Lausanne 37e année      «ne pas subir»      Octobre  2007 No 368

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste commente le lancement, dans le canton de Vaud, d’une initiative populaire intitulée «Ecole 2010 : sauver l’école» visant à recentrer l’enseignement sur l’acquisition des connaissances.

 

En direct de Sirius

Max traduit en français le langage de la ministre Mme Fadela Amara, il doute de l’opportunité, pour un entraîneur sportif, de lire à ses joueurs, avant un match décisif, la lettre d’un jeune homme qui se prépare à mourir, il recommande un film récent et il estime qu’il y a bien eu complet en Suisse et qu’il y a faillite en France.

 

Bricoles

Où il est question de «fédérales», de cybercrèches, du loup et de finances publiques.

 

Face à l’islam (1ère partie)

Michel de Preux démontre que face à la montée en puissance de l’Islam en Europe, il est également vain de rechercher des points de convergence entre des religions inconciliables que de se placer sur le terrain exclusivement juridique des droits de l’homme, sans référence aux notions théologiques ou religieuses.

 

Qui veut la peau de la police lausannoise ?

Pollux se demande à qui profite la compagne de presse orchestrée contre la police de Lausanne ces derniers temps.

 

Confort et servitude

Considérations désabusées d’un vieillard aigri qui n’a pas su s’adapter ou cri d’alarme salutaire pour sortir de la léthargie moderne ?

 

Méfiance!

Encore une de ces «légendes urbaines» qu’on vous fait parvenir dans votre boîte de courriel en vous garantissant son authenticité…

 

 

Editorial

 

On l’a dit souvent dans ces colonnes, l’école vaudoise va de mal en pis. On a appris récemment encore que les Vaudois peinent derrière les autres étudiants de l’EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, pour nos amis étrangers), donc, probablement, des autres hautes écoles et facultés.

 

Comme toujours, face à ces constats, l’autorité scolaire estime que le problème vient de ce qu’on n’est pas allé assez loin dans les réformes, qu’on n’est pas encore assez progressiste dans les méthodes.

 

Demain, on nous dira – c’est programmé – qu’il faut oser la voie unique jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire, afin que soient enfin définitivement éradiquées les inégalités qui empêchent les écoliers de s’épanouir et, très accessoirement, des s’instruire. On continuera à placer l’enfant au centre de l’enseignement et à confiner les maîtres dans le rôle d’animateurs, voire d’accoucheurs, alors que les écoliers ont besoin, pour trouver leurs marques, de certitudes, d’encadrement et de discipline; que les maîtres ont besoin de transmettre leur savoir, d’affirmer leur autorité, d’appliquer des méthodes conformes à leur tempérament et non des recettes «pédagogistiques».

 

L’auteur de ces lignes, à l’époque lointaine où elle était jugée digne de faire partie du corps enseignant, était plutôt du genre «c’est moi qui sais» et «on peut rire mais il ne faut pas dépasser certaines limites». D’autres enseignants préféraient des méthodes moins directives et se montraient moins autoritaires. On se retrouvait à la fin de l’année scolaire et on était jugé au résultat. Il n’y avait pas de credo pédagogique, mais des maîtres plus ou moins compétents, plus ou moins efficaces, à qui était reconnue une grande liberté. Aujourd’hui, les dissidents qui s’éloignent des oukases des spécialistes risquent de gros ennuis, ce qui est scandaleux et explique probablement le nombre croissant d’instituteurs et de professeurs qui prennent une retraite anticipée ou se retrouvent tout simplement en dépression nerveuse, avec pour conséquences de longues absences et la valse des remplaçants, quand certains cours ne sont pas purement et simplement supprimés.

 

Autre scandale.

 

Comme il est interdit de calculer des moyennes générales dans les classes secondaires, où les notes ont été réintroduites, il a fallu établir d’autres critères de promotion. A partir de la septième année secondaire – les classes de cinquième et sixième, dites de transition, ne pouvant être doublées, elles ne sont pas concernées – , un élève, pour être promu dans la classe supérieure, ne doit pas avoir plus de trois points négatifs (six pour les lecteurs qui sont habitués à l’échelle de dix) dont au maximum deux (quatre) en français et en mathématiques. En somme, un écolier peut, à l’extrême, réussir son année avec un 3 (4) en mathématiques, en français et en allemand ou anglais, pour autant qu’il obtienne des 4 (6) dans toutes les autres branches. Pour parler clair, il y a au gymnase, dans les écoles professionnelles et dans les cours d’apprentissage des élèves qui ne savent ni lire, ni écrire, ni compter, alors que l’école est justement là, ou devrait l’être, pour leur permettre d’acquérir ces «compétences» ou ces «savoir-faire». Il y a de quoi s’arracher les cheveux!

 

Autre scandale encore.

 

La loi scolaire prévoit à l’article 26a , sous réserve de cas exceptionnels1, deux niveaux d’enseignement du français, de l’allemand et des mathématiques en sixième, histoire, sans doute, de corriger le caractère par trop hétérogène du fameux cycle de transition. Nos jumeaux ont traversé ledit cycle dans un établissement qui ne répond à aucun des critères d’exception prévus et nous n’avons jamais entendu parler de niveaux d’enseignement différenciés. La loi scolaire n’est donc pas ou pas entièrement appliquée! Sans doute estime-t-on en haut lieu que les cours à niveaux constituent une abominable sélection discriminatoire et traumatisante !

 

Le député Jacques-André Haury, qui avait été, en 2001, la cheville ouvrière de l’initiative visant à la réintroduction des notes dans les classes vaudoises et qui, en 2004, se fit rouler dans la farine par Madame Anne-Catherine Lyon, chef du Département de la formation de la jeunesse et de la culture, qui est tout ce qu’on veut sauf une idiote, nous a beaucoup déçus en retirant son initiative pour des raisons de tactique politicienne. Nous attendions avec impatience cette occasion offerte aux Vaudois de se prononcer. Nous espérions que, comme c’est souvent le cas, les votants se tromperaient de vote et manifesteraient (ou non) leur mauvaise humeur à l’égard d’EVM (Ecole vaudoise en mutation, pour les non-initiés) en général plutôt que sur la question des notes en particulier. Cette votation nous aurait permis de savoir si le mécontentement est largement répandu comme nous le croyons ou si nous sommes de vieux chnoques imperméables aux aspirations profondes de la population de notre bon canton en matière d’école. Hélas, il fallut déchanter, la rage au cœur.

 

Et voici que se pointe une divine surprise !

 

Une association d’enseignants nommée Association vaudoise pour une école crédible (AVEC), deux associations de parents d’élèves, à savoir l’Association des parents intéressés et concernés par la scolarité (ASPICS) et l’Association Vaudoise des parents chrétiens (AVPC) viennent de lancer une initiative populaire cantonale qui porte le doux nom d’ Ecole 2010 : sauver l’école. L’initiative est rédigée de toutes pièces, ce qui veut dire qu’elle reprend la loi scolaire article par article pour y apporter des amendements. En effet, si elle aboutit, une initiative en termes généraux risquerait d’être trahie par la mise en application.

 

Que veut le comité d’initiative ?

 

Sur un plan général, il veut une école centrée sur l’acquisition des connaissances, ce qui implique – on a presque honte de devoir le préciser – des enfants qui apprennent et des maîtres qui enseignent. Ce postulat entraîne notamment : le début de l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul à l’école enfantine déjà; le retour des notes et des moyennes générales, à savoir 4 (6), comme critères de promotion dès la première année primaire; la possibilité pour les enfants en difficulté de refaire leur année tout de suite plutôt que de «pedzer» trois ans dans un cycle de deux ans, donc la suppression desdits cycles au profit de degrés annuels; des méthodes directives et progressives – attention ! pas progressistes; et, bien sûr, le  rejet inconditionnel de la voie unique.

 

         Notre bonheur eût été complet si le comité d’initiative avait profité de l’occasion pour procéder, en ce qui concerne les trois voies qu’il veut conserver à juste titre – ainsi que les passerelles –,  à une spécialisation telle qu’il serait aussi difficile pour un élève de voie baccalauréat de passer en voie générale ou préprofessionnelle que l’inverse. Nous sommes convaincus que la valorisation des formations non universitaires passe par la dévalorisation des études longues qui, compte tenu du système en vigueur, vont conduire de plus en plus souvent dans l’impasse des pléthores d’incapables.

 

         Nous invitons néanmoins nos lecteurs à signer et faire signer massivement l’initiative Ecole 2010 : sauver l’école.       

 

Le comité d’initiative devra se montrer vigilant : comme le Département ne veut surtout pas que le peuple se prononce, on peut s’attendre, les signatures acquises, à ce que Madame Lyon tente une nouvelle manœuvre de diversion et propose un nouveau contre-projet en forme de compromis. Plus de ça, Lisette! Il faut que les Vaudois votent!

 

Le Pamphlet

 

1 organisation trop difficile, effectifs trop faibles, autres moyens pédagogiques à disposition, selon le règlement d’application de la loi scolaire.

 

 

En direct de Sirius

 

Au pays du roman courtois, le verlan est dans le fruit

 

         «Tolérance zéro contre la glandouille»; «on ne va pas se la raconter»; «je vous le dis cash» sont quelques exemples de la prestation orale servie par la ministre de la ville, Melle Fadela Amara, au Conseil des ministres hexagonaux du 7.9.2007. Il paraît que le frétillant président des Céfrans a trop kiffé le style près du peuple de la demoiselle : «Le Premier ministre comme moi, on a pensé qu’elle était absolument remarquable et que c’est la façon pour nous de faire de la politique [...], une façon directe, authentique, avec la volonté de réussir»1. Tout francophone éventuel aura ainsi pu constater qu’au plus haut niveau le céfran cartonne à donf et se persuader qu’avec des ministres de cette qualité le pays des belles-lettres voit sa pérennité assurée... Zyva Sarko, t’es trop cool !

 

Lecture obligatoire... et cheveu dans la soupe.

 

Toujours en France, par souci pédagogique «hyperprésidentiel», chaque 22 octobre, lecture doit être faite aux élèves de l’ultime épître du communiste Guy Mocquêt2. Emporté par son enthousiasme prégouvernemental3, de peur de manquer le wagon de queue, l’entraîneur de l’équipe nationale de rugby décide de faire aussi lecture à ses «Bleus» du fatidique papier. Avec un succès mitigé. En matière d’encouragement, il faut bien reconnaître que le stratège en survêtement bleu roi aurait pu mieux faire; les pros de la mêlée s’étant entendu exhorter à la victoire par un «Je vais mourir...» assez peu de circonstance. Grand émoi chez les porte-slogan des organisations habituelles du type «touche pas à nos potes (-qui-ont-le-droit-d’être-protégés-plus-que-toi)» qui relèvent à l’unisson l’incongruité d’une telle lecture en préambule à une rencontre sportive. Passer la mesure, c’est manquer son effet. On ne pourra – une fois n’est pas coutume – que leur donner raison... et s’étonner de l’étrange zèle de l’entraîneur sportif, tout en se réjouissant de le voir bientôt promu à un poste mieux adapté à ses capacités.

 

Parade

 

Dans une artère de cette grande ville méridionale, un escroc au petit pied aborde Max d’une manière fort civile et s’enquiert si ce dernier pourrait le «dépanner de vingt centimes pour le bus... voire, ajoute-t-il avec un sens consommé de l’inflation, d’un euro quarante.

­– J’allais justement vous faire la même demande».

 

 

«A vif» (et dans le vif)

 

Les amateurs de sensations fortes et les professionnels du «Kärcher» – outil de nettoyage dont il paraît qu’un président français envisageait l’utilisation régulière dans les banlieues chaudes avant son élection – devraient aller voir le dernier film signé et interprété par la toujours excellente Jodie Foster. Et tous ceux qui sont lassés des exploits sans cesse renouvelés de la racaille accueilleront avec satisfaction ce film policier roboratif qui se termine d’une manière aussi radicale qu’incorrecte. Par une œuvre bien montée et sans failles, Madame Foster, qui ne craint pas de dire les choses telles qu’elles sont – et telles qu’elles risquent bien de devenir –, a eu le courage d’aller à contre-poil du prêt-à-penser, refilant, ce faisant, une fameuse patate chaude aux critiques en place.

 

Question impertinente (on ne se refait pas)

 

Hier encore, à brûle-pourpoint, combien d’entre nous auraient-ils pointé sans hésiter la Birmanie sur la carte ? Combien savaient-ils que Rangoon n’était pas une marque de gomme à mâcher ? Mais aujourd’hui, ma vraie question impertinente sera : pourquoi ce pays, dont tout un chacun se souciait comme d’une guigne, est-il devenu le centre focal d’intérêt du «tout-démocratique» mondial ?  (En Irak et en Afghanistan, à Washington aussi, ils savent...)

 

Il y a bien complot (M. Blocher a raison)

 

Quiconque aura fait la somme des manœuvres grossières ou florentines par lesquelles «ON» s’acharne depuis des lustres, en France, à mettre hors jeu le Mouvement de M. Le Pen, comprendra aisément que M. Blocher et ceux qu’il représente subissent le même traitement chez nous. En outre, ceux que l’UDC dérange disposent en général de la somme d’expérience acquise par leurs frères de l’étranger ainsi que des fonds nécessaires, et, en particulier, des relais adéquats mis en place de longue date dans les médias et chez ceux qui ont pour tâche de former (formater ?) nos enfants. Il y a bien complot pour bâillonner et tenter de réduire à l’impuissance une bonne partie de notre peuple. Et le plus beau de l’affaire est que, du fait même de la patiente mise en place mentionnée plus haut, il est désormais devenu possible de parler de complot par anticipation.

 

Vers une France du pourboire ?

 

Nous l’écrivions dans ces colonnes depuis longtemps déjà4; M. Fillon a bien dû l’avouer à ses administrés le 21 septembre dernier : il est le chef de gouvernement d’un pays en faillite. En faillite… mais aussi, et dans la même logique, en état avancé de putréfaction, tant les scandales financiers (délit d’initiés massif dans l’affaire EADS-A380, pour ne citer que le dernier en date) y éclosent comme bourgeons au printemps. Sur les ondes, M. Lévy, économiste, juge exagérés les propos du premier ministre et rassure ses compatriotes en assénant que le Japon, beaucoup plus endetté que la France, n’est pas en faillite… Sans disserter plus loin des borgnes et des aveugles, nous nous contenterons de remarquer que jadis les faillis se suicidaient. Mais les nouvelles provinces d’Europe ne se suicident pas : elles bradent leurs richesses, saignent leurs œuvres vives et, faisant endosser à leurs peuples la livrée de notre bon Nestor, se mettent au service.

 

 

Max l’Impertinent

 

1 Citations (y compris l’intéressante syntaxe présidentielle) reprises du Canard Enchaîné du 12.9.2007, n° 4533, p. 1.

2 Fusillé à dix-sept ans par la Wehrmacht en réponse à l’assassinat d’un officier.

3 M. Bernard Laporte devrait  sauf nouvel accès de lecture intempestive bientôt revêtir la charge de secrétaire d’Etat aux sports.

4 Voir, entre autres Vers la chute de la Maison «France» ?  (n° 326, de juin-août 2003, p. 2) et notre rappel du mot de Mirabeau dans Du choix approprié d’un emblème national  (n° 335, de mai 2004, p. 2).

 

 

Bricoles

 

Elections

 

         Il est ringard et sans doute trop fatigant, outre-Jura, de parler d’élections présidentielles, d’élections régionales ou d’élections municipales. Il n’y est donc question que de Présidentielles, de Régionales et de Municipales.

 

Depuis quelque temps, nos journalistes, qui en bons moutons (blancs!) de Panurge suivent servilement les modes françaises, n’utilisent plus à propos des élections du 21 octobre que le terme de Fédérales.

 

C’est oublier un peu vite que, chez nous, une fédérale est une cuite phénoménale. Mais peut-être les gens de presse ont-ils l’intention de se soûler à mort si l’UDC remporte un beau succès électoral, histoire de devenir eux aussi des moutons noirs. (mp)

 

Cybercrèche

 

         Une cybercrèche est une garderie équipée de webcams (désolée, il n’existe pas, à ma connaissance d’équivalent français) permettant aux parents d’observer leurs chers petits via Internet. Il paraît qu’ils se sentent plus tranquilles. L’article publié à ce sujet par Le Matin Bleu du 26 septembre ne nous dit pas ce qu’en pensent les employeurs des parents observateurs dont l’efficacité risque de se trouver suffisamment diminuée pour qu’on les envoie observer leur progéniture sur place. Et pourquoi pas à la maison ? (mp)

 

Juridisme

 

Nul ne peut l’ignorer : un loup sévit dans le Val d’Illiez. Il a dévoré quarante et une bêtes, principalement des moutons (blancs ?). Ce faisant, il a «dépassé son quota». Donc, sous réserve d’un recours déposé par quelque ami avant le 28 octobre, ce loup, qui a sans doute appris à compter dans une classe vaudoise, pourra être abattu par des gardes-chasse. Mais ne vous apitoyez pas trop. On lui laisse sa chance : il ne pourra être traqué que pendant soixante jours et seulement dans le périmètre où l’on a trouvé des animaux dévorés. Donc, s’il est assez malin pour changer de vallée, il pourra recommencer ses exploits. Espérons qu’il aura entre-temps étudié le Concept loup suisse et qu’il s’en tiendra au quota qui lui est imparti… avec l’accord enthousiaste des propriétaires de bétail. (mp)

 

Finances vaudoises

 

         Le Matin Bleu du 3 octobre nous apprend une réjouissante nouvelle : le budget présenté par le Conseil d’Etat vaudois est dans les chiffres noirs et prévoit un excédent de dix millions.

 

Mais on a vite fait de déchanter, car on découvre ensuite que des postes seront créés dans la fonction publique. De plus, 20minutes du même jour nous fait savoir que le canton prévoit de dépenser presque quatre millions pour l’Euro 2008, alors qu’aucun match n’est prévu sur notre territoire.

 

         Nos conseillers d’Etat se comportent comme des gamins qui courent s’acheter des bonbons dès qu’ils ont trois sous dans leur tirelire. L’argent leur brûle les doigts. Il ne leur vient apparemment pas à l’idée que, avant de dépenser même des sommes modestes, il convient de payer ses dettes; plus de quatre milliards dans le cas qui nous occupe!

 

         On frémit à l’idée que ces gens pourraient se trouver un jour dans la nécessité de gérer le budget d’un ménage! (mp)

 

 

Face à l’islam

 

                                                                         «Sous cette égale protection de tous les cultes se cache et se déguise la persécution la plus dangereuse, la plus astucieuse qu’il soit possible d’imaginer contre l’Eglise de Jésus Christ, et malheureusement la mieux concertée pour y jeter la confusion et même la détruire, s’il était possible que la force et les ruses de l’enfer puissent prévaloir contre Elle.»

                                                                        

                                                                         Pie VII : Encyclique du 22 mai 1808

 

         C’est manifestement par l’effet d’un châtiment et d’une colère divines que les Européens de souche, en Occident surtout, ne savent plus réagir de manière adéquate dans leur confrontation avec la montée en puissance de l’islam sur notre continent et dans chacun de nos pays. Deux tendances se manifestent dans l’opinion publique; elles sont également fausses dans leurs principes et vaines quant aux effets escomptés.

 

         La première de ces tendances, exprimée par les adeptes du libéralisme, cherche jusqu’à l’intérieur du monde musulman des appuis ou des références en faveur d’une interprétation du Coran qui soit compatible avec les principes juridiques occidentaux. On interroge les Etats musulmans que l’on estime modérés, comme la Turquie1, on tente d’élever ce débat au niveau théologique, comme le fit «Benoît XVI» (Joseph Ratzinger) dans son discours désormais fameux à l’Université de Ratisbonne, comme si la confrontation avec l’islam était une question essentiellement académique. Or il est absolument certain que, sur ces terrains, le débat est faux au départ.

 

         Dès lors que le texte du Coran n’est pas négociable comme texte authentiquement inspiré par Dieu, tout argument ne portant que sur des références secondes perd de ce seul fait l’essentiel de l’intérêt qu’on pourrait lui porter. Parler de confrontation d’idées dans ces conditions, ce n’est pas autre chose que se payer de mots, c’est duper le monde car c’est une manière de feindre une confrontation ou un débat sérieux contre une secte qui utilise sciemment ce genre de rapports pour conforter ses positions en terre de conquête (par ailleurs reconnue comme telle dans des publications internes à l’islam mais tues soigneusement en Occident et par les Occidentaux eux-mêmes, complices du mensonge musulman). Ce genre de débat n’est donc pas honnête, car avant de parler du rapport de la religion avec la raison et les principes du droit moderne occidental, encore faudrait-il au préalable nous entendre avec nos interlocuteurs sur les critères objectifs d’une croyance religieuse vraie et ceux d’une révélation divine au moins vraisemblable et pas seulement affirmée sans aucun examen. Or ce sont ces questions qui, par tous, «Benoît XVI» (Joseph Ratzinger) compris, sont d’emblée exclues !

 

         Nous voici tout naturellement arrivés au second volet de notre réflexion, qui concerne l’autre tendance de l’opinion publique européenne, celle qui tend à refuser tous les symboles publics de cette religion dans nos cimetières (le fameux carré des musulmans) ou dans nos cités (le caractère ostentatoire des minarets, même «muets»). On le voit, la question du voile dit «islamique» est aujourd’hui déjà dépassée. L’inquiétude grandit et des formations politiques situées à la droite de l’actuel échiquier tentent d’y porter remède, l’UDC (Union démocratique du centre ) en Suisse.

 

Mais toutes ces formations politiques, partout en Europe, sont inconditionnellement acquises à l’idéologie du laïcisme, que le pape Pie XI qualifiait encore de «peste» dans son encyclique sur la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ, Quas Primas, de 1928. Aussi n’est-il pas question, pour aucune de ces formations dites «d’extrême droite», de porter la confrontation avec l’islam ailleurs que sur le terrain choisi par les libéraux, même si c’est pour y apporter une solution différente. D’emblée, le terrain religieux ou théologique est récusé. Le président de l’UDC du Valais romand exprime parfaitement cette attitude2 : pour elle, comme pout toutes les autres en Europe, le problème est juridique, non théologique. Le conflit fondamental doit se concentrer autour de la notion de personne et de ses droits essentiels comme individu dans la cité terrestre sans aucune référence à l’au-delà de cette vie.

 

Michel de Preux

 

(à suivre)

 

1 L’Islam à l’épreuve de la raison de Vincent Pellegrini, Nouvelliste du Valais, éd. du lundi 21 mai 2007, page 31, et, du même auteur dans le même quotidien, le jeudi suivant, 24 mai, dans la chronique Non-dits, en page 2 : L’islam déchiré.

2 Pourquoi une initiative contre l’érection des minarets ? : Nouvelliste du Valais, éd. du 22 juin 2007 en page 41 : Forum des lecteurs, sous les signatures de Raphaël Filliez et de Me Jean-Luc Addor.

 

 

 

 

Qui veut la peau de la police lausannoise ?

 

La gare de Lausanne et quelques autres places de la capitale, dès la tombée de la nuit, deviennent désormais des lieux glauques où pullulent des bandes de «jeunes» à capuchons armés de molosses, des groupes d’adolescents agglutinés dans d’écœurantes odeurs de cannabis, des grappes de trafiquants tapis dans l’ombre et leurs victimes chancelantes, ainsi que quelques poignées de paumés divagants au milieu des hurlements et des aboiements. Les citoyens normaux qui ne se sont pas encore établis hors de ville évitent ces quartiers.

Face à cette évolution, le travail de la police s’est aussi transformé et se concentre maintenant sur quelques «descentes en force» lors des cas les plus graves, laissant tomber les interventions jugées bénignes. On n’imagine plus qu’un ou deux agents débonnaires puissent se pointer dans les zones difficiles: ils déclencheraient probablement une émeute. C’est d’ailleurs ce qui se produit de plus en plus fréquemment en divers endroits du canton – au grand ravissement des journalistes de 24 heures, qui accourent à chaque fois pour s’entretenir avec les émeutiers, recueillir leur témoignage et donner quelque écho à leurs convictions politiques.

Dans ce triste contexte, la presse révèle soudain avec un fracas calculé un rapport mettant en cause de «graves dysfonctionnements» de la police lausannoise.

Un député, connu pour sa volonté de priver les communes de leurs compétences de police, reçoit anonymement le document et se jette comme prévu sur l’affaire. Des conseillers communaux soi-disant de droite, mus par le réflexe partisan qui constitue leur unique ressort intellectuel, s’empressent de réclamer enquêtes et sanctions contre cette police d’une municipalité rouge. Les automobilistes qui peinent chroniquement à respecter le code de la route se réjouissent au passage de voir les pandores vilipendés. Et la presse en rajoute chaque jour afin de salir un peu plus l’institution et de réclamer des têtes.

Le municipal de police, communiste, donne l’impression de défendre ses services en répétant que des mesures ont été prises et continueront à l’être. Des «mesures» dont on ne doute pas qu’elles seront très orientées: chartes d’éthique, directives sur le comportement à adopter, obligation de respecter la dignité des voyous et des crapules, promotion du dialogue et de la tolérance envers les voleurs…

Car les principales accusations lancées contre la police de la capitale vaudoise évoquent principalement, à ce qu’on sait, un style trop dur, trop autoritaire, des attitudes «machistes», des «violences» envers des gens de couleur, ou encore des méthodes non protocolaires pour tenter d’éloigner la marée des trafiquants et autres perturbateurs du centre ville. Des critiques particulières sont adressées au «style de conduite» du commandant Hagenlocher à qui on reproche, à demi-mot, de se comporter comme un policier plutôt que comme un assistant social. Dans une ville en proie aux désordres, aux trafics, aux déprédations et aux actes de violence gratuite, dans une ville où la police doit se contenter d’assurer un vague vernis d’ordre public diurne, les auteurs de ce rapport si opportunément médiatisé plaident pour des méthodes plus douces!

Il n’y a guère d’ambiguïté quant à l’origine de ces accusations, qui portent la signature de l’habituel conglomérat des partis d’extrême gauche, des collectifs pro-immigrés et des bandes de casseurs. Le municipal communiste en charge du dicastère ne se cache d’ailleurs pas d’avoir ordonné lui-même le rapport.

Avançons alors une hypothèse: toute cette affaire a-t-elle été voulue par un ou plusieurs municipaux d’extrême gauche dans le but de vaincre définitivement certaines «résistances» jugées trop à droite au sein du corps de police de la ville? Et ce en comptant habilement sur la complicité inconsciente de quelques politiciens «de droite» aux réactions prévisibles et aux réflexes primaires?

 

Pollux

 

 

Confort et servitude

 

 

Il paraît que si l’on interroge des enfants de dix ans aux Etats-Unis, et qu’on leur demande quel métier ils comptent embrasser plus tard, 85 % d’entre eux s’imaginent exercer une activité indépendante, créer un business, diriger une entreprise. En Europe, 85 % des enfants interrogés se voient salariés d’une entreprise privée ou d’une administration.

 

Je suis frappé de constater d’autre part l’importance primordiale que la plupart des jeunes gens que je rencontre accordent à la réussite matérielle, au confort, à l’aisance financière, avec tous ses corollaires et le peu de cas qu’ils font de l’indépendance politique, de la liberté de publier ce qui leur plaît et d’être gouvernés par des hommes soucieux du bien commun.

 

Il leur importe peu d’être réduits en servitude, pourvu qu’ils puissent manger à leur faim, polluer à leur guise dans leur imposant 4x4 et suivre l’Euro 2008 à la TV après avoir ronchonné, comme il convient, contre ces ânes de politiciens «qui se soucient bien peu de nous».

 

On subit, finalement de bon gré, les modes les plus absurdes, les nouvelles internationales les plus déprimantes, l’uniformisation des codes de procédure civile ou pénale, la transformation profonde de nos titres universitaires, le transfert de tous les pouvoirs à Berne ou à Bruxelles si ce n’est à Washington, pour autant que ces mutations n’affectent pas notre pouvoir d’achat.

 

La situation sociale de l’esclave est, de beaucoup, plus enviable que celle de l’homme libre au plan du confort matériel et de la sérénité d’esprit due à l’absence de responsabilités à prendre.

 

Notre concitoyen entièrement entretenu par les services sociaux vit dans un état de servitude que beaucoup lui envient : il ne travaille pas, il ne paie aucun impôt, il n’a pas à s’inquiéter de son loyer, de son abonnement à Bilag, de ses assurances maladie : tout est pris en charge pas son maître, l’Etat, représenté par l’assistant social en charge de son dossier.

 

Cette attitude n’est pas sans influence sur ses positions politiques. Entretenir une armée ? Pourquoi diable nous inquiéterions-nous d’une prétendue indépendance ? Quelle importance si nos magistrats qui siègent au Château sont vaudois, grecs naturalisés, russes ou chinois pourvu qu’on nous laisse en paix.

 

Les bonzes de Rangoon n’ont pas commencé à manifester pour protester contre l’absence de liberté d’expression, contre une nouvelle arrestation de Mme Aung San Suu Kyi ou contre les exactions de la junte militaire au pouvoir depuis des années, mais contre la brusque flambée du prix des carburants. Leur confort était tout à coup mis en péril.

 

L’abandon, petit à petit, de la souveraineté cantonale au profit du centralisme fédéral, l’abandon, petit à petit, de l’indépendance de la Confédération au profit de l’alignement dans les institutions internationales, Union européenne ou Nations prétendument unies, ne suscitent des réactions que chez les vieux crocodiles qui se souviennent, sinon de la Deuxième Guerre, du moins de la mise au pas, par les Russes, des républiques baltes, des chars soviétiques sur la Place Venceslas à Prague et des purges sanglantes en Chine et au Cambodge.

 

Les jeunes gens qui font carrière dans les sociétés de service américaines n’ont pas connu ça et ils s’en moquent. Ils s’inquiètent de leurs stock options, de leurs primes de rendement, de leurs prochaines vacances au Kénya. Les filles rêvent de devenir célèbres grâce à quelque jeu télévisé diffusé en «prime time».

 

Que leur importe la condamnation à mort de l’agriculture, la survie improbable des vins de Lavaux, l’avenir menacé de la langue française ou les querelles de nos politiciens sur les prochains programmes de législature?

 

L’important, c’est d’avoir à manger, si possible sans avoir eu à gagner sa nourriture trop durement et de pouvoir «s’éclater», faire la fête, notamment dans des manifestations où on défilera, avec son chien de combat en laisse, pour dénoncer l’exhibition d’animaux au cirque Knie, ou dans lesquelle on exigera la régularisation des sans-papier ou la vente libre des produits stupéfiants.

 

Pour la majorité de nos concitoyens, je le crains, mieux vaut confort et servitude que restrictions matérielles et libertés.

Claude Paschoud

 

 

Méfiance!

 

Internet est une merveilleuse invention qui permet de trouver rapidement des informations détaillées sur tout et de faire circuler des renseignements à grande vitesse. Mais il faut veiller à ne pas moderniser le célèbre «ce doit être vrai puisque c’est dans le journal» en un «ce doit être vrai puisque c’est sur Internet».

 

Nous avons reçu récemment la transcription d’une conversation «réelle» prétendument captée sur le canal 106 (donné comme fréquence des secours maritimes de la Côte du Finisterre de Galice) entre des Galiciens et des Nord-Américains, le 16 octobre 1997. Cette transcription circule actuellement sur Internet, sous prétexte de fêter le dixième anniversaire de l’exploit.

 

Mais on ne nous la fait pas : une brève recherche nous a permis de découvrir que cette plaisanterie existait déjà en 1995 dans une version canadienne. Toutefois, comme elle est vraiment drôle, nous vous la livrons ci-dessous, légèrement édulcorée – les gros mots ne rendent pas les textes plus amusants. (mp)

 

Galiciens (bruit de fond)

Ici le A-853. Merci de bien vouloir dévier votre trajectoire de 15 degrés au sud pour éviter d’entrer en collision avec nous. Vous arrivez directement sur nous à une distance de 25 milles nautiques.

 

Américains (bruit de fond)

Nous vous recommandons de dévier vous-mêmes votre trajectoire de 15 degrés nord pour éviter la collision

 

Galiciens

Négatif ! Nous répétons : déviez votre trajectoire de 15 degrés sud pour éviter la collision !

 

Américains (voix différente de la précédente)

Ici le capitaine ! Le capitaine d’un navire des Etats-Unis d’Amérique. Nous insistons : déviez votre trajectoire de 15 degrés nord pour éviter la collision.

 

Galiciens

Négatif ! Nous ne pensons pas que cette solution puisse convenir. Nous vous suggérons donc de dévier votre trajectoire de 15 degrés sud pour éviter la collision.

 

Américains (voix irritée)

Ici le capitaine Richard James Howard au commandement du porte-avions USS LINCOLN, de la marine nationale des Etats-Unis d’Amérique, le second plus gros navire de guerre de la flotte américaine. Nous sommes escortés par deux cuirassiers, 6 destroyers, 5 croiseurs, 4 sous-marins et de nombreuses embarcations d’appui. Nous nous dirigeons vers les eaux du Golfe persique pour préparer les manœuvres militaires en prévision d’une éventuelle offensive irakienne. Nous ne vous suggérons pas : nous vous ordonnons de dévier votre route de 15 degrés nord. Dans le cas contraire, nous nous verrions obligés de prendre les mesures qui s’imposeront pour garantir la sécurité de cette flotte et de la force de cette coalition. Vous appartenez à un pays allié, membre de l’OTAN et de cette coalition, s’il vous plaît, obéissez immédiatement et sortez de notre trajectoire !

 

Galiciens

C’est José Manuel Salas Alcántara qui vous parle. Nous sommes deux personnes. Nous sommes escortés par notre chien, par notre bouffe, deux bières et un canari qui est actuellement en train de dormir. Nous avons l’appui de la radio de la Corogne et du canal 106 «urgences maritimes».

Nous ne nous dirigeons nulle part, dans la mesure où nous vous parlons depuis la terre ferme. Nous sommes dans le phare A-853 au Finisterre de la côte de Galice.

Nous n’avons pas la moindre idée de la position que nous occupons au classement des phares espagnols. Vous pouvez prendre toutes les mesures que vous considérerez opportunes, car nous vous laissons le soin de garantir la sécurité de votre fichue flotte qui va se casser la figure contre les rochers.

 

C’est pour cela que nous insistons à nouveau et vous rappelons que le mieux à faire, le plus logique et le plus raisonnable serait que vous déviiez votre trajectoire de 15 degrés ud pour éviter de nous rentrer dedans !

 

Américains

Bien reçu. Merci……