Lausanne 35e année      «ne pas subir»      Décembre  2005 No 350

 

Numéro double spécial anniversaire

 

 

Sommaire :

 

Editorial

Merci à nos abonnés, particulièrement à ceux qui nous sont fidèles depuis 35 ans !

 

Lettre de l’au-delà

Procope, notre ancien correspondant permanent à Genève, nous livre son testament politique… en vers !

 

En direct de Sirius

Max s’intéresse à l’évolution de la langue française et aux procès en sorcellerie.

 

Actualités françaises

Michel de Preux jette un regard sans complaisance sur la politique française.

 

Des quotas, vite!

En réclamant des «quotas», la presse gauchiste se tire une balle dans le pied

 

Anniversaire du Pamphlet

1970 – 2005… que de changements !

 

Cynisme (II)

Décidément, Claude Paschoud n’apprécie ni les chiens, ni les propriétaires de chiens…

 

Gentil chien

…alors que Xavier Savigny, sur le même objet, plaide pour l’instauration d’un «examen de capacité»

 

Qui jugera les juges ?…

Giuseppe Patanè rappelle que les nations qui s’érigent aujourd’hui en juges des criminels de guerre n’ont jamais jugés leurs propres crimes… Un hommage au «Jugement des juges», l’inoubliable poème écrit à Fresne par Robert Brasillach, trois semaines avant sa mort.

 

Bénie soit la belle-mère !

Marre des PIEFEDD et leurs bavardages ineptes !

 

Mesures idiotes

Mariette Paschoud ne fume plus, mais elle déplore la guerilla sanitaire menées par les talibans antitabac

 

Quelques titres

Suggestions de lecture pour passer les Fêtes

 

La Pensée Unique et sa morale

Réconciliation entre le Capital et la Pensée Unique

 

L’avis de Louise Cougnard

Nous sommes rassurés : Mme Cougnard nous lit encore, et elle nous hait toujours !

 

Au trou, le grand méchant loup !

On a cru un moment que c’était aux historiens d’écrire l’histoire. Mais cette règle n’est pas valable pour toutes les périodes. Dans certains cas, c’est au juge qu’il appartient de dire l’histoire, au besoin contre l’avis des historiens et des chercheurs.

 

Mais qui donc arrêtera Anne-Catherine Lyon ?

Dirigé pendant trop longtemps par des ministres socialistes, l’Ecole vaudoise fait fausse route. Il est juste temps de la sauver, en renvoyant Mme Lyon.

 

 

 

Editorial

 

 Il y a cinq ans, le trentième anniversaire du Pamphlet fut tristounet. Nous étions sur le point de mettre la clé sous la porte et la presse nous enterrait déjà avec jubilation : l’extrémisme de droite ne faisait plus recette.

 

Cinq ans plus tard, la situation est bien différente : nous envisageons le proche avenir avec optimisme, tout en sachant que les années passent, que nous ne sommes pas éternels et que la relève se fait attendre. Pourtant, elle existe la relève. Mais, compte tenu de l’hystérie idéologique ambiante, elle est obligée de se dissimuler pour ne pas avoir d’ennuis professionnels. Or, on ne peut pas assumer la responsabilité d’une rédaction sous un pseudonyme. Mais on ne peut pas non plus espérer que des jeunes qui entrent dans la vie active ou s’apprêtent à fonder une famille prennent le risque de perdre leur emploi pour assurer la pérennité d’une «feuille d’extrême droite». Donc, à moins que, miraculeusement, la liberté de dire ce qu’on pense ne revienne à la mode, Le Pamphlet ne survivra pas trente-cinq années de plus.

 

Mais ce n’est pas grave. Même si le combat cesse, faute de combattants, dans un avenir plus ou moins proche, nous aurons tout de même dérangé, mais aussi amusé et réconforté bien du monde pendant plusieurs décennies.

 

Et cela, c’est grâce à vous, chers abonnés, que nous avons pu le faire, à vous qui nous accompagnez année après année – depuis le début pour certains –, qui avez sauvé notre journal il y a cinq ans et le soutenez fidèlement. Aussi avons-nous décidé de vous offrir un cadeau – en fait, ce cadeau, c’est vous qui vous l’offrez : nous avons réalisé pour vous un «spécial huit pages» dans lequel vous retrouverez les rédacteurs habituels, bien sûr, mais aussi quelques anciens qui nous ont fait l’amitié de nous apporter leur contribution. Grâce à Max, à Savigny et à Olb, vous bénéficiez de deux dessins qui constituent par eux-mêmes des articles et de trois qui illustrent les énergiques propos de Daniel Bassin qui fut pendant des années notre spécialiste des questions scolaires.

 

Merci à vous, merci aux collaborateurs du Pamphlet, merci à notre imprimeur et merci à Béatrice Röthlisberger qui assume avec compétence l’administration du journal.

 

Bonnes fêtes à tous.

 

Le Pamphlet

 

 

Dessin 
Election de miss Suisse 2006

 

 

 

 

Lettre de l’au-delà

 

Chère Mariette,

 

 

Depuis des lustres, grâce au Ciel,

Procope est mort et enterré,

Conservant en son poing serré,

Sa plume dégouttant de fiel.

 

Dans ses délires sarcastiques,

Il se prenait pour Juvénal :

Voilà qui n’était pas banal

Pour un esprit aussi critique.

 

Las de s’émerveiller toujours

Devant le festin des vautours,

Qui dépeçaient la République,

 

Il s’exila dans l’au-delà

Et nul, jamais, ne regretta

Ses assommantes philippiques.

 

Pour tout viatique, il nous laissa

Cette épigramme énigmatique,

Qui à la censure échappa :

 

«Médiocres gouvernants, princes caméléons

Boursouflés de l’ego et donneurs de leçons,

Politiciens falots, gestionnaires félons,

Bêlants écrivailleurs, journalistes moutons;

Réformés aux abois, qui chassent leurs ministres,

Pour mieux confier le temple au concierge papiste;

Faux mendiants, vrais fripons, profiteurs à foison,

Pègre de trafiquants de tous les horizons,

Grouillant dans le ruisseau comme dans les salons;

Esthètes décadents, pédants pédagogistes,

Squatters embourgeoisés et repentis gauchistes

Promis à la prébende ou à la sinécure;

Notables inventés par l’habile imposture,

Aussitôt couronnés par la crasse inculture ;

Lubriques invertis et histrions obscènes,

Fiers de processionner sur nos quais et nos scènes;

Fébriles diasporas, réseaux cosmopolites,

Tribus pleines de morgue, au verbiage hypocrite,

Sans cesse réclamant de nouveaux passe-droits,

Que des cuistres du cru ou d’ailleurs importés,

Tenant avec aplomb des discours frelatés,

Applaudis sans faiblir par des claqueurs adroits,

Brûlent de leur offrir et sauront imposer

Au peuple abâtardi, malléable et usé.

Mais cessons de citer et d’allonger la liste :

Seigneur, tu le vois bien, la coupe est plus que pleine.

 

Méchants qui sans frein sévissez

Dans cette ville métissée

Que vous appeliez de vos vœux

Par vos prêchi-prêcha mielleux,

Puissiez-vous enfin y périr,

Victimes de vos desseins fourbes

Et trahis par la vile tourbe

Qu’il vous a plu d’y accueillir.»

 

Or les méchants sont toujours là, Procope est vraiment trépassé, et Genève n’en finit pas d’abjurer et de se renier.

 

Malgré ce désolant tableau, je reste, chère Mariette, votre dévoué serviteur.

 

 

Daniel

 

 

En direct de Sirius

 

 

Les fulgurances de Monsieur Sepp Blatter («En voila une idée qu’elle est bonne !»)

 

Très perturbé par les récents avatars « footballesques » helvéto-ottomans, le président de la Fifa propose de supprimer les hymnes nationaux dans les stades. Brillant. Et sur cette «trajectoire prudhommesque», on serait avisé de supprimer les frontières (génératrices d’immigration clandestine), l’armée (provocation à l’invasion), le travail (incitation à la paresse), les jolies femmes (pousse au viol), la propriété (invitation aux vols), les déclarations publiques (sources de fous rires préjudiciables à la santé), etc., etc. …

En France au XXIe siècle, ce que parler veut dire…

 

Tout aux délices d’un séjour parisien, Max pénètre dans un restaurant de Saint-Germain-des-Prés. Le chef de rang l’accueille d’un «Monsieur, bonjour !». Max, qui ne se nomme pas Bonjour, se demande ce qu’il a pu faire pour justifier l’apostrophe mais opte pour un courtois «Bonjour Monsieur», puis passe commande d’un rafraîchissement au garçon. «D’accord», répond celui-ci. Max remarque in petto que l’accord est heureux quoique très superflu…

 

A la une du Figaro, tel ministre prône les bienfaits de la «discrimination positive», proposition étrange qui lui paraît absurde : toute discrimination est antithétique au principe fondamental d’«égalité républicaine»; où trouver des bienfaits ?

 

Une chaîne d’information continue lui fait part qu’une baleine «est décédée [sic !]» à quelques encablures des côtes. En préambule aux fêtes de Noël, la même chaîne l’invite à entendre un commercial disserter sur la pratique de  «l’acte d’achat [re-sic !] dans les magasins de jouets». Cinq minutes plus tard, sur les mêmes ondes, un politicien en apnée lui sert une phrase de quarante-quatre mots relative à l’emploi, dont il ne comprend que les articles.

 

«Merci de m’avoir pris au débotté» lance-t-il gaiement à la coiffeuse arrangeante que, ce faisant, il plonge dans un abîme de perplexité…

 

«Vigilance – propreté» intiment les sacs en plastique des poubelles publiques. Max se demande en quoi la propreté urbaine nécessite une attention soutenue.

 

Le panneau d’un poste à essence lui apprend qu’il est filmé «pour votre sécurité». Le panneau ment : le dispositif vise à la prévention des vols de carburant; il ne s’agit donc point de sa sécurité mais de celle du gérant.

 

Max croise ensuite deux beurs qui rappent, un black, une personne à mobilité réduite, un non-voyant, un SDF du quart-monde, un jeune qu’accompagne un adolescent malentendant, un couple du troisième âge, un cégétiste en VTT qui profite d’un RTT, un énarque sidaïque issu de l’immigration, tout un séminaire de VRP et puis deux gais pacsés en deuil... et se dit que la langue française a bien drôlement évolué.

 

Qu’a-t-on fait au français ? Que fait-on aux Français ?

Un procès en sorcellerie (Cinq bourrins contre un pur sang)

 

Le voyage dans le temps existe, il est possible d’en faire l’expérience à Lyon, à la VIe chambre correctionnelle (délits de presse) où nous avons pu assister, le 29 novembre dernier,  à un procès en sorcellerie. Y était jugé un révisionniste que d’aucuns, des parties civiles, avides d’effets spécieux requalifiaient en « négationniste »… un peu comme l’on tente désormais de noircir l’étiquette d’extrême droite en « droite-extrême ». L’inculpé devait répondre d’infraction à l’une de ces lois-bâillons qui font désormais florès dans nos démocraties éclairées. Fort de sa formation d’ingénieur chimiste, l’imprudent, au détour d’un couloir du Conseil régional Rhône-Alpes, avait émis des doutes quant à la possibilité d’utilisation du gaz insecticide «cyclone B» pour toute autre fin que son emploi normal : l’épouillage des vêtements infestés de ce dangereux parasite vecteur du typhus qu’est le pediculus, le pou, si meurtrier, si redoutablement omniprésent en temps de guerre. Il ne saurait être question de relever ici les considérations scientifiques développées par l’ingénieur, il suffit de préciser que ses déclarations furent filmées et enregistrées par un journaliste et reproduites à l’occasion d’un journal télévisé régional, déclenchant la réaction automatique du ministère public français et le réflexe pavlovien d’une bonne demi-douzaine d’associations spécialisées. Il fut en revanche intéressant d’observer les différentes attitudes et stratégies des parties en présence avec, comme caractéristique dominante, une attaque souvent gesticulante et vociférante s’appuyant, pour l’essentiel, sur des éléments d’ordre émotionnel,et une défense en droit tout en souplesse. Cinq avocats pour la partie civile suffisaient à peine contre Me Eric Delcroix, un nom qui est déjà entré dans les annales du droit français aux côtés des grands maîtres du Barreau1. Ce cinq-contre-un ne rendait pas la partie facile à un président que l’on devinait très préoccupé de garantir la sérénité des débats. Il nous fut donné d’entendre en qualité de témoin pour la défense le professeur Faurisson, serein, droit comme un i, doté d’une mémoire inaltérable, impavide aux provocations des parties civiles. Sans cesse contenu par le juge dans son rôle de témoin des faits et de moralité, il sut néanmoins se faire entendre. Pour lui, l’inculpé est un révisionniste de bonne foi, quelqu’un d’honnête dont il approuve pleinement les propos. Dans une atmosphère gesticulatoire de danse macabre, quelques outrances des parties civiles : «Les allemands utilisèrent le gaz parce qu’ils n’avaient pas assez de balles» ou encore, «Ces gens là [les révisionnistes], il n’y a rien qui leur fasse plus mal que de verser de l’argent à SOS Racisme et à la LICRA» causèrent des mouvements dans l’assistance, vite réprimés par le président. Passées les plaidoiries évidemment répétitives des parties civiles et le réquisitoire du procureur qui demanda six mois fermes assortis d’une amende proportionnée aux revenus, de la privation des droits civiques et de l’astreinte à publication du jugement, Me Delcroix plaida.

 

Le parallèle avec les procès en sorcellerie, où il était interdit de remettre en cause la foi en Dieu, la réalité diabolique et l’existence des sabbats, était inévitable. Avec l’aisance et l’élégance qui le caractérisent, le défenseur fit valoir l’exception de tyrannie prévue par l’article 2 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1789 (pilier des «valeurs républicaines») qui autorise la résistance à l’oppression. Il s’opposa à l’application de la loi Gayssot (équivalent de notre étrange art. 261 bis CPS), se basant sur le nouveau code pénal français de 1994 qui prévoit qu’un juge ne peut plus être poursuivi pour forfaiture au motif qu’il s’estimerait juridiquement fondé à refuser d’appliquer une loi. En outre, pour l’avocat, le visionnage en Cour de la bande vidéo, arraché en dépit des efforts appuyés et réitérés des parties civiles, démontrait le caractère privatif des déclarations de son client. Il était en effet manifeste que l’inculpé croyait faire un aparté (comparable aux commentaires «off» émis par les politiciens prudents en mal de confidences) au détour d’un couloir et que sa bonne foi avait été surprise par le journaliste. Cette observation était renforcée par la totale indifférence de tiers déambulant ou vaquant à leurs occupations en arrière-plan. L’avocat conclut à la non- constitution du délit et donc à la relaxe.

 

Sans surprise, le jugement a été mis en délibéré au 3 janvier 2006.

 

En tout état de cause et en l’état actuel des droits «démocratiques» respectifs2, force est de constater que le prudent Voltaire, si soucieux d’éviter les lettres de cachet de l’Ancien régime qu’il s’était établi à quelques dizaines de mètres de la frontière suisse, serait bien emprunté, de nos jours, pour élire domicile…

« Joyeux Noël ! » (A l’ouest, du nouveau…)

Cette reconstitution cinématographique à peine romancée des fraternisations de décembre 1914 est un prodigieux réquisitoire contre ces guerres voulues et provoquées par des gens qui ne les font jamais. Privilégiant l’émotion pure, M. Christian Carion nous offre un film de guerre sans pathos et sans violence sur un thème longtemps occulté3. Lorsque la chair à canon d’ici se reconnaît en la chair à canon d’en face, il n’en faut pas beaucoup pour que tombent la haine et les conditionnements. Ce bref instant d’humanité dans un océan de bêtise ne fait pas l’affaire des profiteurs de guerre, et pas celle, non plus, des saigneurs étoilés qui y mettront bon ordre.

 

Max l’Impertinent

 

1 Outre ses talents de plaideur, Me Delcroix, irréductible défenseur de la liberté d’expression, s’est distingué en faisant passer à l’Ouest, en décembre 1973, l’appel au secours de la femme du «dissident

» Leonid Pliouchtch, interné dans une institution psychiatrique d’Ukraine soviétique.

2 Contrairement au droit suisse, en France, les avocats de la défense, n’étant pas encore bâillonnés par les dispositions légales, sont toujours en mesure de défendre les révisionnistes.

3 Combien sommes-nous à savoir que des unités US et allemandes s’affrontèrent, dans les Ardennes, à la Noël 1944… à coup de boules de neige ?

 

 

Actualités françaises

 

En France, les banlieues s’embrassent, faisant des feux de joie dans la rue, chauffant les écoles de leurs quartiers, caressant quelque mosquée1. La police s’en mêle. Contre elle vont les plaintes; pour les sauvageons, les complaintes. Les Français seraient-ils des veaux prêts au sacrifice ? Ceux d’entre eux qui avaient prévu l’événement sont interdits d’antenne. Le droit à la parole est réservé aux boutefeux de l’immigration de peuplement.

 

         Plus le constat d’échec de la bande des quatre (gaullistes, centristes, socialistes et communistes) est évident, plus le président des Français et ses ministres se cramponnent au dogme égalitaire et au rejet idéologique des discriminations, faute de pouvoir l’imposer à souhait dans la réalité. Mais chaque homme de bon sens sait combien ce dogme et ces rejets purement politiques pèsent néanmoins sur la vie du pays, leurs méfaits ravageurs dissolvant peu à peu le tissu social français, harcelé jusqu’à épuisement.

 

         On ne peut vouloir l’anarchie dans les idées et préserver l’ordre dans la rue. On ne peut défendre un «ordre républicain» quand la République n’a plus de citoyens mais des peuples en concurrence sauvage. Le mots trébuchent; les valeurs sont devenues folles. Et pendant que les politiciens ont perdu la raison, les religieux de toutes confessions ont, quant à eux, carrément perdu la tête. Ce qu’ils pensent, disent ou font, tout le monde s’en moque, avec raison. Seuls les chefs musulmans ont, pour l’heure, une utilité immédiate, ce qui prouve et l’origine des émeutes et le pouvoir de l’islam en France…

 

         Sur ce plan, la dérision est du côté catholique : l’abbé Pierre passe des aveux publics. Benoît XVI n’en fera donc pas un saint aussi facilement que Mère Theresa ! Le dopage à la canonisation a déjà des ratés volontaires !

 

         La Bible nous dit : «Malheur à la ville dont le prince est un enfant.» Que dire d’une république dont les chefs de clans sont des gamins attardés ? En France, la république est à prendre, et à prendre dans la rue. C’est là qu’elle s’exprime, et non dans la comédie du Palais Bourbon, c’est là que se manifeste la réalité du pouvoir, et non dans les ministères, relayés par Bruxelles. Et si l’hôte très provisoire de l’Elysée a encore un mot à dire, c’est uniquement pour annoncer lui-même la fin de la pièce. Il couvre le feu; il ne l’éteint pas. Désormais, cela est hors de sa portée. Et il le sait !

 

Michel de Preux

 

1 Une église, dans le Midi, fut, quant à elle, intentionnellement visée. L’information fut aussitôt censurée…

 

 

Des quotas, vite!

 

Dans L’Hebdo du 24 novembre dernier, le rédacteur en chef (c’est un homme) s’émeut et s’indigne du nombre selon lui insuffisant de femmes dans la direction des entreprises privées. Se référant à une enquête de Mme Chantal Tauxe, il dresse des constats terrifiants: «Les femmes sont sous-représentées dans les gouvernements. Elles avancent, elles reculent. Voyez Genève. Mais dans l’économie, la parité entre les sexes, l’égalité des chances… tout cela reste carrément de la science-fiction. (…) Les femmes restent bloquées à des postes subalternes. Absurde, immoral, injuste… Un gaspillage organisé de compétences et de talents.» Le style saccadé, genre jeune stagiaire cherchant à imiter Jacques Pilet, traduit admirablement l’émotion de l’auteur.

A la recherche de quelque coupable à pendre, l’éditorialiste poursuit: «Complot 100% machiste? Les femmes sont complices. Et leurs convictions féministes souvent trop chancelantes.» Voilà le problème: ce sont les femmes elles-mêmes, ces stupides bedoumes attardées, qui sapent les efforts des vrais féministes, des hommes, des durs! Allez, au boulot les femmes! Ce que vous avez envie ou pas envie de faire, Monsieur Jeannet s’en contrefiche: il a décidé que vous deviez devenir directrices, alors vous deviendrez directrices, et pas de commentaire!

Pour les convaincre, il faudra des remèdes radicaux (dans tous les sens du terme): «Pour avancer, il n’existe pas mille instruments: les quotas, la discrimination positive, comme celle que le gouvernement norvégien veut imposer aux entreprises. D’accord, ces mesures sont imparfaites, voire discutables sur le plan philosophique. Mais a-t-on le choix?»

C’est vrai: que valent les discussions philosophiques lorsque le Progrès décrété par M. Jeannet est en jeu?

Donc, nous constatons que la presse en général et L’Hebdo en particulier n’ouvrent leurs éditoriaux qu’à des scribouillards affligeants et gauchisants. Disons-le tout net, pour retrouver une presse variée et saine, il n’existe pas mille instruments: il faut des quotas, de la discrimination positive. Il faut obliger les magazines à engager au moins 50% de rédacteurs de qualité, des personnalités intelligentes, raisonnables, courageuses, originales, conservatrices, fédéralistes, réalistes, débarrassées des œillères du politiquement correct. D’accord, une telle mesure est imparfaite (on préférerait que ce soit 100%). Mais a-t-on le choix?

 

Pollux

 

 

Anniversaire du Pamphlet

 

Un anniversaire, c’est toujours l’occasion d’une fête, mais c’est aussi l’occasion de jeter un regard sur le passé.

 

En 1970, j’étais enseignant. Enseignant avant EVM ! La mission était encore claire et limpide : faire un transfert de connaissances d’un esprit expérimenté vers des cerveaux encore partiellement vides; je ne dis pas avides de savoir, car le goût de l’étude n’a jamais été le propre de tous les élèves. N’ayant pas l’illusion de pouvoir rendre toute matière attrayante, nous privilégiions l’effort, dans un contexte d’ordre et de discipline. Et l’éducation dans tout ça ? Nous en portions le souci, mais elle ne faisait pas l’objet d’une tête de chapitre d’un document pédagogique touffu et inutile, émis par un effectif surabondant de pédagogistes. Nous faisions de l’éducation comme ce brave Monsieur Jourdain  faisait de la prose sans le savoir. Toutefois, la rigueur et les contraintes que nous imposions à nos élèves n’étaient pas forcément traumatisantes, ou, si elles l’étaient, elles portaient des fruits à plus long terme. Dans son livre Le désir de Dieu , Jacques Chessex porte le jugement suivant : «Il y a dans le souvenir de quelques maîtres plus de bonheur à les avoir aimés sévères que d’avoir profité d’histrions complaisants».

 

A l’époque, j’étais aussi capitaine et je pourrais, là aussi, évoquer un commandement sans soutien de psychologues, où un ordre ne faisait pas l’objet de concertations préalables débouchant sur un consensus général. Une fois encore, la rigueur n’a jamais détruit une solide amitié que je retrouve auprès de mes anciens sous-officiers, réunis en amicale, et qui me font le grand honneur de m’appeler, avec amitié et respect, «mon capitaine», faisant  judicieusement abstraction des promotions ultérieures. La milice était une réalité, non un terme alibi comme elle tend à le devenir et l’objectif fumeux du «maintien de la promotion de la paix dans un cadre international» n’avait pas encore fait sa néfaste apparition.

 

Mais ce regard vers l’année de naissance du Pamphlet ne doit pas se limiter aux souvenirs nostalgiques d’un vieux ronchon désabusé.

 

Quittons donc le domaine des regrets subjectifs pour nous intéresser aux chiffres.

En 1970, les comptes de l’État de Vaud se soldaient par un bénéfice (oui, c’est bien de bénéfice qu’il s’agit !) de 1,9 million alors que l’année 2004 s’est soldée, on s’en souvient,  par un déficit de 144 millions.

 

Et si nous comparons l’effectif des fonctionnaires de ce même État de Vaud, on constate qu’il était de 11 000 personnes en 1970, tous taux d’activité confondus, alors qu’il s’élève aujourd’hui à  27 500 employés selon les mêmes critères. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et on ne pond pas une législation boulimique sans engager du personnel !

 

Qu’en est-il dans le même temps au niveau fédéral ?

 

En 1970 les comptes se soldent par un bénéfice (oui, encore un bénéfice !) de 210 millions, alors que ceux de 2004 se sont bouclés par un déficit de 1656 millions de francs.

 

Vraiment, 1970 fut une bonne année, surtout si l’on enregistre encore la double naissance de la belle Claudia Schiffer et du pertinent (parfois impertinent !) Pamphlet. A tous deux, souhaitons encore une longue vie !

 

Gérald Berruex

 

 

Cynisme (II)

 

Il y a un peu plus de 20 ans1, je confiais au Pamphlet, sous le titre Cynisme, un billet d’humeur qui me valut des réactions très vives. J’écrivais notamment :

 

«La possession d’un animal domestique n’est pas qu’une affaire individuelle. Tant qu’il ne s’agit que d’un canari, d’un poisson rouge, à la limite d’un chat, le mal est circonscrit et socialement tolérable. Mais le chien est source de pollution de toutes sortes : le chien aboie, il pue, il mord, il encombre, il dissémine sur la voie publique ses excréments et partout des kilos de poils.

 

Il n’incommode pas que son propriétaire, ce qui ne serait que justice, il empoisonne la vie des voisins, des collègues, des connaissances. Il alimente les diatribes que les “maîtres” imposent à tout venant sur les vertus morales de cet animal».

 

Je proposais de réclamer aux propriétaires de chiens un impôt proportionné aux nuisances sociales provoquées par ces bestioles, de dix à vingt mille francs par année, selon la race.

 

En auraient été dispensés les chiens d’aveugle, les chiens d’avalanche et quelques autres dont l’utilité sociale aurait été démontrée.

 

Bon prince, j’étais prêt à admettre également un rabais pour les spécimens aphone, édentés et rasés, en dehors des agglomérations urbaines.

 

Plusieurs lecteurs ont pris ma diatribe au premier degré, et qualifièrent mon article de «révoltant». Un autre lecteur, tout en approuvant mes propos anti-canins, me faisait observer qu’ils s’appliquaient aussi mutatis mutandis à la cigarette bien plus funeste pour l’entourage que les crottes ou la drogue.

 

Depuis lors, je suis moins fâché contre les canidés mais je partage entièrement l’avis de notre excellent confrère Philippe Barraud2: «Personne n’a besoin d’un chien-tueur».

 

Et que le connard de service ne vienne pas miauler à mes oreilles que le pitbull est un chien très affectueux, que c’est une question de dressage, qu’aucune race de chien n’est dangereuse mais que c’est le défaut d’éducation qui rend un chien dangereux.

 

On ne saurait m’accuser de réclamer des mesures urgentes maintenant seulement, sous le coup de l’émotion. En avril 2004, j’écrivais ici même3 :

 

«Il est probablement exact que les molosses ne sont pas des chiens plus dangereux que ceux d’autres races. J’observe cependant que, comme par hasard, ce sont précisément des pittbulls et autres mastiffs que les voyous choisissent de dresser au combat et non des teckels ou des caniches. Il est donc légitime de se méfier, a priori, d’un propriétaire de molosse qui proteste de ses intentions pacifiques et qui jure qu’aucune race de chien n’est dangereuse en soi et que seule la mauvaise éducation est responsable des accidents»

 

De la même façon, un couteau à cran d’arrêt est un instrument très joli. Jamais il ne sautera spontanément dans le ventre d’un passant ou ne sectionnera une artère carotide s’il n’est tenu par une main mal intentionnée.

 

Il n’empêche que je me méfie d’emblée des gens qui se promènent avec des couteaux à cran d’arrêt dans la poche ou avec un molossoïde en laisse parce que les uns et les autres manifestent par là des signes de troubles de la personnalité.

 

Il ne s’agit pas d’éduquer les propriétaires de chiens, ni d’imposer des permis ou des muselières.

 

Il s’agit bien plutôt d’interdire purement et simplement l’importation, la détention, et le trafic de ces chiens qui font peur et qui sont précisément achetés par des gens qui ont envie de lire la peur dans les yeux des autres. Cela les rassure ou cela les excite. Les minables, les coincés, les demi-sels, les boutonneux dont les filles se moquent, ceux qui ont un petit zizi qui fait rire et ceux qui sont en train de lancer leur douzième start-up, les consultants sans diplômes et les rappeurs de banlieues, tous ont envie qu’une fois on leur prête attention. Non pas par leurs mérites propres, mais grâce à leur Golf GTI «tunée», à la bécasse blonde qu’ils traînent dans leur sillage au Mad ou au pitbull tueur dont ils se font obéir «au doigt et à l’œil». Waou !

 

Jusqu’au jour où les si gentils chiens-chiens échappent à leur molle et incompétente vigilance pour dévorer tout cru un malheureux petit garçon sur le chemin de l’école.

 

Je me demande s’il ne faudrait pas, en plus, lancer une vaste opération de stérilisation, voire de castration.

 

Non, pas des chiens, puisqu’ils seraient déjà tous euthanasiés !

 

 

Claude Paschoud

 

1 Le Pamphlet no 145, mai 1985.

2 www.commentaires.com  2.12.05.

3Molosses (bricoles), Le Pamphlet no 334, page 4.

 

 

Gentil chien

 

La mort d’un petit garçon dévoré par trois pitbulls dans la région de Zurich a soulevé dans la population un tsunami d’émotions. Cela est sans nul doute dû au jeune âge de la victime qui touche directement dans sa chair chaque parent qui y projette l’image de sa propre progéniture. On pourra faire preuve de cynisme en soulignant que ce n’est pas la première fois que des chiens sauvages s’en prennent à des êtres faibles et sans défense. Seulement, il s’agissait de personnes âgées, dont la mort était sans doute regrettable, mais qui avaient finalement fait leur temps et puis, avec la crise du logement, cela faisait des appartements de libres.

 

Il semble en l’occurrence que les chiens incriminés aient été élevés par un membre du milieu, de façon parfaitement illégale et dans des conditions qui auraient transformé des cockers en bêtes féroces. Malgré cela, il y a peu de chances que trois cockers, même féroces, puissent tuer qui que ce soit.

 

Le débat sur le bien-fondé de l’interdiction de certaines race de chiens ne peut être que stérile. Tout d’abord, il est sans doute vrai que de nombreux molosses bien dressés et dominés par des maîtres compétents et conscients de leurs responsabilités ne posent aucun problème et sont adorables avec tout le monde. Il est également vrai qu’en cas d’interdiction de certaines races, la racaille qui les dresse au combat en trouvera d’autres pour cette activité et on croisera prochainement des labradors menaçants dans les rues des cités. On finirait donc logiquement par n’autoriser la possession que des yorkshires et des chihuahuas.

 

La seule solution est de considérer ces animaux pour ce qu’ils sont : des armes potentiellement mortelles. Et, comme pour n’importe quelle arme, il faut ne délivrer le droit d’en posséder qu’à des personnes qui peuvent démontrer que c’est un besoin pour elles. Il est nécessaire que le candidat fasse la preuve de sa capacité de l’assumer; d’introduire une obligation de dressage, des testes réguliers, la muselière obligatoire, un âge minimum, un casier judiciaire vierge, et tout ce qui pourra garantir d’une part la sécurité de la population, et d’autre part que toute personne dont la bonne volonté et la motivation ne seraient pas à toute épreuve se découragera devant l’ampleur de la tâche. Et je ne conçois pas ici de limiter ces obligations aux seuls pitbulls, mais à tous les chiens dont les mâchoires possèdent une puissance suffisante pour briser un membre.

 

Posséder un animal est une grande responsabilité qui ne devrait être confiée qu’à ceux qui en ont pleinement conscience et qui sont aptes à l’assumer. Cette lapalissade entrouvre la question suivante : ne faudrait-il pas soumettre tout candidat à l’adoption à un examen de capacité, que ce soit pour un chien ou pour tout autre animal de compagnie ? Qu’en dirait la SPA ?

 

Xavier Savigny

 

 

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Armée

 

Dessin
Kekeis

 

 

 

Qui jugera les juges ?…

 

«Si chacun de nous veut bien se découvrir sous les traits d’un accusé avant de vouloir prendre le rôle de juge, toute semence de haine serait anéantie avant d’avoir germé.»

 

Giovanni Papini

 

Depuis quelque temps, Le Matin bleu, quotidien gratuit, est distribué dans les principales localités romandes. Les textes, en général brefs, ne sont pas signés, c’est la règle. Le numéro 2, du 14 novembre dernier, nous révèle à la page 7 que l’armée britannique a eu un camp de tortures, de 1940 à 1948. Tiens !…

 

Plus de 3500 Allemands, militaires et civils, ont été torturés dans un camp secret de Londres; les archives ont récemment confirmé l’existence de ce camp. En violation de toute loi internationale de guerre, les prisonniers furent systématiquement battus, privés de sommeil, menacés à tout instant de mort ou d’atteintes à leur intégrité corporelle.

 

De la fin de la deuxième guerre mondiale à nos jours, c’est-à-dire jusqu’aux  graves révélations du début de l’équipée américaine en Irak, il y avait divers sujets tabous, à ne jamais traiter, à passer scrupuleusement sous silence dont celui des forfaits commis par nos soi-disant «libérateurs» ! Aujourd’hui, après plus de soixante ans, des journaux à grand tirage reviennent sur de nombreux méfaits. Le Corriere della Sera de Milan, par exemple, dénonce régulièrement les délits «alliés» dans sa page des Stragi ignorate, des tueries ignorées.

 

Les langues se délient enfin, les oreilles se dressent : il y a eu des carnages de prisonniers de guerre désarmés, de civils inermes. Ici, on avait même oublié les quelques bombes anglaises lâchées à Genève, à Renens, à Schaffhouse, plus nombreuses à Chambéry, proche capitale de la Savoie. Presque toutes le nuits, des bombardiers anglais, escadrilles du terrorisme, du crime, violaient l’espace aérien de la neutre Helvétie pour aller semer la mort, la destruction, la désolation dans les petites et grandes localités du Piémont et de la Lombardie. Les protestations élevées par Berne à Londres après chaque violation restaient lettre morte, ne servaient absolument à rien !

 

Après bien des années, je n’ai pu oublier les gémissements prolongés, lugubres de l’alerte locale, lors des passages de la mort dans le ciel étoilé.

 

Adolescent, au moment où l’on découvre la Vie, la Beauté, l’Amour, parmi des êtres de tous âges, je ne supportais pas l’idée que, dans peu d’instants, des innocents, bien vivants, avaient rendez-vous avec la mort : sans le savoir, ils allaient être rayés de l’humanité, ils allaient être sacrifiés sur le monstrueux autel de l’égoïsme d’Albion.

 

Il n’y eut jamais de tribunal pour condamner des criminels des airs.

 

Cependant, avec le temps, de sordides rideaux se sont effilochés… Je viens de lire de l’écrivain Georges Haldas le livre Gens qui soupirent quartiers qui meurent. L’auteur genevois d’origine grecque faisait alors partie de la DAP, défense aérienne passive. Pendant que les «alliés» survolaient Genève à très haute altitude, pour aller bombarder, sans aucun danger pour eux, Milan ou Turin, lui et ses compagnons entendaient, comme tout le monde, jusqu’ici, les sourdes déflagrations des bombes.

 

«Mais au moment où on rentrait deux par deux dans le préau, le PC se trouvait à l’école du Grütli, devant la sentinelle, on entendait le vrombissement familier de l’escadrille retour de la mission, huit mille, dix mille morts cette nuit-là peut-être ?»

 

Il n’y eut jamais de tribunal pour condamner les lâches «assassins du ciel», les auteurs de ces crimes répétés presque toutes les nuits de plusieurs années !

 

Giuseppe Patanè

 

 

 

Bénie soit la belle-mère !

 

«Toutes les opinions se valent». Il s’agit là de l’expression fétiche du pseudo-intellectuel-écolo-féministo-égalitaristo-démocratico-droits de l’hommiste (PIEFEDD), qui se réclame tantôt de la droite modérée, tantôt du centre gauche, bref, de celui qui n’a aucune opinion et se plaît de ce fait à «enrichir» ses congénères du vide de ses propos. Pour le PIEFEDD, disais-je, toutes les opinions se valent, en dehors de celles qui devraient être interdites par une loi fédérale dès lors qu’elles remettent en cause de quelque manière que ce soit le développement durable, l’égalité absolue, les droits de l’homme (pardon: les droit humains), la démocratie, ou pire, le fait que toutes les opinions se valent.

 

Celui qui prétend que la pire soirée qu’il ait vécue était le Nouvel An où la belle-mère, non contente de s’inviter, n’a rien mangé – les tomates contenaient probablement des OGM, le foie gras était…trop gras, le saumon fumé ne venait pas d’Ecosse, la dinde était selon toute vraisemblance atteinte de la grippe aviaire, le brie aux truffes était trop coulant et le dessert contenait de l’alcool – , mais critiqué sans discontinuer, et fait savoir à 23h00 qu’elle était fatiguée et voulait qu’on la ramène, n’a jamais passé une soirée entouré de PIEFEDD.

 

Imaginez: je suis invité chez des copains, qui ont eux-même invité des copains, l’équipe au complet étant majoritairement composée de joyeux lurons qui, pour la plupart, apprécient la bonne chère. Le goût du blanc est pur ravissement et les amuse-gueule à se relever la nuit. On entame les réjouissances avec quelques plaisanteries – gentillettes au premier verre, un peu plus graveleuses par la suite -, tous les ingrédients d’une soirée légère consacrée à la rigolade étant ainsi réunis. C’est alors que Gérard – que des potes à l’imagination débordante ont surnommé Gégé – se félicite de ce que les Suisses aient eu le courage d’envoyer un signal fort en disant «non» aux OGM. Je me risque à rappeler qu’un moratoire sur la production helvétique d’aliments contenant des OGM n’empêche pas les importations. Didier – Did pour les flemmards – me fait savoir que j’ai parfaitement raison, mais (c’est ainsi, que le PIEFEDD commence toute phrase signifiant à son contradicteur qu’il a tort, bien que toutes les opinions se vaillent) que l’essentiel était d’envoyer un signal – fort –, ce qui lui vaut les félicitations de Gégé pour la pertinence de son propos. Djéeepi – que ses parents ont prénommé moins de trente ans auparavant Jean-Pierre – ajoute que c’est une question de respect des droits de l’hommes. C’est idiot, mais sans appel, et je me prends donc à espérer que le bouillon de courge, accompagné d’un rouge tout à fait honorable, inspirera des commentaires nettement plus amusants. C’était compter sans le fait que les droit de l’hommes amènent nécessairement aux droits de la femme. Val – Valérie ou Valentine, je l’ignore – revendique alors en une seule phrase le droit à l’avortement et celui d’avoir des enfants, le droit de travailler comme cadrE supérieurE et celui d’obtenir l’aménagement de son temps de travail pour concilier emploi et famille, des allocations familiales (fédérales) de 450 francs par enfant pour permettre aux femmes de rester à la maison, des quotas afin que les femmes – sauf celles du parti UDC – soient mieux représentées en politique, le tout dans le plus strict respect de la volonté populaire (son propos étant toutefois un peu plus nuancé – preuve d’une grande ouverture d’esprit, caractéristique du PIEFEDD – s’agissant de la volonté populaire zuricoise). Alors que je m’apprête à émettre quelques objections, quelqu’un crie «droits de l’homme». Il s’agit naturellement du sautillant Djéeepi, qui n’a aucune idée sur aucun sujet et qui aurait préféré parler cinéma, mais qui a bien retenu que les «valeurs démocratiques» se résument aux droits de l’homme, ce qui lui permet de «participer» à la conversation sans grands risques; au pire, il fera l’effet de celui qui hurle «quine» alors qu’on en est déjà aux cartons. On en est alors au rôti. Après les employés si mal protégés, dont les jours de grève ne sont même pas rémunérés – ce qui est contraire aux droits de l’homme –, les propriétaires qui veulent déloger les squatters alors qu’il y a pénurie de logements – ce qui est contraire aux droits de l’homme –, les riches qui ne paient pas assez d’impôts – dans le plus pure irrespect des droits de l’homme -, arrive le dessert, une tourte aux carottes bio. C’est alors que Gégé se félicite de ce que les Suisses aient eu le courage d’envoyer un signal fort en disant «non» aux OGM… Minuit sonne enfin.

 

Mais non! Ce n’est pas minuit: mon réveil sonne une heure qui ne regarde que moi; tout cela n’était qu’un horrible cauchemar et il est temps de passer chez le traiteur chercher le foie gras et le saumon; jamais je ne me suis autant réjoui de passer le réveillon avec ma belle-mère!

 

Iratus

 

 

 

Mesures idiotes

 

«C’est simple. Grosso merdo, je trouve qu’il s’agit d’un faux problème social ! Dans ce monde où les pauvres sont de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches, où les Américains arrêtent de fumer et vendent leur tabac en Afrique, on a créé un nouveau consensus social autour d’un pseudo-débat de société. C’est l’invasion de la pensée unique. Le clivage aujourd’hui, c’est fumeurs, non-fumeurs. Du coup, les vrais problèmes, on les voit même plus. On croit faire sa petite guérilla sanitaire et on attend le bus avec les pots d’échappement dans la gueule !»

 

         Ainsi s’exprimait le dimanche 11 décembre en gare de Lausanne, une jeune fumeuse interrogée par un journaliste de 24 heures à propos de l’interdiction de fumer dans les trains introduite ce jour-là, en dépit de la promesse formelle de la direction des CFF – c’était au moment où la fumée fut interdite dans les TGV – de ne pas supprimer, chez nous, les compartiments fumeurs dans les trains longue distance. Le discours est énergique quoique dans l’ensemble assez conformiste, mais en ce qui concerne la chasse aux fumeurs, je ne peux qu’être d’accord. D’innombrables non-fumeurs et ex-fumeurs polluent mon environnement par leurs émanations de gaz toxiques – je n’ai plus de voiture –, par le bruit infernal de leurs motos – d’accord, je fais une fixation -, par les conversations téléphoniques ineptes qu’ils m’imposent dans les transports publics, par les crottes de leurs chiens et j’en passe. Apparemment, tout le monde trouve ça très bien; moi pas, évidemment. Je n’en exige pas pour autant l’interdiction des véhicules à moteur, des téléphones portatifs et de toutes les races de chiens. Nom d’une pipe ! Pourquoi devrais-je imposer mes goûts et mes besoins à des gens qui ne les partagent pas ? Pourtant je me préoccupe de la santé de mes concitoyens comme les dictateurs anti-fumeurs se préoccupent de la mienne. Je pourrais plaider que la pollution atmosphérique provoque quantité de maladies respiratoires, que les téléphones mobiles émettent des ondes qui, à la longue, provoquent des tumeurs au cerveau et qu’on peut mourir d’une mauvaise chute due au fait qu’on a glissé sur une crotte de chien. Mais la vie en société comporte des risques.

 

         Je rentrais de Paris en TGV voici quelques semaines. Je me suis trouvée tout à fait par hasard dans un wagon interdit aux téléphones mobiles. Ce fut un vrai plaisir. C’est à ce moment-là seulement que j’ai compris à  quel point les «téléphoneurs» actifs constituent une véritable nuisance pour les «téléphoneurs» passifs. Ne serait-il pas dans la logique totalitaire que les wagons non-téléphones soient la règle et que l’on parque les accros du téléphone mobile dans un ou deux wagons, avant d’instaurer purement et simplement l’interdiction de téléphoner dans les trains ?

 

         Autre succès des militants anti-fumée : dès le 1er janvier 2006, on interdira, sous peine d’amende, la vente de cigarettes aux moins de dix-huit ans dans le canton de Vaud. On peut être certain que les bons apôtres qui ont réclamé et rédigé cette loi n’ont jamais vu un adolescent de près. Une interdiction à violer, quel rêve !

 

Je pense aussi à tous les vendeurs de cigarettes qui vont devoir se transformer en policiers, pour éviter les amendes : il y a des adolescents qui paraissent plus que leur âge et des adultes à l’air juvénile. Comment être sûr de ne pas contrevenir à la loi, sinon en importunant quantité de plus de dix-huit ans par des contrôles d’identité. Et même si les kiosquiers et les restaurateurs se muent en pandores, comment empêchera-t-on des moins de dix-huit ans de charger de l’achat un frère ou un ami majeur ?

 

Nos autorités sont tellement habituées à résoudre les problèmes par des lois qu’elles ne réfléchissent même plus à la pertinence de celles-ci. Obligation et interdiction sont les deux mamelles des parlements et des groupes de pression qui tirent les ficelles, le plus souvent en produisant des statistiques invérifiables qui «prouvent», par exemple, que les fumeurs sont eux-mêmes majoritairement favorables aux persécutions qu’on leur fait subir. Nous ne fréquentons manifestement pas les mêmes fumeurs !

 

Il faut voir que les résultats d’un sondage dépendent de la question posée. Si la question est : «Trouvez-vous normal que les non-fumeurs essaient de se protéger de la fumée ?», la réponse du fumeur ne sera pas la même que si on lui demande : «Etes-vous favorable à ce qu’on brime les fumeurs en toute occasion ?»

 

Petit détail : je ne suis plus fumeuse.

 

 

Mariette Paschoud

 

 

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Lire

 

Quelques titres

 

Notre amie Olga Tobler nous propose, en guise de participation au no 350, la lecture de trois ouvrages qui l’ont intéressée :

 

1. De Denis Jeambar, Accusé Chirac, levez-vous !, éd. du Seuil, dans lequel le président de la République française en prend pour son grade, accusé qu’il est d’avoir conduit la France au désastre, de l’avoir ridiculisée aux yeux de la terre entière et de ne se préoccuper cependant que de basses rivalités politiques.

 

2. De Alain Ammar, Juan Vives et Jacob Machover, Cuba Nostra, Les secrets d’Etat de Fidel Castro, éd. Plon, qui s’en prend vivement à Fidel Castro et à son régime, lesquels n’ont cessé de nuire aussi bien à la population cubaine qu’à la paix mondiale depuis 1945.

 

3. De Charles Gave, Un libéral nommé Jésus, Bourin éditeur, dans lequel l’auteur prétend démontrer que le libéralisme est la seule forme de pensée économique qui soit conforme aux Evangiles.

 

Merci à Madame Tobler.

 

Réd.

 

 

La Pensée Unique et sa morale

 

«Il est plus facile de légaliser certaines choses que de les légitimer.»

 

Chamfort

 

En cette époque de prétendue tolérance et de relativisme moral, force est de constater que la liberté de pensée et la liberté d’expression ont fait place à ce qu’il faut bien appeler la Pensée Unique, cette pseudo-évangélisation des masses déculturées actuelle, qui, sous prétexte de démocratie, définit et impose sa «morale», par une police et une justice inquisitoriales (CP 261 bis, charte d’Utrecht, organisations dites antiracistes, etc.) chargées de peser le Bien (à gauche) et le Mal (à droite).

 

         Souvenez-vous du Watergate… Nixon fut déchu de la présidence pour avoir menti au sujet d’une tentative – dont il n’était même pas directement responsable ! – d’espionnage du parti adverse. Clinton a tout autant menti au sujet de ses frasques, bien personnelles celles-ci, avec la Lewinski. Mais, homme de gauche, il n’eut pas de problème !

 

         Pinochet, qui avait sauvé son pays de la peste communiste est – depuis qu’il a démocratiquement et volontairement abandonné le pouvoir – systématiquement soumis à la jésuitique inquisition judiciaire de gauche. Alors qu’un Fidel Castro qui, depuis plus de quarante ans, continue à massacrer, emprisonner et bâillonner son peuple et qui a failli provoquer une guerre nucléaire est reçu dans les pays dits démocratiques à bras ouverts et avec le tapis rouge !

 

         Un Pol Pot (Cambodge) meurt dans son lit et un Menghistu (Ethiopie) se bronze en Zambie au vu et au su de tous, alors que, plus de soixante ans après, un ancien nazi de nonante et quelques années réfugié en Espagne a toutes les polices de l’UERS (Union Européenne des Républiques Socialistes) à ses trousses. Et il vaut mieux ne pas parler des potentats de la Corée du Nord, de la Chine, ou des anciens pontes du KGB…

 

         Chez nous, comparez l’indignation horrifiée des médias et de la classe politique lorsque, le 1er août au Grütli, quelques dizaines de jeunes immédiatement qualifiés d’extrême-droite et de néo-nazis, chahutent vocalement un conseiller fédéral discourant à contre-courant de l’Histoire, et la sérénité des mêmes  lorsque des hordes de gauchistes encagoulés cassent et démolissent pour des millions dans des villes comme Genève (G8, défilé militaire), Lausanne (G8) ou Zurich (forum de Davos).

 

         Il faut savoir qu’aucune Pensée Unique ne peut exister sans sa morale particulière et son Inquisition. C’est évidemment le cas avec la «démocratie» mondialisante qui a sacralisé par le biais de l’économie le Capital, seul Dieu actuellement accepté en Occident. Aujourd’hui, le Capital est à gauche  et c’est lui qui possède les médias qui font l’opinion et la Pensée Unique.

 

E. Truffer

 

 

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Louise Cougnard

 

L’avis de Louise Cougnard

 

Madame la Rédactrice,

 

Dimanche dernier, quand je suis allée passer la journée chez ma fille, mon beau-fils m’a dit que vous aviez dû annuler la célébration du trente-cinquième anniversaire de votre infâme canard parce que l’affreux Claude Paschoud avait eu un accident de moto. J’avoue que j’ai bien ri. Franchement, depuis le temps qu’il publie ses idées fascistes, xénophobes et antisémites, il doit bien avoir dépassé la soixantaine. Alors, faire de la moto à son âge ! En tout cas, j’espère qu’il s’est fait très mal.

 

Naturellement, mon beau-fils s’est fâché tout rouge quand j’ai dit ce que je pensais. Je ne sais toujours pas ce qu’il vous trouve, mais je ne peux pas émettre sur vous et votre feuille de chou la moindre critique sensée sans qu’il s’énerve. Ce malhonnête m’a dit qu’on ne me demandait pas mon avis et il est parti fumer une cigarette sur le balcon en ronchonnant contre les ayatollahs, parce que je ne veux plus qu’on fume en ma présence depuis que j’ai arrêté de fumer moi-même. Au début, il m’a dit que si je ne supportais pas la fumée des autres je n’avais qu’à me geler moi-même sur le balcon, qu’après tout, il était chez lui et qu’il ne voulait pas être brimé sous son propre toit. Heureusement, ma petite-fille, qui est sociologue et psychologue, a pris mon parti et c’est moi qui ai gagné. Ce n’est pas que je sois une belle-mère embêtante, au contraire, mais il faut savoir se faire respecter.

 

Je peux toujours compter sur l’appui de ma petite-fille. Il faut dire qu’elle est spécialisée dans le soutien psychologique des proches des victimes de tragédies. C’est un métier très lucratif, car il y a tous les jours des accidents, mais parfois désagréable quand les personnes qui ont besoin d’aide envoient promener la cellule de soutien psychologique. Ma petit-fille pense qu’il devrait y avoir une loi qui oblige les gens à accepter le secours des psychologues pour leur bien. Je n’ai pas très bien compris s’il s’agit du bien des gens ou de celui des psychologues, mais ce n’est pas vraiment important, car je fais entièrement confiance au jugement de ma petite-fille qui est mon rayon de soleil, contrairement à son père qui ne cesse de nous contrarier. Figurez-vous qu’il n’apprécie pas l’action humaniste de Monsieur Samuel Schmid et de Madame Micheline Calmy-Rey. Il dit qu’ils devraient cesser de faire la leçon à la terre entière. Je suis sûre que vous avez encore dû écrire des âneries à leur propos. Mais ma petite-fille m’a expliqué que, grâce à l’esprit d’ouverture de Monsieur Schmid et de Madame Calmy-Rey, ainsi que de tous les autres conseillers fédéraux, à l’exception du fasciste Blocher, nous autres Suisses pouvons cesser d’avoir honte de notre pays. Nous sommes très écoutés à l’ONU et notre avis sur tous les problèmes de la planète sont très attendus. En plus, sans notre armée, il serait impossible de maintenir la paix nulle part.

 

Ma petite-fille m’a aussi expliqué que, pour lutter contre la hausse des coûts de la santé, il fallait introduire une caisse maladie unique et des primes proportionnelles à la situation financière des gens. Moi, je trouve ça très bien, car je n’ai que mon AVS pour vivre. Mais mon beau-fils ricane et dit que ça ne marcherait pas mieux que la Sécurité sociale française qui a des milliards de déficit et que la santé des riches ne coûte ni plus ni moins cher que celle des pauvres. Encore un effet de votre détestable influence. Il n’a pas encore dit qu’il fallait supprimer l’assurance maladie obligatoire, mais je sens que ça ne va pas tarder et là, alors, je pense que je vais m’énerver. Penser que cette bonne Ruth Dreifuss s’est décarcassée pour offrir un avenir meilleur aux plus démunis et qu’elle se heurte à l’ingratitude crasse d’un membre de ma famille, ça me fait voir rouge !

 

Ma fille, qui lit cette lettre par-dessus mon épaule, m’ordonne de signaler que, en plus de mon AVS, je touche chaque mois une pension versée par mon beau-fils. Il ferait beau voir qu’il me laisse croupir dans la dèche ou qu’il m’envoie en EMS !

 

Mal à vous.

 

Louise Cougnard

 

 

 

Au trou, le grand méchant loup !

 

 

Le 29 novembre, l’Assemblée nationale française a refusé d’abroger un article de loi prévoyant de faire enseigner dans les écoles «le rôle positif de la présence française outre- mer, notamment en Afrique du Nord». En d’autres termes, une majorité de députés français estime qu’il n’y a pas lieu d’être honteux de la période coloniale.

 

         Au-delà de l’excellente surprise que constitue, compte tenu du contexte de veulerie et de repentance dans le quel nous vivons, cette fière attitude, il convient d’objecter qu’une telle loi n’a pas lieu d’exister, car l’histoire est affaire d’historiens et non de loi.

 

         Il semble que Monsieur Jacques Chirac soit également de cet avis, ce qui réjouit considérablement le président du Front national dont le bras droit, Bruno Gollnisch, a fait l’objet de poursuites pénales pour avoir tenu en automne 2004 des propos analogues au sujet, il est vrai, d’un épisode encore plus épineux que la colonisation. Sachant, j’en suis sûr, que le président de la République ne s’est pas rendu compte de la portée de ses dires, Jean-Marie Le Pen s’est fendu, le 9 décembre d’un communiqué de presse malicieux :

 

         «Je me félicite, une fois n’est pas coutume, de la déclaration solennelle du président de la République, concernant l’histoire qui ne doit pas être écrite par la loi mais par les historiens.

 

         Je me félicite également de l’annonce de la création d’une mission pluraliste destinée à évaluer l’action du Parlement dans ce domaine.

 

         Même si je ne me fais aucune illusion sur le prétendu pluralisme de cette mission, je ne doute pas que celle-ci conclura d’abord à l’illégitimité de la loi Rocard-Gayssot de 1990 (…)

 

         (…)

 

         L’abrogation de cette loi, annoncée implicitement par Jacques Chirac, sera une bonne nouvelle pour les historiens et tous les esprits libres.

 

         Bien entendu, Jacques Chirac n’a pas la moindre intention de faire abroger cette fameuse loi et Jean-Marie Le Pen le sait comme vous et moi. Le président français, en bon opportuniste qu’il est, navigue à vue : il ne va pas se mettre à dos la police de la pensée en la privant d’un instrument essentiel, mais il ne va non plus risquer de déplaire aux champions de l’anticolonialisme, à commencer par Monsieur Bouteflika, en approuvant un article de loi qui – et c’est son seul mérite – exprime le refus de salir un passé dont il n’y a pas lieu de rougir, même s’il ne fut pas sans tache.

 

         Donc, les non-conformistes et révisionnistes qui verraient dans l’attitude du président Chirac l’annonce d’une amélioration, d’un prochain retour à la liberté de recherche et d’expression se tromperaient lourdement. Mais les choses bougent d’un autre côté : le 12 décembre, par l’intermédiaire de l’AFP, dix-neuf historiens de premier plan se sont prononcés pour l’abrogation de plusieurs lois françaises qui restreignent la liberté de l’historien, dont la fameuse loi de 1990. Parmi ces historiens, on trouve Pierre Vidal-Naquet, pourtant grand pourfendeur de révisionnistes ! Seront-ils entendus ? La chasse aux sorcières va-t-elle prendre fin ? Peut-être un jour, mais pas dans l’immédiat, car les intérêts en jeu sont énormes et quelques historiens, même éminents, ne pèsent pas grand-chose face à ces intérêts. Mais c’est un début, une lueur d’espoir.

 

En attendant, j’ai la conviction que, à court terme, la répression va s’aggraver. L’écrivain britannique David Irving est en prison à Vienne depuis le 11 novembre; le 29 novembre à Lyon, ainsi que nous l’apprend Rivarol1 du 9 décembre, le procureur de la République a réclamé six mois fermes pour Georges Theil, piégé par un journaliste2; Ernst Zündel a passé d’un cul-de-basse-fosse canadien à une geôle allemande et n’espère plus retrouver la liberté; et n’oublions pas notre Amaudruz et notre Berclaz, sans compter l’ami Jürgen Graf qui a préféré l’exil à la prison suisse. J’en oublie sans doute, qu’ils me le pardonnent.

 

         La situation va encore empirer, dis-je. Il y a à cela deux raisons : d’une part, le nombre des révisionnistes augmente avec le temps. D’autre part, les persécuteurs sont aux abois. Or, un animal, un humain, un régime politique ou un groupe humain aux abois a tendance à se défendre par tous les moyens : l’animal mord, l’humain cogne, le régime emprisonne et le groupe humain réclame des têtes.

 

Nous en sommes là.

 

Une maison  a été bâtie sur le sable. Le grand méchant loup n’aurait qu’à souffler pour qu’elle s’envole. C’est pourquoi on encage ce pauvre grand méchant loup. Mais on ne bâtit pas durablement sur le sable…

 

Michel Aubert

 

1 1 rue d’Hauteville, F- 75010 Paris

2 Pour le déroulement de ce procès, cf. p. 2

 

 

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Ecole

 

 

Mais qui donc arrêtera Anne-Catherine Lyon ?

 

Dans les années 70 qui virent la naissance du Pamphlet, les milieux réformistes de l'école vaudoise rêvaient d'une école à la suédoise : tous les enfants resteraient ensemble dans la même classe jusqu'à la fin de leur scolarité : finies les injustes sélections, la formation à plusieurs vitesses, la perpétuation des inégalités sociales.

 

Tenus en échec par un parti radical qui, tout de même, ressentait confusément que, pour assurer l'égalité entre les hommes, il ne suffirait pas de les décréter identiques et de les condamner aux mêmes performances minimales, les pédagogistes de salon ont néanmoins, en 35 ans, fait la moitié du chemin : feu le Collège durait les six dernières années de la scolarité; l'actuelle Voie Secondaire de Baccalauréat s'expédie en trois ans.

 

Dieu que nous avions raison !

 

Nous redoutions que l'école unique (Madame Lyon tient à ne parler que de filière unique, mais ça revient au même) ne conduise à un nivellement par le bas.

 

 

Dessin
«Je nivelle par le haut»

 

 

Après 35 ans d'enseignement avec les élèves réputés les meilleurs, je peux attester que les six ans qui ont précédé leur entrée en VSB ne les ont guère enrichis que de savoirs à côté de la plaque, d'une mollesse décourageante, et de cette conviction que tout leur est dû, y compris le Certificat. Je persiste donc à proclamer que les classes hétérogènes qui durent trop longtemps sont désastreuses pour les enfants qui iront au Gymnase. Si au moins ce dommage était compensé par une amélioration des performances des autres élèves, on pourrait engager un «vaste débat sur la société que nous voulons»; mais, à en croire l'avis de ceux qui ont à embaucher ces jeunes de 15-16 ans, on est, là aussi, loin du compte.

 

Pourquoi faut-il démanteler l'école vaudoise ?

 

Madame Lyon répond à cette question essentiellement par deux arguments1.

 

D'abord, elle a constaté «que les meilleurs de terminale sont aussi bons que les plus faibles de prégymnasiale». Voilà qui est surprenant. Il m'est arrivé d'avoir, en classe de latin, une jeune Turque brillante qui, deux ans auparavant, était, à son arrivée chez nous, enclassée en terminale parce qu'elle ne parlait pas français. Nul doute que, après six mois déjà, elle correspondait à la définition de Madame Lyon. Nous appellerons ça une rarissime exception, et ce n'est pas saine justice de se targuer d'exceptions pour établir des règles valables pour tous.

 

Secondement, Madame Lyon «voit de manière récurrente et confirmée que les pays qui ont des systèmes éducatifs efficients et assurent la meilleure égalité des chances, ont des systèmes sans sélection avant la neuvième année». Certes, selon l'enquête PISA, la Finlande, à laquelle Madame Lyon se plaît à se référer par ailleurs, est de ceux-là, mais les Finlandais ne connaissent pas d'immigration et consacrent, par tête, au budget scolaire près du double de ce que nous consentons. Madame Lyon se garde bien de chercher ses comparaisons en France, dont l'école est moribonde, encore que les petits Français puissent choisir des options (maths, latin) dès la 7e, ce qui ne sera évidemment pas le cas chez nous.

 

Dessin
«Les moins bons des meilleurs...»

 

Procès d'intention ?

 

On m'accusera, bien sûr, de faire un procès d'intention à la pauvre Madame Lyon. Certes, ses interventions sur le sujet sont discrètes et vagues : «Il faudra une très large discussion préalable avant même d'envisager le débat politique»2.

 

En fait, il faut savoir que, dans la grouillante administration du département, on ne parle que de ça depuis plusieurs années, et les indices ne manquent pas qui montrent que l'avenir se conçoit déjà sous le ciel radieux de l'école unique.

 

Par exemple, une première tentative de HEP2 (pour remplacer l'école, mort-née, de formation des maîtres) ne prévoyait qu'un seul et unique type de maîtres pour les degrés 7, 8 et 93, et on ne demandait pas une licence universitaire.

 

A la HEP encore, les doyens découragent ouvertement les candidats à l'enseignement du latin et du grec, disciplines qu'ils disent sans avenir.

 

A la HEP toujours, quand le professeur-formateur de langues anciennes est parti à la retraite, on ne lui a pas cherché de successeur, alors même qu'il y avait au moins un candidat. Ses étudiants ont été envoyés à Fribourg. Maintenant, on cherche quelqu'un, mais on ne sollicite que des maîtres de gymnase. Je remarque en passant qu'il est particulièrement stupide de n'envisager, comme maître de méthodologie d'un futur enseignement à des débutants (même s'ils ont 16 à 18 ans) que les seuls professeurs qui ne l'ont jamais pratiqué.

 

La vérité est que le projet d'école unique est fin prêt. Madame Lyon, qui doit bientôt se faire réélire, ne veut pas de vagues en surface. Les remous que l'on sent au-dessous nous montrent que, dès le lendemain de sa réélection, elle «branchera le turbo» pour que, en quatre ans, tout soit heureusement achevé pour sa plus grande gloire et sa carrière future.

 

Nos craintes

 

Les enseignants ne s'engageront pas dans le débat. Depuis l'instauration d'EVM, les salles des maîtres, moroses, désillusionnées et, de plus, craignant les représailles, sont résignées à ce qui leur pend au nez.

 

Le politique nous inquiète plus encore. Ce malheureux Grand Conseil nous a trop habitués à gober toutes les sottises que les chefs socialistes du DFJ lui ont présentées. La dernière en date est sans doute l'autorisation d'intégrer la Voie Secondaire de Baccalauréat dans tous les établissements secondaires du canton. Epalinges, Oron, Ollon, Saint-Prex, Borex, La Sarraz ont maintenant des classes de branches économiques, de latin, d'italien, de maths et de grec avec des effectifs d'à peine 4 ou 5 élèves. Une trentaine d'établissements pourraient suivre. Evidemment, cela coûte très cher au canton, qui paie les enseignants, et aux communes, qui doivent construire de nouvelles salles. Quand le Grand Conseil s'avisera que l'école lui coûte beaucoup de sous, Madame Lyon, qui prévoit fort bien ses plus mauvais coups, lui dira qu'il y a moyen d'économiser sur toutes les options en créant la filière unique.

 

Dessin
«Le projet de Mme Lyon...»

 

Nous aurons alors notre école à la française : un bac pour tous ou presque (donc, l'école obligatoire jusqu'à 19 ans), 75 % de la population à l'Université, chômage dès 24 ans. C'est ça qui va coûter !

 

De faibles espoirs

 

Nous persistons à espérer que la majorité du Grand Conseil s'avise que le projet scolaire des socialistes, et les problèmes de société qu'il engendrera, ne sont pas vraiment ce qu'elle souhaite.

 

Pour le cas où le Grand Conseil serait vraiment perdu corps et biens, nous avons bon espoir dans le referendum.

 

Mais notre espoir le plus sûr est que Madame Lyon ne soit pas réélue, et que les socialistes, après cette troisième veste, ne se risquent plus à briguer un tel département. Certes, on peut compter, pour cela, sur les rivalités au sein du parti socialiste, mais ça risque de ne pas suffire. Encore faudrait-il aussi pouvoir attendre des ennemis politiques de Madame Lyon qu'ils ne votent pas pour elle4.

 

Oui, il existe un moyen d'arrêter Anne-Catherine Lyon.

 

Daniel Bassin

 

1 Voir L’Hebdo du 9 décembre 2004, p. 40.

2 Ibidem, p. 40.

3 Voir 24 heures du 25 janvier 2005, pp. 1 et 3.

4 Si ce n’est pas malheureux de devoir dire des choses pareilles !