Sommaire :
Faut-il, comme le réclament les âmes sensibles, que les armes d’ordonnance
restent à l’arsenal ? L’éditeur
s’élève contre cette fausse bonne idée.
Le Pamphlet partage l’indignation d’une lectrice au sujet de l’argent
public dépensé à Lausanne dans des fantaisies graphiques.
Max se moque des politiciens qui se précipitent pour verser des larmes
devant les caméras TV à chaque drame privé. Il se penche sur le sort de M.
Massaoui et se demande encore si
Pollux s’en prend, avec une sévérité justifiée, aux sportifs qui
nous pourrissent la vie, et parmi eux à l’engeance la plus nuisible :
les cyclistes.
Michel de Preux dénonce les condamnations françaises de l’esclavage
pratiqué par les seuls Blancs européens.
Claude Paschoud regrette la lâcheté de deux caisses d’assurance
maladie qui ont – à tort – cédé aux pressions médiatiques…
Le professeur et le bien commun
Igor Meylan plaide pour la réintégration dans ses fonctions d’un
médecin bibliomane
Doris et Ségolène : même combat !
La désignation de Mme Doris Leuthard comme seule candidate à la
succession de M. Joseph Deiss par les délégués du PDC ressemble furieusement
aux scrutins organisés dans le parti communiste de l’ex-URSS : «Ceux qui sont d’accord avec la
proposition lèvent la main. Ceux qui y sont opposés lèvent les deux mains et
vont s’aligner contre le mur !»
Un cas patent de discrimination
Il y a chaque année en Suisse un ou deux meurtres, et
une demi-douzaine de suicides commis grâce à une arme d’ordonnance, fusil
d’assaut ou pistolet,que chaque citoyen soldat conserve chez lui, comme
chacun sait, entre deux cours de répétition.
Il n’en faut
pas plus pour que les âmes sensibles et la presse se déchaînent contre le
maintien de cette tradition : même des officiers, comme le maire
socialiste de Granges (Soleure) et conseiller national Boris Banga, estiment
que les armes devraient rester à
l’arsenal.
Celui qui est
décidé à commettre un homicide le commettra, avec ou sans arme à feu. Celui qui
veut mettre fin à ses jours y parviendra aisément, avec ou sans arme à feu. Les
dépressifs s’imaginent, sans doute à juste titre, que la mort par balle
est plus rapide et plus propre, sinon plus certaine, que le saut du Pont
Bessières ou la rencontre avec le train express.
Les assassins
doivent aussi s’imaginer que le Sig
Mais la plus grande
partie des homicides sont perpétrés sans aucune arme à feu : étranglement,
étouffement, coups avec toutes sortes d’objets, usage de couteaux,
poignards et stylets, empoisonnements, faux accidents etc.
Le maintien des armes
d’ordonnance à domicile a eu, dès l’origine, deux buts : un
but d’économie, d’abord. En chargeant chaque soldat de conserver
chez lui son arme et de la maintenir en état,
Le second but est
tactique. En cas de mobilisation, il serait possible que les arsenaux destinés
à équiper certaines troupes en matériel de corps ne soient plus accessibles, ou
aient été détruits. Avec l’arme, et une boîte de munitions à la maison,
le soldat mobilisé est directement un combattant opérationnel, dès le seuil de
sa maison, et le commandant dispose, sur la place de rassemblement de corps,
d’une unité armée, sinon complètement équipée.
Ce qu’il y a
de curieux, et d’un peu malsain, c’est la facilité qu’il y a,
en Suisse, à se procurer des munitions1. C’est là
peut-être qu’on pourrait éviter à l’avenir un ou deux coups de feu
tragiques.
Après quoi, les
âmes sensibles déposeront une initiative populaire pour soumettre à
autorisation fédérale la vente de cordelettes et de bas de soie (armes
traditionnelles pour la strangulation), de couteaux à viande, de sèche-cheveux
(que l’assassin jette dans la baignoire pendant que la victime prend son
bain) de statuettes en bronze et autres objets contondants propres à faire
passer son ennemi de vie à trépas. Un des lecteurs de 24 heures observe avec
pertinence que ce sont de vulgaires couteaux de cuisine qui sont à
l’origine des attentats sur les Tours jumelles de New York. Et c’est bien à tort que le
rédacteur de service, un sieur Thierry Meyer, considère que cette comparaison
est «absurde»2.
On notera que lors
de tous les événements tragiques qui ont ému l’opinion et qui ont vu un
meurtrier utiliser une arme à feu, ladite arme a été utilisée à contre-emploi, c'est-à-dire à bout portant
ou même à bout touchant, c’est-à-dire en une circonstance où
n’importe quelle autre arme aurait fait l’affaire, y compris la
strangulation à mains nues.
Extrêmement rares
sont les cas où une arme à feu a servi à occire un être humain à plus de
M. le Conseiller
national Banga croit rassurer tous les tireurs sportifs en répondant au
journaliste qui l’interroge3 sur le sort des
tirs hors service : «Il
suffirait d’aller chercher un fusil à l’arsenal».
Proposer à un
tireur de compétition d’«aller chercher un fusil à l’arsenal» est aussi grotesque que de
proposer à Isaac Stern d’aller chercher un violon au dépôt des
instruments avant le concert ou à Ernesto Bertarelli d’aller chercher un
voilier au club nautique juste avant la régate.
Compte tenu de
l’état des finances fédérales, le rapatriement de toutes les armes dans
les arsenaux ne paraît pas un objectif urgent.
Claude
Paschoud
[1] Nous ne parlons évidemment pas de la dotation de la
célèbre «boîte de munitions» en forme
de conserve, avec mode d’emploi en allemand-français-italien et romanche,
qu’il est strictement interdit d’ouvrir sauf cas de mobilisation.
2 24 heures du 8 mai, page 4.
3 Ibid.
Une lectrice, Mme
Christiane G. à Lausanne, nous écrit :
Je vous adresse une coupure de presse d’un
article paru dans 24 heures le 12 courant. Je suis tellement exaspérée que je ne
peux pas répondre dans le courrier des lecteurs posément sans éclater !
Vous, vous le pouvez.
Nous avions, jusqu’en 1998, un logo parfaitement
clair et parlant. Il a fallu le «génie» de M. Schilt pour tout f… en
l’air et nous gratifier de 7 boules rouges qui, paraît-il, sont ludiques
et facilement identifiables à l’intérieur comme à l’extérieur.
C’est tellement nul et stupide qu’il est question de revenir à
l’ancien logo. Pour ce faire, il faudra études et examens divers ;
coût de l’opération : 100 à 200'000 francs. Je sais par
d’anciens collègues de l’administration qu’en 1998, tout le
papier avait été jeté, sans états d’âme. On rigole bien avec vos
impôts ! Lausanne, ville olympique, pratique une nouvelle
discipline : le jeter de l’argent par les fenêtres !
La tradition
rédactionnelle voulait que les lettres des lecteurs soient publiées sans
adjonction ou commentaire rédactionnel dans le même numéro. Je me permets
néanmoins d’abonder dans le sens de notre lectrice, et j’ajoute que
les coûts du changement ne se limitent pas au papier à en-tête : le logo
de la ville apparaît également sur les panneaux de chantier, sur tous les
véhicules de l’administration communale et sur toutes les publications
officielles qu’il faudra réimprimer. La facture promet d’être bien
plus lourde !
Pour une opération
identique, menée il y a quelques semaines,
De sorte que la
dépense totale, qui est secrète, doit quand même probablement dépasser
largement le million. Au moins cette opération absurde (il s’agissait de
remplacer un K stylisé blanc sur fond vert par le même K stylisé vert sur fond
blanc) n’a-t-elle pas été menée aux frais du contribuable directement.
En comparaison des
2 milliards que l’Etat a dû injecter dans l’établissement bancaire
récemment, un ou deux millions sont effectivement une dépense infime.
Pour le
contribuable lausannois, la disparition des 7 petites boules rouges «modulables
à souhait, simples et ludiques» et leur remplacement par le fruit des
cogitations des nouveaux graphistes coûteront directement des sommes,
probablement plus d’un million, qui ne seront pas affectées aux crèches
ou autres besoins urgents.
Bravo !
C.P.
Par une bien navrante et tragique coïncidence, deux
malheureux enfants sont retrouvés assassinés, en deux points distincts de
l’Hexagone, le 8 mai 2006. Et l’on voit, pour l’occasion,
réapparaître, l’œil humide et trémolos1 démocratiques
dans la voix, tous partis confondus et à tous les niveaux, une étrange variété
d’hommes politiques : les «pleureuses»… minute de silence à la
chambre des députés… assaut de formules creuses :
«solidarité», «responsabilité nationale», «soutien psychologique»,
«marches silencieuses» sur l’air éculé de «nous sommes tous des
assassins». Une seule voix, une seule, s’élève pour exiger le
rétablissement de la peine de mort pour ceux qui, pour leur part, n’ont
aucune objection à l’infliger à de petits enfants : celle de M.
Jean-Marie Le Pen. Il reste encore un réaliste en France.
Voilà donc M. Zacarias Moussaoui enfermé ad vitam aeternam au régime
d’isolement total dans une cellule insonorisée et aseptisée de
M. Moussaoui, qui n’a pas de sang sur les mains,
a été condamné parce qu’on a estimé qu’il aurait pu être du nombre
des pirates de l’air d’un certain 11 septembre, et parce
qu’il a eu l’incroyable innocence de plaider coupable. Il est vrai
qu’avec son enthousiasme de prosélyte islamique et sa qualité de
ressortissant français, M. Moussaoui endossait à merveille la peau de bouc
émissaire…
Astreint à l’inutilité totale, aux frais des
contribuables états-uniens, M. Moussaoui pourra désormais, par cycles
renouvelables de vingt-quatre heures et jusqu’à la fin de ses jours ou au
basculement définitif de sa raison, se persuader de l’efficacité de la
torture blanche scientifiquement appliquée sans violence physique, comme seuls
savent la pratiquer les exportateurs éclairés des droits de l’homme et de
la démocratie.
De par sa condition de mort-vivant, M. Moussaoui, dont
la personnalité insignifiante aurait sans cela rapidement disparu dans
l’oubli, est désormais promu au statut de martyr absolu.
Simple hypothèse ?
Et si tous ces menus ennuis – situations
insurrectionnelles, conflits sociaux répétitifs, fermetures
d’entreprises, délocalisations à la hussarde, OPA «inamicales», péripétie
navale (à 12 millions d’euros le voyage en boucle) de la coque «Q 719»
(ex-Clemenceau), floraison d’affaires douteuses, insinuations sur
un possible rondelet2 compte bancaire japonais du président –
qui précipitent la chute du régime démocratique français étaient entretenus en
douce par les Etats-uniens. Ces grands philanthropes ont la rancune tenace et
sont peu enclins à la repentance. Il n’y a pas si longtemps, on parlait
beaucoup à
Après tout, n’était-ce pas en usant de tels
procédés que
« Mais où sont passés les Français ? »
S’inquiète le patron d’un très bon
restaurant d’Italie voisine.
Max : – Si vous voulez parler des derniers
Français de souche, les non-assistés, ceux pour lesquels il n’y a
d’autre enveloppe que celle de leur déclaration d’impôts, vos meilleurs
clients, il n’y a pas si longtemps, je crains qu’ils n’aient
commencé d’accuser les chocs combinés de l’euro, de la «Carte
Bleue» et de la «politique sociale» et qu’ils ne réalisent enfin
qu’ils sont désormais irrémédiablement fauchés !
Pointe sèche n° 4 : une
dame pratique et prévenante
Comme elle me voyait acheter des fleurs pour la
mourante, toute de sollicitude, elle s’approcha de moi. «Ça n’est
plus nécessaire», me susurra-t-elle, «elle est déjà inconsciente.»
Pointe sèche n° 5 : un
gros fat lourd
Il était si convaincu de sa propre importance
qu’il en était devenu imposant d’embonpoint.
Max l’Impertinent
1 Peut-être devrait-on devrait changer ce pluriel en «trémoli» ?
2 La presse a avancé le chiffre d 300 millions d’euro (N.B. : contrairement à ses centimes, l’euro est invariable).
On
parle décidément beaucoup de sport ces derniers temps, ce qui est hélas aussi
ennuyeux qu’inintéressant.
A
Bâle notamment, un match de football a dégénéré – comme c’est
souvent le cas – en batailles de rues extrêmement violentes. A Berne, le
conseiller fédéral en charge de l’armée et des sports – cette
double casquette montre le niveau de considération auquel est tombée notre
armée! – a immédiatement affirmé que ces événements prouvaient la nécessité
d’une nouvelle loi fédérale permettant d’empêcher l’accès des
stades aux supporters connus comme violents.
Notre
ministre n’a pas cru bon de réfléchir au fait que, sur environ 500
casseurs, seuls 25 ont été interpellés, et qu’aucun d’entre eux
n’était déjà connu des services de police : à ce rythme, il faudra très
longtemps et de très nombreuses émeutes jusqu’à ce que cette fameuse base
de données commence à être utile – et encore seulement à
l’intérieur des stades. Mais il est vrai qu’on touche là à la
pratique des mathématiques plus que du sport, et que M. Schmid est ministre des
sports, pas des mathématiques.
Il
y a lieu d’insister sur le fait que les footballeurs et leurs admirateurs
ne sont pas les sportifs les plus nuisibles, leurs nuisances restant
relativement confinées dans l’espace et dans le temps. Ceux en revanche
auxquels il est difficile, voire impossible, d’échapper, tant ils se
répandent dans la nature, ce sont les cyclistes. Et il est temps de dire qu’il
y en a marre des cyclistes!
Bien
entendu, nous ne pensons pas ici aux honnêtes citoyens qui, pour de justes
motifs, décident de monter sur une bicyclette. Nous voulons parler des
cyclistes déguisés en cyclistes, avec leurs collants roses trop serrés, leurs
maillots publicitaires multicolores et leurs casques aérodynamiques financés
par le Bureau de prévention des accidents; de ces grands dadais à têtes de
sportifs, perchés sur des vélos sophistiqués, agitant frénétiquement leurs
mollets, debout sur leurs pédales, la tête baissée pour ne rien voir de ce qui
se trouve devant eux, grillant avec persévérance tous les feux rouges, manquant
de renverser des piétons, zigzaguant entre les files de circulation et prenant
de grands airs offusqués lorsqu’on leur fait une remarque.
Car
ces cyclistes-là conçoivent le cyclisme non comme un moyen de déplacement, mais
comme un «acte citoyen», comme une attitude militante et morale. «Je ne
pollue pas, je ne consomme que des énergies renouvelables, je suis un héros de
la mobilité douce et du développement durable, un militant du Bien, une
préfiguration d’un monde plus sain où rien de ce qui peut nuire à la
santé ne sera toléré, une réincarnation de
Ce
militantisme moral plus ou moins conscient est exaspérant. Les fautes de
circulation, certes condamnables, ne suffisent pas à expliquer la rage que nous
ressentons en voyant ces nuées de sauterelles bariolées réapparaître sur nos
routes à chaque printemps. Ce qui est proprement insupportable, c’est
cette espèce de fierté à la fois revendicative et réprobatrice, cette manière
de profiter d’une échelle de valeurs imposée par des fonctionnaires
écologistes et qui place le vélo dans l’«Axe du Bien» et la voiture dans
l’«Axe du Mal». «Z’avez qu’à appeler la police!», nous
répond le cycliste qui se moque des règles, conscient que la police reçoit pour
mission de traquer les automobilistes plus que les cyclistes et qu’il ne
risque donc pas grand-chose. Parfois, l’infortuné conducteur qui enrage
de voir ces parasites échapper à toute sanction se plaît à imaginer que
l’un d’entre eux finisse éclaffé par un semi-remorque au milieu
d’un carrefour… Il va de soi que nous ne cautionnons pas de si
vilaines pensées, qui font peu de cas du choc émotionnel qu’un tel
accident pourrait causer à un honnête chauffeur routier. Mais cela ne doit pas
nous empêcher de réfléchir à des mesures qui permettraient de réduire le nombre
de cyclistes «sportifs» sur nos routes. Et si on les mettait sur des trains en
créant une sorte de ferroutage pour vélos?
«On ne peut guère discerner une quelconque trace d’abolitionnisme … dans la série d’ordonnances papales et conciliaires qui, depuis le début du Ve siècle, ont limité et interdit même l’affranchissement des esclaves qui étaient la propriété de l’Eglise et du clergé.»
Moses I. Finley : Esclavage antique et idéologie moderne, éd. de Minuit, Paris 1979, p. 171.
La journée du 10 mai fut choisie par Jacques Chirac
pour rappeler un nouveau crime, l’esclavage, dont se seraient rendus
coupables, naturellement, les seuls blancs d’Europe, de France en
particulier, par le fameux commerce dit «du bois d’ébène», qui enrichit
entre autres le père de Chateaubriand. Les Etats issus de la colonisation
vont-ils dans un avenir proche demander réparation à l’Europe ? La
facture pourrait être lourde… On tente même d’y mêler
Crime donc, et non pas ordinaire, mais
absolu, imprescriptible de nature, l’esclavage serait un crime contre
l’humanité. Ainsi pensent les hommes d’aujourd’hui, et
encore ! Car ils ne sont pas unanimes. On feint de le croire, mais ce
n’est pas la réalité. L’esclavage est , aujourd’hui encore,
admis et pratiqué en terre d’Islam, ce qui est, personne n’en
doute, une raison suffisante pour n’en point trop parler et dissimuler
une frontière à ce genre d’interdit… et de débiteur !
Toutes les civilisations, toutes les
cultures dont, naturellement, la civilisation et la culture noire
d’Afrique1, y compris la civilisation et la culture
chrétiennes, y compris l’Eglise catholique, ont connu l’institution
de l’esclavage et même s’en sont servies2. Mais cet
argument ne vaut absolument rien, l’infaillibilité en matière de droits
fondamentaux de la personne humaine étant désormais l’apanage des seuls
interprètes actuels de ces droits, abolis en ce qui concerne
l’esclavage le 27 avril 1848 par
Tournons-nous vers les Etats-Unis,
terre de liberté s’il en est, et sa guerre de Sécession, menée par les
Etats du Nord contre ceux du Sud, pour la bonne cause :
l’abolitionnisme. Là encore, il nous faut déchanter. Les mobiles de
concurrence entre une économie nordiste capitaliste trouvant le travail libre
moins coûteux et une économie domaniale sudiste accoutumée depuis des siècles à
cette institution, pesèrent d’un grand poids dans ce conflit, où les
considérations morales étaient plutôt des arguments d’opportunité.
Que conclure ? Il me semble que
l’ensemble des hommes raisonnables peuvent s’entendre sur le fait
que le statut servile, s’il n’est pas un statut normal ou habituel,
a néanmoins toujours été considéré partout comme un statut social possible de
l’homme, l’esclave n’ayant jamais été considéré nulle part et
en aucun temps comme n’appartenant pas à l’espèce humaine. Ce
statut n’impliquait donc pas une négation de la qualité d’être
humain ni une condition de sous-homme comme en connurent à la fois le régime
nazi allemand et tous les régimes communistes, ce qu’aujourd’hui
l’on tait. Il ne s’agit donc manifestement pas d’un «crime
contre l’humanité», sinon dans l’esprit belliciste
d’idéologues se cherchant des mobiles de vengeance et voulant à cette fin
imposer en Europe aujourd’hui et demain une application rétroactive
totalement arbitraire de lois morales dont ils sont les seuls auteurs et
interprètes.
1 «… les Européens qui peuplèrent le Nouveau Monde d’esclaves africains importés eurent à leur disposition un système juridique tout prêt, qu’ils adoptèrent presque en totalité, le modifiant lentement pour satisfaire certaines conditions nouvelles, par exemple l’éventuelle restriction de l’affranchissement au minimum.» Moses-I. Finley, op. cit., page 23.
Précisons ici que les Européens, n’étant pas les auteurs du statut servile des Africains qu’ils déplacèrent aux Amériques, ne sauraient être tenus pour responsables exclusifs de ce statut dans le monde. Ce mémorial, dans la mesure où il ne s’applique qu’aux blancs de France, consacre une discrimination fondée sur l’unique critère de la race.
2 «Ainsi les chrétiens ne changèrent absolument rien dans les lois concernant les esclaves.» Ernst Troeltsch : The Social Teaching of the Christian Churches, trad. d’Olive Wyon, Londres & New York 1931, vol. I, p. 132.
«Le Christ et les apôtres gardèrent le silence sur l’esclavage.» Moses-I. Finley, op. cit. p. 20, trad. française de Denise Fourgous. L’auraient-ils fait s’il s’était agi d’un crime aussi grave et aussi répandu à la faveur d’une conscience morale totalement égarée ?
L’association
Aide suisse pour la mère et
l’enfant a pour but de procurer l’aide nécessaire à la mère
qui, en raison de sa grossesse, se retrouve en détresse et dans le besoin, et
la protection de son enfant, et ce, dès sa conception.
Qui pourrait
hésiter à souscrire à un but aussi généreux, malgré une traduction française
digne d’amélioration ?
Ladite association
a eu l’idée de concevoir une Déclaration éthique de renonciation,
par laquelle celles et ceux qui le souhaitent peuvent, légalement et à titre
facultatif, renoncer par avance aux prestations liées à l’avortement, à
la fertilisation in vitro et aux thérapies de désintoxication.
En adhérant à
Renoncer à
l’avortement ? Une telle intention, même révocable en tout temps,
est une abomination aux yeux des féministes militantes, celles qui prônent la
libre disposition de leur «ventre» et pour qui une interruption de grossesse
n’a pas plus de signification et d’importance qu’une
appendicectomie.
Une campagne de
presse haineuse a été orchestrée contre
J’ai vu
l’émission de télévision concoctée sur le sujet par Mme Eva Ceccaroli,
d’une parfaite malhonnêteté intellectuelle, d’une mauvaise foi qui
suintait sur chaque image : l’interrogatoire de type «policier» de
M. Dominik Müggler-Schwager, président du Conseil de fondation de l’Aide suisse pour la mère et l’enfant,
filmé debout et immobile, répondant dans un français hésitant, mais avec le
sourire, aux attaques sournoises de l’interrogatrice, l’interview
de l’assureur lâche et honteux d’avoir découvert soudain, grâce à
la presse, que
Rien n’est
masqué ! Les initiateurs de
Même si le peuple
suisse a adopté, le 2 juin 2002, la «solution»1 des délais, il reste
que des centaines de milliers d’hommes et de femmes, en Suisse,
considèrent comme Mère Teresa de Calcutta (Prix Nobel de
Les partisans de
l’avortement ne sont pas ravis d’entendre ce discours, qui les
dérange d’autant plus que les plus lucides savent pertinemment et que
même les plus bêtes doivent sentir, confusément, que tout avortement est un meurtre, quand bien même il serait excusable
et même s’il est expressément autorisé par la législation actuelle.
Il paraît
qu’un modèle de déclaration comparable à celui de l’association Aide
suisse pour la mère et l’enfant a déjà été souscrit par 38'000
personnes, à l’initiative de l’association Pro Life et avec la
caisse maladie Sansan (Helsana), pour le plus grand profit des assurés (qui ont
vu leurs primes diminuer) et de la caisse (qui fait des économies).
Laissons donc
hurler les avorteuses, les féministes extrémistes et les réalisatrices de
C.P.
[1] Ah ! la puissance redoutable du vocabulaire, et
notamment des concepts qui nous sont imposés par nos adversaires et qui
sont, évidemment, repris par la presse.
Le professeur et le bien commun
Souvent, les
journaux tanguent entre le sinistre et
l’insignifiant : ainsi, pendant toute la semaine du premier mai, on nous
entretint d’un assassinat, de la poursuite de l’assassin, du
suicide d’icelui. On dut subir un sondage d’opinion sur les
grimaces d’un politicien qui croyait peut-être qu’on devient
Einstein en tirant la langue au photographe. La lecture des quotidiens donne
décidément trop d’occasions de cultiver sa misanthropie. Nous étions sur
le point de résilier notre abonnement, lorsque la livraison du samedi apporta
enfin une pure bouffée de bonheur : en première page, une éclatante gouache de
Robert Delaunay. Le plaisir se poursuivait à la page 3, avec une composition
naïve de Hermann Hesse et un délicat nu de Matisse. A qui devions-nous tant de
ravissement au milieu des immondices de l’information quotidienne? Au docteur
Bogousslavsky, bibliophile de haut vol. On sait que cet éminent collectionneur
de livres rares illustrés est actuellement incarcéré, accusé d’avoir
distrait un ou deux millions des deniers publics pour assouvir sa passion. Pour
le simple pékin, cette somme paraît exorbitante; mais quand on connaît le prix
du moindre giratoire affublé d’une «oeuvre d’art»... Le sens commun
exige qu’un voleur soit sous les verrous. Loin de nous l’idée de
mépriser ce besoin de justice, pilier essentiel de l’ordre public.
Toutefois il est permis de souhaiter que Julien Bogousslavsky, ci-devant chef
du service de neurologie du CHUV, ne croupisse pas plus longtemps que
nécessaire dans sa geôle. Ce
professeur a acquis dans sa spécialité une renommée internationale dont
personne ne conteste le mérite. Un trait qui caractérise certains génies,
c’est leur capacité d’exceller dans un domaine tout autre : par
exemple, Einstein était un violoniste talentueux, Schönberg un peintre
estimable. Il faut beaucoup de discernement et de goût pour réunir une
collection de livres estimée entre cinq et sept millions de francs. Quand un
imbécile chipe dans la caisse, il se comporte en flambeur, achète des autos de
luxe, entretient des poules, court les casinos, se fait construire un palais de
satrape avec piscine, portails télécommandés et surveillance électronique de
l’arrogant fief. M. Bogousslavsky n’a dépensé que pour le beau,
sans avarice, de manière presque désintéressée; ce qui explique son effarante
imprudence. Ce désintéressement est prouvé par la mise en vente chez
Christie’s, sans états d’âme, de cette prestigieuse bibliothèque : «J’ai
toujours observé que le plaisir culminait dans la conquête et
l’acquisition bien plus que dans la possession prolongée.» Ce mot
n’est-il pas digne de Marc-Aurèle?
S’il fallait
invoquer une circonstance atténuante au comportement de notre singulier
bibliophile, on pourrait considérer la manie de collectionner sous
l’angle d’une pathologie: tous les collectionneurs sont un peu
timbrés, et pas seulement les philatélistes. Récemment, je visitai la maison
d’un collectionneur de pots en terre cuite : la maison était envahie de
potiches de toutes les tailles, de toutes les formes, qui rendaient le logis
presque inhabitable. Notre homme décrivait tranquillement les objets de sa
folie: «Voyez cette jarre,
manifestement d’origine vendéenne, reconnaissable à la teinte de son
émail... Ce “toupin” auvergnat servait à la conservation de la
viande... On gardait les olives dans cette amphore provençale...» Et
caetera. Je trouve l’épouse de ce maboul bien patiente, qui tient sous la
main tous les accessoires d’une scène de ménage mémorable.
On se plaint assez que
les adolescents soient rivés sur les divers écrans de leurs jeux, ordinateurs,
et autres portables. Or Julien Bogousslavsky leur donne le bel exemple
d’une sommité mondialement reconnue, capable de risquer sa carrière par
amour des livres! On peut trouver cela stupide; rien n’empêche
d’admirer le panache de cette vie réussie, couronnée de manière un peu
romanesque par un séjour en prison.
La place du professeur Bogousslavsky n’est pas sur la
paille humide d’un cachot. L’intérêt du pays est qu’il
réintègre rapidement son poste au CHUV. Ne succombons pas à la satisfaction
vulgaire de voir tomber un gros bonnet. Le coupable a les moyens de rembourser
l’argent détourné et de payer une amende proportionnée au délit et à ses
revenus. Ainsi la morale et les finances seront sauves. Sinon il est certain
qu’une telle pointure trouvera sans difficulté, dès sa libération, un
nouveau poste dans quelque hôpital renommé ou université étrangère. Si
l’exclusion du CHUV était maintenue, nous serions certes vertueux, mais
cocus.
Il y a maintenant longtemps, les murs de la capitale
exhibaient cette injonction: Libérez Joël !
Le célèbre graffiti s’est effacé des murs, et bientôt des mémoires. Que
fleurissent partout des printaniers Libérez
Julien !
Igor
Meylan
Doris et Ségolène : même combat !
Mme Micheline
Calmy-Rey a la faveur du plus grand nombre, dans les sondages, parce
qu’elle a peu d’idées, que toutes sont fausses, mais qu’elle
les exprime avec conviction et chaleur.
Mme Ségolène Royal
en France et Mme Doris Leuthard chez nous sont sur le point de dépasser la
prénommée en popularité grâce à une recette originale : elles n’ont aucune idée mais elles sont charmantes.
Vous observerez que
la presse people est capable de vous
tartiner des reportages illustrés de 12 pages sur chacune d’entre elles,
avec photos du compagnon, de la cuisine moderne, du chien ou du chat, et de
bavasser sur les loisirs préférés, les émissions TV ou (plus rarement) les
lectures, mais que les commentateurs
politiques sont d’une consternante discrétion.
Pour Mme Royal,
l’affaire est claire : on sait qu’elle ne sait rien sur rien
et qu’elle porte son inculture comme un drapeau. Des millions de Français
pourront ainsi se reconnaître en elle en constatant qu’ils ne sont pas
plus bêtes que la présidente. Et ils auront raison.
Pour Mme Leuthard,
c’est plus subtil, car je la soupçonne d’avoir quand même quelques
idées, mais de les cacher. De cette façon, chacun pourra supposer que la future
conseillère fédérale partage ses vues sur tel ou tel objet.
Le conseiller
national Charles Favre dit d’elle : «Dans les dossiers économiques, elle a une vision pragmatique et non idéologique».
Traduction : «Elle n’a aucune
idée en économie et elle se détermine en fonction de son humeur du jour ou des
émotions véhiculées par la presse».
Plus loin : «Ses positions se veulent plutôt
rassembleuses et sont rarement très marquées… des questions se posent sur
son véritable courage politique face à des dossiers difficiles».
Traduction : «Elle est plutôt
bécasse ou alors inutile, à force de ne vouloir s’aliéner personne».
Comme au sein du
Parti communiste de l’URSS au temps de Staline, le PDC ne présentera que
la candidature de Doris au Parlement, ce qui paraît aujourd’hui aux
féministes le top de la démocratie !
Sauf séisme
politique, elle sera donc notre prochaine conseillère fédérale. Après
l’élection, se hasarderait-elle à émettre une idée ?
C.P.
Plaisanterie…
empruntée au Cri de
Le prof à l’école, classe de CM 1 :
-
Dis-moi, Benoît, qu’est-ce que tu as fait pendant la récréation ?
-
J’ai joué dans le bac à sable, Monsieur.
-
Très bien, Benoît. Viens au tableau. Si tu arrives à écrire «sable» correctement, tu auras 20 en
orthographe.
-
Voilà, c’est très bien, Benoît.
Le
prof se tourne vers un autre élève :
-
A ton tour, Bastien, qu’as-tu fait pendant la récréation ?
-
J’ai joué au bac à sable avec Benoît, Monsieur.
-
Eh bien, Bastien, si tu arrives à écrire «bac»
correctement au tableau, tu auras 20 comme Benoît…
-
Voilà, c’est parfait.
-
Et maintenant toi, Mouloud, qu’as-tu fait à la récré ?
-
Euuuuh, moi, missieur, ji volu jouer au bac à sable, mais Binoit et Bastien
zont pas volu, m’ont dit di mi casser !
-
Mais quelle horreur ! C’est la manifestation d’une
discrimination scandaleuse d’un groupe ethnique minoritaire dont
l’intégration sociale pourrait être remise en cause, et en plus, dans ma
classe !
Ecoute,
Mouloud, si tu écris correctement au tableau «discrimination scandaleuse d’un groupe ethnique minoritaire dont
l’intégration sociale pourrait être remise en cause», tu auras aussi
un 20 !!!