Sommaire :
Au procès de M. Dogu Perinçek,
le procureur du canton de Vaud et le juge du Tribunal de police ont mis –
inconsciemment peut-être – le doigt dans un nid de guèpes…
Max suit de près la
campagne pour l’élection présidentielle française.
Où il est question de
certification ISO, d’armée, de shootoir, de Mme Monica Bonfanti et de M.
Israël Singer, d’ouvrages pédagogiques menteurs, de plusieurs dictateurs,
de congé paternité et d’autres dépenses inutiles.
Triomphe de l’hypocrisie par le langage !
Michel de Preux dénonce les
modes langagières qui permet à la gauche de faire passer un mensonge éhonté
pour une vérité attestée.
Claude Paschoud expose
pourquoi la culture ne peut être financée par l’Etat mais seulement par
le mécénat.
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Le vendredi 9 mars 2007, le procureur général du canton
de Vaud Eric Cottier et le juge Pierre-Henri Winzap ont commis une mauvaise
action : sur réquisition du premier, le second a prononcé, au nom du
261bis, orgueil de notre pays démocratique, une condamnation non seulement
inique, ce qui est dans l’ordre des choses, mais surtout opportuniste.
Dogu Perinçek, chef d’un parti de gauche marginal turc appelé, selon les
sources journalistiques, Parti des travailleurs turcs ou Parti travailliste turc
– à noter qu’entré au prétoire sous cette étiquette somme toute
respectable, il en est ressorti qualifié d’«ultranationaliste
turc» : il fallait bien que la presse justifiât son inertie face au jugement rendu – a écopé de nonante
jours-amende (100 francs par jour) avec sursis et de 3000 francs
d’amende, sans compter
10 000
francs de dépens et 5800 francs de frais de justice, pour avoir nié à Lausanne
en 2005 que le massacre des Arméniens de 1915 ait été un génocide.
En quoi ce
jugement est-il critiquable? Des «négationnistes» ne sont-ils pas constamment
jugés et punis par des tribunaux au-dessus de tout soupçon? Les révisionnistes
Ernst Zündel et Germar Rudolf, qui n’ont jamais volé ni tué personne, ne
viennent-ils pas d’être condamnés, en Allemagne, à de lourdes peines sans
sursis sous les applaudissements du monde bien-pensant qui porte aux nues les
courageux magistrats épurateurs? Messieurs Cottier et Winzap ne sont-ils pas là
pour faire respecter la loi si sévère soit-elle? N’ont-ils pas fait que
leur devoir?
Messieurs
Cottier et Winzap ont commis une mauvaise action – on veut espérer
qu’ils ont agi davantage par bêtise ou par peur que par malignité
–, parce que, au lieu de servir la justice, ils se sont prêtés à une
combine honteuse.
On vous
explique :
Acceptée
par le peuple suisse le 25 septembre 1994, la loi bâillon, plus connue sous le
nom d’article 261bis du code pénal ou de loi antiraciste, a pour but
inavoué de protéger de la contestation un génocide bien précis, protection
réclamée par un groupe de pression bien précis. Or la diaspora arménienne réclame
très vite pour la mémoire de ses morts la même protection.
Que
faire ? Mettre sur le même pied le génocide arménien et l’autre,
c’est dénier au second son unicité, ce qui risque de fâcher des gens
puissants. Ne pas mettre ces deux génocides sur le même pied, c’est
reconnaître que la loi bâillon est une loi ad hoc, donc partiale et totalitaire.
Notre pays
n’est alors pas seul à affronter
cette situation délicate. Elle prévaut dans tous les Etats qui se sont dotés de
normes antirévisionnistes et constitue un problème d’autant plus épineux
que le désastre arménien ne figure pas dans la liste des génocides reconnus par
une Cour internationale. Il faut donc trouver une solution qui permettra à la
fois de préserver le génocide et de
donner l’impression que la justice porte le même regard sur tous les
génocides.
Commence
donc la valse des reconnaissances du génocide arménien par toutes sortes
d’assemblées plus incompétentes les unes que les autres. La
responsabilité de fixer la vérité historique quitte – très provisoirement
– les tribunaux pour s’installer dans les parlements –
Assemblée nationale française, Conseil national suisse, entre autres.
Il suffit
ensuite d’attendre qu’un «négationniste» s’en prenne
publiquement au génocide arménien, ce qui se produit à Lausanne en 2005.
A
l’occasion du huitante-deuxième anniversaire du Traité de Lausanne qui,
en 1923, avait réglé le sort de ce qui restait de l’Empire ottoman sans
rendre justice aux Arméniens pour les morts de 1915, Dogu Perinçek,
nationaliste turc de gauche qui s’est déjà distingué peu auparavant en
Suisse allemande, déclare publiquement, dans notre bonne ville, que le génocide
arménien est un «mensonge
capitaliste». Cette affirmation déclenche
l’indignation d’un tas de «démocrates», arméniens ou non, et lui vaut une plainte pénale pour violation de
l’article 261bis, plainte suivie le 9 mars 2007 de sa condamnation.
L’iconoclaste
fait un coupable idéal : comme il n’habite pas
Le fait
que le procès de Dogu Perinçek fut une parodie est attesté par les commentaires
du juge Winzap relayés par un communiqué ats1 du vendredi 9 mars 2007.
En résumé,
et pour autant que le communiqué reflète la vérité – mais il y a des
choses qui ne s’inventent pas :
L’accusé
est «un
provocateur arrogant» qui savait
qu’il violait la loi suisse. Sa démarche «s’apparente à l’évidence2 à des
motifs racistes et nationalistes». Le
génocide arménien est «un fait historique avéré selon l’opinion
publique suisse».
Il faut le
constater, le juge procède par affirmations, on pourrait presque dire par
incantations.
Sommes-nous
retombés dans le cauchemar des procès de Nuremberg, de Moscou ou de Prague?
Qu’est
donc cette évidence qui dispense le procureur et le juge de prouver le
bien-fondé de leurs accusations?
Depuis
quand l’opinion publique suisse – à savoir la (de moins en moins)
grosse presse, ainsi qu’un certain nombre d’intellectuels et de
parlementaires suisses – est-elle compétente et infaillible en matière
d’histoire?
On tombe
encore plus bas que les juges allemands qui ont refusé de prendre en compte les
preuves avancées par Rudolf et Zündel, au motif que les faits sont de notoriété
publique !
C’est
précisément parce qu’il repoussent encore les limites du pire que le juge
Winzap et son compère Cottier se démasquent comme exécuteurs – peut-être
involontaires – d’une opération
visant à faire croire que
Hélas,
Dogu Perinçek, qui est certainement un provocateur, arrogant par définition,
n’est pas dupe et refuse le rôle de marionnette qui lui est tacitement
assigné. Au lieu de rester tranquillement chez lui, il vient assister à son procès.
Il annonce son intention d’utiliser toutes les voies de recours que lui
offre le droit suisse. Il ne cache pas
sa volonté de s’adresser, si nécessaire, à
Pour qui
roule donc ce Turc repenti du maoïsme?
A cette question, nous n’avons, pour
l’instant, pas de réponse. Mais il serait piquant que notre loi
antiraciste, ses effets pervers enfin avérés, soit abrogée grâce à
l’opiniâtreté d’un «ultranationaliste» gauchiste étranger.
Le Pamphlet
1
Trouvé sur le site Le Temps.ch.
2 Souligné
par nous.
Chronique des présidentielles
françaises :
Une bonne nouvelle trop tard venue
12.3.2007 : au grand soulagement
de la plupart de ses compatriotes, Monsieur Chirac – grand connaisseur de
sumo et d’arts premiers, repris de justesse du précédent second tour
présidentiel avec un score de dictateur irakien – annonce qu’il ne
briguera pas un troisième mandat1,
prouvant par là, en dépit des mauvaises langues, qu’il est
capable, après tout, de faire quelque chose pour
Le petit joueur
de flûtiau (de
Monsieur Sarközy (de
Nagy-Bocsa, Hongrie), selon les termes mêmes de la une du Canard enchaîné du 14.3.07, prônerait le «national
sarkozysme». Manière pour l’hebdomadaire d’insinuer que le
président de l’UMP et toujours cumulard ministre d’Etat à
l’Intérieur – ministère auquel incombe la responsabilité du bon déroulement
des élections (!) – a choisi de ratisser dans la réserve électorale de M.
Jean-Marie Le Pen, ce qui est une demi-vérité. Les crédules qui le feraient
élire sur cette hypothèse pourront se rendre compte de son allégeance à
l’«Etatsunisraël» en confirmation de sa profonde admiration pour les
théories de M. George Bush jr (chef de bande US). Ils se verront aussi imposer
cette fameuse constitution européenne – à peine remaquillée –,
cette fois par la «voie sûre» de la consultation parlementaire qui a donné tant
de bons résultats aux «europhiles» dans la totalité des pays ainsi consultés.
Le petit prétendant au trône de l’Elysée n’a fait aucun secret de
ces deux points, pas plus que de son souhait de bienvenue à
La ballerine
plombée
Madame Ségolène Royal avait
le vent en poupe et talonnait assez bien le matamore de l’UMP... Voilà
sans doute pourquoi les «stratèges» du Parti socialiste, dont on peut se
demander s’ils ne contestent pas à la droite en place le titre de «plus
bête du monde», ont choisi de l’affubler de chaussons de danse taillés
dans des pieds d’éléphant en lui imposant ses rivaux d’hier, MM.
Fabius, Strauss-Kahn et consorts, ainsi que le politiquement défunt Jospin en
héros d’une nouvelle version de l’«Eternel retour». Les crédules
qui la feraient élire, lestée de son équipe imposée, pourront – sur
l’air de «Madame Royal avait promis»2 – se rendre compte
que le lard du PS est toujours aussi mauvais.
François (Bayrou), Philippe (de Villiers) et
quelques autres…
«Troisième homme» apprêté
par les médias à la sauce «sondages» pour l’un, souverainiste de
représentation pour l’autre, ce ne sont que les principaux appeaux mis en
place par la clique politique assise pour détourner les voix favorables à M.
Jean-Marie Le Pen et l’empêcher d’arriver second au premier tour.
Bien répartir ses chances (ou l’art de limiter
ses risques)
A bien observer la
composition des équipes Sarközy, Royal ou Bayrou, Max se remémore un épisode
africain : s’étant étonné auprès de quelques clients israéliens
– une équipe de trentenaires plutôt du genre sportif , taillés pour
porter plus facilement la saharienne ou le treillis de combat que le
complet-veston – qu’ils soutinssent avec la même assiduité le
gouvernement sud-africain légitime d’alors et les terroristes de
l’ANC, il s’entendit répondre : «Comme ça, nous sommes sûrs de
ne pas nous tromper de cheval»...
Existe-t-il des
sondages honnêtes ?
Peut être un... En effet,
un organisme de sondage annonce, au grand dam de la classe politique en place,
que 61% des Français ne se fient ni à la droite, ni à la gauche. Moyennant
quoi, les deux principaux concurrents de la «drauche» habituelle ont le séant
qui chauffe...
Le Moloch ploutocratique
s’enhardit (un pas de plus vers le verrouillage ultime)
Et, le moment venu, votre banquier n’aura
qu’à composer votre numéro pour vous faire part «en ligne» que votre
compte est bloqué... à tort, à raison ou sur ordre. Car l’argent virtuel
a ceci de pratique, pour les démocraties totalitaires, que la plupart des naïfs
découvrent à peine qu’il suffira de fermer le robinet d’un coup de
clavier pour asphyxier financièrement les citoyens coupables de ne pas penser
ou de ne pas s’exprimer «en ligne» avec leurs «valeurs universelles»4…
Max
l’Impertinent
1. Mieux vaut être, après tout, un président
sortant qu’un président sorti.
2. Car en France, tout finit par des
chansons…
3. L’argent réel... celui que vous avez
en poche ou dans la main; pas le «plastique» magique qui émerveille tant les
enfants parce qu’il suffit de glisser la petite carte dans une fente pour
recevoir de vrais billets.
4. Qu’ils
disent…
Certification
ISO
L’organisation
internationale de normalisation (ISO) a édicté des normes de contrôle de la
qualité du management (optimisation des processus de production des biens ou
des services) et permet à ceux qui le désirent d’obtenir la certification ISO
9000 visant à garantir que le management efficient et efficace des
processus prouvera que tout a été fait pour assurer que le produit satisfait
aux exigences de qualité du client. L'objectif est de donner confiance à la
direction et aux clients dans le fait que l'organisme maîtrise ses méthodes de travail.
Dans le canton de Vaud, le
seul notaire – sur une centaine – qui ait tenu à obtenir la
certification ISO 9000 est aussi le seul, de mémoire humaine, à avoir été
suspendu pour six mois suite à la désorganisation complète de son Etude. (cp)
Armée
Le Canard enchaîné (du 14
mars, page 5) en a fait des gorges chaudes : un char suisse Léopard de 60
tonnes, percuté par un tracteur, a perdu une de ses chenilles et basculé dans
le fossé.
Finalement, mieux vaut
peut-être utiliser l’armée actuelle à jouer les utilités pour
l’Euro 2008 plutôt qu’espérer la voir défendre le territoire !
(cp)
Shootoir
M. Patrick de Preux,
candidat libéral (malheureux) à la députation au Grand Conseil vaudois, a eu
l’idée de commander une affiche «Bienvenue
à Lausanne, DOPE CITY : son lac, sa cathédrale et bientôt son shootoir».
Estimant bénéficier
d’un droit monopolistique sur l’image de la cathédrale, une
ridicule petite association de rockers crie au plagiat. Et l’association
pour la défense des intérêts de la ville estime que les affiches salissent
l’image de Lausanne.
Les rockers se sont fait
moucher. Quant à l’image de la ville, c’est le projet de shootoir
qui la salit, et pas l’affiche ! (cp)
Les donneurs de
leçons
La mise à la porte de M.
Mario Chevalier, chef de la police judiciaire de Genève, provoque des remous au
bout du lac.
D’abord, parce que
les syndicats de policiers, à Genève, sont puissants et corporatistes. Et parce
qu’ils ont le sentiment que les politiciens, sous la pression des
journaux, ont sacrifié un bon flic pour des broutilles.
On découvre maintenant que
M. Chevalier n’était pas un «bon
chef». Mais Mme Bonfanti n’est
pas non plus un bon chef. Il ne suffit pas de maîtriser cinq langues et
d’être docteur en sciences forensiques pour savoir conduire des hommes,
alors qu’on n’a jamais rien dirigé. Elle n’a jamais fait
partie de la police judiciaire ni de la gendarmerie. La promotion de Mme
Bonfanti à la place qu’elle occupe était, à l’évidence, une erreur
de casting. Le syndicaliste Devegney a supposé qu’elle devait cette
promotion à ses charmes. Je soupçonne M. Laurent Moutinot d’avoir été
plus ébloui par ses titres universitaires que par ses jambes. C’est un
peu la mode de croire que les masters et les doctorats créent la compétence.
Le Matin est sans pitié pour les
syndicalistes qui ont pris la défense de M. Chavalier, tels M. Marc Gygli,
qualifié de syndicaliste égaré.
L’éditorial de M. Michel Danthe, le 18 mars, est sans concession :
«Les policiers et les inspecteurs sont des hommes et des femmes comme
les autres, certes. Mais un corps de police incarne aussi l'un des rouages
essentiels du fonctionnement de la communauté: il veille au respect des lois
que celle-ci s'est données. S'accoutumer à voir ce corps bafouer ces lois et se
comporter de manière indigne est donc intolérable. Un point, c'est tout.».
Quand des journalistes, qui
se croient aussi un des rouages
essentiels du fonctionnement de la communauté, se font épingler par le Conseil suisse de la
presse pour faute professionnelle, ils ne sont jamais mis à la porte et les
confrères n’en pipent mot. Dans cette profession, le corporatisme
n’est pas intolérable, il est sacré.
Circulez, il n’y a
rien à voir. Et comme dit Le Matin : «Un point c’est tout.» (cp)
Israël Singer
Israël Singer ne fait plus
partie du Congrès juif mondial, a annoncé l'organisation vendredi 16 mars, sans
donner d'explication.
On chuchote que M. Singer
se serait enrichi personnellement dans l’opération de racket qui avait
coûté 1,25 milliard aux banques suisses.
L’ex-secrétaire
général du Congrès juif mondial s’était attaqué à M. Kurt Waldheim, avait
occupé un rôle essentiel dans le
chantage des banques helvétiques et avait qualifié, en 2005, de crime
la politique suisse de neutralité durant la 2e guerre mondiale.
Le renvoi d’un escroc
ne blanchit pas le CJM. (cp)
Menteries
En 2005, les Editions Loisirs et pédagogie SA1
ont publié un opuscule intitulé Institutions
politiques suisses, dû à la plume d’un Monsieur Vincent Golay et
illustré par Mix et Remix. Cette brochure se veut un aide-mémoire ludique
permettant au citoyen présent ou futur de s’y retrouver dans les méandres
de l’organisation politique de notre pays. Ledit aide-mémoire se lit
aisément et il faut reconnaître qu’il est bien conçu, que les
illustrations sont le plus souvent amusantes. Hélas ! Il semble que
l’auteur ait décidé de mentir à ses lecteurs pour cause
d’anti-fédéralisme viscéral.
Qu’on en juge :
Page 8 : «[
Page 9 : «En Suisse, les cantons étaient à
l’origine, tous également souverains. Ils ont choisi en 1848 de renoncer
à leur souveraineté au profit de
Page 11, toujours à propos
de la première constitution fédérale : «Un
Etat central est fondé, mais les cantons conservent une souveraineté limitée
(…)»
Même page, mais à propos de
la constitution de 1874 : «(…)
Les cantons perdent leur souveraineté.»
Page 45 :
Je sais que c’est
dans cette direction que souffle le vent, mais prétendre que la chose est
acquise depuis environ un siècle et demi relève de la propagande
centralisatrice la plus malhonnête.
Les Editions Loisirs et Pédagogie SA étant spécialisées dans les
ouvrages scolaires et parascolaires, il est recommandé de tenir leurs
publications hors de portée des enfants. (mp)
Obsession
Le fait que Benito
Mussolini est toujours docteur honoris causa de l’Université de Lausanne
constitue évidemment un pur scandale, quand on sait que l’Université de
Saint-Jacques de Compostelle a si sagement retiré ce titre au général Franco. Pourtant,
le recteur de notre université, Dominique Arlettaz, a fait preuve d’une
insupportable indépendance d’esprit en déclarant qu’«(…) on ne connaît pas les
circonstances de cette attribution» et que «Nous ne pensons pas retirer ce doctorat, il y a d’autres
priorités».3
Heureusement, le professeur
Sébastien Guex, professeur d’histoire et spécialiste de la deuxième guerre mondiale – encore
un ! – sauve l’honneur en affirmant que ce refus «est une grave erreur tant morale que
psychologique» et que «le recteur
devrait faire ce geste symbolique, surtout à une époque où on assiste à une
recrudescence des mouvements d'extrême droite».
A l’instar de son
illustre collègue, notre grand ami le professeur Hans-Ulrich Jost, le
professeur Guex voit des extrémistes de droite partout et brandit le mythe de
la recrudescence comme Jeanne d’Arc l’étendard du roi de France.
Refuser
l’embrigadement dans la cohorte des conformistes de gauche est tout à
l’honneur du recteur de l’Université de Lausanne. (mp)
Acharnement
Le général Pinochet ayant
eu l’invraisemblable culot de mourir avant de passer devant la
justice, les amateurs de procès
politiques, intentés de préférence à des gens ayant déjà un pied dans la tombe,
sont gravement frustrés.
Fort heureusement, le
parquet de Paris a requis le jugement en Cour d’assises de dix-sept
militaires proches du défunt général. Ces gens sont soupçonnés d’avoir
participé à la disparition de quatre Français entre 1973 et 1975.
Comme ils ne se
présenteront pas spontanément – vous savez : le grand âge, les
fatigues du voyage, les rigueurs du climat – et que
Mais ce n’est pas
important. Ce qui compte, c’est que ce procès, qui devrait se tenir en
2008, «sera le premier et peut-être
l’unique procès au monde de la dictature chilienne», selon les
avocats des familles des disparus4. Un signal fort, en quelque
sorte !
Quelqu’un peut-il me
dire si le régime de Fidel Castro n’a pas fait quelques victimes
françaises ? Informée, la justice hexagonale s’empresserait
certainement d’intenter un procès d’assises à cet aimable
barbu ! (mp)
Punition
Autre épisode de la chasse
aux mauvais dictateurs : une politicienne de Basse-Saxe a proposé, selon Le
Matin Bleu du 12 mars, que la nationalité allemande soit retirée à
Adolf Hitler qui l’avait obtenue en 1932.
J’en ai assez des
demi-mesures et j’ai une meilleure idée : au lieu de retirer à tous
ces méchants leurs titres de docteurs ou leur nationalité, on ferait mieux de
supprimer carrément leurs actes de naissance. De la sorte, ils
n’existeraient tout simplement plus, ce qui présenterait au moins deux
avantages : d’une part, on ne parlerait plus d’eux; d’autre
part, on pourrait se pencher sur leurs œuvres sans risques,
puisqu’elles relèveraient de la science-fiction. (mp)
Vivent les
vacances !
Sous un titre qui fera date
dans l’histoire de l’humour occidental, 20minutes du 9 mars nous
apprend cette chose admirable : «La
journée de la femme accouche du congé paternité».
De quoi
s’agit-il ?
A l’occasion de la
journée de la femme, le Conseil national a accepté par septant-huit voix contre
septante-quatre le congé paternité réclamé par le député vaudois évidemment
socialiste Roger Nordmann, jeune père de deux enfants. En dépit de la faible
avance du oui sur le non, il s’agit bien entendu
d’une «victoire historique» !
Mais que feront donc les
pères de ces «(…) quelques semaines
à répartir selon un accord entre le jeune père – quid des pères
d’âge moyen ou mûr ? – et
son entreprise, et financée – encore des frais ! – par une assurance de même type que
l’assurance maternité (…)» ?
Comme les partisans de
l’assurance paternité sont les mêmes que ceux qui réclament pour les
femmes le droit de travailler et exigent une augmentation du nombre des places
en crèches, on peut supposer que le congé servira aux pères à conduire leurs
enfants à la crèche et à les y reprendre, occasions idéales pour resserrer les
contacts. Car c’est le but de l’exercice et Roger Nordman le
confirme : «Les pères de ma
génération souhaitent être plus présents. Ils en sont réduits à mordre sur
leurs vacances».
Après cela, il n’y a
plus rien à dire : le congé paternité permettra aux pères de conduire les
enfants à la crèche pendant que leur mère bosse, afin de pouvoir partir en
vacances sans eux. (mp)
Gaspillage
C’était à
prévoir : à peine les finances du canton sont-elles plus ou moins
rétablies qu’on se dépêche d’envisager des dépenses inutiles.
Le musée des beaux-arts de Bellerive ressort des tiroirs.
Madame Anne-Catherine Lyon s’en réjouit dans un langage
incompréhensible : «A présent, ce
projet entre dans le champ citoyen», s’extasie-t-elle5.
Outre que ce projet, qui
coûtera au contribuable un minimum de 33 millions, est très controversé et
devrait donc faire l’objet d’une consultation étendue, je ne vois
pas pourquoi il devrait entrer dans un champ citoyen plutôt que dans un champ
de patates ou dans un champ de ruines ! (mp)
1
En Budron B4A, 1052 Le Mont-sur-Lausanne.
2
Souligné dans le texte original.
3 Le
Matin Bleu, mercredi 24 janvier 2007, p.3.
4
Communiqué AFP, 30 janvier 2007.
5 Le
Matin Bleu, 16
février 2007, p.2.
Triomphe de l’hypocrisie par le
langage !
«Je
ne suis pas un dictateur ; j’ai seulement simplifié la démocratie.»
Adolf Hitler
Rien n’est plus
nuisible à la propagation du mal que la lumière projetée sur ses conséquences
naturelles, ses fruits. Aussi distingue-t-on d’emblée la vérité de
l’erreur à leurs effets respectifs. La vérité a le droit de tolérer
l’erreur. Mais quand c’est le contraire qui s’impose
frauduleusement, quand c’est l’erreur qui s’arroge le droit
de tolérer la vérité, ce n’est jamais de sa part une concession à la
justice mais bien le comble de l’injustice, car, par cette prétention
même, l’erreur se pose en vérité et confère au mensonge un prestige
absolument indu.
La société moderne est à ce
point pénétrée de mauvaise foi et de sectarisme qu’elle a besoin de se
prévaloir sans cesse des vertus contraires à ses propres vices. Parmi ces
vertus, la tolérance figure en première place, qui sert à dissimuler son
intolérance viscérale ! A cette fin, elle subvertit le sens des mots,
impose ce que l’on pourrait nommer un anti-langage, destiné à agir sur
les cerveaux pour les manipuler.
Exemples :
Dérive
droitière ou monarchique :
Il n’y a jamais de
dérive gauchiste, ni de dérive démocratique. Ce qui dérive est et se doit
d’être nécessairement réactionnaire, orienté vers la tradition
ancestrale. Les monarchies de gauche, toutes dictatoriales, marxistes notamment
(ces dernières s’offrent même le luxe d’être héréditaires !),
ne sont jamais des dérives, car la gauche ne dérive pas, puisqu’elle est
censée aller toujours dans le sens de l’histoire. Elle se fait seulement
piéger par la droite en subissant des dérives strictement personnelles,
d’où les fameux procès de Moscou, notamment. Ainsi, également, le
communisme n’est pas discrédité mais trahi par le «stalinisme»…
Contre Lénine, on recourt à Trotski, qui ne vaut guère mieux. La gauche, qui
est une mystification intellectuelle, se dégage de toute responsabilité sans
jamais se départir de sa position de juge infaillible de la droite, et,
naturellement, des dérives de celle-ci ! En outre, associer le mot dérive à celui de monarchie situe définitivement ce régime dans la caducité, voire
même l’enfer de l’histoire. On ne saurait se montrer plus sectaire,
moins honnête, plus fermé à la vraie connaissance historique et à la valeur des
institutions politiques traditionnelles. La gauche vit du mensonge et celui-ci
lui est consubstantiel.
Culte de la personnalité
C’est ce qui, à
gauche, tient lieu de dérive. Mais le mot dérive
a néanmoins disparu, afin de sauver le mythe de l’infaillibilité idéologique.
Remplacer le mot dérive par le mot culte comporte en outre un avantage
certain sur le plan idéologique, car il confirme un autre interdit :
valoriser la religion et en accepter l’autorité sur la chose publique. Le
culte de la personnalité est donc une dérive qui n’atteint pas la
légitimité idéologique de la gauche, parce qu’il témoignerait au
contraire de survivances morbides, dans les esprits «réactionnaires», de
nostalgies d’anciens régimes, monarchiques, notamment. Constitutif des
courants fascistes, où il représente du reste une dégénérescence de
l’autorité publique dans une société massifiée, il imprègne aussi le
marxisme, aujourd’hui encore. Mais comme les courants fascistes occupent
dans l’histoire le camp des vaincus, ce culte, selon la gauche, les
définit dans l’absolu, alors qu’il n’entame pas le prestige
du socialisme, aussi dictatorial soit-il. Notons enfin que ce grief, adressé à
des régimes de gauche, reste éminemment sélectif, puisqu’on ne
l’applique jamais au régime cubain… La gauche préserve ainsi
d’autres perspectives dictatoriales par le maintien dans les marges
mondiales d’une mythologie romantique, «l’illusions lyrique» de la révolution, pour reprendre le mot
d’André Malraux.
Michel de
Preux
(à suivre)
Il n’en faudrait pas
beaucoup plus pour qu’en entendant parler de culture, je sorte mon pistolet.
A Lausanne, après une année
d’exploitation, les pertes de la salle des musiques actuelles Les Docks s’élèvent à plus de
523’000 francs – d’autres sources ont fait état d’un
million –, qui seront bien entendu assumés par l’humble
contribuable, lequel devra en outre se fendre d’un montant de 53'000
francs au titre d’indemnité de départ pour le directeur responsable de ce
gâchis, qu’on a fini par mettre à la porte.
L’audit a révélé «une gestion des plus lacunaires : comptes
liés aux salaires non actualisés et de ce fait aucune charge salariale
comptabilisée, postes sans cahier des charges, pièces justificatives manquantes
et pas de vue d´ensemble sur les frais engagés par la fondation.»
La directrrice de la
culture lausannoise, la socialiste Silvia Zamora, fait mine de découvrir la
situation et de s’en offusquer.
Mais, durant toute
l’année 2006, elle n’a pas eu le temps de se pencher sur la gestion
des Docks, trop occupée qu’elle
était à faire fermer des succursales de
On a appris à cette
occasion que le Théâtre de Vidy
bénéficiait d’une subvention annuelle de 6 millions.
A Genève, c’est
Patrice Mugny, magistrat en charge de la culture, qui prend la décision de
suspendre la subvention de 900'000 francs allouée par
Le Courrier du 21 février écrit qu’«en l'espace de deux ans, le
festival a connu les départs successifs de deux directeurs, d'une
administratrice et de deux programmateurs. Gestion catastrophique, panne de
communication, manque de professionnalisme d'un comité accusé d'avoir lâché les
directeurs qu'il avait recrutés à l'extérieur: les doutes qui pèsent sur
Bref, la culture
contemporaine coûte cher et va mal. Il ne fait aucun doute que si le bon peuple
avait le pouvoir de voter sur les subventions accordées aux théâtres d’avant-garde,
au cinéma d’art et d’essai, à la chorégraphie contemporaine, il
bifferait toutes les subventions allouées à ces artistes, au profit, peut-être,
d’Alain Morisod ou des galas Karsenty. Quand on voit le niveau des
créations dites «contemporaines», on se dit que les vieux cinglés qui achètent
les CD de Ted Robert n’ont peut-être pas le goût si faux. Au moins
paient-ils cette production de leurs deniers, sans venir pomper dans nos poches
ni pour la produire ni pour l’entendre.
En démocratie, le problème
est insoluble. Si l’abonné du Théâtre
de Vidy devait payer son billet ce qu’il coûte – je n’ai
pas dit ce qu’il vaut –
il devrait débourser à chaque représentation au minimum 300 francs de plus. A l’évidence, il
n’irait pas.
Si la mise en scène est possible,
c’est parce que l’ouvrier de chez Sarer, la dactylo des gérances de
Rham et la femme de ménage portugaise versent, par leurs impôts, une
subvention permettant à l’étudiant en lettres de crier au génie et
d’applaudir, pour dix-huit francs, des comédiens grassement rétribués,
hurlant et gesticulant de façon grotesque au cours d’un spectacle
dénonçant le racisme et l’exclusion.
Pour subventionner de
telles inepties,
On s’enorgueillit
d’avoir accueilli M. Maurice Béjart et d’avoir mis des millions à
sa disposition, mais on ferme des bibliothèques publiques.
Pourquoi le problème est-il
insoluble ? Parce que le magistrat, en régime démocratique, utilise pour
chaque dépense l’argent du public et qu’il ne peut ni suivre le
goût du public, qui est généralement exécrable, ni le sien propre, ce qui
serait contraire à l’équité, voire même à l’égalité de traitement.
La culture doit nécessairement n’être
financée que par le mécénat. Le mécène n’a aucun compte à rendre à
quiconque de ses choix, qui sont parfaitement – et légitimement –
arbitraires. Il donne à qui bon lui semble. Il soutient de ses largesses un
peintre incompréhensible, une troupe de théâtre subversif, un compositeur
cacophonique ou un écrivain n’ayant qu’un seul lecteur, personne ne
pourra le lui reprocher.
Un ministère de la culture1,
un office fédéral du cinéma, un département des beaux-arts, toute officialité
se mêlant de culture finit nécessairement par sombrer dans le copinage ou le
ridicule, parfois l’un et l’autre.
Claude
Paschoud
[1]
On a
dit en novembre 2005 (Pamphlet n° 349) tout le mal
qu’il fallait penser de la culture
fédérale !