Lausanne 39e année      «ne pas subir»      Juin  2009 No 386

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste relève l’incohérence de notre époque, relativement à la protection de la vie humaine.

 

L'avis de Louise Cougnard

Comme de coutume, Mme Louise Cougnard n’est pas contente

 

Bricoles

Où il est question d’homophobie, de hooligans, d’économies sur les coûts de la santé, des ayatollahs anti-fumée, d’alccolisme et de la HALDE.

 

En direct de Sirius

Max évoque avec nostalgie l’Afrique de nos parents, et se penche à nouveau sur les attentats du 11 septembres 2001, en observant que les conclusions de l’enquête officielle tentent de promouvoir une vérité hautement improbable.

 

Lettre d’un contribuable français

Un de nos correspondants français a écrit à l’administration fiscale

 

Ne dites pas

Chronique mensuelle du bon usage

 

Comme un vol de charognards au-dessus de

l’océan

Pollux décrit le bénéfice que la presse quotidienne tire des catastrophe aériennes.

 

Les Hautes Ecoles spécialisées victimes de l’administration.

La fédération des associations de professeurs des HES dénonce le poids grandissant de l’administration, qui n’est plus un soutien pour l’enseignement, mais une charge.

 

Vacances

Le Pamphlet ne paraît pas pendant les mois de juillet et d’août.

 

 

 

 

Editorial

        

         Décidément, l’incohérence est la marque distinctive de notre époque.

 

         Le dimanche 31 mai à Wichita, Etats-Unis, un cinglé «proche des milieux anti-avortement» mais ayant «agi seul», selon le procureur de l’Etat du Kansas1, abattait à l’église un médecin spécialisé dans les avortements tardifs, c’est-à-dire dans les interruptions de grossesse pratiquées après vingt-deux semaines de gestation. L’affaire n’a pas occupé la presse très longtemps, mais il était patent que sa sympathie allait toute à ce bienfaiteur de l’humanité, père de quatre enfants et pilier de sa paroisse. On sentait que même si les milieux anti-avortement n’étaient pas directement impliqués ils étaient au moins moralement suspects.

 

         Evidemment, on ne saurait approuver qu’un individu en tue un autre, même en cas de divergences sur des points essentiels. Mais les articles que nous avons lus sur le sujet ne mentionnent nulle part que ce bon docteur extirpait parfois du ventre de leur mère des enfants qui auraient été viables avec des soins appropriés. Le fait que ces enfants étaient atteints de malformations ou d’incapacités cérébrales majeures n’y change rien. C’étaient des enfants du Bon Dieu et le pieux médecin père de famille nombreuse n’était rien d’autre qu’un tueur multirécidiviste.

 

         Apparemment, aux Etats-Unis, on condamne lourdement les assassins, y compris les assassins de handicapés, sauf quand ils tuent des petits infirmes de moins trois mois – dans le meilleur des cas! A ceux-là, on fournit des gardes armés, afin de les protéger des militants anti-avortement2!

 

         Nous voulons espérer que le défunt docteur ne pratiquait pas d’avortements «tardifs» sur des enfants que leur mère avait cessé de désirer, et qui auraient donc été exposés, menés à terme, à une vie extrêmement difficile…

 

         Une autre incohérence implique les protecteurs de la santé et ceux du climat.

 

         Nous n’avons pas besoin de vous rappeler le bruit et la fureur qu’engendre la fameuse grippe porcine. Il faut prendre des mesures, isoler les malades, trouver des vaccins. Bref, il faut éradiquer ou au moins circonscrire le «fléau» à tout prix, afin de sauver des vies humaines.

 

         D’un autre côté, une ONG australienne «lève le tabou»3 et déclare qu’il faut limiter la population pour sauver le climat.

 

         Comment s’y prendre?

 

         L’ONG en question, qui porte le doux nom de Sustainable Population Australia4, évalue à 41% les naissances non désirées à l’échelon de notre planète et demande leur réduction. «S’assurer que chaque enfant qui naît est attendu est le moyen le plus rapide et le plus efficace de réduire l’impact humain sur l’environnement, y compris sur les émissions de GES», déclarent ces avorteurs potentiels, qui doivent pleurer très fort l’«interrupteur» américain.

 

         Nous croyons aussi que la terre est un peu trop peuplée pour sa santé.

 

         Mais, contrairement aux écolos australiens, nous pensons qu’il faut laisser le climat limiter la population.

 

Le Pamphlet

 

1 Communiqué AFP du 2 juin 2009.

2 www.mtlurb.com/forums/showthread.php?t=12994

3 Communiqué AFP du 11 juin 2009.

4 Traduction approximative: Population durable d’Australie.

 

 

cougnard

 

L'avis de Louise Cougnard

        

Madame la rédactrice en cheffe,

 

         Je suis actuellement en convalescence chez ma petite-nièce suite à une opération de la cataracte. Il se trouve que ma colinette – c'est comme cela que j’appelle ma petite-nièce, parce que je l’aime beaucoup – avait en sa possession le dernier numéro de votre abominable feuille de chou. Je lui ai bien entendu fait part de ma déception, mais elle m’a expliqué que c’était pour la préparation de son doctorat. Car ma petite-nièce est très intelligente; elle rédige un travail de sciences politiques sur l’évolution de l’extrémisme de droite chez les femmes entre 2000 et 2009 dans les zones urbaines de la région lémanique. Heureusement qu’il y a des gens comme elle pour se préoccuper des véritables problèmes de notre société.

 

         Ma colinette m’a lu – moi, j'ai de la peine à lire à cause de mon opération – les propos ignobles de votre affreux collaborateur Monsieur Pollux qui dit paraît-il toujours des méchancetés sur les gens très bien. Il s’en prenait cette fois au remarquable travail des géographes et à leurs conclusions sans appel sur la discrimination en milieu scolaire. J'ai longuement hésité avant de m’abaisser à vous faire part de mon indignation, mais ma petite-nièce m'a convaincue que ne pas réagir revenait à cautionner des propos qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire. Elle a un ami géographe qui est très poli et qui lui a assuré que les étrangers et spécialement ceux qui vivent à la Bourdonnette parviennent moins facilement à faire des études supérieures alors qu'ils sont très intelligents. Ma coiffeuse m'a d'ailleurs raconté que le fils de sa concierge sera obligé de faire un apprentissage alors même qu’il parle très bien le portugais et a obtenu le prix de dessin.

 

         Cette situation scandaleuse perdure à cause de fascistes dans votre genre, et aussi à cause des patrons et des banquiers qui ne sont intéressés que par le profit et qui reçoivent de l’argent de la Confédération au détriment des plus démunis et des géographes. Heureusement qu’on a Madame Lyon au gouvernement vaudois et qu’elle consacre beaucoup d'énergie à lutter contre la discrimination. J’ai voté pour elle et toute ma famille a fait de même, à l'exception de mon beau-fils qui subit toujours l'influence délétère de votre canard boiteux (ce jeu de mots m'a été soufflé par ma petite-nièce, qui est très intelligente et qui a beaucoup d’humour). Il paraît que Madame Lyon prépare un contre-projet à l’initiative Ecole 2010 qui a été conçue par des affreux rétrogrades nostalgiques de l’école de grand-papa. Je vais donc écrire à notre conseillère d’Etat, sur le conseil avisé de ma colinette, pour lui demander de prévoir dans la loi des quotas d’étrangers dans toutes les classes et à tous les niveaux. Grâce à cela, l’égalité des chances sera réalisée, les xénophobes que vous êtes seront bien embêtés et le travail des géographes sera enfin mieux valorisé.

 

         Je ne vous salue pas.

 

Louise Cougnard

 

 

 

Bricoles

 

L’horreur!

 

         Chaque jour ou presque est journée mondiale de quelque chose. Le 17 mai, c’était le tour de la lutte contre l’homophobie. A cette occasion, les Jeunesses UDC valaisannes ont «[poussé] loin la provoc.», nous dit le Matin Bleu du lendemain. Jugez-en: Grégory Logean, président des provocateurs en question «a “fermement condamné la banalisation de l’homosexualité” dans un texte lisible sur le site cantonal du parti»; pire: il ose prétendre que «la promotion de ce choix de vie menace l’équilibre psychique et moral de la jeunesse». Le journaliste de service, Raphaël Pomey – qui ira loin, je peux vous le dire, compte tenu des «qualités» requises pour faire carrière dans une certaine presse –, voit dans ce «dérapage» un possible «pétage de plombs».

 

         Inutile de dire que les milieux homosexuels sont scandalisés, bouleversés, atterrés, et appellent de leurs vœux une loi «permettant de condamner ces propos homophobes». En attendant le jour béni qui verra leur revendication satisfaite, ils se servent de la norme antiraciste. Ils sont comme ça, les champions de la tolérance et de l’ouverture à l’autre: cohérents.

 

         Ajoutez à cela qu’Oskar Freysinger, président de la section valaisanne de l’UDC, a refusé de retirer du site le texte incriminé sous le fallacieux prétexte que celui-ci «ne comporte pas d’insultes» et que lui-même n’est pas un policier de la pensée, et vos yeux horrifiés contempleront le désastre dans toute son étendue.

 

Ce n’est pas pour rien que la prose de Monsieur Pomey porte ce titre dramatique: Des jeunes UDC sombrent dans l’homophobie. (mp)

 

Solution

 

         Les hooligans sévissent désormais à la fin de tous les matches de football, et l’on ne compte plus le nombre des blessés et le montant des dégâts. Toutes les mesures visant à repérer les fauteurs de troubles et à les maintenir à l’écart des stades ont échoué, ainsi que nous l’apprend le Matin Bleu du mardi 19 mai. Répondant à la question «Que faire contre les hooligans?», la jeune Deborah, dix-neuf ans, déclare: Tant qu’il y a de la violence, il faudrait des matches à huis clos On ne peut plus aller au stade en famille.»

 

         Ce n’est pas si bête et on plaint beaucoup les innombrables familles privées de leur plaisir par les voyous. Mais ne serait-il pas plus simple encore d’interdire carrément les matches? En effet, l’esprit de compétition ayant cédé la place au spectacle, on voit mal les équipes de football accepter de jouer sans public, gratuitement, juste pour la beauté du sport.

 

         Le premier médecin venu vous le dira: le plus sûr moyen de guérir un mal est d’en éradiquer la cause. Supprimons les matches sur tout le territoire de la Confédération, grâce à une loi fédérale naturellement, et les violences disparaîtront, ainsi que les dizaines de blessés qu’elles engendrent. Quelle économie pour le budget de la santé! (mp)

 

Economies

 

         Le conseiller fédéral Pascal Couchepin, chef du Département fédéral de l’intérieur, s’est mis en tête de faire baisser les coûts de la santé. Il fourmille d’idées, il faut le dire. L’avant-dernière consiste à introduire une taxe de consultation de trente francs censée dissuader les gens de recourir à leur médecin pour un oui ou pour un non. La dernière, qui, à la suite du tollé provoqué par ladite taxe, vise à corriger quelque peu le tir par la mise en place d’un service de conseil téléphonique gratuit auprès des assurances, permettrait dans certains cas d’éviter une consultation et, donc, la dépense de trente francs.

 

         Cette nouvelle fausse bonne idée annoncée par la presse du 19 mai a créé elle aussi des remous. Les défenseurs des sourds et des étrangers sont montés au créneau. En effet, il tombe sous le sens que les «malentendants» et les allophones ne pourront pas bénéficier de cette mesure dès lors discriminatoire, nous dit-on. On notera que personne n’a pensé à se plaindre au nom des gens qui n’ont pas le téléphone!

 

         Il me semble qu’un sourd ou un allophone pourrait recourir à un tiers «bienentendant» ou bilingue pour profiter du conseil téléphonique. Il n’y a donc pas lieu de faire toute une affaire de cette prétendue discrimination.

 

         En revanche, je ne vois pas très bien comment ce système pourrait fonctionner gratuitement. Puisque le service devrait être mis en place par tous les assureurs, selon un communiqué ats du 29 mai, et quand bien même la ligne téléphonique serait exploitée par des «entités indépendantes des caisses maladie», il faudra bien que quelqu’un paie les donneurs de conseils et les communications. Et ce quelqu’un sera forcément l’assuré, soit par une répercussion des coûts sur ses primes d’assurance maladie, soit sous forme d’impôts si le service est financé par des subsides fédéraux.

 

         Quand donc nos autorités cesseront-elles de nous prendre pour des gogos et de jongler avec l’argent dont elles disposent comme s’il ne sortait pas de nos poches! (mp)

 

Bonne nouvelle

 

         Lu dans 20 minutes du 19 mai sur la garantie des prestations: «Le Canton [de Vaud]a signé un accord avec dix-huit assureurs maladie pour éviter les suspensions de prestations pour primes impayées. L’Etat paiera 85% des montants irrécupérables.» Et moi qui croyais que les petits revenus bénéficiaient de subsides pour leurs primes! D’où viennent donc ces primes impayées? Probablement de gens qui sont trop «riches» pour bénéficier des subsides et trop «pauvres» pour assumer leurs primes d’assurance maladie obligatoire.

 

         En tout état de cause, nous pouvons nous réjouir: non contents de payer des primes et des taxes toujours plus élevées, nous aurons la satisfaction de financer par nos impôts le retour à la santé des mauvais payeurs.

 

         Pour la conclusion, voir plus haut!

 

Infatigables ayatollahs

 

         Selon 20 minutes du 20 mai, la Ligue pulmonaire a lancé une initiative populaire Protection contre le tabagisme passif destinée à contrer la loi – fédérale – adoptée en octobre par le Parlement et qui n’interdit pas totalement la fumée dans les lieux fermés.

 

         Il me semble que la Ligue pulmonaire ferait bien de lancer une initiative réclamant la destruction de tous les végétaux qui entraînent des allergies telles que le rhume des foins, lesquelles empoisonnent la vie d’un grand nombre de personnes une bonne partie de l’année dans les lieux ouverts. (mp)

 

Prévention

        

         Un communiqué AFP du 25 mai nous fait savoir de Paris que «l’Académie nationale de médecine recommande à tout consommateur d’alcool de s’astreindre à une journée “zéro alcool” pour auto-évaluer son rapport aux boissons alcoolisées et repérer une éventuelle consommation à risque».

 

         Ce n’est pas une mauvaise idée en soi. Mais c’est partir du principe que tout consommateur d’alcool en absorbe quotidiennement, ce qui n’est pas forcément le cas, ne serait-ce que parce que les circonstances s’y opposent – préparation d’un examen médical, nécessité de prendre le volant, par exemple. Il faut voir aussi que se passer d’alcool pendant un jour sans difficulté ne signifie pas encore qu’une abstinence de plus longue durée serait bien supportée. Enfin, aucun «consommateur à risque» ne se risquera à tenter l’expérience.

 

         Cette recommandation est donc aussi inutile que les avertissements imprimés sur les paquets de cigarettes, mais elle procède du même esprit. Ah! quelle belle chose que la prévention.

 

         Il est bien dommage que la prévention débouche si souvent sur la prohibition des petits plaisirs qui, nous dit-on, raccourcissent la vie.

 

         A quand l’interdiction de boire un verre de vin dans les établissements publics? (mp)

 

Citations

 

         Vous devriez lire les 4 Vérités Hebdo1. C’est un journal de droite qui publie des articles intéressants rédigés avec une grande liberté de ton par des collaborateurs aux opinions souvent divergentes et parfois même contradictoires. On y trouve aussi des rubriques comme Chiffres Significatifs et Sic.

 

         Le no 695 du 12 juin publiait, dans la première, l’information suivante:

 

         «La Halde1 a été initialement imaginée pour lutter contre la prétendue “homophobie”. Mais 3% seulement des plaintes concernent les “orientations sexuelles”, soit à peine plus que des plaintes concernant la discrimination de femmes enceintes!»

 

         Dans la deuxième rubrique, le même numéro cite l’écrivain Olivier Maulin:

 

         «Hitler ayant un jour commandé un café crème dans une brasserie viennoise, je propose de présumer antisémite tout salopard qui commandera impunément un café crème dans un bistrot. Et pour enfoncer le clou, je rappelle aux assassins de la mémoire que Drumont, tout en écrivant ses cochonneries, se fouillait régulièrement le nez. De quoi il ressort que mettre les doigts dans son nez sera dorénavant regardé comme un acte antisémite de la plus haute gravité!»

 

         Le ton est donné. (mp)

 

 

1 18 à 24, quai de la Marne, F-75164 Paris Cedex 19

2 Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (n.d.l.r.)

 

 

 

En direct de Sirius

 

Et… où en sommes-nous aujourd’hui ?

 

Nous leur fourguions notre verroterie contre leur ivoire et leurs diamants…

– Ils nous la revendent aujourd’hui, sur nos plages et dans nos rues marchandes.

Nous les nourrissions à bon marché des fruits de l’arbre à pain…

– Nous compensons les déficits de notre alimentation de masse par des compléments qui mettent le jarret de veau au prix du kilo de foie gras.

Nous nous gaussions de leurs voitures-totems rehaussées d’ors, de chromos et de grigris…

– Nos petits blancs assaisonnent leurs véhicules-idoles d’accessoires et de lampions qui leur donnent des allures d’OVNIs ou d’arbres de Noël exotiques.

Nous nous moquions d’eux quand ils tentaient de se vêtir comme nous…

– Nous nous déguisons en eux.

Nous avions pour nous l’esprit quand ils nous enviaient nos artifices…

– Nous clinquons de partout.

Ils ne maîtrisaient pas notre langue…

– Ils y sont parvenus et nous ne résonnons plus qu’en franglais1 courant.

Lorsqu’ils pleuraient leurs morts, nous souriions de leurs incantations frénétiques…

– Virtuoses en lamentations, nous prolongeons nos deuils avec les morts des autres menés par des psychologues, dans des élans de convivialité morbide à laisser pantois les sorciers d’outre-mer.

Gavés de culpabilité, interdits de courage, nous en rajoutons dans la soumission…

– Ils sont plus pugnaces et arrogants que jamais.

Tous, nous recherchions la transcendance…

– Nous en sommes à compter nos sous.

 

Vingt sur vingt pour un zéro! (deuxième partie)

 

         Dans notre première partie consacrée au 11 septembre 2001(n° 385), nous annoncions des hypothèses sur: 1) la possibilité d’une opération majeure bâclée; 2) le vol United Airlines 93; 3) des vols «fantômes». Nous ne disons pas qu’elles se sont réalisées, mais nous nous intéressons à leur plausibilité. Faute de temps et de place, mais aussi de moyens, nous nous en tiendrons à quelques remarques de simple bon sens. Nous ne reviendrons pas sur les observations présentées par l’équipe de Zéro présumées connues du lecteur. Des étranges conclusions de l’enquête officielle2, nous nous bornerons à relever qu’elles sont aussi improbables que celles de la commission Warren quand celle-ci s’efforçait d’invalider l’hypothèse du complot dans l’affaire de l’assassinat du président Kennedy (théorie de l’«avion invisible» passé entre deux images de film, au Pentagone, contre théorie de la «balle magique» zigzagante et inversant sa trajectoire, à Dallas).

 

         1) Sur la plausibilité d’une opération bâclée: – Pragmatiques, les Etats-uniens privilégient dans leurs opérations stratégiques la rapidité d’exécution sans souci excessif du détail mais, en revanche, sans jamais lésiner sur les moyens, tant matériels qu’en termes de vies humaines. L’étude historique révèle que l’incitation au casus belli pour aboutir au déclenchement de guerres «du bon droit» – voire de guerres «préventives» – est une constante de leur politique d’expansion. Rompus au principe du fait accompli depuis George Washington lâchant ses alliés français, sitôt gagnée l’indépendance, pour établir au plus vite des relations commerciales avec ses «cousins» britanniques, ils ne s’embarrassent jamais d’états d’âme. Cette logique s’est perpétuée jusqu’à nos jours. Ainsi, quand on en vient à arguer de la non-existence patente d’armes de destruction massive en Irak: «Too bad» (quel dommage),  répondent-ils d’un air navré, quitte à ajouter:«So what?»  (Et après ?) s’il advient qu’on insiste. Qu’importe ce «détail» une fois le but atteint?

 

         2) Sur le vol UA93, tombé en rase campagne (à Stonycreek à cent huitante kilomètres au sud-est de Pittsburgh) où, le soir même, l’équipe de CNN n’a pas observé «de débris plus grands qu’un annuaire téléphonique»: – Un avion laisse toujours, en percutant le sol, des débris importants, en particulier les réacteurs et les éléments de train d’atterrissage3.  Alors que de tels débris étaient visibles à Manhattan, ce ne fut pas le cas à Stonycreek (pas plus que devant le Pentagone pour le vol American Airlines 77 dont les ailes n’ont même pas fauché les lampadaires!) Une mise en scène est donc possible.

 

         3) Eventualité de vols «fantômes»:  Tous les vols présentaient des taux d’occupation – équipages et pirates compris – inhabituellement faibles, 31,4% pour l’ensemble des quatre vols, tombant aux taux les plus bas pour ceux qui nous intéressent (AA77 : 29%; UA93 :16% !) Certains ont cru y voir une volonté de limiter les pertes en vies humaines incompatible avec une opération terroriste à grande échelle. L’analyse des listes de passagers indique sur la liste AA77 – et seulement sur celle-ci – la présence de pas moins de cinq officiers de tous grades et armes, tous «en retraite» (curieuse coïncidence quand on note également la présence de douze «retraités» parmi les cent vingt-cinq victimes de l’intérieur du Pentagone4). Il serait intéressant d’analyser la plausibilité des compositions des vols en les comparant avec un échantillonnage de vols similaires de la même période. Dans l’hypothèse d’une provocation délibérée destinée à justifier des interventions armées au Moyen-Orient – du propre aveu d’un haut gradé du Pentagone déjà en cours de planification six mois avant le 11 septembre –, il est évident que les USA étaient parfaitement à même de recourir à toutes sortes de montages, de combinaisons et de simulations (y compris des vols fictifs vers la Pennsylvanie, et de camouflage en direction du Pentagone): capacité de pénétration des systèmes informatiques, de manipulation des télécommunications, de guidage, mais aussi moyens de destruction sophistiqués (explosifs de précision et charges creuses de dernière génération indépendantes de la vitesse du vecteur) et, bien sûr, ressources tant humaines (engagement d’agents en nombre, substitution de personnes, «disparitions» par changement d’identités d’individus voire de familles entières5) que financières (achat de complaisances et de complicités). Et les gouvernements successifs des USA maîtrisent l’art de la psychologie de masse, en particulier lorsqu’il s’agit de contraindre à l’interventionnisme un peuple traditionnellement enclin à l’isolationnisme.

 

Notice à l’usage des futurs esclaves des pays libres :

 

PENSER NUIT GRAVEMENT À LA SANTÉ

POUR VOTRE SÉCURITÉ

FAITES CONFIANCE AUX GÉNIES QUI VOUS GOUVERNENT

 

 

Max l’Impertinent

 

1 …avec un clin d’œil à Roger Minne, à l’origine de cette éloquente contraction.

2  Le lecteur trouvera matière à étude critique sur Internet, sur des sites tels que  www.foxnews.com/story/0,2933,62151,00.html (anglophone) ou www.reopen911.info/ (francophone) ou encore Wikipédia (mixte) tous très documentés.

3 Question parfaitement clarifiée par les spécialistes témoignant dans Zéro pour ce qui a trait à ce qui aurait frappé le Pentagone.

4 Qu’y faisaient-ils ?

5 Actions dictées par l’intérêt – collectif aussi bien qu’individuel – et s’inscrivant dans une logique similaire à celle du «programme (éprouvé) de protection des témoins».

 

 

Lettre d’un contribuable français à son trésorier payeur général

 

         Monsieur le Trésorier,

        

         En réponse à votre diptyque en quadrichromie inspiré d’un Mondrian en petite forme, j’ai le grand honneur et l’extrême avantage de vous informer qu’en l’absence de récepteur lobotomiseur (téléviseur) à mon domicile, je ne vous dois point la redevance.

 

         Aussi ne vais-je acquitter que la taxe d’occupation d’un espace vital, précisément situé sur le territoire du grand pressoir régional, du broyeur départemental et du fouloir communal. Ce paiement, je l’effectue en pensant à tous ces pauvres gens obligés de transhumer vers notre vieux pays chrétien, égoïste et raciste, mais, surtout, incapable d’accueillir dignement l’humanité souffrante. Oui, je suis coupable de ne pas entendre les cris de révolte des jeunes nations africaines, à l’adresse du franchouillard très moyen qui ne comprend rien à la mondialisation. Oui, Monsieur le Trésorier, je sais que je n’ai pas d’autre solution que de travailler pour payer ma pierre tombale, celle que je ferai installer dans le cimetière situé juste derrière ma petite maison hypothéquée, entre le supermarché halal et le gaveur McDonald’s.

 

         Alors, merci, encore merci, Monsieur le Trésorier, d’actionner la puissante machine administrative qui produit ce vinaigre de la révolte, aliment quotidien des assujettis sociaux et autres muselés du crédit, si bien pressés depuis le règne de Francisque 1er , en l’an de grâce 1981.

 

         Une piquette de la discorde que les Gaulois consomment à l’envi lors de nos meditrinalia électorales.

 

         Recevez, Monsieur le Trésorier, les salutations d’un citoyen obéissant et prêt au sacrifice fiscal.

 

         Signé: un ponctionné, locataire de ses biens sur terre.

 

Franck Perrot

 

 

Ne dites pas…

 

         Ne dites pas: «Maintenant que l’autoritaire conseiller fédéral Pascal Couchepin s’est décidé à démissionner, tout le monde politique suisse le considère un grand homme d’Etat donnant la priorité aux valeurs démocratiques et républicaines.» Dites: «Maintenant que l’autoritaire conseiller fédéral Pascal Couchepin s’est décidé à démissionner, tout le monde politique suisse le considère comme un grand homme d’Etat donnant la priorité aux valeurs démocratiques et républicaines.»

 

Le pinailleur

 

 

Comme un vol de charognards au-dessus de l’océan

 

         Un avion long courrier qui s’abîme au milieu de l’océan avec plus de deux cents personnes, voilà une bien triste tragédie. Faut-il vraiment y ajouter la frénésie morbide, le voyeurisme indécent, la sensiblerie dégoulinante et l’ignorance pontifiante que les médias nous infligent à chaque fois qu’une telle catastrophe se produit?

 

         Durant les premières heures qui suivent l’annonce de l’accident, les journaux télévisés consacrent un temps interminable à évoquer la catastrophe, beaucoup plus qu’il n’en faut pour nous livrer le peu d'informations disponibles à ce moment. De nombreuses questions intéressantes ne sont pas abordées, on se contente de répéter cent fois les mêmes phrases afin de faire durer le sujet et de créer ainsi une ambiance de crise. Les breaking news intercalées ne nous apprennent que rarement quelque chose de nouveau et contribuent seulement au rythme trépidant de la soirée.

 

         Dès les premières minutes, des reporters se ruent dans les couloirs de l’aéroport de destination afin d’y questionner des voyageurs qui ignorent encore ce qui s'est passé, qui ne pourront donc donner aucune réponse intéressante mais qui vont certainement s’alarmer de la nouvelle répandue par les journalistes. Peut-être même parviendra-t-on à déclencher – et à filmer surtout – un petit mouvement de panique devant le check-in? Une fois que les familles touchées auront été repérées, on pourra alors tourner les habituels gros plans sur des visages en larmes afin de maximiser l’émotion des téléspectateurs.

 

         Pendant ce temps, les journalistes commencent leur travail de procureur. La compagnie ne veut pas faire de déclaration. Les autorités se refusent à tout commentaire. Les passagers des autres vols n’ont pas été informés. Les proches des victimes sont laissés sans nouvelles. On ignore encore les causes de l'accident mais il est possible que… Des témoins affirment avoir vu… On croit savoir… Sur les chaînes françaises, on s’empresse toutefois de souligner les qualités de l’industrie aéronautique française et la rareté des accidents de la compagnie Air France. Cela rend la catastrophe d’autant plus mystérieuse. Confortablement installées dans leur studio, des présentatrices pomponnées prennent des airs sévères pour apostropher les experts: «Nous sommes en 2009, au XXIe siècle, comment se fait-il qu’on ait pas encore retrouvé la trace de cet avion? A quoi servent donc les balises?» Et de conclure gravement: «Ce soir, les questions sont nombreuses mais les réponses manquent cruellement.»

 

         Les jours suivants, divers hauts dirigeants seront soumis à des interrogatoires quant à leur responsabilité. On demandera par trois fois au directeur général de la compagnie s’il ne cache rien. Personne ne s’attend véritablement à ce qu’il réponde: «Oui, je cache quelque chose.» Mais tout le monde continuera de le soupçonner. Le peuple réclame un coupable à pendre; un directeur peut parfaitement faire l’affaire. En parallèle et plus discrètement, la presse vertueuse s’indignera de ce que «des individus peu scrupuleux» auront réservé des noms de domaines internet évoquant la tragédie, uniquement «pour faire du profit». C’est très vilain de vouloir tirer profit du malheur des autres.

 

         Pendant deux ou trois jours, l’événement, les recherches, l’enquête feront encore la une. Puis le sujet sera relégué en deuxième, puis en troisième place, avec une durée de plus en plus courte. Au bout de deux semaines, on n'en parlera plus; jusqu’à la prochaine catastrophe. Espérons qu’il y en aura le moins possible, car cette délectation médiatique est décidément horripilante.

 

 

Pollux

 

 

Les Hautes Ecoles spécialisées victimes de l’administration.

 

         Dans un communiqué de presse diffusé le 11 mai dernier, la Fédération des Associations de Professeurs des Hautes écoles spécialisées suisses hes-ch1 s’inquiète de la place croissante prise par l’administration des HES au détriment des fonds alloués à l’enseignement: «La qualité des hautes écoles spécialisées, et par conséquent leur réputation, dépend prioritairement de la qualité de l'enseignement donné, ainsi que du niveau de sa recherche appliquée. Les deux ne peuvent prospérer que si l'administration n’agit pas comme une charge mais comme un soutien. A cet effet, il convient de la maintenir le plus possible à un niveau de simples prestataires de service, et de laisser le plus de pouvoir décisionnel possible à ceux qui sont in fine responsables de la qualité, à savoir les enseignants.»

 

         Dans la dernière édition de leur publication, fh-ch2,  MM. Robert Ruprecht  et Gaston Wolf s’expriment notamment comme suit :

 

         «(…)l'administration continue de croître allègrement, tandis que bien des enseignants voient leurs conditions de travail se détériorer au point de mettre en danger la qualité de la formation, et que l'enseignement a de moins en moins de ressources à sa disposition.

        

         (…)

        

         La distance entre les organes dirigeants et le fonctionnement réel des hautes écoles est encouragée par le fait qu’ils ont de plus en plus les pleins pouvoirs. Les sphères dirigeantes sont organisées aujourd’hui sans participation des professeurs. Les structures qui étaient autrefois fidèles à l’esprit général d’une haute école, donc le plus horizontales possibles (du moins dans certaines écoles), sont aujourd’hui de plus en plus verticales. Les postes de recteurs et autres doyens, autrefois élus pour des législatures, sont devenus des mandats à durée illimitée. Les rectorats peuvent décider de leurs besoins, et croient pouvoir, mieux que les personnes concernées, statuer sur ceux qui sont in fine responsables de la réputation et du niveau des hautes écoles, à savoir les enseignants.

 

         (…)

 

         A l’heure actuelle, on doit malheureusement constater que l'administration est de fait une charge supplémentaire pour l'enseignement et la Ra&D. C'est notamment le cas si on pense aux administrations centralisées des hautes écoles spécialisées. Celles-ci tentent de rassembler des écoles complètement différentes sous un carcan administratif unique qui ne convient à plus personne. Au contraire. Les décisions ne peuvent plus être prises par les personnes directement concernées, car il faut dorénavant passer par de lourdes structures centralisées et totalement inadaptées.

         Le succès avéré des écoles avec une longue histoire au niveau tertiaire (notamment les anciennes écoles d’ingénieurs) est dû à la réactivité que permettait la minceur de leurs structures. La création des hautes écoles spécialisées a porté un coup fatal à cet atout. D'année en année, cette perte d’efficacité devient de plus en plus évidente.

        

         (…)

        

         Ce n'est que par un retour à une administration beaucoup plus légère que les HES ont une chance de pouvoir s’acquitter de leur mandat sur le long terme, même s’il faut pour cela diviser les grosses structures mises sur pied ces dernières années en organisations plus légères et plus réactives. Dans une période où la réputation des HES doit souvent encore être construite, il convient de donner à ces considérations l’importance qu’elles méritent.

         Ces demandes n'impliquent pas de charges administratives supplémentaires.»

 

         Le soussigné, qui a commencé à enseigner (le droit) dans une école d’ingénieurs en 1974, soit bien avant qu’elle ne devienne un simple département de la HEIG-VD, elle-même rouage de la HES-SO, peut en témoigner. A l’époque où l’école était dirigée par un Raymond Gaille, et surtout par un Bernard Keller, la simplicité des structures administratives permettait de fructueuses collaborations transfrontalières, la création en quelques semaines d’un nouveau cours, des conférences de professeurs qui n’étaient pas, comme aujourd’hui, une chambre d’enregistrement des décisions prises par des directeurs aussi arrogants qu’incompétents. On formait alors des ingénieurs ETS.

 

         Ce qui faisait la valeur du titre, ce n’était pas qu’il était reconnu par Berne, par Bruxelles ou par Bologne, mais qu’il l’était par les bureaux d’ingénieurs, dans le monde, qui avaient bénéficié de la collaboration des diplômés issus de cette école.

 

         En créant les HES, en imposant l’unicité de certaines filières en des lieux déterminés, en contraignant vingt étudiants domiciliés à Lausanne à aller suivre le cours d’un professeur (lausannois) à Yverdon ou à Neuchâtel, en plaçant sous la houlette d’une direction administrative unique vingt-sept écoles réparties sur trente-trois sites, avec un Comité stratégique, un Conseil consultatif, un Comité directeur et un organigramme digne d’une multinationale, on ne pouvait évidemment pas faire des économies, mais on obtenait – ô miracle – des subventions fédérales, moderne plat de lentilles qui justifie pour les benêts l’abandon de toutes les compétences décisionnelles cantonales.

 

         Bientôt, Berne (ou Bruxelles, ou Bologne, je ne sais) décidera que tout enseignement de niveau universitaire doit être dispensé en anglais. Et nos écoles de pleurnicher qu’elles n’avaient pas voulu cela, mais que les engagements financiers pris ne permettent pas de se priver des subventions… et que le respect des directives de Berne (ou de Bruxelles…voir plus haut) est une condition sine qua non de la manne!

 

         Décidément, en matière d’enseignement de qualité, la taille de l’école n’est pas indifférente. Comme on dira dans quelques années, avec nostalgie: small was beautiful.

 

Claude Paschoud

 

1 www.fh-ch.ch

2 Hofmatt 42, 5112 Thalheim.

 

 

 

 

Vacances

 

Comme chaque année en juillet et août, la rédaction du Pamphlet prend des vacances. Nous vous retrouverons aux alentours de la mi-septembre.

 

Nous vous souhaitons un été ensoleillé, au propre comme au figuré, malgré la crise, la grippe et les manifestations de la bêtise humaine.

 

La rédaction