Sommaire :
L’éditorialiste constate que la Coupe d’Europe 2008 est placée sous le
signe de la lutte contre le racisme, par quoi il faut évidemment
comprendre le racisme qui s’exerce à l’encontre des allogènes en Europe.
Où il est question de gifle et de camouflet, de l’explosion du racisme en
Suisse et d’un hymne dont la «version
nazie» a été écrite 82 ans avant l’apparition du nazisme !
La minute du beau langage
Max s’inquiète pour l’avenir des Etats-Unis, il félicite les Celtes irlandais
de leur courage, il s’amuse d’un jugement français annulant un mariage pour
cause de dol et d’erreur essentielle, nous relate un plaisant sondage en
Allemagne et nous recommande un film.
Pollux constate, vu l’attitude de la presse à l’égard de deux Conseillers
fédéraux, que la roche tarpéienne est
proche du Capitole.
L’extrémisme, c’est
l’autre… l’exclu…
Michel de Preux relève qu’il est bien commode, pour discréditer un
adversaire, de le qualifier d’extrémiste
(sous-entendu : de droite), surtout si on est soi-même «au centre», ce qui ne veut pas dire
grand-chose.
Commentant le vote récent des Irlandais sur le Traité de Lisbonne, Claude
Paschoud s’amuse des réactions embarrassées des milieux officiels et s’indigne
qu’on ose nous faire voter en Suisse en
une seule et même question sur deux objets très différents.
Deux personnages se sont fait remarquer dans la tragique ou grotesque
actualité de la même semaine. Deux «héros» qui se sont trompés d’époque.
C’est la démocratie en mutation. Les perdants n’avaient pas tort, mais
ils n’ont pas su communiquer. On reposera donc la même question plus tard.
L’actualité révisionniste du mois : les historiens qui plaide en faveur
de la liberté de la recherche historique ont peur de leur propre audace. On
assiste d’autre part à un miracle, celui de la multiplication des survivants.
La rédaction se repose jusqu’à mi-septembre.
Comme vous le
constaterez, les préoccupations des collaborateurs du Pamphlet coïncident
parfois dans ce numéro, mais sous des angles différents, raison pour laquelle
le rédacteur responsable n’a pas jugé utile de procéder à des coupures. Après
tout, il est compréhensible que le référendum irlandais, l’accident militaire
de Wimmis ou les exploits du sélectionneur de l’équipe de France de football
aient retenu l’attention de plus d’un rédacteur.
Mais passons
à autre chose.
La lutte contre
le racisme étant omniprésente dans nos contrées, il était inévitable que la
Coupe d’Europe 2008 se déroulât sous le signe de ce combat. Aussi pouvait-on
lire dans un communiqué ats du 23 mai:
«“Tous unis contre le racisme”, proclame le slogan de la campagne anti-raciste du
championnat d’Europe de football 2008.
(…) Point fort: les capitaines des équipes qui se
qualifieront pour les demi-finales de l’EURO 2008 liront une déclaration
antiraciste avant ces deux rencontres, à Vienne et à Bâle, indique
l’Organisation ”Football Against Racism in Europe“ (FARE).
L’organisation dépêchera des observateurs lors des
matches. Une ligne téléphonique spéciale sera ouverte pour les incidents à
caractère raciste. (…)»
Bien
que la chose ne soit pas explicite, il est ici question, cela va de soi, de
racisme anti-allogènes, le seul qui existe aux yeux de nos bons apôtres
«crypto-racistes».
Il
est certain que toutes ces mesures auront impressionné, lors de leur visite en
Suisse aux fins de s’initier aux secrets de l’organisation d’un championnat,
les délégués sud-africains responsables de l’organisation de la Coupe du monde
de football 2010 dans un pays où règnent , depuis la disparition de
l’apartheid, la prospérité et la paix
ethnique.
Car
il faut avoir bien mauvais esprit pour considérer le chômage qui sévit en
Afrique du Sud comme un indice de santé économique précaire. Tout le monde sait
que la prise du pouvoir par les Noirs a été une bénédiction pour le pays. Il
serait aussi aventureux de voir du racisme dans les persécutions qu’ont fait
subir récemment des Sud-Africains à des étrangers mozambicains et zimbabwéens,
au motif que ceux-ci étaient, à leurs yeux, responsables du chômage et de la
criminalité. Certes, cela y ressemble un peu, et certains s’y sont laissé
prendre, mais, puisque ce n’est pas une affaire Blancs-Noirs, ce n’est pas du
vrai racisme, tout juste une légère xénophobie. D’ailleurs, quelques dizaines
de morts et quelques milliers d’humains terrorisés, ce n’est pas grand-chose au
regard des initiatives racistes et xénophobes de l’UDC. Il n’y a vraiment pas
de quoi organiser des manifestations de rue.
Les
associations antiracistes ne semblent pas trop gênées aux entournures, pas plus
que le clergé de la Démocratie ne paraît vraiment dérangé par la conception
pour le moins exotique que se fait le
tyran zimbabwéen Mugabé de la démocratie. Alors qu’on sait ce dernier prêt à
tout pour conserver le pouvoir, un communiqué AFP du 21 juin nous explique que, «dans ce contexte, plusieurs voix dans le monde, de
l’ONU à l’Afrique australe, ont exprimé leur crainte que le scrutin [présidentiel du 27 juin] ne soit pas
crédible».
Quelle belle lucidité!
Le
Pamphlet
Lectures
Si
vous voulez vous replonger dans la fin des
années cinquante, avec l’arrivée des immigrés italiens venus travailler dans le
bâtiment, et les combinazioni de certains entrepreneurs, sympathiques mais
guère scrupuleux, le tout dans l’atmosphère bon enfant et parfois trépidante
d’une famille italo-tessinoise décrite avec humour, lisez Chambardement de Martine Desmonts1.
Si
vous voulez vous faire peur, mais alors vraiment peur, en ce qui concerne
l’avenir de la planète, lisez L’Homme,
assassin de la vie de Marcel Narbel2. (mp)
1 Editions de l’Aubier, case postale 95, 1213 Petit-Lancy (Genève)
2 Editions à la Carte, www.edcarte.ch
Gifle et camouflet
A
la suite des votations fédérales du 1er juin qui se sont soldées par
un triple «non», la presse à beaucoup glosé sur la gifle et le camouflet
infligés par les Suisses à l’UDC qui avait recommandé de voter trois fois
«oui». C’est un peu vite dit, car si 24,8% seulement des votants ont accepté
l’initiative «Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale», il s’en
est trouvé 36,3% pour adopter les naturalisations démocratiques et 31,5% pour
voter en faveur de l’article constitutionnel relatif à l’assurance-maladie.
Je
trouve que ce n’est pas si mal pour un parti de plus en plus diabolisé et
contre qui se liguent tous les autres. Dans l’ensemble, les électeurs de l’UDC
lui sont restés fidèles. En tout cas, si c’est une défaite nette, ce n’est ni
une gifle ni un camouflet. (mp)
Explosion
La
presse du 6 juin tire la sonnette d’alarme: le racisme a explosé en Suisse, le
nombre d’incidents racistes ayant augmenté de 30% en 2007. Ciel!
Songez-y :
les incidents ont passé de huitante-sept en 2006 à cent treize en 2007, d’un
incident tous les quatre jours à un incident tous les trois jours environ dans
un pays qui compte sept million d’habitants. Plus personne n’est en sécurité!
Bien
entendu, la faute de cette terrible explosion qui, nous dit-on, touche surtout
les musulmans et les Noirs – on n’ose pas trop avouer que les musulmans et les
Noirs sont aussi parfois à l’origine d’incidents racistes – revient à l’extrême
droite. S’agit-il de celle qui reçoit des gifles et des camouflets? Pourquoi,
tout à coup, lui attribue-t-on tant d’influence? (mp)
Deutschland über alles
Horreur!
La chaîne de télévision suisse SRG a sous-titré l’hymne national allemand avec
les paroles de la «version nazie»
avant le match opposant l’Autriche à l’Allemagne le lundi 17 juin. Bien
entendu, la chaîne a présenté ses plus plates excuses.
Mais
qu’est-ce donc que cette version nazie ? C’est, nous dit-on, celle qui
privilégie la première strophe du chant Das Lied der Deutschen qui commence par «Deutschland, Deutschland über alles»,
signe évident que l’Allemagne nazie avait l’intention de conquérir la terre
entière. Grâce au ciel, l’hymne national allemand ne comprend plus que la
troisième strophe, parfaitement politiquement correcte.
Et
tant pis si les paroles de ce chant patriotique ont été écrites par August
Heinrich Hoffmann von Fallersleben en 1841, à une époque où l’Allemagne n’était
pas encore unifiée; si Das Lied der
Deutschen a été adopté comme hymne national allemand en 1922. (mp)
Ne
dites pas: «Raymond Domenech,
sélectionneur de l’équipe de France de football, devait savoir qu’il encourait
un risque en choisissant des joueurs médiocres.» Dites: «Raymond Domenech, sélectionneur de l’équipe
de France de football, devait savoir qu’il courait un risque en
choisissant des joueurs médiocres.»
Et
ce n’est pas parce qu’il encourt peut-être une sanction, officielle ou non, de
la part de la Fédération française de football qu’il peut se risquer à faire
porter le chapeau de son humiliant échec à l’hôtel Mirador du Mont-Pèlerin –
prétendument mal situé – et à la presse suisse – prétendument anti-française.
Fi!
le mauvais perdant.
Le pinailleur
Les Etats-Unis… comme Carthage ?
La nature a horreur des tricheurs. Elle est maîtresse
du temps – si important pour les bipèdes terrestres – et décide sans appel des conditions
d’application de sa sanction aux présomptueux. Elle sait être patiente, mais
elle finit toujours par corriger dans le sens de sa loi. Il est donc permis de
s’attendre à ce que les Etats-Unis, comme Carthage, soient détruits, non point
par l’effet d’un quelconque croquemitaine tout droit issu de légendes
orientales, mais par simple implosion sociale et économique; en vertu du
principe selon lequel tout bluffeur doit tôt ou tard finir par abattre son jeu.
Les signes avant-coureurs de cet effondrement sont désormais manifestes. Cette
prédiction nous amène à deux nouvelles questions impertinentes:
1. Les peuples d’Occident survivront-ils aux
retombées socio-économiques d’un tel cataclysme?
2. Quelle nouvelle superpuissance iront parasiter
ceux qui ne prospèrent que sur le lard et par le muscle des géants idiots?
Ah! les braves Celtes!
An de grâce 2008… La nuit
est presque complète sur l’Union Européenne, et la quasi-totalité des «vieux
Européens» – et bon nombre des jeunes aussi – sont désormais soumis à la règle
de Bruxelles. Mais à l’ouest, un petit pays encore souverain résiste
courageusement aux «banksters», aux prébendiers, aux liquidateurs de nations,
aux «dilueurs» de peuples, aux mercantis globaux et autres marchands
d’esclaves, de nègres et d’illusions. Et ce un pour cent de la population de
l’Union Européenne dit «NON» aux propositions des bradeurs d’Occident,
confirmant par là même que 100 % des peuples consultés1
refusent le paquet que le nouvel ordre mondial compte bien leur fourguer, ainsi
que le caractère fantoche des parlements de l’UE, si serviles aux injonctions
des eurocrates.
Mais le plus instructif de
l’affaire, c’est la mine et les réactions à chaud des tordus apatrides de
Bruxelles. Barroso en tête, épaulé par ses comparses de Paris et de Berlin, les
voyous se démasquent. Seul demeure cohérent le président tchèque: le traité de
Lisbonne est «fini». C’est une évidence en droit. Mais quelle sorte de droit
peut-elle prévaloir dans une voyoucratie ?
…Et me revient la légende de
ce dessin d’un paon en flamboyante roue, outré de l’indifférence d’une paonne
peu disposée à l’acte :
«Comment ça, “NON” ?»
– Ben oui, ils ont dit
«NON» ! Et nous disons merci au sain peuple irlandais.
Une république laïque, multiethnique et «polyreligieuse»,
le cul entre deux chaises…
Affreux dilemme – France: un tribunal annule un
mariage au motif d’une tromperie sur un élément essentiel de celui-ci:
contrairement à ce qu’elle avait affirmé, la mariée n’était pas vierge. On
pourra disserter sans fin du caractère essentiel d’un hymen intact au seuil du
lit nuptial. Le tribunal a admis la subjectivité de la chose, mais, en
l’espèce, pour des époux musulmans attachés aux préceptes de l’islam, la
gravité du mensonge était apparue comme évidente au président, ce qu’admit dans
la foulée la ministresse (musulmane itou) de la justice de France… promptement
contrainte à se déjuger, trop tard cependant: on vit s’abattre sur l’Hexagone
un hourvari de groupes hétéroclites et variés de pressions et d’expressions
contradictoires dont la liste relèverait d’une énumération à la Prévert (moins
le raton laveur). On criait à la laïcité, à la liberté religieuse, au respect
de la femme, aux droits de l’homme; on s’écharpait entre barbus et jeans
moulants; des politiciens tout soudain inquiets s’agitaient mollement, l’œil
gauche ou droit, toujours louche, suintant vers leur électorat… Et personne
pour hasarder que peut être, en matière d’intégration, la masse critique était
atteinte et qu’il conviendrait désormais de considérer les aptitudes à
l’assimilation des nouvelles «chances pour la France», et de s’attaquer
d’urgence à la mise au net de ce que l’on entend au juste par «valeurs de la
République».
«Ach ! La guerre, groß malheur !»
Il n’y a
pas si longtemps, il fut demandé par sondage aux Allemands de l’entité fédérale
en vigueur qui était à l’origine de la guerre germano-hongroise de 1880. 83 % des sondés admirent que c’était le
Reich et seulement 7 % accablèrent le royaume de Hongrie. Le solde
fournit d’«autres réponses».
La plupart des prudents du dernier lot savaient sans doute
que le conflit en question n’avait jamais eu lieu. Que dire, en revanche, des
83 % prêts à s’autoflageller devant cette nouvelle preuve de bellicisme
éhonté? S’agissait-il d’une xème manifestation d’un gigantesque
complexe de culpabilité particulier à ce qui reste du peuple allemand? du
résultat satisfaisant d’une implantation mémorielle efficace ou d’un simple cas
de formatage réussi? Le rapporteur de cet amusant exercice2, Germar
Rudolf, actuellement dans une prison allemande pour délit d’opinion, précise: «Quand, en Grande-Bretagne ou aux
Etats-Unis [on opère un tel sondage sur] une guerre pareillement inventée (…): la plupart des personnes
interrogées n'attribuent pas la responsabilité de cette guerre dont ils n'ont
plus le souvenir à leur nation, mais à la nation ennemie». Le
lecteur voudra bien en tirer ses propres conclusions…
Deux jours à tuer
Nos lecteurs savent déjà tout le bien
que nous pensons de M. Jean Becker3. Son dernier film est une
nouvelle réussite de tendresse triste et d’altruisme discret, ficelée avec la
minutie d’un thriller. On rit
souvent, avec mauvaise conscience parfois, des évidences méchantes qu’assène un
Albert Dupontel plus déconcertant que jamais… Mais on part dans un silence ému,
après avoir applaudi à la dernière note du générique.
Max l’Impertinent
1 Les peuples de France et de Hollande qui avaient refusé le «machin» de Bruxelles furent circonvenus par leurs parlements respectifs… le peuple anglais ayant été sagement maintenu en état providentiel de virtualité par la décision gouvernementale d’abandonner une consultation devenue inutile et potentiellement dangereuse.
2 Germar Rudolf: Diktatur
Deutschland. Die Zerstörung von Demokratie und Menschenrechten unter dem
Einfluß von Kriegspropaganda, Castle Hill Publishers, Hastings
(Grande-Bretagne), mai 2005.
3 Cf. Effroyables jardins (bravo Papa !), Le Pamphlet, avril 2003, n° 324, p.2.
Dans
les bandes dessinées de Tintin, on rencontre parfois des personnages de second
plan, au physique un peu terne: petits rondouillards à l’air bonhomme, avec une
petite moustache et de petites lunettes rondes, ils personnalisent «Monsieur
Tout-le-monde», apparaissent brièvement dans le scénario puis disparaissent.
Tel est M. Samuel Schmid, conseiller fédéral en charge du Département de la
défense et des sports.
M.
Schmid a été jusqu’à présent membre de l’Union démocratique du centre (UDC),
dont il représentait l’aile agrarienne, sympathiquement bourgeoise mais peu
combative, et active surtout dans la gestion de quelques mandats de
représentation des intérêts des régions rurales. En cela, M. Schmid est fort
éloigné de l’aile «zuricoise» emmenée par Christoph Blocher, remuante et provocatrice.
Et pour cela précisément, M. Schmid est l’ami des médias, selon le principe
bien connu que les ennemis de nos ennemis sont nos amis.
On
a donc lu beaucoup de bien de M. Schmid au cours de ces derniers mois. Alors
même qu’il ne dit rien, ou presque, la presse loue son courage, sa mesure, sa
retenue, sa résistance face aux dérives populistes. C’est la force tranquille.
Après que Mme Widmer-Schlumpf, égérie de la lutte antiblochérienne, a été
exclue de l’UDC, tous les regards journalistiques se sont tournés vers «Sami»
dans l’espoir qu’il quitte lui aussi son parti – lequel, après avoir triomphé
aux élections de l’automne passé, se retrouvera ainsi sans aucun représentant
au Conseil fédéral.
M.
Schmid s’est-il souvenu qu’il n’y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéienne?
Le décès accidentel de cinq soldats se livrant – volontairement? hors de leur
mission militaire? – à une dangereuse descente en canot a, en quelques heures,
retourné les médias à cent huitante degrés. Dans les éditoriaux du matin, on
apostrophe M. Schmid, on l’interpelle, on l’invective. «Combien de larmes encore? Quand prendra-t-on enfin des mesures?»
Les journalistes détestent l’armée; cet accident leur permet de déverser un peu
de fiel sur les officiers irresponsables, l’encadrement incompétent, etc. Et
cette fois, le ministre est en plein dans la ligne de mire. «Sami» le résistant
est devenu la bête noire – le mouton noir, si vous préférez. Adulé le jeudi, il
se retrouve honni et agoni d’injures le vendredi.
Gageons
qu’au prochain demandeur d’asile qui se tordra une cheville, la même presse
tombera à bras raccourcis sur Mme Widmer-Schlumpf, qu’on accusera d’appliquer
le droit de manière inhumaine. L’ex-pasionaria rhétique sera traitée de
fasciste, et nos deux insignifiants conseillers fédéraux se demanderont alors
s’il valait vraiment la peine de quitter l’UDC pour se faire pareillement
houspiller par leur nouveaux «amis».
Pollux
L’extrémisme, c’est
l’autre… l’exclu…
«Ce qui est bref et bon, est deux fois bon.»
Baltasar Gracian y Morales
Alors que je me trouvais en conversation avec un
ancien député socialiste à Sierre, dans un établissement public, un avocat
appartenant au parti radical nous interpella en nous disant que les extrêmes se
rencontrent… Parlant de lui-même, il précisait : «Moi, je suis au centre!» Pour semer la zizanie, une autre personne
fait occasionnellement allusion à mes sympathies, sans nuances, pour le FN ou
l’UDC, afin de perturber les bons rapports que j’entretiens avec une métisse de
mes amies.
Le grief d’extrémisme, toujours de droite,
naturellement, car si j’étais de gauche trotskiste, personne ne m’adresserait
ce reproche, et surtout pas une démocrate-chrétienne…, est le moyen par
excellence de tuer quelqu’un socialement. C’est le moyen d’exclusion par
excellence de tous ceux et celles qui,
par ailleurs, mettent leur cœur en écharpe et proclament tous azimuts leur
refus… des exclusions! Le grief de racisme, connexe, ajoute l’opprobre à
l’exclusion.
Aucun de ces griefs n’est objectivement fondé,
naturellement. Nous sommes dans le domaine de la propagande, de l’idéologie,
non de la science politique, encore moins de l’honnêteté dans les rapports
sociaux. Si des partis politiques défendent des valeurs proscrites par l’ordre
social, qu’on les interdise. Et s’il n’est pas question de les interdire parce
que les griefs qu’on leur oppose sans cesse ne sont ni pertinents ni passibles
de condamnation, la malhonnêteté ne vient pas de ces partis, mais bien des
procédés que l’on utilise contre eux pour nuire malhonnêtement à leur
influence. Ces procédés relèvent sans doute de la guerre idéologique, en aucun
cas d’un débat politique honnête.
Ni le racisme ni l’antisémitisme ne sont des dogmes
absolus1. La doctrine sociale de l’Eglise nous l’enseigne, mais les
démocrates-chrétiens le cachent au public… Une chose est de traiter les
personnes avec justice et équité, autre chose de confondre justice et équité
avec un quelconque conformisme idéologique. Bruno Gollnisch a été condamné en
France pour avoir tenu des propos rigoureusement identiques dans leur sens à
ceux de Jacques Chirac sur le même thème, savoir que les questions d’histoire
doivent être laissées aux historiens. Cet arbitraire délibérément maintenu et
protégé est répugnant. Il prouve la politisation des organes de justice et la
servitude de nombreux magistrats.
Mais l’histoire, la vraie, nous révèle un autre fait
plutôt cocasse, et qui est de nature à confondre nos faux maîtres en fausses
vertus politiques et civiques: le grief d’extrémisme, associé à l’exclusion,
était l’argument privilégié des nazis! … Ces derniers se voulaient, en effet,
comme notre avocat radical ou notre démocrate-chrétienne, au centre de
l’échiquier politique de leur pays et de leur époque, c’est-à-dire à la gauche
des conservateurs du «Herren Klub» (les gentilshommes conservateurs) et à la
droite des socialistes et des communistes.
Au nom même d’un certain «devoir de mémoire», on
devrait donc interdire l’usage de ce genre de grief et d’argument dans le débat
politique, comme relevant typiquement de procédés nazis. Il est vrai que les
opportunistes n’ont, on le sait, qu’une mémoire sélective et une morale
d’intérêt, autrement dit : ni mémoire ni morale, politique du moins…
Michel de Preux
Le scrutin du 12 juin en Irlande a été fort instructif
et son résultat hautement réjouissant. Alors que dix-huit Etats avaient adopté
le traité prétendument «simplifié» de Lisbonne par voie parlementaire, le seul
pays dans lequel un référendum populaire était organisé l’a refusé.
Enfin, c’est une manière de parler, parce qu’en
réalité, les peuples de France et des Pays-Bas ont aussi été consultés il y a
trois ans et ils ont aussi dit clairement «non» à la Constitution européenne, à
propos de laquelle on nous racontait à l’époque qu’il n’y aurait pas de plan B !
La propagande de la nomenklatura bruxelloise n’avait
pourtant rien négligé et les trois plus grands partis politiques d’Irlande
(Fianna Fail, Fine Gael et Labour), ainsi que les plus puissantes centrales
syndicales (IFA, ICTU, IBEC) avaient fait campagne pour le «oui».
On a présenté au peuple irlandais ce traité comme
allant de soi et incontournable. Seuls des idiots pouvaient ne pas voir les
avantages indéniables qu’il allait procurer.
L’arrogance de tels discours me remit en mémoire les
sombres prédictions des euromaniaques à la veille de la votation sur l’EEE en
1992 : un refus de ratification allait provoquer, nous disait-on, la plus
grande catastrophe économique du siècle pour la Suisse qui allait se trouver
isolée, ostracisée, ridiculisée. C’est tout juste si les Suisses n’allaient pas
revenir à l’âge de la pierre polie.
Les peuples de France, des Pays-Bas en 2005 et
d’Irlande le 12 juin ne s’en sont pas laissé conter. Il y a gros à parier que
si l’on organisait des référendums dans les autres Etats de l’Union,
l’enthousiasme intégrationniste serait aussi mitigé, n’en déplaise aux
technocrates de Bruxelles, au personnel des chancelleries et aux hommes
politiques des Etats membres, de moins en moins compris par l’homme de la rue.
Le simple citoyen se rend compte qu’on lui ment, parce
qu’on le croit trop bête pour prendre la bonne décision si on lui disait la
vérité.
Et c’est précisément cette révélation qui l’irrite. Voyez
l’exemple de la Suisse, à qui on songe à présenter en une seule et même question la prolongation de l’accord sur la
libre circulation des personnes et l’extension de l’accord aux deux derniers
venus : Bulgarie et Roumanie.
Or, les accords bilatéraux s’appliquent
automatiquement aux nouveaux Etats lorsqu’ils adhèrent à l’UE, à l’exception de la libre circulation.
La Roumanie et la Bulgarie ayant adhéré à l’Union en 2007, il est nécessaire
d’étendre l’ALCP à ces deux Etats, comme cela avait été le cas après le premier
élargissement de l’UE à l’Est.
«Le principe
de reconnaissance de l'équivalence en matière législative garantit l'autonomie
législative des parties aux accords. De plus, les accords bilatéraux qui
s'appuient sur ce principe constituent un ensemble de normes législatives
statiques. Ceci implique que la Communauté demeure libre de modifier ou
d'abroger les actes qu'elle a édictés et qui sont cités dans les accords
bilatéraux, mais aussi que la Suisse n'est pas obligée de s'adapter automatiquement
à ces modifications.»1
M. Dominique Boillat, collaborateur du Bureau de
l’intégration du DFAE/DFE nous prévient2 : «Le refus de l’extension créerait une inégalité de traitement entre les
Etats membres de l’UE. Le risque existerait alors que l’Union n’accepte pas une
telle discrimination et ne résilie l’accord, entraînant l’annulation de tout le
paquet des Bilatérales I, toujours en raison de la fameuse ”clause
guillotine“.»
M. Boillat n’est pas le seul à agiter cette menace,
alors même que l’extension automatique de l’ALCP à la Bulgarie et à la Roumanie
a été expressément exclue, par la volonté concordante des parties. Les
journalistes de la Radio suisse romande ne manquent jamais, lorsqu’ils interrogent
un dirigeant de l’Union européenne, de lui suggérer des sanctions à l’égard de
la Suisse, des mesures de rétorsion, voire (ils en frémissent d’excitation) une
dénonciation des bilatérales par
l’Union, ce qui constituerait, à n’en pas douter, un grand pas en arrière, mais
une bonne leçon pour ces Helvètes repliés sur eux-mêmes, frileux et égoïstes.
L’homme de la rue, qui n’est pas si bête qu’on le
croit dans les rédactions de nos hebdomadaires branchés, ne croit pas un mot de
ces sombres prédictions. Il voit bien que les bilatérales profitent aussi bien
à l’Union européenne qu’à la Suisse, et que, si le refus de l’extension de la
libre circulation des personnes à la Roumanie et à la Bulgarie créerait, en
effet, une discrimination entre les membres de l’UE, personne n’en mourrait. Le
risque d’une résiliation de l’accord fondée sur la «clause guillotine» pour
cette seule raison est fort peu probable.
Ce qui est réjouissant, dans la décision des
Irlandais, c’est que même un petit pays peut faire valoir sa voix, ce qui
oblige les technocrates à manifester ouvertement le mépris que leur inspirent
le respect des règles démocratiques et celui des traités lorsque le verdict des
urnes ne leur convient pas.
A moins d’une forfaiture, il faudra bien que M.
Sarkozy et ses amis remettent l’ouvrage sur le métier ! Le traité de
Lisbonne était non seulement illisible, incompréhensible et touffu, il était mauvais. Le slogan des «Neinsager»
irlandais est sage et il peut valoir pour toute votation fédérale : si tu ne sais pas, vote NON !
Claude Paschoud
1 Voir le site officiel www.bfm.admin.ch
Imaginons un instant
que le capitaine responsable du tragique accident de la Kander ait été, au
civil, un assistant social inscrit au Parti socialiste, ou chez les Verts, et
que Mme Valérie Garbani ait été une militante UDC, tendance blochérienne…
Quelqu’un peut-il
s’imaginer que le traitement de l’information, que le ton des commentaires, que
l’attitude des journalistes eût été la même?
Poser la question,
c’est y répondre. Jamais la rédactrice de 24 heures n’aurait aussi
complaisamment reproduit les propos haineux d’un improbable «Alain E.*»1 «fin connaisseur de l’armée», mais qui «tient à rester anonyme» et qui profite
de cet anonymat pour déverser sur son ancien camarade une louche de bassesse: «Yves M. a toujours agi à la limite. C’est
un homme dangereux qui n’a rien à faire avec 135 hommes sous ses ordres.
L’armée ne devrait pas tolérer de tels moutons noirs.» 2
Aux bonnes âmes qui
disent que Mme Garbani est une fille attachante et formidable, qui mérite une
troisième chance, dont le compagnon n’est nullement violent mais «simple et gentil», on réservera
plusieurs colonnes. Et si elle était trop saoûle samedi matin pour prononcer le
discours attendu, «ce n’est pas si
grave ! Il faut arrêter de tout quantifier…»3 Et si on peut
regretter l’exemple qu’elle donne en étalant publiquement ses frasques
nocturnes, son alcoolisme, ses scènes de ménage et ses insultes publiques à la
police et aux musiciens, finalement, «c’est
sa vie privée» !
Les deux héros –
malgré eux – de la triste actualité de la semaine sont tous deux des «égarés
spatio-temporels». Ils se sont trompés de siècle.
La passionaria du
socialisme neuchâtelois aurait dû combattre dans les rangs républicains en
Espagne, en 36, ou militer à Nice sous les ordres de Catherine Ségurane pour
montrer son cul aux assaillants turcs en vociférant depuis son balcon.
Quant au capitaine
Yves M., il n’a pas compris que la mission de l’armée, aujourd’hui, n’était
plus de se préparer à la guerre,
avec l’entraînement physique et psychologique qu’une telle préparation impose,
mais de promouvoir la solidarité entre les peuples, et de se ménager la
bienveillance de la population civile, du Parlement et des médias.
Ils sont
malheureusement nés dans le XXe finissant, et le choix de leur parti
politique réglera leur destin: le capitaine sera vraisemblablement écarté de
l’armée et Mme Garbani poursuivra sa carrière politique, entourée des soins
attentifs d’une presse compatissante.
C.P.
1 l’astérisque indique que le diffamateur est «connu de la rédaction».
2 24 heures du 16 juin page 10
3 24 heures du 19 juin page 9
Personne ne commet
plus d’erreur, aujourd’hui, à part des erreurs
de communication.
A entendre M.
Nicolas Sarkozy expliquer le triste résultat des municipales, ou M. Domenech justifier
les lamentables performances des Bleus à l’Euro 08, à entendre les partisans de
l’illisible traité de Lisbonne après le vote des Irlandais ou l’UDC après le
rejet de l’initiative sur les naturalisations, on se plaint à chaque fois d’un
défaut de communication, d’un déficit d’information.
On ne m’a pas
compris. Peut-être n’ai-je pas été assez clair, c’est ma seule concession, mais
je ne peux pas avoir eu tort.
Si donc le peuple
ne m’a pas suivi, c’est qu’il ne m’a pas compris. Et s’il ne m’a pas compris,
c’est soit qu’il est trop bête, soit que j’ai manqué des moyens financiers
nécessaires pour lui faire entrer la vérité dans le crâne (alors que mes
adversaires, eux, n’ont pas ménagé leurs millions pour diffuser leur propagande
mensongère).
Selon l’option, il
faudra soit aménager la démocratie
pour éviter de poser au peuple stupide des questions qu’il n’est pas à même de
résoudre (sauf évidemment si la stupidité proverbiale du peuple va lui faire
répondre ce qu’on veut qu’il dise), soit améliorer la prochaine fois nos
techniques de communication.
Domenech n’est pas
un crétin d’avoir constitué une équipe formée de deux types de joueurs: les
trop jeunes et les trop vieux. Il a juste failli dans ses efforts de
communication.
Il suffira de même
d’un bon plan media et d’une agence spécialisée en communication pour
convaincre les Lausannois des vertus d’un musée des Beaux-Arts construit dans
un gigantesque cube de béton, sur les rives du lac, avec une grande baie vitrée
pour laisser pénétrer généreusement la lumière du jour que les œuvres peintes
ne tolèrent précisément pas.
Je crains bien que
tous ces gens n’aient raison. La manière d’emballer une idée vaut plus que
l’idée elle-même. On vous vend déjà, parce qu’on y met le prix en techniques de
communication, en propagande, en matraquage publicitaire, des contre-vérités
historiques ou des produits absurdes. Pourquoi se gêner, puisque ça
marche ?
C.P.
Exception
Comme il fallait s’y attendre,
l’association Liberté pour l’histoire,
qui, en décembre 2005, avait lancé l’appel de dix-neuf historiens contre la
prolifération des lois imposant divers «devoirs de mémoire» incompatibles avec
une saine recherche historique, a déclaré que la loi Gayssot française, qui punit
les révisionnistes, devait être appliquée, car, selon son président, Pierre
Mora, «la loi n’a jamais servi à
condamner des historiens mais des prétendus historiens».
Monsieur Mora a raison sur un point: la
loi Gayssot et les autres lois antirévisionnistes ne servent jamais à condamner
des historiens officiels, en général confortablement installés dans leurs
pantoufles conformistes. Il se trompe toutefois sur un autre point: la loi
Gayssot et les autres lois antirévisionnistes ne servent pas à condamner de
prétendus historiens. En effet, les révisionnistes condamnés, à de rares
exceptions près, ne revendiquent pas le titre d’historien. Le plus célèbre
d’entre eux est spécialiste de la critique de texte. On compte aussi pas mal de
scientifiques, en particulier des ingénieurs, chimistes ou non. Monsieur Mora
n’y connaît donc rien et appartient probablement à cette race d’«historiens» à
qui il suffit que cent personnes déclarent avoir vu des petits hommes verts
dans le métro pour juger recevables ces «témoignages concordants»; qui ne se demandent pas s’il est plausible
que des petits hommes verts se soient trouvés dans le métro, mais considèrent
que la chose est certaine puisque – cent témoignages l’attestent – il y avait
des petits hommes verts dans le métro.
Miracle
Les survivants de la déportation juifs vont
bénéficier, de la part de l’Allemagne, d’une rallonge de trois cent vingt
millions de dollars. C’est une bonne affaire pour eux. A cela s’ajoute une
nouvelle des plus réjouissantes: ces fonds supplémentaires profiteront
notamment à de nouveaux survivants.
Tout être humain normalement constitué
ne peut que se réjouir d’apprendre que des gens que l’on croyait morts ont en
réalité survécu. Il est toutefois déplorable que ce genre d’information ne surgisse
que lorsqu’un pactole est en vue. On l’avait déjà noté dans les années nonante,
lors de l’affaire des fonds en déshérence: lorsqu’il y a de l’argent à toucher,
on assiste au miracle de la multiplication des survivants.
Bien entendu, il n’est pas question de
réviser le nombre des morts. Ce serait les tuer une seconde fois, ainsi que
vous le dira le premier journaliste venu. Or, contrairement à ce qu’un vain
peuple pense, nous ne sommes pas des assassins.
Mariette Paschoud
Comme chaque année en juillet et août, la rédaction
du Pamphlet
prend des vacances. Nous reprendrons la plume aux alentours de la
mi-septembre. Nous espérons que l’anticyclone des Açores voudra
bien se réveiller complètement pour vous faire oublier que le réchauffement
climatique est lui aussi parti en vacances. Bon été à tous. La
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