Sommaire :
L’éditorialiste se penche sur l’état déplorable de certains pays du
Tiers-Monde et propose des solutions…
Où il est question de Sénat, de juridisme, de fumée, d’Adolf Hitler et de
Patrice Mugny
Max consacre ce mois l’essentiel de sa chronique à la France, actuelle et
passée. Il s’intéresse aussi à la chirurgie esthétique.
Pollux s’étonne que des fonctionnaires internationaux nous recommande un
conservatisme à géométrie variable
Le pinailleur corrige une erreur assez répandue chez nos bons confrères.
Michel de Preux ne croit pas une seconde aux vantardises d’un Roger de
Diesbach, qui se présente sans modestie comme le gardien de la vérité dans l’intérêt général, et un agent de transparence de la démocratie.
Une fois de plus, le public est abusé par une mystificatrice et avale
sans peine des fables totalement invraisemblables.
Le Conseil fédéral a reconnu l’indépendance du Kosovo, au mépris des
règles de droit international et des traités qu’il invite ses partenaires
européens à respecter, lorsqu’il s’agit de secret bancaire et de souveraineté
fiscale.
Notre correspondant apporte son soutien à M. Collaud dans sa résistance
(symbolique) aux futures nuisances des compétitions footballistiques.
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«(…) pourquoi ne pas envisager des collaborations
fructueuses entre les régions du globe, pourquoi ne pas mettre en œuvre des
plans pour que les peuples puissent rester chez eux et y vivre décemment?», s’écrie, dans un bel élan d’optimisme,
Marcel Narbel, rédacteur de Suisse-info,
dans son dernier livre intitulé L’homme,
assassin de la vie1.
Monsieur
Narbel a raison, bien sûr. Malheureusement, comme il le constate lui-même par
ailleurs, ce séduisant programme se heurte à toute une série d’obstacles dus à
la bêtise et à la cupidité humaines. Les «collaborations fructueuses» existent,
mais ne profitent le plus souvent qu’à un petit nombre, qu’il s’agisse de
puissances économiques, de régimes politiques corrompus, voire d’organisations
non gouvernementales coûteuses, à l’action contestable, du genre de l’Arche de
Zoé. Si la misère du monde émigre, c’est parce que l’aide financière que lui
fournissent les «nantis» s’«égare» dans les poches de dirigeants dont le moins
qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas étouffés par les scrupules, et qui, de
surcroît refusent tout contrôle extérieur sur les sommes reçues – gare à la
néo-colonisation!
Le seul moyen
de sortir les pays miséreux de l’ornière serait, après avoir redessiné les
frontières afin d’éviter les conflits ethniques, de les mettre sous tutelle, de
restaurer les infrastructures abandonnées par les anciens pays colonisateurs à
des mains incompétentes, de former sur place les ouvriers, cadres, entrepreneurs,
enseignants et autres mains-d’œuvre dont ces pays ont besoin, de contrôler
rigoureusement la gestion des politiques, bref de recoloniser. Il n’y faut pas
songer, bien sûr, mais on pourrait à tout le moins ne pas aller à fin
contraire.
La presse des
11 et 12 mars fait état de la volonté du Grand Conseil vaudois, gauche et
droite confondues, de réclamer à Berne une modification de la loi sur les
étrangers, afin que les étudiants extra-européens formés en Suisse puissent y
travailler pendant trois ans à l’issue de leurs études, au lieu de devoir
rentrer directement après l’obtention de leur diplôme comme c’est le cas
actuellement.
Si le motif
de cette demande se traduisait par un argument du style «ces étrangers seront beaucoup plus utiles à leur pays
si on leur offre la possibilité d’acquérir, avant leur retour, une expérience
pratique», nous n’aurions rien à dire.
Mais ce n’est pas cela. 20 minutes
du 11 mars nous explique que, pour la droite, il s’agit d’utiliser les
compétences de ces jeunes gens au service
de l’économie suisse; pour la gauche, il s’agit, comme d’habitude, de favoriser
l’établissement d’étrangers chez nous. L’intérêt des habitants du tiers-monde,
qui est de profiter de suite, ne serait-ce qu’un peu, des compétences de leurs
compatriotes bien formés, nos députés s’en fichent!
Par ailleurs,
«en trois ans, on prend racine», surtout si on a précédemment étudié
plusieurs années au même endroit. Que se passera-t-il lorsque, au bout des
trois ans réglementaires, ces étrangers seront sommés de quitter la Suisse? Les
patrons satisfaits et les gauchistes au grand cœur s’uniront pour que ces
malheureuses victimes d’un droit des étrangers inhumain puissent rester en
Suisse et y faire venir leurs familles.
Non seulement
la «multiculturalité» s’accentuera chez nous avec tous les risques de heurts
que cela comporte à terme, mais les populations du tiers-monde, privées de
cette chance, si maigre soit-elle, de voir s’améliorer leur situation,
continueront – et on les comprend – à venir chercher fortune dans nos contrées.
Comme vous le
voyez, cher Monsieur Narbel, ce n’est pas demain que le problème migratoire
sera résolu. Non seulement la volonté fait défaut, mais on se heurte à un véritable refus de voir les choses en
face, et on n’y peut rien.
Le
Pamphlet
1 Page 94, Editions à la Carte, www.edcarte.ch
Sénat
On sait que le système législatif bicaméral helvétique
est calqué sur le système américain: une Chambre du peuple – en réalité une
Chambre des partis –, le Conseil national en Suisse ou la Chambre des
Représentants aux Etats-Unis, et une Chambre haute, dans l’un et l’autre pays,
représentant les Etats de la Confédération, à raison de deux députés par Etat.
Les journalistes ont horreur de toute formule
susceptible de rappeler que les cantons suisses sont de véritables Etats, dotés
de compétences souveraines probablement aussi larges, sinon même plus étendues,
que n’en ont les membres de l’Union européenne. C’est pourquoi le nom de Conseil des Etats et la fonction de député aux Conseil des Etats sont
systématiquement remplacés, dans les articles écrits ou parlés, par leurs
équivalents américains de Sénat et de
sénateur.
Dans le même temps, et pour les mêmes raisons, on se
demande pourquoi la Confédération ne se décide pas – enfin – à légiférer pour
imposer une solution unique et identique sur la fumée dans les établissements
publics ou sur les chiens dangereux.
Lorsque le Conseil des Etats sera devenu un Sénat à la
française, et que les cantons n’auront pas plus de compétences que les
départements, la Suisse sera mûre pour une nouvelle version de la République helvétique une et indivisible:
en 2010, nous aurons déjà la procédure unifiée à la sauce zuricoise. Jusques à
quand nous autorisera-t-on à parler le français ? (cp)
Police
Lorsqu’une
règle du droit ennuie un politicien ou un journaliste, il décrétera que la
respecter est du juridisme étroit et
qu’il faut, au contraire, «prendre de la
hauteur, coller à la réalité ou préférer l’esprit à la lettre».
On
l’a vu avec la proclamation unilatérale d’indépendance de la province serbe du
Kosovo, on le voit avec l’initiative sur la police unique: des milliers de
signatures récoltées en faveur d’un projet de loi contraire à la Constitution!
Caramba! les initiants avaient oublié de consulter un juriste.
«Ce n’est pas grave», nous dit M. Laurent Busslinger, aussi invariablement
attiré par l’erreur qu’une aiguille de boussole par le nord, «il ne faut pas s’attacher à la lettre de la
loi, il faut en considérer l’esprit». Pour le rédacteur du quotidien dodu,
il s’agit donc de violer allégrement la Constitution pour satisfaire les
exigences de vingt mille citoyens désireux de supprimer les compétences des
communes en matière de maintien de l’ordre.
«Si l’on veut atteindre ce but, ne
faudrait-il pas d’abord modifier la Constitution?», demande le juriste. «Ces professeurs de droit nous ennuient», répondent les imbéciles. (cp)
Perplexité
Un certain Patrice Mugny déclare que «la RSR
a fait du rupestre Pays de Vaud son centre d’intérêt». Patrice Mugny? C’est
quoi pour un, ce zézet? C’est le maire de Genève? C’est quoi Genève? Un gros
bourg? Ah! C’est où? (db)
Fumée
20
minutes nous l’annonçait le 25 février: la fumée sera autorisée
dans les travées des stades durant les matches de l’Euro 2008. Mais les fumeurs
devront apporter leurs cigarettes et il leur sera recommandé de ne pas fumer.
L’Union des fédérations européennes de football (UEFA) ayant ainsi sacrifié à
la morale moderne, on va pouvoir accueillir aussi la clientèle des réprouvés,
dont l’argent ne sent pas la fumée.
Ça vient de sortir (20 minutes du 10 mars):
alors que les Genevois sont, en Suisse, champions toutes catégories en matière
d’anti-tabagisme, des petits malins du Minnesota, gérants de bars, ont trouvé
moyen de contourner l’interdiction de fumer dans les bars et dans les clubs: se
fondant sur une disposition légale autorisant les acteurs à fumer en
représentation, ils invitent leurs clients à se muer en comédiens. Un petit
sketch improvisé ou le port d’un costume de scène par un «acteur» jouant son
propre rôle de client fumeur font l’affaire. Nul doute que la loi sera corrigée
pour remédier à ces infâmes abus, mais en attendant, une trentaine
d’établissements américains sont fumeurs, ce qui démontre que les lois trop
restrictives finissent toujours par inspirer des esprits futés. Ce sera le cas
chez nous aussi dans quelques années, n’en doutons pas. (mp)
Efficacité
Selon
le rapport d’un institut de recherches des USA, un tiers des jeunes Américains
ne savent pas qui était Adolf Hitler et dix pour cent le prennent pour un
fabricant d’armes (communiqué ats du 27 février). Pauvres gardiens
de la Mémoire si mal récompensés de leurs efforts! (mp)
Déploiement
Dans un communiqué AFP du 28 février
annonçant que le prince Harry avait passé quelques semaines dans le contingent
britannique d’Afghanistan, on pouvait lire: «Le
prince Harry a été déployé pour quatre mois, selon le ministère.» Il n’y a
pas à dire : ce jeune prince doit occuper une sacrée surface! (mp)
Freins de piqué ?
France Info nous apprend, le 14.3.2008,
que le président français, au vu d’un évident vote de mécontentement national
au premier tour des municipales mais surtout de la vertigineuse chute de sa
popularité – en dépit d’instituts de sondage à sa botte –, aurait abandonné
l’idée d’un remaniement ministériel et décidé de changer de style, tactique qui
ne manquera pas de poser quelques questions embarrassantes: jouait-il un
personnage par souci démagogique ou était-il vraiment lui-même en parvenu? Dans
le premier cas, il n’aurait alors été qu’un médiocre illusionniste; dans le
second, ses efforts risquent d’être inutiles: chassez le naturel, il revient au
galop.
Une petite escroquerie dotée
d’un bel avenir
Rappelez-vous… Aux dernières
présidentielles françaises quelques génies de la communication orientée
avaient, sans doute un vendredi, une fois couché le soleil, convenu de lancer l’astucieux
slogan du «vote utile». Habile manœuvre de mise en condition de l’électorat
lambda destinée à prévenir une nouvelle arrivée en finale d’un parti
indésirable – mais néanmoins représentatif de cette France qui continue à
souffrir en silence et à se faire plumer – au sein du système bipolaire de nos
démocraties. Cette nouvelle stratégie de «marketing» politicien avait eu pour
conséquence directe un duo mixte de faux comparses avec, en fin de parcours,
l’élimination de la moins habile des deux, défaite par un «sarkocuficateur»
jouant une sorte de pot-pourri de programme de «drauche» et de valeurs
nationalistes, au plus grand soulagement des bourgeois mous peu enclins à un
retour du rose à l’Elysée, ratissant au passage le nombre qu’il fallait de naïfs
migrateurs d’un Front National désormais hors-concours.
La formule «magique» a
resservi aux élections municipales qui s’achèveront le 16 mars, avec toujours
pour effet la mise hors-jeux de partis malvenus. Mieux ! La Stampa du 11 mars la reprenait dans sa
langue en l’appliquant aux votes pour les Cortès
espagnols.
En toute logique, notre
peuple peut donc compter que cette recette – qui a fait ses preuves – sera
bientôt ajustée au système helvétique et utilisée pour la sauvegarde des
intérêts des mêmes initiateurs.
Ces désespérés qui ont peur
de vivre
On ne compte plus, dans nos biotopes en délire, le
nombre de très jeunes gens de tous sexes qui ont un recours abusif à la
chirurgie esthétique et autres artifices de résorption de leurs premières rides
d’expression. Sitôt passé le cap de l’adolescence boutonneuse, ils délaissent
avec soulagement les formules anti-acné pour se piquer aux toxines, s’oindre de
crèmes prometteuses, s’«institudboter», s’imprégner de culture… en petits pots.
Tout se passe comme s’ils freinaient des quatre fers face à leur ligne de vie,
au risque d’avoir manqué le spectacle lorsque viendra l’addition finale.
Pourtant qu’il était beau le geste de Hans Albers, en
baron de Münchhausen, retirant de son doigt la bague de Cagliostro, abandonnant
le charme d’une éternelle jeunesse pour mieux accompagner celle dont il avait
décidé qu’elle serait son ultime épouse…
L’épuration ou la fin d’un monde1
Né en 1970, sous l’occultation, M.
Pierre Gillieth s’est attaché, dans un livre très court et bien documenté, à
étudier les événements qui ont marqué la France depuis la volte-face du parti
communiste français en juin 1941 (début de l’attaque allemande sur l’URSS) jusqu’aux
dernières exécutions d’après-guerre et à la «redistribution» des industries et
de la presse. Au fil d’une plume élégante, le lecteur y découvrira d’étranges
alliances et des filiations insoupçonnées, sans compter de très intéressantes
citations dont ce surprenant aveu de de Gaulle à Pompidou, aujourd’hui paré
d’accents de prophétie: «J’ai bluffé mais
la première armée c’était des nègres et des Africains [P. note qu’il
parlait en fait des pieds-noirs]. La
division Leclerc a eu 2 500 engagés à Paris. En réalité, j’ai sauvé la
face mais la France ne suivait pas. Qu’ils crèvent! C’est le fond de mon âme
que je vous livre: tout est perdu. La France est finie. J’aurai écrit la
dernière page».
Effet «euro» : les Français se réveillent (avec la gueule
de bois).
Les «vaches maigres» étant redescendues
de l’alpage, les Français découvrent que, depuis l’introduction de l’euro et la
fièvre du pétrole, les prix de certains biens de première nécessité ont
sextuplé… Rien n’est donc perdu: peut-être réaliseront-ils enfin que le centime
d’euro, dont ils délestent prestement leurs poches afin de ne les point trouer,
représente tout de même 6,55957 fois leur ancien centime!
Max l’Impertinent
1 Chez Pardès, 44 rue Wilson, F 77880 Grez-sur-Loing, ISBN 978-2-86714-410-3, 128 pages, 15 € (livre très complémentaire de La licratisation de la France d’Anne Kling, éditions Déterna, 2006, ISBN 2-913044-63-8).
Une jeune agricultrice fribourgeoise à qui l’on
demandait si elle était conservatrice avait répondu: «Je suis pour conserver ce qui marche et pour virer ce qui ne marche
pas.» A y regarder de plus près, on constate que tout le monde est plus ou
moins conservateur, la différence résidant dans le choix de ce qu’il faut
conserver.
Il existe ainsi de nombreux conservateurs chez les
politiciens de gauche lorsqu’il s’agit de conserver des acquis sociaux, des
administrations pléthoriques ou des ateliers ferroviaires trop peu rentables.
De même, les écologistes qui rêvent d’un «village
mondial» multiculturel peuplé d’hommes et de femmes définitivement métissés
professent simultanément un racisme scrupuleux lorsqu’il s’agit de protéger les
espèces autochtones contre l’invasion d’écrevisses américaines ou de
coccinelles asiatiques.
On remarque la même sélectivité du conservatisme dans
les organisations internationales. On a déjà posé ici la question de savoir
pourquoi l’indépendance du Kosovo est saluée comme une libération populaire
tandis que des velléités identiques de la Flandre sont présentées comme une
intolérable dérive nationaliste. La Flandre, précisément, vient encore de se
faire morigéner par le Comité des Nations
unies pour l’élimination de la discrimination raciale ainsi que par la
Commission européenne, au motif que l’attribution de logements sociaux y est
désormais réservée aux personnes parlant ou ayant pris l’engagement d’apprendre
le néerlandais. Cette «discrimination
raciale» des néerlandophones vis-à-vis des francophones, destinée à
empêcher une modification de la répartition linguistique dans certains
quartiers du nord de Bruxelles, est qualifiée de «préoccupante» par les «experts» onusiens.
Au même moment, on apprend que la Suisse reçoit des «recommandations» du Conseil de l’Europe,
qui l’«encouragent» à promouvoir
l’usage du romanche dans les écoles, l’administration et les tribunaux, mais
aussi dans les médias privés. Un comité d’«experts» – peut-être les mêmes que
ceux de l’ONU? – est venu fouiller dans notre législation pour y déceler
quelques dispositions constitutionnelles insuffisamment mises en œuvre et
nécessitant l’adoption rapide d’une loi sur les langues. Pour faire bonne
mesure, cet aréopage de cuistres nous invite à reconnaître officiellement le
yéniche «comme une langue régionale ou
minoritaire traditionnellement parlée en Suisse et faisant partie du patrimoine
culturel et linguistique suisse».
Au-delà de la légitime exaspération que l’on doit
ressentir face à cette poignée de «fonctionnaires du monde» qui se permettent
de nous dire ce que nous devons faire chez nous, on peut décidément se demander
pourquoi l’on nous exhorte à un tel conservatisme avec le moindre des idiomes
locaux – sauf le flamand – alors que, concomitamment, on veut nous persuader
que la culture chrétienne de l’Europe, les valeurs familiales traditionnelles,
la répartition des rôles entre hommes et femmes, les frontières étatiques, la
souveraineté des cantons suisses, le droit de se déplacer librement en voiture
et la fabrication de cervelas à base de boyaux de zébus brésiliens
appartiennent à un monde définitivement révolu.
Pollux
Ne
dites pas : «Pascal Couchepin
devrait arrêter de dire des bêtises à tout propos. Il en va de sa crédibilité.»
Dites : «Pascal Couchepin devrait
arrêter de dire des bêtises à tout propos. Il y va de sa crédibilité.»
Vous
pouvez ajouter, si cela vous fait plaisir : «Il en va de même pour Micheline Calmy-Rey.»
Le pinailleur
Roger de Diesbach vient de publier aux
Editions Slatkine à Genève une sorte de bilan de sa carrière
professionnelle, Presse futile - presse inutile, sous-titré Plaidoyer pour le journalisme: un pavé de 470 pages! Voici la
substantifique moelle de son propos: «Notre
objectif ambitieux est de vous entraîner dans ce monde très dur de la presse,
(…) de rechercher la vérité dans l’intérêt général, d’être véritablement les
agents de transparence de la démocratie.»
C’est très exactement ce qui se nomme la «langue de bois». Les
journalistes se donnent avec complaisance et ostentation le rôle de garants de
l’objectivité dans l’information et celui du refus de toute censure ne répondant
pas à un intérêt public ou privé légitime.
Je pense avec beaucoup de mes
concitoyens qu’il n’en est rien, que la censure n’a nul besoin d’être légale
pour exister et s’imposer de manière occulte en de multiples domaines sans
qu’il y paraisse rien au grand public, et je suis en mesure de le prouver. Je
pense aussi que la vérité n’est pas l’objectif du journalisme, actuel du moins,
mais uniquement l’exercice rémunéré d’une liberté surveillée, donnée
officiellement comme pleine et entière, ce qui est assez différent…, et je suis
également en mesure de le prouver, ici même en plus.
Dans ces conditions, peut-on parler de
transparence de la démocratie? La réalité est tout autre: là où la transparence
existe, elle dissimule un régime de contrôle social et le fait même de l’opacité.
Le régime de la presse est un régime d’orientation idéologique de l’opinion
publique dans lequel la futilité, la place tout à fait exorbitante du sport,
les scandales et les faits divers obstruent littéralement et quotidiennement la
saine recherche et la défense intransigeante de la vérité par de petites
vérités de camouflage.
Ce rôle n’a pas du tout la noblesse que
les intéressés se plaisent à lui donner par la diffusion d’opinions absolument
gratuites sur le sujet. Nul besoin d’être particulièrement averti pour savoir
que de nombreuses questions d’intérêt général et extrêmement importantes sont délibérément passées sous silence
ou habilement contournées dans le but d’émousser, voire de tuer l’intérêt du
public à leur propos.
Citons l’altération prouvée de la foi
catholique par l’assemblée de Vatican II et ses conséquences indubitables quant
à la légitimité du «Magistère» actuel de l’Eglise et à la qualité
représentative de sa hiérarchie jusqu’à son sommet. Citons aussi la délinquance
des magistrats de l’ordre judiciaire dans l’exercice même de leur office, elle
aussi démontrable mais totalement soustraite, malgré la loi – le crime énoncé à
l’article 312 de notre code pénal fédéral étant applicable aux magistrats
agissant dans l’exercice de leur fonction1 – , à la répression
ordinaire des tribunaux et, par voie de
conséquence, à l’information elle-même. Car les journalistes, qui
connaissent ce genre de dénonciations, les passent sous silence, se faisant
ainsi les complices de magistrats délinquants, dont ils assurent, à la place
qui est la leur et par le silence, l’impunité dans la plus flagrante
illégalité.
Ces deux seuls exemples suffisent
amplement à démontrer le peu de crédit que nous devons accorder aux vantardises
de Roger de Diesbach, qui se présente tout à fait indûment en défenseur
courageux des libertés publiques et privées. Cette prétention n’est vraie que
pour des vérités anodines ne comportant aucun risque pour la quiétude de leur
carrière.
La défense de vérités de compromission
n’est déjà plus celle de la vérité en esprit. Elle est au contraire un exercice
peu glorieux de dissimulation de l’esclavage de tout un corps professionnel,
qui sait habilement et solidairement pratiquer le mensonge par omission là où
celui-ci est assuré de ne rencontrer aucune opposition suffisamment forte pour
en révéler l’existence.
Michel de Preux
1 Voir Paul Logoz: Commentaire du CPS ad art. 312)
Misha Defonseca, comme vous le savez sans doute, est
l’auteur d’un livre intitulé Survivre
avec les loups, dont on a tiré
tout récemment un film dans la distribution duquel apparaît l’ineffable Guy
Bedos, grand champion des causes gagnées d’avance.
Pour ce que j’en sais, Survivre avec les loups raconte l’odyssée d’une petite juive de
quatre ans qui, munie d’une boussole, quitte la Belgique et part à travers
l’Europe occupée à la recherche de ses parents déportés par les nazis. Au cours
de ses pérégrinations, elle est prise en charge par des loups, ce qui lui
permet de survivre.
Cette histoire
était jusqu’ici notoirement authentique. Elle avait, à ce qu’on nous raconte,
ému de «grandes consciences» comme le contesté témoin Elie Wiesel et la
championne de l’avortement Simone Veil.
Le 28 février, à la suite des doutes émis par un
certain nombre de révisionnistes, fréquentables ou non, l’auteur de Survivre avec les loups déclarait, dans
le quotidien belge Le Soir, qu’elle ne s’appelait pas Misha
Defonseca mais Monique De Wael, qu’elle n’était pas juive, du moins à l’époque,
et que son histoire était inventée de toutes pièces. Elle précisait cependant,
sans doute en quête d’un argument absolutoire: «Ce livre, cette histoire, c’est la mienne. Elle n’est pas la réalité
réelle, mais elle a été ma réalité, ma manière de survivre.»
Je veux bien la croire. Mais s’il ne
s’agit pas d’une escroquerie éhontée,
Monique De Wael relève de la psychiatrie. A défaut d’être dans le
collimateur de la justice, elle devrait être confiée aux bons soins d’un établissement
spécialisé.
Eh bien! il n’en est rien, en tout cas
à l’heure où je rédige ces lignes. Les réactions ont même été incroyablement
mesurées: l’éditeur est simplement fâché d’avoir été trompé – et probablement
vexé d’avoir été naïf. La réalisatrice du film s’est déclarée ennuyée mais
apitoyée. Pour le reste, après quelques remous, l’heure est à une exquise
discrétion. Quant à l’œuvre qui a tant enchanté les sourcilleux gardiens de la
Mémoire, elle poursuivra sa lucrative carrière. On cessera juste de prétendre
qu’elle repose sur des faits réels.
Ce qui est sidérant dans cette affaire,
c’est l’invraisemblable crédulité dont font preuve les gens sitôt que le
nazisme est en jeu.
Si un quidam venait raconter – réalité
réelle, croix de bois, croix de fer! – que, à l’âge de trois ans, il a traversé
une partie de la Sibérie sur un tricycle muni d’un GPS «qui cause» pour
retrouver ses parents déportés par le régime communiste, tout le monde lui
rirait au nez. Remplacez la Sibérie par la Pologne et le régime communiste par
le régime nazi: tout le monde s’extasiera devant l’extraordinaire héroïsme de
ce petit garçon, sans même s’aviser que, entre autres invraisemblances, le GPS
«qui cause» est d’invention récente et ne peut de toute façon pas s’installer
sur un tricycle.
Cette cécité s’applique à bien d’autres
témoignages, mais il ne faut pas le dire.
Mariette Paschoud
La reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par le
Conseil fédéral fut une faute grave que nous n’allons pas tarder à payer au
prix fort.
Le respect du droit international, comme le respect du
droit tout court, protège les intérêts de tous, mais principalement ceux des
petits et des faibles. En l’espèce, la proclamation unilatérale d’indépendance
d’une province serbe constitue, incontestablement, une violation du droit
international. J’écris incontestablement
car cette violation n’est sérieusement contestée par personne, j’entends :
par aucun juriste compétent. Je
rappelle, à toutes fins utiles, qu’une proclamation d’indépendance n’est licite
que dans deux cas: primo, avec
l’agrément de l’Etat souverain dont faisait partie le nouvel Etat
indépendant (ce fut le cas, en Suisse,
du canton du Jura) et secundo, par
décision unilatérale d’un peuple. Ce
fut la situation de plusieurs Etats africains au siècle passé.
Aucune de ces hypothèses n’est réalisée en
l’occurrence : la Serbie, dont le Kosovo est une province depuis des
siècles, a manifesté assez clairement son opposition à toute velléité
d’indépendance. Et les Kosovars ne sont pas un peuple. Quelques voix timides
ont bien tenté, dans les premiers jours qui ont suivi la proclamation
d’indépendance, de suggérer que les Albanais du Kosovo pourraient être considérés
comme un peuple, mais personne ne soutient plus une thèse aussi hardie
aujourd’hui.
Du point de vue du droit, l’unanimité est aujourd’hui
réalisée: la proclamation unilatérale d’indépendance du Kosovo est un acte contraire au droit international, et
notamment à la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à
la guerre dans les Balkans en 1999, et qui réaffirmait «l'attachement de tous les Etats Membres à la souveraineté et à
l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie et de tous
les autres Etats de la région». La reconnaissance, par les Etats-Unis et
par d’autres Etats de l’Union européenne, de l’indépendance du Kosovo constitue
également une violation du droit international et une violation des traités.
Le Conseil fédéral ne le nie pas mais on nous parle de
Realpolitik: cette reconnaissance
aurait été inévitable, on devait faire comme les autres, il fallait reconnaître
une situation de fait, le statut d’autonomie ne pouvait plus durer, on ne
pouvait risquer de fâcher la communauté kosovare en Suisse, forte de 175'000
individus…
En gros, c’est le discours que tenaient, dans les pays
occupés par le Reich entre 40 et 44, les collaborationnistes. Pas plus nazis
que les autres, le plus souvent, ils se justifiaient par le réalisme: il faut,
disaient-ils, reconnaître une situation de fait, on ne peut pas se comporter
comme si la France n’était pas occupée. Rien ne sert d’irriter les Allemands
plus que nécessaire. Et les collabos pouvaient
encore ajouter que ni les opérations militaires ni l’occupation ne violaient,
en soi, le droit international.
La décision de reconnaître le Kosovo comme un nouvel
Etat indépendant n’est pas fondée sur le droit, mais sur la politique, nous dit
le Conseil fédéral.
Mais quelle est donc la politique que mène la Suisse
dans les Balkans, qui l’incite à s’asseoir sur le droit international, et à
suivre, contre l’avis du Conseil de sécurité, de la Serbie, de la Russie, de la
Chine et de plusieurs autres Etats menacés par des régions sécessionnistes, la
position des Etats-Unis?
On
sait qu’en juin 1999, immédiatement après le bombardement de la Yougoslavie,
les forces US se sont emparées de cinq cents hectares de terre agricole au sud
du Kosovo, à Uresevic, près de la frontière avec la Macédoine, et ont commencé
la construction du camp Bondsteel, qui est aujourd’hui la plus grande base
militaire américaine construite depuis la guerre du Vietnam. On sait aussi que
le Kosovo n'a pas de pétrole, mais que sa situation géographique est
stratégique car le pipeline Trans-Balkans (connu sous le nom de pipeline AMBO,
du nom de son constructeur et opérateur, une compagnie pétrolière albanaise,
macédonienne et bulgare enregistrée aux Etats-Unis) le traversera.
Le pipeline pompera le pétrole de la Mer Caspienne, du port bulgare de Burgas
via la Macédoine jusqu'au port albanais de Vlora, à destination des pays
européens et des Etats-Unis. Plus précisément, le pipeline AMBO de 1,1 milliard
de dollars permettra aux compagnies pétrolières opérant dans la Mer Caspienne
de transporter leur pétrole vers Rotterdam et la Côte Est des USA à un coût
bien moindre que celui d'aujourd'hui1
On sait aussi que le premier ministre de la nouvelle
République du Kosovo, M. Hashim Thaçi, est reconnu comme ayant des liens avec des
organisations criminelles. Il est un membre fondateur de l'UÇK, organisation terroriste dont le Washington Times
a rapporté qu'elle finançait ses activités par le trafic d'héroïne et de
cocaïne en Europe de l'Ouest2. Alors que Thaçi était à la tête du Parti démocratique du Kosovo, ce parti
utilisait couramment la violence et l'intimidation des adversaires politiques pour
assurer son contrôle. Cela servait à protéger des entreprises criminelles qui
dépendaient de la collaboration d'autorités locales amies3. Selon
Can Karpat, qui écrit pour AxisGlobe.com, «Thaçi est aussi connu comme étant l'organisateur du Groupe de Drenica
qui contrôle entre 10 et 15 pour-cent des activités criminelles au Kosovo en
rapport avec le trafic d'armes, de pétrole et de cigarettes, le vol
d'automobiles et la prostitution. Le groupe a établi et maintient des liens
avec les mafias albanaise, tchèque et macédonienne. De plus, la sœur de Thaçi est mariée à Sejdija
Bajrush, un des leaders de la célèbre mafia albanaise»4.
Notre pays mène-t-il dans
les Balkans une politique qui
l’oblige à complaire aux Etats-Unis pour son approvisionnement en pétrole, et à
la mafia albanaise pour ses trafics en tous genres?
Le Conseil fédéral est bien
naïf s’il croit pouvoir ménager nos intérêts en s’associant aux violeurs du
droit international: on a vu comment les lobbies influents de la côte Est des
USA se sont moqués du droit lors du racket des banques helvétiques dans
l’affaire dite des fonds en déshérence.
On verra bientôt comment les Etats-Unis, la France et l’Allemagne contraindront
la Suisse à lever le secret bancaire, au mépris des conventions et en contradiction
avec les accords conclus avec l’Union européenne, et bien entendu au grand dam
de notre place financière.
Nos concurrents dans ce
domaine pourront rappeler à notre gouvernement que le chantage dont nous serons
bientôt les victimes n’est, en effet, pas conforme au droit, mais qu’il est un
des moyens favoris de la Realpolitik ;
et qu’après nous être empressés de reconnaître le Kosovo, alors que rien ne
nous y obligeait, nous sommes bien mal venus de nous plaindre d’une violation
des accords internationaux conclus en matière fiscale.
Claude
Paschoud
1 Voir article de
M. Abdus Sattar Ghazali sur le site www.mondialisation.ca
2 KLA finances fight
with heroin sales Terror group is linked to crime network; Jerry Seper. Washington Times.
Washington, D.C.: May 3, 1999. pg. A.1
3 Voir: http://www.csmonitor.com/2000/0815/p9s1.html
4 Hashim Thaci or When the Little Red-Cap’s Wolf is Tamed: Can Karpat in Axis Globe AIA
Balkanian Section (04/01/2006). http://www.axisglobe.com/article.asp?article=561
Chers amis,
Je me permets
d’apporter une pierre à l’édifice de M. Collaud (cf. article Sport et sportifs,
Le Pamphlet no. 371, janvier 2008):
J’ai été
bouleversé ce matin, à la lecture du bulletin d’information tsr.ch, d’apprendre
que le jeune Steve Hirschi, défenseur de Lugano, subira mardi prochain1 l’ablation des amygdales, et sera, de ce fait, absent
durant cinq semaines. Ce coup dur pour le Sport d’abord, puis pour son club
ensuite et en dernier lieu pour lui sera, je l’espère, porté sur la déjà longue
liste du martyrologue sportif!
Lorsque, par
le même canal d’information, l’on a appris il y a quelques jours que le sport
génère annuellement en Suisse 230'000 (?!) manifestations sportives, dont
soixante-huit de grande envergure (détails s.v.p.), représentant 1,2 mia de
francs et procurant 5350 emplois, on ne peut que citer l’Evangile selon saint
Médias: «Le Sport est notre dieu et le football son prophète»…
Je ne peux
m’empêcher, pour terminer, de citer ici cette réflexion de l’écrivain français
Jean Orieux (1907-1990): «La grandeur
est partout, mais surtout dans la sottise»!
Avec mes
salutations les plus cordiales.
J.-F. H.
1 Ce courrier est daté du dimanche 24 février (n.d.l.r.)