Sommaire :
L’éditorialiste doute que l’institution d’un service civique obligatoire
soit de nature à améliorer l’esprit civique
Où il est question de médecins, des différentes manières de concevoir les
droits de l’homme, d’inégalité de traitement face aux poussières fines, du
mauvais comportement des soldats en congé, de la beauté des femmes italiennes,
de la naïveté d’une députée européenne et des doutes intolérables d’un expert à
la renommée internationale.
La minute du langage châtié…
Max nous rappelle ses positions sur l’Union européenne grâce à quelques
citations des articles parus dans le Pamphlet
depuis l’an 2000 ; il déplore la lenteur des interventions destinées à
rétablir les lignes téléphoniques endommagées par la foudre, à Nice ; il
rend hommage à Gabriele Adinolfi, «fasciste debout» et il s’étonne du
vocabulaire des militaires français en Afghanistan.
Chronique habituelle du
révisionnisme en Europe.
Michel de Preux s’étonne que tous les génocides ne soient pas l’objet d’une
identique réprobation populaire
La harpie et le conseiller d’Etat
Pollux a vu l’émission de la Télévision suisse romande «Mise au point»,
le 1er février dernier et il épingle la présentatrice Mme Audrey
Sommer, lamentable d’incompétence agressive.
Dans
une invitation de la Société vaudoise des officiers à une conférence donnée le
20 janvier, on pouvait lire ce qui suit: «Voilà quelques années, la France
a supprimé la conscription obligatoire, accélérant un processus de lent
désintérêt pour le service rendu à la patrie. Luc Ferry, aujourd’hui président
du Conseil d’analyse de la société, un service rattaché au premier ministre, a
été chargé par le Président de la République de réfléchir à un service civique
obligatoire, afin de renforcer le sentiment républicain actuellement en
déliquescence.»
Comme
nous n’avons pas pu assister à la conférence de l’ancien ministre de
l’éducation nationale intitulée Education
et civisme, il ne nous est évidemment pas
possible de faire état du «constat de son expérience française» ni de sa «série de réponses pour
endiguer ce phénomène». Mais le sujet
nous paraît digne d’intérêt.
A
l’époque désormais lointaine où nous combattions avec l’énergie de la jeunesse
l’introduction du service civil de remplacement pour les objecteurs de
conscience, la question se posait déjà: faut-il astreindre tous les citoyens à
un service obligatoire? Et déjà la
réponse était: non, seul le service militaire peut justifier une telle atteinte
à la liberté individuelle, car la défense du pays ne peut pas être assurée
autrement. En revanche, toutes les tâches qu’accompliraient les astreints au
service civil, et, jusqu’à un certain point, à la protection civile, pourraient
être confiées à des particuliers ou à des entreprises privées.
Les
choses ont changé, les effectifs de l’armée ont considérablement diminué;
l’armée suisse n’a plus besoin de tous les citoyens en âge de servir; le
recrutement répartit les conscrits qui ne souhaitent pas échapper au service
obligatoire ou n’y parviennent pas entre l’armée, la protection civile et le
service civil désormais ouvert à tout le monde et, paraît-il, fort prisé. Il
n’en reste pas moins vrai que seule la défense du pays justifie l’obligation de
servir.
Toutefois,
comme on tend chez nous vers ce fameux service obligatoire censé renforcer le «sentiment
républicain» ou «citoyen», demandons-nous si le civisme de nos concitoyens s’est accru
ces dernières années. Nous n’avons rien constaté de tel, mais nous avons noté ceci:
les militaires en tenue de sortie que nous avons l’occasion de croiser sont
pour la plupart à ce point débraillés qu’on en a honte pour eux et pour leur
hiérarchie; nous avons la faiblesse de penser que la correction de la tenue est
aussi une marque de civisme.
Penser
qu’un service civique obligatoire – auquel il faudrait astreindre aussi les
femmes, évidemment, dont le «sentiment républicain» se délite tout autant que
celui des hommes – ranimerait l’intérêt pour le service rendu à la patrie revient
à placer la charrue avant les bœufs, à prétendre que le port obligatoire de
chaussettes de laine tricotées main ferait remonter les températures hivernales.
En d’autres termes, ce n’est pas le service à la communauté qui engendre le «sentiment
républicain » – on notera que le civisme n’existait pas sous la monarchie –,
c’est le «sentiment citoyen» – même remarque – qui fait accepter le service
quand il s’avère nécessaire. Ce n’est pas par hasard que, à l’époque de la
conscription obligatoire et générale, les refus de servir augmentaient en temps
de paix pour redevenir rares aussitôt qu’une menace de guerre se profilait à
l’horizon.
En
fait, le vrai problème, c’est que les gens aiment de moins en moins leur pays.
Bien sûr, ils restent attachés à des lieux, à des paysages, à des personnes.
Mais les changements sociaux qui s’opèrent sous leurs yeux avec l’aval de leurs
dirigeants font qu’ils ne se sentent plus chez eux, et l’interdiction qui leur
est faite de s’en plaindre – il est risqué, de nos jours et sous nos latitudes,
de dire en public qu’il y a trop burqas, trop de voiles islamiques, trop de
gens de type exotique – engendre chez eux un sentiment d’impuissance et de
frustration fort peu propice au «sentiment républicain». Ceci vaut pour pas mal
de gens d’un certain âge. Quant aux jeunes, qui baignent depuis le berceau dans
l’ouverture au monde, pourquoi se mettraient-ils au service d’une communauté
plutôt que d’une autre? Pourquoi, alors que les cours d’instruction civique,
pardon de citoyenneté, servent principalement à dénigrer les vieux patriotes
ringards et leurs représentants fascistes, seraient-ils portés à regarder le
pays de leur naissance autrement que comme un simple lieu où le hasard les a
fait naître?
Le
civisme ne se commande pas. Nous craignons fort que beaucoup des jeunes gens
qui, chez nous, s’engagent dans l’armée ne le fassent pour le plaisir de jouer
les rambos. Peut-être est-ce pour cette raison que les soldats en tenue de
camouflage que nous croisons aussi sont presque toujours impeccables. Nous
pensons aussi que les membres du service civil obéissent à un souci social ou
humanitaire beaucoup plus qu’au désir de servir le pays.
En
tout état de cause, infliger à une population un service obligatoire sans autre
but que le renforcement d’un civisme en voie de disparition constitue une
mesure inutile et surtout totalitaire. Nous espérons que nos autorités si
promptes à suivre les modes idéologiques en sont conscientes.
Le
Pamphlet
Titre: L’infanterie: une tradition riche d’avenir. Sous-titre: Du soulier à clous au char à roues.
Publié sous la direction du général Michel Chabloz1, commandant de
la Formation d’application d’infanterie, ce volumineux ouvrage de très belle présentation
– papier glacé, nombreuses illustrations – plaira de toute façon à ceux qui
aiment les beaux livres, même s’ils ne connaissent rien à l’infanterie. Mais il
est surtout destiné, évidemment, aux amateurs d’histoire militaire.
L’infanterie suisse y est présentée sous divers aspects – géographique,
historique, technique, humain, philosophique – à partir d’un lointain passé
jusqu’aux perspectives d’avenir qui s’ouvrent à elle après l’évolution qu’elle
a subie de la fin du XIXe au
début du XXIe siècle.
Les diverses contributions toutes plus
érudites les unes que les autres mériteraient chacune un article. On me
pardonnera de ne pas m’être lancée dans une entreprise aussi ambitieuse et de
me borner à vous recommander l’acquisition de cet ouvrage, dont je vous livre
pour conclure la dédicace qui, j’en suis sûre, s’adresse à nombre d’entre vous
au moins rétroactivement: «Ce livre est
dédié à toutes celles et à tous ceux qui sont animés d’une passion pour
l’infanterie de milice et qui la servent avec esprit de loyauté, au-dessus des
querelles de personnes. Ce livre s’adresse à l’homme d’action, le fantassin:
celui qui invente une solution là où les autres se croient dans une impasse.»
M.P.
1 Editions militaires, 1678 Siviriez, 428 pages, fr. 65.-. Adresser les commandes à Association «Editions militaires»/Formation de l’application de l’infanterie/Château-Caserne/2013 Colombier.
Ne
dites pas: «Il faut espérer que les
innombrables plombiers roumains et bulgares qui vont nous envahir prochainement
se mettront à parler français, allemand ou italien dans les plus brefs délais.»
Dites: «Il faut espérer que les
innombrables plombiers roumains et bulgares qui vont nous envahir prochainement
se mettront à parler le français, l’allemand ou l’italien dans les plus brefs
délais.» Après tout, personne n’aurait l’idée de dire: «Il faut espérer que les innombrables plombiers roumains et bulgares
qui vont nous envahir prochainement se mettront à apprendre français, allemand
ou italien dans les plus brefs délais.»
Le pinailleur
Salut les lemmings ! (Les «europressés» sont priés de freiner)
Chronologie «pamphlétaire» :
– En décembre 2000 (Les nains, au sommet
de Nice – n° 300, p. 4), nous craignions qu’à Bruxelles «plus
personne ne sache qui faisait tourner l’usine à gaz»; nous pensions qu’il
était peut-être encore temps d’éclaircir l’«eurovision»
de certains de nos compatriotes encore enclins à tenter l’«euro‑saut» ; nous redoutions que la recherche d’une
construction équilibrée tombe en désuétude face à la notion illusoire de
rapport immédiat en capital et en électorat, et que l’Europe se fît «coûte que coûte».
– En février 2002 (Lettre ouverte à un ami «dermopathe» – n° 312, p. 4), nous souhaitions
éviter que les pays d’Europe soient servis en buffet froid par des gens sans
honneur à des gens sans scrupules. A nos yeux, la mondialisation n’était qu’un
leurre, l’«européanisation» l’étape
intermédiaire d’un plan d’asservissement général tout sauf philanthropique.
Nous considérions l’Europe des «banksters»
comme une antichambre du «supermarché»
américain, et l’harmonisation comme une cacophonie masquée visant à nous soumettre
à des princes impitoyables sans commune mesure avec les petits tyrans dont on
amusait les foules. Nous pensions les Suisses chanceux de n’être pas encore
touchés, mais redoutions que cela ne soit qu’affaire de temps. Il allait leur
falloir prendre par eux-mêmes, et trop tard, la mesure des calamités qui frappaient
déjà leurs voisins .
– A l’issue de la consultation
populaire du 4 mars 2001, dans un texte transmis à la rédaction mais non
publié, nous pensions qu’il incombait à l’UE de donner des preuves d’une
quelconque efficacité.
– En décembre 2003 (Bonnes fêtes ! – n° 330,
p. 2), nous souhaitions à deux
nouveaux conseillers fédéraux (MM. Blocher et Merz) de bien gérer l’Etat;
qu’ils s’affirment en souverains pour le plus grand bien de notre peuple et
que, s’appuyant sur le traditionnel bon sens de celui-ci, ils épargnent à la
Suisse la contagion d’une Europe décadente.
– En avril 2004 (Sauvons les « gnous »
– n° 334, p. 2), nous résumions en six mots (disparition de la
Suisse par absorption) ce que notre pays avait à redouter d’une entrée dans
l’Europe et nous espérions que nos quelques observations permettraient de
ralentir nos frénétiques de l’adhésion, ces « gnous »
tant obsédés par la rive d’en face qu’ils en oubliaient les dangers de noyade.
Et si nous profitions de la
spectaculaire ouverture de 2009 - La
crise mondiale sur livret interprété
à Davos par le chœur cacophonique européen (aux accents de l’orchestre
ploutocratique international sous direction anglo-saxonne) pour nous demander
où nous en sommes en Suisse ?
La France en action (Gaston y’a l’téléfon qui
son… mais y’a jamais person qui y répond –
Nino Ferrer)
Rappel de nos informations du précédent
Pamphlet :
le 6 novembre 2008, la foudre tombait sur des lignes téléphoniques à Nice. Le 11
février 2009, après un nombre
incalculable de démarches de toutes natures et une lettre recommandée AR bien
reçue mais demeurée sans réponse, nous avons la satisfaction d’annoncer qu’en
tout cas un des foyers privés de ligne est de nouveau connecté... après nonante-sept
jours d’un suspense insoutenable.
Histoire d’euro (peut-on se fier à la monnaie fiduciaire ?)
De
passage dans une La Poste1 française, Max présente un billet
de cinq cents euro en paiement d’une facture de cent vingt. Réaction violente
de la responsable du bureau qui refuse de faire la monnaie. Max s’inquiète de
savoir si le billet a bien cours dans le pays et, dans l’affirmative, pourquoi sa
valeur numéraire n’est pas honorée par l’administration. Réponse véhémente de
la receveuse : «C’est [entendre : de telles dénominations
sont] pour les Allemands!» Max se demande encore si la dame a bien compris
la portée de son affirmation. L’ange qui passa, gêné, sur la trentaine de personnes
qui faisaient la queue l’a bien compris, lui.
Un fasciste debout
Merci à M. Valentin Barnay de Rivarol
pour ce titre qui colle si bien à la personne de Gabriele Adinolfi. Portant la
cinquantaine avec l’élégance d’un centurion, cet irréductible Romain, ce théoricien
mais surtout cet activiste (au sens noble du mot) aux allures de félin,
nous livre ses Pensées corsaires2,
dont aucune ne laisse indifférent ; ses espoirs, aussi, qui auront le
mérite de rappeler aux peuples européens inquiets qu’au-delà des systèmes en
place que sont la ploutocratie et son complice sournois le communisme, perdure
une «troisième voie», toujours vaillante: celle des grands guides. Sans jamais
être pesant, Adinolfi, sait être profond, cultivé et précis, tout en rehaussant
son livre de traits d’humour et d’esprit, le rendant d’autant plus redoutable
pour ces «démoctatures» vacillantes, frénétiques à réprimer l’un et à niveler
l’autre. Ainsi cette savoureuse anecdote sur Italo Balbo: durant le Biennio rosso, les matraques ayant été
interdites à Ferrare, le chef fasciste choisit d’armer ses escouades de pièces
de stockfish… Réaction pittoresque
qui ne peut manquer de remémorer l’épisode des nationaux-socialistes allemands,
interdits de chemise brune par un pouvoir à court d’arguments, défilant torses
nus mais cravate noire au cou.
Le français est-il soluble dans le politiquement correct ?
Ouï (mes aïeux !) le 11.2.09 d’un
militaire français d’Afghanistan relatant sur les ondes de France Info la mort, dans une embuscade, d’un de ses
camarades: « [l’officier] s’est fait (sic) décéder ». Il doit s’agir là d’un nouveau dégât collatéral du
politiquement correct: décéder dans
une embuscade – sauf de crise cardiaque – est impropre mais aide à édulcorer la
mort d’un homme qui, en réalité, s’est fait tuer,
voire massacrer. Se faire décéder est inacceptable – sauf à titre d’heureux lapsus
pour le regrettable se faire dessouder.
On notera que depuis le Viêt-Nam, les Etats-uniens, grands maîtres de
l’euphémisme, n’ont plus ni morts ni blessés dans leurs opérations ;
simplement des pertes (casualties),
ce qui a le mérite de jeter un voile pudique sur bien des désastres.
Max
l’Impertinent
1 En France, on allait jadis à la poste, bâtiment au fronton duquel était écrit: «Postes, télégraphes et téléphones». Depuis quelques décennies, à en croire ces mêmes frontons, on va à la «La Poste»...
2 Pensées corsaires – Abécédaire de lutte et de victoire, par G. Adinolfi (très habilement traduit par MM. Bruno Cariou et Pascal Lassalle), 424 p., 26 euro, les Editions du Lore, ISBN : 978-2-35352-017-6, www.ladiffusiondulore.com.
Pas malin
Au raffut suscité par Dieudonné et le
professeur Faurisson a succédé le raffut encore plus bruyant provoqué par
l’évêque Richard Williamson. Que de bruit et de fureur!
Il y a des jours où je me demande si
les pourfendeurs de «négationnistes» sont très intelligents. Il me semble qu’à
leur place, je tenterais d’étouffer les «affaires», d’inviter les médias à la
discrétion, de calmer les ardeurs des donneurs de leçons, bref de faire aux
«dérapages» le moins de publicité possible, afin d’éviter ou au moins de
ralentir l’inévitable extension du phénomène. Dans le cas de Richard
Williamson, membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le silence eût été
encore plus opportun, car les catholiques traditionalistes, sans doute marqués
par ce que Michel de Preux appelle l’«antijudaïsme
non racial mais strictement religieux» (cf. p. 3) et aussi par une
mentalité de minorité opprimée – encore une – sont probablement plus réceptifs
aux propos «négationnistes» que des catholiques progressistes et religieusement
corrects.
Agenouillement
Bien entendu, le pape et le supérieur
de la Fraternité Saint-Pie X Bernard Fellay se sont écrasés devant la colère
des éminences juives. Le second a relevé son subordonné de la direction de son
séminaire, lui a interdit d’apparaître en public sans son autorisation et lui a
demandé de rectifier ses propos. Quant à Benoît XVI, il s’est livré au petit
numéro obligatoire de l’indignation devant l’inacceptable et l’intolérable, et
a assuré «nos frères juifs» de sa solidarité, à l’occasion d’une rencontre avec
des représentants desdits frères. Ceux-ci, pour la plupart, s’en sont
satisfaits, mais ce n’est pas le cas de l’Anti-Defamation
League qui, sans doute sous prétexte qu’elle fait la pluie et le beau temps
aux Etats-Unis, s’autorise à déclarer que l’affaire ne sera pas réglée tant que
le coupable n’aura pas retrouvé son statut d’excommunié. On veut espérer que ce
phénoménal culot fera enfin sortir la hiérarchie catholique de ses gonds.
Rêvons un peu
Je rêve d’un pape qui, sommé de faire allégeance à la
vérité officielle, répondrait aux donneurs d’ordres: «Je vous reconnais volontiers le droit de faire de l’Holocauste le
pilier de votre religion, mais je vous rappelle que le pilier de la mienne est
Jésus Christ. Peut-être nier l’Holocauste est-il un crime, mais, à mes yeux de
chef de l’Eglise catholique, nier que le Christ est le Messie annoncé en est un
autre. Je vous prie donc de vous occuper de vos affaires et de me laisser
m’occuper des miennes.»
Une telle déclaration remettrait enfin,
c’est le cas de le dire, l’église au milieu du village.
Mariette Paschoud
«Le premier signe de l’ignorance, c’est de présumer que l’on sait.»
Baltasar Gracián
L’intarissable roman-fleuve dont se
nourrit la presse, à propos d’une interview à la télévision suédoise sur un
aspect du mode de persécution des juifs par les nationaux-socialistes
allemands, est révélateur de la très inquiétante perte de repères des sociétés
politiques actuelles. Nier ce fait est devenu non plus seulement un délit de
droit commun sanctionné par la loi, mais encore la plus intolérable des
hérésies publiques, de celles qui pourraient vous conduire au bûcher s’il en
existait encore, qui assure votre infamie.
Tout ce qui est excessif cache un mensonge. Non, en effet, les juifs
ne furent pas les seules victimes du régime hitlérien. On oublie les Tziganes
et tous les individus qui, à un titre ou à un autre, parce qu’ils étaient
handicapés notamment, s’étaient vus privés du droit à l’existence; on oublie, à
leur propos, le précédent des expérimentations sur des personnes vivantes, condamnés
ou malades mentaux, encouragé par les tenants du positivisme scientifique. Non,
le nazisme ne fut pas en Allemagne une génération spontanée. Il a des origines
remontant fort loin dans la révolution spirituelle de ce peuple, jusqu’à la
prétendue Réforme du XVIe siècle. On sait du reste que les poches de
résistance les plus fortes à cette idéologie se trouvaient dans la fraction de
ce peuple restée fidèle au catholicisme.
L’histoire retiendra sans l’ombre d’un
doute que l’orientation antisémite de ce régime ne doit rien au catholicisme et
à son antijudaïsme non racial mais strictement religieux, mais à son propre
néo-paganisme antichrétien. C’est donc propager une contrevérité monstrueuse et
absolument intolérable, intellectuellement et moralement indéfendable et
insoutenable, que d’ériger la persécution des juifs par les nazis en nouveau
déicide collectif, en faire un véritable blasphème contre l’esprit hégélien de
l’histoire, au point de culpabiliser les chrétiens en les intimidant sur le
thème du déicide en la personne du Christ.
Si la rigueur historique exige que l’on
admette une volonté génocidaire, celle-ci doit être reconnue en pleine et
entière égalité de traitement pour tous les génocides de l’histoire, de
l’histoire moderne en particulier, c’est-à-dire à commencer par le génocide
vendéen de la Convention, crime dont on attend toujours et l’aveu public et le
repentir officiel par la République qui se dit héritière de la grande
révolution venue de France; on attend le même traitement pour le génocide des
Incas et des Aztèques par les conquistadores venus d’Espagne. On attend enfin
que les autorités suisses et la presse de ce pays manifestent un zèle
équivalent pour sauvegarder la mémoire du génocide arménien par les Turcs
ottomans, du génocide des Tziganes par les Allemands, sans même parler de ceux
que nous avons connus depuis en Afrique et dont nous savons qu’ils ont été
perpétrés au su des organes des Nations Unies, dont nous faisons partie.
On attend aussi – pourquoi pas? –
l’élémentaire décence de qualifier de ce nom la libéralisation de l’avortement,
qui ne fit pourtant, en France, aucun obstacle à l’accès à l’Académie française
de l’une de ses principales instigatrices. Le fait que cette femme est juive
explique sans doute l’autocensure de toute la presse à son égard et la lâcheté
des classes politiques de chacun de nos Etats.
Alors, Messieurs les censeurs, vous
n’avez pas le choix: ou le génocide est matière d’opprobre sans aucune
considération raciale, ou l’excès de vos récriminations trahit chez vous une
partialité honteuse qui tient plus de la discrimination raciale juive que du
sens de la justice et de la vérité.
Michel de Preux
L'accès aux soins doit être garanti à tous… à tous ceux qui paient
Celui qui ose dire des médecins qu'ils vendent des
prestations a l'assurance de se faire bon nombre d'ennemis jurés pour la vie.
Chacun sait en effet que ce n'est pas un métier, mais une vocation; que le
médecin ne vend pas les soins, mais les prodigue – contre paiement; qu'il est
un pilier du bien-être de la population et contribue à l'amélioration générale
de la santé.
Cela dit, la grandeur et la supériorité ne suffisent pas à
amener le pain sur la table. C'est ainsi que
Bien que cette idée ne fasse pas l'unanimité – le président
de
Transparence à l’ONU
Il existe un machin élégamment appelé conférence mondiale de suivi «Durban II» contre le racisme. Ce truc
hautement original fait suite à une autre conférence du même tabac qui avait eu
lieu en Afrique du Sud en septembre 2001 et où tout le monde s’était crêpé le
chignon, les participants n’ayant pas tous les mêmes racistes.
Le nouveau bidule doit se tenir en avril à Genève. A cette
occasion, une déclaration impérissable sera publiée, comme toujours dans ces
cas-là.
Or donc, une séance publique consacrée au projet de ladite
déclaration a eu lieu le jeudi 22 janvier à Genève1. Et ne
voilà-t-il pas qu’une équipe de la chaîne de télévision Arte a été expulsée de la
salle de l’ONU au moment où un débat sur la liberté d’expression et la
diffamation des religions s’est engagé? Qu’avaient donc à cacher aux valeureux
chevaliers de l’information – qui, nous dit-on, préparaient justement un
documentaire sur la manière dont les droits de l’homme sont débattus dans les
instances onusiennes – les bavards du Machin? Ils avaient à leur dissimuler une
divergence très vive entre Européens et pays musulmans sur l’interprétation de
la notion de droits de l’homme. Quelle surprise!
Je proteste néanmoins: le droit de savoir qu’il existe de
graves divergences entre champions des droits de l’homme sur la notion de
droits de l’homme ne devrait-il pas être un droit de l’homme intangible comme
tous les droits de l’homme?
De toute façon, il se trouve toujours une «source diplomatique» pour renseigner la
presse. (mp)
1 Communiqué AFP du
22 janvier 2009.
Inégalité
Nos politiciens sont pour la plupart très soucieux
d’égalité, surtout ceux de gauche, écolos en tête, dont le conseiller d’Etat
François Marthaler est l’un des plus dignes représentants. Ce sont pourtant les services de ce dernier qui
proposent depuis 2007, au nom du Conseil d’Etat, il est vrai, des mesures anti-poussières
fines scandaleusement favorables aux automobilistes disposés à lâcher leur
voiture pour les transports publics en cas de trop grande concentration des
poussières en question. Jusqu’ici, ces bons citoyens pouvaient utiliser leur
carte grise comme titre de transport, mais ce privilège ne s’appliquait pas aux
lignes touristiques et au trafic grandes lignes. L’Etat de Vaud rectifie donc
le tir et propose aux automobilistes anti-pollution un abonnement CFF
demi-tarif à un prix préférentiel: trente-sept francs pour trois mois au lieu
de quarante-neuf, le canton prenant en charge la différence de douze francs.
Je sais que je suis très, très mesquine, très, très égoïste,
très, très insuffisamment dévouée au bien commun, mais, en tant qu’élève modèle
de Monsieur Marthaler, puisque je ne possède pas de voiture et que j’utilise
par conséquent quotidiennement les transports publics, je trouve saumâtre de ne
bénéficier d’aucun tarif préférentiel et de devoir, par-dessus le marché,
cofinancer par mes impôts une opération prétendument prise en charge par
l’Etat.
De toute façon, les automobilistes soucieux d’écologie ne
devraient pas avoir besoin d’incitation pour abandonner leur véhicule en cas
d’excès de particules fines. Les autres resteront au volant quoi qu’il arrive.
Que Monsieur Marthaler retourne donc faire de la bicyclette
dans les rues piétonnes! (mp)
Paresse
Le général – divisionnaire pour les intimes – Eugen
Hofmeister est très attaché à l’image de l’armée. C’est tout à son honneur.
Comme les «frasques de
ses bidasses lors de sorties et congés: beuveries, drogues, bagarres…»1
le dérangent, il cherche une solution. Qu’on se rassure: il ne propose pas de
mesures éducatives, encore moins de mesures punitives. Non, il suggère tout
simplement que les militaires sortent en tenue civile, ce qui signifie, si je
comprends bien, que les uniformes resteraient en caserne, de sorte que les beuveries,
drogues et bagarres deviendraient tolérables.
Le Département de la
défense n’est pas favorable à cette idée, toujours selon la même source. Quel
soulagement! Finalement, ce n’est pas par la tête que pourrit le poisson! se
dit le naïf avant de lire plus avant. Hélas, l’argument du DDPS est lamentable:
«Une telle proposition demanderait une
refonte du règlement de service. Ce dont (sic) le DDPS ne juge pas nécessaire pour l’instant.»
En somme, pour le général Hofmeister, il importe peu que
l’armée suisse se compose en partie de buveurs, de drogués et de brutes.
L’essentiel est qu’on n’en sache rien, ce qui épargne la fatigante nécessité de
réfléchir à la question de fond. Le DDPS, lui, est enlisé dans un marécage de
paresse.
Franchement, il y a des jours où je dois faire un effort
pour ne pas devenir antimilitariste. (mp)
1 Le Matin Bleu du 26 janvier
Scandale
Le Matin Bleu du 26 janvier nous
annonce encore ceci: «Sylvio Berlusconi
provoque une nouvelle polémique par ses propos misogynes, suite à une série de
viols.» Et de citer la phrase: «Nous avons besoin de soldats pour escorter
nos femmes car elles sont belles.»
Je ne voudrais pas faire preuve de mauvais esprit, mais je
trouve cette remarque plutôt gentille pour les Italiennes. Le scandale
provient-il de ce que, selon Monsieur Berlusconi, les femmes ne sont pas aptes
à se défendre seules contre les violeurs et ont donc besoin de
protection? Il est vrai que cela vous a
un petit relent de «sexe faible» du plus mauvais effet. Mais on est en droit de
supposer que si ces dames étaient des malabars aux bras noueux et aux mollets
de vieux suisses, elles feraient fuir non seulement les violeurs mais aussi
tous les autres Italiens, Silvio Berlusconi en tête, ce qui ferait hurler les
bonnes âmes anti-misogynes à plus juste raison. (mp)
Liberté d’opinion
Le jeudi 29 janvier, quelques centaines de personnes
provenant de divers mouvements de gauche ont dénoncé à Berne, lors d’une
manifestation «spontanée», l’arrestation deux jours plus tôt, à l’occasion de
la visite d’une délégation chinoise, d’une vingtaine de manifestants
pro-tibétains.
Les participants se sont indignés des mesures de sécurité
draconiennes prises pour protéger les Chinois – important dispositif policier,
fermeture de la Place Fédérale – , déplorant que l’«on accorde plus de poids aux intérêts économiques qu’à la liberté de
rassemblement»1.
Peut-être ces braves gens n’ont-ils pas tort. Mais eux et
leurs semblables ne sont-ils pas les premiers à perturber les rassemblements
voire à en exiger l’interdiction quand les manifestants sont d’«extrême
droite»?
Un peu de tenue! (mp)
1 Communiqué ats
du 29 janvier 2009.
Naïveté
A propos du projet de loi bâillon qui se concocte à
Bruxelles, Madame Hélène Gaudin, député au Parlement européen, a récemment interpellé
le Conseil européen, qui groupe, comme chacun sait, les chefs d’Etats ou de
gouvernements des pays membres de l’UE, en ces termes :
«La Présidence du Conseil estime-t-elle
approprié de réglementer, au moyen d’une législation de l’Union européenne, la
façon dont les historiens et la collectivité en général doivent interpréter les
données et faits historiques? La Présidence estime-t-elle que c’est aux Etats
membres, plutôt qu’aux historiens, d’interpréter les événements historiques? Ne
vaudrait-il pas mieux répondre aux idées et interprétations de l’histoire
extrêmes, ou qui peuvent choquer, par un débat libre et ouvert, plutôt que de
s’en remettre à une législation européenne commune ?»
Rafraichissante candeur! (mp)
Doutes
Lu dans 20 minutes du 6 février sous le
titre, d’ailleurs fallacieux, de Viré
pour avoir douté du 11 septembre: «Le
ministre français de la défense a renvoyé hier un enseignant d’une école
militaire supérieure. Ce formateur avait attribué, dan un livre, les attentats
du 11 septembre 2001 à un “complot israélo-américain”.»
Si Monsieur Hervé Morin, ministre de la défense français,
était bien informé, il saurait que cette rumeur a commencé à courir avant même
que la poussière des tours jumelles ne soit retombée. Il saurait aussi, Rivarol
nous le rappelle dans sa livraison du 13 février, qu’«outre-Atlantique, les plus grands doutes
règnent à la CIA comme au FBI, au Pentagone comme au Capitole, sur la
présentation officielle du“911”, dont les familles des victimes expriment aussi
leurs doutes, parfois avec virulence». Evidemment, tous ces gens qui
s’interrogent ne prétendent pas que la destruction des tours fut un complot
israélo-américain. Je ne le prétends pas non plus. Qu’en sais-je? Toujours
est-il que la version officielle des événements, une fois de plus, ne reflète
pas forcément la vérité.
Toujours selon Rivarol, le professeur remercié, Monsieur
Aymeric de Chauprade, est un géopoliticien de renommée mondiale. Ce sera
certainement une perte pour le Collège interarmées de défense, où il exerçait.
Mais, de nos jours, il importe peu que les professeurs soient bons, du moment
qu’ils avalent tout ce qu’on veut leur faire gober. (mp)
La
harpie et le conseiller d’Etat
«Le
Service public, indépendamment de tout intérêt mercantile ou partisan, se doit
d’être une référence de comportement professionnel et moral. C’est tout le but
de la charte d’éthique de la TSR.» Ces
lignes figurent sur le site internet de la Télévision suisse romande, en
introduction à ladite charte d’éthique, laquelle affirme, entre autres choses: «Aucune information essentielle n’est omise
ou déformée, par exemple pour accréditer une thèse particulière.» (art. 2.1.1)
«Les programmes ne privilégient aucune
idéologie, ni aucun parti ou groupe d’intérêts.» (art. 2.1.2) «Les programmes reflètent équitablement la
diversité des opinions.» (art. 2.1.3)
Ces extraits sont cités pour la seule
édification du lecteur et l’on comprendra qu’ils n’ont strictement aucun
rapport avec l’émission Mise au point
du dimanche 1er février dernier, au cours de laquelle Mme Audrey
Sommer, présentatrice, interrogeait M. Laurent Moutinot, conseiller d’Etat
genevois en charge du Département des institutions.
C’était au lendemain de la
manifestation altermondialiste contre le Forum de Davos, manifestation
interdite par le gouvernement genevois en raison des menaces de violence
explicitement formulées par plusieurs groupuscules révolutionnaires. Les
manifestants venus braver l’interdiction s’étaient retrouvés bloqués vers la
gare et, pendant plusieurs heures, des casseurs avaient affronté les policiers
à coups de projectiles de toutes sortes.
A Mme Sommer qui lui demandait s’il ne
regrettait pas d’avoir interdit cette manifestation, M. Moutinot répondit très
calmement que ce n’était pas une manifestation
qui avait été interdite, mais de la casse.
La présentatrice attaqua: «Vous ne pouvez
pas dire que c’était de la casse. (…) Il y avait septante personnes un peu
agitées, mais rien de cassé, pas une vitrine, pas une voiture.» Son invité
lui ayant rétorqué que c’était précisément grâce à l’interdiction de défiler et
au travail préventif de la police, elle enchaîna: «Vous interdisez 90% du reste de la manifestation à s’exprimer. (...)
Pendant combien de temps encore à Genève, les altermondialistes seront-ils les
malvenus?» Le conseiller d’Etat affirma que les altermondialistes étaient
les bienvenus s’ils défilaient pacifiquement, mais cela ne calma pas la dame: Ça fait quand même un moment que vous
interdisez à chaque fois… – A chaque
fois? J’interdis quoi? – … de manifester! – Quand? – Il y a eu… – Il y a eu
quand? – Ben ça je ne sais plus!» Vexée de s’être fait «moucher» aussi
lamentablement, Mme Sommer voulut tenter sa chance dans la direction opposée: «Cela fait trente-cinq ans qu’il n’y avait
pas eu une interdiction de manifester!» – «C’est inexact, Madame, nous l’avons
interdit après la manifestation du G8 pendant une semaine. Donc ça ne fait pas
trente-cinq ans.» La pauvre, on n’aurait pas aimé être à sa place! Pour
parachever cette leçon de journalisme empreint d’éthique, de professionnalisme
et de haut niveau intellectuel, elle lança enfin: «Certains ont eu des mots très durs vous concernant. J’ai entendu
Monsieur Ziegler parler de fascisme quand l’expression des droits populaires
était interdite. Vous répondez quoi?»
Nous repenserons peut-être à cette émission lorsque,
dans quelques années, nous entendrons Mme Audrey Sommer – comme beaucoup d’autres
avant elle – parler de son métier en se lamentant sur le manque d’éthique de
ses jeunes confrères et sur le faible sens moral des nouvelles générations.
Pollux