Sommaire :
L’éditorialiste constate que la Confédération se moque comme d’une guigne
du refus populaire clairement exprimé à plusieurs reprises d’un corps de police
fédérale d’intervention.
La rédaction du Pamphlet
est divisée sur les responsabilités de la guerre au Proche-Orient : si
Claude Paschoud ne voit pas d’autre solution que la fin de l’Etat d’Israël, Mariette
Paschoud nous invite à essayer d’être réalistes !
Max craint que les gnomes de Zurich n’aient
pas l’envergure de leurs ancêtres ; il brocarde France Info et rend hommage à un procureur français.
Pollux n’attend pas de miracles de l’alerte enlèvement…
Michel de Preux observe que le cardinal
Henri Schwery, qui s’exprime dans le Nouvelliste «comme théologien et
comme scientifique» est aussi peu crédible comme théologien que faible en
sciences.
Petite chronique du révisionnisme européen.
Un correspondant nous précise qu’il ne faut
pas confondre le motu proprio de
juillet 2007, qui concernait l’ensemble de l’Eglise sur la validité de la messe
traditionnelle, et la levée d’excommunication de quatre évêques de la FSSPX,
qui fait actuellement si grand bruit.
Où on apprend que les Belges ont aussi
leurs bonnes histoires sur les Français
____________________________________________
Editorial
Chassez le
diable par la porte, il rentre par la fenêtre.
En
1978, le peuple et les cantons refusaient la création de la police fédérale de
sécurité chère au conseiller fédéral Kurt Furgler alors chef du Département de
justice et police.
En
2002, les Chambres fédérales rejetaient un projet du même tabac proposé par la
conseillère fédérale Ruth Metzler, chef du même département.
Ces
projets prévoyaient des effectifs importants chargés de tâches qui pouvaient et
devaient être assurées par la collaboration des polices cantonales, avec l’aide
subsidiaire, et d’ailleurs contestable, de l’armée, lors d’événements comme le
G8 ou le Forum de Davos. On n’avait pas besoin d’un échelon supplémentaire,
mais nos «ministres» se sentaient frustrés dans leur ego de superflics
fédéraux.
Quatorze,
c’est le nombre des membres de Tigris, troupe ( !) d’intervention de la police judiciaire fédérale, «créée et
entraînée à l’insu du large public»1, c’est-à-dire derrière notre dos de «peuple souverain» et celui, ainsi
qu’on l’apprenait le 21 mars2,
de «nombreux politiciens fédéraux»,
qui sont très fâchés d’avoir appris par la presse l’existence de la nouvelle «troupe
de choc».
Ignorance
réelle ou gesticulation destinée à calmer les esprits ?L’actuel chef du
Département fédéral de justice et police a ordonné une enquête sur les
activités de Tigris. Est-ce à dire que l’Office fédéral de la
police (fedpol) et le Ministère public de la Confédération, qui ordonnent les
interventions, sont des électrons libres ?
Quatorze,
ce n’est pas beaucoup. Ce n’est en tout cas pas suffisant pour assurer la
sécurité d’un machin international. De plus, cette nouvelle troupe fédérale ne
se baptise pas police de sécurité, mais unité
d’intervention rapide de la police judiciaire fédérale. D’ailleurs, «lorsque son engagement est demandé par un canton,
les lois cantonales s’appliquent. Dans ce cas, l’intervention se déroule
toujours avec l’accord des autorités cantonales». Le fédéralisme à la sauce fedpol est donc sauf.
Fort bien! Mais que se passe-t-il
lorsque l’intervention «tigresque» n’est pas demandée par un canton?
La
police judiciaire fédérale intervient lors de délits dont la compétence incombe
à la Confédération: grande criminalité transfrontalière, terrorisme, espionnage,
tous délits dont fut apparemment soupçonnée notre «feuille de chou d’extrême
droite» en 1973, quand nous nous permîmes d’attribuer au conseiller fédéral
Rudolf Gnägi un «Prix Cornichon» amplement mérité: deux agents fédéraux firent
leur apparition à Lausanne.
La
police fédérale a donc du temps à perdre, et on peut douter que quatorze intervenants rapides, entraînés en
cachette, améliorent son efficacité.
Si
Mme Widmer ignorait vraiment ce qui se concoctait dans son département, il faut
qu’elle retourne à ses fourneaux dans les plus brefs délais. Mais nous n’en croyons rien. Nous pensons
plutôt que la Berne fédérale veut toujours sa police de sécurité mais a modifié
sa tactique, et prévoyait de l’introduire progressivement, en toute discrétion.
La
fedpol nous l’annonce impudemment, d’ailleurs, maintenant que le pot aux roses
est découvert : «Il n’est pas
prévu d’augmenter les effectifs de la troupe d’intervention, à moins que de
nouvelles tâches ne lui incombent.»
Gageons
que ces nouvelles tâches sont à la porte.
Le
Pamphlet
1 Communiqué ats du 19 mars.
2 Autre communiqué ats.
Le récent conflit de Gaza a suscité des
réactions et des commentaires passionnés aussi bien des amis d’Israël que des
défenseurs du peuple palestinien.
Depuis sa création, mais principalement
depuis la Guerre des Six jours, l’Etat d’Israël a bénéficié, en Suisse, d’un
capital de sympathie fondé sur plusieurs facteurs, parmi lesquels une certaine
parenté de taille (la surface du territoire israélien est environ la moitié de
la surface de la Suisse, mais le nombre des habitants des deux pays est
quasiment le même) et une parenté certaine quant à la volonté de se défendre
par les armes contre tout adversaire menaçant l’intégrité de son territoire.
Mais plus les années ont passé et plus
ce capital de sympathie s’est érodé. Les attaques inouïes des financiers
new-yorkais contre notre pays et la récente campagne Plomb fondu dans la bande de Gaza, où des centaines de civils
palestiniens ont trouvé la mort, ou ont été grièvement blessés et mutilés, ont
sérieusement refroidi l’amitié des goyim helvétiques et ont même provoqué des
réactions indignées de la communauté internationale.
Israël, financièrement,
diplomatiquement, militairement soutenu par les Etats-Unis d’Amérique, a pu
jusqu’à aujourd’hui se moquer comme de colin-tampon des critiques des
défenseurs des droits de l’homme et des résolutions de l’ONU. Malgré ses
sympathies pour l’Islam, rien n’indique pour l’instant que le président Barak
Obama soit sur le point de modifier la politique pro-israélienne de son
prédécesseur. On sent pourtant que les ruines de la bande de Gaza, les enfants
déchiquetés, et la disproportion même dans le nombre des victimes font pencher
la balance de la sympathie dans l’autre sens.
Il y a toujours les amis
inconditionnels d’Israël, qui considèrent le Hamas comme une organisation
terroriste1 et les actions militaires de l’armée israélienne comme
des opérations de légitime défense. Les commentateurs juifs sont évidemment du
nombre, à quelques remarquables exceptions près. Mais bien des chrétiens sont
aussi membres du fans’club.
Parmi eux, je cite M. Philippe Barraud
(www.commentaires.com) et les rédacteurs
de la
Nation, organe de la Ligue
vaudoise.
Dans sa livraison du 16 janvier2,
M. Nicolas de Araujo écrit: «A notre
avis, la seule attitude cohérente que pourraient adopter les critiques d’Israël
(mais personne n’ose l’assumer), c’est de dire que cet Etat n’a aucune
légitimité, les Juifs n’ayant aucun droit à avoir un Etat en Palestine, et que
dès lors, quoi qu’Israël fasse, ses
actions sont immorales et condamnables. Puisqu’il n’a pas moralement le droit
d’exister, il n’a pas non plus le droit de se défendre. Du moment, au
contraire, que l’on reconnaît l’existence d’Israël en tant qu’Etat – ce qui
n’implique pas l’approbation du projet sioniste –, il faut lui reconnaître le
droit de se défendre».
Quinze jours plus tard, M. Olivier
Delacrétaz consacrait son éditorial3 aux manifestations en faveur
des Palestiniens. Commentant un tract qui proclame: «Nous refusons qu’un Etat qui foule aux pieds depuis plus de 60 ans la
légalité internationale et qui, par sa pratique continue du terrorisme tout au
long de son histoire, s’est mis lui-même au ban des nations, continue à faire
régner impunément la terreur», l’éditorialiste écrit: «Ces groupes, collectifs et mouvements sont-ils conscients de ce que ce
texte signifie, et sont-ils prêts à soutenir les actions concrètes qu’il
implique? Soixante ans, cela nous ramène à la création de l’Etat moderne
d’Israël. Cela signifie que c’est l’Etat d’Israël comme tel qui est illégitime,
non son régime, non son gouvernement actuel, non le commandement militaire,
mais son existence même. L’Etat d’Israël est de soi et dès l’origine un acte de
terrorisme…»
Les rédacteurs de notre (généralement)
excellent confrère ne se trompent pas, et
c’est bien de cela qu’il s’agit: c’est incontestablement l’existence même
de l’Etat d’Israël qui a créé, il y a soixante ans, une situation de crise
permanente au Proche-Orient, qui n’a jamais cessé depuis lors. Soixante ans –
et plus – d’attentats terroristes4, de combats, d’insécurité, de
bombardements, de tirs de roquettes, de territoires conquis, de populations
chassées et humiliées. Soixante ans de vaines résolutions de l’ONU, de
tentatives diplomatiques, de cessez-le-feu précaires, de reprises des
hostilités, de condamnations internationales inutiles, de propositions de bons
offices sans lendemain.
N’est-il pas temps de reconnaître
l’échec de ce beau rêve ? L’histoire est remplie de fusions,
d’absorptions, de disparitions de communes, de provinces ou d’Etats.
Les conditions dans lesquelles a été
créé l’Etat d’Israël contenaient les raisons de son échec, qu’il serait sage de
reconnaître aujourd’hui. Constitué sur une terre qui n’était que de façon
mythique celle de ses ancêtres, sur un territoire qui a été proprement volé à
ses occupants, l’Etat d’Israël n’a pu subsister si longtemps qu’au prix d’une
perfusion financière permanente des Eats-Unis, de l’Allemagne et des juifs de
la diaspora, et au prix d’une guerre permanente avec ses voisins, dont il
assume la responsabilité prépondérante.
Israël n’a pas plus le droit d’exister
sous forme d’Etat indépendant que la Savoie, l’Anjou, le Kosovo ou l’Ossétie du
Sud.
Ceux qui plaident pour la disparition
d’Israël, comme le président iranien par exemple, n’entendent pas que ses
habitants devraient être tués ou même chassés. Ils disent que si Israël était
une entreprise, ses actionnaires auraient depuis longtemps cessé d’y injecter
de nouvelles augmentations de capital, surtout en considérant l’hostilité
généralisée que cette firme suscite autour d’elle. La liquidation de
l’entreprise n’implique pas qu’on passe par les armes le conseil
d’administration ni les associés. Il faut pourtant que l’échec soit dûment
constaté, et que les bailleurs de fonds ferment le robinet: plus d’aide
financière, plus de crédits ouverts, plus de matériel technique ou militaire,
plus de subventions internationales.
Si l’Etat est capable de maintenir son
indépendance dans ces nouvelles conditions, comme les vieux Suisses ont gagné
la leur, à l’époque, et ont su la maintenir jusqu’à aujourd’hui, alors Israël
aura gagné une légitimité nouvelle car ni la Palestine ni l’Egypte ni la Syrie
ni la Jordanie ni le Liban n’ont droit non plus à l’intangibilité de leur
territoire.
S’il n’est pas capable, par ses seules
forces, de se maintenir comme Etat indépendant, il sera intégré à un autre, et
disparaîtra en tant qu’Etat. Il sera alors enfin possible de construire la paix
au Moyen-Orient.
Claude Paschoud
1 Ce sont souvent les mêmes qui s’indignent des attentats commis par les patriotes palestiniens contre l’occupant qui glorifient les attentats commis jadis par la Résistance française contre l’occupant.
2 La Nation N° 1854 du 16 janvier 2009, p. 3
3La Nation N° 1855 du 30 janvier 2009, p. 1
4 Il est piquant d’entendre les amis d’Israël condamner les «attentats terroristes»… des autres, alors même que l’organisation terroriste Irgun, qui organisa des vagues d’attentats contre les Anglais et contre les civils palestiniens, de 1937 à mai 1948, non seulement n’a jamais été jugée pour ses crimes, mais son chef, Menahem Begin, a été nommé premier ministre d’Israël.
Quand je lis les commentaires relatifs
aux événements de Palestine et, en particulier, à la récente réaction
israélienne aux tirs de roquettes du Hamas contre des colonies juives, je constate
que, quel que soit le parti qu’ils prennent, commentateurs et militants se
fondent sur des a priori idéologiques.
Les partisans, le plus souvent
inconditionnels, de l’Etat d’Israël rappellent le droit imprescriptible des
Israéliens d’occuper la terre de leurs ancêtres, puisque cette terre leur fut
promise par Dieu et confirmée par l’Holocauste. Ils affirment aussi, et c’est
logique, que les représailles exercées par les dirigeants israéliens contre
leurs ennemis relèvent de la légitime défense.
Les défenseurs des Arabes de Palestine,
tout aussi fanatiques, soutiennent que le combat du peuple palestinien contre
l’occupant qui les a spoliés de leur terre et de leurs droits est hautement
légitime, et doit être mené jusqu’à son terme: l’éradication d’Israël pour les
plus radicaux; la création d’un Etat palestinien pour les plus «modérés».
Je ne vais pas prendre parti dans cette
querelle: du fait même des présupposés idéologiques, les informations que nous
recevons par voie de presse sont, au moins en partie, déformées et lacunaires,
donc sujettes à caution. Et puis, la situation est tellement compliquée qu’il
serait présomptueux de ma part de vouloir proposer une solution.
Je voudrais juste commenter trois
notions qui reviennent sans cesse sur le tapis: la légitimité de l’Etat
d’Israël, le concept de peuple palestinien, et le caractère disproportionné des
représailles exercées par les autorités israéliennes contre les «résistants».
Oublions un peu les arguments religieux
et tâchons de rester dans le domaine des faits.
La plupart des Etats nouveaux
s’établissent à la suite d’un coup de force. Ce fut le cas, en 1948, de l’Etat
d’Israël proclamé unilatéralement au nez et à la barbe de l’ONU. Ce fut le cas
aussi, en Suisse en 1803, du pays de Vaud et des autres pays sujets élevés au
rang de cantons, et imposés comme tels à leurs anciens maîtres, par une volonté
extérieure, celle de Napoléon Bonaparte.
La légitimité de ces Etats s’inscrit
d’une part dans la reconnaissance, d’autre part dans la durée.
En ce qui concerne les nouveaux cantons
de 1803, on sait que, au moment de la Restauration, leur reconnaissance fut
menacée par les revendications de leurs anciens maîtres, en particulier de
Leurs Excellences de Berne, et qu’il fallut le soutien du tsar Alexandre 1er
et l’activité inlassable de son ministre Capo d’Istria pour écarter le péril.
Pour ce qui est de la durée, deux siècles de loyale coopération confédérale les
mettent à l’abri de toute contestation.
En ce qui concerne Israël, et sous réserve
de quelques irréductibles nationalistes arabes soutenus, dit-on, par l’Iran, la
reconnaissance existe: la «communauté internationale» entretient avec ce pays
des relations diplomatiques, il est entré à l’ONU en 1949 et n’en a pas été
exclu, en dépit de sa propension à ne pas respecter les résolutions du
pachyderme. Reste la durée, et là, il est trop tôt pour se prononcer:
soixante ans, c’est court au regard de l’histoire.
Qu’en est-il du peuple palestinien? Les
mouvements nationalistes de Gaza et de Cisjordanie, ainsi que leurs partisans,
désignent ainsi les Arabes de Palestine, comme si ces derniers constituaient
une nation séculaire, une entité homogène dotée d’une histoire commune, vécue
avec des institutions communes, sur une terre ancestrale. Il suffit de se
pencher sur l’histoire de la Palestine pour voir que ce territoire a passé de
main en main depuis la nuit des temps, que les mouvements de populations y ont
été nombreux et importants, ce qui est peu propice à la naissance d’un
sentiment national. Il ne s’ensuit pas,
bien entendu, que les Arabes de Palestine soient indésirables sur cette terre,
mais il est excessif de les présenter comme les légitimes propriétaires des
lieux.
Le caractère disproportionné des
représailles exercées par Israël contre ses adversaires me paraît évident, et
rappelle les dizaines d’otages fusillés, en France, par les forces d’occupation
chaque fois que des résistants abattaient un officier allemand.
Il est de bon ton, dans certains
milieux, d’expliquer que ces représailles disproportionnées avaient un but
dissuasif, et qu’il fallait être non pas un noble résistant mais un terroriste
criminel pour continuer à tuer des Allemands en sachant – car c’était officiel
– que des dizaines d’innocents paieraient pour ces actes irresponsables commis
sous prétexte qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Ce sont
souvent les mêmes qui stigmatisent la répression israélienne. Pourtant, le
Hamas ne peut pas ignorer que ses tirs de roquettes, même s’ils ne font pas
beaucoup de victimes – que vaut la vie, je vous le demande, de deux ou trois colons israéliens qui n’ont
rien à faire là au regard de la noble cause du peuple palestinien! –, vont
entraîner une riposte qui fera, elle, des centaines de morts et de blessés,
sans compter les maisons détruites et les survivants réduits à la misère.
Il ne peut y avoir deux poids et deux
mesures. Qu’on les appelle résistants ou terroristes, les gens qui sacrifient
sans états d’âme la vie d’autrui à leur idéologie sont des assassins. Et ce
n’est pas parce que les terroristes sionistes ne valaient pas mieux au siècle
dernier que les terroristes arabes d’aujourd’hui doivent être considérés comme
des héros ou des martyrs.
La situation actuelle est moins que
jamais propice à la paix. Et l’intervention constante de la «communauté
internationale» ne fait que prolonger la guerre et augmenter le nombre des
victimes. Je me dis parfois que si l’on abandonnait les Israéliens et les
Arabes de Palestine à eux-mêmes, la question serait vite réglée en vertu du
principe selon lequel la raison du plus fort est toujours la meilleure, étant
entendu que, à moins de faire beaucoup d’enfants, le plus fort d’aujourd’hui ne
sera pas forcément celui de demain.
Mariette Paschoud
Ne dites pas: «Quand le Matin Bleu du
16 mars s’en prend aux christianisme
en annonçant qu’“on va s’ennuyer ferme à Pâques” sous prétexte que certains cantons appliquent des “lois d’un autre
temps” qui interdisent la danse ou le jeu
de quilles les jours de grandes fêtes
religieuses, il fait vraiment feu de tout bois.» Dites: «Quand le Matin Bleu du 16 mars s’en
prend au christianisme en annonçant qu’“on va s’ennuyer ferme à Pâques” sous prétexte que certains cantons
appliquent des “lois d’un autre temps” qui
interdisent la danse ou le jeu de quilles les jours de grandes fêtes
religieuses, il fait vraiment flèche de tout bois.»
Et dites-vous bien que c’est
probablement le même journaliste qui nous tartine chaque année des lignes et
des lignes sur les beautés du ramadan.
Le pinailleur
Le hachoir à viande (conte moderne et pas nécessairement
moral)
Au sortir de la seconde guerre
mondiale, Max Petitpierre, patron du Département politique fédéral, avait dû
subir les pressions de certain lobby américain qui réclamait avec des cris
d’orfraie la levée du secret bancaire pour les comptes des vaincus. Le
conseiller fédéral avait désamorcé l’affaire, proposant d’aller plus loin en
matière de sainteté et de lever le secret bancaire pour la totalité des comptes
ouverts par les ressortissants des pays belligérants; moyennant quoi le soufflé
était retombé, et la Suisse avait conservé intacte la réputation de sécurité
bancaire qui faisait sa renommée et la confiance de particuliers soucieux de ne
pas sacrifier leur fortune aux molochs fiscaux, sans cesse plus voraces, de
leurs pays de résidence ou d’origine. Prenant son mal en patience, le lobby
avait alors entamé un long travail de rongeur. Vers le milieu des années
soixante, on vit naître et prospérer dans les dialogues cinématographiques la
mention des «machines à laver des banques
suisses». En enchaînement logique apparut, quelque dix ans plus tard,
l’affaire des fonds en déshérence. Les tout petits bonshommes, avec leurs
diplômes de hautes études économiques et leurs boutons de manchettes achetés à
Harvard, qui n’avaient aucune parenté de format ou d’esprit avec les grands
banquiers auxquels, à force de temps, ils avaient succédé, tirèrent leurs
calculettes et convinrent qu’obtempérer était plus profitable en termes de
points boursiers et de parts de marché. Obnubilés par le premier principe
fondamental d’économie de marché (l’offre et la demande) et oublieux du second
(Ote-toi de là que je m’y mette !), ils introduisirent la main dans le
hachoir à viande. Pour la plus grande joie du lobby, la Suisse cédait. A New
York, les rongeurs n’avaient plus qu’à dénicher à Wall Street quelques
ex-employés indélicats en bourse, et à les mener au plea bargain1 d’autant plus aisément que le secret
bancaire suisse avait perdu de son imperméabilité. Et c’est ainsi que, de peur
de perdre leur place sur le marché bancaire américain, les vraiment très petits
nains aux grands bonus de Zurich rangèrent leurs calculettes, lustrèrent leurs
boutons de manchettes et se firent indicateurs – pardon, «auxiliaires de
justice» (en argot états-unien: Stool
pigeons.
La France qui déconne
14.3.2009: sur France Info, le
«lamentateur» de service déplore le
suicide, dans la prison de Moulins, d’un détenu multirécidiviste de dix-sept
ans, et ne manque pas de rappeler que des voix s’élèvent en France pour
condamner la «surpopulation carcérale».
Dans la foulée, le rapporteur précise en
toute candeur que le suicidé a été découvert dans sa cellule «individuelle».
Un homme d’exception
Nous avons déjà écrit ici le bien que
nous pensons du procureur de Nice Eric de Montgolfier. Fidèle à son Devoir de déplaire, titre d’un livre
dont il est l’auteur et sur lequel nous reviendrons prochainement, M. de
Mongolfier a été amené au cours de sa carrière à s’attaquer avec passablement
de succès à pas mal d’idoles et de temples, quitte à mettre parfois en
porte-à-faux une magistrature souvent frappée de myopie. En ces temps moroses,
nous croyons roboratif de relater ici une de ses récentes interventions: Grandgousier2,
maire d’une petite ville du littoral, convaincu de prise illégale d’intérêt
dans ce que la presse locale avait si plaisamment décrit comme un «marché
public passé en famille», a
été récemment condamné à une peine avec sursis et à une amende, mais a
échappé à l’inéligibilité. Le procureur a alors décidé de ne pas interjeter
appel, laissant aux électeurs le soin de décider du futur politique du maire
indélicat. Au sortir du Palais de justice, soulagé d’avoir sauvé son
mandat, le condamné s’est fendu d’une déclaration de circonstance pour les
médias locaux, parlant d’avoir «fait une
imprudence (…) avant tout pour être au service de ses administrés, et pas autre
chose». Mal lui en a pris. Montgolfier déclarait dix jours plus tard: «Les commentaires à travers la presse (…)
ont bien manifesté que M. G. n’avait rien compris. Ce que, moi, j’appelle une
infraction, lui, il l’appelle une erreur (…) On ne va pas m’expliquer que ce
qu’on fait pour le bien de sa famille avec les fonds publics est une bonne chose;
c’est précisément ce que la loi réprouve. M. G. ne me paraissant pas avoir
compris le sens de cette condamnation – il a dû la trouver un peu légère –,
j’ai donc décidé d’interjeter appel pour permettre à la Cour de l’aggraver.»
Courant désormais le risque d’inéligibilité, M. G. n’a – cette fois – pas
souhaité s’exprimer.
Max
l’Impertinent
1 Système procédural par lequel un délinquant passe un accord avec la justice pour alléger sa peine, voire s’en exonérer, en échange d’informations jugées d’intérêt supérieur.
2Nom fictif.
C'est odieux, mais c'est ainsi: tout ce
que la Suisse romande compte de fastidieux scribouillards danse avec
délectation autour du cadavre d'une jeune fille de seize ans, enlevée et
assassinée par un déséquilibré. Un crime sordide! Qu'y a-t-il de plus exaltant
pour permettre à nos faiseurs d'opinion de jouer aux justiciers? Déjà, le
coupable est désigné: c'est la société. L'assassin est un malade dont les
pouvoirs publics ne se sont pas suffisamment occupés. Un cas que les «experts»
n'ont pas su «gérer». Ce sont les autorités qui n'ont pas réagi assez
vite, qui ne se sont pas assez coordonnées. Et surtout, surtout, répètent les
éditorialistes, c'est la Suisse – l’unique objet de leur ressentiment – qui n'a
pas su, qui n'a pas voulu mettre en place un véritable «plan d'alerte enlèvement».
Toute la rogne méchante des
journalistes se concentre donc désormais sur ce seul élément: le «plan
d'alerte enlèvement que tous les autres pays connaissent et que
les autorités suisses tardent insupportablement à mettre en place!»
Quelques fielleux ajoutent que «c'est la faute du fédéralisme!»
En réalité, bien d'autres Etats n'ont
pas voulu introduire un tel dispositif, qui déploie généralement ses effets
trop tard et risque d'inquiéter inutilement la population pour des disparitions
le plus souvent anodines. Les seuls exemples que l'on nous cite sont la France
et les Etats-Unis. Or le dispositif français, tel qu'on nous l'explique, ne
peut être déclenché qu'à certaines conditions très strictes: il faut que
l'enlèvement soit avéré, que la victime soit mineure, que son intégrité
physique ou sa vie soit en danger, que des éléments d'information permettent de
localiser l'enfant ou le suspect et que les parents aient donné leur accord1.
Dans le cas de la jeune Lucie – qui, à
ce que l'on nous dit, a suivi de plein gré son agresseur, lequel lui avait
proposé de «faire des photos» –, ces
conditions n'étaient sans doute pas remplies et ce fameux plan n'aurait été
d'aucun secours. Les spécialistes affirment aussi que, lorsqu'un enlèvement est
suivi d'un homicide, ce dernier survient presque toujours très rapidement, dans
un délai d'une à trois heures, soit bien avant que l'alerte urbi et orbi
ne déploie ses effets.
Mais peu importe le sort de Lucie:
c'est tellement grisant de pouvoir ainsi morigéner les politiciens, les
houspiller, les sommer d'agir vite même si cela ne sert à rien. «Comment
pouvez-vous refuser de faire quelque chose d'inutile alors que la vie de nos
enfants est en jeu?» Et les politiciens, toujours en quête d'une
réélection, vont obtempérer servilement aux exigences des médias. Déjà les
premiers communiqués fusent, annonçant triomphalement que le parti machin ou le
député Untel interpelle le gouvernement «pour défendre la sécurité de vos enfants!»
(Et pour que vous sachiez qu'il défend la sécurité de vos
enfants.) Les voix critiques seront au mieux ignorées, au pire insultées, et la
Suisse va se doter dans la précipitation d'un état-major militaro-policier
centralisé destiné à alerter la population, à occuper quelques fonctionnaires
et à procurer une bonne conscience à tous ceux qui éviteront ainsi de
s'attaquer aux causes du problème.
Nous continuerons donc d'assister à des
agressions, à des enlèvements et à des crimes; mais, en plus, nous
vivrons régulièrement des grands débordements d'émotion populaire et de
sensiblerie collective, avec des messages retransmis partout, à la télévision,
sur les autoroutes, sur nos téléphones, sur Facebook, avec des centaines de gens qui croiront avoir
aperçu des victimes et qui dénonceront leurs voisins, et avec des journalistes
qui se pourlécheront morbidement les babines à l'idée de pouvoir brasser toute
cette agitation.
Pollux
1 Swissinfo.ch, 12 mars 2009.
Dans le Nouvelliste du 4 février
2009, sous la rubrique L’invité, le
cardinal Henri Schwery aborde la question de l’évolution darwinienne pour
affirmer, sur la base d’une mise au point du pape Léon XIII1,
qu’elle n’est pas en contradiction avec la Révélation divine correctement
comprise: «La foi au Dieu créateur
n’implique aucun choix nécessaire entre fixisme et évolutionnisme.»
Le problème, c’est que Darwin affirmait
l’origine animale de l’homme et que cette façon d’expliquer l’origine de notre
espèce, tout en négligeant totalement la question du chaînon manquant pour
pallier la discontinuité du passage de l’espèce animale à la nôtre, implique la
négation de la création de l’âme directement par Dieu, fondement incontournable
de la dignité de tout être humain. En cela, précisément, le darwinisme est
incontestablement hétérodoxe!
C’est du reste ce qu’enseignait le pape
Pie XII, que le cardinal valaisan omet (intentionnellement?) de citer ici:«(…) ne se comportent-ils pas comme si
l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante était à cette
heure absolument certaine et pleinement démontrée (…) comme si rien dans
les sources de la Révélation divine n’imposait sur ce point la plus grande
prudence et la plus grande modération?»2 Cette prudence et cette
modération font totalement défaut au cardinal extrémiste de Sion, qui ne dit
rien non plus du rejet, au nom de la Révélation elle-même, du polygénisme…
Typiquement moderniste est au reste sa
conclusion: «La Révélation biblique (…)
est parole de vie, de vie surnaturelle (…) que la raison ne connaît pas par
elle-même.» Certes, mais avec cette précision nécessaire et toujours passée
sous silence par la secte: «L’origine
divine de la religion chrétienne peut se prouver avec les seules lumières
naturelles de notre raison.»3
Henri Schwery dit se réjouir «comme théologien et comme scientifique»
de l’éloignement actuel de ces polémiques «pseudo-scientifiques
et pseudo-religieuses». Ces propos ne prouvent qu’une chose, ou plutôt
deux: ignorant le naturalisme matérialiste et athée du naturaliste anglais, H.
Schwery démontre qu’il est à la fois un homme de science très approximatif et
peu sérieux, et un théologien passablement nébuleux! Il est vrai que sa qualité
de cardinal l’autorise à se donner
chez des provinciaux des qualités non démontrées. Le quotidien du Valais est
tout disposé à les lui reconnaître sans examen.
O vanité, qui donne à ce monde petit
l’illusion de la sagesse et de la science même quand c’est la stupidité la plus
évidente qui s’exprime!
«Une
de mes premières mésaventures de jeune journaliste advint à propos d’un livre
de Grant Allen intitulé L’évolution de l’idée de Dieu. Chargé d’en rendre compte, j’émis l’idée qu’un livre signé Dieu sur L’évolution
de l’idée de Grant Allen aurait été
beaucoup plus passionnant. Je n’oublierai pas de sitôt le ton attristé de mon
rédacteur en chef lorsqu’il me fit remarquer le tour blasphématoire de cette
remarque.»4
Michel de Preux
1 Encyclique Providentissimus Deus du 18 novembre 1893 sur l’enseignement de la Bible.
2 Encyclique Humani generis du 12 août 1950.
3 Ibid.
4 Chesterton: L’homme éternel, première partie: L’homme dans sa caverne.
Encore un
Après Ernst Zündel, Germar Rudolf et
Sylvia Stolz – dont la condamnation a été cassée et dont le nouveau procès est
en cours –, l’Allemagne s’offre un prisonnier politique supplémentaire en la
personne de l’avocat Horst Mahler, septante-trois ans, qui croupit désormais
dans une prison munichoise pour incitation à la haine, négationnisme et autres
chefs d’accusation de la même eau.
Intervention
Bruno Gollnisch, membre du Front
National et député au Parlement européen s’est fendu devant cette assemblée
d’une intervention courageuse en faveur de Sylvia Stolz et de Horst Mahler:
«(…)
Nous avons appris tout récemment l’incroyable condamnation à six années de
prison de deux avocats allemands, M. Horst Mahler et Mme Sylvia Stolz.
Cette
terrible condamnation est motivée par le fait que les intéressés expriment des
points de vue dissidents de la version officielle quant à la réalité et
l’étendue du drame concentrationnaire lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Quoi
que l’on pense de leurs opinions, il est extrêmement grave que, dans l’Union
européenne, aujourd’hui, des citoyens, avocats de surcroît, soient condamnés à
de telles peines pour avoir discuté un fait historique.
Il
semble que dans l’Allemagne soi-disant démocratique d’aujourd’hui, il y ait
toujours des juges pour museler la liberté d’expression avec le même zèle que
naguère dans l’Allemagne national-socialiste ou dans l’Allemagne communiste.
C’est
aussi le cas, hélas, dans d’autres Etats de l’Union, dont la France. C’est
insupportable et c’est très grave.»
Je doute fort que M. Gollnisch ait été
entendu, si tant est qu’on l’ait seulement écouté. Mais il faut lui savoir gré
de sa rectitude et de sa persévérance, qui feront peut-être un jour des émules.
Sait-on jamais ?
M.P.
Motu proprio du 07.07.07 et
levée d’excommunication du 21.01.09
Dans Présent du 30.01.09 et du 31.01.09, Jean
Madiran fait le point. Mais la
«pression subversive, que l’on peut appeler épiscopalo-médiatique» occulte ces communiqués. En voici
l’essentiel:
«Considérer
les deux décisions comme deux étapes d’un processus de réconciliation, ce
serait déplacer et atténuer la portée réelle de l’une et de l’autre. Aligner la
levée d’excommunication sur le motu proprio est le principal piège à éviter (…)
Le motu proprio a concerné directement et concerne toujours l’ensemble de
l’Eglise. Le motu proprio (…) décrétait pour l’Eglise entière, que la messe
traditionnelle n’avait jamais été (valablement) interdite et qu’elle n’avait
besoin d’aucune autorisation préalable.»
Les évêques, presque tous, avaient «dit, répété, proclamé, imposé la suppression de la
messe traditionnelle (…) Il convenait donc de leur donner la “primeur” d’un
motu proprio leur révélant qu’ils avaient imposé une injustice, et de quelle
grandeur !»
En revanche, la levée d’excommunication
concerne directement un cas particulier, celui de la FSSPX. Elle ne relève en
rien de l’épiscopat et ne nécessite pas de lui en réserver la primeur. «Le Saint-Siège avait décrété l’excommunication, et
c’est donc le Saint-Siège qui la lève (…) Mais cela ne l’empêchera pas d’avoir
des conséquences indirectes d’une portée plus générale, que l’on peut déjà
apercevoir montrant le bout de leur nez
(…)
Vatican II n’a voulu promulguer rien d’infaillible.
Donc il est faillible (…) Cette simple considération est en train de doucement
devenir officielle.» C’est la Croix, voix autorisée pour exprimer
le sentiment des évêques français, qui l’écrit le 26.01.09: «Vatican II
n’est pas un acte de foi.»
« C’est
maintenant pour les évêques l’heure d’un retour officiel du petit catéchisme
traditionnel dans les diocèses. Car tout dépend du catéchisme, à commencer par
les vocations sacerdotales. »
Tout le reste, dans l’affaire de la
levée des excommunications, est langage du monde servi en pâture dans la
confusion générale, y compris les propos personnels d’un évêque.
P.G.
Bonnes histoires
De nos jours, il est hautement risqué
de raconter en public des histoires drôles mettant en scène nos «frères» de
couleur, de religion et de culture différentes.
Mais on peut se gausser des gens issus
de nos contrées.
Aussi Roger Minne peut-il écrire dans
le dernier Cri de la Chouette1:
«J’ai
entendu comme vous tous d’imbéciles “histoires belges”, qui font passer nos
amis belges (qui ont beaucoup plus d’humour que nous) pour de parfaits nigauds.
Connaissant bien la société anglaise, j’ai constaté d’ouïe que toutes “nos”
histoires “belges” sont traduites de l’anglais, racontant des blagues
irlandaises (les idiots de chez eux). Les Belges se vengent aussi. Ils ont tout
un répertoire d’“histoires françaises”. Par exemple (terrible à mon
avis !):“Qu’est-ce qu’un Français? C’est un monsieur qui mange du pain
avec ses frites ou ses pâtes.» (mp)
1 11 bis rue Jean Nicot, F-75007 Paris