
Je voterai NON le 27 septembre.
Mariette Paschoud
1 Brochure explicative du Conseil d’Etat p.13
Peut-être y verrez-vous paresse, mais
je ne résiste pas au plaisir de publier la fin d’une lettre que le professeur
Robert Faurisson a adressée récemment à son beau-frère qui le soupçonne de
n’être révisionniste que par goût pour l’activité de «fouille-merde»:
A
propos de cette rencontre autour d’un verre, je me souviens que, faisant
allusion à mon combat révisionniste, tu m’as dit, gentiment et avec le sourire,
que j’étais un «fouille-merde» (sic). (…)
Le
scientifique que tu es doit savoir que, si la science est allée de l’avant,
c’est grâce à la pléthore de «fouille-merde» qui ont «nié l’évidence», «cherché
à y voir de plus près», «voulu revoir», quitte à contrarier femme, enfants,
famille, belle-famille, le ban et l’arrière-ban, les donneurs de leçons morales
et autres ainsi que les gros malins qui savent, eux, que rien ne vaut les
charentaises, les honneurs, la bonne réputation.
J’ose
espérer qu’un jour, à mon enterrement ou peu après, tu iras disant: «J’ai connu
Robert Faurisson. Il était mon beau-frère. Son malheur tient en quelques mots:
il était un chercheur; mieux ou pis, il était un chercheur qui trouvait; encore
mieux ou encore pis, il trouvait ce qu’il ne fallait pas trouver.» Ainsi
soit-il! – Bien à toi. RF
Que celui qui a des oreilles pour
entendre entende!
M.P.
L’affaire libyenne prend des proportions absurdes. Le
colonel Kadhafi n’est certes pas un personnage sympathique, et il est bien
fâcheux que nos deux malheureux compatriotes soient «coincés» à Tripoli; sans
doute est-il contrariant que l’interprétation de l’accord négocié par M. Merz
ait donné lieu à des malentendus…
Mais, n’en déplaise à la meute des va-t’en guerre qui rêvent
d’en découdre, c’est la Suisse qui est la responsable principale de ce sac de
nœuds.
La première faute
La première faute, et elle est grave, est celle de la police
et de la justice genevoises, qui ont commis une lourde erreur d’appréciation en
incarcérant Hannibal Kadhafi, fils du leader
libyen, et son épouse, pour une faute bénigne (présomption de voies de fait)
qui n’aurait jamais valu un tel traitement et une telle humiliation au citoyen
genevois lambda.
Quand on sait que des meurtriers, des escrocs et des voleurs
ne passent pas une heure au «violon» mais sortent libres du cabinet du juge
d’instruction, en attendant la convocation à leur procès, on se demande quelle
mouche a piqué l’officier de police et le juge responsables de cette
incarcération absurde, pour un délit qui ne se poursuit que sur plainte… et qui
n’existe même plus en cas de retrait de plainte!
La deuxième faute
L’affaire aurait pu être circonscrite, si les autorités du
bout du lac avaient rapidement fait amende honorable, en avouant la maladresse
de leurs agents et l’inexpérience de leur magistrat. Il a fallu au contraire
que les Genevois en rajoutent dans l’arrogance et la sottise, bientôt suivis
dans la Suisse entière par une cohorte de matamores et de tartarins aussi bêtes
que leur modèle. On a même lu ici et là qu’«il
faudrait envoyer en Libye un commando de grenadiers parachutistes pour libérer
les otages»!
Il fallait faire des excuses, et il fallait le faire vite.
Au besoin, si le gouvernement de la République et canton de Genève
tergiversait, il fallait que le gouvernement suisse présente ses excuses, comme
un père de famille assume moralement et civilement les sottises de ses enfants
mineurs ou débiles.
La troisième faute
La troisième faute a été, dès le départ, de considérer que
nos deux compatriotes empêchés de rejoindre la Suisse étaient des «otages» dont le gouvernement suisse
devait se soucier officiellement. On
a pris bruyamment fait et cause pour ces deux malheureux, qui ne sont pourtant
nullement incarcérés, et qui se sont rendus en Libye – à ma connaissance – de
leur plein gré pour y faire des affaires ou pour y travailler, avec des visas
de touristes.
Chez nous, le fait de cacher le but réel de son séjour ou le
fait d’exercer une activité lucrative, pour un étranger bénéficiant d’un visa
de tourisme, est une infraction grave à la loi sur les étrangers, passible
d’une peine privative de liberté.
Les infractions dont se sont éventuellement rendus coupables
nos compatriotes auraient juste mérité que nos représentants diplomatiques à
Tripoli leur conseillent les services d’un bon avocat, éventuellement exercent
des pressions discrètes pour faire avancer le dossier. Prendre officiellement
et publiquement leur parti sans connaître le dossier, les qualifier d’«otages» et envoyer notre ministre des
affaires étrangères, puis le président de la Confédération, dans des avions
spéciaux, dans le but avoué de les ramener en Suisse avant même d’avoir obtenu
le feu vert des autorités locales était le signe d’un grand optimisme, d’une
grande naïveté, mais surtout d’une nouvelle et grave grossièreté.
Conclusion
Contrairement à ce qu’on lit çà et là, ce ne sont pas les
institutions qu’il faut modifier, pour éviter un cafouillage semblable à celui
qui nous a été offert par les duettistes Calmy-Merz depuis une année, mais les personnes. A moins de modifier
radicalement les fondements mêmes de la Suisse et de transformer notre Etat
fédératif en monarchie héréditaire, le problème du pouvoir est hélas insoluble.
Depuis l’éjection du père, les garnements du Conseil fédéral nous offrent le
triste spectacle d’une bande de gamins irresponsables, solidaires lorsqu’il
s’agit de vider l’armoire à confitures, mais désemparés à la première crise
qu’ils n’ont su ni prévoir ni gérer.
Pris de court par la crise financière, par la crise
économique, par la menace de pandémie grippale, par les attaques du G20, par
les «otages» suisses de Libye et par le déficit abyssal de l’AI, nos
conseillers fédéraux courent dans tous les sens, chargés de sparadraps, se
croisent et se contredisent dans une consternante cacophonie.
Le plus sage, aujourd’hui, et le plus urgent, est de faire
savoir à Tripoli que la Suisse se désintéresse totalement du sort de MM. Max
Göldi et Rachid Hamdani, qui n’étaient chargés d’aucune mission officielle, et dont le gouvernement n’a pas à se préoccuper.
Ces deux messieurs rentreront en Suisse quand leur dossier sera traité, dans
une semaine ou dans deux ans, qu’importe. La Confédération n’a pas à s’en
soucier, encore moins à payer un centime pour leur «libération».
Claude
Paschoud
Acceptez-vous
l’initiative populaire «Pour l’installation dans la région de la Pontaise des
stades de football et d’athlétisme prévus sur les rives du lac par le projet
“Métamorphose”»?
C’est à cette question et à elle seule
que devront répondre les Lausannois lors des votations du 27 septembre.
Ainsi que nous le rappelle la brochure
explicative publiée par la Commune de Lausanne au sujet de cette importante
votation, «Métamorphose constitue le projet majeur de développement
de la ville de Lausanne pour les 15 à 20 prochaines années. (…) Il s’inscrit
dans le cadre du programme de législature et représente le volet lausannois du
projet d’agglomération Lausanne-Morges (PALM).»
Ces beaux projets visent à préparer
l’arrivée sous nos cieux de plusieurs dizaines de milliers de nouveaux
habitants dans les années à venir, et prévoient la modernisation des
infrastructures – sportives notamment –, le développement des réseaux de
transports publics, la construction de nouveaux logements et la création
d’emplois, le tout sur fond d’écologisme dégoulinant.
Métamorphose
prévoit entre autres choses de créer des infrastructures sportives de
qualité. Lausanne n’est-elle pas capitale olympique? La Ville ne saurait donc
se contenter de moderniser le stade de la Pontaise et les piscines existantes.
Il lui faut, outre un stade consacré à l’athlétisme, un stade de football à
l’anglaise de treize mille places, une piscine olympique couverte et un
boulodrome. A l’origine, toutes ces installations devaient voir le jour au sud
de la ville, à proximité du lac, donc bien loin de la Pontaise qui allait voir
disparaître son stade olympique. Les défenseurs du quartier ayant poussé des
cris d’orfraie, on leur a consenti en échange le stade d’athlétisme, sans
succès comme en témoigne l’initiative sur laquelle les Lausannois doivent voter
le 27 septembre.
Le habitants de la Pontaise sont bien
ingrats, car la perte de leur stade bien-aimé sera compensée par un véritable
paradis. C’est leur quartier, en effet, qui aura l’insigne honneur de se
transformer en éco-quartier ou quartier durable caractérisé par «une faible consommation d’énergie, le souci
de la qualité de l’eau et de l’air, une limitation de l’usage des véhicules
individuels, mais également une mixité sociale et générationnelle, ainsi que la
création de nombreux espaces verts». Hélas! il n’y a rien à faire. Ils
veulent garder le foot et l’athlétisme.
Et c’est là que les choses se gâtent
pour le citoyen soucieux de voter en toute connaissance de cause, car il
n’arrive pas à déterminer l’enjeu du vote. Le texte de l’initiative parle des stades de football et d’athlétisme.
On est donc fondé à penser que les initiants réclament deux stades, ce que
confirment leurs adversaires. Or, à en croire les explications du comité
d’initiative par la voix de sa présidente Jacqueline Audemars1, le
but de l’opération est de sauver le stade de la Pontaise en tant que stade
mixte: «Le Stade de la Pontaise a fait
ses preuves. C’est une piste d’athlétisme de rêve qui compte plusieurs records
du monde à son actif. C’est aussi l’une des meilleures pelouses de football de
Suisse. (…) Rénové et modernisé, ce symbole identitaire pourra continuer d’être
le stade polyvalent capable d’accueillir, comme jusqu’ici, de grandes
manifestations sportives et des concerts mythiques, de Michael Jackson aux
Rolling Stones.»
Pour Michael Jackson, ça va être
difficile, et le «symbole identitaire»
augure mal de la mixité sociale et générationnelle du futur éco-quartier.
Mais la question n’est pas là. La
question est: qui nous ment? Sont-ce les tenants inconditionnels de Métamorphose et de ses projets
mégalomanes, aux fins de déconsidérer les défenseurs de la Pontaise et leurs
partisans, susceptibles d’enrayer leur marche triomphale vers les paradis
sportifs? Faut-il croire, au contraire, que l’idée de départ des auteurs de
l’initiative était bien de disposer de deux stades distincts, idée qu’ils
auraient abandonnée en cours de route pour des raisons de cohérence mais qui
serait, par la force des choses, restée gravée dans le texte soumis au vote?
Je n’en sais rien et ça m’agace. Je voterai donc blanc
le 27 septembre.
M.P
1 24 heures du 12 septembre. Voir aussi la brochure explicative de la Commune de Lausanne, p. 8.