Lausanne 37e année      «ne pas subir»      Avril  2007 No 364

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste expose pourquoi l’Université est obligée d’éliminer la moitié de ses effectifs en première année d’études.

 

Bricoles

Où il est questions de conduite en état d’ivresse, de plein emploi, de marins britanniques égarés, de billets de mille francs, d’exorcisme, d’ONU et de pistolet tirant des balles de calibre 22 mm.

 

En direct de Sirius

Max s’étonne que le votre électronique soit confié à une entreprise privée ; il ne croit pas à l’efficacité politique des marches silencieuses ; il rend un hommage (prématuré) à une consoeur bien vivante et s’intéresse aux eaux territoriales persanes.

 

Les fusils à l’arsenal, les fous en liberté

Pollux s’en prend vertement à la récupération journalistique de plusieurs faits divers tragiques contre le maintien de l’arme de service au domicile.

 

Triomphe de l’hypocrisie par le langage (suite)

Michel de Preux poursuit son analyse des modes de langage destinées à masquer les intentions réelles de l’auteur.

 

Une bande de brigands…

Mariette Paschoud a assisté, à Paris, à un procès opposant le professeur Robert Faurisson à l’ancien ministre Robert Badinter. Elle est sortie de l’audience de très mauvaise humeur !

 

La cigale et la fourmi

Une plaisanterie pêchée sur le Net illustre deux conceptions de la responsabilité individuelle.

 

 

 

Editorial

 

Chaque année à cette époque, les universités entreprennent d’organiser l’année académique à venir. Chaque année, les autorités universitaires se heurtent au problème du nombre excessif de candidats aux études longues, en faculté de médecine en particulier, mais aussi ailleurs, en droit notamment. On voit donc chaque année ressurgir l’idée du numerus clausus visant à adapter le nombre d’étudiants au nombre de places d’études disponibles, ce qui permettrait d’améliorer les conditions de travail des futurs «bachelorisés» et autres «mastérisés».

 

Actuellement, le système est ainsi conçu, en tout cas à Lausanne, que tout détenteur d’un baccalauréat ou d’une maturité fédérale peut s’inscrire dans la faculté de son choix, même s’il ne possède aucun don pour la voie choisie. Conséquence : les études les plus prestigieuses attirent un trop grand nombre d’incapables qu’il va falloir éliminer le plus tôt possible. Résultat : les examens de fin de première année font office de «couperet» comme disaient les gauchistes dans le temps. Et les échecs définitifs au bout de la deuxième tentative sont nombreux, de sorte que beaucoup d’étudiants perdent deux ans à l’université avant de se retrouver sur le carreau sans la moindre formation professionnelle, et d’aller encombrer les formations normalement réservées aux non-bacheliers qui n’ont pas mérité ça.

 

A en croire Le Matin Bleu du 19 avril, les associations d’étudiants trouvent cela très bien et estiment que «Chaque titulaire de maturité doit pouvoir commencer des études, quitte à effectuer une sélection plus tard». Point de vue de fils à papa pour qui une sélection tardive et, donc, des études prolongées ne posent pas de problème financier, et qui ne prend pas en compte le fait que les étudiants ne coûtent pas seulement à leurs parents, mais aussi à la collectivité.

 

La Conférence universitaire suisse recommande, elle, aux universités romandes d’introduire un test de sélection, terme gentillet désignant en fait un concours d’entrée. Evidemment, à notre époque de lutte contre l’arbitraire et les discriminations, cette formule élitiste donne de l’urticaire aux champions de la démocratisation des études.

 

Pourtant, c’est parce qu’on a régulièrement diminué les exigences scolaires au cours des dernières décennies que les bancs des universités sont aujourd’hui encombrés d’incompétents. A qui la faute, sinon aux idéologues qui ont systématiquement déprécié les formations non universitaires, en particulier manuelles ?

 

Qu’ils prennent leurs responsabilités, maintenant !

 

Le Pamphlet

 

 

Bricoles

 

Mauvais pour le BPA

 

On apprend que les quatre gais lurons pris de boisson qui ont percuté, au volant de leur caisse à savon, sept membres d’une même famille à Semsales, seront poursuivis pour lésions corporelles graves mais pas pour conduite en état d’ivresse. En effet, la caisse à savon n’est pas considérée comme un véhicule, et, en outre, la route était fermée à la circulation.

 

On mesure la frustration des officines de vertu, comme le BPA, qui devront se passer de ce casus dans leurs statistiques édifiantes. (cp)

 

Elections zuricoises

 

Au parlement zuricois, c’est la débâcle pour les socialistes qui perdent 17 sièges, soit le tiers de leurs députés. L’UDC reste le premier parti cantonal, avec 56 sièges, et gagne un fauteuil à l’exécutif.

 

La presse est – évidemment – consternée. (cp)

 

Plein emploi

 

Lorsque la Suisse a refusé d’adhérer à l’Espace économique européen, les augures ont prédit pour son économie les pires catastrophes. Rester en dehors de l’Union, c’était le chômage généralisé, la stagnation, le recul, bref : l’enfer.

 

Caramba ! la Suisse est aujourd’hui le premier pays d’Europe à avoir ressuscité le plein emploi (moins de 3 % de chômage, selon la définition de l’Organisation internationale du travail) !

 

Pire (pour les esprits chagrins), on prévoit une forte croissance jusqu’en 2010, et des licenciements sont prévus de façon imminente… aux offices régionaux de placement !

 

Ces constatations ne désarment pas François Cherix, vice-président du NOMES (nouveau mouvement européen suisse) qui continue sa croisade. (cp)

 

Arrogance

 

Dans l’affaire des marins britanniques capturés par l’Iran, prétendument dans ses eaux territoriales, il n’y avait pour l’Angleterre qu’une seule attitude raisonnable : «Nous pensons que nos marins étaient dans les eaux internationales. Mais s’ils se sont trompés, c’était par négligence et sans intentions malicieuses et nous prions le gouvernement d’Iran d’accepter nos excuses».

 

A la place d’un tel discours, diplomatique et sans flagornerie ni humilité, M. Blair l’a pris de haut, en «exigeant» la libération «immédiate» de ses compatriotes, attitude arrogante qui a eu pour effet principal de retarder inutilement cette libération. (cp)

 

Ignorance

 

Le service pénitentiaire de l’Etat de Vaud organise une vente aux enchères de divers objets séquestrés les 21 et 24 avril 2007. Parmi les conditions de la vente, on lit notamment : Billets de 1000 francs pas acceptés.

 

Les vendeurs d’essence, qui indiquent la même chose, par un dessin sur les pompes, savent pertinemment qu’ils n’ont pas le droit de refuser un billet de banque, même une coupure de mille francs, en paiement ni jusqu’à 100 pièces suisse courantes. Leur avertissement ne vaut donc que pour celui qui ignore l’art. 3 al. 3 de la loi fédérale sur l’unité monétaire et les moyens de paiement (RS 941.10) qui prescrit que toute personne est tenue d’accepter en paiement les billets de banque suisses sans limitation de la somme.

 

A l’Etat de Vaud, on ne semble pas connaître le droit fédéral. Peut-on payer, lors de la vente aux enchères, en batz ? (cp)

 

Sans blague ?

 

Le rédacteur de 24 heures n’en croyait ni ses yeux ni ses oreilles : imaginez-vous que le nouvel exorciste pour le canton de Vaud, l’abbé Luigi Griffa, désigné par Mgr Genoud, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, que le nouvel exorciste, dis-je, croit au diable !

 

Une nouvelle aussi insolite devait faire le titre, la manchette et la une du journal, le mardi 3 avril.

 

On vit une époque formidable. Vous verrez bientôt que le pape croit en Dieu et que votre médecin croit à l’existence d’un virus du sida. (cp)

 

ONU

 

Mais pour qui se prend donc l’ONU, assemblée de bavards prétentieux n’ayant jamais évité un conflit nulle part et prompte à donner des leçons à tout le monde, sauf aux nations les plus puissantes ?

 

Le juriste sénégalais Doudou Diène, qui a enquêté en Suisse du 9 au 13 janvier 2006, s’est fait pendant cette période une idée assez précise du racisme et de la xénophobie qui règnent dans notre pays. Il s’est exprimé de façon très critiques le 27 mars devant le Conseil des droits de l’homme en critiquant notamment l’adoption de la loi sur l’asile.

 

C’est cette même ONU qui menace un Etat souverain de sanctions économiques et militaires s’il s’obstine à poursuivre son programme de développement nucléaire. Pourquoi un pays bâti sur une civilisation vieille de 5000 ans n’aurait-il pas les même droits qu’Israël, l’Inde ou le Pakistan, sans compter évidemment les pays membres permanents du Conseil de sécurité ? (cp)

 

La trahison de Berne

 

Les pires centralisateurs, ceux qui n’ont pas d’épithètes assez cruelles pour désigner les fédéralistes «repliés frileusement sur leur cantonalisme étroit etc.» s’en étranglaient pourtant d’indignation, le 26 mars dernier, après avoir lu l’interview de M. Moritz Leuenberger parue dans l’Aargauer Zeitung et dans le Temps.

 

Même l’éditorialiste de 24 heures ne pouvait cacher sa colère. Sous le titre Un aveuglement qui confine au mépris, M. Thierry Meyer écrit : «…Moritz Leuenberger a réussi un triple exploit : renvoyer aux calendes grecques un projet ferroviaire d’importance cardinale pour la région qui connaît la plus forte croissance en habitants et en emplois de Suisse, signifier à ladite région qu’elle ne compte que de manière périphérique lorsqu’il faut "fixer les priorités" et induire que, tout compte fait, les efforts de transfert du trafic pendulaire vers le rail peuvent attendre.

On croit rêver. Pareille absence de vision tient de l’aveuglement, sinon du mépris de la part du Zurichois, incapable de jauger la situation réelle de Vaud et Genève, deux cantons qui ont enfin empoigné avec ardeur les questions de mobilité…»

 

Gageons que si les cantons gagnaient en autonomie financière, par exemple par la suppression de l’IFD, ils seraient moins dépendants de la Berne fédérale pour la quête des subventions. Les lignes ferroviaires ne sont pas, certes, le meilleur exemple où le fédéralisme pourrait reprendre vigueur, mais la colère de M. Meyer fait quand même plaisir. (cp)

 

Compétence

 

Tout événement dramatique, comme le coup de folie d’un étudiant coréen sur un campus universitaire américain ayant provoqué la mort de 33 personnes par arme à feu, est pain bénit pour la presse à scandale.

 

Le correspondant de 24 heures sur place, qui proclamait évidemment que les Etats-Unis étaient «en état de choc», apportait sa pièce à l’édifice d’un débat ultrasensible, mais à évolution lente, sur le port d’armes, par l’étalage de ses grandes connaissances du sujet : «L’étudiant a été retrouvé avec deux revolvers sur lui, un 9 mm et un 22 mm».

 

Avec de tels experts, le débat est bien parti !

 

Heureusement qu’une photographie démontre (24 heures du 18 avril, page 2) que le prétendu revolver est en réalité un pistolet automatique Glock 9 mm.

 

Quant à l’arme tirant de la munition de 22 mm (!) ce doit être non pas un revolver, mais un canon !

 

Ce que le journaliste n’a pas compris, c’est qu’il s’agissait plus probablement d’une arme de .22 long rifle ou .22 Magnum (0,22 pouce), soit un calibre de 5,56 mm. (cp)

 

 

En direct de Sirius

 

Présidentielles françaises, arrivée des machines à voter juste

 

On n’arrête décidément plus l’emballement du progrès : quatre-vingt-deux communes voteront électroniquement pour élire un nouveau président, soit 1,5 millions d’électeurs sur 44,5 millions d’inscrits. L’opération «pilote» par manipulation électronique étant du domaine informatique, le traitement de cette manifestation sensible incombera à quelques milliards de petits neurones cybernétiques en silicium, éduqués et instruits par une société privée – chers démocrates, vous avez bien lu – et il n’existera pas de preuve physique du vote. Trouvez l’erreur…

 

Les marches silencieuses ne hurlent pas assez fort

 

France : une jeune femme est capturée par un prédateur qui, las de sa vertueuse résistance, l’étrangle avant d’entreprendre de vider son compte en banque (c’est désormais si simple avec une carte en plastique). Une marche silencieuse est organisée dans sa ville de résidence, à laquelle prennent part au moins quatre mille personnes consternées. On ne compte plus, en France, de telles marches silencieuses depuis la dernière décennie. Peut-être en compterait-on moins si leurs participants rompaient leur digne mais inutile silence pour exiger le rétablissement de la peine de mort ?

 

Lettre ouverte à une grande dame1

 

Chère C.,

J’ai rêvé la nuit dernière que vous étiez morte devant votre écran. Votre inséparable cigarette avait eu la bonne grâce de choir de vos lèvres dans votre tasse de café, épargnant avec une double élégance votre chemisier de soie et les archives de l’hebdomadaire que vous dirigez. Vos yeux s’étaient éteints sur le texte lumineux de votre ultime éditorial, dernier acte d’une vie vouée à secouer votre peuple – enfin, ceux qui savent lire – de sa léthargie. Chère C., on dit que rêver la mort d’un ami, c’est lui assurer une longue vie et c’est là mon souhait le plus cher. Continuez longtemps à exposer les félons, débusquer les lâches et redresser les mous. Quant à moi, je conclurai ici cet éloge «anthume»2 avec la satisfaction qu’au moins vous l’aurez lu avant une ultime révérence, lointaine, sans doute, mais que je verrais bien à la Poquelin, car il n’est rien de plus beau que de mourir à la tâche alors que la plupart des autres s’endorment sur leur travail.

 

Pauvres «marines» anglais… perdus en eau saumâtre

 

Iran (car c’est bien d’Iran qu’il s’agit) : une quinzaine de plaisanciers britanniques en tenues bariolées se sont fait arraisonner par les Pasdarans3. Et l’encore Premier de sa Gracieuse Majesté de pousser des couinements outrés sous prétexte que ses commandos d’élite auraient été kidnappés en eaux irakiennes par les «axés» du Mal ! Cette malheureuse divagation touristique appelle deux questions :

– A qui fera-t-on croire que les curieux et bien inattentifs «plaisanciers» militaires, contrairement à leurs grands frères qui en inaugurèrent l’emploi lors de la première guerre contre l’Irak4, ne disposaient pas de GPS ?

– S’il est actuellement une zone du monde sous observation satellitaire privilégiée avec des caméras de haute définition, c’est bien l’Iran. Une photo de l’arraisonnement assortie d’une matérialisation des eaux territoriales respectives n’aurait-elle pas valu toutes les indignations d’Albion ?

 

 

Quand le Ronchon sort de son coin

 

Notre «cousin» Ronchon publie quelques morceaux choisis, plaisamment illustrés par OLB5, dont Max recommande chaudement la lecture aux dinosaures qui persistent à croire que l’on peut peut-être encore corriger les mœurs en riant. Le Ronchon, dont le leitmotiv est «NON», confirme avec brio, à tour de pages, son refus amusé de la triste sottise. Ainsi cet enchaînement savoureux : «L’autre soir, j’ai regardé la télévision. Ça m’arrive souvent de regarder la télévision, mais cette fois elle était allumée». Max a lu Le coin du Ronchon d’une traite, dans son bain… et le livre n’est pas tombé dans l’eau.

 

 

Max l’Impertinent

 

1 Il s’agit d’un hommage à Camille Galic, infatigable directrice de Rivarol (n.d.l.r.)

2 Le mot est d’Alphonse Allais, un homme prévoyant (il faudra un jour que je vous dise pourquoi).

3 Et gracieusement restituer à leur mère patrie depuis par le Président Ahmadinejad.

4 Pas celle du petit Bush, celle de son papa.

5 Le coin du Ronchon, Cahiers de la Renaissance vaudoise, n° 144, case postale 6724 – CH-1002 Lausanne – courrier@ligue-vaudoise.ch.

 

 

 

Les fusils à l’arsenal, les fous en liberté

 

Charognard: 1. Vautour, animal qui se nourrit de charogne. 2. Exploiteur impitoyable des malheurs des autres. (Le Petit Robert)

A Baden, en Argovie, un «Suisse d'origine irakienne» a utilisé son fusil d'assaut personnel pour tirer sur les clients d'un bar. La radio, la télévision et la presse ne parlent que de ça. Non pas de l'origine du tireur, mais de son fusil. Et avec une jubilation non dissimulée.

Car depuis des mois, l'intelligentsia gauchisante et ses nervis médiatiques harcèlent les parlementaires fédéraux pour qu'on interdise aux soldats de détenir leur arme à domicile et qu'on mette ainsi un terme à cette tradition militaire helvétique – trois mots qui révulsent les esprits bien pensants. Depuis des mois, pour susciter la peur et l'indignation des braves ménagères, les journaux ont publié et republié la même photo (peut-être un montage? peu importe!) où l'on voit un papa passer au milieu de son salon, devant son petit garçon, son fusil d'assaut à la main. Mais la mort réelle d'un vieux monsieur sous les balles d'une telle arme, c'est encore mieux! Une occasion inespérée de relancer la moulinette émotionnelle et la guerre médiatique.

Dans les jours qui ont suivi, dans une école américaine cette fois, un cinglé a abattu trente-deux personnes. Derrière le visage grave qu'ils se sont composé pour la circonstance, les journalistes se pourlèchent les babines, bavent de contentement: cette fois, ils tiennent leur victoire! Cette fois, plus personne n’osera soutenir que les Suisses peuvent garder leur arme à la maison!

Récupération immonde et répugnante d’un fait divers tragique. C'est un trait caractéristique de la profession.

Pendant très longtemps, les citoyens suisses incorporés dans l'armée ont conservé leur arme chez eux sans que cela ne cause d'hécatombe dans la population. C’est seulement au cours de ces dernières décennies que se sont multipliées les tueries et autres agressions, quelquefois avec des armes militaires et le plus souvent avec d'autres armes. La logique voudrait donc que l’on en cherche la cause dans les changements récents subis par notre société, et non dans une pratique ancienne qui n'a pas changé.

Mais il est vrai que cette logique-là, outre qu’elle risquerait de remettre en question certains tabous modernes, se révélerait peu compatible avec les impératifs idéologiques et commerciaux de la presse: il faut vendre, et il faut encourager les idées de gauche. Alors on préfère ranger les fusils à l’arsenal et laisser les fous et les sauvages en liberté.

 

Pollux

 

 

Triomphe de l’hypocrisie par le langage (suite)

 

La droite républicaine :

 

Elle définit, en France, celle que la gauche tolère, et celle-ci ne la tolère qu’à la condition que cette droite, dite aussi «respectable» ou fréquentable, ou civilisée… pratique l’ostracisme à l’égard de celle qui est censée ne point l’être quand bien même son loyalisme républicain n’est ni contestable ni contesté par personne, et pas même par la gauche ! Nous parlons bien évidemment des droites dites «nationales» dont la gauche assigne aux programmes politiques le terme infamant de «fonds de commerce», axé sur «les replis identitaires», la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme, l’utilisation méthodique et systématique des peurs, l’idéologie sécuritaire, autant de notions ou plutôt de slogans censés démontrer, chez cette droite ne dissimulant plus son caractère réactionnaire, une immaturité politique persistante. Je relève cependant que même dans cette droite qualifiée d’extrême, naturellement, la gauche et ses prestiges agissent comme un ferment destructeur. Car cette droite discréditée consent, elle aussi, à certains interdits venus de la gauche : elle ne porte aucune contestation sur la légitimité démocratique moderne et elle adopte sans complexe ce que Pie XI appelait «la peste du laïcisme», d’où provient en réalité le caractère indépassable qu’elle assigne à l’horizon de la nation, concept éminemment révolutionnaire, puisque, originellement, il était destiné à remplacer par la violence, y compris la violence de la  pensée, l’autorité du Roi par celle d’une entité mythique créée à cet effet et donnant effectivement naissance aux Etats idéologiques modernes. Cela dit, toutes ces étiquettes présentées comme infamantes, tant par la droite qui se dit «républicaine» que par la gauche, ne se réfèrent en fin de compte qu’aux raisons d’être fondamentales d’un Etat, c’est-à-dire à la protection du territoire où s’exerce l’autorité d’un Etat particulier, à celle de ses ressortissants de souche, qui ne peuvent sans injustice manifeste être assimilés purement et simplement aux étrangers résidant sur le même sol, à la défense des intérêts collectifs communs, à la vigilance politique tant en matière de défense que de politique étrangère et d’alliances. Tous ces objectifs, en soi parfaitement justifiés et qui devraient aller de soi, font donc l’objet de discrédits systématiques et sournois quand la gauche ne les ne les maîtrise pas parce qu’elle n’est pas au pouvoir. La gauche exerce par conséquent un chantage constant et une forme plus ou moins aiguë de terrorisme intellectuel et moral. Par ces méthodes s’exprime l’élément totalitaire et despotique de toute démocratie de masse, dans laquelle la gauche prétend officieusement mais réellement au monopole du pouvoir. Si elle concède une participation à la seule droite de son agrément, c’est uniquement parce que les régimes de parti unique sont aujourd’hui disqualifiés dans l’opinion.

 

Problème de société :

 

         Chaque fois qu’il s’agit de subvertir la morale naturelle, en matière d’avortement, de légalisation des unions de même sexe assimilées au mariage, d’euthanasie, de lutte contre la peine de mort, de destruction de la constitution monarchique de la famille et de prévarication croissante du mariage lui-même, notamment par le divorce sans cause, la non-reconnaissance du sacrement chez les chrétiens, etc., la gauche dissimule la rupture avec l’ordre naturel par une problématique controuvée et cette problématique est censée refléter ou exprimer un intérêt social réel. Qu’en est-il en réalité ? Cet intérêt prétendu est soit fabriqué par des groupes de pression, visibles ou occultes, notamment dans la maçonnerie, soit fortement exagéré. Bien sûr, des failles existent offrant autant de brèches au discours de gauche et lui donnant un semblant de raison politique. Mais supprime-t-on la propriété parce que le vol existe, ou le principe de la bonne foi parce qu’il y a des escrocs, la protection de l’intégrité personnelle parce que jamais on ne cessera d’en connaître des violations ? Là encore, les mots servent le mensonge idéologique. Il s’agit de déstabiliser les consciences en détruisant la notion même d’ordre en morale par une interprétation arbitraire et tendancieuse du christianisme. Le procédé utilise la vertu de patience, l’idée de tolérance et même les vertus de charité et de justice, notamment chez les chrétiens dits de gauche. Ce sont là autant de leurres. Ce qui est visé, c’est la conscience droite et son autorité sur les peuples massifiés qu’il s’agit encore de soustraire à l’ascendant des véritables élites et des vraies autorités religieuses. L’actuelle démission de ces élites et de ces autorités-là, dont la légitimité peut d’ailleurs être mise en cause, acquiert dans ce contexte une gravité extrême et rarement analysée.

 

L’immigration est une chance :

 

         Un déterminisme rigoureux et autoritaire s’impose ici aux esprits au nom même d’une valeur éminemment traditionnelle et de droite. L’idée de progrès, d’avancée, d’enrichissement par un phénomène qui ne le présuppose nullement en soi d’une part et même qui, non maîtrisé et massif, implique plutôt le contraire de ces valeurs ! Il s’agit par conséquent d’une affirmation totalement gratuite mais dont la répétition systématique a pour effet escompté de culpabiliser l’adversaire politique, de lui interdire le débat sur ce thème. Ce procédé a été grandement favorisé, et aggravé en Occident par la lutte insidieuse contre la natalité des autochtones et par la mode littéralement subversive de l’œcuménisme, issu du faux Concile de Vatican II, lequel adopta un concept analogue, dont l’hétérodoxie est évidente : toutes les confessions chrétiennes s’enrichissent mutuellement, et la conversion ne s’entendrait plus, désormais, que vers un Christ distinct et séparé de liens excessifs avec l’Eglise catholique romaine. Cette hérésie est l’adaptation à la société religieuse du programme idéologique de la gauche immigrationniste imposée aux nations et aux Etats d’Europe.

 

Le droit au blasphème :

 

Déjà incontesté lorsqu’il vise la religion du Christ, il se défend aussi, apparemment, contre l’islam et paraît intransigeant. Mais nous sommes, dans ce dernier cas, en pleine ambiguïté, et cette ambiguïté est volontaire, imposée aux masses. Alors que toute violence est réprouvée dans le catholicisme, dont l’histoire est revisitée par d’incessants révisionnismes, et qu’on lui impute sans nuance la responsabilité de les avoir toutes commises ou encouragées au nom de sa foi, le jugement que la presse nous impose à propos de l’islam est non pas seulement différent mais diamétralement opposé : aucune précaution n’est de trop pour rejeter a priori un soi-disant amalgame entre intégristes et la religion musulmane. L’apologie de la violence par le Coran est systématiquement ignorée, pendant que, détail révélateur, les écrits de source chrétienne  susceptibles de faire autorité pour la véritable interprétation de cette religion sont, quant à eux, ignorés pour le motif inverse ! … Mais ne faut-il pas imposer à la conscience des peuples que par principe toute religion est respectable, sauf le catholicisme s’il revenait à ses démons… D’où la nécessité de ménager l’islam, car, dans l’esprit moderne, le catholicisme seul est l’ennemi, prêt à renaître de ses cendres. Mais le service très réel que rend l’islam à l’athéisme vaut bien quelques ménagements, n’est-ce pas ?

 

Respecter toutes les sensibilités :

 

         C’est là mélanger de manière totalement incohérente mais autoritaire deux ordres de connaissance, celui des idées et celui des sensations ou des sentiments. Pourquoi ce mélange incongru ? Précisément afin d’interdire un vrai débat d’idées. La notion même de «débat d’idées», créée par Edgar Faure (franc-maçon) avait été conçue pour dissimuler la réalité sociale et politique, dans la vie des partis, des seuls intérêts matériels et des seules ambitions personnelles. Il s’agit donc, par ce mot, de conférer au débat politique une noblesse qu’il n’a pas dans la réalité. Le respect de toutes les sensibilités en est un dérivé dans une société totalement déstabilisée, où les repères intellectuels et moraux n’existent pratiquement plus dans le monde officiel. Cette notion impose l’uniformité dans le non-sens, l’ineptie sous forme de générosité, la désespérance du vide par l’inflation énervante des mots creux. Le succès du procédé révèle toute la vanité spirituelle de la démocratie moderne.

 

 

Michel de Preux

 

 

Une bande de brigands…

 

Le 11 novembre 2006, sur Arte, Robert Badinter, ancien ministre de la justice français, ci-devant avocat, prétendait à tort – il a d’ailleurs admis s’être trompé de bonne foi – avoir fait condamner le professeur Faurisson, révisionniste mondialement connu, comme faussaire de l’histoire à l’occasion d’un jugement rendu le 8 juillet 1981. Le professeur ayant porté plainte pour diffamation, il y a eu procès devant la XVIIe chambre du tribunal de grande instance de Paris. Je n’ai pas assisté à la première partie du procès. Je n’en parlerai donc pas. En revanche, j’ai assisté à l’audience du 2 avril consacrée aux plaidoiries.

 

         Les lignes qui suivent ne se veulent pas un compte rendu d’audience. Il s’agit d’un billet d’humeur, de mauvaise humeur, de très mauvaise humeur.

 

         Après la plaidoirie de Maître Delcroix, avocat du professeur, juriste épris – on a presque envie de dire hélas ! – de correction et de déontologie, l’auditoire s’est vu offrir le spectacle d’une espèce de course de relais au cours de laquelle trois avocats et un procureur, communiant dans une même hargne à l’égard du plaignant, se sont passé le témoin, jouant à qui serait le plus menteur et le plus injurieux, sous le regard impassible du président du tribunal et de ses deux assesseurs féminins, sous l’objectif indulgent d’une caméra qui s’arrêtait à tous les cafouillages. But de l’opération : blanchir Robert Badinter en prouvant que Robert Faurisson est effectivement un faussaire

 

         Avant de vous décrire plus en détail ce que j’ai vu et entendu, je tiens à préciser deux points :

 

         1.       L’avocat d’Arte, les deux avocats de Robert Badinter et le procureur ayant ostensiblement refusé à Robert Faurisson son titre de «Professeur», j’estime qu’ils n’ont pas droit à celui de «Maître».

 

         2.       Je me conformerai à la tradition journalistique qui veut qu’on ne livre nommément à la vindicte populaire que les honnêtes gens et qu’on cache les fripouilles derrière leurs initiales.

 

         Or donc, voici ce que j’ai vu et entendu.

 

         J’ai vu et entendu le sieur R. tripatouiller le texte d’un jugement pour lui faire dire autre chose que ce qu’on y peut lire.

 

         J’ai vu et entendu le sieur J. s’égarer sur des chemins qui n’avaient rien à voir avec la cause et tout à voir avec la déportation des juifs. Je l’ai vu et entendu brandir le témoignage délirant d’un énième presque unique survivant des commandos spéciaux. Je l’ai vu et entendu ressortir cette vieille ficelle qu’est le célèbre «langage codé» inventé après la guerre par des historiens en mal de documents probants. Et là, il y eut un moment pittoresque : au lieu d’utiliser la traduction française du fameux code, le sieur J. se servit, à titre d’exemple, d’un mot allemand qu’il prononça… à l’anglaise. «Sonderbihendlung !»1, psalmodiait-il des larmes de crocodile dans la voix, «Sonderbihendlung !». Il se voulait sublime et ne fut que ridicule. Je l’ai vu et entendu aussi déclarer, le visage rose et reposé, que Robert Faurisson lui faisait perdre le sommeil. Bref, le personnage se donna en spectacle pendant plus de deux heures pour son plus vif plaisir et le plus grand ennui de l’auditoire – principalement composé de révisionnistes imperméables aux envolées de l’histrion –, tribunal compris. Au moins, on ne pourra pas lui reprocher de n’avoir pas étalé son incompétence.

        

J’ai vu et entendu le sieur L. citer derechef le témoignage délirant du énième presque unique survivant des commandos spéciaux, comme s’il n’y avait pas moyen d’en trouver d’autres tout aussi édifiants ! Son rôle à lui était d’exiger du président qu’il rende officiel le fait que le professeur Faurisson serait un faussaire. Il s’en acquitta avec une diligence digne d’une meilleure cause.

 

         Vint enfin le sieur C., procureur, dont les réquisitions, dans une procédure civile comme celle qui nous occupe, ne sont qu’un avis libre et subsidiaire2. Il aurait pu calmer le jeu, se placer au-dessus de la mêlée. Point du tout. Il tripatouilla lui aussi avec cynisme.

 

         En résumé, j’ai vu et entendu quatre faussaires, quatre menteurs, quatre trompeurs projeter sur un adversaire placé dans l’impossibilité de leur répondre leur propre turpitude, incapables qu’ils sont de concevoir qu’un homme puisse être honnête et courageux. Même l’accusation d’antisémitisme obsessionnel qu’ils portèrent contre le professeur Faurisson reflétait leur lèche-bottisme obsessionnel à l’égard de la communauté juive.

 

         Pourtant, rien ne saurait être plus injurieux pour les juifs que le philosémitisme convenu, théâtral et servile de ces quatre voyous3.

 

 

Mariette Paschoud

 

 

1 Pour «Sonderbehandlung» = traitement spécial.

2 Merci à Maître Delcroix de m’avoir fourni ce renseignement.

3 On saura le 21 mai, date du jugement, si la bande s’enrichit de trois unités.

 

 

La cigale et la fourmi1

 

1.      Version anglaise

 

La fourmi travaille dur tout l’été dans la canicule.

Elle construit sa maison et prépare ses provisions pour l’hiver.

La cigale pense que la fourmi est stupide, elle rit, danse et joue tout l’été.

Une fois l’hiver venu, la fourmi est au chaud et bien nourrie.

La cigale grelottante de froid n’a ni nourriture ni abri et meurt de froid.

 

FIN

 

2.      Version française

 

La fourmi travaille dur tout l’été dans la canicule.

Elle construit sa maison et prépare ses provisions pour l’hiver.

La cigale pense que la fourmi est stupide, elle rit, danse et joue tout l’été.

Une fois l’hiver venu, la fourmi est au chaud et bien nourrie.

 

La cigale grelottante de froid organise une conférence de presse et demande pourquoi la fourmi a le droit d’être au chaud et bien nourrie, tandis que les autres, moins chanceux comme elle, ont froid et faim.

La télévision organise des émissions en direct qui montrent la cigale grelottante de froid et qui passent des extraits vidéo de la fourmi bien au chaud dans sa maison confortable avec une table pleine de provisions.

Les Français sont frappés par le fait que, dans un pays si riche, on laisse souffrir cette pauvre cigale, tandis que d’autres vivent dans l’abondance.

Les associations contre la pauvreté manifestent devant la maison de la fourmi.

Les journalistes organisent des interviews demandant pourquoi la fourmi est devenue riche sur le dos de la cigale et interpellent le gouvernement pour augmenter les impôts de la fourmi, afin qu’elle paie «sa juste part».

En réponse aux sondages, le gouvernement rédige une loi sur l’égalité économique et une loi (rétroactive à l’été) d’anti-discrimination.

Les impôts de la fourmi sont augmentés et la fourmi reçoit aussi une amende pour ne pas avoir embauché la cigale comme aide.

La maison de la fourmi est préemptée par les autorités car la fourmi n’a pas assez d’argent pour payer son amende et ses impôts.

La fourmi quitte la France pour s’installer avec succès en Suisse.

La télévision fait un reportage sur la cigale maintenant engraissée. Elle est en train de finir les dernières provisions de la fourmi bien que le printemps soit encore loin.

L’ancienne maison de la fourmi, devenue logement social pour la cigale, se détériore car cette dernière n’a rien fait pour l’entretenir.

Des reproches sont faits au gouvernement pour le manque de moyens.

Une commission d’enquête est mise en place, ce qui coûtera 10 millions d’euros.

La cigale meurt d’une surdose.

Libération et L’Humanité commentent l’échec du gouvernement à redresser sérieusement le problème des inégalités sociales.

 

FIN

 

1 Envoi d’un de nos amis qui l’a trouvé sur Internet. Nous nous sommes permis de corriger les fautes les plus grossières.  Réd.