Numéro double spécial anniversaire
Sommaire :
Merci à nos abonnés, particulièrement à ceux qui nous sont fidèles depuis
35 ans !
Procope, notre ancien correspondant permanent à Genève, nous livre son
testament politique… en vers !
Max s’intéresse à l’évolution de la langue française et aux
procès en sorcellerie.
Michel de Preux jette un regard sans complaisance sur la politique
française.
En réclamant des «quotas», la presse gauchiste se tire une balle dans le
pied
1970 – 2005… que de changements !
Décidément, Claude Paschoud n’apprécie ni
les chiens, ni les propriétaires de chiens…
…alors que Xavier Savigny, sur le même objet, plaide pour
l’instauration d’un «examen de capacité»
Giuseppe Patanè rappelle que les nations qui
s’érigent aujourd’hui en juges des criminels de guerre n’ont
jamais jugés leurs propres crimes… Un hommage au «Jugement des juges», l’inoubliable poème écrit à Fresne par Robert Brasillach, trois semaines avant sa mort.
Marre des PIEFEDD et leurs bavardages ineptes !
Mariette Paschoud ne fume plus, mais elle
déplore la guerilla sanitaire menées par les talibans
antitabac
Suggestions de lecture pour passer les Fêtes
Réconciliation entre le Capital et
Nous sommes rassurés : Mme Cougnard nous
lit encore, et elle nous hait toujours !
Au trou, le grand méchant loup !
On a cru un moment que c’était aux historiens d’écrire
l’histoire. Mais cette règle n’est pas valable pour toutes les
périodes. Dans certains cas, c’est au juge qu’il appartient de dire
l’histoire, au besoin contre l’avis des historiens et des
chercheurs.
Mais qui donc arrêtera Anne-Catherine
Lyon ?
Dirigé pendant trop longtemps par des ministres socialistes,
l’Ecole vaudoise fait fausse route. Il est juste temps de la sauver, en
renvoyant Mme Lyon.
Il y a cinq ans,
le trentième anniversaire du Pamphlet fut tristounet. Nous étions sur le point de mettre
la clé sous la porte et la presse nous enterrait déjà avec jubilation :
l’extrémisme de droite ne faisait plus recette.
Cinq ans plus tard, la situation est bien différente :
nous envisageons le proche avenir avec optimisme, tout en sachant que les
années passent, que nous ne sommes pas éternels et que la relève se fait
attendre. Pourtant, elle existe la relève. Mais, compte tenu de
l’hystérie idéologique ambiante, elle est obligée de se dissimuler pour
ne pas avoir d’ennuis professionnels. Or, on ne peut pas assumer la
responsabilité d’une rédaction sous un pseudonyme. Mais on ne peut pas
non plus espérer que des jeunes qui entrent dans la vie active ou
s’apprêtent à fonder une famille prennent le risque de perdre leur emploi
pour assurer la pérennité d’une «feuille d’extrême droite». Donc, à
moins que, miraculeusement, la liberté de dire ce qu’on pense ne revienne
à la mode, Le Pamphlet ne survivra pas trente-cinq années de plus.
Mais ce n’est pas grave. Même si le combat
cesse, faute de combattants, dans un avenir plus ou moins proche, nous aurons
tout de même dérangé, mais aussi amusé et réconforté bien du monde pendant
plusieurs décennies.
Et cela, c’est grâce à vous, chers abonnés, que
nous avons pu le faire, à vous qui nous accompagnez année après année –
depuis le début pour certains –, qui avez sauvé notre journal il y a cinq
ans et le soutenez fidèlement. Aussi avons-nous décidé de vous offrir un cadeau
– en fait, ce cadeau, c’est vous qui vous l’offrez :
nous avons réalisé pour vous un «spécial huit pages» dans lequel vous
retrouverez les rédacteurs habituels, bien sûr, mais aussi quelques anciens qui
nous ont fait l’amitié de nous apporter leur contribution. Grâce à Max, à
Savigny et à Olb, vous bénéficiez de deux dessins qui
constituent par eux-mêmes des articles et de trois qui illustrent les
énergiques propos de Daniel Bassin qui fut pendant des années notre spécialiste
des questions scolaires.
Merci à vous, merci aux collaborateurs du Pamphlet,
merci à notre imprimeur et merci à Béatrice Röthlisberger
qui assume avec compétence l’administration du journal.
Bonnes fêtes à tous.
Le
Pamphlet
Chère Mariette,
Depuis des lustres, grâce au Ciel,
Procope est mort et enterré,
Conservant en son poing serré,
Sa plume dégouttant de fiel.
Dans ses délires sarcastiques,
Il se prenait pour Juvénal :
Voilà qui n’était pas banal
Pour un esprit aussi critique.
Las de s’émerveiller toujours
Devant le festin des vautours,
Qui dépeçaient
Il s’exila dans l’au-delà
Et nul, jamais, ne regretta
Ses assommantes philippiques.
Pour tout viatique, il nous laissa
Cette épigramme énigmatique,
Qui à la censure échappa :
«Médiocres gouvernants, princes caméléons
Boursouflés de l’ego et donneurs de leçons,
Politiciens falots, gestionnaires félons,
Bêlants écrivailleurs, journalistes moutons;
Réformés aux abois, qui chassent leurs ministres,
Pour mieux confier le temple au concierge papiste;
Faux mendiants, vrais fripons, profiteurs à foison,
Pègre de trafiquants de tous les horizons,
Grouillant dans le ruisseau comme dans les salons;
Esthètes décadents, pédants pédagogistes,
Squatters embourgeoisés et repentis gauchistes
Promis à la prébende ou à la sinécure;
Notables inventés par l’habile imposture,
Aussitôt couronnés par la crasse inculture ;
Lubriques invertis et histrions obscènes,
Fiers de processionner sur nos quais et nos scènes;
Fébriles diasporas, réseaux cosmopolites,
Tribus pleines de morgue, au verbiage hypocrite,
Sans cesse réclamant de nouveaux passe-droits,
Que des cuistres du cru ou d’ailleurs importés,
Tenant avec aplomb des discours frelatés,
Applaudis sans faiblir par des claqueurs adroits,
Brûlent de leur offrir et sauront imposer
Au peuple abâtardi, malléable et usé.
Mais cessons de citer et d’allonger la
liste :
Seigneur, tu le vois bien, la coupe est plus que
pleine.
Méchants qui sans frein sévissez
Dans cette ville métissée
Que vous appeliez de vos vœux
Par vos prêchi-prêcha mielleux,
Puissiez-vous enfin y périr,
Victimes de vos desseins fourbes
Et trahis par la vile tourbe
Qu’il vous a plu d’y accueillir.»
Or
les méchants sont toujours là, Procope est vraiment trépassé, et Genève
n’en finit pas d’abjurer et de se renier.
Malgré
ce désolant tableau, je reste, chère Mariette, votre dévoué serviteur.
Daniel
Les fulgurances de Monsieur Sepp Blatter («En voila une idée qu’elle est bonne !»)
Très
perturbé par les récents avatars « footballesques »
helvéto-ottomans, le président de
En France au XXIe siècle, ce que parler veut dire…
Tout aux délices d’un séjour parisien, Max
pénètre dans un restaurant de Saint-Germain-des-Prés. Le chef de rang
l’accueille d’un «Monsieur, bonjour !». Max, qui ne se nomme
pas Bonjour, se demande ce qu’il a pu faire pour justifier
l’apostrophe mais opte pour un courtois «Bonjour Monsieur», puis passe
commande d’un rafraîchissement au garçon. «D’accord», répond
celui-ci. Max remarque in petto que l’accord est heureux quoique
très superflu…
A la une du Figaro, tel ministre prône
les bienfaits de la «discrimination positive», proposition étrange qui lui
paraît absurde : toute discrimination est antithétique au principe
fondamental d’«égalité républicaine»; où trouver des bienfaits ?
Une chaîne d’information continue lui fait part
qu’une baleine «est décédée [sic !]» à quelques
encablures des côtes. En préambule aux fêtes de Noël, la même chaîne
l’invite à entendre un commercial disserter sur la pratique de «l’acte
d’achat [re-sic !] dans les magasins de jouets». Cinq
minutes plus tard, sur les mêmes ondes, un politicien en apnée lui sert une
phrase de quarante-quatre mots relative à l’emploi, dont il ne comprend
que les articles.
«Merci de m’avoir pris au débotté» lance-t-il
gaiement à la coiffeuse arrangeante que, ce faisant, il plonge dans un abîme de
perplexité…
«Vigilance – propreté» intiment les sacs
en plastique des poubelles publiques. Max se demande en quoi la propreté
urbaine nécessite une attention soutenue.
Le panneau d’un poste à essence lui apprend
qu’il est filmé «pour votre sécurité». Le panneau ment : le
dispositif vise à la prévention des vols de carburant; il ne s’agit donc
point de sa sécurité mais de celle du gérant.
Max croise ensuite deux beurs qui rappent,
un black, une personne à mobilité réduite, un non-voyant, un SDF du
quart-monde, un jeune qu’accompagne un adolescent malentendant, un couple
du troisième âge, un cégétiste en VTT qui profite d’un RTT, un énarque
sidaïque issu de l’immigration, tout un séminaire de VRP et puis deux
gais pacsés en deuil... et se dit que la langue française a bien drôlement
évolué.
Qu’a-t-on
fait au français ? Que fait-on aux Français ?
Un procès en sorcellerie (Cinq bourrins contre un pur sang)
Le voyage dans le temps existe, il est possible
d’en faire l’expérience à Lyon, à
Le parallèle avec les procès en sorcellerie, où il
était interdit de remettre en cause la foi en Dieu, la réalité diabolique et
l’existence des sabbats, était inévitable. Avec l’aisance et
l’élégance qui le caractérisent, le défenseur fit valoir
l’exception de tyrannie prévue par l’article 2 de
Sans surprise, le jugement a été mis en délibéré au
3 janvier 2006.
En
tout état de cause et en l’état actuel des droits «démocratiques»
respectifs2, force est de constater que le prudent Voltaire, si
soucieux d’éviter les lettres de cachet de l’Ancien régime
qu’il s’était établi à quelques dizaines de mètres de la frontière
suisse, serait bien emprunté, de nos jours, pour élire domicile…
« Joyeux Noël ! » (A l’ouest, du nouveau…)
Cette reconstitution cinématographique à peine
romancée des fraternisations de décembre 1914 est un prodigieux réquisitoire
contre ces guerres voulues et provoquées par des gens qui ne les font jamais.
Privilégiant l’émotion pure, M. Christian Carion
nous offre un film de guerre sans pathos et sans violence sur un thème
longtemps occulté3. Lorsque la chair à canon d’ici se
reconnaît en la chair à canon d’en face, il n’en faut pas beaucoup
pour que tombent la haine et les conditionnements. Ce bref instant
d’humanité dans un océan de bêtise ne fait pas l’affaire des
profiteurs de guerre, et pas celle, non plus, des saigneurs étoilés qui y
mettront bon ordre.
Max
l’Impertinent
1 Outre ses talents de plaideur, Me Delcroix, irréductible défenseur de la liberté d’expression, s’est distingué en faisant passer à l’Ouest, en décembre 1973, l’appel au secours de la femme du «dissident
» Leonid Pliouchtch, interné dans une institution psychiatrique d’Ukraine soviétique.
2 Contrairement au droit suisse, en France, les avocats de la défense, n’étant pas encore bâillonnés par les dispositions légales, sont toujours en mesure de défendre les révisionnistes.
3 Combien sommes-nous
à savoir que des unités US et allemandes s’affrontèrent, dans les
Ardennes, à
En France, les banlieues s’embrassent, faisant
des feux de joie dans la rue, chauffant les écoles de leurs quartiers,
caressant quelque mosquée1. La police s’en mêle. Contre elle
vont les plaintes; pour les sauvageons, les complaintes. Les Français
seraient-ils des veaux prêts au sacrifice ? Ceux d’entre eux qui
avaient prévu l’événement sont interdits d’antenne. Le droit à la
parole est réservé aux boutefeux de l’immigration de peuplement.
Plus le constat d’échec de la
bande des quatre (gaullistes, centristes, socialistes et communistes) est
évident, plus le président des Français et ses ministres se cramponnent au
dogme égalitaire et au rejet idéologique des discriminations, faute de pouvoir
l’imposer à souhait dans la réalité. Mais chaque homme de bon sens sait
combien ce dogme et ces rejets purement politiques pèsent néanmoins sur la vie
du pays, leurs méfaits ravageurs dissolvant peu à peu le tissu social français,
harcelé jusqu’à épuisement.
On ne peut vouloir l’anarchie
dans les idées et préserver l’ordre dans la rue. On ne peut défendre un
«ordre républicain» quand
Sur ce plan, la dérision est du côté
catholique : l’abbé Pierre passe des aveux publics. Benoît XVI
n’en fera donc pas un saint aussi facilement que Mère Theresa !
Le dopage à la canonisation a déjà des ratés volontaires !
1 Une église, dans le Midi, fut, quant à elle, intentionnellement visée. L’information fut aussitôt censurée…
Dans
L’Hebdo du 24 novembre dernier, le rédacteur en chef
(c’est un homme) s’émeut et s’indigne du nombre selon lui
insuffisant de femmes dans la direction des entreprises privées. Se référant à
une enquête de Mme Chantal Tauxe, il dresse des
constats terrifiants: «Les femmes sont sous-représentées dans les
gouvernements. Elles avancent, elles reculent. Voyez Genève. Mais dans
l’économie, la parité entre les sexes, l’égalité des chances…
tout cela reste carrément de la science-fiction. (…) Les femmes restent
bloquées à des postes subalternes. Absurde, immoral, injuste… Un
gaspillage organisé de compétences et de talents.» Le style saccadé, genre
jeune stagiaire cherchant à imiter Jacques Pilet, traduit admirablement
l’émotion de l’auteur.
A
la recherche de quelque coupable à pendre, l’éditorialiste poursuit: «Complot
100% machiste? Les femmes sont complices. Et leurs convictions féministes
souvent trop chancelantes.» Voilà le problème: ce sont les femmes
elles-mêmes, ces stupides bedoumes attardées, qui
sapent les efforts des vrais féministes, des hommes, des durs! Allez, au boulot
les femmes! Ce que vous avez envie ou pas envie de faire, Monsieur Jeannet s’en contrefiche: il a décidé que vous deviez
devenir directrices, alors vous deviendrez directrices, et pas de commentaire!
Pour
les convaincre, il faudra des remèdes radicaux (dans tous les sens du terme): «Pour
avancer, il n’existe pas mille instruments: les quotas, la discrimination
positive, comme celle que le gouvernement norvégien veut imposer aux
entreprises. D’accord, ces mesures sont imparfaites, voire discutables
sur le plan philosophique. Mais a-t-on le choix?»
C’est
vrai: que valent les discussions philosophiques lorsque le Progrès décrété par
M. Jeannet est en jeu?
Donc,
nous constatons que la presse en général et L’Hebdo en
particulier n’ouvrent leurs éditoriaux qu’à des scribouillards
affligeants et gauchisants. Disons-le tout net, pour retrouver une presse
variée et saine, il n’existe pas mille instruments: il faut des quotas,
de la discrimination positive. Il faut obliger les magazines à engager au moins
50% de rédacteurs de qualité, des personnalités intelligentes, raisonnables,
courageuses, originales, conservatrices, fédéralistes, réalistes, débarrassées
des œillères du politiquement correct. D’accord, une telle mesure
est imparfaite (on préférerait que ce soit 100%). Mais a-t-on le choix?
Un anniversaire, c’est toujours l’occasion
d’une fête, mais c’est aussi l’occasion de jeter un regard
sur le passé.
En 1970, j’étais enseignant. Enseignant avant
EVM ! La mission était encore claire et limpide : faire un transfert
de connaissances d’un esprit expérimenté vers des cerveaux encore
partiellement vides; je ne dis pas avides de savoir, car le goût de
l’étude n’a jamais été le propre de tous les élèves. N’ayant
pas l’illusion de pouvoir rendre toute matière attrayante, nous
privilégiions l’effort, dans un contexte d’ordre et de discipline.
Et l’éducation dans tout ça ? Nous en portions le souci, mais elle
ne faisait pas l’objet d’une tête de chapitre d’un document
pédagogique touffu et inutile, émis par un effectif surabondant de pédagogistes. Nous faisions de l’éducation comme ce
brave Monsieur Jourdain faisait de la
prose sans le savoir. Toutefois, la rigueur et les contraintes que nous
imposions à nos élèves n’étaient pas forcément traumatisantes, ou, si
elles l’étaient, elles portaient des fruits à plus long terme. Dans son
livre Le désir de Dieu , Jacques Chessex porte le jugement
suivant : «Il y a dans le souvenir de quelques maîtres plus de bonheur
à les avoir aimés sévères que d’avoir profité d’histrions
complaisants».
A
l’époque, j’étais aussi capitaine et je pourrais, là aussi, évoquer
un commandement sans soutien de psychologues, où un ordre ne faisait pas
l’objet de concertations préalables débouchant sur un consensus général.
Une fois encore, la rigueur n’a jamais détruit une solide amitié que je
retrouve auprès de mes anciens sous-officiers, réunis en amicale, et qui me
font le grand honneur de m’appeler, avec amitié et respect, «mon
capitaine», faisant judicieusement
abstraction des promotions ultérieures. La milice était une réalité, non un
terme alibi comme elle tend à le devenir et l’objectif fumeux du
«maintien de la promotion de la paix dans un cadre international» n’avait
pas encore fait sa néfaste apparition.
Mais ce regard vers l’année de naissance du Pamphlet
ne doit pas se limiter aux souvenirs nostalgiques d’un vieux ronchon
désabusé.
Quittons donc le domaine des regrets subjectifs pour
nous intéresser aux chiffres.
En
1970, les comptes de l’État de Vaud se soldaient par un bénéfice (oui,
c’est bien de bénéfice qu’il s’agit !) de 1,9 million
alors que l’année 2004 s’est soldée, on s’en souvient, par un déficit de 144 millions.
Et si nous comparons l’effectif des
fonctionnaires de ce même État de Vaud, on constate qu’il était de 11 000
personnes en 1970, tous taux d’activité confondus, alors qu’il
s’élève aujourd’hui à 27 500
employés selon les mêmes critères. On ne fait pas d’omelette sans casser
des œufs et on ne pond pas une législation boulimique sans engager du
personnel !
Qu’en est-il dans le même temps au niveau
fédéral ?
En 1970 les comptes se soldent par un bénéfice (oui,
encore un bénéfice !) de 210 millions, alors que ceux de 2004 se sont
bouclés par un déficit de 1656 millions de francs.
Vraiment, 1970 fut une bonne année, surtout si
l’on enregistre encore la double naissance de la belle Claudia Schiffer et du pertinent (parfois impertinent !)
Pamphlet. A tous deux, souhaitons encore une longue vie !
Il y a un peu plus
de 20 ans1, je confiais au Pamphlet, sous le titre Cynisme,
un billet d’humeur qui me valut des réactions très vives.
J’écrivais notamment :
«La possession d’un animal domestique
n’est pas qu’une affaire individuelle. Tant qu’il ne
s’agit que d’un canari, d’un poisson rouge, à la limite
d’un chat, le mal est circonscrit et socialement tolérable. Mais le chien est source de pollution de toutes
sortes : le chien aboie, il pue, il mord, il encombre, il dissémine sur la
voie publique ses excréments et partout des kilos de poils.
Il n’incommode pas que son propriétaire, ce qui
ne serait que justice, il empoisonne la vie des voisins, des collègues, des
connaissances. Il alimente les diatribes que les “maîtres” imposent
à tout venant sur les vertus morales de cet animal».
Je proposais de
réclamer aux propriétaires de chiens un
impôt proportionné aux nuisances sociales provoquées par ces bestioles, de dix
à vingt mille francs par année, selon la race.
En auraient été
dispensés les chiens d’aveugle, les
chiens d’avalanche et quelques autres dont l’utilité sociale aurait
été démontrée.
Bon prince,
j’étais prêt à admettre également un
rabais pour les spécimens aphone, édentés et rasés, en dehors des
agglomérations urbaines.
Plusieurs lecteurs
ont pris ma diatribe au premier degré, et qualifièrent mon article de «révoltant». Un autre lecteur, tout en
approuvant mes propos anti-canins, me faisait observer qu’ils
s’appliquaient aussi mutatis
mutandis à la cigarette bien plus
funeste pour l’entourage que les crottes ou la drogue.
Depuis lors, je
suis moins fâché contre les canidés mais je partage entièrement l’avis de
notre excellent confrère Philippe Barraud2: «Personne n’a besoin
d’un chien-tueur».
Et que le connard
de service ne vienne pas miauler à mes oreilles que le pitbull est un chien
très affectueux, que c’est une question de dressage, qu’aucune race
de chien n’est dangereuse mais que c’est le défaut
d’éducation qui rend un chien dangereux.
On ne saurait
m’accuser de réclamer des mesures urgentes maintenant seulement, sous le
coup de l’émotion. En avril 2004, j’écrivais ici même3 :
«Il est probablement exact que les molosses ne sont
pas des chiens plus dangereux que ceux d’autres races. J’observe cependant
que, comme par hasard, ce sont précisément des pittbulls
et autres mastiffs que les voyous choisissent de dresser au combat et non des
teckels ou des caniches. Il est donc légitime de se méfier, a priori,
d’un propriétaire de molosse qui proteste de ses intentions pacifiques et
qui jure qu’aucune race de chien n’est dangereuse en soi et que
seule la mauvaise éducation est responsable des accidents»
De la même façon,
un couteau à cran d’arrêt est un instrument très joli. Jamais il ne
sautera spontanément dans le ventre d’un passant ou ne sectionnera une
artère carotide s’il n’est tenu par une main mal intentionnée.
Il n’empêche
que je me méfie d’emblée des gens qui se promènent avec des couteaux à
cran d’arrêt dans la poche ou avec un molossoïde en laisse parce que les
uns et les autres manifestent par là des signes de troubles de la personnalité.
Il ne
s’agit pas d’éduquer les propriétaires de chiens, ni
d’imposer des permis ou des muselières.
Il s’agit
bien plutôt d’interdire purement et simplement l’importation, la
détention, et le trafic de ces chiens qui font peur et qui sont précisément achetés par
des gens qui ont envie de lire la peur dans les yeux des autres. Cela les
rassure ou cela les excite. Les minables, les coincés, les demi-sels, les
boutonneux dont les filles se moquent, ceux qui ont un petit zizi qui fait rire
et ceux qui sont en train de lancer leur douzième start-up, les consultants
sans diplômes et les rappeurs de banlieues, tous ont envie qu’une fois on
leur prête attention. Non pas par leurs mérites propres, mais grâce à leur Golf
GTI «tunée», à la bécasse blonde qu’ils
traînent dans leur sillage au Mad ou au pitbull tueur dont ils se font obéir «au doigt et à l’œil». Waou !
Jusqu’au jour
où les si gentils chiens-chiens échappent à leur
molle et incompétente vigilance pour dévorer tout cru un malheureux petit
garçon sur le chemin de l’école.
Je me
demande s’il ne faudrait pas, en plus, lancer une vaste opération de
stérilisation, voire de castration.
Non, pas des
chiens, puisqu’ils seraient déjà tous euthanasiés !
Claude
Paschoud
1 Le Pamphlet no 145, mai 1985.
2 www.commentaires.com 2.12.05.
3Molosses
(bricoles), Le Pamphlet no 334, page 4.
La mort d’un petit garçon dévoré par trois
pitbulls dans la région de Zurich a soulevé dans la population un tsunami
d’émotions. Cela est sans nul doute dû au jeune âge de la victime qui
touche directement dans sa chair chaque parent qui y projette l’image de
sa propre progéniture. On pourra faire preuve de cynisme en soulignant que ce
n’est pas la première fois que des chiens sauvages s’en prennent à
des êtres faibles et sans défense. Seulement, il s’agissait de personnes
âgées, dont la mort était sans doute regrettable, mais qui avaient finalement
fait leur temps et puis, avec la crise du logement, cela faisait des
appartements de libres.
Il semble en l’occurrence que les chiens
incriminés aient été élevés par un membre du milieu, de façon parfaitement
illégale et dans des conditions qui auraient transformé des cockers en bêtes
féroces. Malgré cela, il y a peu de chances que trois cockers, même féroces,
puissent tuer qui que ce soit.
Le débat sur le bien-fondé de l’interdiction de
certaines race de chiens ne peut être que stérile. Tout d’abord, il est
sans doute vrai que de nombreux molosses bien dressés et dominés par des
maîtres compétents et conscients de leurs responsabilités ne posent aucun
problème et sont adorables avec tout le monde. Il est également vrai qu’en
cas d’interdiction de certaines races, la racaille qui les dresse au
combat en trouvera d’autres pour cette activité et on croisera
prochainement des labradors menaçants dans les rues des cités. On finirait donc
logiquement par n’autoriser la possession que des yorkshires
et des chihuahuas.
La seule solution est de considérer ces animaux pour
ce qu’ils sont : des armes potentiellement mortelles. Et, comme pour
n’importe quelle arme, il faut ne délivrer le droit d’en posséder
qu’à des personnes qui peuvent démontrer que c’est un besoin pour
elles. Il est nécessaire que le candidat fasse la preuve de sa capacité de
l’assumer; d’introduire une obligation de dressage, des testes
réguliers, la muselière obligatoire, un âge minimum, un casier judiciaire vierge,
et tout ce qui pourra garantir d’une part la sécurité de la population,
et d’autre part que toute personne dont la bonne volonté et la motivation
ne seraient pas à toute épreuve se découragera devant l’ampleur de la
tâche. Et je ne conçois pas ici de limiter ces obligations aux seuls pitbulls,
mais à tous les chiens dont les mâchoires possèdent une puissance suffisante
pour briser un membre.
Posséder un animal est une grande responsabilité qui
ne devrait être confiée qu’à ceux qui en ont pleinement conscience et qui
sont aptes à l’assumer. Cette lapalissade entrouvre la question
suivante : ne faudrait-il pas soumettre tout candidat à l’adoption à
un examen de capacité, que ce soit pour un chien ou pour tout autre animal de
compagnie ? Qu’en dirait
«Si chacun de nous veut bien se découvrir sous les traits d’un accusé avant de vouloir prendre le rôle de juge, toute semence de haine serait anéantie avant d’avoir germé.»
Giovanni Papini
Depuis quelque temps, Le Matin bleu,
quotidien gratuit, est distribué dans les principales localités romandes. Les
textes, en général brefs, ne sont pas signés, c’est la règle. Le numéro
2, du 14 novembre dernier, nous révèle à la page 7 que l’armée britannique
a eu un camp de tortures, de 1940 à 1948. Tiens !…
Plus de 3500 Allemands, militaires et civils, ont été
torturés dans un camp secret de Londres; les archives ont récemment confirmé
l’existence de ce camp. En violation de toute loi internationale de
guerre, les prisonniers furent systématiquement battus, privés de sommeil,
menacés à tout instant de mort ou d’atteintes à leur intégrité
corporelle.
De la fin de la deuxième guerre mondiale à nos jours,
c’est-à-dire jusqu’aux
graves révélations du début de l’équipée américaine en Irak, il y
avait divers sujets tabous, à ne jamais traiter, à passer scrupuleusement sous
silence dont celui des forfaits commis par nos soi-disant
«libérateurs» ! Aujourd’hui, après plus de soixante ans, des
journaux à grand tirage reviennent sur de nombreux méfaits. Le Corriere della
Sera de Milan, par exemple, dénonce régulièrement les délits «alliés»
dans sa page des Stragi ignorate,
des tueries ignorées.
Les langues se délient enfin, les oreilles se
dressent : il y a eu des carnages de prisonniers de guerre désarmés, de
civils inermes. Ici, on avait même oublié les quelques bombes anglaises lâchées
à Genève, à Renens, à Schaffhouse, plus nombreuses à Chambéry, proche capitale
de
Après bien des années, je n’ai pu oublier les
gémissements prolongés, lugubres de l’alerte locale, lors des passages de
la mort dans le ciel étoilé.
Adolescent, au moment où l’on découvre
Il n’y eut jamais de tribunal pour condamner des
criminels des airs.
Cependant, avec le temps, de sordides rideaux se sont
effilochés… Je viens de lire de l’écrivain Georges Haldas le livre Gens
qui soupirent quartiers qui meurent. L’auteur genevois
d’origine grecque faisait alors partie de
«Mais au moment
où on rentrait deux par deux dans le préau, le PC se trouvait à l’école
du Grütli, devant la sentinelle, on entendait le vrombissement familier de
l’escadrille retour de la mission, huit mille, dix mille morts cette
nuit-là peut-être ?»
Il n’y eut jamais de tribunal pour
condamner les lâches «assassins du ciel», les auteurs de ces crimes répétés
presque toutes les nuits de plusieurs années !
Giuseppe Patanè
«Toutes les opinions se valent». Il s’agit là de l’expression fétiche du
pseudo-intellectuel-écolo-féministo-égalitaristo-démocratico-droits de l’hommiste (PIEFEDD), qui se réclame tantôt de la droite
modérée, tantôt du centre gauche, bref, de celui qui n’a aucune opinion
et se plaît de ce fait à «enrichir» ses congénères du vide de ses propos. Pour
le PIEFEDD, disais-je, toutes les opinions se valent, en dehors de celles qui
devraient être interdites par une loi fédérale dès lors qu’elles
remettent en cause de quelque manière que ce soit le développement durable,
l’égalité absolue, les droits de l’homme (pardon: les droit
humains), la démocratie, ou pire, le fait que toutes les opinions se valent.
Celui qui prétend que la pire soirée qu’il ait
vécue était le Nouvel An où la belle-mère, non contente de s’inviter,
n’a rien mangé – les tomates contenaient probablement des OGM, le
foie gras était…trop gras, le saumon fumé ne venait pas d’Ecosse,
la dinde était selon toute vraisemblance atteinte de la grippe aviaire, le brie
aux truffes était trop coulant et le dessert contenait de l’alcool
– , mais critiqué sans discontinuer, et fait savoir à 23h00 qu’elle
était fatiguée et voulait qu’on la ramène, n’a jamais passé une
soirée entouré de PIEFEDD.
Imaginez: je suis invité chez des copains, qui ont eux-même invité des copains, l’équipe au complet
étant majoritairement composée de joyeux lurons qui, pour la plupart, apprécient
la bonne chère. Le goût du blanc est pur ravissement et les amuse-gueule à se
relever la nuit. On entame les réjouissances avec quelques plaisanteries
– gentillettes au premier verre, un peu plus graveleuses par la suite -,
tous les ingrédients d’une soirée légère consacrée à la rigolade étant
ainsi réunis. C’est alors que Gérard – que des potes à
l’imagination débordante ont surnommé Gégé – se félicite de ce que
les Suisses aient eu le courage d’envoyer un signal fort en disant «non»
aux OGM. Je me risque à rappeler qu’un moratoire sur la production
helvétique d’aliments contenant des OGM n’empêche pas les
importations. Didier – Did pour les flemmards
– me fait savoir que j’ai parfaitement raison, mais (c’est
ainsi, que le PIEFEDD commence toute phrase signifiant à son contradicteur
qu’il a tort, bien que toutes les opinions se vaillent) que
l’essentiel était d’envoyer un signal – fort –, ce qui
lui vaut les félicitations de Gégé pour la pertinence de son propos. Djéeepi – que ses parents ont prénommé moins de
trente ans auparavant Jean-Pierre – ajoute que c’est une question
de respect des droits de l’hommes. C’est idiot, mais sans appel, et
je me prends donc à espérer que le bouillon de courge, accompagné d’un
rouge tout à fait honorable, inspirera des commentaires nettement plus
amusants. C’était compter sans le fait que les droit de l’hommes
amènent nécessairement aux droits de la femme. Val – Valérie ou
Valentine, je l’ignore – revendique alors en une seule phrase le
droit à l’avortement et celui d’avoir des enfants, le droit de
travailler comme cadrE supérieurE
et celui d’obtenir l’aménagement de son temps de travail pour
concilier emploi et famille, des allocations familiales (fédérales) de 450
francs par enfant pour permettre aux femmes de rester à la maison, des quotas
afin que les femmes – sauf celles du parti UDC – soient mieux
représentées en politique, le tout dans le plus strict respect de la volonté
populaire (son propos étant toutefois un peu plus nuancé – preuve d’une
grande ouverture d’esprit, caractéristique du PIEFEDD –
s’agissant de la volonté populaire zuricoise).
Alors que je m’apprête à émettre quelques objections, quelqu’un
crie «droits de l’homme». Il s’agit naturellement du sautillant Djéeepi, qui n’a aucune idée sur aucun sujet et qui
aurait préféré parler cinéma, mais qui a bien retenu que les «valeurs
démocratiques» se résument aux droits de l’homme, ce qui lui permet de
«participer» à la conversation sans grands risques; au pire, il fera
l’effet de celui qui hurle «quine» alors qu’on en est déjà aux
cartons. On en est alors au rôti. Après les employés si mal protégés, dont les
jours de grève ne sont même pas rémunérés – ce qui est contraire aux
droits de l’homme –, les propriétaires qui veulent déloger les
squatters alors qu’il y a pénurie de logements – ce qui est
contraire aux droits de l’homme –, les riches qui ne paient pas
assez d’impôts – dans le plus pure irrespect des droits de
l’homme -, arrive le dessert, une tourte aux carottes bio. C’est
alors que Gégé se félicite de ce que les Suisses aient eu le courage
d’envoyer un signal fort en disant «non» aux OGM… Minuit sonne
enfin.
Mais
non! Ce n’est pas minuit: mon réveil sonne une heure qui ne regarde que
moi; tout cela n’était qu’un horrible cauchemar et il est temps de
passer chez le traiteur chercher le foie gras et le saumon; jamais je ne me
suis autant réjoui de passer le réveillon avec ma belle-mère!
Iratus
«C’est simple. Grosso merdo, je trouve
qu’il s’agit d’un faux problème social ! Dans ce monde
où les pauvres sont de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus
riches, où les Américains arrêtent de fumer et vendent leur tabac en Afrique,
on a créé un nouveau consensus social autour d’un pseudo-débat de
société. C’est l’invasion de la pensée unique. Le clivage
aujourd’hui, c’est fumeurs, non-fumeurs. Du coup, les vrais
problèmes, on les voit même plus. On croit faire sa petite guérilla sanitaire
et on attend le bus avec les pots d’échappement dans la gueule !»
Ainsi s’exprimait le dimanche 11
décembre en gare de Lausanne, une jeune fumeuse interrogée par un journaliste
de 24 heures à propos de l’interdiction de fumer dans les
trains introduite ce jour-là, en dépit de la promesse formelle de la direction
des CFF – c’était au moment où la fumée fut interdite dans les TGV
– de ne pas supprimer, chez nous, les compartiments fumeurs dans les
trains longue distance. Le discours est énergique quoique dans l’ensemble
assez conformiste, mais en ce qui concerne la chasse aux fumeurs, je ne peux
qu’être d’accord. D’innombrables non-fumeurs et ex-fumeurs
polluent mon environnement par leurs émanations de gaz toxiques – je
n’ai plus de voiture –, par le bruit infernal de leurs motos
– d’accord, je fais une fixation -, par les conversations
téléphoniques ineptes qu’ils m’imposent dans les transports
publics, par les crottes de leurs chiens et j’en passe. Apparemment, tout
le monde trouve ça très bien; moi pas, évidemment. Je n’en exige pas pour
autant l’interdiction des véhicules à moteur, des téléphones portatifs et
de toutes les races de chiens. Nom d’une pipe ! Pourquoi devrais-je
imposer mes goûts et mes besoins à des gens qui ne les partagent pas ?
Pourtant je me préoccupe de la santé de mes concitoyens comme les dictateurs
anti-fumeurs se préoccupent de la mienne. Je pourrais plaider que la pollution
atmosphérique provoque quantité de maladies respiratoires, que les téléphones
mobiles émettent des ondes qui, à la longue, provoquent des tumeurs au cerveau
et qu’on peut mourir d’une mauvaise chute due au fait qu’on a
glissé sur une crotte de chien. Mais la vie en société comporte des risques.
Je rentrais de Paris en TGV voici
quelques semaines. Je me suis trouvée tout à fait par hasard dans un wagon
interdit aux téléphones mobiles. Ce fut un vrai plaisir. C’est à ce
moment-là seulement que j’ai compris à
quel point les «téléphoneurs» actifs
constituent une véritable nuisance pour les «téléphoneurs»
passifs. Ne serait-il pas dans la logique totalitaire que les wagons non-téléphones soient la règle et que l’on parque les
accros du téléphone mobile dans un ou deux wagons, avant d’instaurer
purement et simplement l’interdiction de téléphoner dans les
trains ?
Autre succès des militants
anti-fumée : dès le 1er janvier 2006, on interdira, sous peine
d’amende, la vente de cigarettes aux moins de dix-huit ans dans le canton
de Vaud. On peut être certain que les bons apôtres qui ont réclamé et rédigé
cette loi n’ont jamais vu un adolescent de près. Une interdiction à violer,
quel rêve !
Je pense aussi à tous les vendeurs de cigarettes qui
vont devoir se transformer en policiers, pour éviter les amendes : il y a
des adolescents qui paraissent plus que leur âge et des adultes à l’air
juvénile. Comment être sûr de ne pas contrevenir à la loi, sinon en importunant
quantité de plus de dix-huit ans par des contrôles d’identité. Et même si
les kiosquiers et les restaurateurs se muent en pandores, comment
empêchera-t-on des moins de dix-huit ans de charger de l’achat un frère ou
un ami majeur ?
Nos autorités sont tellement habituées à résoudre les
problèmes par des lois qu’elles ne réfléchissent même plus à la
pertinence de celles-ci. Obligation et interdiction sont les deux mamelles des
parlements et des groupes de pression qui tirent les ficelles, le plus souvent
en produisant des statistiques invérifiables qui «prouvent», par exemple, que
les fumeurs sont eux-mêmes majoritairement favorables aux persécutions
qu’on leur fait subir. Nous ne fréquentons manifestement pas les mêmes
fumeurs !
Il faut voir que les résultats d’un sondage
dépendent de la question posée. Si la question est : «Trouvez-vous
normal que les non-fumeurs essaient de se protéger de la fumée ?», la
réponse du fumeur ne sera pas la même que si on lui demande : «Etes-vous
favorable à ce qu’on brime les fumeurs en toute occasion ?»
Petit détail : je ne suis plus fumeuse.
Notre amie Olga Tobler nous
propose, en guise de participation au no 350, la lecture de trois ouvrages qui
l’ont intéressée :
1. De Denis Jeambar, Accusé
Chirac, levez-vous !, éd. du Seuil, dans lequel le président de
2. De Alain Ammar, Juan
Vives et Jacob Machover, Cuba Nostra,
Les secrets d’Etat de Fidel Castro, éd. Plon, qui s’en prend
vivement à Fidel Castro et à son régime, lesquels n’ont cessé de nuire
aussi bien à la population cubaine qu’à la paix mondiale depuis 1945.
3. De Charles Gave, Un libéral nommé Jésus, Bourin éditeur, dans lequel l’auteur prétend démontrer
que le libéralisme est la seule forme de pensée économique qui soit conforme
aux Evangiles.
Merci à Madame Tobler.
Réd.
«Il est plus facile de
légaliser certaines choses que de les légitimer.»
Chamfort
En cette époque de prétendue tolérance et de
relativisme moral, force est de constater que la liberté de pensée et la
liberté d’expression ont fait place à ce qu’il faut bien appeler
Souvenez-vous du Watergate… Nixon
fut déchu de la présidence pour avoir menti au sujet d’une tentative
– dont il n’était même pas directement responsable ! –
d’espionnage du parti adverse. Clinton a tout autant menti au sujet de
ses frasques, bien personnelles celles-ci, avec
Pinochet, qui avait sauvé son pays de
la peste communiste est – depuis qu’il a démocratiquement et
volontairement abandonné le pouvoir – systématiquement soumis à la jésuitique
inquisition judiciaire de gauche. Alors qu’un Fidel Castro qui, depuis
plus de quarante ans, continue à massacrer, emprisonner et bâillonner son
peuple et qui a failli provoquer une guerre nucléaire est reçu dans les pays
dits démocratiques à bras ouverts et avec le tapis rouge !
Un Pol Pot (Cambodge) meurt dans son
lit et un Menghistu (Ethiopie) se bronze en Zambie au
vu et au su de tous, alors que, plus de soixante ans après, un ancien nazi de
nonante et quelques années réfugié en Espagne a toutes les polices de l’UERS (Union Européenne des Républiques Socialistes) à ses
trousses. Et il vaut mieux ne pas parler des potentats de
Chez nous, comparez l’indignation
horrifiée des médias et de la classe politique lorsque, le 1er août
au Grütli, quelques dizaines de jeunes immédiatement qualifiés d’extrême-droite et de néo-nazis, chahutent vocalement un
conseiller fédéral discourant à contre-courant de l’Histoire, et la
sérénité des mêmes lorsque des hordes de
gauchistes encagoulés cassent et démolissent pour des millions dans des villes
comme Genève (G8, défilé militaire), Lausanne (G8) ou Zurich (forum de Davos).
Il faut savoir qu’aucune Pensée
Unique ne peut exister sans sa morale particulière et son Inquisition.
C’est évidemment le cas avec la «démocratie» mondialisante
qui a sacralisé par le biais de l’économie le Capital, seul Dieu
actuellement accepté en Occident. Aujourd’hui, le Capital est à
gauche et c’est lui qui possède
les médias qui font l’opinion et
L’avis de Louise Cougnard
Madame
Dimanche dernier, quand je suis allée passer la
journée chez ma fille, mon beau-fils m’a dit que vous aviez dû annuler la
célébration du trente-cinquième anniversaire de votre infâme canard parce que
l’affreux Claude Paschoud avait eu un accident
de moto. J’avoue que j’ai bien ri. Franchement, depuis le temps
qu’il publie ses idées fascistes, xénophobes et antisémites, il doit bien
avoir dépassé la soixantaine. Alors, faire de la moto à son âge ! En tout
cas, j’espère qu’il s’est fait très mal.
Naturellement, mon beau-fils s’est fâché tout
rouge quand j’ai dit ce que je pensais. Je ne sais toujours pas ce
qu’il vous trouve, mais je ne peux pas émettre sur vous et votre feuille
de chou la moindre critique sensée sans qu’il s’énerve. Ce
malhonnête m’a dit qu’on ne me demandait pas mon avis et il est
parti fumer une cigarette sur le balcon en ronchonnant contre les ayatollahs,
parce que je ne veux plus qu’on fume en ma présence depuis que j’ai
arrêté de fumer moi-même. Au début, il m’a dit que si je ne supportais
pas la fumée des autres je n’avais qu’à me geler moi-même sur le
balcon, qu’après tout, il était chez lui et qu’il ne voulait pas
être brimé sous son propre toit. Heureusement, ma petite-fille, qui est
sociologue et psychologue, a pris mon parti et c’est moi qui ai gagné. Ce
n’est pas que je sois une belle-mère embêtante, au contraire, mais il
faut savoir se faire respecter.
Je peux toujours compter sur l’appui de ma
petite-fille. Il faut dire qu’elle est spécialisée dans le soutien
psychologique des proches des victimes de tragédies. C’est un métier très
lucratif, car il y a tous les jours des accidents, mais parfois désagréable
quand les personnes qui ont besoin d’aide envoient promener la cellule de
soutien psychologique. Ma petit-fille pense
qu’il devrait y avoir une loi qui oblige les gens à accepter le secours
des psychologues pour leur bien. Je n’ai pas très bien compris s’il
s’agit du bien des gens ou de celui des psychologues, mais ce n’est
pas vraiment important, car je fais entièrement confiance au jugement de ma
petite-fille qui est mon rayon de soleil, contrairement à son père qui ne cesse
de nous contrarier. Figurez-vous qu’il n’apprécie pas
l’action humaniste de Monsieur Samuel Schmid et
de Madame Micheline Calmy-Rey. Il dit qu’ils
devraient cesser de faire la leçon à la terre entière. Je suis sûre que vous
avez encore dû écrire des âneries à leur propos. Mais ma petite-fille m’a
expliqué que, grâce à l’esprit d’ouverture de Monsieur Schmid et de Madame Calmy-Rey,
ainsi que de tous les autres conseillers fédéraux, à l’exception du
fasciste Blocher, nous autres Suisses pouvons cesser
d’avoir honte de notre pays. Nous sommes très écoutés à l’ONU et
notre avis sur tous les problèmes de la planète sont très attendus. En plus,
sans notre armée, il serait impossible de maintenir la paix nulle part.
Ma petite-fille m’a aussi expliqué que, pour
lutter contre la hausse des coûts de la santé, il fallait introduire une caisse
maladie unique et des primes proportionnelles à la situation financière des
gens. Moi, je trouve ça très bien, car je n’ai que mon AVS pour vivre.
Mais mon beau-fils ricane et dit que ça ne marcherait pas mieux que
Ma fille, qui lit cette lettre par-dessus mon épaule,
m’ordonne de signaler que, en plus de mon AVS, je touche chaque mois une
pension versée par mon beau-fils. Il ferait beau voir qu’il me laisse
croupir dans la dèche ou qu’il m’envoie en EMS !
Mal à vous.
Au trou, le grand méchant loup !
Le 29 novembre, l’Assemblée nationale française
a refusé d’abroger un article de loi prévoyant de faire enseigner dans
les écoles «le rôle positif de la présence française outre- mer, notamment
en Afrique du Nord». En d’autres termes, une majorité de députés
français estime qu’il n’y a pas lieu d’être honteux de la
période coloniale.
Au-delà de l’excellente surprise
que constitue, compte tenu du contexte de veulerie et de repentance dans le
quel nous vivons, cette fière attitude, il convient d’objecter
qu’une telle loi n’a pas lieu d’exister, car l’histoire
est affaire d’historiens et non de loi.
Il semble que Monsieur Jacques Chirac
soit également de cet avis, ce qui réjouit considérablement le président du
Front national dont le bras droit, Bruno Gollnisch, a
fait l’objet de poursuites pénales pour avoir tenu en automne 2004 des
propos analogues au sujet, il est vrai, d’un épisode encore plus épineux
que la colonisation. Sachant, j’en suis sûr, que le président de
«Je me félicite, une fois
n’est pas coutume, de la déclaration solennelle du président de
Je me félicite également de
l’annonce de la création d’une mission pluraliste destinée à
évaluer l’action du Parlement dans ce domaine.
Même si je ne me fais aucune illusion
sur le prétendu pluralisme de cette mission, je ne doute pas que celle-ci
conclura d’abord à l’illégitimité de la loi Rocard-Gayssot
de 1990 (…)
(…)
L’abrogation de cette loi,
annoncée implicitement par Jacques Chirac, sera une bonne nouvelle pour les
historiens et tous les esprits libres.
Bien entendu, Jacques Chirac n’a
pas la moindre intention de faire abroger cette fameuse loi et Jean-Marie Le Pen le sait comme vous et moi. Le président français, en
bon opportuniste qu’il est, navigue à vue : il ne va pas se mettre à
dos la police de la pensée en la privant d’un instrument essentiel, mais
il ne va non plus risquer de déplaire aux champions de
l’anticolonialisme, à commencer par Monsieur Bouteflika,
en approuvant un article de loi qui – et c’est son seul mérite
– exprime le refus de salir un passé dont il n’y a pas lieu de
rougir, même s’il ne fut pas sans tache.
Donc, les non-conformistes et
révisionnistes qui verraient dans l’attitude du président Chirac
l’annonce d’une amélioration, d’un prochain retour à la
liberté de recherche et d’expression se tromperaient lourdement. Mais les
choses bougent d’un autre côté : le 12 décembre, par l’intermédiaire
de l’AFP, dix-neuf historiens de premier plan se sont
prononcés pour l’abrogation de plusieurs lois françaises qui restreignent
la liberté de l’historien, dont la fameuse loi de 1990. Parmi ces
historiens, on trouve Pierre Vidal-Naquet, pourtant
grand pourfendeur de révisionnistes ! Seront-ils entendus ? La chasse
aux sorcières va-t-elle prendre fin ? Peut-être un jour, mais pas dans
l’immédiat, car les intérêts en jeu sont énormes et quelques historiens,
même éminents, ne pèsent pas grand-chose face à ces intérêts. Mais c’est
un début, une lueur d’espoir.
En attendant, j’ai la conviction que, à court
terme, la répression va s’aggraver. L’écrivain britannique David
Irving est en prison à Vienne depuis le 11 novembre; le 29 novembre à Lyon, ainsi
que nous l’apprend Rivarol1 du 9 décembre, le
procureur de
La situation va encore empirer, dis-je.
Il y a à cela deux raisons : d’une part, le nombre des
révisionnistes augmente avec le temps. D’autre part, les persécuteurs
sont aux abois. Or, un animal, un humain, un régime politique ou un groupe
humain aux abois a tendance à se défendre par tous les moyens :
l’animal mord, l’humain cogne, le régime emprisonne et le groupe
humain réclame des têtes.
Nous en sommes là.
Une maison a
été bâtie sur le sable. Le grand méchant loup n’aurait qu’à
souffler pour qu’elle s’envole. C’est pourquoi on encage ce
pauvre grand méchant loup. Mais on ne bâtit pas durablement sur le sable…
1 1 rue d’Hauteville, F- 75010 Paris
2 Pour le déroulement de ce procès, cf. p. 2
Mais qui donc arrêtera Anne-Catherine Lyon ?
Dans les
années 70 qui virent la naissance du Pamphlet, les milieux réformistes de l'école
vaudoise rêvaient d'une école à la suédoise : tous les enfants resteraient
ensemble dans la même classe jusqu'à la fin de leur scolarité : finies les
injustes sélections, la formation à plusieurs vitesses, la perpétuation des
inégalités sociales.
Tenus en
échec par un parti radical qui, tout de même, ressentait confusément que, pour
assurer l'égalité entre les hommes, il ne suffirait pas de les décréter identiques
et de les condamner aux mêmes performances minimales, les pédagogistes
de salon ont néanmoins, en 35 ans, fait la moitié du chemin : feu le Collège
durait les six dernières années de la scolarité; l'actuelle Voie Secondaire de
Baccalauréat s'expédie en trois ans.
Dieu
que nous avions raison !
Nous redoutions que l'école unique (Madame Lyon tient
à ne parler que de filière unique,
mais ça revient au même) ne conduise à un nivellement par le bas.
Après 35 ans
d'enseignement avec les élèves réputés les meilleurs, je peux attester que les
six ans qui ont précédé leur entrée en VSB ne les ont guère enrichis que de
savoirs à côté de la plaque, d'une mollesse décourageante, et de cette
conviction que tout leur est dû, y compris le Certificat. Je persiste donc à
proclamer que les classes hétérogènes qui durent trop longtemps sont
désastreuses pour les enfants qui iront au Gymnase. Si au moins ce dommage
était compensé par une amélioration des performances des autres élèves, on
pourrait engager un «vaste débat sur la société que nous voulons»; mais, à en
croire l'avis de ceux qui ont à embaucher ces jeunes de 15-16 ans, on est, là
aussi, loin du compte.
Pourquoi
faut-il démanteler l'école vaudoise ?
Madame Lyon répond à cette question essentiellement
par deux arguments1.
D'abord,
elle a constaté «que
les meilleurs de terminale sont aussi bons que les plus faibles de prégymnasiale». Voilà qui est surprenant. Il m'est
arrivé d'avoir, en classe de latin, une jeune Turque brillante qui, deux ans
auparavant, était, à son arrivée chez nous, enclassée
en terminale parce qu'elle ne parlait pas français. Nul doute que, après six
mois déjà, elle correspondait à la définition de Madame Lyon. Nous appellerons
ça une rarissime exception, et ce n'est pas saine justice de se targuer
d'exceptions pour établir des règles valables pour tous.
Secondement,
Madame Lyon «voit de manière récurrente
et confirmée que les pays qui ont des systèmes éducatifs efficients et assurent
la meilleure égalité des chances, ont des systèmes sans sélection avant la
neuvième année». Certes,
selon l'enquête PISA,
Procès
d'intention ?
On m'accusera, bien sûr, de faire un procès
d'intention à la pauvre Madame Lyon. Certes, ses interventions sur le sujet
sont discrètes et vagues : «Il faudra une très large discussion préalable
avant même d'envisager le débat politique»2.
En fait,
il faut savoir que, dans la grouillante administration du département, on ne
parle que de ça depuis plusieurs années, et les indices ne manquent pas qui
montrent que l'avenir se conçoit déjà sous le ciel radieux de l'école unique.
Par exemple, une première tentative de HEP2 (pour
remplacer l'école, mort-née, de formation des maîtres) ne prévoyait qu'un seul
et unique type de maîtres pour les degrés 7, 8 et 93, et on ne
demandait pas une licence universitaire.
A
A
La vérité
est que le projet d'école unique est fin prêt. Madame Lyon, qui doit bientôt se
faire réélire, ne veut pas de vagues en surface. Les remous que l'on sent
au-dessous nous montrent que, dès le lendemain de sa réélection, elle
«branchera le turbo» pour que, en quatre ans, tout soit heureusement achevé
pour sa plus grande gloire et sa carrière future.
Nos
craintes
Les
enseignants ne s'engageront pas dans le débat. Depuis l'instauration d'EVM, les salles des maîtres, moroses, désillusionnées et,
de plus, craignant les représailles, sont résignées à ce qui leur pend au nez.
Le
politique nous inquiète plus encore. Ce malheureux Grand Conseil nous a trop
habitués à gober toutes les sottises que les chefs socialistes du DFJ lui ont
présentées. La dernière en date est sans doute l'autorisation d'intégrer
Nous
aurons alors notre école à la française : un bac pour tous ou presque (donc,
l'école obligatoire jusqu'à 19 ans), 75 % de la population à l'Université,
chômage dès 24 ans. C'est ça qui va coûter !
De
faibles espoirs
Nous
persistons à espérer que la majorité du Grand Conseil s'avise que le projet scolaire
des socialistes, et les problèmes de société qu'il engendrera, ne sont pas
vraiment ce qu'elle souhaite.
Pour le
cas où le Grand Conseil serait vraiment perdu corps et biens, nous avons bon
espoir dans le referendum.
Mais notre espoir le plus sûr est que Madame Lyon ne
soit pas réélue, et que les socialistes, après cette troisième veste, ne se
risquent plus à briguer un tel département. Certes, on peut compter, pour cela,
sur les rivalités au sein du parti socialiste, mais ça risque de ne pas suffire.
Encore faudrait-il aussi pouvoir attendre des ennemis politiques de Madame Lyon
qu'ils ne votent pas pour elle4.
Oui, il existe un moyen d'arrêter Anne-Catherine
Lyon.
Daniel
Bassin
1 Voir L’Hebdo du 9 décembre 2004, p. 40.
2 Ibidem, p. 40.
3 Voir 24 heures du 25 janvier 2005, pp. 1 et 3.
4 Si ce n’est pas malheureux de devoir dire des choses pareilles !