Lausanne 39e année      «ne pas subir»      Mars  2009 No 383

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste constate que la Confédération se moque comme d’une guigne du refus populaire clairement exprimé à plusieurs reprises d’un corps de police fédérale d’intervention.

 

Proche-Orient: deux avis :

La rédaction du Pamphlet est divisée sur les responsabilités de la guerre au Proche-Orient : si Claude Paschoud ne voit pas d’autre solution que la fin de l’Etat d’Israël, Mariette Paschoud nous invite à essayer d’être réalistes !

 

Ne dites pas…

La minute du beau langage

 

En direct de Sirius

Max craint que les gnomes de Zurich n’aient pas l’envergure de leurs ancêtres ; il brocarde France Info et rend hommage à un procureur français.

 

Alerte sur la ville

Pollux n’attend pas de miracles de l’alerte enlèvement

 

Escamotage

Michel de Preux observe que le cardinal Henri Schwery, qui s’exprime dans le Nouvelliste «comme théologien et comme scientifique» est aussi peu crédible comme théologien que faible en sciences.

 

Les nouvelles aventures…

Petite chronique du révisionnisme européen.

 

Au courrier

Un correspondant nous précise qu’il ne faut pas confondre le motu proprio de juillet 2007, qui concernait l’ensemble de l’Eglise sur la validité de la messe traditionnelle, et la levée d’excommunication de quatre évêques de la FSSPX, qui fait actuellement si grand bruit.

 

Bricole

Où on apprend que les Belges ont aussi leurs bonnes histoires sur les Français

 

____________________________________________

 

Editorial

 

 

         Chassez le diable par la porte, il rentre par la fenêtre.

 

         En 1978, le peuple et les cantons refusaient la création de la police fédérale de sécurité chère au conseiller fédéral Kurt Furgler alors chef du Département de justice et police.

 

         En 2002, les Chambres fédérales rejetaient un projet du même tabac proposé par la conseillère fédérale Ruth Metzler, chef du même département.

 

         Ces projets prévoyaient des effectifs importants chargés de tâches qui pouvaient et devaient être assurées par la collaboration des polices cantonales, avec l’aide subsidiaire, et d’ailleurs contestable, de l’armée, lors d’événements comme le G8 ou le Forum de Davos. On n’avait pas besoin d’un échelon supplémentaire, mais nos «ministres» se sentaient frustrés dans leur ego de superflics fédéraux.

 

         Quatorze, c’est le nombre des membres de Tigris, troupe ( !) d’intervention de la police judiciaire fédérale, «créée et entraînée à l’insu du large public»1, c’est-à-dire derrière notre dos de «peuple souverain» et celui, ainsi qu’on l’apprenait le 21 mars2, de «nombreux politiciens fédéraux», qui sont très fâchés d’avoir appris par la presse l’existence de la nouvelle «troupe de choc».

 

         Ignorance réelle ou gesticulation destinée à calmer les esprits ?L’actuel chef du Département fédéral de justice et police a ordonné une enquête sur les activités de Tigris. Est-ce à dire que l’Office fédéral de la police (fedpol) et le Ministère public de la Confédération, qui ordonnent les interventions, sont des électrons libres ?    

 

         Quatorze, ce n’est pas beaucoup. Ce n’est en tout cas pas suffisant pour assurer la sécurité d’un machin international. De plus, cette nouvelle troupe fédérale ne se baptise pas police de sécurité, mais unité d’intervention rapide de la police judiciaire fédérale. D’ailleurs, «lorsque son engagement est demandé par un canton, les lois cantonales s’appliquent. Dans ce cas, l’intervention se déroule toujours avec l’accord des autorités cantonales». Le fédéralisme à la sauce fedpol est donc sauf.

        

Fort bien! Mais que se passe-t-il lorsque l’intervention «tigresque» n’est pas demandée par un canton?

 

         La police judiciaire fédérale intervient lors de délits dont la compétence incombe à la Confédération: grande criminalité transfrontalière, terrorisme, espionnage, tous délits dont fut apparemment soupçonnée notre «feuille de chou d’extrême droite» en 1973, quand nous nous permîmes d’attribuer au conseiller fédéral Rudolf Gnägi un «Prix Cornichon» amplement mérité: deux agents fédéraux firent leur apparition à Lausanne.

 

         La police fédérale a donc du temps à perdre, et on peut douter que  quatorze intervenants rapides, entraînés en cachette, améliorent son efficacité.

        

         Si Mme Widmer ignorait vraiment ce qui se concoctait dans son département, il faut qu’elle retourne à ses fourneaux dans les plus brefs délais.  Mais nous n’en croyons rien. Nous pensons plutôt que la Berne fédérale veut toujours sa police de sécurité mais a modifié sa tactique, et prévoyait de l’introduire progressivement, en toute discrétion.

        

         La fedpol nous l’annonce impudemment, d’ailleurs, maintenant que le pot aux roses est découvert : «Il n’est pas prévu d’augmenter les effectifs de la troupe d’intervention, à moins que de nouvelles tâches ne lui incombent.»

 

         Gageons que ces nouvelles tâches sont à la porte.

 

 

Le Pamphlet

 

 

1 Communiqué ats du 19 mars.

2 Autre communiqué ats.

 

 

Proche-Orient: deux avis

 

 

La fin de l’Etat d’Israël ?

 

         Le récent conflit de Gaza a suscité des réactions et des commentaires passionnés aussi bien des amis d’Israël que des défenseurs du peuple palestinien.

 

         Depuis sa création, mais principalement depuis la Guerre des Six jours, l’Etat d’Israël a bénéficié, en Suisse, d’un capital de sympathie fondé sur plusieurs facteurs, parmi lesquels une certaine parenté de taille (la surface du territoire israélien est environ la moitié de la surface de la Suisse, mais le nombre des habitants des deux pays est quasiment le même) et une parenté certaine quant à la volonté de se défendre par les armes contre tout adversaire menaçant l’intégrité de son territoire.

 

         Mais plus les années ont passé et plus ce capital de sympathie s’est érodé. Les attaques inouïes des financiers new-yorkais contre notre pays et la récente campagne Plomb fondu dans la bande de Gaza, où des centaines de civils palestiniens ont trouvé la mort, ou ont été grièvement blessés et mutilés, ont sérieusement refroidi l’amitié des goyim helvétiques et ont même provoqué des réactions indignées de la communauté internationale.

 

         Israël, financièrement, diplomatiquement, militairement soutenu par les Etats-Unis d’Amérique, a pu jusqu’à aujourd’hui se moquer comme de colin-tampon des critiques des défenseurs des droits de l’homme et des résolutions de l’ONU. Malgré ses sympathies pour l’Islam, rien n’indique pour l’instant que le président Barak Obama soit sur le point de modifier la politique pro-israélienne de son prédécesseur. On sent pourtant que les ruines de la bande de Gaza, les enfants déchiquetés, et la disproportion même dans le nombre des victimes font pencher la balance de la sympathie dans l’autre sens.

 

         Il y a toujours les amis inconditionnels d’Israël, qui considèrent le Hamas comme une organisation terroriste1 et les actions militaires de l’armée israélienne comme des opérations de légitime défense. Les commentateurs juifs sont évidemment du nombre, à quelques remarquables exceptions près. Mais bien des chrétiens sont aussi membres du fans’club.

 

         Parmi eux, je cite M. Philippe Barraud (www.commentaires.com) et les rédacteurs de la Nation, organe de la Ligue vaudoise.

        

         Dans sa livraison du 16 janvier2, M. Nicolas de Araujo écrit: «A notre avis, la seule attitude cohérente que pourraient adopter les critiques d’Israël (mais personne n’ose l’assumer), c’est de dire que cet Etat n’a aucune légitimité, les Juifs n’ayant aucun droit à avoir un Etat en Palestine, et que dès lors, quoi qu’Israël fasse, ses actions sont immorales et condamnables. Puisqu’il n’a pas moralement le droit d’exister, il n’a pas non plus le droit de se défendre. Du moment, au contraire, que l’on reconnaît l’existence d’Israël en tant qu’Etat – ce qui n’implique pas l’approbation du projet sioniste –, il faut lui reconnaître le droit de se défendre».

 

         Quinze jours plus tard, M. Olivier Delacrétaz consacrait son éditorial3 aux manifestations en faveur des Palestiniens. Commentant un tract qui proclame: «Nous refusons qu’un Etat qui foule aux pieds depuis plus de 60 ans la légalité internationale et qui, par sa pratique continue du terrorisme tout au long de son histoire, s’est mis lui-même au ban des nations, continue à faire régner impunément la terreur», l’éditorialiste écrit: «Ces groupes, collectifs et mouvements sont-ils conscients de ce que ce texte signifie, et sont-ils prêts à soutenir les actions concrètes qu’il implique? Soixante ans, cela nous ramène à la création de l’Etat moderne d’Israël. Cela signifie que c’est l’Etat d’Israël comme tel qui est illégitime, non son régime, non son gouvernement actuel, non le commandement militaire, mais son existence même. L’Etat d’Israël est de soi et dès l’origine un acte de terrorisme…»

 

         Les rédacteurs de notre (généralement) excellent confrère ne se trompent pas, et c’est bien de cela qu’il s’agit: c’est incontestablement l’existence même de l’Etat d’Israël qui a créé, il y a soixante ans, une situation de crise permanente au Proche-Orient, qui n’a jamais cessé depuis lors. Soixante ans – et plus – d’attentats terroristes4, de combats, d’insécurité, de bombardements, de tirs de roquettes, de territoires conquis, de populations chassées et humiliées. Soixante ans de vaines résolutions de l’ONU, de tentatives diplomatiques, de cessez-le-feu précaires, de reprises des hostilités, de condamnations internationales inutiles, de propositions de bons offices sans lendemain.

 

         N’est-il pas temps de reconnaître l’échec de ce beau rêve ? L’histoire est remplie de fusions, d’absorptions, de disparitions de communes, de provinces ou d’Etats.

 

         Les conditions dans lesquelles a été créé l’Etat d’Israël contenaient les raisons de son échec, qu’il serait sage de reconnaître aujourd’hui. Constitué sur une terre qui n’était que de façon mythique celle de ses ancêtres, sur un territoire qui a été proprement volé à ses occupants, l’Etat d’Israël n’a pu subsister si longtemps qu’au prix d’une perfusion financière permanente des Eats-Unis, de l’Allemagne et des juifs de la diaspora, et au prix d’une guerre permanente avec ses voisins, dont il assume la responsabilité prépondérante.

 

         Israël n’a pas plus le droit d’exister sous forme d’Etat indépendant que la Savoie, l’Anjou, le Kosovo ou l’Ossétie du Sud.

 

         Ceux qui plaident pour la disparition d’Israël, comme le président iranien par exemple, n’entendent pas que ses habitants devraient être tués ou même chassés. Ils disent que si Israël était une entreprise, ses actionnaires auraient depuis longtemps cessé d’y injecter de nouvelles augmentations de capital, surtout en considérant l’hostilité généralisée que cette firme suscite autour d’elle. La liquidation de l’entreprise n’implique pas qu’on passe par les armes le conseil d’administration ni les associés. Il faut pourtant que l’échec soit dûment constaté, et que les bailleurs de fonds ferment le robinet: plus d’aide financière, plus de crédits ouverts, plus de matériel technique ou militaire, plus de subventions internationales.

 

         Si l’Etat est capable de maintenir son indépendance dans ces nouvelles conditions, comme les vieux Suisses ont gagné la leur, à l’époque, et ont su la maintenir jusqu’à aujourd’hui, alors Israël aura gagné une légitimité nouvelle car ni la Palestine ni l’Egypte ni la Syrie ni la Jordanie ni le Liban n’ont droit non plus à l’intangibilité de leur territoire.

 

         S’il n’est pas capable, par ses seules forces, de se maintenir comme Etat indépendant, il sera intégré à un autre, et disparaîtra en tant qu’Etat. Il sera alors enfin possible de construire la paix au Moyen-Orient.

 

Claude Paschoud

 

 

1 Ce sont souvent les mêmes qui s’indignent des attentats commis par les patriotes palestiniens contre l’occupant qui glorifient les attentats commis jadis par la Résistance française contre l’occupant.

2 La Nation N° 1854 du 16 janvier 2009,  p. 3

3La Nation N° 1855 du 30 janvier 2009,  p. 1

4 Il est piquant d’entendre les amis d’Israël condamner les «attentats terroristes»… des autres, alors même que l’organisation terroriste Irgun, qui organisa des vagues d’attentats contre les Anglais et contre les civils palestiniens, de 1937 à mai 1948, non seulement n’a jamais été jugée pour ses crimes, mais son chef, Menahem Begin, a été nommé premier ministre d’Israël.

 

 

Essayons d’être réalistes

 

         Quand je lis les commentaires relatifs aux événements de Palestine et, en particulier, à la récente réaction israélienne aux tirs de roquettes du Hamas contre des colonies juives, je constate que, quel que soit le parti qu’ils prennent, commentateurs et militants se fondent sur des a priori idéologiques.

 

         Les partisans, le plus souvent inconditionnels, de l’Etat d’Israël rappellent le droit imprescriptible des Israéliens d’occuper la terre de leurs ancêtres, puisque cette terre leur fut promise par Dieu et confirmée par l’Holocauste. Ils affirment aussi, et c’est logique, que les représailles exercées par les dirigeants israéliens contre leurs ennemis relèvent de la légitime défense.

 

         Les défenseurs des Arabes de Palestine, tout aussi fanatiques, soutiennent que le combat du peuple palestinien contre l’occupant qui les a spoliés de leur terre et de leurs droits est hautement légitime, et doit être mené jusqu’à son terme: l’éradication d’Israël pour les plus radicaux; la création d’un Etat palestinien pour les plus «modérés».

 

         Je ne vais pas prendre parti dans cette querelle: du fait même des présupposés idéologiques, les informations que nous recevons par voie de presse sont, au moins en partie, déformées et lacunaires, donc sujettes à caution. Et puis, la situation est tellement compliquée qu’il serait présomptueux de ma part de vouloir proposer une solution.

 

         Je voudrais juste commenter trois notions qui reviennent sans cesse sur le tapis: la légitimité de l’Etat d’Israël, le concept de peuple palestinien, et le caractère disproportionné des représailles exercées par les autorités israéliennes contre les «résistants».

 

         Oublions un peu les arguments religieux et tâchons de rester dans le domaine des faits.

 

         La plupart des Etats nouveaux s’établissent à la suite d’un coup de force. Ce fut le cas, en 1948, de l’Etat d’Israël proclamé unilatéralement au nez et à la barbe de l’ONU. Ce fut le cas aussi, en Suisse en 1803, du pays de Vaud et des autres pays sujets élevés au rang de cantons, et imposés comme tels à leurs anciens maîtres, par une volonté extérieure, celle de Napoléon Bonaparte.

 

         La légitimité de ces Etats s’inscrit d’une part dans la reconnaissance, d’autre part dans la durée.

 

         En ce qui concerne les nouveaux cantons de 1803, on sait que, au moment de la Restauration, leur reconnaissance fut menacée par les revendications de leurs anciens maîtres, en particulier de Leurs Excellences de Berne, et qu’il fallut le soutien du tsar Alexandre 1er et l’activité inlassable de son ministre Capo d’Istria pour écarter le péril. Pour ce qui est de la durée, deux siècles de loyale coopération confédérale les mettent à l’abri de toute contestation.

 

         En ce qui concerne Israël, et sous réserve de quelques irréductibles nationalistes arabes soutenus, dit-on, par l’Iran, la reconnaissance existe: la «communauté internationale» entretient avec ce pays des relations diplomatiques, il est entré à l’ONU en 1949 et n’en a pas été exclu, en dépit de sa propension à ne pas respecter les résolutions du pachyderme. Reste la durée, et là, il est trop tôt pour se prononcer: soixante ans, c’est court au regard de l’histoire.

 

         Qu’en est-il du peuple palestinien? Les mouvements nationalistes de Gaza et de Cisjordanie, ainsi que leurs partisans, désignent ainsi les Arabes de Palestine, comme si ces derniers constituaient une nation séculaire, une entité homogène dotée d’une histoire commune, vécue avec des institutions communes, sur une terre ancestrale. Il suffit de se pencher sur l’histoire de la Palestine pour voir que ce territoire a passé de main en main depuis la nuit des temps, que les mouvements de populations y ont été nombreux et importants, ce qui est peu propice à la naissance d’un sentiment national.  Il ne s’ensuit pas, bien entendu, que les Arabes de Palestine soient indésirables sur cette terre, mais il est excessif de les présenter comme les légitimes propriétaires des lieux.

 

         Le caractère disproportionné des représailles exercées par Israël contre ses adversaires me paraît évident, et rappelle les dizaines d’otages fusillés, en France, par les forces d’occupation chaque fois que des résistants abattaient un officier allemand.

 

         Il est de bon ton, dans certains milieux, d’expliquer que ces représailles disproportionnées avaient un but dissuasif, et qu’il fallait être non pas un noble résistant mais un terroriste criminel pour continuer à tuer des Allemands en sachant – car c’était officiel – que des dizaines d’innocents paieraient pour ces actes irresponsables commis sous prétexte qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Ce sont souvent les mêmes qui stigmatisent la répression israélienne. Pourtant, le Hamas ne peut pas ignorer que ses tirs de roquettes, même s’ils ne font pas beaucoup de victimes – que vaut la vie, je vous le demande,  de deux ou trois colons israéliens qui n’ont rien à faire là au regard de la noble cause du peuple palestinien! –, vont entraîner une riposte qui fera, elle, des centaines de morts et de blessés, sans compter les maisons détruites et les survivants réduits à la misère.

 

         Il ne peut y avoir deux poids et deux mesures. Qu’on les appelle résistants ou terroristes, les gens qui sacrifient sans états d’âme la vie d’autrui à leur idéologie sont des assassins. Et ce n’est pas parce que les terroristes sionistes ne valaient pas mieux au siècle dernier que les terroristes arabes d’aujourd’hui doivent être considérés comme des héros ou des martyrs.

 

         La situation actuelle est moins que jamais propice à la paix. Et l’intervention constante de la «communauté internationale» ne fait que prolonger la guerre et augmenter le nombre des victimes. Je me dis parfois que si l’on abandonnait les Israéliens et les Arabes de Palestine à eux-mêmes, la question serait vite réglée en vertu du principe selon lequel la raison du plus fort est toujours la meilleure, étant entendu que, à moins de faire beaucoup d’enfants, le plus fort d’aujourd’hui ne sera pas forcément celui de demain.

 

Mariette Paschoud

 

 

Ne dites pas…

 

         Ne dites pas: «Quand le Matin Bleu du 16 mars s’en prend aux christianisme en annonçant qu’“on va s’ennuyer ferme à Pâques” sous prétexte que certains cantons appliquent des “lois d’un autre temps” qui interdisent la danse ou le jeu de quilles les jours de grandes fêtes religieuses, il fait vraiment feu de tout bois.» Dites: «Quand le Matin Bleu du 16 mars s’en prend au christianisme en annonçant qu’“on va s’ennuyer ferme à Pâques” sous prétexte que certains cantons appliquent des “lois d’un autre temps” qui interdisent la danse ou le jeu de quilles les jours de grandes fêtes religieuses, il fait vraiment flèche de tout bois.»

 

         Et dites-vous bien que c’est probablement le même journaliste qui nous tartine chaque année des lignes et des lignes sur les beautés du ramadan.

 

Le pinailleur

 

 

 

En direct de Sirius

 

Le hachoir à viande (conte moderne et pas nécessairement moral)

 

         Au sortir de la seconde guerre mondiale, Max Petitpierre, patron du Département politique fédéral, avait dû subir les pressions de certain lobby américain qui réclamait avec des cris d’orfraie la levée du secret bancaire pour les comptes des vaincus. Le conseiller fédéral avait désamorcé l’affaire, proposant d’aller plus loin en matière de sainteté et de lever le secret bancaire pour la totalité des comptes ouverts par les ressortissants des pays belligérants; moyennant quoi le soufflé était retombé, et la Suisse avait conservé intacte la réputation de sécurité bancaire qui faisait sa renommée et la confiance de particuliers soucieux de ne pas sacrifier leur fortune aux molochs fiscaux, sans cesse plus voraces, de leurs pays de résidence ou d’origine. Prenant son mal en patience, le lobby avait alors entamé un long travail de rongeur. Vers le milieu des années soixante, on vit naître et prospérer dans les dialogues cinématographiques la mention des «machines à laver des banques suisses». En enchaînement logique apparut, quelque dix ans plus tard, l’affaire des fonds en déshérence. Les tout petits bonshommes, avec leurs diplômes de hautes études économiques et leurs boutons de manchettes achetés à Harvard, qui n’avaient aucune parenté de format ou d’esprit avec les grands banquiers auxquels, à force de temps, ils avaient succédé, tirèrent leurs calculettes et convinrent qu’obtempérer était plus profitable en termes de points boursiers et de parts de marché. Obnubilés par le premier principe fondamental d’économie de marché (l’offre et la demande) et oublieux du second (Ote-toi de là que je m’y mette !), ils introduisirent la main dans le hachoir à viande. Pour la plus grande joie du lobby, la Suisse cédait. A New York, les rongeurs n’avaient plus qu’à dénicher à Wall Street quelques ex-employés indélicats en bourse, et à les mener au plea bargain1 d’autant plus aisément que le secret bancaire suisse avait perdu de son imperméabilité. Et c’est ainsi que, de peur de perdre leur place sur le marché bancaire américain, les vraiment très petits nains aux grands bonus de Zurich rangèrent leurs calculettes, lustrèrent leurs boutons de manchettes et se firent indicateurs – pardon, «auxiliaires de justice» (en argot états-unien: Stool pigeons.

 

La France qui déconne

 

         14.3.2009: sur France Info, le «lamentateur» de service  déplore le suicide, dans la prison de Moulins, d’un détenu multirécidiviste de dix-sept ans, et ne manque pas de rappeler que des voix s’élèvent en France pour condamner la «surpopulation carcérale». Dans la foulée, le rapporteur  précise en toute candeur que le suicidé a été découvert dans sa cellule «individuelle».

 

Un homme d’exception

 

         Nous avons déjà écrit ici le bien que nous pensons du procureur de Nice Eric de Montgolfier. Fidèle à son Devoir de déplaire, titre d’un livre dont il est l’auteur et sur lequel nous reviendrons prochainement, M. de Mongolfier a été amené au cours de sa carrière à s’attaquer avec passablement de succès à pas mal d’idoles et de temples, quitte à mettre parfois en porte-à-faux une magistrature souvent frappée de myopie. En ces temps moroses, nous croyons roboratif de relater ici une de ses récentes interventions: Grandgousier2, maire d’une petite ville du littoral, convaincu de prise illégale d’intérêt dans ce que la presse locale avait si plaisamment décrit comme un «marché public passé en famille», a été récemment condamné à une peine avec sursis et à une amende, mais a échappé à l’inéligibilité. Le procureur a alors décidé de ne pas interjeter appel, laissant aux électeurs le soin de décider du futur politique du maire indélicat. Au sortir du Palais de justice, soulagé d’avoir sauvé son mandat, le condamné s’est fendu d’une déclaration de circonstance pour les médias locaux, parlant d’avoir «fait une imprudence (…) avant tout pour être au service de ses administrés, et pas autre chose». Mal lui en a pris. Montgolfier déclarait dix jours plus tard: «Les commentaires à travers la presse (…) ont bien manifesté que M. G. n’avait rien compris. Ce que, moi, j’appelle une infraction, lui, il l’appelle une erreur (…) On ne va pas m’expliquer que ce qu’on fait pour le bien de sa famille avec les fonds publics est une bonne chose; c’est précisément ce que la loi réprouve. M. G. ne me paraissant pas avoir compris le sens de cette condamnation – il a dû la trouver un peu légère –, j’ai donc décidé d’interjeter appel pour permettre à la Cour de l’aggraver.» Courant désormais le risque d’inéligibilité, M. G. n’a – cette fois – pas souhaité s’exprimer.

 

 

Max l’Impertinent

 

 

1 Système procédural par lequel un délinquant passe un accord avec la justice pour alléger sa peine, voire s’en exonérer, en échange d’informations jugées d’intérêt supérieur.

2Nom fictif.

 

 

 

Alerte sur la ville

 

 

         C'est odieux, mais c'est ainsi: tout ce que la Suisse romande compte de fastidieux scribouillards danse avec délectation autour du cadavre d'une jeune fille de seize ans, enlevée et assassinée par un déséquilibré. Un crime sordide! Qu'y a-t-il de plus exaltant pour permettre à nos faiseurs d'opinion de jouer aux justiciers? Déjà, le coupable est désigné: c'est la société. L'assassin est un malade dont les pouvoirs publics ne se sont pas suffisamment occupés. Un cas que les «experts» n'ont pas su «gérer». Ce sont les autorités qui n'ont pas réagi assez vite, qui ne se sont pas assez coordonnées. Et surtout, surtout, répètent les éditorialistes, c'est la Suisse – l’unique objet de leur ressentiment – qui n'a pas su, qui n'a pas voulu mettre en place un véritable «plan d'alerte enlèvement».

 

         Toute la rogne méchante des journalistes se concentre donc désormais sur ce seul élément: le «plan d'alerte enlèvement que tous les autres pays connaissent et que les autorités suisses tardent insupportablement à mettre en place!» Quelques fielleux ajoutent que «c'est la faute du fédéralisme!»

 

         En réalité, bien d'autres Etats n'ont pas voulu introduire un tel dispositif, qui déploie généralement ses effets trop tard et risque d'inquiéter inutilement la population pour des disparitions le plus souvent anodines. Les seuls exemples que l'on nous cite sont la France et les Etats-Unis. Or le dispositif français, tel qu'on nous l'explique, ne peut être déclenché qu'à certaines conditions très strictes: il faut que l'enlèvement soit avéré, que la victime soit mineure, que son intégrité physique ou sa vie soit en danger, que des éléments d'information permettent de localiser l'enfant ou le suspect et que les parents aient donné leur accord1.

 

         Dans le cas de la jeune Lucie – qui, à ce que l'on nous dit, a suivi de plein gré son agresseur, lequel lui avait proposé de «faire des photos» –, ces conditions n'étaient sans doute pas remplies et ce fameux plan n'aurait été d'aucun secours. Les spécialistes affirment aussi que, lorsqu'un enlèvement est suivi d'un homicide, ce dernier survient presque toujours très rapidement, dans un délai d'une à trois heures, soit bien avant que l'alerte urbi et orbi ne déploie ses effets.

 

         Mais peu importe le sort de Lucie: c'est tellement grisant de pouvoir ainsi morigéner les politiciens, les houspiller, les sommer d'agir vite même si cela ne sert à rien. «Comment pouvez-vous refuser de faire quelque chose d'inutile alors que la vie de nos enfants est en jeu?» Et les politiciens, toujours en quête d'une réélection, vont obtempérer servilement aux exigences des médias. Déjà les premiers communiqués fusent, annonçant triomphalement que le parti machin ou le député Untel interpelle le gouvernement «pour défendre la sécurité de vos enfants!» (Et pour que vous sachiez qu'il défend la sécurité de vos enfants.) Les voix critiques seront au mieux ignorées, au pire insultées, et la Suisse va se doter dans la précipitation d'un état-major militaro-policier centralisé destiné à alerter la population, à occuper quelques fonctionnaires et à procurer une bonne conscience à tous ceux qui éviteront ainsi de s'attaquer aux causes du problème.

 

         Nous continuerons donc d'assister à des agressions, à des enlèvements et à des crimes; mais, en plus, nous vivrons régulièrement des grands débordements d'émotion populaire et de sensiblerie collective, avec des messages retransmis partout, à la télévision, sur les autoroutes, sur nos téléphones, sur Facebook, avec des centaines de gens qui croiront avoir aperçu des victimes et qui dénonceront leurs voisins, et avec des journalistes qui se pourlécheront morbidement les babines à l'idée de pouvoir brasser toute cette agitation.

 

Pollux

 

1 Swissinfo.ch, 12 mars 2009.

 

 

 

Escamotage

 

 

         Dans le Nouvelliste du 4 février 2009, sous la rubrique L’invité, le cardinal Henri Schwery aborde la question de l’évolution darwinienne pour affirmer, sur la base d’une mise au point du pape Léon XIII1, qu’elle n’est pas en contradiction avec la Révélation divine correctement comprise: «La foi au Dieu créateur n’implique aucun choix nécessaire entre fixisme et évolutionnisme.»

 

         Le problème, c’est que Darwin affirmait l’origine animale de l’homme et que cette façon d’expliquer l’origine de notre espèce, tout en négligeant totalement la question du chaînon manquant pour pallier la discontinuité du passage de l’espèce animale à la nôtre, implique la négation de la création de l’âme directement par Dieu, fondement incontournable de la dignité de tout être humain. En cela, précisément, le darwinisme est incontestablement hétérodoxe!

 

         C’est du reste ce qu’enseignait le pape Pie XII, que le cardinal valaisan omet (intentionnellement?) de citer ici:«(…) ne se comportent-ils pas comme si l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante était à cette heure absolument certaine et pleinement démontrée (…) comme si rien dans les sources de la Révélation divine n’imposait sur ce point la plus grande prudence et la plus grande modération?»2 Cette prudence et cette modération font totalement défaut au cardinal extrémiste de Sion, qui ne dit rien non plus du rejet, au nom de la Révélation elle-même, du polygénisme…

 

         Typiquement moderniste est au reste sa conclusion: «La Révélation biblique (…) est parole de vie, de vie surnaturelle (…) que la raison ne connaît pas par elle-même.» Certes, mais avec cette précision nécessaire et toujours passée sous silence par la secte: «L’origine divine de la religion chrétienne peut se prouver avec les seules lumières naturelles de notre raison.»3

 

         Henri Schwery dit se réjouir «comme théologien et comme scientifique» de l’éloignement actuel de ces polémiques «pseudo-scientifiques et pseudo-religieuses». Ces propos ne prouvent qu’une chose, ou plutôt deux: ignorant le naturalisme matérialiste et athée du naturaliste anglais, H. Schwery démontre qu’il est à la fois un homme de science très approximatif et peu sérieux, et un théologien passablement nébuleux! Il est vrai que sa qualité de cardinal l’autorise à se donner chez des provinciaux des qualités non démontrées. Le quotidien du Valais est tout disposé à les lui reconnaître sans examen.

 

         O vanité, qui donne à ce monde petit l’illusion de la sagesse et de la science même quand c’est la stupidité la plus évidente qui s’exprime!

 

         «Une de mes premières mésaventures de jeune journaliste advint à propos d’un livre de Grant Allen intitulé L’évolution de l’idée de Dieu. Chargé d’en rendre compte, j’émis l’idée qu’un livre signé Dieu sur L’évolution de l’idée de Grant Allen aurait été beaucoup plus passionnant. Je n’oublierai pas de sitôt le ton attristé de mon rédacteur en chef lorsqu’il me fit remarquer le tour blasphématoire de cette remarque.»4

 

Michel de Preux

 

1 Encyclique Providentissimus Deus du 18 novembre 1893 sur l’enseignement de la Bible.

2 Encyclique Humani generis du 12 août 1950.

3 Ibid.

4 Chesterton: L’homme éternel, première partie: L’homme dans sa caverne.

 

 

Les nouvelles aventures…

 

Encore un

 

         Après Ernst Zündel, Germar Rudolf et Sylvia Stolz – dont la condamnation a été cassée et dont le nouveau procès est en cours –, l’Allemagne s’offre un prisonnier politique supplémentaire en la personne de l’avocat Horst Mahler, septante-trois ans, qui croupit désormais dans une prison munichoise pour incitation à la haine, négationnisme et autres chefs d’accusation de la même eau.

 

Intervention

 

         Bruno Gollnisch, membre du Front National et député au Parlement européen s’est fendu devant cette assemblée d’une intervention courageuse en faveur de Sylvia Stolz et de Horst Mahler:

 

         «(…) Nous avons appris tout récemment l’incroyable condamnation à six années de prison de deux avocats allemands, M. Horst Mahler et Mme Sylvia Stolz.

 

         Cette terrible condamnation est motivée par le fait que les intéressés expriment des points de vue dissidents de la version officielle quant à la réalité et l’étendue du drame concentrationnaire lors de la Deuxième Guerre mondiale.

 

         Quoi que l’on pense de leurs opinions, il est extrêmement grave que, dans l’Union européenne, aujourd’hui, des citoyens, avocats de surcroît, soient condamnés à de telles peines pour avoir discuté un fait historique.

 

         Il semble que dans l’Allemagne soi-disant démocratique d’aujourd’hui, il y ait toujours des juges pour museler la liberté d’expression avec le même zèle que naguère dans l’Allemagne national-socialiste ou dans l’Allemagne communiste.

 

         C’est aussi le cas, hélas, dans d’autres Etats de l’Union, dont la France. C’est insupportable et c’est très grave.»

 

         Je doute fort que M. Gollnisch ait été entendu, si tant est qu’on l’ait seulement écouté. Mais il faut lui savoir gré de sa rectitude et de sa persévérance, qui feront peut-être un jour des émules. Sait-on jamais ?

 

M.P.

 

 

Au courrier

 

Motu proprio du 07.07.07 et levée d’excommunication du 21.01.09

 

Dans Présent  du 30.01.09 et du 31.01.09, Jean Madiran fait le point. Mais la «pression subversive, que l’on peut appeler épiscopalo-médiatique» occulte ces communiqués. En voici l’essentiel:

 

«Considérer les deux décisions comme deux étapes d’un processus de réconciliation, ce serait déplacer et atténuer la portée réelle de l’une et de l’autre. Aligner la levée d’excommunication sur le motu proprio est le principal piège à éviter (…) Le motu proprio a concerné directement et concerne toujours l’ensemble de l’Eglise. Le motu proprio (…) décrétait pour l’Eglise entière, que la messe traditionnelle n’avait jamais été (valablement) interdite et qu’elle n’avait besoin d’aucune  autorisation préalable.»

 

Les évêques, presque tous, avaient «dit, répété, proclamé, imposé la suppression de la messe traditionnelle (…) Il convenait donc de leur donner la “primeur” d’un motu proprio leur révélant qu’ils avaient imposé une injustice, et de quelle grandeur !»

 

En revanche, la levée d’excommunication concerne directement un cas particulier, celui de la FSSPX. Elle ne relève en rien de l’épiscopat et ne nécessite pas de lui en réserver la primeur. «Le Saint-Siège avait décrété l’excommunication, et c’est donc le Saint-Siège qui la lève (…) Mais cela ne l’empêchera pas d’avoir des conséquences indirectes d’une portée plus générale, que l’on peut déjà apercevoir  montrant le bout de leur nez (…)

 

Vatican  II n’a voulu promulguer rien d’infaillible. Donc il est faillible (…) Cette simple considération est en train de doucement devenir officielle.» C’est la Croix, voix autorisée  pour exprimer le sentiment des évêques français, qui l’écrit le 26.01.09: «Vatican II n’est pas un acte de foi.»

 

« C’est maintenant pour les évêques l’heure d’un retour officiel du petit catéchisme traditionnel dans les diocèses. Car tout dépend du catéchisme, à commencer par les vocations  sacerdotales. »

 

Tout le reste, dans l’affaire de la levée des excommunications, est langage du monde servi en pâture dans la confusion générale, y compris les propos personnels d’un évêque.

 

P.G.

 

 

Bricole

 

Bonnes histoires

 

         De nos jours, il est hautement risqué de raconter en public des histoires drôles mettant en scène nos «frères» de couleur, de religion et de culture différentes.

 

         Mais on peut se gausser des gens issus de nos contrées.

 

         Aussi Roger Minne peut-il écrire dans le dernier Cri de la Chouette1:

 

         «J’ai entendu comme vous tous d’imbéciles “histoires belges”, qui font passer nos amis belges (qui ont beaucoup plus d’humour que nous) pour de parfaits nigauds. Connaissant bien la société anglaise, j’ai constaté d’ouïe que toutes “nos” histoires “belges” sont traduites de l’anglais, racontant des blagues irlandaises (les idiots de chez eux). Les Belges se vengent aussi. Ils ont tout un répertoire d’“histoires françaises”. Par exemple (terrible à mon avis !):“Qu’est-ce qu’un Français? C’est un monsieur qui mange du pain avec ses frites ou ses pâtes.» (mp)

 

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