Lausanne 36e année      «ne pas subir»      Novembre  2006 No 359

 

 

Sommaire :

 

Editorial

Où il est question des enfants d’Israël

 

Deux nouveaux cahiers

Les «Cahiers de la Renaissance vaudoise» publient le 6e numéro de la collection «Contre-poisons», ainsi qu’un recueil des meilleures chroniques parues ces dix dernières années dans la rubrique «Le coin du Ronchon»

 

Bricoles

Où il est question d’orgasme mondial synchronisé, d’agenda subventionné, de serial imbécillité, de gastronomie. de liberté des journalistes, d’alleingang et de fourrure

 

En direct de Sirius

Max se souvient avec nostalgie de l’époque où les voyageurs aériens étaient bien traités. Il relève un bon mot d’Iris.

 

La première faute politique de Doris

Claude Paschoud critique la désignation de M. Serge Gaillard au poste de directeur de la Direction du travail au SECO, en remplacement de M. Jean-Luc Nordmann

 

De la prédominance des crétins

Il n’y a pas deux conceptions de la naturalisation, l’une politique et l’autre administrative. L’interdiction de l’arbitraire s’impose au magistrat comme au fonctionnaire, mais le respect de l’égalité de traitement ne se conçoit qu’entre des justiciables qui bénéficient de droits, innés ou acquis. C’est ce que démontre Michel de Preux.

 

Communiqué de l’ARCD

L’Association romande contre la drogue s’inquiète de la récolte record d’opium enregistré cette année en Afghanistan

 

Lausanne-Genève: toujours plus vite!

Pollux observe que la police, en installant des Photomaton le long de l’autoroute Lausanne-Genève, freine les efforts des journalistes obnubilés par l’idée archi-éculée d’une grande région lémanique où il faut pouvoir circuler de plus en plus vite.

 

Triomphe de la civilisation

Claude Paschoud se réjouit de voir le Bien triompher du Mal en Irak.

 

 

 

 

 

Editorial

 

On voit poindre depuis quelque temps dans les milieux non conformistes, point trop fanatiques du sionisme, une nouvelle mode qui consiste à désigner l’Etat hébreu sous l’appellation de l’Israël. A ce que nous avons cru comprendre, les tenants de cette tendance estiment que, puisqu’on dit l’Irlande, l’Afghanistan ou l’Italie, il n’y a aucune raison de faire une exception en faveur d’Israël et que ce dernier devrait cesser de faire bande à part et se plier pour une fois à la loi commune.

 

Fort bien. Mais il faudrait alors aussi mettre au pas Monaco, Singapour, Haïti et  quelques autres, y compris notre bon canton qui, si notre mémoire est bonne, s’appelle Vaud et non pas le Vaud.

 

Les sionistes ont choisi d’appeler leur Etat Israël. Ils ne l’ont pas fait par hasard, ni pour empoisonner leurs adversaires. Ils se sont simplement conformés à une tradition biblique qui veut qu’on désigne les juifs par le nom de leur ancêtre commun Jacob, rebaptisé Israël par l’Eternel1. Le fait que la plupart des juifs d’aujourd’hui descendent de Jacob par filiation adoptive plutôt que par filiation biologique ne change rien à l’affaire, semble-t-il, du point de vue de l’idéologie sioniste.

 

Lorsque Moïse présente la Loi aux Israélites, il s’adresse à eux en ces termes : «Ecoute, Israël…»3. Israël désigne donc l’ensemble des enfants d’Israël et il est parfaitement compréhensible que les sionistes, qui fondent la légitimité de leur récupération de la  Palestine sur l’Ancien Testament et qui partent du principe que tous les juifs devraient venir s’établir dans la Terre Promise, aient donné à leur Etat le nom d’Israël.

 

Nous ferons remarquer en outre que, sauf dans quelques campagnes reculées, nul ne place un  article défini devant un nom de personne. Qui donc aurait l’idée d’appeler notre éditeur et rédacteur principal le Claude le Paschoud ?

 

Nous conseillons donc à ceux qui tiennent absolument à modifier le nom de l’Etat hébreu pour faire rentrer celui-ci dans le rang de recourir à des appellations fantaisistes et poétiques telles que l’Israëllande, l’Israélistan ou l’Israélie. Cela nous paraît un peu vain, mais, après tout, cela ne fait pas grand mal et ne tombe vraisemblablement pas plus sous le coup des lois bâillons que l’Israël.

 

On pourrait se demander, en revanche, s’il ne serait pas correct, en bon français, de dire, par exemple : Madame Micheline Calmy-Rey se rendra prochainement chez Israël pour y proférer des sottises.

 

Débat inutile. Le plus raisonnable est, croyons-nous, de laisser les choses en l’état.

 

Le Pamphlet

 

1 Genèse 32 ; 29.

2 Deut. 5;1. 6;4.

 

 

 

 

Deux nouveaux cahiers

 

 

Comme nous l’annoncions dans notre numéro de février, La Nation1, organe de la Ligue Vaudoise, fête cette année son septante-cinquième anniversaire, puisque le premier numéro a paru le 17 janvier 1931. Par ailleurs, les Cahiers de la Renaissance vaudoise (CRV) fêtent, eux, leurs huitante ans, puisqu’ils existent depuis 1926. Pour célébrer ce double événement, la Ligue vaudoise a organisé, le 23 novembre, une conférence de presse au cours de laquelle la plupart des rédacteurs actuels de la Nation, âgés de vingt à nonante ans, ont été présentés aux journalistes, ainsi que les deux derniers cahiers intitulés Le Coin du Ronchon2 et Contrepoisons3.

 

Je tiens à féliciter ici, au nom de la rédaction, nos amis de la Ligue vaudoise pour cette belle longévité, la qualité de leur journal et celle de leurs publications.

 

         J’ai lu avec plaisir et intérêt les deux derniers CRV.

 

Contrepoisons réunit les contributions de dix auteurs, jeunes pour la plupart – pas un seul vieillard ! Comme tous ces textes sont d’un grande densité, il ne m’est pas possible d’en rendre compte d’une manière détaillée. Sachez ceci : Olivier Delacrétaz, président de la Ligue vaudoise, reprend, dans son introduction, un thème qui lui est cher, à savoir la supériorité, dans le jugement politique, de l’approche réaliste sur l’approche idéologique résultant d’un acte de foi et l’approche pragmatique à courte vue. Nicolas de Araujo démontre que, contrairement à une opinion très répandue, ce n’est pas la démocratie qui est le moins mauvais des régimes politiques, mais  bien la monarchie. Pour Laurence Benoit, l’échec scolaire, à condition de ne pas être transformé en tragédie, peut déboucher sur une remise en question salutaire. Olivier Klunge nous parle théologie et explique, si j’ai bien compris – et rien n’est moins sûr, compte tenu de la difficulté du sujet –, que la loi de l’Ancien Testament permet de distinguer le bien et le mal, mais n’apporte pas la justification, contrairement à la loi nouvelle qui justifie et sauve en permettant à l’homme d’accéder à la grâce de Dieu par la foi en Jésus- Christ. Julien Le Fort nous apporte, avec humour, la conviction rassurante qu’Internet ne remplacera jamais le livre, et nous incite à boire du whisky au coin du feu. Denis Ramelet nous explique pourquoi Dieu n’est pas féministe, encore moins féminin, mais «masculinisé» à juste titre, bien qu’il ne soit ni homme ni femme. Antoine Rochat nous apprend tout sur le statut des paroisses vaudoises de la Réforme à nos jours. Jean-Blaise Rochat fulmine contre les commentaires et les paroles politiquement corrects qui accompagnent de la toute belle musique. Pierre-François Vuillemin rappelle que la première des libertés est l’indépendance de la patrie. Et Jean-François Cavin démontre avec brio que, en politique, le centre est à gauche.

 

Comme vous le voyez, il y a là de quoi satisfaire l’amateur de réflexion le plus exigeant.

 

Le Coin de Ronchon ne se résume pas. Bien sûr tous les lecteurs du Pamphlet qui lisent la Nation, et j’espère qu’ils sont nombreux, connaissent les billets d’humeur du Ronchon qui paraissent toutes les deux semaines en page 4 et dont une septantaine sont publiés dans ce cahier. La nouveauté pour eux – peut-être pas pour tous, d’ailleurs –, est que l’auteur se démasque et montre le vrai visage du très sérieux Pierre-Gabriel Bieri portant sur l’actualité un regard ironique.

 

Un conseil : si vous n’avez pas le moral, si vous vous êtes levés du pied gauche, si vous avez des soucis, bref, si vous avez besoin d’une assistance psychologique, dégustez quelques pages du Coin du Ronchon qui vous feront sourire ou rire aux éclats tout en vous permettant de vous régaler, par la même occasion, des illustrations d’OLB, dessinateur que vous connaissez bien.

 

Bravo à toute l’équipe.

 

Mariette Paschoud

 

 

1 Place Grand-Saint-Jean 1, case postale 6274, 1002 Lausanne.

2 Cahier No CLXIV.

3 Il s’agit de la sixième livraison de la série. Cahier No CXLV. Id.

 

 

 

Bricoles

 

 

Mesure efficace

 

La presse nous apprend l’existence d’un projet poétiquement baptisé Orgasme mondial synchronisé. Rassurez-vous, il n’est pas question d’une partouse à l’échelle planétaire digne de figurer dans le livre des records. Il s’agit d’un projet ultra-respectable de militants pacifistes, qui invite les hommes et les femmes du monde entier à faire l’amour le 22 décembre, jour du solstice d’hiver. Quel rapport avec le pacifisme ? L’acte sexuel doit être précédé et suivi de pensées pacifistes. Nous nous trouvons en somme en face d’une variante intellectuelle du fameux slogan «Faites l’amour, pas la guerre.»

 

Questions : que deviennent là-dedans les laissés-pour-compte ou les solitaires volontaires ? Est-il prévu de leur fournir ou de leur imposer des partenaires ? Sont-ils autorisés à avoir des pensées pacifistes chastes? N’y a-t-il vraiment aucune limite à la bêtise humaine ? (mp)

 

Scandale

 

Horreur ! L’agenda distribué gratuitement aux étudiants de l’Université de Lausanne par le comité HEC comporte de la réclame pour la marque de cigarettes Gauloises qui finance donc ledit agenda. Songez-y: les étudiants, naïfs, immatures et donc bien incapables de résister à n’importe quelle publicité sont en danger. Heureusement, le distributeur de l’objet pervers a décidé de rompre son contrat avec Gauloises dès 2007. S’il ne trouve pas d’autre source de publicité – par exemple pour des charentaises ou des couches pour bébés –, les étudiants en seront quittes pour payer leur agenda, ce qui ne manquera pas d’enthousiasmer les plus impécunieux d’entre eux, ravis d’être sacrifiés sur l’autel de l’hystérie anti-tabagique. (mp)

 

Serial imbécillités

 

Certains journalistes raffolent de l’expression serial killer. Mais comme les tueurs en série sont heureusement assez rares sous nos latitudes, ils sont obligés de se rabattre sur le seul serial mis à toutes les sauces. C’est ainsi qu’on pouvait lire dans 20 minutes du 7 novembre ce titre accrocheur : «Serial voleurs de cloches» dans l’Oberland. Les guillemets n’excusent pas la sottise. (mp)

 

Gastronomie

 

Chef du restaurant de l’Ermitage à Vufflens-le-Château, M. Bernard Ravet vient de perdre une étoile (sur deux) dans la dernière édition du Guide Michelin. Il reste néanmoins serein, nous apprend 24 heures à qui il aurait déclaré1 : «Le seul jugement que j’attends, c’est celui de Dieu».

 

Une telle ânerie explique la chute. Les vrais grands cuisiniers, eux, se préoccupent du jugement de leurs clients. Rabey et Rochat conservent leurs trois étoiles. (cp)

 

Infrarouge

 

Lorsque Mme Blocher avait critiqué l’émission Infrarouge, pour son concept où des caricatures sont insérées, pour le téléspectateur, pendant que les invités débattent, la TSR avait crié à la censure, aux pressions inadmissibles, à l’atteinte intolérable aux droits des journalistes de tout dire sur tout…

 

Sur tout ? Pas tout à fait cependant, comme Mme Romaine Jean vient d’en faire l’expérience. La nécessité d’augmenter la redevance TV peut faire l’objet de débats enflammés dans tous les media, mais pas sur Infrarouge. Niet de la direction de la TSR elle-même2. (cp)

 

Alleingang

 

Qui a oublié les mines consternées des euromaniaques, après le refus du peuple suisse d’entrer dans l’Espace économique européen, et leurs sombres prédictions : à l’écart de l’Union européenne, la Suisse allait sombrer dans la dépression économique, ne pourrait plus rien vendre à personne et serait reléguée aux derniers rangs de la compétitivité mondiale.

 

Moins de quinze ans plus tard, la Suisse a détrôné les Etats-Unis à la première place du classement de la compétitivité de 125 pays publié chaque année par le Forum économique mondial, et qui repose pour les deux tiers sur les résultats d'une enquête d'opinion menée auprès de 11 000 chefs d'entreprise mondiaux. (cp)

 

Alleingang (bis)

 

Quelque cinq millions de personnes ont été privées d'électricité en France samedi 4 novembre dans la soirée, peu après 22h et pendant une trentaine de minutes, en raison d'incidents qui ont affecté le réseau allemand et ont eu des répercussions dans tous les pays européens.

 

Dans tous les pays de l’Union européenne, peut-être, mais pas en Suisse !  Encore un mauvais coup de l’ASIN ! (cp)

 

Fourrure

 

Depuis la nuit des temps, les êtres humains ont chassé pour se nourrir et se sont couverts de peaux de bêtes pour se protéger du froid. Hier, des crétins et des mémères militaient pour l’interdiction de la chasse. Aujourd’hui, des ayatollahs lancent une campagne publicitaire d’injures contre les amateurs de fourrure. Exemples, imitant les définitions du dictionnaire :

 

Fourrure (furyr) n.f. Peau d'animal tué dont se parent certaines vieilles cruches pour aller au bal des prétentieux.

 

Fourrure (furyr) n.f. Peau d'animal tué que certains vieux coqs offrent à la femme qu'ils n'aiment plus.

 

Fourrure (furyr) n.f Peau d'animal tué que certaines petites dindes portent pour oublier qu'elles sont des thons.

 

La société vaudoise protectrice des animaux, qui a mis 180'000 francs dans l’opération, risque de s’aliéner la faveur de moult donateurs et donatrices. On ne pleurera pas. (cp)

 

[1][1] 24 heures du 22 novembre, page 23.

2 24 heures du 21 novembre, page 7.

 

 

 

En direct de Sirius

 

 

Et si l’on passait au suivant ?

 

5.11.06, 11h.00, France Info : la nouvelle est tombée, dans la grande tradition nurembergeoise : le président irakien Saddam Hussein et deux co-accusés ont été condamnés à mort1 par un tribunal d’exception mis en place et surveillé de près par le gang international Bush & Co. En bonne équité, on peut désormais s’attendre à ce que ce gang soit à son tour livré ou vendu à une quelconque Cour-Internationale-(également)-de-Dieu-sait-quoi pour «complot contre la paix», chef d’accusation pour lequel il existe désormais une profusion de preuves.

 

Encore faudrait-il pour ce faire que le degré d’exaspération des peuples européens leur permette de surmonter celui de l’indifférence généralisée dans laquelle ils sont entretenus par les médias (et tous autres dispositifs mis en place à cet effet) ou tout simplement la gangue de lâcheté dans laquelle ils se sont laissé enfermer.

 

 

Transports aériens ? Changeons de galère !

 

Max éprouve quelque nostalgie à se remémorer les jours heureux des années cinquante où voyager en avion n’était que plaisir et délectation. Le passager était escorté à l’appareil par une accorte hôtesse et mené à sa place par une de ses aimables consœurs. Son repas lui était servi avec grâce dans une élégante vaisselle de porcelaine que ne déparaient pas les services argentés, le tout frappé du symbole de la compagnie. Comme la nappe, la serviette était de coton. Les mets étaient souvent très bons et les vins acceptables. Certes, on volait moins haut et il y avait plus de trous d’air, mais à bord, tout n’était que grâce, élégance et légèreté.

 

Désormais, des représentantes d’un sexe plus du tout faible aux épaules de joueuses de tennis format «troisième millénaire» contrôlent, l’air morose et avec l’amabilité de KGBistes, son titre de transport qui s’apparente de plus en plus à une liste de colisage, scannent d’un regard sécuritaire son visage qu’elles comparent à sa photo de passeport biométrique et l’expulsent, tel un suppositoire, vers un siège-baquet dont les accoudoirs mitoyens des sièges voisins sont autant d’accessoires de contention. «Le» voyageur «unique» de jadis se résigne à n’être plus, désormais, qu’un veau supplémentaire bourré en «classe bétail». Il pourra toujours se consoler en se disant qu’il arrive plus vite, même en tenant compte des trois heures perdues à terre entre les contrôles de sécurité et les amabilités policières et douanières, sans parler des temps de déplacement jusqu’à l’aéroport et jusqu’au point final de son périple. Mais là où la mesure est comble, c’est lorsqu’il considère l’escalade sécuritaire dont il doit subir les affres : au seuil des fourches caudines du portique électromagnétique, il lui est demandé d’opérer un numéro d’effeuillage presque complet, de subir les papouilles frétillantes – sans même que l’on se soit enquis de ses préférences en la matière – d’un agent de sécurité de sexe apparenté, auquel il n’a pas même été présenté. Comme il ne manque pas de sonner au passage du portique ou de révéler aux rayons X l’existence, dans son bagage à main, d’un objet qui échappe à la compréhension – toujours très limitée – du scrutateur, le voilà sommé de répondre à une mitraillade de questions aimables mais fermes sous les feux croisés d’une demi-douzaine de regards peu amènes. Après quoi, dûment répertorié par le responsable du rôle des éléments douteux, délesté d’un nombre incalculable d’objets (lime à ongle, camembert2, flacon de parfum, «bombe» – aïe ! – de mousse à raser…) d’apparence anodine mais dont il apprend qu’ils sont susceptibles de provoquer à bord un drame aux conséquences aussi insoupçonnées que cataclysmiques et internationales, rouge de confusion, poursuivi par des regards lourds de suspicion complémentaire, il lui est loisible de remettre ses chaussures pour mieux courir vers l’appareil qui n’attend plus que lui. Essoufflé et confus, il finit par s’insinuer dans son fauteuil sous les yeux lourds de reproches latents de toute l’avionnée.

 

Tant que le bétail humain s’en accommodera avec la bonne grâce et le sourire contrit qui sont la marque des braves gens, il n’y a aucune raison, sauf retour rapide et improbable à ladite raison, pour que cette escalade s’interrompe. Dans la tarte à la crème sécuritaire, le pire reste à venir. Ceux qui ont fait sacerdoce de nous protéger malgré nous pourront ainsi bientôt :

 

- exiger la tonte préalable des passagers (risque de propagation du typhus par les poux – guerre bactériologique !) ;

- les contraindre à n’embarquer que vessie et intestin vides (l’urée et les nitrates entrent dans la composition de puissants explosifs, sans oublier les redoutables effets pervers des flatulences) ;

- les ignifuger avant le décollage et les contraindre à endosser une combinaison stérile numérotée et frappée du logo de la compagnie ;

- interdire de vol certains cardiaques (qui sait ce qu’ils pourraient faire, à 20 000 pieds, de leur stock de pilules à la nitroglycérine) ; les révisionnistes (risque de foudre) ; les comiques (ils vous font mourir de rire) ; les sanguins et les pamphlétaires (susceptibles d’exploser à tout moment) etc., etc. ...3

 

En décembre 2001, parodiant le Dr Goebbels, Max avait intitulé son message de vœux de fin d’année : Peuples européens, profitez du terrorisme, le «sécuritarisme» sera terrible...4. Et où en sommes nous aujourd’hui ?

 

Pour sa part, Max, qui en a le loisir et qui déteste être pris en charge «pour sa propre sécurité» par des gens à qui il n’a rien demandé, a choisi, dans la mesure du possible, de voyager en bateau... C’est plus long, mais on y est encore traité avec décence.

 

 

Iris tire et fait mouche (ou : pourquoi il faudrait verser les femmes à la DCA)

 

31.10.2006, Dayr Kifa, Liban: deux chasseurs-bombardiers de l'aviation israélienne simulent une attaque en piqué sur les positions françaises de la FINUL. Les Français s’inquiètent de ce qu’ils considèrent comme une provocation. Commentaire des Israéliens : «Il s'agit là d'une erreur d'interprétation des Français». Détail : les missiles à très courte portée MISTRAL des soldats de la FINUL étaient à deux secondes de leur mise à feu.

 

En revanche, la remarque d’Iris, elle, a fusé aussi sec :

 

«C'est ça ! Ils veulent nous faire prendre un bras d'honneur pour un salut militaire !»

 

 

Max l’Impertinent

 

 

1           …par l’ignominieuse pendaison (comme en 1946… Les mises en scène ne se renouvellent guère tant qu’elles sont profitables) en refus de la demande du Zaïm d’être passé par les armes.

2          Maizoui, le camembert est un fromage interdit de cabine… sans doute à cause des risques chimiques et/ou bactériologiques… ou peut-être parce que, normalisé aux goûts européens, il pourrait être confectionné en «plastic» ?

3           Certaines mesures pourraient, au demeurant, être fort appréciées : interdire de vol les fâcheux qui vous pompent l’air.

4           Le Pamphlet, décembre 2001, n° 310, p. 2.

 

 

 

La première faute politique de Doris

 

 

Il n’aura pas fallu longtemps pour que Mme Doris Leuthard commette sa première grosse bourde politique.

 

La désignation, à la tête de la direction du travail au Secrétariat d’Etat à l’économie de M. Serge Gaillard, secrétaire général et idéologue de l’Union syndicale suisse, est de nature à provoquer de méchants blocages dans les milieux directement intéressés.

 

M. Gaillard est économiste. Depuis 1998, il est aussi membre du Conseil de la Banque nationale. A l’USS, il était responsable des questions de salaires, d'emploi, d'assurance-chômage, de conjoncture et de politique monétaire, de politique financière, d'assurances sociales ainsi que des politiques économique, fiscale et de la concurrence. Ses compétences sont donc universelles et on croit Mme la Conseillère fédérale lorsqu’elle dit qu’il était «le meilleur pour succéder à M. Jean-Luc Nordmann»

 

Dans ses fonctions de syndicaliste, M. Gaillard privilégiait, bien entendu, la création d’emplois : «les bénéfices des entreprises doivent servir en priorité à la création d'emplois», déclarait-il lors d’une émission de Classe Eco en novembre 2005. Il fallait qu’il proclame cela pour satisfaire sa base, même s’il devait bien être conscient de la sottise d’un tel axiome.

 

Violemment attaqué par l’extrême gauche pour ses «méthodes staliniennes» (il avait brutalement licencié un juriste collaborateur de l’USS, le docteur en droit Romolo Molo, pour déviationnisme idéologique), le nouveau directeur du travail au SECO ne semble pas avoir compris que les difficultés de la croissance économique proviennent essentiellement de la pression croissante et désormais exagérée, en termes de prélèvements obligatoires, que l'Etat fait peser sur les entreprises.

 

Puissent ses nouvelles fonctions lui permettre de se frotter – avec bonheur – aux réalités.

 

Claude Paschoud

 

 

 

De la prédominance des crétins

 

 

 

«Le peuple ne se conduit ni par raison, ni par conseil, ne se forme sur aucun point des idées justes, apprécie peu de choses par la vérité, et en évalue un grand nombre d’après l’opinion; il est toujours inconstant, facile à être trompé et entraîné à tous les excès, ingrat, arrogant, cruel.»

 

Allocution du 17 juin 1793 du pape Pie VI déplorant l’assassinat du roi de France Louis XVI.

 

Une polémique absolument stupide se répand actuellement en Suisse au sujet de l’initiative populaire de l’Union démocratique du centre (UDC) ayant pour objet le maintien des procédures de naturalisation par vote. Cette initiative est la conséquence d’un arrêt aberrant du Tribunal Fédéral suisse datant du mois de juillet 2003, qualifiant d’inconstitutionnelle, comportant un risque de discrimination, notamment raciale, une procédure de naturalisation fondée sur des décisions n’ayant pas à être motivées. Les cuistres du barreau, parmi lesquels le (trop) fameux Me Warluzel, y voient une alternative entre deux conceptions, soi-disant légitimes, de la naturalisation : l’acte politique ou l’acte administratif. Mais le problème n’est pas là du tout ! Et le poser ainsi introduit une dichotomie détestable entre la politique, qui aurait le privilège, odieux, de l’arbitraire, et l’acte administratif, qui serait seul soumis à la loi, donc au principe d’égalité. Entre ces deux approches de la naturalisation, la justice est piégée et l’on ne s’étonne guère que la seconde ait les faveurs des juges de Mon-Repos, qui sont en majorité des esprits faux et de forts mauvais juristes de surcroît.

 

Car il ne peut y avoir inégalité devant la loi ou inégalité de traitement, c’est-à-dire arbitraire, que sur la base d’un droit personnel acquis. Par définition, aucun requérant à la nationalité n’a droit à la naturalisation, car s’il l’avait, ce ne pourrait être que par l’effet de la loi, non d’une décision de naturalisation souveraine. Vouloir qu’une décision de naturalisation soit motivée afin d’éviter l’arbitraire est un pur sophisme. Ce pur sophisme détruit la notion même d’arbitraire, dès lors qu’il assimile ce risque à un droit subjectif à la naturalisation. Pourquoi prendre une décision si la loi en décide ? Et quelle inégalité de traitement peut-il y avoir entre requérants ne disposant d’aucun droit commun ? Toute cette polémique n’a aucun sens et révèle une confusion très grave des esprits, confusion provoquée sciemment par le Tribunal fédéral lui-même !

 

Un tel désordre des esprits est néanmoins révélateur. Ce mal dépasse infiniment l’ordre politique, bien qu’il concerne cet ordre au premier chef. Si, en effet, l’arbitraire est inconcevable, juridiquement et moralement, sans violation d’un droit inné ou acquis, que méconnaît l’acte arbitraire précisément, il est aujourd’hui plus qu’évident que ce genre d’arbitraire s’est largement introduit dans les lois positives de l’Etat, ce qui devrait entraîner des refus systématiques d’obéissance. Il est incontestablement arbitraire d’ignorer le sacrement de mariage des chrétiens en droit civil, ou le droit à la vie d’enfants conçus, de mépriser la vérité religieuse au point d’accorder un traitement identique à des religions dont on ne se soucie plus de savoir laquelle est la vraie et lesquelles sont fausses. A ce propos, si la vérité religieuse n’était pas accessible à l’homme, pourquoi y aurait-il une vérité morale qui le serait ? Et s’il n’y a pas non plus de vérité morale, ce que les législateurs contemporains semblent admettre avec la légalisation des unions de même sexe, conçues comme une simple variante du mariage, que devient le droit lui-même sinon un pur système de contrainte sociale, une violence institutionnalisée ?

 

Rien n’a de sens, et tout n’est que rapport de force. Ce chaos est un châtiment divin. Puisque l’homme ignore Dieu et sa propre conscience, il est aussitôt frappé d’une incapacité radicale : fonder un ordre social quelconque dans la justice selon l’esprit et par la vérité connue par la saine raison. Ou  l’ordre social repose sur Dieu et, en l’admettant, l’homme peut trouver la paix, ou la fabrication de cet «ordre» est revendiquée par l’homme comme un droit propre exclusif, indépendant de Dieu, et la vérité divine demeurant naturellement inchangée, c’est l’homme lui-même qui subira les conséquences de sa rébellion et de son orgueil.

 

 

Michel de Preux

 

 

 

Communiqué

 

 

Lausanne / Yverdon-les-Bains, le 23 novembre 2006. L’Association romande contre la drogue (ARCD)1 partage l’inquiétude du directeur de l’Office des Nations Unies pour la lutte contre les drogues et le crime, M. Antonio Maria da Costa, qui met en garde les maires des 63 villes et communes membres des «Cités européennes contre la drogue» (ECAD) contre le risque accru de surdoses2 en raison de la récolte d’opium record enregistrée cette année en Afghanistan.

 

Dans une lettre adressée hier aux membres de l’ECAD, institution dont le secrétariat se trouve à la mairie de Stockholm et qui compte dans ses rangs notamment la ville de Lugano et plusieurs communes vaudoises, M. da Costa a rappelé qu’une plus grande disponibilité de l’héroïne s’était traduite dans le passé par une plus grande pureté du produit final plutôt que par une baisse des prix dans la rue. Il encourage vivement les maires des «Cités européennes contre la drogue» et les centres de thérapie à prendre toutes mesures utiles dans les mois qui viennent et d’alerter les responsables du terrain contre le risque d’une augmentation possible du nombre de surdoses. Le patron de l’UNODC a aussi exprimé sa préoccupation devant l’augmentation de la consommation de cocaïne en Europe.

 

C’est l’occasion de rappeler que le nombre de surdoses mortelles a fortement augmenté l’an dernier en Suisse, passant de 182 à 211. Dans les seules villes de Zurich et de Genève, qui ne sont pas membres des «Cités européennes contre la drogue», ce nombre a passé respectivement de 58 à 63 et de 4 à 14. C’est aussi l’occasion de rappeler que ces deux villes possèdent chacune un ou des locaux pour l’injection ou l’inhalation de drogues illicites, dont l’existence porte préjudice à la prévention, à la thérapie axée sur l’abstinence et à la répression, les trois piliers d’une politique de la drogue cohérente et restrictive. La France, qui ne possède aucun local d’injection, a vu en revanche le nombre de surdoses poursuivre son repli, avec seulement 57 cas recensés l’an dernier (Figaro du 19 octobre 2006).

 

L’ARCD encourage vivement les pouvoirs publics à inciter les toxicomanes à s’insérer dans un réseau de soins, à maintenir leur soutien aux institutions thérapeutiques axées sur l’abstinence, à améliorer la prévention en matière de drogues et à renforcer la répression contre le trafic, toutes mesures qui doivent concourir à une réduction de l’offre et de la demande en même temps qu’à une diminution des coûts sociaux engendrés par la drogue, lesquels s’élèvent à plus de 4 milliards de francs par an.

 

 

Association romande contre la drogue

 

1 Case postale 5260, 1002 Lausanne. Contacts :

Claude Ruey, conseiller national, tél. 031 / 311 64 16, courriel : clauderuey@parl.ch

Jean-Philippe Chenaux, tél. 021 / 796 33 00, courriel : jpchenaux@centrepatronal.ch

2 C’est moi qui ai remplacé overdoses par surdoses. M.P.

 

 

 

Lausanne-Genève: toujours plus vite!

 

 

 

Le commandant de la police cantonale vaudoise vient de faire installer une ribambelle de nouveaux Photomatons pour automobiles le long de nos autoroutes. Il faut saluer là l’une des dernières initiatives que nous aurons pu prendre librement dans ce domaine, avant que la gestion des autoroutes ne passe bientôt entièrement sous la coupe du pouvoir fédéral.

Décision heureuse sur le plan du fédéralisme, donc, mais guère pertinente, semble-t-il, du point de vue de la sécurité routière. Alors que la présence de ces appareils était censée «apaiser le trafic», on a vu au contraire se multiplier, ces dernières semaines, des cas de courses-poursuites au cours desquelles des fuyards ont tenté d’échapper à la police en roulant parfois à plus de 200 km/h. L’effet préventif de ces installations reste donc très relatif.

L’origine des individus en question – des gitans établis en France, des cambrioleurs algériens, un psychopathe égyptien armé d’un sabre – renforce le sentiment communément partagé selon lequel les radars fixes doivent certainement flasher beaucoup plus de conducteurs étrangers, non prévenus de ces pièges, que d’autochtones – ces derniers, dûment avertis, ayant l’exaspérante habitude de réduire leur vitesse bien en dessous de la limite légale. La Commission fédérale contre le racisme ne devrait-elle pas intervenir pour faire cesser cette discrimination? Mais on retombe là dans la problématique du fédéralisme…

 

Si l’on s’en tient donc au seul thème de la sécurité routière, on remarquera que les efforts de la police pour modérer la vitesse des véhicules resteront vains si la presse refuse de jouer le jeu et montre systématiquement le mauvais exemple. Le dossier présenté dans L’Hebdo du 26 octobre dernier et intitulé Le Léman en folie en est une illustration frappante: toujours obsédé par le fantasme archi-éculé d’une grande région lémanique, le journaliste Daniel Audétat nous inflige quatre pages sur «les idées [qui] fusent autour du lac», sur le «vent de folie [qui] irise le Léman» et sur le «jaillissement de projets», textes flanqués de dessins-montages de science-fiction où la cathédrale de Lausanne disparaît au milieu d’un fouillis de gratte-ciels, d’engins volants, de monorails et d’artères rapides sur lesquelles se pressent des voitures aux formes futuristes. Le message est clair: il faut pouvoir circuler toujours plus vite entre Lausanne et Genève. Et ce message est en complète contradiction avec celui du commandant de la police vaudoise. Comment voulez-vous que le simple citoyen s’y retrouve?

 

Pollux

 

 

 

Triomphe de la civilisation

 

 

On ne dira jamais assez les bienfaits de la civilisation et de la démocratie : le Haut Tribunal irakien, juridiction d’exception mise en place par l’occupant américain, a finalement condamné à mort l’affreux Saddam Hussein, pour avoir ordonné ou tout au moins accepté le meurtre de 148 villageois.

 

Sans doute ce jugement n’a-t-il pas été rendu dans la plus parfaite sérénité : trois avocats de la défense ont été assassinés et le président de la Cour a été destitué pour défaut de pugnacité à l’égard de l’accusé, et remplacé.

 

Mais, grâce à ce jugement exemplaire, on sait aujourd’hui que le Bien a triomphé du Mal.

 

Cet heureux résultat a néanmoins un prix : depuis le début de l’intervention américaine, 2800 soldats américains sont morts, ainsi que 250 soldats du Royaume-Uni et des autre puissances occupantes. Les pertes civiles irakiennes se situent, selon www.iraqbodycount.net à un total pouvant être estimé entre 47'440 et 52'642.

 

Selon le sénateur Mc Govern, le coût direct des opérations se situe à 246 millions de dollars par jour. 

 

Depuis le 1er mai 2003, date de la fin des opérations majeures, selon le président George W. Bush, le coût des opérations s’est articulé comme suit : en 2004 : 77,3 milliards de dollars ; en 2005 : 87,3 milliards de dollars et en 2006 : 100,4 milliards de dollars jusqu’à aujourd’hui.

 

Non seulement la paix civile est loin d’être rétablie, mais le chaos est – presque – total. Le gouvernement ne contrôle que la ville de Bagdad  (et encore, pas entièrement) et rien dans le reste du pays. La menace terroriste a considérablement augmenté, même en Europe.

 

Ces quelques menus inconvénients ne sont rien : la pendaison de Saddam Hussein sera le signe visible du triomphe de la civilisation sur les forces du Mal.

 

 

C.P.