Lausanne 36e année      «ne pas subir»      Décembre  2006 No 360

 

 

Sommaire :

 

Editorial

La rédaction croit que le monde ressemblera, en 2007 à ce qu’il était en 2006 : ni meilleur ni pire.

 

Charles de Chandieu

Notre rédactrice en chef, elle-même licenciée en histoire comme chacun sait, a lu et apprécié le mémoire de licence d’un jeune universitaire consacré à Charles de Chandieu, officier vaudois à la tête d’un régiment bernois au service de Louis XIV.

 

Bricoles

Où il est question de la Turquie, de Mme Calmy-Rey, du loup, de la fumée de cigarettes, du danger que représente Jean-Marie Le Pen, des risques de sécession de la Suisse romande, de méthadone et de schytzertütsch, de durabilité, de liberté, et d’un ennemi public

 

En direct de Sirius

Max analyse la course à l’élection présidentielle française et se penche sur une émission de télévision ressuscitant des mythes

 

Au courrier

M. Maximilien Bernhard répond à l’éditorialiste qui l’avait épinglé dans le numéro 359

 

Le juste milieu

Michel de Preux répond à deux dames du PDC : l’une se méfie de Jean-Marie Le Pen et l’autre fait confiance à Nicolas Sarkosy

 

Quand les grands esprits se rencontrent

Claude Paschoud et Pollux ont tous deux réagi à l’information, récemment parue, révélant que la pratique des sports envoie chaque jour 820 personnes à l’hôpital.

 

 

Editorial

 

C’est la fin de l’année. Force est de constater que le monde ne va pas mieux que l’an dernier. Mais il faut dire aussi qu’il ne va pas plus mal. Tueries, famines et  viols remplissent quotidiennement les journaux, aux côtés des heurs et malheurs des vedettes et grands de ce monde, des succès et échecs de nos sportifs et des études qui font vivre grassement des chercheurs en tout et n’importe quoi.

 

Sommes-nous plus mal lotis que nos ancêtres ?Non. On s’étripait au moyen-âge, au XVe siècle ou à n’importe quelle autre époque comme aujourd’hui. Les guerres, qu’il s’agisse des croisades, des guerres de religions ou de n’importe quel autre type de guerre, engendraient des atrocités inouïes et, souvent, la disette. Les heurs et malheurs des célébrités et des puissants faisaient déjà l’objet de commentaires plus ou moins malveillants. Les jeux et combats attiraient les foules, et toutes sortes de charlatans étudiaient toutes sortes de charlataneries. Simplement, seuls les intéressés immédiats étaient au courant, puisque les moyens d’information de masse faisaient défaut.

 

Il n’y a dès lors pas lieu de se lamenter. Nous vous souhaitons donc de joyeuses fêtes et une heureuse année 2007, avec un clin d’œil particulier à nos amis de l’imprimerie Beck qui nous accompagnent dans l’aventure pamphlétaire depuis vingt-cinq ans.

 

Le Pamphlet

 

 

 

Charles de Chandieu

 

Le Centre d’Histoire et de Prospective Militaires1 vient de lancer la collection Militaria Helvetica. Le premier volume de cette collection est dû à la plume de François Cojonnex, licencié ès lettres de l’Université de Lausanne. Il s’agit en fait du mémoire de licence de ce jeune historien, mémoire intitulé Un Vaudois à la tête d’un régiment bernois – Charles de Chandieu (1658-1728).

 

         Le livre relate la carrière militaire d’un Vaudois d’origine française qui entre au service le la France en 1675 et qui, en janvier 1701, se voit attribuer par Louis XIV le commandement d’un régiment bernois, le régiment Manuel, en violation de la capitulation prévoyant qu’un régiment bernois ne peut être commandé que par un bourgeois de Berne. Cette nomination fait de nombreuses vagues et provoque des tensions entre la France et Berne. Je laisse au lecteur le plaisir de découvrir les détails de cette affaire.

 

         Cet ouvrage a ceci de particulier que, contrairement à de nombreux mémoires, il ne se borne pas à traiter le sujet annoncé de manière étroite. La carrière de Charles de Chandieu, ses ambitions et celles de ses rivaux, ses «manœuvres» et ses démêlés avec Berne sont accompagnés d’une galerie de portraits des grands personnages qui ont joué un rôle non seulement dans l’avancement de l’officier vaudois, mais aussi dans les événements de l’époque, aussi bien sur le plan diplomatique que militaire. Le principal protecteur de Chandieu, le duc du Maine, fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan, y tient une large place. Sont aussi évoqués longuement des événements qui auraient pu ne faire l’objet que de quelques lignes, comme l’affaire de Neuchâtel qui mit aux prises plusieurs prétendants à la succession de la maison d’Orléans-Longueville.

 

         C’est ouvrage, fort bien écrit, intéressera aussi bien les amateurs d’histoire vaudoise – un Vaudois a fait la nique à LLEE – que les amateurs d’histoire militaire, d’histoire suisse, d’histoire de France ou même d’histoire européenne. Aussi ceux-ci pardonneront-ils aux correcteurs de n’avoir pas vu que Chandieu n’a pas pu envoyer au gouvernement bernois le 21 février 1700 un mémoire justificatif relatif à une nomination intervenue en janvier 1701 (p. 71), ni que le duc de Vendôme était l’arrière-petit-fils d’Henri IV et non d’un Henri VI inexistant (p.83, note 3).

 

         Je vous recommande de faire l’acquisition de cet ouvrage qui se lit d’autant plus facilement que les notes sont en bas des pages et non à la fin des chapitres ou du livre comme c’est trop souvent le cas.

 

         Vous pourrez constater que la course aux promotions n’est pas une invention récente.

 

Mariette Paschoud

 

1 Case postale 618, 1009 Pully

 

 

Bricoles

 

Tromperie

 

C’est une imposture de la part des gouvernements européens de dire à la Turquie : «Vous ne pourrez entrer dans l’Union européenne qu’à telle ou telle condition». Par exemple, lorsque vous aurez reconnu le génocide arménien, ou encore lorsque vous vous comporterez de telle ou telle manière à Chypre.

 

Il serait beaucoup plus franc, et honnête, de dire à la Turquie franchement : «Vous n’entrerez jamais dans l’Union européenne».

 

Avant la Première Guerre, il y avait un tiers des Turcs qui étaient orthodoxes. Aujourd’hui, les musulmans sont 98,5 % ! On peut mesurer par ces deux chiffres les progrès de l’«ouverture» ou du «pont entre les cultures» que la Turquie s’apprête à jouer, dès qu’elle aura pu forcer, si elle y parvient, les portes des institutions européennes.

 

La Turquie n’est européenne ni par sa situation géographique, ni par sa culture, ni par son économie, ni par sa religion. Seule Constantinople pourrait être admise, et à condition de reprendre son nom ou celui de Byzance. (cp)

 

Micheline

 

Notre future présidente de la Confédération a tout de même obtenu 147 voix, ce qui représente presque le 60 % des députés aptes à voter, et les trois quarts des votants. Ce n’est pas si mal.

 

La presse de ce jeudi matin nous raconte qu’«il faut remonter à l’élection à la présidence du radical vaudois Marcel Pilet-Golaz en 1939 pour trouver un score si bas : 142 voix». Mais c’était sur 159 bulletins valables, ce qui représente tout de même le 90 % des suffrages exprimés.

 

Micheline a été mal élue, et elle ne méritait sans doute pas mieux, compte tenu de ses gesticulations ridicules au Gouvernement, mais elle a été élue quand même. Espérons que cette nouvelle fonction l’incitera à une plus grande retenue politique, surtout à l’extérieur. (cp)

 

Loup

 

Un sondage commandé par le WWF nous apprend que le 76 % des Suisses sont favorables au retour naturel du loup. Mais le sondage a été réalisé auprès de 1086 personnes seulement. Les personnes favorables sont en majorité jeunes, citadines, bien formées et Alémaniques. En résumé, des gens qui n’ont pas une chance sur mille d’apercevoir un loup de toute leur vie. Et pas une chance sur un million de subir un dommage quelconque à cause d’un loup. (cp)

 

Encore les ayatollahs

 

Tous les rédacteurs de tous les quotidiens, ce même jeudi, ont tous titré leur article de la même façon : «L’initiative antifumée a fait un tabac». Bravo, les gars, elle est fine, l’astuce.

 

Les talibans qui veulent imposer leurs comportements à toute la planète ont des mines satisfaites : après Genève, c’est dans les cantons de Vaud, Neuchâtel et Fribourg qu’il faudra voter sur des initiatives interdisant la fumée dans tous les lieux publics.

 

Après quoi, les piétons pourront réclamer l’interdiction des véhicules automobiles sur les routes ouvertes au public, au motif qu’on y respire «passivement» des gaz d’échappement délétères. cp)

 

Un danger

 

L’ineffable Jean-Pierre Chevènement avait affirmé haut et fort qu’il n’avait pas de raison de s’effacer devant Mme Ségolène Royal, et qu’il maintiendrait donc sa propre candidature jusqu’au bout. Il avait ajouté cependant qu’il ne changerait d’avis que si Jean-Marie Le Pen présentait un réel danger.

 

Les frontistes auront apprécié à sa juste valeur le ralliement récent de l’ancien ministre de l’éducation nationale, de la défense et de l’intérieur à la gagnante du tiercé socialiste. (cp)

 

 

Sécession

 

«La Flandre a proclamé son indépendance!», «le roi a quitté le pays!», «la Belgique n'existe plus!»: la chaîne de télévision belge RTBF a interrompu ses programmes pour un exercice de politique fiction qui a fait exploser son standard téléphonique.

 

Comme en 1938, lorsque Orson Welles avait joué la Guerre des mondes en direct, les auditeurs belges y ont cru à 86 %. C’est dire que la nouvelle n’était pas absurde et que bien des Belges s’y attendent.

 

Quelle proportion de Suisses marcheraient si on leur annonçait que les Welsches quittent la Confédération ? (cp)

 

Irresponsabilité

 

Fin novembre, une petite fille de treize mois a avalé une pastille de méthadone sur l’aire de jeux d’une école genevoise. On a appris à cette occasion que l’aire de jeux en question se trouve à une centaine de mètres d’un local de distribution de méthadone, produit de substitution de l’héroïne ; à une centaine de mètres, donc, d’un établissement pour toxicomanes. Le responsable de l’endroit déclare – et on veut bien le croire – que son centre ne distribue que de la méthadone liquide et n’est donc pas à l’origine de l’accident. Fort bien. On ne saura sans doute jamais qui a perdu le comprimé. Mais on peut supposer que c’est un usager du centre et que le bébé n’aurait pas été empoisonné si l’aire de jeux s’était trouvée à cent mètres d’un magasin de chaussures. (mp)

 

Intégration

 

         Le canton de Berne a décidé d’imposer l’usage du bon allemand dans toutes les disciplines enseignées à l’école obligatoire, y compris la gymnastique. Le but de l’opération est, notamment, de favoriser l’intégration des jeunes étrangers. Voilà qui est certes louable. Mais l’intégration des jeunes étrangers se fait-elle vraiment dans les salles de classe ou de sport ? Ne se fait-elle pas plutôt dans les cours de récréation, sur les aires de jeux ou le chemin de l’école ? Et là, je peux vous le garantir, il ne sera plus question de bon allemand. La mesure risque en outre d’être ressentie par la population scolaire comme une brimade, ce qui ne sera en aucun cas à l’avantage des enfants étrangers.

 

         Comme quoi, à vouloir trop bien faire… (mp)

 

Durabilité

 

         Durable est à la mode, en particulier pour les écolos qui ne parlent plus que de développement durable. Moi, je veux bien. Après tout, pourquoi un développement devrait-il être éphémère ? Normalement, un développement, ça dure. Ce n’est pas comme Noël qui ne fait qu’une brève apparition chaque année.

 

Le samedi 9 décembre, les Lausannois qui faisaient leur marché à la Place de la Palud ont pu admirer la banderole qui ornait le stand de Greenpeace et leur souhaitait un Noël durable.

 

Cette bourde a provoqué chez moi une hilarité tout ce qu’il y a de durable. (mp)

 

Liberté

 

Comme nous le savons tous, le général Pinochet sema la terreur et la misère pendant toute la durée de sa dictature qui fit des millions de morts. Puis vint la démocratie qui rendit aux Chiliens non seulement la prospérité, mais aussi et surtout la liberté.

 

C’est certainement au nom de cette dernière que le petit-fils d’Augusto Pinochet, officier de l’armée chilienne, a été renvoyé dans ses foyers pour avoir défendu le coup d’Etat de son grand-père à l’occasion des obsèques d’icelui. (mp)

 

Choquant, inadmissible et inacceptable

 

         Nos politiciens et maîtres à penser sont bien à plaindre : il ne se passe pas de semaine qu’ils ne soient confrontés à des événements choquants, inadmissibles, inacceptables ou les trois à la fois. Il faut dire qu’ils ont particulièrement souffert ces derniers temps avec la conférence de Téhéran et les propos non pas racistes mais bêtement vulgaires du dénommé Pascal Servan à propos de la surpopulation africaine. Avec Augusto qui pense du bien de son grand-père et Johnny qui envisage de s’installer en Suisse pour payer moins d’impôts, ils vont passer un Noël misérable, ces chéris.

 

         Nous, nous allons passer un Noël rigolard : des «affreux» se sont fait plaisir chez des ayatollahs, un chouchou du système a «dérapé», le loyalisme est mal vu au Chili – et ailleurs –, une vedette politiquement correcte donne à penser – quelle horreur ! – que la France n’est pas très attractive fiscalement. Rions mes frères! (mp)

 

 

Ennemi public

        

Suite à la conférence de Téhéran, Sa Majesté Jacques 1er de France s’est penchée elle-même sur le cas du sinistre Faurisson, coupable de déviance, et a demandé en personne l’ouverture d’une «enquête préliminaire». Quand on songe aux innombrables tâches qui accablent l’auguste personnage, on se dit que le brigand doit être au moins une menace pour le trône.

 

On se dit aussi que Sa Majesté et son entourage sont bien stupides, qui n’ont pas compris que notre bandit de grands chemins n’a plus grand-chose à perdre et accepte avec faveur toute occasion offerte par Sa Gracieuse Majesté ou quelque autre de s’exprimer publiquement, fût-ce devant les tribunaux, avec toute la publicité qui est faite par la presse à ses propos choquants, inadmissibles et inacceptables. (mp)

 

 

En direct de Sirius

 

Pronostics et claques (les présidentielles françaises)

 

Une fois éliminé M. Sarkozy, Français de seconde génération mais «étatsunisraélien» d’inclination et dur de contre-plaqué, affaibli par les chausse-trapes de ses «amis» de parti, premier ministre en tête, pour qui les voix des mamies inquiètes et des bourgeois frileux ne suffiront pas à compenser le déport de vote des «jeunes» désabusés par la nomination d’un franco-israélien sioniste (fort d’un récent service en qualité de garde-frontière en Israël) au contrôle des étrangers en situation irrégulière (!) ; une fois disparus les seconds couteaux de la «drauche» et du centre mou (grands défenseurs des « valeurs républicaines » et dispensateurs de formules qui résonnent, «trémoli» et autres coquilles vides) ; une fois rangés les appeaux anti-Le Pen d’un peu plus à la droite de la «drauche» ; une fois évaporés les atomisés de la gauche extrême et des verts «antifas» ; une fois relégué en son château de Bity l’irrécupérable repris de justesse d’avril 2002 (dont le nom m’échappe), grand amateur d’arts premiers et de bière mexicaine 1..., il ne restera plus au second tour qu’un face à face droite souverainiste- gauche bonbons. Tous, de «drauche» à gauche, hurleront alors avec les dépeceurs du moribond français et ressortiront les T-shirts du printemps 2002 et les drapeaux bariolés de la naphtaline, et l’on façonnera aux Français une nouvelle Marianne aux traits de Ségolène pour lutter contre le Spectre. L’émotion triomphera une nouvelle fois du bon sens.

 

Vu l’indiscutable élimination de ses concurrents de parti les plus dangereux, MM. Strauss-Kahn, science-politicard à l’œil glauque, et Fabius, maculé du sang contaminé, il n’est pas interdit d’espérer qu’achevant d’émasculer les «éléphants» du PS la «gazelle», une fois élue, se révèle une «tigresse» et justifie son patronyme..., devenant ainsi la première femme d’Etat d’un pays en grand manque de gouvernement. Max lui souhaite les nerfs et la santé qu’il faut.

 

Tour d’horizon

 

Les Français 2007 seront comme les Français 2001-2006 : festifs et vigilants ! Mais festifs en de tristes célébrations correctes autant qu’obligatoires... et vigilants sur ordre, à l’opposé du véritable danger. Ils ne fumeront pas (trop cher, mauvais pour la santé), boiront de moins en moins (mauvais pour la santé et bientôt trop cher), ne feront pas l’amour (ça risque de provoquer des enfants) mais s’éclateront tous azimuts grâce au préservatif à prix sacrifiés et au Viagra (dont ils sont désormais nombreux à demander le remboursement par la sécurité sociale). Il en ira sans doute de même pour les gouvernés de l’UE, sauf pour le dernier point dans la très catholique Pologne. Les allogènes assistés auront, pour leur part, les coudées franches.

Quant aux Suisses...

 

Kaamelott : plaidoyer pour la liberté de mythe

 

« [En toute lucidité, les maîtres du Talmud] ont toujours su que les interprétations et les récits qu'ils proposaient étaient de l'ordre du possible et non pas du vrai, relevant de la création imaginaire plutôt que de la restitution historique. Il y a dans le Midrach2 un rapport à la tradition qui n'est pas un obstacle à la créativité.3 »

 

On pourrait appliquer le principe énoncé ci-dessus à Kaamelott, production télévisuelle d’Acting Studio signée par MM. Jean-Yves Robin et Alexandre Astier, qui ont pris le parti d’exhumer une énième version de la geste des Chevaliers de la Table Ronde dans laquelle Geoffroi de Monmouth, son probable initiateur, tout autant que Chrétien de Troyes, son premier adaptateur reconnu, seraient bien en peine de reconnaître leurs héros chevaleresques. M. Astier (le roi Arthur) et ses néo-branquignols composent avec génie une Table réduite et décalée, mais ô combien remuante, de chevaliers et dames plutôt bruts de décoffrage. Ces acteurs francophones ne sont pas tombés dans le piège de vouloir imiter les tout aussi géniaux, mais parfaitement britanniques, Monty Python. D’un Arthur dépressif et désabusé, et cependant point encore lassé de débusquer un Graal polymorphe, chef d’une tribu aux certitudes assises mais aux valeurs incertaines et fluctuantes, à une Guenièvre quelque peu délaissée mais stoïque et conciliante face à la concurrence de courtisanes charmantes autant qu’imparfaites, en passant par un Lancelot empêtré dans des principes trop encombrants pour sa patience et son amour secret, un Perceval mathématicien prodige pour qui tout substantif de plus d’une syllabe relève du mystère, un Karadoc pifre, un Bohort affligé d’une hyperémotivité redoutable et un Gauvain d’une sensibilité de damoiselle, le spectateur découvre tout au long d’une série de très courts métrages la (Grande) Bretagne fédérée sous un jour pour le moins inhabituel. Dieu merci, Arthur, pour repousser les invasions périodiques du Burgonde flatulent et des Huns sans suite (dans les idées), peut se fier à une innocente Dame du lac à apparitions et éclipses intempestives et à son cogneur de beau-père, Léodagan, aimable comme un grizzli, à qui question et pendaisons sont ce que sera quelques siècles plus tard la prose à M. Jourdain. Sans oublier Merlin dont la vertu première est d’être un fin chercheur un peu brouillon... qui trouvera bien un jour une invention qui ne soit pas foireuse.

 

Un récit épique et truculent d’où la culture n’est point absente : Arthur sait lire (dans le lit matrimonial de préférence), la Cour fêtera tout de même l’anniversaire du grand Alexandre en alexandrins, et Blaise, saint scribe patient et résigné, sait écrire (et enluminer les piètres aventures de cette équipe de brêles). Amateurs d’Histoire sérieuse, s’abstenir ; amateurs d’histoires burlesques... à vos DVD !4

 

Sur cette suggestion de rire (ça ira mieux) et dans l’espoir d’une fin d’année à l’abri des missiles de croisière (là où il se trouvera quand paraîtront ces lignes) et des « empoisonnades » (un peu partout dans le monde et devant la tévé), Max souhaite de bonnes fêtes aux lecteurs du Pamphlet.

 

Max l’Impertinent

 

 

1 Accessoirement multiplicateur par neuf des frais de fonctionnement de l’Elysée au cours de son séjour dans la maison...

2 Nom des interprétations multiples des mythes inhérents à la symbolique juive et du recueil les réunissant.

3 Marc-Alain Ouaknine, Les Symboles du Judaïsme, p. 9, Editions Assouline, 26-28, rue Danielle-Casanova, 75002 Paris, ISBN : 2 84323 142 6 (Souligné par Max).

4 Kaamelott – l’intégrale – livre I, livre II et livre III en 9 DVD... sans oublier Kaamelott – L’Armée Du Nécromant, BD qui vient de sortir et constitue un excellent complément.

 

 

Au courrier

 

C’est avec grand intérêt que j’ai pris connaissance de votre éditorial d’octobre 2006. Je me permets de vous envoyer ci-joint le communiqué de presse complet concernant la candidature du soussigné au Conseil d’Etat. Comme vous pouvez le constater, mon programme porte sur 10 points principaux, dont une politique de la drogue basée sur l’abstinence. Les valeurs judéo-chrétiennes font quant à elles partie des raisons de ma candidature.

 

Il va sans dire que je concentrerai mes efforts sur les 10 points principaux de la campagne. Dommage que Le Matin Bleu d’octobre n’ait pas mentionné les neuf autres.

 

         (…)

 

Maximilien Bernhard

 

 

Extrait du communiqué de presse mentionné par notre correspondant :

 

Ses priorités politiques

 

L’intéressé s’est donné les objectifs suivants pour la prochaine législature : 1) Introduire un droit d'objection de conscience dans le domaine de la santé afin de permettre à chaque professionnel de la santé de refuser de fournir des prestations contraires à ses convictions dans les domaines de l'interruption de grossesse et de l'euthanasie. 2) Soutenir le développement de soins palliatifs et s'opposer à l'utilisation de lieux de vie et de soins (EMS, hôpitaux) à des fins d'assistance au suicide. 3) Promouvoir une politique de la drogue basée sur l’abstinence. 4) S’engager pour un assainissement des finances cantonales, un budget équilibré et une politique anticyclique en la matière. 5) Permettre aux contribuables de déduire de leur déclaration d'impôts les dons aux églises et œuvres chrétiennes reconnues d'utilité publique. 6) Soutenir le régime des notes ; par ailleurs, soutenir l'idée d'un «bon scolaire» par le biais d'un subventionnement partiel des écoliers que les parents souhaitent inscrire dans une école privée. 7) Améliorer les conditions-cadre pour les petites et moyennes entreprises (PME) et s'engager pour la revalorisation de la filière de formation pratique ; s’engager également pour que les chômeurs puissent être aidés à réintégrer plus rapidement une activité professionnelle. 8) Maintenir un service public de qualité. 9) Promouvoir les économies d’énergie et le développement d’énergies renouvelables, notamment l’énergie éolienne. 10) Prendre des mesures efficaces contre l'engagement illégal de travailleurs étrangers dans le canton ; soutenir la création de programmes d'occupation pour réfugiés dans le domaine public, ainsi que la politique de scolarisation des enfants de sans-papiers.

 

 

Le juste milieu

 

         Toutes les notions étant aujourd’hui et désormais durablement perverties, faussées et piégées, la lutte pour le droit et la vérité se situe à l’extrême, car ce que l’on nomme le «centre» (dit modéré) n’est que le milieu au sens mafieux, c’est-à-dire le milieu de la pourriture et de la propagande manipulatrice.  Il faut combattre pour la pensée et l’action désintéressée dans un monde qui a fait de tous les intérêts des idoles. Dans le règne du «chacun pour soi» généralisé, la plus élémentaire décence morale consiste à rester ou à redevenir héroïquement serviteur inutile de la vérité et de la justice en greffant notre combat sur le Christ et sur l’Eglise, son unique Eglise, seule arche de salut pour tous. Le reste n’a plus aucune importance. Sans le Christ, sans l’Eglise, ni les nations, ni la culture, ni la famille, ni la philosophie, ni l’économie n’ont plus aucun sens. Ce sera le Christ-Roi ou le chaos.

 

         L’immigration de peuplement que nous subissons avec, à l’arrière-plan, l’essor de l’islam en Europe jadis chrétienne, est protégée officiellement par les outils idéologiques de l’antiracisme et de l’islamophobie, méthodes utilisées avec cynisme par des partis politiques établis et une presse asservie dans son ensemble.

 

         Je fus récemment confronté à deux personnes, de sexe féminin, membres du parti démocrate-chrétien et censées situées à droite de l’échiquier politique. Deux personnes : deux avis et deux aveux ayant de quoi inquiéter…

 

         La première se prévalut du multiracisme de sa proche famille, faisant allusion à Jean-Marie Le Pen, et la seconde me déclara sa confiance en Nicolas Sarkozy pour le bonheur de la France de demain ! A la première de mes interlocutrices, je dirai simplement que le comportement des Allemands au temps du national-socialisme triomphant dans leur pays ne me surprend absolument plus. La propagande inhibe et il faut effectivement du courage et de la persévérance pour se maintenir dans la vérité, notamment en ce qui concerne le caractère concentrationnaire de ce régime, pour ne pas aider au pouvoir du mensonge, ne serait-ce que le mensonge par omission. Ne pas voir ou participer au mensonge collectif est certes beaucoup plus facile. Les Allemands de l’époque ne voyaient pas, ne voulaient pas voir : les «démocrates» d’aujourd’hui accusent le FN d’un racisme qui n’existe pas plus chez lui que partout ailleurs, d’un racisme anodin dont ils font un crime abominable uniquement à l’intérieur de cette tendance politique. Or le FN est ouvert à tous les Français, quelles que soient leurs origines ethniques ou raciales, et le principe de l’action politique de ce parti, la préférence nationale, n’a absolument rien de raciste, ni dans l’esprit de ce parti ni dans ce lui de son chef, Jean-Marie Le Pen. Mais le grief de racisme est un grief obligé, ostracisme oblige ! La mauvaise foi de ce grief est criante, et c’est être lâche que de ne point rectifier, que de ne pas combattre de telles rumeurs malhonnêtes, parce qu’elles sont répandues dans le public à seule fin de maintenir l’audience de formations politiques disqualifiées et notoirement incompétentes pour tout ce qui ne concerne pas l’accession au pouvoir et sa détention, autrement dit pour tout ce qui ne concerne pas le maniement de l’opinion publique.

 

         Passons à la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy qui séduit tant la seconde de mes interlocutrices. Son malentendu révèle bien le fondement sur lequel repose le crédit actuel de la classe politique, ou ce qui en reste : l’ignorance, produit entretenu de la désinformation quotidienne et programmée, qui n’est en fait qu’une intoxication collective par la presse de tous genres, notamment par celle dite de divertissement.

 

         Sarkozy ne demande le suffrage des Français qu’après avoir reçu, hors de son pays et dans son pays, mais hors de son propre parti politique, l’aval de la communauté juive et du monde anglo-saxon des affaires. Il veut remettre en cause le vote des Français sur la constitution européenne par un vote au Parlement (acquis d’avance) au mépris de la démocratie réelle, c’est-à-dire non manipulée. Il a introduit le principe de la discrimination positive, entend établir le droit de vote des étrangers n’appartenant pas à la communauté européenne en France, est favorable au curriculum vitae anonyme destiné à contraindre les bailleurs et les entreprises à contracter avec des personnes non désirées, il a légitimé l’islam en France en créant le Conseil français du culte musulman. Voilà donc l’homme qui, aux yeux de beaucoup, présente des garanties de sérieux pour la sécurité des Français et l’indépendance de ce pays !

 

         Sur le plan religieux, le désordre des esprits et l’incohérence sont tout aussi dramatiques ! Benoît XVI passe aux yeux d’innombrables fidèles pratiquants pour un ferme adversaire du relativisme moral, alors qu’il est le garant religieux le mieux placé dans le monde du relativisme religieux doctrinal et même dogmatique, principe et fondement du relativisme moral si hypocritement décrié par lui. Seules les sectes maçonniques ne sont pas dupes… Et que penser de l’imposture spirituelle qu’il propage dans le monde entier : celle du respect sincère (parce que «conciliaire») de toutes les religions ? Appeler à ce type de «respect», c’est mépriser publiquement et outrager la révélation que Dieu lui-même a faite aux hommes pour être reçue par eux à travers l’unique société apte à le faire en vertu de cette même révélation : l’Eglise catholique, apostolique et romaine ! Peut-on porter plus loin la perversion du langage et la perfidie dans l’exercice d’un «magistère» ecclésiastique ?

 

         Tout le monde est dupé. Cette situation n’est pas un malheur, c’est une malédiction. Le juste milieu est désormais dans l’extrême du courage et de l’intelligence. Là se trouvent la sagesse et la prudence politique véritables.

 

Michel de Preux

 

 

 

 

Quand les grands esprits se rencontrent

 

Notre rédaction compte deux amis inconditionnels du sport, qui réagissent aux mêmes stimuli. M.P.

 

 

Sports

 

Pour une fois que la presse quotidienne nous apporte de bonnes nouvelles, il convient de les saluer : selon 20 minutes et d’autres quotidiens, le sport fait chaque jour 820 blessés.

 

Le sport tue à 135 reprises chaque année et 300'000 personnes finissent à l’hôpital en pratiquant leur discipline (sportive) favorite. Le football fait à lui seul plus de 50'000 éclopés annuels.

 

Lorsque l’on songe à tous les articles de journaux, pondus par des débiles profonds, qui nous recommandent de pratiquer des sports, supposés bons pour la santé, quand on lit les interviews des sportifs de haut niveau, notamment des footballeurs, dont le niveau intellectuel ne dépasse pas celui du plancton marin, quand on observe le comportement sur le terrain de certains de ces voyous, censés représenter un modèle pour la jeunesse, on se réjouit que 820 de ces crétins finissent à l’hôpital chaque jour.

 

On se plaît à espérer qu’ils soient encore plus nombreux à se casser quelque membre. Mais pour que notre félicité soit sans nuage, il faudrait encore que ces benêts assument seuls les conséquences financières de leur imbécillité et que les assurances accidents refusent systématiquement toute prestation à celui qui subit un accident par la pratique d’un sport.

 

Les lois fédérales imposent aux fabricants de cigarettes des slogans anti-tabac qui s’appuient sur des hypothèses scientifiquement discutables. On a même vu des «études» affirmer que la fumée passive augmentait le risque de carie des dents de lait chez le nourrisson. Il y aura toujours quelques fanatiques dépourvus de sens critique pour avaler, et même diffuser, de telles calembredaines.

 

Pourquoi n’y aurait-il pas des lois fédérales interdisant la pratique des sports les plus dangereux, restreignant de façon drastique la pratique des autres, obligeant les stades à publier de larges panneaux publicitaires : «La pratique des sports tue» et «Pratiquer un sport, c’est mauvais pour la santé», taxant fiscalement au maximum la pratique des sports, et même la consommation passive chez les spectateurs des matches ?

 

Lors de la célèbre course de l’Escalade, à Genève, il n’y a eu cette année qu’un mort. C’est trop peu. Maigre consolation : c’était un professeur de sports de 51 ans, donc un suicide.

 

Il y a peu, les sociétés de gymnastique de Prilly présentaient leur spectacle. Des milliers de programmes ont été imprimés, avec, en page de couverture et en grosses lettres : «La gym fait sont (sic) cinéma». Rédigé probablement par un prof de gym, lu par des centaines de sportifs analphabètes qui n’y ont rien vu, le programme a été diffusé tel quel jusqu’au dernier jour.

 

On n’a plus le temps dans les écoles pour le grec et le latin, parce qu’il faut caser des heures de sport, imposées par des lois débiles, adoptées grâce à l’action d’un Adolf Ogi, c’est vous dire le niveau !

 

A part ça, des officines comme le BPA continuent de nous endoctriner avec les vertus supposées du baudrier de rétention, dit ceinture de sécurité, qui était, selon leurs calculs, en mesure de sauver plus de vie chaque année que la route n’avait  jamais fait de victimes.

 

Les gnolus qui oeuvrent là-bas feraient mieux de s’occuper un peu des sports !

 

Claude Paschoud

 

 

Bouger tue!

 

Nous vivons aujourd’hui dans une société obsédée par la santé, la sécurité, le bien-être. On aime la nature. On se nourrit de petites graines. On achète de l’eau de source. On s’épouvante à l’idée que les téléphones portables émettent des ondes radio. On partage ses loisirs entre les spas et les médecins. On exige d’interdire la fumée dans un rayon de deux kilomètres autour de chaque non fumeur, de brider les moteurs des voitures à 10 km/h pour «sauver X vies humaines», de stopper la circulation automobile dès que deux particules fines se rencontrent autour d’un pot d’échappement, d’interdire le chocolat dans les préaux d’école. Et bien sûr, il faut absolument faire du sport pour entretenir sa forme et développer l’amitié entre les peuples.

Pour ce qui est de l’amitié entre les peuples, on a déjà vu comment elle se manifestait entre les partisans d’équipes concurrentes lors des grands tournois de balle.

Les effets sur la santé, quant à eux, sont désormais mieux connus grâce à une nouvelle d’agence publiée le 5 décembre dernier:

«Les accidents de sport font en moyenne 135 morts et 300'000 blessés par année en Suisse, selon une statistique publiée par le Bureau de prévention des accidents (BPA). Et la tendance est à la hausse. Le coût économique et social de ces accidents est estimé à 2 milliards de francs par an. Ce chiffre pourrait exploser. Les experts du BPA prévoient en effet une augmentation des accidents et une aggravation des blessures en raison du nombre croissant d'activités sportives. (...) En 2004, le BPA a recensé 304'000 blessés dans des activités sportives contre 318'000 en 2003, 284'500 en 2001 et 282'000 en 1999. La moyenne pour les années 2000 à 2004 s'inscrit à 295'800. (...)»

Voilà – pour une fois! – une statistique qui nous apprend quelque chose d’utile. Quand donc se décidera-t-on à bannir la gymnastique des écoles, à fermer l'Office fédéral du sport et à traîner Adolf Ogi devant les tribunaux?

 

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