Sommaire :
L’éditeur rend hommage à son vénéré maître
Michel Aubert observe que les journalistes ont de la liberté d’expression une
définition qui varie en fonction du message exprimé.
Max verse une larme nostalgique sur les restes de la marine de
guerre française, il dit tout le bien qu’il pense d’Oskar
Freisinger, il écrit une lettre à un vieil Européen et il nous narre une fable
Beaucoup regrettent que le «Prix Cornichon» n’ait été décerné
qu’une seule fois
Michel de Preux explique pourquoi la société occidentale est au
bord de sa propre dissolution
Où il est question d’un fonctionnaire qui s’étouffe, d’une
ministre qui sort de sa réserve, d’un homme qui a mal au dos et de
nicotine
Plus on veut des apprentis de commerce et des mamans de jour parfaits,
et moins on en trouvera. C’est la dure loi de l’économie de marché.
Pollux démontre que les vrais conservateurs ne sont pas où on les
attend.
à nos confrères «
C’est à la salle Tissot du Palais de Rumine, le plus vaste
auditoire de l’Université d’alors, que, jeune étudiant en droit de
première année, j’ai rencontré pour la première fois le professeur
François Schaller, au milieu des années soixante.
Economiste brillant, polémiste caustique et subtil (c’est lui qui
était l’auteur de l’article intitulé «L’eusses-tu cru…
ou les économistes de
Aujourd’hui, n’importe quel manuel d’initiation à
l’économie politique est truffé de formules mathématiques absconses, de
dérivées secondes et d’intégrales, comme si l’auteur avait besoin
de démontrer au vulgaire qu’un économiste est forcément très savant,
puisqu’il est incompréhensible.
Avec François Schaller, c’est l’étudiant qui se sentait
presque savant, tout surpris de découvrir les évidences que ce grand pédagogue
lui révélait.
Mariette, qui étudiait à
Avec lui, pas question de se perdre en fumeuses théories : on se
rappelle sa brillante démonstration sur l’impossibilité de calculer la productivité du travail, véritable
tarte à la crème de l’époque.
Adversaire déclaré des marxistes-léninistes, il fut la bête noire des
révolutionnaires qui tentèrent de faire basculer l’Alma Mater, après mai
68 en France, dans la chienlit. Malgré les attaques dont il fut l’objet
de leur part, il ne céda jamais.
Officier supérieur jurassien, patrie dont il a toujours gardé
l’accent, il n’a jamais craint d’afficher ses certitudes :
homme de convictions, patriote, courageux.
Sa haine du désordre l’avait incité à prendre parti contre la
création du canton du Jura, seul sujet de divergence entre nous.
Nous avons enseigné ensemble dans les cours postgrade pour ingénieurs
de gestion et il était invité à mon anniversaire en mai dernier. Hélas, il
m’avait téléphoné pour s’excuser.
La rédaction du Pamphlet présente
à sa famille l’assurance de sa sympathie,
au sens grec de ce mot.
Claude Paschoud
Ce
qu’il y a de plus amusant, dans le hourvari fort tardif déclenché par les
caricatures du prophète Mahomet parues voici plusieurs mois dans un journal
danois, c’est l’énergie avec laquelle nos bons journalistes se
réclament de la liberté d’expression : «La liberté
d’expression est indivisible !», clament ces belles âmes. Je ne
saurais leur donner tort, mais je trouve qu’ils ont la mémoire bien
courte.
Car ce sont ces mêmes journalistes qui, confrontés à
des vues hétérodoxes sur certaines armes de destruction massive d’Adolf
Hitler1, ont pour habitude de répercuter fidèlement l’avis
selon lequel lesdites vues ne constituent pas une opinion mais un délit et ne
doivent donc pas bénéficier de la liberté d’expression. C’est en
partie grâce à eux que se multiplient dans nos vertueuses démocraties les lois
qui, précisément, restreignent cette liberté si chère à leur cœur et au
nôtre.
Personnellement, je ne vois pas d’inconvénient à
ce qu’on caricature tout et n’importe quoi, à condition que la
vérité y trouve son compte. S’en prendre à la religion me paraît
d’un goût douteux, mais le mauvais goût n’est pas et ne doit pas
être punissable.
Il semble qu’un nombre croissant
d’historiens et penseurs soient d’avis que la contestation de
l’histoire officielle ne devrait pas l’être non plus. Je vous ai
touché un mot en décembre des dix-neuf historiens français – dont
Elisabeth Badinter, Pierre Vidal-Naquet et Alain Decaux – qui se sont
prononcés pour l’abrogation de divers articles de loi restreignant la
liberté de recherche, dans un texte transmis le 12 décembre à l’AFP
et intitulé Liberté pour l’histoire. On y lit, entre autres, avec
délices, ce qui suit :
«L’histoire n’est pas une
religion. L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun
interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant. L’histoire
n’est pas la morale. L’historien n’a pas pour rôle
d’exalter ou de condamner, il explique. L’histoire n’est pas
l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le
passé des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les
événements d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui.»
Il paraît que ces défenseurs de la liberté de
recherche et d’expression sont désormais six cents2.
Parmi eux, ainsi que le signalait Max dans notre
précédente numéro, on compte Madame Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit
public à l’université de Rennes-I, qui, le 2 décembre déjà, publiait sur
le site du Monde un texte intitulé L’esprit critique
menacé dont j’extrais les passages suivants :
«Renaud Camus, Michel Houellebecq,
Oriana Fallaci, Edgar Morin, Olivier Pétré-Grenouilleau, Max Gallo, Elisabeth
Lévy, Paul Nahon, Alain Finkielkraut… la liste devient longue et
inquiétante des journalistes, écrivains, universitaires et intellectuels
poursuivis ou menacés de poursuites pénales par des associations vindicatives
et sectaires pratiquant l’intimidation judiciaire soit pour faire taire
toute opposition à leur cause, soit tout simplement pour interdire à
l’avance le moindre débat sur leur conception particulière de
l’amitié entre les peuples.
Ces lobbies, que l’écrivain
Philippe Muray qualifie à juste titre de “groupes
d’oppression”, défendent le plus souvent un communautarisme
narcissique dégénérant en paranoïa identitaire et victimaire et prétendent
détecter des atteintes à leur dignité à tous les coins de rue. Le terrorisme de
ces croisés de l’hygiénisme mental consiste désormais à qualifier de
“phobie” (homophobie, lesbophobie, handiphobie, islamophobie,
judéophobie, mélanophobie, etc.) toute expression d’une opinion contraire
à leurs prétentions ou revendications. Une phobie étant l’expression
d’un trouble mental, on comprend bien qu’il s’agit de traiter
le dissident en malade dont l’accompagnement psychiatrique devrait sans
doute être recommandé en parallèle à la répression pénale.
Cette situation ridicule est indigne
d’une démocratie libérale et donne de
(…)
(…) Une remise à plat de
l’arsenal répressif accumulé depuis la loi Pleven de 1972 et un retour
aux principes initiaux et libéraux de la loi de 1881 sur la presse doit être
envisagée. Il en va de la crédibilité de
La déclaration des historiens et la prise de position
de Madame Le Pourhiet me réjouissent considérablement. Mais je les trouve bien
tardives. En fait, elles arrivent avec seize ans de retard. C’est au
moment de la promulgation de la loi Gayssot en 1990 qu’on aurait dû
pouvoir les lire. Mais, à l’époque, aucune des personnes «fréquentables»
citées par Madame Le Pourhiet n’était dans le collimateur de la justice.
Seuls étaient concernés d’«infréquentables» révisionnistes par définition
néo-nazis donc racistes et antisémites, qui n’avaient que ce qu’ils
méritaient. On remarquera que ni Robert Faurisson ni Bruno Gollnisch, pour ne
citer qu’eux, ne figurent dans la liste des journalistes, écrivains,
universitaires et intellectuels pour qui Madame Le Pourhiet s’inquiète à
juste titre.
En fait, les intellectuels français «fréquentables»
ont mis du temps à comprendre que, une fois institutionnalisée, la police de la
pensée allait devenir tentaculaire et les menacer à leur tour. Maintenant, ils
ont compris et ils se défendent. Ce faisant, ils sont obligés d’englober
les révisionnistes dans leur combat, car la loi qui réprime le révisionnisme
est aussi celle qui punit l’incitation à la haine raciale et diverses
formes de discriminations au nom desquelles les émules de Big Brother
s’efforcent d’intimider tous ceux qui s’écartent du droit
chemin idéologique.
Il ne faut pas se faire d’illusions : si,
un jour, le révisionnisme retrouve le droit de s’exprimer librement en
France, ce sera uniquement parce que les nouveaux défenseurs de la liberté
d’expression n’auront pas pu éviter ce «dégât collatéral».
Michel Aubert
1 L’expression n’est pas de moi. Merci Yvonne.
2 Cf. Rivarol du 11 février 2006.
Triste France, malheureuse Royale, et pauvre Clemenceau
contraint de regagner son pays d’origine, pavillon en berne, pont vide et
amiante en cales, après avoir exécuté, entre Toulon et
«C’est vrai qu’il est beau, le gredin !» (Cyrano de Bergerac, acte II, scène X)
M. Olivier Delacrétaz nous livre, dans
Echange de bons procédés (Timeo Americanos et dona ferentes)
Aux dires réitérés de M. Bush Jr, l’entrée de
Lettre ouverte à Constant Lhelvète, vieil européen et fervent
cathodique
Cher
Constant,
Si tu consens à abandonner les cobayes de la
télé-«réalité» (?!), à te sevrer des «jeux de vingt heures», à te décoller des
sports en fauteuil, à t’abstraire de la soupe culturelle populaire, à
t’arracher au malheur de tsunamis de derrière la planète, à te délester des
infos inutiles et des guerres périmées, à te purger de la mémoire des autres;
si tu parviens à fuir les amuseurs, les faux-semblants et les
promène-couillons; bref, s’il t’est donné de trouver
l’énergie de te désengluer du Dieu «Petit-écran», cours découvrir
l’état de nos législations. Tu pourras alors suivre l’ultime étape
de la course sournoise qui oppose nos peuples à ceux qui les régissent :
dans peu de temps, au prétexte de garantir notre sécurité, non contents de nous
avoir bâillonnés, ils auront achevé de nous désarmer. Considérant l’état
d’hypnose auquel ils nous ont réduits, sauf la divine surprise
d’une réaction vitale, je crains fort que les jeux ne soient déjà joués.
Au moins, auras-tu eu, piètre consolation, le
privilège d’assister à nos derniers instants d’hommes libres.
Petite histoire correcte (adaptée du français populaire politiquement incorrect)
Un touriste martien pénètre dans une armurerie
parisienne :
– Bonjour
Monsieur, j’aimerais acheter ce magnifique fusil de chasse.
– Certainement,
Monsieur, êtes-vous titulaire d’un
permis ?
– Malheureusement
non. Et cette carabine ?
– Il
vous faudra obtenir une déclaration préalable de la préfecture.
– …et
pour ce pistolet à grenaille ?
– Ce
serait avec plaisir, mais cet ultime exemplaire est réservé à ma propre
protection…
– …ce
couteau de chasse alors ?
– Il
s’agit hélas d’un modèle d’exposition…
Perplexe, la petite créature verte avec des tentacules
retrouve un sien pays devant la vitrine. Excédé, ce dernier se zappe en
autochtone, pousse la porte et interpelle le commerçant :
– Vous
avez quelque chose contre les Martiens ?
– Oui
Monsieur : ce «12» à pompe; ou alors cette «22 LR»; ce pistolet de
défense; à moins que vous ne préfériez le Bowie Knife ?
Moralité : Amis humoristes, pour vos blagues ethniques, choisissez de
préférence des espèces non protégées.
Max
l’Impertinent
1. Coût de
l’excursion : un million d’euros officiellement, quatre selon
2. Cf. Les Farceurs (acte III, scène 1), Le Pamphlet,
avril 2004, n° 334, p. 2.
3. Editions de
De nombreux
lecteurs ont regretté que l’attribution du Prix Cornichon, décerné
pour la première fois le jeudi 18 janvier 1973 dans un palace lausannois à M.
Rudolf Gnaegi, conseiller fédéral, n’ait jamais eu de suite.
Cette cérémonie
mondaine, à laquelle assistaient une centaine d’invités, la presse
écrite, la radio et la télévision, avait eu, à l’époque, un certain
retentissement, y compris dans le quotidien vespéral parisien Le
Monde.
Le numéro 20 du Pamphlet
(décembre 1972) était orné, en première page et en couleur d’une annonce
qui commençait ainsi : «Inaugurant
au début de l’an prochain une tradition qu’il espère bien pouvoir
maintenir régulièrement à l’avenir, notre périodique a décidé
d’attribuer chaque année le PRIX CORNICHON à une personnalité dont
l’œuvre ou l’action aura été particulièrement dénuée de bon sens.
Le premier lauréat…».
Depuis lors, aucune
candidature suffisamment sérieuse, aucun(e) candidat(e) du calibre d’un
Gnaegi.
Sans doute, dans la
littérature, les arts, le spectacle ou la politique, les crétins n’ont
pas manqué en trente ans. On peut même poser qu’au Conseil fédéral, il
n’y a guère que Georges-André Chevallaz qui a totalement échappé au
risque d’une nomination depuis le premier Prix Cornichon.
Personne, pourtant,
qui rallie autant de suffrages que Mme Calmy-Rey. Depuis sa laborieuse élection
au cinquième tour le 4 décembre 2002, époque où les Genevois ont réussi à se
débarrasser d’elle, Micheline n’en rate pas une.
Son soutien public
à l’initiative de Genève – accord privé entre des
personnalités soucieuses de trouver une issue au conflit israélo-palestinien,
mais qui a rencontré dès l’origine l’hostilité d’Ariel
Sharon, de Yasser Arafat et d’Ahmed Qoreï (autorité palestinienne), du
Hamas et des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa – a placé
Le lamentable
épisode du cristal rouge, qui a vu la nomenklatura helvétique
s’aplatir devant les exigences juives (une fois de plus) et renier le
caractère universel de
Les déclarations
fracassantes de Micheline sur la nécessaire indépendance du Kosovo est un autre
de ses exploits embarrassants. Comment croire à notre neutralité, ou à notre
capacité d’offrir nos bons offices, lorsque la ministre des affaires étrangères
prend position dans un conflit interne à l’ex-Yougoslavie, qui plus est
en faveur des Albanais musulmans contre les Serbes chrétiens ?
La prétendue
«discrimination positive» consistant à éliminer du concours six candidats
masculins sélectionnés par
La dernière en date
d’une longue série de sottises, c’est la bouillie pour chats
qu’elle a osé nous servir au sujet des caricatures du prophète Mahomet.
Décidément, si Mme
Calmy-Rey n’est pas nominée pour le prochain Prix Cornichon,
personne n’y pourra plus jamais prétendre.
Nos lecteurs sont
courtoisement invités à donner leur avis !
C.P.
«
Hilaire de Crémiers dans
Notre
époque ressemble de plus en plus, dans son esprit, à celle qui précéda
Les nôtres aujourd’hui n’ont pas
d’autres mœurs. En Suisse comme en France, les juges violent le
droit en toute impunité. C’est un crime au sens même de la loi suisse
(article 312 de notre code pénal fédéral). Tout le monde s’en moque, à
commencer par les avocats ! On y classe les plaintes qu’on veut et
on donne suite à celles qui conviennent, même lorsqu’elles
s’avèrent manifestement infondées selon les preuves apportées parfois par
le plaignant lui-même ! Ces preuves sont tout simplement soustraites du
dossier quand elles n’étayent pas la thèse préconçue du magistrat
instructeur. On peut vous déclarer fou et l’on vous met, pour ce motif,
non dans un asile, mais en prison préventive ! Oui, ces choses se passent
en Suisse. Rassurez-vous : vous ne trouverez pas un seul ecclésiastique
pour élever la voix, car vous n’êtes ni un immigré clandestin, ni un
délinquant d’habitude, ni un marginal impénitent. Manifestement,
c’est là une préférence raciste qui doit être lue à la manière des
précédents évoqués ci-dessus, c’est-à-dire à contresens, comme une mise
en application de la morale de l’antiracisme.
Jacques Chirac déclara récemment et très
officiellement ceci : «Dans
Dans l’administration française, on limoge la
petite-fille de l’ancien ministre giscardien Maurice Papon, au nom du
devoir de mémoire et en violation du principe pénal et administratif
premier de la responsabilité personnelle
en matière de faute (si faute il y avait chez le grand-père), et l’on
oublie aussitôt ce même devoir de mémoire lorsqu’il s’agit
d’un autre fonctionnaire chargé de traiter les affaires au temps de
l’Occupation, fils d’un ami de
Lorsque Karl Lagerfeld griffonne une sourate du Coran
sur l’un de ses chiffons, un haussement de voix islamique fait aussitôt
disparaître le produit sulfureux. Lorsque l’ancien député européen
Bernard Antony porte plainte contre le journal Libération pour
avoir publié une ignoble caricature du Christ affublé d’un préservatif,
la 17ème chambre du tribunal de Paris le déboute pour ce motif que
le message à faire passer (la lutte contre le sida) est d’un intérêt
manifestement supérieur à ces opinions religieuses…
Quand on en arrive à ce degré de veulerie et
d’abaissement, une société est au bord de sa propre dissolution. La force
tranchera.
1 Ces nobles, grands
propriétaires fonciers, furent rétablis dans leurs patrimoines ancestraux, à la
différence des Jésuites, qui perdirent définitivement le leur, lot commun des
religieux en terre «catholique» : en Valais, le gouvernement et son
administration occupent un bâtiment, place de
M. Menna s’étouffe
Le Matin du 19 février nous
apprend qu’un restaurateur de Genève a équipé ses trois établissements de
caméras de surveillance et qu’après avoir filmé trois voleurs au fast
food Mike Wong, il a imprimé leur photo et l’a collée sur un mur, près de
la caisse.
Porte-parole du
préposé fédéral à la protection des données, Daniel Menna «s’étouffe» en découvrant les pratiques du restaurateur, nous
raconte le journaliste : «Il
n’a pas le droit de montrer la photo des voleurs en action. C’est
une atteinte grave à la personnalité» aurait déclaré le
fonctionnaire !
A la place du
restaurateur, je laisserais tranquillement M. Menna s’étouffer et je ne
me ferai pas trop de mauvais sang pour l’atteinte grave que je porte à la
personnalité des voleurs. Au contraire : je leur conseillerais même, pour
faire cesser ce trouble, de s’adresser au juge ! (cp)
Micheline Calmy-Rey «sort de sa réserve»
C’est le
titre accrocheur que 24 heures nous propose en première
page de son édition du 13 février. En réalité, notre ministre des affaires
étrangères n’est «sortie de sa
réserve» que pour affirmer qu’elle «ne voyait pas pourquoi nous devrions contribuer à polariser la
situation au lieu de l’apprécier de manière nuancée».
La langue de bois
étant la langue diplomatique par excellence, nous traduisons : «Je ne veux faire de peine ni aux défenseurs
de la liberté d’expression ni aux musulmans. En fait, je m’en fous
et cessez de m’importuner».
Micheline ne sera
donc «sortie de sa réserve»
que pour y rentrer dare-dare. C’est incontestablement là qu’elle
est le mieux. Qu’elle y reste ! (cp)
Droit du travail
Un mécanicien du
service des sports de la ville de Lausanne, que des problèmes de dos ont tenu à
l’écart des ateliers près
d’une année, se plaint d’avoir été licencié : «Je n’ai pas dépassé le quota de jours
d’absence auxquels j’ai droit (sic). Ce d’autant plus que
Le
contribuable appréciera ! (cp)
Les fumeurs passifs ne sont
pas les seuls à profiter des persécutions anti-fumeurs. Les fabricants de
produits prétendument destinés à faciliter le sevrage par un apport de nicotine
se remplissent les poches en maintenant les candidats à la désintoxication dans
leur dépendance. A bas Nicorette ! (mp)
C’est un
défaut bien helvétique de prétendre légiférer sur tout, et d’imaginer que
des lois, des ordonnances et des règlements vont, par leurs seules vertus,
résoudre toutes les difficultés.
Dans notre bon
canton de Vaud, où il manque au moins 4500 places d’accueil pour les
enfants dont les mamans travaillent, on a imaginé une loi sur l’accueil de jour des enfants dont l’article 18
est rédigé comme suit : «L’octroi
de l’autorisation est subordonné au respect des normes de
l’Ordonnance, ainsi qu’à celles de la présente loi et des
directives du Service, notamment en matière du nombre et de l’âge des
enfants accueillis, d’aménagement des locaux, des qualités personnelles,
de participation au cours d’introduction et aux rencontres de soutien.
De plus, les personnes qui accueillent
des enfants dans leur foyer, à la journée et contre rémunération, régulièrement
et de manière durable doivent être affiliées à une structure de coordination
d’accueil familial de jour.»
On peut compter sur le Service de protection de la
jeunesse pour émettre les directives les plus tatillonnes, pour poser les
exigences les plus drastiques et pour déléguer, aux fins de contrôles, ses
assistantes sociales les plus hargneuses.
Comme le remarque pertinemment Mme Claudine Amstein
dans une libre opinion confiée à 24 heures1, le
seul élément positif de cette loi, c’est qu’«elle n’oblige pas encore les mères à
passer un master pour s’occuper de leurs enfants».
Si Madame a la possibilité, lorsqu’elle part
travailler, de confier son enfant à sa
voisine de palier qui a elle-même un bambin du même âge, mais qui n’a pas
obtenu l’agrément du Service, ou de transbahuter bébé à dix minutes en
voiture chez une maman de jour «agréée», licenciée en psychologie de la petite
enfance, dont le mobilier n’est constitué que de meubles en mousse, ayant
participé aux 25 heures du cours d’introduction et qui suit chaque lundi
soir les travaux de la structure de
coordination d’accueil familial de jour…, qui
choisira-t-elle ?
Poser la question c’est y répondre.
Risque de se développer un marché parallèle et
sauvage, hors la loi, sur lequel le SPJ n’aura aucune prise, au grand dam
des pédagogistes socio-constructivistes qui voient déjà dans ce nouveau grand
marché potentiel un terrain d’expérimentation idéal pour décerveler nos
petits.
Pourquoi, en ma qualité de parent, ne serais-je pas
libre de confier mon enfant à une maman de jour agréée par moi-même ?
Pourquoi l’Etat s’arroge-t-il le droit d’exiger que l’aménagement des locaux, chez la maman de
jour, soit plus perfectionné qu’il ne l’est chez moi ?
Pourquoi les mamans de jour devraient-elles se soumettre à l’obligation
de «rencontres de soutien» qui ne sont pas imposées… (pour
l’instant) aux mamans de jour et nuit ?
Nous avions imaginé en 19932, sous forme de
facétie, une loi fédérale sur la
formation des parents, et le message du Conseil fédéral relatif à cette
loi. L’article premier de cette loi était rédigé comme suit :
1. La
formation des parents est du ressort de
2. Nul ne
peut procréer s’il n’est au bénéfice du «Brevet fédéral I de
parent».
A l’époque déjà, certains lecteurs avaient pris
au premier degré cette horreur, ce qui démontrait que les esprits y étaient
– presque – déjà prêts.
* * *
*
L’Office fédéral de la formation professionnelle
et de la technologie, responsable de l’introduction en été 2003 de
Pour «valoriser» les métiers du bureau, on a supprimé
l’apprentissage d’employé de bureau en deux ans, réservé à une
formation plus simple. Tous les apprentissages de commerce se font maintenant
en trois ans, voire plus.
Les patrons exigent des candidats qui sortent de la
filière prégymnasiale, ce qui démontre l’absurdité du système. Il faut
maintenant opter, si l’on peut, pour une voie scolaire qui prépare
l’entrée au gymnase, même si on se prépare à n’y pas entrer.
C’est comme lorsqu’on requiert, dans certaines entreprises, que
vous soyez titulaire d’un brevet
d’avocat (c'est-à-dire que vous ayez appris le métier de plaideur,
que vous connaissiez particulièrement bien le code de procédure) pour occuper
un emploi où vous n’aurez jamais à plaider, où il vous sera même interdit
de plaider puisque la représentation des parties est réservée aux avocats
inscrits au barreau, ce qu’un juriste d’entreprise ne peut
être !
La recherche obsessionnelle de la perfection, en
matière de formation professionnelle ou d’accueil de jour des petits,
constitue ce que Mme Amstein a raison de nommer une «dérive socio-éducative».
Alors qu’il faudrait simplifier, rendre
accessible, pour multiplier l’offre de places d’apprentissage dans
les bureaux et les places de garde chez les mamans (ou grands-mamans) de jour,
on multiplie les exigences absurdes, on astreint les gens de bonne volonté à
l’obligation de suivre des cours (à leurs frais), à se plier à mille
contraintes et, évidemment, on décourage l’offre.
On disait naguère : «Le mieux est
l’ennemi du bien».
C.P.
1 24 heures du 23 février, page 2
2 Pamphlet n° 230 (décembre 1993) p. 4
3 Lettre commune aux entreprises formatrices de la directrice de l’OFFT et de deux autres signataires, datée du 23 février 2006
La
fondation Patrimoine Suisse veut encourager la préservation des
téléphériques historiques. En annonçant cela, les dirigeants de la fondation
ont reconnu qu'ils s'étaient autrefois opposés à la construction de certaines
de ces installations et qu'ils opéraient donc un revirement radical par rapport
aux options passées. «Aujourd'hui, les choses sont faites et les points de
vue ont changé», a déclaré le secrétaire général, qui estime que les
anciens téléphériques apparaissent aujourd'hui comme des témoins de l'histoire
de la technique et du tourisme.
Faut-il
railler ce virage à 180 degrés?
D’un
côté, les écologistes qui veulent préserver chaque brin d’herbe, chaque
pissenlit, chaque caillou, chaque moustique, chaque ours, au nom de la
préservation de n’importe quoi et de la biodiversité préhistorique, et
qui sont prêts pour cela à empêcher les êtres humains de construire des routes,
des ponts, des maisons et des téléphériques, de chauffer les appartements, de
chasser les loups, de manger du chevreuil, de rouler vite dans des voitures puissantes,
ces gens-là donc, qui voudraient nous priver de tout ce qui rend le monde
moderne finalement supportable, on ne les aime pas beaucoup !
D’un
autre côté, on aimerait saluer cette manifestation de vrai conservatisme,
lequel consiste à s’opposer à tout ce qui n'existe pas encore (car on
peut être presque sûr que ce sera moins bien que ce qui existe déjà), puis, une
fois que cela a le mérite d’exister, à se battre pour le conserver (parce
que c’est certainement mieux que ce qu’on nous promet pour demain).
Cela
étant, pour être cohérente, la fondation Patrimoine suisse devrait
s’engager avec la même énergie pour que soient préservés les autoroutes,
les centrales nucléaires, les grands centres commerciaux et tous les autres
hectomètres cubes de béton politiquement incorrect, mais aussi et surtout
l’armée, l’école traditionnelle, les places publiques sans
toxicomanes, le fédéralisme, les cantons, l’esprit de clocher même, qui
sont aussi des témoins de notre histoire et qui valent mieux que de vieux
téléphériques.
La presse non conformiste aligne les anniversaires,
signe de sa bonne santé. L’an dernier, ce fut le trente-cinquième
anniversaire du Pamphlet. Cette année, ce sont
1 Place Grand-Saint-Jean1, case postale 6274, 1002 Lausanne
2 1, rue d’Hauteville. F-75010 Paris