Lausanne 39e année      «ne pas subir»      Février  2009 No 382

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste doute que l’institution d’un service civique obligatoire soit de nature à améliorer l’esprit civique

 

Bricoles

Où il est question de médecins, des différentes manières de concevoir les droits de l’homme, d’inégalité de traitement face aux poussières fines, du mauvais comportement des soldats en congé, de la beauté des femmes italiennes, de la naïveté d’une députée européenne et des doutes intolérables d’un expert à la renommée internationale.

 

Ne dites pas…

La minute du langage châtié…

 

En direct de Sirius

Max nous rappelle ses positions sur l’Union européenne grâce à quelques citations des articles parus dans le Pamphlet depuis l’an 2000 ; il déplore la lenteur des interventions destinées à rétablir les lignes téléphoniques endommagées par la foudre, à Nice ; il rend hommage à Gabriele Adinolfi, «fasciste debout» et il s’étonne du vocabulaire des militaires français en Afghanistan.

 

Les nouvelles aventures…

Chronique habituelle du révisionnisme en Europe.

 

Naissance d’un fanatisme

Michel de Preux s’étonne que tous les génocides ne soient pas l’objet d’une identique réprobation populaire

 

La harpie et le conseiller d’Etat

Pollux a vu l’émission de la Télévision suisse romande «Mise au point», le 1er février dernier et il épingle la présentatrice Mme Audrey Sommer, lamentable d’incompétence agressive.

 

 

 

Editorial

 

         Dans une invitation de la Société vaudoise des officiers à une conférence donnée le 20 janvier, on pouvait lire ce qui suit: «Voilà quelques années, la France a supprimé la conscription obligatoire, accélérant un processus de lent désintérêt pour le service rendu à la patrie. Luc Ferry, aujourd’hui président du Conseil d’analyse de la société, un service rattaché au premier ministre, a été chargé par le Président de la République de réfléchir à un service civique obligatoire, afin de renforcer le sentiment républicain actuellement en déliquescence.»

         Comme nous n’avons pas pu assister à la conférence de l’ancien ministre de l’éducation nationale intitulée Education et civisme, il ne nous est évidemment pas possible de faire état du «constat de son expérience française» ni de sa «série de réponses pour endiguer ce phénomène». Mais le sujet nous paraît digne d’intérêt.

 

         A l’époque désormais lointaine où nous combattions avec l’énergie de la jeunesse l’introduction du service civil de remplacement pour les objecteurs de conscience, la question se posait déjà: faut-il astreindre tous les citoyens à un service obligatoire?  Et déjà la réponse était: non, seul le service militaire peut justifier une telle atteinte à la liberté individuelle, car la défense du pays ne peut pas être assurée autrement. En revanche, toutes les tâches qu’accompliraient les astreints au service civil, et, jusqu’à un certain point, à la protection civile, pourraient être confiées à des particuliers ou à des entreprises privées.

 

         Les choses ont changé, les effectifs de l’armée ont considérablement diminué; l’armée suisse n’a plus besoin de tous les citoyens en âge de servir; le recrutement répartit les conscrits qui ne souhaitent pas échapper au service obligatoire ou n’y parviennent pas entre l’armée, la protection civile et le service civil désormais ouvert à tout le monde et, paraît-il, fort prisé. Il n’en reste pas moins vrai que seule la défense du pays justifie l’obligation de servir.

 

         Toutefois, comme on tend chez nous vers ce fameux service obligatoire censé renforcer le «sentiment républicain» ou «citoyen», demandons-nous  si le civisme de nos concitoyens s’est accru ces dernières années. Nous n’avons rien constaté de tel, mais nous avons noté ceci: les militaires en tenue de sortie que nous avons l’occasion de croiser sont pour la plupart à ce point débraillés qu’on en a honte pour eux et pour leur hiérarchie; nous avons la faiblesse de penser que la correction de la tenue est aussi une marque de civisme.

 

         Penser qu’un service civique obligatoire – auquel il faudrait astreindre aussi les femmes, évidemment, dont le «sentiment républicain» se délite tout autant que celui des hommes – ranimerait l’intérêt pour le service rendu à la patrie revient à placer la charrue avant les bœufs, à prétendre que le port obligatoire de chaussettes de laine tricotées main ferait remonter les températures hivernales. En d’autres termes, ce n’est pas le service à la communauté qui engendre le «sentiment républicain » – on notera que le civisme n’existait pas sous la monarchie –, c’est le «sentiment citoyen» – même remarque – qui fait accepter le service quand il s’avère nécessaire. Ce n’est pas par hasard que, à l’époque de la conscription obligatoire et générale, les refus de servir augmentaient en temps de paix pour redevenir rares aussitôt qu’une menace de guerre se profilait à l’horizon.

 

         En fait, le vrai problème, c’est que les gens aiment de moins en moins leur pays. Bien sûr, ils restent attachés à des lieux, à des paysages, à des personnes. Mais les changements sociaux qui s’opèrent sous leurs yeux avec l’aval de leurs dirigeants font qu’ils ne se sentent plus chez eux, et l’interdiction qui leur est faite de s’en plaindre – il est risqué, de nos jours et sous nos latitudes, de dire en public qu’il y a trop burqas, trop de voiles islamiques, trop de gens de type exotique – engendre chez eux un sentiment d’impuissance et de frustration fort peu propice au «sentiment républicain». Ceci vaut pour pas mal de gens d’un certain âge. Quant aux jeunes, qui baignent depuis le berceau dans l’ouverture au monde, pourquoi se mettraient-ils au service d’une communauté plutôt que d’une autre? Pourquoi, alors que les cours d’instruction civique, pardon de citoyenneté, servent principalement à dénigrer les vieux patriotes ringards et leurs représentants fascistes, seraient-ils portés à regarder le pays de leur naissance autrement que comme un simple lieu où le hasard les a fait naître?

 

         Le civisme ne se commande pas. Nous craignons fort que beaucoup des jeunes gens qui, chez nous, s’engagent dans l’armée ne le fassent pour le plaisir de jouer les rambos. Peut-être est-ce pour cette raison que les soldats en tenue de camouflage que nous croisons aussi sont presque toujours impeccables. Nous pensons aussi que les membres du service civil obéissent à un souci social ou humanitaire beaucoup plus qu’au désir de servir le pays.

 

         En tout état de cause, infliger à une population un service obligatoire sans autre but que le renforcement d’un civisme en voie de disparition constitue une mesure inutile et surtout totalitaire. Nous espérons que nos autorités si promptes à suivre les modes idéologiques en sont conscientes.

 

Le Pamphlet

 

 

lire

 

 

Infanterie

 

         Titre: L’infanterie: une tradition riche d’avenir. Sous-titre: Du soulier à clous au char à roues. Publié sous la direction du général Michel Chabloz1, commandant de la Formation d’application d’infanterie, ce volumineux ouvrage de très belle présentation – papier glacé, nombreuses illustrations – plaira de toute façon à ceux qui aiment les beaux livres, même s’ils ne connaissent rien à l’infanterie. Mais il est surtout destiné, évidemment, aux amateurs d’histoire militaire. L’infanterie suisse y est présentée sous divers aspects – géographique, historique, technique, humain, philosophique – à partir d’un lointain passé jusqu’aux perspectives d’avenir qui s’ouvrent à elle après l’évolution qu’elle a subie de la fin du XIXe  au début du XXIe siècle.

 

         Les diverses contributions toutes plus érudites les unes que les autres mériteraient chacune un article. On me pardonnera de ne pas m’être lancée dans une entreprise aussi ambitieuse et de me borner à vous recommander l’acquisition de cet ouvrage, dont je vous livre pour conclure la dédicace qui, j’en suis sûre, s’adresse à nombre d’entre vous au moins rétroactivement: «Ce livre est dédié à toutes celles et à tous ceux qui sont animés d’une passion pour l’infanterie de milice et qui la servent avec esprit de loyauté, au-dessus des querelles de personnes. Ce livre s’adresse à l’homme d’action, le fantassin: celui qui invente une solution là où les autres se croient dans une impasse.»

 

M.P.

 

            1 Editions militaires, 1678 Siviriez, 428 pages, fr. 65.-. Adresser les commandes à Association «Editions militaires»/Formation de l’application de l’infanterie/Château-Caserne/2013 Colombier.

 

 

Ne dites pas…

 

Ne dites pas: «Il faut espérer que les innombrables plombiers roumains et bulgares qui vont nous envahir prochainement se mettront à parler français, allemand ou italien dans les plus brefs délais.» Dites: «Il faut espérer que les innombrables plombiers roumains et bulgares qui vont nous envahir prochainement se mettront à parler le français, l’allemand ou l’italien dans les plus brefs délais.» Après tout, personne n’aurait l’idée de dire: «Il faut espérer que les innombrables plombiers roumains et bulgares qui vont nous envahir prochainement se mettront à apprendre français, allemand ou italien dans les plus brefs délais.»

 

Le pinailleur

 

 

 

En direct de Sirius

 

 

Salut les lemmings ! (Les «europressés» sont priés de freiner)

 

Chronologie «pamphlétaire» :

 

         – En décembre 2000 (Les nains, au sommet de Nice – n° 300, p. 4), nous craignions qu’à Bruxelles «plus personne ne sache qui faisait tourner l’usine à gaz»; nous pensions qu’il était peut-être encore temps d’éclaircir l’«eurovision» de certains de nos compatriotes encore enclins à tenter l’«euro‑saut» ; nous redoutions que la recherche d’une construction équilibrée tombe en désuétude face à la notion illusoire de rapport immédiat en capital et en électorat, et que l’Europe se fît «coûte que coûte».

        

         – En février 2002 (Lettre ouverte à un ami «dermopathe» – n° 312, p. 4), nous souhaitions éviter que les pays d’Europe soient servis en buffet froid par des gens sans honneur à des gens sans scrupules. A nos yeux, la mondialisation n’était qu’un leurre, l’«européanisation» l’étape intermédiaire d’un plan d’asservissement général tout sauf philanthropique. Nous considérions l’Europe des «banksters» comme une antichambre du «supermarché» américain, et l’harmonisation comme une cacophonie masquée visant à nous soumettre à des princes impitoyables sans commune mesure avec les petits tyrans dont on amusait les foules. Nous pensions les Suisses chanceux de n’être pas encore touchés, mais redoutions que cela ne soit qu’affaire de temps. Il allait leur falloir prendre par eux-mêmes, et trop tard, la mesure des calamités qui frappaient déjà leurs voisins .

        

         – A l’issue de la consultation populaire du 4 mars 2001, dans un texte transmis à la rédaction mais non publié, nous pensions qu’il incombait à l’UE de donner des preuves d’une quelconque efficacité.

        

         – En décembre 2003 (Bonnes fêtes ! – n° 330, p. 2),  nous souhaitions à deux nouveaux conseillers fédéraux (MM. Blocher et Merz) de bien gérer l’Etat; qu’ils s’affirment en souverains pour le plus grand bien de notre peuple et que, s’appuyant sur le traditionnel bon sens de celui-ci, ils épargnent à la Suisse la contagion d’une Europe décadente.

        

         – En avril 2004 (Sauvons les « gnous » – n° 334, p. 2), nous résumions en six mots (disparition de la Suisse par absorption) ce que notre pays avait à redouter d’une entrée dans l’Europe et nous espérions que nos quelques observations permettraient de ralentir nos frénétiques de l’adhésion, ces « gnous » tant obsédés par la rive d’en face qu’ils en oubliaient les dangers de noyade.

 

         Et si nous profitions de la spectaculaire ouverture de 2009 - La crise mondiale sur livret interprété à Davos par le chœur cacophonique européen (aux accents de l’orchestre ploutocratique international sous direction anglo-saxonne) pour nous demander où nous en sommes en Suisse ?

 

La France en action (Gaston y’a l’téléfon qui son… mais y’a jamais person qui y répond –  Nino Ferrer)

 

         Rappel de nos informations du précédent Pamphlet : le 6 novembre 2008, la foudre tombait sur des lignes téléphoniques à Nice. Le 11 février 2009,  après un nombre incalculable de démarches de toutes natures et une lettre recommandée AR bien reçue mais demeurée sans réponse, nous avons la satisfaction d’annoncer qu’en tout cas un des foyers privés de ligne est de nouveau connecté... après nonante-sept jours d’un suspense insoutenable.

 

Histoire d’euro (peut-on se fier à la monnaie fiduciaire ?)

 

         De passage dans une La Poste1 française, Max présente un billet de cinq cents euro en paiement d’une facture de cent vingt. Réaction violente de la responsable du bureau qui refuse de faire la monnaie. Max s’inquiète de savoir si le billet a bien cours dans le pays et, dans l’affirmative, pourquoi sa valeur numéraire n’est pas honorée par l’administration. Réponse véhémente de la receveuse : «C’est [entendre : de telles dénominations sont] pour les Allemands!» Max se demande encore si la dame a bien compris la portée de son affirmation. L’ange qui passa, gêné, sur la trentaine de personnes qui faisaient la queue l’a bien compris, lui.

 

Un fasciste debout

 

         Merci à M. Valentin Barnay de Rivarol pour ce titre qui colle si bien à la personne de Gabriele Adinolfi. Portant la cinquantaine avec l’élégance d’un centurion, cet irréductible Romain, ce théoricien mais surtout cet activiste (au sens noble du mot) aux allures de félin, nous livre ses Pensées corsaires2, dont aucune ne laisse indifférent ; ses espoirs, aussi, qui auront le mérite de rappeler aux peuples européens inquiets qu’au-delà des systèmes en place que sont la ploutocratie et son complice sournois le communisme, perdure une «troisième voie», toujours vaillante: celle des grands guides. Sans jamais être pesant, Adinolfi, sait être profond, cultivé et précis, tout en rehaussant son livre de traits d’humour et d’esprit, le rendant d’autant plus redoutable pour ces «démoctatures» vacillantes, frénétiques à réprimer l’un et à niveler l’autre. Ainsi cette savoureuse anecdote sur Italo Balbo: durant le Biennio rosso, les matraques ayant été interdites à Ferrare, le chef fasciste choisit d’armer ses escouades de pièces de stockfish… Réaction pittoresque qui ne peut manquer de remémorer l’épisode des nationaux-socialistes allemands, interdits de chemise brune par un pouvoir à court d’arguments, défilant torses nus mais cravate noire au cou.

 

Le français est-il soluble dans le politiquement correct ?

 

         Ouï (mes aïeux !) le 11.2.09 d’un militaire français d’Afghanistan relatant sur les ondes de France Info  la mort, dans une embuscade, d’un de ses camarades: « [l’officier] s’est fait (sic) décéder ». Il doit s’agir là d’un nouveau dégât collatéral du politiquement correct: décéder dans une embuscade – sauf de crise cardiaque – est impropre mais aide à édulcorer la mort d’un homme qui, en réalité, s’est fait tuer, voire massacrer. Se faire décéder est inacceptable – sauf à titre d’heureux lapsus pour le regrettable se faire dessouder. On notera que depuis le Viêt-Nam, les Etats-uniens, grands maîtres de l’euphémisme, n’ont plus ni morts ni blessés dans leurs opérations ; simplement des pertes (casualties), ce qui a le mérite de jeter un voile pudique sur bien des désastres.

 

Max l’Impertinent

 

 

1 En France, on allait jadis à la poste, bâtiment au fronton duquel était écrit: «Postes, télégraphes et téléphones». Depuis quelques décennies, à en croire ces mêmes frontons, on va à la «La Poste»...

2 Pensées corsaires – Abécédaire de lutte et de victoire, par G. Adinolfi (très habilement traduit par MM. Bruno Cariou et Pascal Lassalle), 424 p., 26 euro, les Editions du Lore, ISBN : 978-2-35352-017-6, www.ladiffusiondulore.com.

 

 

 

Les nouvelles aventures…

 

Pas malin

 

         Au raffut suscité par Dieudonné et le professeur Faurisson a succédé le raffut encore plus bruyant provoqué par l’évêque Richard Williamson. Que de bruit et de fureur!

 

         Il y a des jours où je me demande si les pourfendeurs de «négationnistes» sont très intelligents. Il me semble qu’à leur place, je tenterais d’étouffer les «affaires», d’inviter les médias à la discrétion, de calmer les ardeurs des donneurs de leçons, bref de faire aux «dérapages» le moins de publicité possible, afin d’éviter ou au moins de ralentir l’inévitable extension du phénomène. Dans le cas de Richard Williamson, membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le silence eût été encore plus opportun, car les catholiques traditionalistes, sans doute marqués par ce que Michel de Preux appelle l’«antijudaïsme non racial mais strictement religieux» (cf. p. 3) et aussi par une mentalité de minorité opprimée – encore une – sont probablement plus réceptifs aux propos «négationnistes» que des catholiques progressistes et religieusement corrects.

 

Agenouillement

 

         Bien entendu, le pape et le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X Bernard Fellay se sont écrasés devant la colère des éminences juives. Le second a relevé son subordonné de la direction de son séminaire, lui a interdit d’apparaître en public sans son autorisation et lui a demandé de rectifier ses propos. Quant à Benoît XVI, il s’est livré au petit numéro obligatoire de l’indignation devant l’inacceptable et l’intolérable, et a assuré «nos frères juifs» de sa solidarité, à l’occasion d’une rencontre avec des représentants desdits frères. Ceux-ci, pour la plupart, s’en sont satisfaits, mais ce n’est pas le cas de l’Anti-Defamation League qui, sans doute sous prétexte qu’elle fait la pluie et le beau temps aux Etats-Unis, s’autorise à déclarer que l’affaire ne sera pas réglée tant que le coupable n’aura pas retrouvé son statut d’excommunié. On veut espérer que ce phénoménal culot fera enfin sortir la hiérarchie catholique de ses gonds.

 

Rêvons un peu

 

         Je rêve d’un pape qui, sommé de faire allégeance à la vérité officielle, répondrait aux donneurs d’ordres: «Je vous reconnais volontiers le droit de faire de l’Holocauste le pilier de votre religion, mais je vous rappelle que le pilier de la mienne est Jésus Christ. Peut-être nier l’Holocauste est-il un crime, mais, à mes yeux de chef de l’Eglise catholique, nier que le Christ est le Messie annoncé en est un autre. Je vous prie donc de vous occuper de vos affaires et de me laisser m’occuper des miennes.»

 

         Une telle déclaration remettrait enfin, c’est le cas de le dire, l’église au milieu du village.

 

Mariette Paschoud

 

 

 

Naissance d’un fanatisme

 

«Le premier signe de l’ignorance, c’est de présumer que l’on sait.»

 

Baltasar Gracián

 

 

         L’intarissable roman-fleuve dont se nourrit la presse, à propos d’une interview à la télévision suédoise sur un aspect du mode de persécution des juifs par les nationaux-socialistes allemands, est révélateur de la très inquiétante perte de repères des sociétés politiques actuelles. Nier ce fait est devenu non plus seulement un délit de droit commun sanctionné par la loi, mais encore la plus intolérable des hérésies publiques, de celles qui pourraient vous conduire au bûcher s’il en existait encore, qui assure votre infamie.

 

         Tout ce qui est excessif  cache un mensonge. Non, en effet, les juifs ne furent pas les seules victimes du régime hitlérien. On oublie les Tziganes et tous les individus qui, à un titre ou à un autre, parce qu’ils étaient handicapés notamment, s’étaient vus privés du droit à l’existence; on oublie, à leur propos, le précédent des expérimentations sur des personnes vivantes, condamnés ou malades mentaux, encouragé par les tenants du positivisme scientifique. Non, le nazisme ne fut pas en Allemagne une génération spontanée. Il a des origines remontant fort loin dans la révolution spirituelle de ce peuple, jusqu’à la prétendue Réforme du XVIe siècle. On sait du reste que les poches de résistance les plus fortes à cette idéologie se trouvaient dans la fraction de ce peuple restée fidèle au catholicisme.

 

         L’histoire retiendra sans l’ombre d’un doute que l’orientation antisémite de ce régime ne doit rien au catholicisme et à son antijudaïsme non racial mais strictement religieux, mais à son propre néo-paganisme antichrétien. C’est donc propager une contrevérité monstrueuse et absolument intolérable, intellectuellement et moralement indéfendable et insoutenable, que d’ériger la persécution des juifs par les nazis en nouveau déicide collectif, en faire un véritable blasphème contre l’esprit hégélien de l’histoire, au point de culpabiliser les chrétiens en les intimidant sur le thème du déicide en la personne du Christ.

 

         Si la rigueur historique exige que l’on admette une volonté génocidaire, celle-ci doit être reconnue en pleine et entière égalité de traitement pour tous les génocides de l’histoire, de l’histoire moderne en particulier, c’est-à-dire à commencer par le génocide vendéen de la Convention, crime dont on attend toujours et l’aveu public et le repentir officiel par la République qui se dit héritière de la grande révolution venue de France; on attend le même traitement pour le génocide des Incas et des Aztèques par les conquistadores venus d’Espagne. On attend enfin que les autorités suisses et la presse de ce pays manifestent un zèle équivalent pour sauvegarder la mémoire du génocide arménien par les Turcs ottomans, du génocide des Tziganes par les Allemands, sans même parler de ceux que nous avons connus depuis en Afrique et dont nous savons qu’ils ont été perpétrés au su des organes des Nations Unies, dont nous faisons partie.

 

         On attend aussi – pourquoi pas? – l’élémentaire décence de qualifier de ce nom la libéralisation de l’avortement, qui ne fit pourtant, en France, aucun obstacle à l’accès à l’Académie française de l’une de ses principales instigatrices. Le fait que cette femme est juive explique sans doute l’autocensure de toute la presse à son égard et la lâcheté des classes politiques de chacun de nos Etats.

 

         Alors, Messieurs les censeurs, vous n’avez pas le choix: ou le génocide est matière d’opprobre sans aucune considération raciale, ou l’excès de vos récriminations trahit chez vous une partialité honteuse qui tient plus de la discrimination raciale juive que du sens de la justice et de la vérité.

 

Michel de Preux

 

 

 

Bricoles

 

 

L'accès aux soins doit être garanti à tous… à tous ceux qui paient

 

         Celui qui ose dire des médecins qu'ils vendent des prestations a l'assurance de se faire bon nombre d'ennemis jurés pour la vie. Chacun sait en effet que ce n'est pas un métier, mais une vocation; que le médecin ne vend pas les soins, mais les prodigue – contre paiement; qu'il est un pilier du bien-être de la population et contribue à l'amélioration générale de la santé.

 

         Cela dit, la grandeur et la supériorité ne suffisent pas à amener le pain sur la table. C'est ainsi que la Conférence des sociétés cantonales de médecine souhaite la création d'une liste noire des mauvais payeurs, statut dont on suggère qu'il soit inscrit sur la nouvelle carte d'assuré qui devrait être introduite en 2010. Les médecins pourraient ainsi refuser de traiter les mauvais payeurs, ou demander une avance, sauf, bien sûr, risque de mort imminente – n'oublions pas que les «docteurs» sont des humanistes.

 

         Bien que cette idée ne fasse pas l'unanimité – le président de la Société vaudoise de médecine a clairement fait connaître son opposition –, on ne peut s'empêcher de sourire en constatant que certains représentants de cette noble profession sont en fait des commerçants comme les autres, à cette différence près qu'ils poussent l'arrogance jusqu'à exiger un privilège dont ne bénéficie aucun autre créancier. (an)

 

Transparence à l’ONU

 

         Il existe un machin élégamment appelé conférence mondiale de suivi «Durban II» contre le racisme. Ce truc hautement original fait suite à une autre conférence du même tabac qui avait eu lieu en Afrique du Sud en septembre 2001 et où tout le monde s’était crêpé le chignon, les participants n’ayant pas tous les mêmes racistes.

 

         Le nouveau bidule doit se tenir en avril à Genève. A cette occasion, une déclaration impérissable sera publiée, comme toujours dans ces cas-là.

 

         Or donc, une séance publique consacrée au projet de ladite déclaration a eu lieu le jeudi 22 janvier à Genève1. Et ne voilà-t-il pas qu’une équipe de la chaîne de télévision Arte a été expulsée de la salle de l’ONU au moment où un débat sur la liberté d’expression et la diffamation des religions s’est engagé? Qu’avaient donc à cacher aux valeureux chevaliers de l’information – qui, nous dit-on, préparaient justement un documentaire sur la manière dont les droits de l’homme sont débattus dans les instances onusiennes – les bavards du Machin? Ils avaient à leur dissimuler une divergence très vive entre Européens et pays musulmans sur l’interprétation de la notion de droits de l’homme. Quelle surprise!

 

         Je proteste néanmoins: le droit de savoir qu’il existe de graves divergences entre champions des droits de l’homme sur la notion de droits de l’homme ne devrait-il pas être un droit de l’homme intangible comme tous les droits de l’homme?

 

         De toute façon, il se trouve toujours une «source diplomatique» pour renseigner la presse. (mp)

 

1 Communiqué AFP du 22 janvier 2009.

 

Inégalité

 

         Nos politiciens sont pour la plupart très soucieux d’égalité, surtout ceux de gauche, écolos en tête, dont le conseiller d’Etat François Marthaler est l’un des plus dignes représentants. Ce sont  pourtant les services de ce dernier qui proposent depuis 2007, au nom du Conseil d’Etat, il est vrai, des mesures anti-poussières fines scandaleusement favorables aux automobilistes disposés à lâcher leur voiture pour les transports publics en cas de trop grande concentration des poussières en question. Jusqu’ici, ces bons citoyens pouvaient utiliser leur carte grise comme titre de transport, mais ce privilège ne s’appliquait pas aux lignes touristiques et au trafic grandes lignes. L’Etat de Vaud rectifie donc le tir et propose aux automobilistes anti-pollution un abonnement CFF demi-tarif à un prix préférentiel: trente-sept francs pour trois mois au lieu de quarante-neuf, le canton prenant en charge la différence de douze francs.

 

         Je sais que je suis très, très mesquine, très, très égoïste, très, très insuffisamment dévouée au bien commun, mais, en tant qu’élève modèle de Monsieur Marthaler, puisque je ne possède pas de voiture et que j’utilise par conséquent quotidiennement les transports publics, je trouve saumâtre de ne bénéficier d’aucun tarif préférentiel et de devoir, par-dessus le marché, cofinancer par mes impôts une opération prétendument prise en charge par l’Etat.

 

         De toute façon, les automobilistes soucieux d’écologie ne devraient pas avoir besoin d’incitation pour abandonner leur véhicule en cas d’excès de particules fines. Les autres resteront au volant quoi qu’il arrive.

 

         Que Monsieur Marthaler retourne donc faire de la bicyclette dans les rues piétonnes! (mp)

        

Paresse

 

         Le général – divisionnaire pour les intimes – Eugen Hofmeister est très attaché à l’image de l’armée. C’est tout à son honneur.

 

         Comme les «frasques de ses bidasses lors de sorties et congés: beuveries, drogues, bagarres…»1 le dérangent, il cherche une solution. Qu’on se rassure: il ne propose pas de mesures éducatives, encore moins de mesures punitives. Non, il suggère tout simplement que les militaires sortent en tenue civile, ce qui signifie, si je comprends bien, que les uniformes resteraient en caserne, de sorte que les beuveries, drogues et bagarres deviendraient tolérables.

 

          Le Département de la défense n’est pas favorable à cette idée, toujours selon la même source. Quel soulagement! Finalement, ce n’est pas par la tête que pourrit le poisson! se dit le naïf avant de lire plus avant. Hélas, l’argument du DDPS est lamentable: «Une telle proposition demanderait une refonte du règlement de service. Ce dont (sic) le DDPS ne juge pas nécessaire pour l’instant.»

 

         En somme, pour le général Hofmeister, il importe peu que l’armée suisse se compose en partie de buveurs, de drogués et de brutes. L’essentiel est qu’on n’en sache rien, ce qui épargne la fatigante nécessité de réfléchir à la question de fond. Le DDPS, lui, est enlisé dans un marécage de paresse.

 

         Franchement, il y a des jours où je dois faire un effort pour ne pas devenir antimilitariste. (mp)

 

1 Le Matin Bleu du 26 janvier

 

Scandale

 

         Le Matin Bleu du 26 janvier nous annonce encore ceci: «Sylvio Berlusconi provoque une nouvelle polémique par ses propos misogynes, suite à une série de viols.» Et de citer la phrase: «Nous avons besoin de soldats pour escorter nos femmes car elles sont belles.»

 

         Je ne voudrais pas faire preuve de mauvais esprit, mais je trouve cette remarque plutôt gentille pour les Italiennes. Le scandale provient-il de ce que, selon Monsieur Berlusconi, les femmes ne sont pas aptes à se défendre seules contre les violeurs et ont donc besoin de protection?  Il est vrai que cela vous a un petit relent de «sexe faible» du plus mauvais effet. Mais on est en droit de supposer que si ces dames étaient des malabars aux bras noueux et aux mollets de vieux suisses, elles feraient fuir non seulement les violeurs mais aussi tous les autres Italiens, Silvio Berlusconi en tête, ce qui ferait hurler les bonnes âmes anti-misogynes à plus juste raison. (mp)

 

Liberté d’opinion

 

         Le jeudi 29 janvier, quelques centaines de personnes provenant de divers mouvements de gauche ont dénoncé à Berne, lors d’une manifestation «spontanée», l’arrestation deux jours plus tôt, à l’occasion de la visite d’une délégation chinoise, d’une vingtaine de manifestants pro-tibétains.

 

         Les participants se sont indignés des mesures de sécurité draconiennes prises pour protéger les Chinois – important dispositif policier, fermeture de la Place Fédérale – , déplorant que l’«on accorde plus de poids aux intérêts économiques qu’à la liberté de rassemblement»1.

 

         Peut-être ces braves gens n’ont-ils pas tort. Mais eux et leurs semblables ne sont-ils pas les premiers à perturber les rassemblements voire à en exiger l’interdiction quand les manifestants sont d’«extrême droite»?

 

         Un peu de tenue! (mp)

 

1 Communiqué ats du 29 janvier 2009.

 

Naïveté

 

         A propos du projet de loi bâillon qui se concocte à Bruxelles, Madame Hélène Gaudin, député au Parlement européen, a récemment interpellé le Conseil européen, qui groupe, comme chacun sait, les chefs d’Etats ou de gouvernements des pays membres de l’UE, en ces termes :

 

         «La Présidence du Conseil estime-t-elle approprié de réglementer, au moyen d’une législation de l’Union européenne, la façon dont les historiens et la collectivité en général doivent interpréter les données et faits historiques? La Présidence estime-t-elle que c’est aux Etats membres, plutôt qu’aux historiens, d’interpréter les événements historiques? Ne vaudrait-il pas mieux répondre aux idées et interprétations de l’histoire extrêmes, ou qui peuvent choquer, par un débat libre et ouvert, plutôt que de s’en remettre à une législation européenne commune ?»

 

         Rafraichissante candeur! (mp)

 

Doutes

 

         Lu dans 20 minutes du 6 février sous le titre, d’ailleurs fallacieux, de Viré pour avoir douté du 11 septembre: «Le ministre français de la défense a renvoyé hier un enseignant d’une école militaire supérieure. Ce formateur avait attribué, dan un livre, les attentats du 11 septembre 2001 à un “complot israélo-américain”.»

 

         Si Monsieur Hervé Morin, ministre de la défense français, était bien informé, il saurait que cette rumeur a commencé à courir avant même que la poussière des tours jumelles ne soit retombée. Il saurait aussi, Rivarol nous le rappelle dans sa livraison du 13 février, qu’«outre-Atlantique, les plus grands doutes règnent à la CIA comme au FBI, au Pentagone comme au Capitole, sur la présentation officielle du“911”, dont les familles des victimes expriment aussi leurs doutes, parfois avec virulence». Evidemment, tous ces gens qui s’interrogent ne prétendent pas que la destruction des tours fut un complot israélo-américain. Je ne le prétends pas non plus. Qu’en sais-je? Toujours est-il que la version officielle des événements, une fois de plus, ne reflète pas forcément la vérité.

 

         Toujours selon Rivarol, le professeur remercié, Monsieur Aymeric de Chauprade, est un géopoliticien de renommée mondiale. Ce sera certainement une perte pour le Collège interarmées de défense, où il exerçait. Mais, de nos jours, il importe peu que les professeurs soient bons, du moment qu’ils avalent tout ce qu’on veut leur faire gober. (mp)

 

 

 

 

La harpie et le conseiller d’Etat

 

         «Le Service public, indépendamment de tout intérêt mercantile ou partisan, se doit d’être une référence de comportement professionnel et moral. C’est tout le but de la charte d’éthique de la TSR.» Ces lignes figurent sur le site internet de la Télévision suisse romande, en introduction à ladite charte d’éthique, laquelle affirme, entre autres choses: «Aucune information essentielle n’est omise ou déformée, par exemple pour accréditer une thèse particulière.» (art. 2.1.1) «Les programmes ne privilégient aucune idéologie, ni aucun parti ou groupe d’intérêts.» (art. 2.1.2) «Les programmes reflètent équitablement la diversité des opinions.» (art. 2.1.3)

 

         Ces extraits sont cités pour la seule édification du lecteur et l’on comprendra qu’ils n’ont strictement aucun rapport avec l’émission Mise au point du dimanche 1er février dernier, au cours de laquelle Mme Audrey Sommer, présentatrice, interrogeait M. Laurent Moutinot, conseiller d’Etat genevois en charge du Département des institutions.

 

         C’était au lendemain de la manifestation altermondialiste contre le Forum de Davos, manifestation interdite par le gouvernement genevois en raison des menaces de violence explicitement formulées par plusieurs groupuscules révolutionnaires. Les manifestants venus braver l’interdiction s’étaient retrouvés bloqués vers la gare et, pendant plusieurs heures, des casseurs avaient affronté les policiers à coups de projectiles de toutes sortes.

 

         A Mme Sommer qui lui demandait s’il ne regrettait pas d’avoir interdit cette manifestation, M. Moutinot répondit très calmement que ce n’était pas une manifestation qui avait été interdite, mais de la casse. La présentatrice attaqua: «Vous ne pouvez pas dire que c’était de la casse. (…) Il y avait septante personnes un peu agitées, mais rien de cassé, pas une vitrine, pas une voiture.» Son invité lui ayant rétorqué que c’était précisément grâce à l’interdiction de défiler et au travail préventif de la police, elle enchaîna: «Vous interdisez 90% du reste de la manifestation à s’exprimer. (...) Pendant combien de temps encore à Genève, les altermondialistes seront-ils les malvenus?» Le conseiller d’Etat affirma que les altermondialistes étaient les bienvenus s’ils défilaient pacifiquement, mais cela ne calma pas la dame: Ça fait quand même un moment que vous interdisez à chaque fois…  – A chaque fois? J’interdis quoi? – … de manifester! – Quand? – Il y a eu… – Il y a eu quand? – Ben ça je ne sais plus!» Vexée de s’être fait «moucher» aussi lamentablement, Mme Sommer voulut tenter sa chance dans la direction opposée: «Cela fait trente-cinq ans qu’il n’y avait pas eu une interdiction de manifester!» – «C’est inexact, Madame, nous l’avons interdit après la manifestation du G8 pendant une semaine. Donc ça ne fait pas trente-cinq ans.» La pauvre, on n’aurait pas aimé être à sa place! Pour parachever cette leçon de journalisme empreint d’éthique, de professionnalisme et de haut niveau intellectuel, elle lança enfin: «Certains ont eu des mots très durs vous concernant. J’ai entendu Monsieur Ziegler parler de fascisme quand l’expression des droits populaires était interdite. Vous répondez quoi?»

 

         Nous repenserons peut-être à cette émission lorsque, dans quelques années, nous entendrons Mme Audrey Sommer – comme beaucoup d’autres avant elle – parler de son métier en se lamentant sur le manque d’éthique de ses jeunes confrères et sur le faible sens moral des nouvelles générations.

 

Pollux