Lausanne 38e année      «ne pas subir»      Novembre  2008 No 379

 

 

Sommaire :

 

Editorial

Exceptionnellement chargé de rédiger l’éditorial, l’éditeur du Pamphlet n’est pas favorable à l’initiative «Droit de recours des organisations : assez d’obscurantisme – plus de croissance pour la Suisse !»

 

Bricoles

Où il est question votations, d’égalité, de destruction de véhicules, d’un cancre conseiller d’Etat, d’éthique, de flatulences et de grèves.

 

Ne dites pas…

La minute du langage châtié…

 

En direct de Sirius

Max s’adresse au 44e président des Etats-Unis d’Amérique. Il relève les pièges de l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine ; il s’étonne de la susceptibilité de M. Sarkosy en matière de poupées vaudou ; il relève la différence entre «crématoire» et «crématorium» ainsi que la différence entre la bourse et le casino.

 

Pollux s’étonne…

…des règlements de l’Union européenne qui admettent les fruits et légumes hors norme, de la paume des mains féminines qui abritent une plus grande variété de bactéries, et des différences de traitement de l’actualité par la presse locale.

 

Les imposteurs font la loi

Michel de Preux le démontre dans un réquisitoire impitoyable et documenté : Mgr Bernard GENOUD, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg n’est pas un bon catholique, mais un imposteur !

 

Chaos

Claude Paschoud explique pourquoi les collectes de fonds pour lutter contre la misère en Afrique sont non seulement vaines, mais contre-productives.

 

Les nouvelles aventures…

Chronique habituelle du révisionnisme en Europe.

 

 

 

Editorial

 

 

La documentation fournie par la Chancellerie fédérale nous apprend que l’initiative populaire Droit de recours des organisations: Assez d’obscurantisme – Plus de croissance pour la Suisse! a été déposée le 11 mai 2006; qu’en 2006, le Conseil fédéral a décidé de recommander son rejet sans contre-projet; qu’en 2007, il a modifié sa position et décidé de soutenir l’initiative; qu’enfin, il s’est rallié au vote du Parlement pour recommander son rejet.

 

Belle leçon d’instruction civique pour nos jeunes lycéens!

 

Si nous suivions la pente de nos antipathies naturelles et foncières à l’endroit des ayatollahs écologistes et des militants de l’Association Transports et Environnement (ATE), nous devrions recommander à nos lecteurs d’accepter l’initiative, et par là, de renvoyer à leurs chères études les défenseurs de l’edelweiss et de la gélinotte cendrée.

 

Mais ces derniers, tout agaçants qu’ils sont, n’ont pas tort de souligner que les autorités politiques cantonales ou communales peuvent être aveuglées par l’appât du gain, par les retombées fiscales avantageuses d’un projet immobilier insoutenable, et que même une promotion approuvée démocratiquement doit pouvoir être contestée devant le juge si elle est contraire au droit.

 

Contrairement aux procédures de naturalisation, où la communauté politique devrait être libre d’accueillir ou de ne pas accueillir, selon son bon plaisir, un nouveau combourgeois sans avoir à justifier son choix, les grands projets de construction doivent être conformes à des lois dont même l’organe législatif ou encore le peuple ne sauraient s’affranchir impunément.

 

Crime de lèse-démocratie? Tant pis ou tant mieux.

 

Nous avons le privilège, en Suisse, d’être dotés d’un pouvoir judiciaire relativement neutre, même si tous les juges sont membres d’un parti politique. Mais la justice n’est pas ouvertement gauchiste, comme elle l’est en France ou en Italie.

 

Le principe de séparation des pouvoirs n’est pas violé si le juge a la compétence de faire obstacle à la violation du droit par un exécutif ou même par un organe législatif.

 

A plusieurs reprises, nous avons pu observer que des projets de constructions, non conformes aux règlements en vigueur, obtenaient néanmoins le permis de construire malgré opposition, parce que les édiles communaux sont trop proches des promoteurs, constructeurs et architectes et que les voies de recours ne sont ouvertes qu’aux propriétaires voisins, lesquels sont incités à ne pas insister, moyennant une petite enveloppe.

 

Rejeter l’initiative, ce n’est pas «reconnaître à quelques organisations écologiques une aptitude à exprimer l’intérêt général de la société à la place des autorités, voire contre ces dernières», c’est au contraire permettre que les intérêts (particuliers) des défenseurs de la nature et de l’environnement, et les intérêts (particuliers) des promoteurs et constructeurs, soient les uns et les autres analysés par le juge quant à la conformité du projet avec la loi.

 

La loi est-elle trop stricte? Les règlements sont-ils trop tâtillons? Alors qu’on change la loi et les règlements pour éviter qu’un projet magnifique, susceptible de rapporter des emplois, et des sous, ne soit bloqué par une équipe de barbus aux pieds nus dans des sandales.

 

Les procédures sont-elles trop longues? Ces projets sont-ils «gelés» trop longtemps avant que l’instance de recours se prononce enfin? Alors il faut accorder à la justice des moyens supplémentaires pour accélérer l’instruction des recours.

 

S’il est vrai que les grandes organisations de défense de l’environnement ont obtenu, devant les tribunaux, gain de cause dans plus de 60 % des cas, c’est donc que, plus d’une fois sur deux, elles avaient raison!

 

Je rêve d’organisations de défense de l’environnement qui auraient eu assez de poids pour s’opposer (avec succès) à la candidature de la Suisse à l’organisation de l’Euro 2008, qui bloqueraient à l’avenir tout projet d’organiser en Suisse une future édition des jeux olympiques, ou des courses de Formule 1, ou des baptêmes de l’air à dix-huit mille francs en avions supersoniques, ou un mégacomplexe hôtelier russe à Aminona, ou encore la démolition du stade olympique de Lausanne et sa reconstruction au bord du lac.

 

Les initiateurs du projet «Assez d’obscurantisme» ne prétendent pas, il est vrai, se soucier de qualité de vie, d’esthétique, et d’environnement. Leurs objectifs sont clairs et clairement avoués: «Plus de croissance pour la Suisse.»

 

Or, n’est-ce pas précisément l’objectif de croissance qui a précipité les bourses mondiales dans la tourmente que l’on sait?

 

Claude Paschoud

 

 

 

Ne dites pas…

 

Ne dites pas: «Les Allemands, dont les autorités sont sadomasochistes, ont commémoré en grande pompe, le 9 novembre, le septantième anniversaire de la nuit de cristal.» Dites: «Les Allemands, dont les autorités sont sadomasochistes, ont célébré en grande pompe, le 9 novembre, le septantième anniversaire de la nuit de cristal.» Vous pouvez dire aussi: «Les Allemands, dont les autorités sont sadomasochistes, ont commémoré en grande pompe, le 9 novembre, la nuit de cristal, qui remonte à 1938.»

 

Le pinailleur

 

 

 

Bricoles

 

 

Votations

 

D’aucuns se sont étonnés que nous ne consacrions pas, dans notre dernier numéro, un éditorial à l’initiative populaire Pour une politique raisonnable en matière de drogue protégeant efficacement la jeunesse, et à la modification de la loi sur les stupéfiants.

 

Nous avons eu maintes occasions, au cours des trente-huit dernières années, d’exprimer dans ces colonnes notre opposition à toute politique favorisant ou tolérant la consommation de drogues, dures ou non; notre indignation face à l’hypocrisie des bons apôtres qui invoquent la protection de la jeunesse, la prévention, la dignité humaine ou encore l’aide à la survie pour justifier la «fumette» et la distribution de drogue à certains toxicomanes.

 

L’initiative prévoit que «consommer des substances psychoactives du chanvre, en posséder ou en acquérir pour son propre usage n’est pas punissable». Quoique modifiée, la loi sur les stupéfiants n’abolit pas la prétendue aide à la survie qui consiste à distribuer de la drogue aux personnes ayant des troubles liés à l’addiction, voire à ouvrir des locaux d’injection, cette charmante responsabilité incombant aux cantons.

 

Il n’y a donc pas à épiloguer: il faut voter non et non. (mp)

 

Egalité

 

Le Matin Bleu du 4 novembre nous apprend avec indignation que, en 2007, «huit femmes sur dix se tapent encore l’entier des tâches ménagères».

 

Pourtant, c’est moi qui vous le dis, on progresse: en 1997, la proportion était de neuf sur dix, ce qui prouve qu’avoir un sourcilleux Bureau de l’égalité est de la plus haute utilité !

 

D’après mes calculs, c’est en 2037 que l’égalité ménagère sera réalisée si rien ne vient troubler la marche du progrès. (mp)

 

Etat voleur

 

Un des grands sujets de préoccupation du Conseil fédéral en ces temps de crise est tout naturellement de diminuer le nombre d’accidents de la route. Aussi a-t-il proposé un programme intitulé – je n’en suis pas encore revenue! – Via sicura et non pas Safe road. Parmi les quelque soixante mesures envisagées, il est question de confisquer et de détruire les véhicules des chauffards.

 

Je pourrais à la rigueur  me rallier à une confiscation correspondant à la durée du retrait de permis, à condition que le véhicule ne soit pas nécessaire à une épouse ou à un éventuel copropriétaire. Aux mêmes conditions, je pourrais me rallier, au cas où le retrait de permis serait définitif, à une vente forcée dudit véhicule, étant entendu que le produit de la vente tomberait dans la poche du propriétaire. Mais s’emparer d’un objet appartenant à un tiers pour le détruire, c’est du vol. Il y a des lois contre cela. Monsieur le conseiller fédéral Leuenberger, dont les services ont accouché de cette sottise, devrait songer à se réveiller.

 

J’ajouterai que si la tendance actuelle est de détruire les instruments des délits, on se demande pourquoi les «pédophiles» et autres violeurs conservent leur intégrité physique. (mp)

 

Cancre

 

On apprend par le Matin Bleu du 11 novembre que la proportion de citadins qui se déplacent à pied ou au moyen des transports publics est en hausse, notamment à Genève et à Lausanne. Le conseillers d’Etat genevois Robert Cramer et son collègue vaudois François Marthaler en sont tout réjouis. Mais, disent-ils en substance, on peut faire encore mieux, en particulier en matière d’aménagements cyclables, Vaud étant «le cancre national du vélo». D’après le contexte, on comprend que, en fait, c’est Lausanne qui est le cancre «national» de la bécane. Peut-être est-ce pour cette raison que le conseiller d’Etat Marthaler se déplace a vélo en zones piétonnes. Sans doute est-il soucieux d’attirer l’attention de la Municipalité sur sa «cancritude».

 

Il faudrait attirer l’attention de Messieurs les Conseillers d’Etat écolos Cramer et Marthaler sur le fait que si Lausanne est le cancre «national» du vélo, elle est aussi, autant que je sache, la championne «nationale» des rues pentues, ceci expliquant peut-être cela. (mp)     

 

Absurdité

 

«Pour préserver la planète, les animaux doivent cesser de péter et d’uriner.» C’est ce qu’on pouvait lire, toujours le 11 novembre, en sous-titre quelque peu provocateur d’un article du Matin Bleu consacré aux mesures de protection de l’environnement envisagées par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). Voici ce que nous explique le quotidien gratuit: «Parmi la pléthore de prescriptions à suivre, les agriculteurs devront limiter les émission d’ammoniac et de méthane de leur bétail. Autrement dit, ils doivent réguler l’urine des bêtes de rente comme les cochons, et réduire les pets des ruminants.»

 

Les technocrates de Berne admettent que l’application de ces mesures «pose des soucis techniques» d’ordre alimentaire et hygiénique. Je ne vois pas pourquoi on complique les choses. Nos bébés font leurs besoins dans des Pampers. Pourquoi  nos animaux n’en feraient-ils pas autant ? Il y a là un formidable marché potentiel qui permettrait de créer de nombreux emplois!

 

Restons sérieux: il y a des millénaires que des bovins et des porcins «polluent» l’atmosphère, et la planète est toujours là. Qu’on cesse de brimer les paysans au nom d’un écologisme totalitaire. (mp)

 

Grèves

 

Les gens s’imaginent que le temps perdu par les élèves quand leurs maîtres font la grève se limite aux heures que passent ces derniers dans la rue, dans des réunions politiques ou dans leur lit. Il n’en est rien: avant de débrayer, les maîtres expliquent à leurs élèves pourquoi ils se mettent en grève; ensuite, ils sont absents, donc; puis ils expliquent à leurs élèves pourquoi ils ont fait la grève et, le cas échéant, pourquoi ils s’apprêtent à recommencer. A part ça, bien entendu, les enseignants ne font pas de politique en classe.

 

Ces pertes de temps ne sont pas du goût de tous les écoliers dont beaucoup aimeraient bien apprendre quelque chose de temps en temps. Certains gymnasiens de terminale, en particulier, qui voient approcher le bac, sont inquiets et fâchés, si l’on en croit le Matin Bleu du 13 novembre. Les maîtres de gymnase comprennent ces réactions, paraît-il, et assurent un «service minimum». C’est ainsi qu’un professeur du gymnase de Burier a déclaré au journaliste de service: «Mes élèves ont un programme à suivre pendant la grève.»

 

Monsieur Broulis aura sans doute appris avec plaisir que ce professeur-là au moins n’a plus besoin d’émarger au budget de l’Etat: ses élèves peuvent travailler sans lui.(mp)

 

Ethique

 

Finalement, le conseiller fédéral Samuel Schmid n’a pas tenu le coup face aux conséquences de sa lâcheté lors de l’éviction de Christoph Blocher, et de la malfaisance d’une presse que tous les malheurs subis par l’armée suisse ces derniers temps ont remplie d’une joie maligne. Je le regrette, car le courage dont, paradoxalement, il faisait preuve face aux attaques dont il était l’objet, et sa volonté de ne pas se laisser abattre le rachetaient un peu à mes yeux. Toutefois, je ne lui jetterai pas la pierre: le harcèlement politique et médiatique finit toujours par avoir raison des nerfs d’un individu, si décidé à résister soit-il.

 

Se référant à ses déboires avec l’«aile dure de l’UDC», Samuel Schmid a déclaré, selon 20 minutes du 13 novembre: «Pour garder mon indépendance, j’ai été diffamé et exclu. Le chantage politique n’a rien à faire dans notre pays.»

 

Voilà qui est bien vu. Mais n’y avait-il pas, à l’origine de cette diffamation, de cette exclusion et de ce chantage, une petite trahison politique ? (mp)

 

 

 

En direct de Sirius

 

Lettre ouverte au quarante-quatrième président des Etats-Unis

 

         Monsieur le Président,

        

         A l’heure où je rédige ces lignes, les bureaux de vote vont s’ouvrir, dans votre pays. Cependant, depuis la remarquable mise en place d’une opération psychologique hollywoodienne (avec la série 24 heures «chrono» et son président noir – pardon afro-américain – humain mais efficace, net, sympathique et séduisant aussi) allant curieusement jusqu’au travail des opinions publiques  d’Europe et d’Afrique en passant par le battage médiatique quasi planétaire (dons d’origines variées voire exotiques, enthousiasme des journalistes et cuisine apprêtée des sondages de tous pays) de ceux qui ont tenu à vous propulser à la tête de votre pays, je ne risque pas trop à vous présumer chaussant bientôt les bottes de George Washington.

 

         Mes félicitations, Monsieur Obama, et bon courage. Vous allez peut-être avoir le loisir d’ouvrir une ère nouvelle en territoire états-unien. J’aimerais toutefois profiter de la présente pour vous dissuader de «changer le monde», souhait que vous avez exprimé lors d’un de vos derniers discours électoraux. Mettez de l’ordre dans votre pays. C’est une bonne idée et un vaste programme. Mais de grâce, ne vous occupez pas du reste du monde. Une révolution en France, une autre en Russie, deux guerres mondiales et une foultitude d’autres au Mexique, à Cuba, en Corée, au Vietnam et dans le golfe Persique – et j’en oublie beaucoup sont là pour témoigner des échecs patents d’une demi-douzaine de vos prédécesseurs qui ont tenté de promouvoir un American way of life porteur de valeurs qui conviennent peut-être à vos compatriotes, mais pas à ce qu’il reste dans le monde de peuples libres. Laissez ces peuples vivre dans l’erreur; le vôtre y gagnera certainement en sympathie. Et méfiez-vous des lobbies comme de vos conseillers, parce que, Monsieur le Président, si votre bureau est ovale, notre Terre à nous est ronde.

 

M. l’I., 4.11.2008, 10:00 h GMT

 

Imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine: le piège derrière le louable souci

 

         Inutile de revenir ici sur les multiples raisons pour lesquelles on ne saurait approuver cette initiative populaire fédérale. Elles ont été amplement développées par M. Olivier Delacrétaz dans son éditorial du 7 novembre dernier1. Mais ce qu’il faut surtout voir venir derrière le louable souci de braves gens «utiles», c’est une volonté insidieuse d’accoutumer notre peuple à une imprescriptibilité qui, comme d’autres textes légaux déjà, notamment le perfide article 261 bis du CPS, dérapera immanquablement vers d’autres domaines du code pénal.

 

         M. Delacrétaz en aurait-il eu le pressentiment, qui parle au sujet de l’initiative précitée de  «loi du Talion»?

 

Le vaudou est-il au menu de l’Elysée ?

 

         Le parvenu à l’Elysée a perdu, en première instance, son procès contre une personne morale qui avait jugé bon de commercialiser une farce en manière de poupée vaudou (épingles comprises). Cette poupée de tissus couleur bleu-UMP à l’effigie du président s’ornait apparemment de diverses citations et intentions du même, comme : «Cass’ toi pauv’ con!»; «[Je serai le Président du] pouvoir d’achat» ou encore «Kärcher» (instrument supposé de nettoyage des banlieues difficiles).

 

         Ce nouvel avatar présidentiel appelle quelques remarques :

        

         1. A la différence de Madame Royal, qui a eu l’esprit de sourire à sa propre poupée, M. Sarkozy, bien qu’avocat, n’adhère manifestement pas au principe de minimis non curat praetor.

        

         2. Débouté au nom du droit à l’humour, M. Sarkozy – dont l’avocat a fait appel – aurait sans doute reçu un meilleur accueil judiciaire si, au nom du droit à l’image, il avait demandé des royalties.

        

         3. Enfin, au cas où M. Sarkozy, à l’instar de ce quidam qui maniait le paradoxe comme M. Jourdain la prose, ne serait «pas superstitieux parce que ça porte malheur», Max rappelle que cribler d’épingles une poupée à son effigie ne suffit pas… Il faut aussi une mèche de cheveux!

 

Le français kisper

 

         Une brève enquête de France Info plonge Max dans des abîmes de perplexité: de plus en plus de Français envisagent de se faire crématiser pour certains; cramer pour d’autres qui s’imaginent sans doute plus expéditifs. Emportée par leur élan, la porte-micro parle de crématisation … Voulant en avoir le cœur net, Max consulte son Petit Larousse 2001 qui lui confirme que les francophones soucieux de retourner plus vite à la poussière et souhaitant recourir à la crémation1 devraient prévoir de se faire incinérer. Mais que dire de l’exquise précaution de l’éditeur qui se croit obligé de préciser, entre parenthèses, sous crématoire : « Les résonnances historiques de la locution, qui reste attachée au souvenir de la barbarie nazie, lui font génér. préférer le terme neutre de crématorium. »? – Que l’interdiction de prononcer le mot n’est plus qu’une question de temps.

 

Remarque impertinente

 

         Ceux qui avaient à cœur de mettre en garde les boursicoteurs avaient coutume de comparer le jeu en bourse aux pratiques du tapis vert. Les événements récents devraient les rendre attentifs à un petit détail qui a son importance. Au tapis vert, lorsque le gogo perd, les gagnants sont connus: c’est parfois un peu le «ponte» mais presque toujours la banque, selon des probabilités que cette dernière aime draper d’une discrète pudeur. A la bourse, lorsqu’il vend au plus bas, le gogo jette souvent un regard courroucé en direction de la banque, qui ne manque pas de percevoir sa commission… Mais il ne sait rien de l’acheteur qui a su prévoir son coup en accumulant les liquidités de longue date. Dans la crise qui nous intéresse aujourd’hui, c’est celui-là qu’il conviendrait d’identifier!

 

Max l’Impertinent

 

1 La Nation n° 1849.

2 Opération de transformation de cadavre en cendres qui ne prend qu’une ou deux heures dans les fours modernes.

 

 

 

Les étonnements de Pollux

 

Le mythe de la beauté parfaite disparaît

         Il y a une vingtaine d’années, la Communauté économique européenne avait fait rire ses détracteurs en édictant des normes vétilleuses quant aux formes et aux dimensions des fruits et légumes. Ceux qui n’entraient pas dans le moule de l’uniformité bruxelloise étaient ainsi promis à la poubelle, éventuellement à l’industrie alimentaire. Les agriculteurs européens avaient manifesté leur mécontentement face à cette législation ridicule.

         L’Union européenne vient de changer d’avis. Dès juillet 2009, les fruits et légumes hors normes – trop grands, trop petits ou biscornus – pourront à nouveau être commercialisés. La Commission européenne a fait valoir qu’il était absurde de jeter des produits parfaitement comestibles quoique de forme irrégulière; elle espère en outre donner ainsi une meilleure image des institutions européennes et désamorcer certaines critiques à son égard. Les agriculteurs européens ont manifesté leur désapprobation face à cette décision, dont ils craignent qu’elle ne pousse les prix à la baisse.

 

Inégalité de paumes

         Une nouvelle forme de discrimination vient d’être mise en évidence dans une étude parue aux Etats-Unis. Des chercheurs de l’Université du Colorado y affirment que «les hommes et les femmes ne sont pas égaux face aux bactéries» et que «les paumes de la main des femmes renferment une variété de bactéries plus grande que celles des hommes». Cette différence entre les sexes constitue selon eux «une grande surprise». Parmi les explications avancées figure le fait que «les mains de femme et d'homme ne produisent pas la même quantité de sueur», ou que «les femmes utilisent plus fréquemment des crèmes hydratantes et des cosmétiques que les hommes».

         Qu’attend le Bureau de l’égalité pour faire interdire les bactéries?

 

Purement factuel

         Lorsqu’un gendarme tire plusieurs coups de feu en ville de Lausanne pour tenter de stopper un fuyard, c’est une «bavure policière à deux doigts de provoquer un drame sanglant» (24 heures du 7.11.2008) qui occupe la première page des journaux pendant plusieurs jours de suite. On interroge des habitants terrorisés, des passants qui auraient pu être touchés, des psychologues.

         Lorsque deux Turcs naturalisés suisses et un Macédonien s’affrontent à coups d’armes à feu dans les rues de Fribourg, cela ne suscite qu’un bref communiqué de l’Agence télégraphique suisse (24.10.2008) où l’on nous explique qu’il s’agissait d’un «différend», que personne n’a été blessé et qu’il y a eu plus de peur que de mal.

 

De l’art de donner de l’importance à de petites choses

         On se souvient que les membres «agrariens» de l’UDC, principalement dans le canton de Berne, ont fait sécession pour manifester leur opposition à l’«aile zuricoise», jugée trop agressive. Ils ont fondé un nouveau parti bourgeois-démocratique censé incarner une droite plus tranquille, mais dont on se demande alors comment il parviendra à se démarquer du parti radical-libéral, lequel a l’ancienneté pour lui.

         Toujours est-il que le parti bourgeois-démocratique, par le seul fait qu’il vole dans les plumes de l’UDC, est devenu un chouchou des médias. On l’a remarqué début novembre lorsque les agences de presse helvétiques nous ont bombardés de multiples dépêches tonitruantes annonçant avec jubilation un «gros succès du Parti bourgeois-démocratique»… à Schüpfen, petite bourgade de trois mille quatre cents habitants de la campagne bernoise, où deux candidats du parti en question sont entrés à l’exécutif communal.

 

 

Pollux

 

 

 

Les imposteurs font la loi

 

«l’indifférence est une haine d’un genre à part: haine froide et durable, qui se masque aux autres et quelquefois à elle-même derrière un air de tolérance, car l’indifférence n’est jamais réelle. Elle est la haine doublée du mensonge.»

 

Ernest Hello: L’Homme, livre 1er, chap. 4.

 

 

                   Le propre d’un esprit respectable est attesté et confirmé par la responsabilité des propos tenus par cet esprit. Quand un homme dit n’importe quoi, il montre par là qu’il se moque de ses semblables et, au fond, les méprise. C’est ce que fit Bernard Genoud, «évêque de Lausanne, Genève et Fribourg», dans un billet publié par le magazine Migros dans son édition du 27 octobre 2008. Il y est question de la fête de tous les saints, du 1er novembre. Bernard Genoud, catholique supposé, pousse l’impudence à des limites scandaleuses, odieuses, et sa lâcheté est bien servie par l’assurance qu’aucune sanction n’est à attendre d’en haut pour ses propos. Cela fait maintenant des décennies que des prêtres et des prélats innombrables vivent confortablement en parasites sociaux entretenus par leurs communautés religieuses dont ils desservent les intérêts spirituels et moraux avec un cynisme sans pareil.

 

                   Monsieur Genoud peut penser ce qu’il veut sur ce qui lui plaît. Mais la plus élémentaire décence lui impose d’en tirer les conséquences quant à sa qualité d’évêque légitime. S’il s’abstient de le faire sans changer ses opinions, il désinforme et il abuse d’un statut ecclésial usurpé. Il utilise la presse comme moyen de tromper ses lecteurs et, confirmant l’hérésie, en devient lui-même un agent de propagande détournant sciemment l’institution ecclésiastique à cet effet. C’est dire que Mgr Bernard Genoud est un prélat scandaleux.

 

                   Son absence totale de charité ressort déjà de la réponse initiale à la question du magazine: «Trois cérémonies funéraires sur dix sont laïques. Un problème pour vous?» Réponse du prélat: «Non, cela correspond à la liberté de chacun.»Aucune mention n’est faite de la différence entre bon et mauvais usage de la liberté humaine… Cette première réponse est donc déjà totalement immorale. La suite le confirme, qui contredit ouvertement l’apôtre1 et l’évangile de saint Jean2. Genoud ose écrire que la fête de tous les saints concerne «tous les anonymes qui ont été des gens de bien dans leur vie, croyants ou pas». Et il ajoute: «Des gens qui ont lutté pour la justice sans croire en Dieu.» Il s’explique: «Mais la justice, c’est Dieu.» et, sans doute inspiré… «Dieu dit – nous dit Genoud – celui-là a pris option pour la justice, donc pour moi. Hop, il est sauvé.» (sic), avec référence au bon larron, «canonisé vivant», précise-t-il.

 

                   On ne saurait accumuler autant d’erreurs en si peu de lignes! Et sciemment, en plus… Pourquoi donc? Parce que ce qui distinguait précisément le bon larron du mauvais, intentionnellement passé sous silence, c’était justement sa foi! Le bon larron confessa, en fin de compte, l’innocence du Christ en reconnaissant simultanément la justice de la peine qu’il subissait lui-même. Cette confession et cet aveu le sauvèrent, pour l’éternité.

 

                   Sans doute, il ne faut jamais oublier l’ignorance invincible, qui n’est pas un obstacle au salut. Mais sur un point à la fois si important et si délicat, il faut être précis pour ne pas mentir effrontément: cette ignorance doit être involontaire. Elle est absolument hors de cause quand il y a refus de croire:

 

                   «Nous savons et vous savez que ceux qui ignorent de façon invincible notre sainte Religion, et qui, observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le cœur de tous, et disposés à obéir à Dieu, mènent une vie honnête et droite, peuvent, avec l’aide de la lumière et de la grâce divines, acquérir la vie éternelle; car Dieu, qui voit parfaitement, scrute et connaît les esprits, les âmes, les pensées et les habitudes de tous, ne permet pas, dans sa souveraine bonté et clémence, que celui qui n’est pas coupable de faute volontaire soit puni par les supplices éternels. Mais il est aussi très connu, ce dogme catholique, que personne ne peut se sauver hors de l’Eglise catholique, et que ceux-là ne peuvent obtenir le salut éternel qui sciemment se montrent rebelles à l’autorité et aux définitions de l’Eglise et du Pontife Romain, successeur de Pierre.»3

 

                   Quant aux fausses religions, comme l’écrivait feu le professeur Romano Amerio, de Lugano, elles sont toutes fondées sur l’abus, assertion jamais condamnée par l’Eglise.4

 

                   «Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie; mais la colère de Dieu demeure en lui.»5

 

                   Or l’une des manifestations de la colère divine n’est autre que l’aveuglement spirituel. Il y a, dans le diocèse de Genève, à Frambois, un centre de détention pour requérants d’asile déboutés. Cet établissement est, paraît-il, boudé par les psychiatres. Des tentatives de suicide y existent. Où est la sollicitude des prêtres de ce diocèse pour ces malheureux? Vous avez parlé de justice? Relisez encore une fois l’évangile: «Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le Diable et ses anges. Car j’ai eu faim – de vérité spirituelle aussi – et vous ne m’avez pas donné à manger; j’ai eu soif – de compréhension morale et de contacts humains aussi – et vous ne m’avez pas donné à boire; j’étais étranger, et vous ne m’avez pas accueilli – là même où la Providence permit que je fusse en toute justice; nu, et vous ne m’avez pas vêtu – c’est-à-dire que vous m’avez laissé sciemment dans un abandon que vous étiez en mesure de combler; malade et prisonnier – d’un contexte administratif et social – et vous ne m’avez pas visité.»6

 

         Michel de Preux

 

 

 

1 Hébr., XI, 6: «(…) sans la foi il est impossible de plaire à Dieu.»

2 Saint Jean III, 18: «(…) celui qui ne croit pas est déjà jugé.»

3 Pie IX: Lettre enc. Quanto conficiamur du 10 août 1863 aux évêques italiens.

4 Stat veritas, suite de Iota unum, éd. du Courrier de Rome, 1996, p. 135.

5 Saint Jean III, 36.

6  Saint Matthieu XXV, 41-43.

 

 

 

Chaos

 

         Depuis que l’Afrique s’est enfin libérée de la tutelle des Blancs, elle est en proie aux guerres ethniques et tribales, au chaos économique, à la famine et aux épidémies, aux viols en série et à l’exil de centaines de milliers de malheureux, jetés sur les routes par le fait de l’incurie, de la prévarication et de la soif de pouvoir de roitelets locaux incultes et brutaux.

 

         Il n’est pas de jour sans qu’un entrefilet de la presse internationale ne nous narre les derniers massacres du Nord-Kivu, les deux cent cinquante mille civils contraints à l’exode en République démocratique du Congo, le pillage du sous-sol par les bandes régulières de M. Joseph Kabila ou par celles, rebelles, de M. Laurent Nkunda  pour ne parler que de la région des Grands-Lacs.

 

         Ailleurs, c’est pareil… si ce n’est pas pire.

 

         Ancien grenier à blé du continent, l’ancienne Rhodésie du Sud, devenue le Zimbabwe indépendant sous la houlette du sinistre Robert Mugabé, a plongé dans la disette, la misère et le SIDA (23 % de la population est atteinte). Même Bernard Kouchner, qui n’est pourtant pas très délicat sur la qualité de ses relations, le traite d’escroc et d’assassin.

 

         L’Angola est aujourd’hui ruiné par le communisme et la guerre civile. La dette de la République islamique de Mauritanie s'élève à plus de trois fois le total des exportations annuelles du pays. Le taux de chômage du Sénégal est de 48 %! En Guinée, la dictature de Sékou Touré a poussé de nombreux Guinéens, notamment des élites, à émigrer vers les pays développés. Le Libéria est connu pour un taux de mortalité infantile très élevé (cent trente-deux pour mille) et pour ses pavillons de complaisance. La dette intérieure de la Côte d’Ivoire ne cesse de croître. Le Nigéria demeure un pays relativement pauvre, en raison notamment d'une très forte corruption. Sans l'aide internationale, émanant de coopérations gouvernementales ou d'ONG, le Niger ne pourrait pas subvenir aux besoins de sa population. Le Tchad est un pays très pauvre, et la main-d’œuvre est mal formée. Seulement 18 % des terres cultivables du Soudan sont actuellement exploitées.

 

         Si l’on en juge par les requérants d’asile qui affluent en Europe, et notamment en Suisse, venant d’Ethiopie et d’Erythrée, les pays de la corne d’Afrique sont des Etats dont l’économie est chroniquement sous-développée. En Ouganda, Museveni n’a pas réussi à faire oublier Idi Amin Dada, le gros dictateur fou qui se vantait d’avoir mangé sa mère.

 

         Je laisserai à Max l’Impertinent, qui la connaît mieux que tout le monde, le soin de décrire ce qu’est devenue la République d’Afrique du Sud, qui était, du temps des Boers et de leurs descendants, la première puissance économique d’Afrique. Ne parlons pas non plus des pays du Maghreb.

 

         Il sera difficile de faire croire, même aux plus fervents thuriféraires de la négritude, que la colonisation est responsable de la situation politico-économique actuelle du continent africain.

 

         Les tentatives de recolonisation entreprises par les grands groupes financiers, notamment pétroliers, doivent tenir compte des susceptibilités locales et arroser les potentats de prébendes et de backchichs. Dans le même temps, les tyrans au pouvoir s’enrichissent avec impudence et maintiennent le petit peuple dans la pénurie, voire dans la noire misère.

 

         De braves gens, de sympathiques organisations charitables, des ONG pétries de bonnes intentions récoltent ici des fonds pour soulager là-bas la misère. C’est totalement vain, et même contre-productif. Cette gentillesse n’est d’ailleurs pas dénuée d’un certain racisme sous-jacent, en tout cas d’un paternalisme suspect. Comme si les Africains, qui bénéficient de la terre la plus favorisée du monde entier en richesses du sol et du sous-sol, n’étaient qu’un peuple de grands enfants incapables par eux-mêmes de s’organiser et de se gérer.

 

         Si c’est la vérité, il faut le dire et les Européens ou les Asiatiques devraient alors reprendre le pouvoir politique, économique et judiciaire dans tous les Etats d’Afrique, rétablir la paix et la prospérité, en utilisant les indigènes pour ce qu’ils savent faire.

 

         Si ce n’est pas la vérité, et si les Africains ont la maturité nécessaire à la conduite de grands pays, qu’ils le prouvent !

 

C.P.

 

 

 

Les nouvelles aventures…

 

Demi-victoire

 

         Le juge londonien Daphne Wickham a refusé, le 29 octobre, l’extradition vers l’Allemagne du révisionniste australien Fredrick Töben qui avait été arrêté le 1er octobre, alors qu’il était en transit à l’aéroport de Heathrow, en vertu d’un mandat européen permettant d’extrader un individu même s’il n’a commis aucun délit dans le pays où il a été appréhendé.

 

         Mais Madame le juge sait que l’Allemagne ne lâche pas facilement son os quand il s’agit de révisionnisme. Dans l’attente, donc, d’un recours de la part de ce pays asservi, elle a fixé, pour la libération de Fredrick Töben, toutes sortes de contraintes, dont une caution de cent mille livres sterling, somme qui ne se trouve pas sous le pas d’un cheval, de sorte que, à l’heure où je rédige ces lignes, le dangereux criminel est toujours sous les verrous.

 

Abus

 

         Le 13 novembre de bon matin – il était six heures quinze –, cinq policiers ont débarqué à grand bruit chez le professeur Faurisson en vue d’une nouvelle perquisition. Ils ont fait sortir du lit, avec force éclats de voix, l’épouse du professeur et deux autres membres de la famille, et les ont enfermés sous bonne garde durant une heure et demie.

 

         Madame Faurisson est cardiaque ce que n’ignoraient pas deux des policiers, officiers de police judiciaire venus de Paris.

 

         Les policiers en ont été pour leurs frais. Ils étaient en quête d’un ordinateur et de documents. La perquisition n’a rien donné.

        

         On peut être sûr que si ce brutal événement a des conséquences sur la santé de Madame Faurisson, personne ne songera à parler d’une «bavure policière».

 

         Selon que vous serez…

 

Mariette Paschoud