Sommaire :
La rédactrice en chef s’interroge sur les vertus, supposées et
réelles, de la démocratie
Claude Paschoud ne voit aucune raison de financer, de ses deniers de
contribuable lausannois, des locaux d’injection et d’inhalation
pour maintenir les drogués dans leur dépendance.
Max imagine une courte lettre posthume de M. Saddam Hussein à George W. Bush.
Retour de Téhéran, il rend un hommage chaleureux au président Ahmadinejad.
Pollux ne supporte plus les série françaises aux prétentions pédagogiques
et aux visions sociales proches de la caricature.
Michel de Preux se penche sur le droit à la sépulture ecclésiastique, en
cas d’euthanasie ou de suicide.
Gérald Berruex plaide pour le maintien des polices municipales de
proximité.
Xavier Savigny dévoile les motivations réelles des jeunes Verts zuricois,
lorsqu’ils plaident pour le droit de vote à 16 ans
C.P. est consterné par la légèreté avec laquelle l’Université de
Genève réagit aux scandales financiers qui ont éclaboussé le corps professoral.
Pas question d’accorder aux villes organisatrices de l’Euro
2008 un seul soldat, un seul véhicule de l’armée, ou l’ombre d’un
appui logistique !
Lu dans Le
Matin Bleu du vendredi 19
janvier : «Zurich. Une
citoyenne demande au Grand Conseil de rendre le vote obligatoire pour lutter
contre le déclin de la démocratie. Les abstentionnistes seraient frappés
d’une amende de 50 francs. Tout scrutin devrait être répété avec un taux
de participation inférieur à 52%.»
La démocratie décline. Les taux de participation sont
bas. C’est indubitable et pas seulement dans le canton de Zurich. Mais il
est tout de même paradoxal de proposer de remédier à la situation par une
mesure dictatoriale et punitive dont le seul mérite serait d’alimenter
les caisses cantonales.
En Suisse, un seul canton connaît le vote obligatoire.
C’est le canton de Schaffhouse. Mais comme le montant de l’amende
en cas d’abstentionnisme est de trois francs, on peut considérer que
l’obligation est symbolique.
En chauds partisans de la démocratie directe, nous
souhaiterions nous aussi que nos concitoyens s’intéressent davantage à la
chose publique. Combien de fois n’avons-nous pas pensé au soir
d’une votation que notre camp avait perdue : quel dommage que trop
de gens ne votent que lorsqu’ils
sont directement concernés !
Mais, dans un contexte où les libertés des individus
disparaissent les unes après les autres, nous refusons de leur voir contester
aussi le droit de ne pas voter si tel est leur bon plaisir.
D’ailleurs, si la démocratie décline,
c’est bien parce qu’elle ne tient pas ses promesses. Tout se passe
comme si la démocratie était seulement
le droit de voter, d’élire et d’être élu. Dans cette optique, la
plupart des pays du monde peuvent se prévaloir d’être démocratiques. Il
n’est bruit, chaque jour que Dieu fait, que des élections plus ou moins
régulières qui se sont tenues ici ou là, y compris au Zimbabwe, dont le moins
qu’on puisse dire est que son président Mugabe n’est pas un
champion des droits de l’homme. Mais cela ne fait rien : du moment
qu’on vote, la démocratie est sauve. C’est pour cela que les pays
riches et vertueux subordonnent leur aide aux pays déshérités à
l’établissement ou à la restauration de régimes démocratiques. Et tant
pis si, en vérité, les populations sont maltraitées, spoliées, voire
assassinées. Pensez donc ! Elles ont le droit de vote !
La démocratie, c’est censé garantir aussi des
libertés. L’ennui, c’est que tout le monde n’est pas
d’accord sur le contenu de ces libertés. Dans les pays occidentaux, on ne
le sait que trop, on peut tout dire, sauf ce qui risque de choquer les grandes
consciences. Or, les grandes consciences sont à ce point sensibles que tout les
choque. Le porte-parole de Madame Royal fait-il publiquement une innocente
plaisanterie ? Hop ! Suspendu ! Un pédopsychiatre tient-il des
propos non conformistes sur le viol ? Hop ! Menace de sanction !
Et ne parlons pas de
vous-savez-quoi !
En fait, nous profitons de le dire avant qu’un
loi ne nous l’interdise, la démocratie n’existe pas. En
l’absence de monarchies dignes de ce nom, il n’existe que des
dictatures à visages variés. Il y a des dictatures où le pouvoir est aux mains
d’une oligarchie, il y a des dictatures où le pouvoir est aux mains
d’un seul hommes, il y a des dictatures où le pouvoir est aux mains
d’une majorité. Le seul avantage de ces dernières, c’est que le
citoyen peut passer de la position de dictateur à celle d’opprimé et
vice-versa. Mais il est dictateur tout le temps s’il est suffisamment
asservi à la correction politique.
Propos pessimistes. Mais que dire d’autre dans
un monde où les régimes prétendument démocratiques sont majoritaires et qui
permet néanmoins que, au nom de la démocratie, on pende un dictateur barbu,
alors qu’on s’acharne à maintenir en vie un autre dictateur
barbu ? Un monde où de respectables chercheurs doivent à une théocratie
islamique la possibilité de s’exprimer, non pas librement – ils
seront punis à leur retour dans leurs pays démocratiques –, mais sans se
faire injurier à chaque phrase ? Un monde où l’on interdit
progressivement la cigarette, alors qu’on s’achemine vers la
dépénalisation de drogues autrement dangereuses ? Un monde où raconter une
blague raciste risque de vous attirer plus d’ennuis que voler vingt
francs à une vieille dame sans défense ? Un monde, enfin, où les
hypocrites, les menteurs et les profiteurs se parent des plumes de la
démocratie et de ses «valeurs» immortelles ?
Soyons honnêtes : les Suisses sont moins à
plaindre que les autres, en matière de «démocratie». Mais, de grâce, que nos
démocrates cessent de considérer cette dernière comme une déesse à qui il
convient de tout sacrifier, y compris le droit du citoyen de ne pas participer
à la vie politique du pays.
Le Pamphlet
«Créer un espace de consommation de stupéfiants
(ECstup), d'injection et d'inhalation (un mode de consommation de plus en plus
fréquent en Suisse). Une première estimation évalue entre 82 et 135 le nombre
de passages par jour - remise de matériel et consommation comprises. Sur le
même modèle qu'à Genève, il comprendra une salle d'accueil et un endroit pour
l'échange de matériel stérile, qui servira également de salle d'attente et de
repos; deux espaces de consommation, l'un de six places pour les injections et
l'autre de quatre places pour les inhalations; une salle de soins et
d'entretien avec les consommateurs, ainsi que des bureaux administratifs.
Ouvert 6 jours sur 7, de 12h30 à 19h30, cinq professionnels (infirmiers,
travailleurs sociaux et de rue, médecin, personnel d'accueil et administratif)
en assureront la gestion sous la direction de
C’est en ces termes que s’exprime
Sous prétexte d’aider les plus démunis et de prendre
en compte les besoins spécifiques des toxicodépendants et les besoins
élémentaires des personnes vivant en situation de précarité (sic), on
poursuit une politique qui a pour effets inévitables le maintien des drogués
dans leur dépendance.
Ces locaux d’injection, ouverts il y a quelques
années dans d’autres cantons, ont-ils eu des effets positifs ? Oui
proclame le lobby de la drogue avec aplomb : le nombre d’héroïnomanes a diminué depuis une dizaine
d’années à Zurich !
Mais est-on bien sûr que ce résultat soit en rapport
avec la politique libérale de la drogue
du côté de
De 1999 à 2003, le nombre de surdoses mortelles a
pourtant passé de 181 à 212 dans l’ensemble de
Il faut donc une sérieuse dose de culot pour nous
affirmer que les locaux d’injection sont, dans le traitement contre les
dépendances, un succès !
Grand ami des libertés, y compris de la liberté de se
faire à soi-même du mal, je ne suis pas sûr qu’il faille interdire aux
adultes la consommation de produits stupéfiants, ni d’alcool2,
ni de tabac, ni même de pornographie.
Ce qui me dérange, c’est que le contribuable
soit appelé à financer de ses deniers les locaux, le salaire des infirmiers,
des travailleurs sociaux, des animateurs de rues, des médecins, du personnel
d’accueil et d’administration nécessaires à la distribution de
produits hautement toxiques (que ce contribuable paiera aussi, bien entendu),
alors que cette distribution n’aura pour seul effet que de maintenir les
bénéficiaire dans leur état de dépendance… et de procurer des recettes
supplémentaires aux barons de la drogue.
Pour tirer un «bilan» de cette opération, il ne sera
pas nécessaire de financer une étude onéreuse auprès de l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive.
Il suffira d’orienter à l’avance les questions posées aux
chercheurs de cet institut dans la direction voulue pour obtenir les réponses
qu’on souhaite.
Et je sais à l’avance, avant même que
l’expérience n’ait débuté, quelles seront les conclusions des
experts si
En revanche, les violences urbaines, les rixes au
couteau, les viols collectifs seront en augmentation, mais il faudrait avoir
mauvais esprit pour supposer que les «incivilités» des adolescents de banlieue
puissent avoir un rapport quelconque avec le laxisme des autorités dans la
distribution de drogue.
1 le 21.12.2006 sur son
site Internet officiel : www.lausanne.ch
2 Les prescriptions
de la loi sur la circulation routière sur l’aptitude à conduire
lorsqu’on se trouve sous l’effets de certains produits étant
expressément réservées.
Lettre à un chef de gang1
«Pas un de ces invalides n'a de raisons de porter Saddam
dans son cœur. Pourtant je suis sûr qu'aucun n'approuve la manière dont
les Etats-uniens le traitent.»
(Un haut responsable iranien d'une multinationale
européenne désignant à Max des vétérans de
Cher collègue,
Ce matin, dans la lueur glacée
des projecteurs, devant tes caméras, dans ce minable cube de béton brut, à la
sauvette, en petit comité, comme de règle quand il convient de supprimer un
témoin gênant, tu m'as fait pendre.
Si j'ai su mourir avec courage,
tu n'as pas eu, petit homme aux ordres d'autres qui ne sont pas les tiens,
celui de te tenir devant moi. Je suis mort debout, ici, en louant mon Dieu, et
toi, là-bas, vautré, tu regardais la «télé».
Que n'as-tu jadis accepté mon
offre de combat singulier au lieu de réduire les miens à l'impuissance avec ta
ferraille qui sentait notre huile lourde et tes robots à air conditionné, après
m'avoir fait désarmer !
Car je t'attends.
Et c'est toi, l'infâme,
dans ton ranch, tout à l'heure, qui avais l'air d'un cadavre.
p. o. M.l'I. (Ispahan,
30.12.2006)
Cher Mehdi,
Durant trois semaines, tu m’as fait découvrir ton
pays et comprendre ton peuple : un pays aux capacités d’absorption
des invasions hors du commun et un peuple imperméable – ou plutôt sélectif – aux cultures étrangères quand ces dernières
venaient à lui être imposées par des envahisseurs. Tu m’as fait voir les
trésors de
J’aimerais, à mon tour, te
faire connaître quelques constatations. Ayant pu accompagner des amis à une
audience de deux heures chez ton président, j’ai pu vérifier la validité
d’une première analyse et la préciser. Très différent du croquemitaine
fascisant que nous décrivent à l’envi les médias occidentaux pour
complaire à leurs maîtres, le président Mahmoud Ahmadinejad est un hôte affable
et posé non dénué d’humour. Dur avec lui-même et d’une grande
simplicité, c’est un ascète inaccessible au culte de la personnalité.
Lorsqu’il s’exprime, c’est d’une voix aux inflexions
rocailleuses qui, curieusement, ne manque pas pour autant de chaleur. Il a
placé – comme son prédécesseur, le président Khatami, si je t’en
crois – ses priorités dans la mise à niveau d’un peuple qui avait
été le laissé pour compte des dynasties régnantes successives dans un pays
habitué à être mis en coupe réglée par les consortiums étrangers. On pourrait
dire, pour reprendre une formule tombée en désuétude, que voilà encore un de
ces si rares hommes d’Etat à avoir fait le don de sa personne à son pays.
Propulser une nation de l’an 800 au XXIe siècle n’est
pas une mince affaire et il est tout à son honneur de s’y être attelé.
Dans cette logique – et même si cela gêne les hégémonistes que nous
savons –, il était inévitable, les gisements de pétrole n’étant pas
inépuisables, qu’il persistât à promouvoir ton pays à l’heure du
nucléaire. Ainsi, dans deux questions vitales et liées – tu comprendras
que la prudence m’interdise d’évoquer ici la seconde –, ton
président a témoigné d’une clarté de vue et d’un courage
inhabituels, inconnus chez les politiciens «aux ordres» dont nous sommes
affligés en Occident. Mais il a, ce faisant, engagé ton pays dans un choix
irréversible. N’étant pas de la variété qui s’agenouille, le
président Ahmadinejad, dans la logique hégémonique ploutocratique,
s’inscrit dans celle des dangereux empêcheurs de combiner en rond
qu’il importe d’éliminer au plus vite. Ignorant superbement les
pressions quasi planétaires – certains n’hésitent pas à le
qualifier d’«héroïque» –, il a ouvert, en deux occasions, la boîte
de Pandore. Dans nos prétendues démocraties, c’était déjà un délit...
C’est devenu un crime. Et même si, pour la plus grande gloire de ceux qui
le cornaquent, l’«éléphant de guerre états-unien»3 est
toujours occupé à se faire couper les jarrets dans les faubourgs de Bagdad, ton
pays n’est pas à l’abri d’une «allendisation» par
verrouillage économique, grèves intempestives et agitation sociale arrosées de
«billet vert», corruption des mœurs – il n’est que de regarder
l’état de mollusque auquel ont été patiemment et inexorablement réduites
nos jeunesses occidentales. Il court aussi, désormais, le risque
d’actions ponctuelles, sur ses sites nucléaires, d’un ennemi que ne
rebuterait pas celui de répandre aux quatre vents du golfe persique un nuage
d’une propreté douteuse. Je t’ai déjà décrit les processus
possibles pour une telle agression et n’y reviendrai pas.
Une dernière chose
encore : continuez à pendre les trafiquants de drogue, c’est très
bien !
En Iran, comme dans les Emirats,
la langue la plus parlée par les touristes4, c’est désormais
le russe (bravo Mr Bush !).
Et peut-être n’était-il pas
très indiqué d’envoyer une secrétaire d’Etat noire
demander de l’argent aux Séoudiens… Aux dernières nouvelles, Miss
Rice n’aurait pas vraiment convaincu les cheiks de sortir leur
carnet…
Cher Kipling…
Elles n’ont pas dû bien
lire Le Livre de la jungle, ces mamies tout émues qui, rosissant,
m’avouent qu’elles songent à voter pour Monsieur Sssarkozy…
Max l’Impertinent
1 Télépathie… ou
écriture automatique? Au matin du 30.12., à 5h00, heure de Téhéran (5h30. de
Bagdad) Max se réveille en sursaut et dit à Iris : «Ils sont en train
de le pendre». Cette «fiction» a été rédigée entre 5h15 et 6h30 et
immédiatement envoyée à la rédaction… A 10h00 Max prenait connaissance
des événements de la matinée…
2 Cinq cent mille morts de
part et d'autre.
3 Merci à B. Sch. pour
cette savoureuse image.
4…mais aussi les
journalistes, hommes d’affaires, marchands d’armes et
espions…
La
télévision est une source intarissable d'énervements et de mécontentements.
Intarissable car on continue immuablement à l'allumer chaque soir pour voir les
images des événements du jour, pour suivre une ou deux séries incontournables (Les
Guignols, bien que ce soit insupportablement gauchiste, et Kaamelott
qui a le bon goût de n'avoir aucune connotation politique), puis pour se distraire
en regardant un film. Mais quel film?
Un
grand classique est le film américain typique, avec des paysages américains,
des buildings américains, des voitures américaines, des policiers américains
qui tirent sur des bandits rarement américains qui tirent à la mitrailleuse au
milieu de la foule américaine, avant que cela ne finisse en courses-poursuites,
en cascades et en explosions, le tout avec un minimum de dialogues. Il est de
bon ton, la plupart du temps, de «tourner» sur une autre chaîne en lâchant une
commentaire plein de condescendance contre «ces films américains tellement
bêtes».
On
tombe alors presque toujours sur l'autre genre incontournable de la tranche
horaire 20h50-22h30: la série policière française. Les paysages sont plus
proches de ce que l'on connaît, les voitures de police aussi, l'action est un
peu plus calme. Mais la ressemblance avec notre monde quotidien s'arrête là.
Conçue non comme un divertissement inspiré de la réalité mais comme un outil
pédagogique de sensibilisation aux enjeux de notre société (comprenez: de
rééducation du peuple), la série policière française nous ressasse immuablement
le même scénario politiquement correct: de pauvres «jeunes» défavorisés sont
injustement accusés par de vilains flics fachos avant d'être innocentés par les
gentil(le)s inspecteurs-trices épris de justice sociale, aspirant à un monde
meilleur, si possible «issus de l'immigration», et qui finissent par démasquer
le coupable qui est toujours un riche, un patron, un homme d'affaires ou un
notable trop bien habillé pour être honnête.
A
la longue, la répétition de ces clichés éculés devient écoeurante et l'on ne
supporte plus ces héros justiciers moralisateurs qui veulent absolument nous
montrer qu'ils prennent le parti des plus faibles. Même lorsqu'il s'agit du
lieutenant Marie Balaguère, et à plus forte raison – dans un registre
nettement moins esthétique – de Mimie Mathy, dont l'apparition à l'écran
provoque désormais une immédiate crispation du doigt sur le bouton «chaîne
suivante». Marre des films «engagés», des films «qui dénoncent», des films
«délivrant un message», des films «intelligents» ou «qui invitent à réfléchir»!
Finalement, qu'y a-t-il de mieux, pour satisfaire notre sens du bien et du mal,
que ces bons vieux films américains pas trop intellectuels où les gentils
ressemblent vraiment à des gentils et les méchants vraiment à des
méchants, et où l'on ne prend pas de gants pour faire régner la justice?
Pollux
Si la question morale du suicide ne
fait pas de doute comme meurtre, bien que l’Eglise conciliaire ait
supprimé l’interdit de sépulture ecclésiastique des suicidés, explicite
dans le Code de droit canonique de Benoît XV (1917) (Canon 1240,
paragr. 1, ch. 3)1, la question de l’euthanasie est, quant à elle,
plus complexe. Le catéchisme de l’Eglise catholique de 1992 fait la
distinction entre l’action ou l’omission ayant pour effet de donner
la mort «quels qu’en soient les motifs» (no 2277) – qui est
un crime – et l’abandon de l’acharnement thérapeutique, que
ce même catéchisme définit notamment comme «la cessation de procédures
médicales extraordinaires qui, ajoute-t-il, peut être légitime» (no
2278). Et il donne cette explication : «On ne veut pas donner la
mort ; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher.», avec
l’accord du patient ou de ses ayants droit légitimes, respectueux de ses
intérêts ou de sa volonté raisonnable.
Il est plus qu’évident
qu’en Italie, le cas Piergiorgio Welby, maintenu artificiellement en vie
depuis dix ans (ce patient était nourri par sonde et branché sur un respirateur
artificiel), relevait davantage de la problématique de l’acharnement
thérapeutique consistant à empêcher artificiellement un processus naturel
d’arriver à son terme que d’une volonté suicidaire ou de
l’euthanasie. Absolument personne au monde n’a le droit
d’imposer, au nom du devoir de vivre, à l’un de ses semblables, une
survie artificielle indéfinie. Chaque être humain a droit à sa mort naturelle.
Un tel acharnement est inhumain, donc hautement immoral. Imposé à une personne,
il est aussi une forme de torture que la loi devrait interdire.
Mais l’interdit de sépulture
ecclésiastique à cette personne, prononcé par des autorités religieuses dites
catholiques romaines en Italie, à Rome même, est en soi un scandale et une
preuve d’immoralité en même temps que d’inhumanité. Mais
c’est aussi une preuve d’arbitraire flagrant de leur part. Pourquoi
ces autorités religieuses font-elles peser sur la mémoire de ce malheureux un
interdit outrageant quand d’autres autorités appartenant à cette même
Eglise conciliaire, ici même, en Valais, n’hésitent pas une seconde à
donner des funérailles ecclésiastiques à des personnes dont les proches
déclarent ouvertement et publiquement, dans leur avis de décès dans la presse,
que le défunt avait choisi délibérément le suicide ? Ce fut notamment le
cas de Michel Délèze à Nendaz (mais le cas est loin d’être unique) qui,
disait le faire-part de décès, «a choisi de quitter ce monde le samedi 17
décembre 2005»2 et de qui la messe de sépulture eut lieu à
l’église de ce village le 20 décembre 2005.
Où est le scandale ? Là où
l’arbitraire est imposé par le silence, même à la presse dite
«libre»…
1 Voir le Canon 1184
du code de Jean-Paul II. Au chiffre 5 du même canon, du code de Benoît XV,
était prévue l’interdiction de sépulture ecclésiastique (avec la
conséquence du refus de messes d’obsèques et d’anniversaire –
canon 1241 – pour ceux qui avaient ordonné que leur corps soit livré à la
crémation). Le code de J.-P. II maintient le principe de cette mesure mais avec
l’hypocrisie caractérisant les modernistes, c’est-à-dire en y
ajoutant une condition subjective invérifiable, par cette clause qui
n’est que de style : «pour des raisons contraires à la foi
chrétienne.» (Canon 1184, paragr. 1, ch. 2).
2 Nouvelliste
du Valais, édition du lundi 19 décembre 2005, page 35.
Récemment,
l’ Association Professionnelle des Gendarmes vaudois lançait
une initiative demandant de créer une police unique. Celle-ci précise que la
proximité ne sera pas oubliée. On nous parle, pour ce faire, de créer des
«Conseils de sécurité» englobant, entre autres, enseignants, populations,
autorités communales, ecclésiales, etc. Ceci devrait permettre à des postes de
gendarmerie plus proches et peut-être plus nombreux de cibler leurs actions.
C’est bien, mais ça existe déjà ! C’est ce que font nos
polices municipales et nos autorités communales, et même très bien en ce qui
concerne la commune de Montreux où je réside.
C’est tout le
problème du service de proximité qui est posé. La police cantonale groupe déjà
sous une même entité des services aussi divers que la brigade des stupéfiants,
la brigade financière, la brigade des mineurs et des mœurs pour ce qui concerne
la police de sûreté, puis des détachements de circulation routière ou des
groupes d’intervention sous l’uniforme de la gendarmerie. Ces
regroupements sont certes indispensables si on veut bénéficier de synergies
nécessaires et échanger par les voies les plus
directes les renseignements propres à résoudre les grands problèmes de
la sécurité. Le service de proximité doit-il entrer dans le même
organisme ? A mon sens, il s’agit là d’une activité bien spécifique,
plus proche de la population et qui requiert une présence policière quasi
constante dans le terrain. Les diverses et tragiques agressions dont nous
abreuvent journellement les journaux nous montrent la nécessité toujours plus
impérative de bénéficier d’une présence concrète, dissuasive et constante
d’agents spécialisés aussi nombreux que possible à chaque coin de rue.
Les autorités municipales doivent aussi pouvoir assigner à leur police des
missions particulières liées à un programme régional. La gendarmerie est vouée
à d’autres tâches (voir plus haut) et ne saurait se substituer aux agents
municipaux plus proches de la population et des autorités locales. Certes, des
collaborations sont indispensables entre les différents corps mais ne
justifient ni une fusion, ni une absorption.
Le remplacement des
commandants de polices municipales par des adjudants de gendarmerie serait-il
bénéfique ? J’en doute. Si les premiers nommés sont entièrement
responsables de leurs services face aux autorités municipales qui les ont
désignés, les seconds font partie d’une structure plus lourde et plus
centralisée. Si les infrastructures actuelles dans de petits ou moyens corps de
polices municipaux sont relativement souples et légères, elles ne manqueront
pas d’être renforcées, alourdies et inévitablement centralisées en
passant sous la juridiction de la police cantonale..
La presse a mis en évidence des disparités salariales entre
les fonctionnaires de police municipaux et cantonaux, à tous les nivaux. A
notre époque où tout doit être unifié, égalisé, uniformisé, on ne supporte plus
guère de telles inégalités de traitement. D’aucuns voient dans la
création de la police unique le remède à ces maux inégalitaires :
l’uniformisation (par le bas, comme toujours !). Pourquoi le syndicat de la police cantonale
qui appelle de ses vœux la police unique n’utiliserait-il pas cette
concurrence dynamique entre villes et canton comme un moyen de pression sur les
modestes salaires pratiqués à l’Etat de Vaud. ?
On ne peut défendre
à tout prix l’autonomie communale, mais il est des secteurs, comme celui
de la sécurité du citoyen dans sa rue, dans ses parcs et dans son quartier où,
de toute évidence, l’autorité locale est la mieux placée pour agir. La
police de proximité est certainement une tâche qui lui incombe en priorité.
Les Jeunes Verts et Socialistes zuricois ont déposé
devant le Parlement cantonal une initiative visant à donner le droit de vote
aux jeunes dès l’âge de 16 ans. «A 16 ans, on est assez mûr pour se
forger une opinion et prendre des responsabilités.», déclare Pascal Pauli,
24 ans, des Jeunes Verts zuricois1.
Je me demande d’où lui vient cette surprenante
certitude. Pourquoi, dans ce cas, la majorité est-elle fixée à 18 ans ? Si
on en croit Monsieur Pauli, l’adolescent est apte à décider pour la
collectivité, alors qu’il ne l’est pas pour ses propres affaires,
ce qui nous amène naturellement à la conclusion que la gestion de l’Etat
doit être toute simple, puisque les gamins peuvent s’en occuper.
Non, en
fait, les jeunes ne sont pas aptes gérer quoi que ce soit. Ils sont aptes à
voter à gauche, tant il est vrai qu’à cet âge il est normal et même sain
d’être un idéaliste en dehors des réalités. J’inviterais par contre
Monsieur Pauli à redescendre sur terre : ses manœuvres pour engranger
des voix ne trompent personne, les ficelles ressemblent à des cordes
d’amarrage. Il a 24 ans, quand même, il serait temps qu’il
grandisse un peu.
Xavier Savigny
1 20 minutes du 9 janvier 2007
Chargé d’une enquête sur les dysfonctionnements
qui avaient l’an passé secoué l’Université de Genève,
l’ancien procureur Thierry Béguelin a rendu ses conclusions il y a
quelques jours : «On a pu croire que
beaucoup de professeurs étaient des filous qui se servaient dans les fonds
publics. A quelques exceptions près, il n’en est rien», a précisé
l’enquêteur. Sur les neuf plaintes pénales qui ont été déposées, six
devraient être classées tandis que trois autres nécessitent des enquêtes
approfondies.
Le nouveau recteur Jacques Weber semble satisfait.
L’enquête a mis en évidence un
certain laxisme dans l’application des directives administratives, ainsi
qu’une gestion déficiente des relations humaines.
Ouf ! on respire ! Dans
Avec Ziegler, on avait un exemple de professeur
d’université intellectuellement malhonnête. On a aujourd’hui les
enseignants moralement peu sûrs.
Dès lors que l’enseignement universitaire se
coupe de toute référence à l’universel, dès lors que toute référence à
Dieu est résolument bannie des textes officiels et des discours, au motif
d’un prétendu respect de la «laïcité», (concept éminemment révolutionnaire
et français), il était inévitable que les préoccupations ontologiques cèdent le
pas à la recherche concrète des moyens les plus rapides de faire carrière, de
gagner de la thune, d’accéder au pouvoir et à la notoriété.
Le niveau moral des professeurs est l’exact reflet
de leur époque et ce niveau est consternant.
Dans bien des domaines, on se préoccupe plus des
moyens d’arriver que de savoir où on veut aller. Dans la valse des
groupes verts permutables, le complément circonstanciel de but disparaît au
profit du complément de moyen.
Les tristes potiches qui concourent à la consécration
de Miss Telpays ou de Mister Chose sont hélas représentatifs d’une large
couche de la population qui aspire à la célébrité et à la fortune. «Si vous étiez riche, cela vous servirait à
quoi ?» - «A faire ce qui me plaît !» - «Et qu’est-ce qui vous plaît ?»
- «Ben… ! ?»
Le président de
Quatre conseillers communaux d’Emmen avaient accordé des avantages fiscaux à un
contribuable frère d’une huile locale, ils sont surpris d’être
condamnés.
Ne nous étonnons plus si des professeurs
d’université se font rembourser des frais pour des voyages qu’ils
n’ont pas faits : ce n’est pas si grave et le recteur est
rassuré.
La probité est un concept ringard, qui ne risque pas
de vous apporter ni fortune ni visibilité médiatique.
C.P.
Les sites qui accueilleront l’Euro 2008 pourront
probablement compter sur le soutien de l’armée. Ainsi en a décidé la
commission «compétente» ( ?) du Conseil national par 17 voix contre 3.
Jusqu’à 15'000 hommes pourraient être mis à disposition, mais leur
engagement se ferait de manière échelonnée.
Si nécessaire, l’armée compte aussi recourir à
des drones et à des hélicoptères Super Puma.
Les Verts ont refusé tout net l’idée d’un
recours à l’armée.
Un bon point pour les Verts !
Il y a plusieurs années, nos plus anciens lecteurs
s’en souviennent, que nous luttons contre l’engagement de
l’armée à des tâches purement civiles autres que nécessaires et urgentes
(catastrophes naturelles par exemple).
Nous avons même adressé une plainte à M. le chef du
Département militaire de l’époque1 contre l’utilisation
d’un bataillon de fusiliers de montagne pour damer les pistes de ski à
Villars à l’occasion d’une
compétition quelconque.
M. Rudolf Gnägi nous avait donné largement raison,
nous assurant qu’il veillerait à l’avenir à n’engager nos
forces militaires qu’en stricte conformité avec l’ordonnance
fédérale qui traitait de l’utilisation des unités de l’armée à des
fins civiles.
Aujourd’hui que l’armée est engagée dans
des opérations dits «de maintien de la paix» aux contours mal dessinés, il
paraît normal à certains que nos soldats se joignent à des troupes
d’occupation dans des Etats étrangers.
Pourquoi ne pas assurer le maintien de l’ordre
aux abords d’une ambassade inoccupée et pourquoi refuser l’octroi
de quinze mille hommes pour «épauler les autorités de Genève, Bâle, Berne et
Zurich lors du championnat d’Europe de football» ?
Eh bien, parce que
Si l’armée n’a pas besoin de nous pour les
missions essentielles de
Quels sont les employeurs disposés à verser un salaire
à leur collaborateur, sous forme directe ou par le biais des APG qu’ils
financent largement, pour que celui-ci aille faire le zouave à l’entrée
de stades de football, à la place d’un gardien de Sécuritas dont on
aurait ainsi fait l’économie ?
Soldats, mes frères, et vous employeurs, et vous tous
contribuables, levons l’étendard de la révolte : pas un seul soldat,
pas un drone, pas un hélicoptère engagé en faveur d’Euro 2008 !
C.P.
1 Voir Le Pamphlet N° 82 de
février 1979 et les numéros suivants