Lausanne 38e année      «ne pas subir»      Juin  2008 No 376

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste constate que la Coupe d’Europe 2008 est placée sous le signe de la lutte contre le racisme, par quoi il faut évidemment comprendre le racisme qui s’exerce à l’encontre des allogènes en Europe.

 

Bricoles

Où il est question de gifle et de camouflet, de l’explosion du racisme en Suisse et d’un hymne dont la «version nazie» a été écrite 82 ans avant l’apparition du nazisme !

 

Ne dites pas…

La minute du beau langage

 

En direct de Sirius

Max s’inquiète pour l’avenir des Etats-Unis, il félicite les Celtes irlandais de leur courage, il s’amuse d’un jugement français annulant un mariage pour cause de dol et d’erreur essentielle, nous relate un plaisant sondage en Allemagne et nous recommande un film.

 

Sami, Eveline et leurs amis

Pollux constate, vu l’attitude de la presse à l’égard de deux Conseillers fédéraux, que la roche tarpéienne est proche du Capitole.

 

L’extrémisme, c’est l’autre… l’exclu…

Michel de Preux relève qu’il est bien commode, pour discréditer un adversaire, de le qualifier d’extrémiste (sous-entendu : de droite), surtout si on est soi-même «au centre», ce qui ne veut pas dire grand-chose.

 

If you don't know, vote no !

Commentant le vote récent des Irlandais sur le Traité de Lisbonne, Claude Paschoud s’amuse des réactions embarrassées des milieux officiels et s’indigne qu’on ose nous faire voter en Suisse en une seule et même question sur deux objets très différents.

 

Deux destins

Deux personnages se sont fait remarquer dans la tragique ou grotesque actualité de la même semaine. Deux «héros» qui se sont trompés d’époque.

 

Ah! la communication!

C’est la démocratie en mutation. Les perdants n’avaient pas tort, mais ils n’ont pas su communiquer. On reposera donc la même question plus tard.

 

Les nouvelles aventures…

L’actualité révisionniste du mois : les historiens qui plaide en faveur de la liberté de la recherche historique ont peur de leur propre audace. On assiste d’autre part à un miracle, celui de la multiplication des survivants.

 

Vacances

La rédaction se repose jusqu’à mi-septembre.

 

 

 

 

Editorial

 

 

Comme vous le constaterez, les préoccupations des collaborateurs du Pamphlet coïncident parfois dans ce numéro, mais sous des angles différents, raison pour laquelle le rédacteur responsable n’a pas jugé utile de procéder à des coupures. Après tout, il est compréhensible que le référendum irlandais, l’accident militaire de Wimmis ou les exploits du sélectionneur de l’équipe de France de football aient retenu l’attention de plus d’un rédacteur.

 

Mais passons à autre chose.

 

La lutte contre le racisme étant omniprésente dans nos contrées, il était inévitable que la Coupe d’Europe 2008 se déroulât sous le signe de ce combat. Aussi pouvait-on lire dans un communiqué ats du 23 mai: «“Tous unis contre le racisme”, proclame le slogan de la campagne anti-raciste  du championnat d’Europe de football 2008.

 

(…) Point fort: les capitaines des équipes qui se qualifieront pour les demi-finales de l’EURO 2008 liront une déclaration antiraciste avant ces deux rencontres, à Vienne et à Bâle, indique l’Organisation ”Football Against Racism in Europe“ (FARE).

 

L’organisation dépêchera des observateurs lors des matches. Une ligne téléphonique spéciale sera ouverte pour les incidents à caractère raciste. (…)»

 

                   Bien que la chose ne soit pas explicite, il est ici question, cela va de soi, de racisme anti-allogènes, le seul qui existe aux yeux de nos bons apôtres «crypto-racistes».

 

                   Il est certain que toutes ces mesures auront impressionné, lors de leur visite en Suisse aux fins de s’initier aux secrets de l’organisation d’un championnat, les délégués sud-africains responsables de l’organisation de la Coupe du monde de football 2010 dans un pays où règnent , depuis la disparition de l’apartheid,  la prospérité et la paix ethnique.

 

                   Car il faut avoir bien mauvais esprit pour considérer le chômage qui sévit en Afrique du Sud comme un indice de santé économique précaire. Tout le monde sait que la prise du pouvoir par les Noirs a été une bénédiction pour le pays. Il serait aussi aventureux de voir du racisme dans les persécutions qu’ont fait subir récemment des Sud-Africains à des étrangers mozambicains et zimbabwéens, au motif que ceux-ci étaient, à leurs yeux, responsables du chômage et de la criminalité. Certes, cela y ressemble un peu, et certains s’y sont laissé prendre, mais, puisque ce n’est pas une affaire Blancs-Noirs, ce n’est pas du vrai racisme, tout juste une légère xénophobie. D’ailleurs, quelques dizaines de morts et quelques milliers d’humains terrorisés, ce n’est pas grand-chose au regard des initiatives racistes et xénophobes de l’UDC. Il n’y a vraiment pas de quoi organiser des manifestations de rue.

 

                   Les associations antiracistes ne semblent pas trop gênées aux entournures, pas plus que le clergé de la Démocratie ne paraît vraiment dérangé par la conception pour le moins exotique que se fait  le tyran zimbabwéen Mugabé de la démocratie. Alors qu’on sait ce dernier prêt à tout pour conserver le pouvoir, un communiqué AFP du 21 juin nous explique que, «dans ce contexte, plusieurs voix dans le monde, de l’ONU à l’Afrique australe, ont exprimé leur crainte que le scrutin [présidentiel du 27 juin] ne soit pas crédible».

 

Quelle belle lucidité!

 

Le Pamphlet

 

 

 

 

Bricoles

 

Lectures

 

Si vous voulez  vous replonger dans la fin des années cinquante, avec l’arrivée des immigrés italiens venus travailler dans le bâtiment, et les combinazioni  de certains entrepreneurs, sympathiques mais guère scrupuleux, le tout dans l’atmosphère bon enfant et parfois trépidante d’une famille italo-tessinoise décrite avec humour, lisez Chambardement de Martine Desmonts1.

 

Si vous voulez vous faire peur, mais alors vraiment peur, en ce qui concerne l’avenir de la planète, lisez L’Homme, assassin de la vie de Marcel Narbel2. (mp)

 

1 Editions de l’Aubier, case postale 95, 1213 Petit-Lancy (Genève)

2 Editions à la Carte, www.edcarte.ch

 

Gifle et camouflet

 

A la suite des votations fédérales du 1er juin qui se sont soldées par un triple «non», la presse à beaucoup glosé sur la gifle et le camouflet infligés par les Suisses à l’UDC qui avait recommandé de voter trois fois «oui». C’est un peu vite dit, car si 24,8% seulement des votants ont accepté l’initiative «Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale», il s’en est trouvé 36,3% pour adopter les naturalisations démocratiques et 31,5% pour voter en faveur de l’article constitutionnel relatif à l’assurance-maladie.

 

Je trouve que ce n’est pas si mal pour un parti de plus en plus diabolisé et contre qui se liguent tous les autres. Dans l’ensemble, les électeurs de l’UDC lui sont restés fidèles. En tout cas, si c’est une défaite nette, ce n’est ni une gifle ni un camouflet. (mp)

 

Explosion

 

La presse du 6 juin tire la sonnette d’alarme: le racisme a explosé en Suisse, le nombre d’incidents racistes ayant augmenté de 30% en 2007. Ciel!

 

Songez-y : les incidents ont passé de huitante-sept en 2006 à cent treize en 2007, d’un incident tous les quatre jours à un incident tous les trois jours environ dans un pays qui compte sept million d’habitants. Plus personne n’est en sécurité!

 

Bien entendu, la faute de cette terrible explosion qui, nous dit-on, touche surtout les musulmans et les Noirs – on n’ose pas trop avouer que les musulmans et les Noirs sont aussi parfois à l’origine d’incidents racistes – revient à l’extrême droite. S’agit-il de celle qui reçoit des gifles et des camouflets? Pourquoi, tout à coup, lui attribue-t-on tant d’influence? (mp)

 

Deutschland über alles

 

Horreur! La chaîne de télévision suisse SRG a sous-titré l’hymne national allemand avec les paroles de la «version nazie» avant le match opposant l’Autriche à l’Allemagne le lundi 17 juin. Bien entendu, la chaîne a présenté ses plus plates excuses.

 

Mais qu’est-ce donc que cette version nazie ? C’est, nous dit-on, celle qui privilégie la première strophe du  chant Das Lied der Deutschen qui commence par «Deutschland, Deutschland über alles», signe évident que l’Allemagne nazie avait l’intention de conquérir la terre entière. Grâce au ciel, l’hymne national allemand ne comprend plus que la troisième strophe, parfaitement politiquement correcte.

 

Et tant pis si les paroles de ce chant patriotique ont été écrites par August Heinrich Hoffmann von Fallersleben en 1841, à une époque où l’Allemagne n’était pas encore unifiée; si Das Lied der Deutschen a été adopté comme hymne national allemand en 1922. (mp)

 

 

 

 

Ne dites pas…

 

Ne dites pas: «Raymond Domenech, sélectionneur de l’équipe de France de football, devait savoir qu’il encourait un risque en choisissant des joueurs médiocres.» Dites: «Raymond Domenech, sélectionneur de l’équipe de France de football, devait savoir qu’il courait un risque en choisissant des joueurs médiocres.»

 

Et ce n’est pas parce qu’il encourt peut-être une sanction, officielle ou non, de la part de la Fédération française de football qu’il peut se risquer à faire porter le chapeau de son humiliant échec à l’hôtel Mirador du Mont-Pèlerin – prétendument mal situé – et à la presse suisse – prétendument anti-française.

 

Fi! le mauvais perdant.

 

 

Le pinailleur

 

 

En direct de Sirius

 

Les Etats-Unis… comme Carthage ?

 

La nature a horreur des tricheurs. Elle est maîtresse du temps – si important pour les bipèdes terrestres – et décide sans appel des conditions d’application de sa sanction aux présomptueux. Elle sait être patiente, mais elle finit toujours par corriger dans le sens de sa loi. Il est donc permis de s’attendre à ce que les Etats-Unis, comme Carthage, soient détruits, non point par l’effet d’un quelconque croquemitaine tout droit issu de légendes orientales, mais par simple implosion sociale et économique; en vertu du principe selon lequel tout bluffeur doit tôt ou tard finir par abattre son jeu. Les signes avant-coureurs de cet effondrement sont désormais manifestes. Cette prédiction nous amène à deux nouvelles questions impertinentes:

 

1. Les peuples d’Occident survivront-ils aux retombées socio-économiques d’un tel cataclysme?

 

2. Quelle nouvelle superpuissance iront parasiter ceux qui ne prospèrent que sur le lard et par le muscle des géants idiots?

 

 

Ah! les braves Celtes!

 

An de grâce 2008… La nuit est presque complète sur l’Union Européenne, et la quasi-totalité des «vieux Européens» – et bon nombre des jeunes aussi – sont désormais soumis à la règle de Bruxelles. Mais à l’ouest, un petit pays encore souverain résiste courageusement aux «banksters», aux prébendiers, aux liquidateurs de nations, aux «dilueurs» de peuples, aux mercantis globaux et autres marchands d’esclaves, de nègres et d’illusions. Et ce un pour cent de la population de l’Union Européenne dit «NON» aux propositions des bradeurs d’Occident, confirmant par là même que 100 % des peuples consultés1 refusent le paquet que le nouvel ordre mondial compte bien leur fourguer, ainsi que le caractère fantoche des parlements de l’UE, si serviles aux injonctions des eurocrates.

 

Mais le plus instructif de l’affaire, c’est la mine et les réactions à chaud des tordus apatrides de Bruxelles. Barroso en tête, épaulé par ses comparses de Paris et de Berlin, les voyous se démasquent. Seul demeure cohérent le président tchèque: le traité de Lisbonne est «fini». C’est une évidence en droit. Mais quelle sorte de droit peut-elle prévaloir dans une voyoucratie ?

 

…Et me revient la légende de ce dessin d’un paon en flamboyante roue, outré de l’indifférence d’une paonne peu disposée à l’acte :

 

«Comment ça, “NON” ?»

 

– Ben oui, ils ont dit «NON» ! Et nous disons merci au sain peuple irlandais.

 

 

Une république laïque, multiethnique et «polyreligieuse», le cul entre deux chaises…

 

Affreux dilemme – France: un tribunal annule un mariage au motif d’une tromperie sur un élément essentiel de celui-ci: contrairement à ce qu’elle avait affirmé, la mariée n’était pas vierge. On pourra disserter sans fin du caractère essentiel d’un hymen intact au seuil du lit nuptial. Le tribunal a admis la subjectivité de la chose, mais, en l’espèce, pour des époux musulmans attachés aux préceptes de l’islam, la gravité du mensonge était apparue comme évidente au président, ce qu’admit dans la foulée la ministresse (musulmane itou) de la justice de France… promptement contrainte à se déjuger, trop tard cependant: on vit s’abattre sur l’Hexagone un hourvari de groupes hétéroclites et variés de pressions et d’expressions contradictoires dont la liste relèverait d’une énumération à la Prévert (moins le raton laveur). On criait à la laïcité, à la liberté religieuse, au respect de la femme, aux droits de l’homme; on s’écharpait entre barbus et jeans moulants; des politiciens tout soudain inquiets s’agitaient mollement, l’œil gauche ou droit, toujours louche, suintant vers leur électorat… Et personne pour hasarder que peut être, en matière d’intégration, la masse critique était atteinte et qu’il conviendrait désormais de considérer les aptitudes à l’assimilation des nouvelles «chances pour la France», et de s’attaquer d’urgence à la mise au net de ce que l’on entend au juste par «valeurs de la République».

 

 

 «Ach ! La guerre, groß malheur !»

 

         Il n’y a pas si longtemps, il fut demandé par sondage aux Allemands de l’entité fédérale en vigueur qui était à l’origine de la guerre germano-hongroise de 1880. 83 % des sondés admirent que c’était le Reich et seulement 7 % accablèrent le royaume de Hongrie. Le solde fournit d’«autres réponses».

 

         La plupart des prudents du dernier lot savaient sans doute que le conflit en question n’avait jamais eu lieu. Que dire, en revanche, des 83 % prêts à s’autoflageller devant cette nouvelle preuve de bellicisme éhonté? S’agissait-il d’une xème manifestation d’un gigantesque complexe de culpabilité particulier à ce qui reste du peuple allemand? du résultat satisfaisant d’une implantation mémorielle efficace ou d’un simple cas de formatage réussi? Le rapporteur de cet amusant exercice2, Germar Rudolf, actuellement dans une prison allemande pour délit d’opinion, précise: «Quand, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis [on opère un tel sondage sur] une guerre pareillement inventée (…): la plupart des personnes interrogées n'attribuent pas la responsabilité de cette guerre dont ils n'ont plus le souvenir à leur nation, mais à la nation ennemie». Le lecteur voudra bien en tirer ses propres conclusions…

 

 

Deux jours à tuer

 

         Nos lecteurs savent déjà tout le bien que nous pensons de M. Jean Becker3. Son dernier film est une nouvelle réussite de tendresse triste et d’altruisme discret, ficelée avec la minutie d’un thriller. On rit souvent, avec mauvaise conscience parfois, des évidences méchantes qu’assène un Albert Dupontel plus déconcertant que jamais… Mais on part dans un silence ému, après avoir applaudi à la dernière note du générique.

 

 

Max l’Impertinent

 

 

1 Les peuples de France et de Hollande qui avaient refusé le «machin» de Bruxelles furent circonvenus par leurs parlements respectifs… le peuple anglais ayant été sagement maintenu en état providentiel de virtualité par la décision gouvernementale d’abandonner une consultation devenue inutile et potentiellement dangereuse.

2 Germar Rudolf: Diktatur Deutschland. Die Zerstörung von Demokratie und Menschenrechten unter dem Einfluß von Kriegspropaganda, Castle Hill Publishers, Hastings (Grande-Bretagne), mai 2005.

3 Cf. Effroyables jardins (bravo Papa !), Le Pamphlet, avril 2003, n° 324, p.2.

 

 

Sami, Eveline et leurs amis

 

Dans les bandes dessinées de Tintin, on rencontre parfois des personnages de second plan, au physique un peu terne: petits rondouillards à l’air bonhomme, avec une petite moustache et de petites lunettes rondes, ils personnalisent «Monsieur Tout-le-monde», apparaissent brièvement dans le scénario puis disparaissent. Tel est M. Samuel Schmid, conseiller fédéral en charge du Département de la défense et des sports.

M. Schmid a été jusqu’à présent membre de l’Union démocratique du centre (UDC), dont il représentait l’aile agrarienne, sympathiquement bourgeoise mais peu combative, et active surtout dans la gestion de quelques mandats de représentation des intérêts des régions rurales. En cela, M. Schmid est fort éloigné de l’aile «zuricoise» emmenée par Christoph Blocher, remuante et provocatrice. Et pour cela précisément, M. Schmid est l’ami des médias, selon le principe bien connu que les ennemis de nos ennemis sont nos amis.

On a donc lu beaucoup de bien de M. Schmid au cours de ces derniers mois. Alors même qu’il ne dit rien, ou presque, la presse loue son courage, sa mesure, sa retenue, sa résistance face aux dérives populistes. C’est la force tranquille. Après que Mme Widmer-Schlumpf, égérie de la lutte antiblochérienne, a été exclue de l’UDC, tous les regards journalistiques se sont tournés vers «Sami» dans l’espoir qu’il quitte lui aussi son parti – lequel, après avoir triomphé aux élections de l’automne passé, se retrouvera ainsi sans aucun représentant au Conseil fédéral.

M. Schmid s’est-il souvenu qu’il n’y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéienne? Le décès accidentel de cinq soldats se livrant – volontairement? hors de leur mission militaire? – à une dangereuse descente en canot a, en quelques heures, retourné les médias à cent huitante degrés. Dans les éditoriaux du matin, on apostrophe M. Schmid, on l’interpelle, on l’invective. «Combien de larmes encore? Quand prendra-t-on enfin des mesures?» Les journalistes détestent l’armée; cet accident leur permet de déverser un peu de fiel sur les officiers irresponsables, l’encadrement incompétent, etc. Et cette fois, le ministre est en plein dans la ligne de mire. «Sami» le résistant est devenu la bête noire – le mouton noir, si vous préférez. Adulé le jeudi, il se retrouve honni et agoni d’injures le vendredi.

Gageons qu’au prochain demandeur d’asile qui se tordra une cheville, la même presse tombera à bras raccourcis sur Mme Widmer-Schlumpf, qu’on accusera d’appliquer le droit de manière inhumaine. L’ex-pasionaria rhétique sera traitée de fasciste, et nos deux insignifiants conseillers fédéraux se demanderont alors s’il valait vraiment la peine de quitter l’UDC pour se faire pareillement houspiller par leur nouveaux «amis».

 

Pollux

 

 

 

L’extrémisme, c’est l’autre… l’exclu…

 

«Ce qui est bref et bon, est deux fois bon.»

Baltasar Gracian y Morales

 

Alors que je me trouvais en conversation avec un ancien député socialiste à Sierre, dans un établissement public, un avocat appartenant au parti radical nous interpella en nous disant que les extrêmes se rencontrent… Parlant de lui-même, il précisait : «Moi, je suis au centre!» Pour semer la zizanie, une autre personne fait occasionnellement allusion à mes sympathies, sans nuances, pour le FN ou l’UDC, afin de perturber les bons rapports que j’entretiens avec une métisse de mes amies.

 

Le grief d’extrémisme, toujours de droite, naturellement, car si j’étais de gauche trotskiste, personne ne m’adresserait ce reproche, et surtout pas une démocrate-chrétienne…, est le moyen par excellence de tuer quelqu’un socialement. C’est le moyen d’exclusion par excellence  de tous ceux et celles qui, par ailleurs, mettent leur cœur en écharpe et proclament tous azimuts leur refus… des exclusions! Le grief de racisme, connexe, ajoute l’opprobre à l’exclusion.

 

Aucun de ces griefs n’est objectivement fondé, naturellement. Nous sommes dans le domaine de la propagande, de l’idéologie, non de la science politique, encore moins de l’honnêteté dans les rapports sociaux. Si des partis politiques défendent des valeurs proscrites par l’ordre social, qu’on les interdise. Et s’il n’est pas question de les interdire parce que les griefs qu’on leur oppose sans cesse ne sont ni pertinents ni passibles de condamnation, la malhonnêteté ne vient pas de ces partis, mais bien des procédés que l’on utilise contre eux pour nuire malhonnêtement à leur influence. Ces procédés relèvent sans doute de la guerre idéologique, en aucun cas d’un débat politique honnête.

 

Ni le racisme ni l’antisémitisme ne sont des dogmes absolus1. La doctrine sociale de l’Eglise nous l’enseigne, mais les démocrates-chrétiens le cachent au public… Une chose est de traiter les personnes avec justice et équité, autre chose de confondre justice et équité avec un quelconque conformisme idéologique. Bruno Gollnisch a été condamné en France pour avoir tenu des propos rigoureusement identiques dans leur sens à ceux de Jacques Chirac sur le même thème, savoir que les questions d’histoire doivent être laissées aux historiens. Cet arbitraire délibérément maintenu et protégé est répugnant. Il prouve la politisation des organes de justice et la servitude de nombreux magistrats.

 

Mais l’histoire, la vraie, nous révèle un autre fait plutôt cocasse, et qui est de nature à confondre nos faux maîtres en fausses vertus politiques et civiques: le grief d’extrémisme, associé à l’exclusion, était l’argument privilégié des nazis! … Ces derniers se voulaient, en effet, comme notre avocat radical ou notre démocrate-chrétienne, au centre de l’échiquier politique de leur pays et de leur époque, c’est-à-dire à la gauche des conservateurs du «Herren Klub» (les gentilshommes conservateurs) et à la droite des socialistes et des communistes.

 

Au nom même d’un certain «devoir de mémoire», on devrait donc interdire l’usage de ce genre de grief et d’argument dans le débat politique, comme relevant typiquement de procédés nazis. Il est vrai que les opportunistes n’ont, on le sait, qu’une mémoire sélective et une morale d’intérêt, autrement dit : ni mémoire ni morale, politique du moins…

 

Michel de Preux

 

 

 

If you don't know, vote no !

 

Le scrutin du 12 juin en Irlande a été fort instructif et son résultat hautement réjouissant. Alors que dix-huit Etats avaient adopté le traité prétendument «simplifié» de Lisbonne par voie parlementaire, le seul pays dans lequel un référendum populaire était organisé l’a refusé.

 

Enfin, c’est une manière de parler, parce qu’en réalité, les peuples de France et des Pays-Bas ont aussi été consultés il y a trois ans et ils ont aussi dit clairement «non» à la Constitution européenne, à propos de laquelle on nous racontait à l’époque qu’il n’y aurait pas de plan B !

 

La propagande de la nomenklatura bruxelloise n’avait pourtant rien négligé et les trois plus grands partis politiques d’Irlande (Fianna Fail, Fine Gael et Labour), ainsi que les plus puissantes centrales syndicales (IFA, ICTU, IBEC) avaient fait campagne pour le «oui».

 

On a présenté au peuple irlandais ce traité comme allant de soi et incontournable. Seuls des idiots pouvaient ne pas voir les avantages indéniables qu’il allait procurer.

 

L’arrogance de tels discours me remit en mémoire les sombres prédictions des euromaniaques à la veille de la votation sur l’EEE en 1992 : un refus de ratification allait provoquer, nous disait-on, la plus grande catastrophe économique du siècle pour la Suisse qui allait se trouver isolée, ostracisée, ridiculisée. C’est tout juste si les Suisses n’allaient pas revenir à l’âge de la pierre polie.

 

Les peuples de France, des Pays-Bas en 2005 et d’Irlande le 12 juin ne s’en sont pas laissé conter. Il y a gros à parier que si l’on organisait des référendums dans les autres Etats de l’Union, l’enthousiasme intégrationniste serait aussi mitigé, n’en déplaise aux technocrates de Bruxelles, au personnel des chancelleries et aux hommes politiques des Etats membres, de moins en moins compris par l’homme de la rue.

 

Le simple citoyen se rend compte qu’on lui ment, parce qu’on le croit trop bête pour prendre la bonne décision si on lui disait la vérité.

 

Et c’est précisément cette révélation qui l’irrite. Voyez l’exemple de la Suisse, à qui on songe à présenter en une seule et même question la prolongation de l’accord sur la libre circulation des personnes et l’extension de l’accord aux deux derniers venus : Bulgarie et Roumanie.

 

Or, les accords bilatéraux s’appliquent automatiquement aux nouveaux Etats lorsqu’ils adhèrent à l’UE, à l’exception de la libre circulation. La Roumanie et la Bulgarie ayant adhéré à l’Union en 2007, il est nécessaire d’étendre l’ALCP à ces deux Etats, comme cela avait été le cas après le premier élargissement de l’UE à l’Est.

 

«Le principe de reconnaissance de l'équivalence en matière législative garantit l'autonomie législative des parties aux accords. De plus, les accords bilatéraux qui s'appuient sur ce principe constituent un ensemble de normes législatives statiques. Ceci implique que la Communauté demeure libre de modifier ou d'abroger les actes qu'elle a édictés et qui sont cités dans les accords bilatéraux, mais aussi que la Suisse n'est pas obligée de s'adapter automatiquement à ces modifications.»1

 

M. Dominique Boillat, collaborateur du Bureau de l’intégration du DFAE/DFE nous prévient2 : «Le refus de l’extension créerait une inégalité de traitement entre les Etats membres de l’UE. Le risque existerait alors que l’Union n’accepte pas une telle discrimination et ne résilie l’accord, entraînant l’annulation de tout le paquet des Bilatérales I, toujours en raison de la fameuse ”clause guillotine“.»

 

M. Boillat n’est pas le seul à agiter cette menace, alors même que l’extension automatique de l’ALCP à la Bulgarie et à la Roumanie a été expressément exclue, par la volonté concordante des parties. Les journalistes de la Radio suisse romande ne manquent jamais, lorsqu’ils interrogent un dirigeant de l’Union européenne, de lui suggérer des sanctions à l’égard de la Suisse, des mesures de rétorsion, voire (ils en frémissent d’excitation) une dénonciation des bilatérales par l’Union, ce qui constituerait, à n’en pas douter, un grand pas en arrière, mais une bonne leçon pour ces Helvètes repliés sur eux-mêmes, frileux et égoïstes.

 

L’homme de la rue, qui n’est pas si bête qu’on le croit dans les rédactions de nos hebdomadaires branchés, ne croit pas un mot de ces sombres prédictions. Il voit bien que les bilatérales profitent aussi bien à l’Union européenne qu’à la Suisse, et que, si le refus de l’extension de la libre circulation des personnes à la Roumanie et à la Bulgarie créerait, en effet, une discrimination entre les membres de l’UE, personne n’en mourrait. Le risque d’une résiliation de l’accord fondée sur la «clause guillotine» pour cette seule raison est fort peu probable.

 

Ce qui est réjouissant, dans la décision des Irlandais, c’est que même un petit pays peut faire valoir sa voix, ce qui oblige les technocrates à manifester ouvertement le mépris que leur inspirent le respect des règles démocratiques et celui des traités lorsque le verdict des urnes ne leur convient pas.

 

A moins d’une forfaiture, il faudra bien que M. Sarkozy et ses amis remettent l’ouvrage sur le métier ! Le traité de Lisbonne était non seulement illisible, incompréhensible et touffu, il était mauvais. Le slogan des «Neinsager» irlandais est sage et il peut valoir pour toute votation fédérale : si tu ne sais pas, vote NON !

 

Claude Paschoud

 

1 Voir le site officiel www.bfm.admin.ch

2 www.europa.admin.ch

 

 

Deux destins

 

Imaginons un instant que le capitaine responsable du tragique accident de la Kander ait été, au civil, un assistant social inscrit au Parti socialiste, ou chez les Verts, et que Mme Valérie Garbani ait été une militante UDC, tendance blochérienne…

 

Quelqu’un peut-il s’imaginer que le traitement de l’information, que le ton des commentaires, que l’attitude des journalistes eût été la même?

 

Poser la question, c’est y répondre. Jamais la rédactrice de 24 heures n’aurait aussi complaisamment reproduit les propos haineux d’un improbable «Alain E.*»1 «fin connaisseur de l’armée», mais qui «tient à rester anonyme» et qui profite de cet anonymat pour déverser sur son ancien camarade une louche de bassesse: «Yves M. a toujours agi à la limite. C’est un homme dangereux qui n’a rien à faire avec 135 hommes sous ses ordres. L’armée ne devrait pas tolérer de tels moutons noirs.» 2

 

Aux bonnes âmes qui disent que Mme Garbani est une fille attachante et formidable, qui mérite une troisième chance, dont le compagnon n’est nullement violent mais «simple et gentil», on réservera plusieurs colonnes. Et si elle était trop saoûle samedi matin pour prononcer le discours attendu, «ce n’est pas si grave ! Il faut arrêter de tout quantifier…»3 Et si on peut regretter l’exemple qu’elle donne en étalant publiquement ses frasques nocturnes, son alcoolisme, ses scènes de ménage et ses insultes publiques à la police et aux musiciens, finalement, «c’est sa vie privée» !

 

Les deux héros – malgré eux – de la triste actualité de la semaine sont tous deux des «égarés spatio-temporels». Ils se sont trompés de siècle.

 

La passionaria du socialisme neuchâtelois aurait dû combattre dans les rangs républicains en Espagne, en 36, ou militer à Nice sous les ordres de Catherine Ségurane pour montrer son cul aux assaillants turcs en vociférant depuis son balcon.

 

Quant au capitaine Yves M., il n’a pas compris que la mission de l’armée, aujourd’hui, n’était plus de se préparer à la guerre, avec l’entraînement physique et psychologique qu’une telle préparation impose, mais de promouvoir la solidarité entre les peuples, et de se ménager la bienveillance de la population civile, du Parlement et des médias.

 

Ils sont malheureusement nés dans le XXe finissant, et le choix de leur parti politique réglera leur destin: le capitaine sera vraisemblablement écarté de l’armée et Mme Garbani poursuivra sa carrière politique, entourée des soins attentifs d’une presse compatissante.

 

C.P.

 

1 l’astérisque indique que le diffamateur est «connu de la rédaction».

2 24 heures du 16 juin page 10

3 24 heures du 19 juin page 9

 

 

 

Ah! la communication!

 

Personne ne commet plus d’erreur, aujourd’hui, à part des erreurs de communication.

 

A entendre M. Nicolas Sarkozy expliquer le triste résultat des municipales, ou M. Domenech justifier les lamentables performances des Bleus à l’Euro 08, à entendre les partisans de l’illisible traité de Lisbonne après le vote des Irlandais ou l’UDC après le rejet de l’initiative sur les naturalisations, on se plaint à chaque fois d’un défaut de communication, d’un déficit d’information.

 

On ne m’a pas compris. Peut-être n’ai-je pas été assez clair, c’est ma seule concession, mais je ne peux pas avoir eu tort.

 

Si donc le peuple ne m’a pas suivi, c’est qu’il ne m’a pas compris. Et s’il ne m’a pas compris, c’est soit qu’il est trop bête, soit que j’ai manqué des moyens financiers nécessaires pour lui faire entrer la vérité dans le crâne (alors que mes adversaires, eux, n’ont pas ménagé leurs millions pour diffuser leur propagande mensongère).

 

Selon l’option, il faudra soit aménager la démocratie pour éviter de poser au peuple stupide des questions qu’il n’est pas à même de résoudre (sauf évidemment si la stupidité proverbiale du peuple va lui faire répondre ce qu’on veut qu’il dise), soit améliorer la prochaine fois nos techniques de communication.

 

Domenech n’est pas un crétin d’avoir constitué une équipe formée de deux types de joueurs: les trop jeunes et les trop vieux. Il a juste failli dans ses efforts de communication.

 

Il suffira de même d’un bon plan media et d’une agence spécialisée en communication pour convaincre les Lausannois des vertus d’un musée des Beaux-Arts construit dans un gigantesque cube de béton, sur les rives du lac, avec une grande baie vitrée pour laisser pénétrer généreusement la lumière du jour que les œuvres peintes ne tolèrent précisément pas.

 

Je crains bien que tous ces gens n’aient raison. La manière d’emballer une idée vaut plus que l’idée elle-même. On vous vend déjà, parce qu’on y met le prix en techniques de communication, en propagande, en matraquage publicitaire, des contre-vérités historiques ou des produits absurdes. Pourquoi se gêner, puisque ça marche ?

 

 

C.P.

 

 

Les nouvelles aventures…

 

Exception

 

         Comme il fallait s’y attendre, l’association Liberté pour l’histoire, qui, en décembre 2005, avait lancé l’appel de dix-neuf historiens contre la prolifération des lois imposant divers «devoirs de mémoire» incompatibles avec une saine recherche historique, a déclaré que la loi Gayssot française, qui punit les révisionnistes, devait être appliquée, car, selon son président, Pierre Mora, «la loi n’a jamais servi à condamner des historiens mais des prétendus historiens».

 

         Monsieur Mora a raison sur un point: la loi Gayssot et les autres lois antirévisionnistes ne servent jamais à condamner des historiens officiels, en général confortablement installés dans leurs pantoufles conformistes. Il se trompe toutefois sur un autre point: la loi Gayssot et les autres lois antirévisionnistes ne servent pas à condamner de prétendus historiens. En effet, les révisionnistes condamnés, à de rares exceptions près, ne revendiquent pas le titre d’historien. Le plus célèbre d’entre eux est spécialiste de la critique de texte. On compte aussi pas mal de scientifiques, en particulier des ingénieurs, chimistes ou non. Monsieur Mora n’y connaît donc rien et appartient probablement à cette race d’«historiens» à qui il suffit que cent personnes déclarent avoir vu des petits hommes verts dans le métro pour juger recevables ces «témoignages concordants»;  qui ne se demandent pas s’il est plausible que des petits hommes verts se soient trouvés dans le métro, mais considèrent que la chose est certaine puisque – cent témoignages l’attestent – il y avait des petits hommes verts dans le métro.

 

Miracle

 

         Les survivants de la déportation juifs vont bénéficier, de la part de l’Allemagne, d’une rallonge de trois cent vingt millions de dollars. C’est une bonne affaire pour eux. A cela s’ajoute une nouvelle des plus réjouissantes: ces fonds supplémentaires profiteront notamment à de nouveaux survivants.

 

         Tout être humain normalement constitué ne peut que se réjouir d’apprendre que des gens que l’on croyait morts ont en réalité survécu. Il est toutefois déplorable que ce genre d’information ne surgisse que lorsqu’un pactole est en vue. On l’avait déjà noté dans les années nonante, lors de l’affaire des fonds en déshérence: lorsqu’il y a de l’argent à toucher, on assiste au miracle de la multiplication des survivants.

 

         Bien entendu, il n’est pas question de réviser le nombre des morts. Ce serait les tuer une seconde fois, ainsi que vous le dira le premier journaliste venu. Or, contrairement à ce qu’un vain peuple pense, nous ne sommes pas des assassins.

 

Mariette Paschoud

 

 

 

 

 

Vacances

 

Comme chaque année en juillet et août, la rédaction du Pamphlet prend des vacances. Nous reprendrons la plume aux alentours de la mi-septembre.

 

Nous espérons que l’anticyclone des Açores voudra bien se réveiller complètement pour vous faire oublier que le réchauffement climatique est lui aussi parti en vacances. Bon été à tous.

 

La rédaction