Sommaire :
L’éditorialiste s’en
prend à la prétention fédérale d’harmonisation scolaire
Max voit mal comment les USA pourraient rééditer contre Saddam Hussein la
mascarade pseudo-judiciaire inaugurée à Nuremberg. Il s’intéresse en
outre aux OGM, à une histoire de paille et de poutre entre
Où on se demande ce qu’est la «musique
d’extrême-droite», pourquoi le canton de Vaud a besoin de tant de
souris et depuis quand les journalistes de 24 heures ont décidé d’être objectifs…
Suite des réflexions de Michel de Preux (la première
partie a été publiée dans le Pamphlet
N° 346)
Variations sur le thème de la justice
Un malheureux accident de moto subi par
Claude Paschoud a incité les organisateurs à différer le dîner d’anniversaire,
initialement prévu pour le 12 novembre.
La modification de la loi sur le travail suscite l’inquiétude d’un
syndicat
L’Office fédéral de la
statistique (OFS) et les mathématiques
Comme naguère le BPA (qui
prétendait naguère que le port généralisé du baudrier de rétention allait sauver en Suisse… plus de vies que
le nombre total des tués de la route enregistrés), l’Office fédéral de la
statistique mérite, en calcul élémentaire, un grand bonnet d’âne
C’est bien connu, les Suisses
n’aiment pas rester chez eux, la stabilité les effraie, ils sont
constamment en train changer d’air et d’emploi, ce qui les conduit tout
le temps à passer d’un canton à l’autre. Du coup, leurs enfants
sont sempiternellement ballottés de système scolaire en système scolaire, ce qui nuit considérablement à leur équilibre
psychique. Le phénomène est connu depuis de nombreuses années, mais aucune
solution n’avait été trouvée jusqu’ici, chaque canton s’en
tenant, sous réserve de quelques concordats, à sa conception de
l’instruction publique.
Enfin vint l’harmonisation
volontaire. Des organes intercantonaux se créèrent, dont l’un des plus connus
est
Il fallait donc que ça change.
C’est chose faite : l’harmonisation obligatoire sous la
férule de
Compte tenu de la boulimie de
compétences de
Vincent Bourquin de 24 heures commente avec jubilation cette «révolution scolaire» et
nous dit sans ambages où celle-ci doit nous conduire : «Il faut aller
plus loin. Ainsi, tous les cantons devraient avoir le même programme scolaire.»1
En voilà une
bonne idée ! Certes, il faudrait pour la réaliser que les cantons
s’entendent sur une langue d’enseignement unique. Cela risque de
présenter quelques difficultés, mais
Car ce ne
peut être que l’anglais. Il faut tenir compte de l’avenir. En
effet, le besoin d’harmonisation qu’on invente à l’échelon
suisse va se manifester bientôt à l’échelon européen. On ne peut tout de
même pas exiger que tous les plombiers polonais qui s’apprêtent à nous
envahir tolèrent que leurs enfants soient contraints de s’adapter à un
système scolaire différent du système polonais. Songez au traumatisme ! Et
nous autres qui avons tellement la bougeotte, pourrons-nous supporter que nos
enfants doivent s’adapter au système scolaire de
Vous pensez
que nos conseillers nationaux et fédéraux sont de dangereux
centralisateurs ? Point du tout : ce sont des précurseurs
visionnaires que l’Europe entière nous envie !
Le
Pamphlet
1 24 heures du 6
octobre, p. 5
Yverdon-les-Bains, le 26 septembre 2005 –
Approuvée par plus de 67 % des votants, la loi «anticannabis» de Mme
Pegoraro a été littéralement plébiscitée dimanche à Bâle-Campagne.
L’Association romande contre la drogue (ARCD)1, qui vient de
tenir son assemblée générale annuelle à Lausanne, se félicite de ce résultat
qui marque le souci d’une protection efficace de la jeunesse et constitue
une cuisante défaite pour le lobby de la drogue.
Après le Tessin, en 2003, Bâle-Campagne est le
deuxième canton à se doter d’une loi contre le «chanvre à drogue». Le
Liechtenstein en a aussi adopté une en 2004, qui donne, comme au Tessin, entière
satisfaction.
Rédigée sur l’initiative de Mme
Sabine Pegoraro, chef du Département de justice, de police et des affaires
militaires de Bâle-Campagne, la nouvelle loi verrouille le marché du chanvre
industriel en soumettant toute culture de plus de neuf plants à une
autorisation préalable. Celle-ci est subordonnée à l’utilisation de
semences produisant du chanvre à faible teneur en substance psycho-active
(moins de 0,3 % de THC). La culture comme la récolte sont soumises à des
contrôles. Des amendes allant de 100 à 2'000 francs sont prévues pour les
contrevenants.
En 1997, le Conseil d’Etat de Bâle-Campagne
avait cru devoir déposer à Berne une initiative parlementaire demandant la
légalisation totale du cannabis par sa suppression de la liste des substances
interdites de la loi fédérale sur les stupéfiants. Six ans plus tard, en 2003,
on comptait jusqu’à 34 magasins de chanvre dans le demi-canton et la
consommation de drogue chez les jeunes y avait tellement progressé que, loin à
la ronde, on avait surnommé Bâle-Campagne «
L’Association romande contre la drogue souhaite
que d’autres cantons s’inspirent de ce modèle législatif et attend
des Chambres fédérales qu’elles donnent une suite favorable à
l’initiative parlementaire de M. Christian Waber (UDF/BE), qui va dans le
même sens.
1 Contacts:
Maximilien Bernhard, tél.: 079
/ 600 99 68, courriel: m.bernhard@bluewin.ch
Jean-Philippe Chenaux, tél.:
021 / 796 33 00, courriel: jpchenaux@centrepatronal.ch
Irak… Vers un Nuremberg bis ?
Les USA
pourront-ils rééditer l’aberration juridique du
procès-qu’il-est-interdit-de-remettre-en-question ? Pas si
simple… Primo, l’effet de surprise ne joue plus et les opinions
publiques mondiales ont eu, depuis soixante ans, toute latitude de prendre la
mesure de ce que fut la sinistre pantomime de la mise en accusation d’un
vaincu par des vainqueurs, sur la base d’une législation à effet
rétroactif dans un système judiciaire totalement orienté en faveur de
l’accusation, et de ses conséquences à long terme. Secundo, il y a gros à
parier que le président Saddam Hussein, qui a toujours beaucoup lu, saura
éviter la répétition des chausse-trapes qui aboutirent, lors du premier procès
du genre, à l’éclatement du front commun de défense dans une sorte de
chacun pour soi autoaccusatoire quasi général. Tertio, à la différence des
membres du gouvernement allemand légal de 1945, le président irakien vaincu,
prisonnier de guerre d’une puissance occupante, est jugé selon le bon
plaisir de ses vainqueurs, par un régime mis en place par ces derniers –
autant dire, un régime fantoche –, ce qui pose avec d’autant plus
d’acuité le problème de la légalité du «tribunal»…
«Terminator», vous connaissez ?
Il ne s’agit pas d’évoquer ici un
quelconque film d’horreur et de fiction, mais un programme bien réel,
celui développé, il y a une quinzaine d’années, par le géant
agro-alimentaire Monsanto et dévoilé à temps par
La réponse du berger…
M. Douste-Blazy, «Mi-quai» pour ses subordonnés du
«Quai» (d’Orsay), ou encore «le ministre étranger aux affaires» pour la
presse française encore lucide, emboîtant le pas au grand frère états-unien,
s’indigne vertueusement de ce que
Trop d’honneur !
Mardi 22.10., une manifestation devait se dérouler à
Paris, devant l’Institut Goethe, pour demander la libération de MM. Ernst
Zündel, René-Louis Berclaz et Siegfried Verbeke, tous trois détenus en divers
pays d’Europe en vertu des lois-bâillons qui infectent désormais la
quasi-totalité des législations européennes. Est-il bien utile de préciser que,
sans doute pour répondre aux exigences de la toute démocratique liberté
d’expression-à-sens-obligatoire, cette manifestation fut promptement
interdite ? Et donc, en toute logique, la quinzaine de courageux
inconscients qui eurent le front d’outrepasser l’interdiction se
virent confrontés au contenu de… pas moins de quatorze cars de police
(sept dans la rue de l’institut et sept dans la rue adjacente).
C’est ce qui s’appelle, en termes de tactique, «marquer son effort
principal» ou je ne m’y connais pas !
Information objective ou morceaux choisis ?
La relation qui suit pose la question de
l’information telle qu’elle est filtrée aux Suisses de
l’étranger :
Le courrier du major Axt n’a pas été
publié… En revanche, le numéro 5/05 de
«La politique de la neutralité est-elle encore
d’actualité ?»2
CQFD…
Max
l’Impertinent
1 Les fidèles
lecteurs savent que Max attribue volontiers des pseudonymes à ses aimables
correspondants…
2 Article éloquent
dont Max recommande la lecture (Revue Suisse – prix du numéro : 5 Fr
– Alpenstrasse 26, CH-3000 Berne 6 – fax : 031 356 61 01
– Internet : www.revue.ch).
Extrémisme musical
Une brève de 24 heures du
29 septembre nous apprend que «des CD contenant de la musique
d’extrême-droite ont été distribués à des élèves de 13 à 16 ans dans
quatre cours d’école du canton d’Argovie.» Emotion ! La
police fédérale enquête !
Ça manquait ! La musique comme vecteur
des tendances politiques, on n’y avait pas encore pensé. Demain, on
apprendra que la musique de Mozart est de gauche, celle de Bach du
centre-gauche et celle de Stravinsky du centre-droite ou l’inverse. La
police fédérale va avoir du pain sur la planche pour établir quelle musique
peut être diffusée et laquelle est subversive.
Grotesque !
Le point de vue d’une
ménagère vaudoise
Quand un ménage peine à boucler ses fins de mois, il
doit éviter toute nouvelle dépense, si justifiable soit-elle à ses yeux,
jusqu’à ce que ses finances soient de nouveau saines. Cela est
d’autant plus nécessaire quand le ménage est couvert de dettes. On
attend, ce qui ne veut pas dire qu’on renonce.
C’est exactement ce que devrait faire
l’Etat de Vaud à propose de l’animalerie de l’UNIL. Agir
autrement, c’est se moquer du contribuable vaudois comme on l’a
déjà fait en adoptant cette dépense de
plusieurs millions le surlendemain de la votation par laquelle les
Vaudois avaient clairement fait savoir qu’ils voulaient des économies et
non de nouveaux impôts. Cette outrecuidance de nos élus mérite sanction.
La ménagère vaudoise votera «non» le 27 novembre,
parce que cette dépense est prématurée et parce qu’il faut tirer les
oreilles à ceux qui gaspillent nos sous.
Bonne nouvelle
La
grippe aviaire nous menace. On en parle tous les jours. La psychose est à nos
portes. Bien évidemment, la presse est largement responsable de cet état de
fait, bien qu’elle en accuse la mauvaise information dispensée par les
autorités.
Aussi lit-on avec soulagement dans 24
heures du 19 octobre 2005, sous
la plume de Philippe Dumartheray ce qui suit :
«A 24 heures, nous
avons décidé d’être les plus objectifs possible (…)»
Est-ce à dire que, en temps normal, 24
heures ne se préoccupe pas d’être le plus objectif
possible ?
Tuer l’essence de l’homme (suite du no 346)
[En
démocratie, la manière de résister des derniers hommes libres consiste à
affronter l’obstacle démocratique moderne en détruisant les mythes
démocratiques de l’intérieur, saisissant toutes les occasions que donne
ce faux système politique pour en révéler sans faille l’imposture
foncière et originelle.
1. La religion : …]
2.
Ce constat de bon sens s’impose donc : à
l’échelle d’un continent, la démocratie est un non-sens,
qu’elle soit directe ou représentative. Pareille masse d’électeurs
ou de citoyens est en fait livrée soit à une oligarchie (et c’en est une
qui confectionna ce projet de constitution) soit à des mouvements idéologiques
que leur ampleur, même à l’échelon national, peut rendre incontrôlables.
A cet égard, Laurent Fabius a joué avec le feu en France. L’Europe ne
peut être, dans ce cadre hybride, qu’une démocratie de masse à la mode
socialiste et soviétique ou une oligarchie encadrant les masses, comme aux
Etats-Unis d’Amérique du nord. Dans les deux cas, elle a perdu son âme et
ses racines, ces deux modèles étant également inhumains.
Y aurait-il quelque chose de viscéralement faux dans
l’idée même de la démocratie moderne ? La question est formellement
interdite. Il n’empêche que c’est bien la démocratie qui détruit
l’Europe, de la même manière que la liberté religieuse y détruit la religion.
Nouveau cercle infernal…
3. Le mariage : Nous pouvons faire ce constat
ironique qu’aujourd’hui, l’institution matrimoniale
n’intéresse pratiquement plus, en politique, que le clergé dit
«catholique» et les homosexuels… Quant aux bénéficiaires traditionnels de
l’institution, ils la voient s’effondrer sous leurs yeux par la
précarisation de plus en plus poussée de ses normes légales, qui partout
favorisent le divorce par consentement mutuel, écartent la notion de faute,
vidant en quelque sorte ce contrat de toute substance. Les polémiques
d’arrière-garde contre le «mariage unisexe» ont, dans ce contexte, un
étrange aspect surréaliste !
Nous aurions grand tort de considérer cette évolution
comme le simple effet d’une libéralisation des mœurs. Derrière
celle-ci, que personne ne nie, se dessine ou se profile un dogme secret, une
sorte d’anti-révélation satanique. D’institution divine, le mariage
en devient peu à peu la contrefaçon diabolique. Toutes les religions le
connaissent. Toutes, hormis la vraie, l’ont déformé, mais toutes
l’ont conservé. Aujourd’hui, un phénomène nouveau apparaît :
avec l’extension du faux droit à la liberté religieuse, particulièrement
en Occident, l’ordre civil ou séculier finira par imposer aux religions
sa propre conception du «mariage», au nom de l’idée d’égalité. Je
ne rêve pas du tout, je prends acte des droits fondamentaux de la personne
humaine dans le projet de constitution européenne… Toutes les religions
s’y plieront, y compris l’islam.
L’Europe est à la pointe de cette subversion
mondiale.
L’homme doit donc se résoudre à perdre la
totalité de ses repères, spirituels, religieux, moraux, juridiques et même
rationnels. A ce prix se réalise sous nos yeux l’unification du genre
humain. Dans le chaos, sans doute. Mais un chaos nécessaire à la domination totalitaire
de l’Antéchrist, dont le triomphe s’annonce clairement.
Le monde se nourrit et se pourrit d’une
dialectique l’obligeant à s’entre-déchirer ou à se suicider. Le
développement de l’anarchie – ne serait-ce que dans le commerce
mondial et la finance – est déjà un châtiment divin. Nicolas Berdiaef
avait défini les limites historiques de ce chaos triomphant. Il parlait de «l’autocratie
d’un faux dieu qui se dressera au-dessus du chaos rebelle»1…
Qui ne perçoit le sens de l’histoire présente est ou frappé de complète
stupidité ou possédé par des démons.
Car il n’y a qu’une histoire de
l’humanité, c’est l’histoire sainte.
Michel de
Preux
1 Dans sa lettre sur
l’anarchie de sa philosophie de l’inégalité.
«En 390 av. JC, les Gaulois menés par leur chef
Brennus partent à la conquête de Rome. Vainqueurs de l’armée romaine sur
la rivière Allia, les Gaulois entrent peu de temps après dans Rome où ils se
livrent à de nombreux pillages et massacres. Seuls quelques Romains parviennent
à résister à l’invasion gauloise (…) Devant cette résistance,
Brennus accepte de traiter avec le tribun militaire romain Quintus
Sulpicius : il quittera Rome contre le versement d’une forte rançon,
Ce bizarre
Gaulois latinisé et latinophone, dont l’épée et la balance symbolisent
l’injustice et l’abus de pouvoir, a fait des émules à Lausanne à la
fin de l’été : des voyous ont vandalisé la statue de la Justice de la
Place de la Palud, faisant tomber son épée – qui est maintenant en
sécurité dans les locaux de la commune – sur sa balance. On ignore
l’identité des coupables. Il s’agit probablement de fêtards avinés
poussés par des motifs obscurs. Mais, que ce soit voulu ou non, il y a dans cet
épisode un côté symbolique : la statue de la Justice, bandeau sur les
yeux, balance dans une main et épée dans l’autre, symbolise
l’impartialité, l’équité et le châtiment mérité. La même, toujours
les yeux bandés, balance dans une main et épée dans la balance, symbolise la
justice telle qu’on la conçoit trop souvent de nos jours : aveugle
aux circonstances, faussée. Qu’il s’agisse de tribunaux
d’exception ou de chasses aux sorcières, la prétendue légitimité de la
prétendue justice, vengeresse et épuratrice, repose toujours sur le «vae
victis» de Brennus. Comme quoi, on n’a pas beaucoup progressé depuis
l’époque des oies du Capitole.
Apparemment,
Olivier Feller, député au Grand conseil radical et Pierre-Antoine Hildbrand,
président des jeunes Radicaux vaudois, n’ont pas été sensibles au
«message» laissé, sans doute involontairement, par les vandales. Non
qu’ils soient insensibles aux symboles, comme on va le voir, mais leurs
symboles ne sont pas les miens. Indignés du mauvais traitement subi par «notre»
Justice, ils ont créé une association chargée de récolter les 10 000 francs
nécessaires à la restauration de la statue, afin que ladite restauration ne
soit pas financée par la ville de Lausanne. Olivier Feller s’en explique
dans 24 heures du
28 octobre :
«Une
dépense de l’Etat, ou de la ville, a quelque chose d’insipide,
d’inodore, d’anonyme. Face aux dégâts perpétrés contre ce symbole
des valeurs démocratiques, il faut une action collective des citoyens vaudois.
C’est à la société civile de marquer son attachement aux valeurs
républicaines.»
La statue
vandalisée est une copie. L’original, qui se trouve au musée historique,
date, paraît-il, de 1585. La Justice a donc été sculptée au début de
l’occupation bernoise. Or, si LL. EE. de Berne ne furent pas des tyrans
sanguinaires, elles ne furent pas non plus, à ce qu’on sait, des
fanatiques des valeurs démocratiques et républicaines, surtout pas à une époque
où celles-ci n’existaient pas !
Alors, un peu
de tenue !
M.P.
1 http://pages.infinit.net/pascars/graal/Brennus.htm
Percée jusques au fond du cœur d’une atteinte imprévue aussi
bien que cruelle, la rédaction du Pamphlet se voit dans l’obligation de reporter la
réunion du 12 novembre à une date qui sera fixée ultérieurement. Avec tous nos
regrets.
Réd.
- Hé !
Bobonne, c’est dimanche. Si on en profitait pour aller à la gare acheter
une tondeuse à gazon ?
- Bonne idée ! On pourrait
peut-être aussi choisir un nouveau salon !
Voilà le genre de dialogue qui fleurira
de Genève à Romanshorn, si on en croit les opposants à la modification de la
loi sur le travail permettant à tous les commerces situés dans les grandes
gares d’ouvrir le dimanche. Référendum a été lancé et nous nous
prononcerons le 27 novembre. Il est donc normal que la polémique fasse rage
avec les exagérations que cela implique, mais il ne faut pas confondre
exagération et désinformation.
Invité de 24 heures des
22-23 octobre, Jean-Michel Dolivo, avocat-conseil du syndicat Unia monte aux
barricades :
«Aujourd’hui dans les gares,
seuls les commerces offrant un assortiment de produits limités correspondant
aux besoins particuliers des voyageurs peuvent être ouverts le dimanche. Et
c’est bien ainsi ! Avec la modification de la loi sur le travail,
soumise en votation le 27 novembre 2005, toutes sortes de commerces pourraient
être ouverts dans les gares et l’on pourrait alors acheter, le dimanche,
des meubles, des téléviseurs, des ordinateurs ou des réfrigérateurs. Les
banques et les assurances y auront des bureaux ouverts. Avec cette modification
de la loi, un pas de plus est fait vers une généralisation du travail du dimanche.
Car il y a un effet domino évident : si les gares se transforment en
centres commerciaux où l’on peut tout acheter le dimanche –
d’une chaîne stéréo à une tondeuse à gazon – il n’y a aucune
raison que d’autres grandes surfaces ne réclament pas également ce droit
(…).»
Il
est bien entendu que cet effet domino doit aboutir dans un proche avenir à la
généralisation du travail du dimanche pour le plus grand profit de patrons
esclavagistes.
Parlons un peu de ces seuls commerces
offrant un assortiment de produits limités aux besoins particuliers des
voyageurs. Je pense que les voyageurs en transit n’ont pas besoin
d’un Aperto ouvert sept jours sur sept pour se procurer leur
sandwich et leur boisson. Quant aux voyageurs qui rentrent chez eux, quelle
qu’ait été la durée de leur absence, ils sont certes très contents de
pouvoir faire quelques achats de première nécessité, mais il n’ont pas
vraiment besoin d’un super-marché. Ce ne sont pas les besoins des
voyageurs qui ont engendré l’ouverture des magasins Aperto. C’est
l’ouverture des magasins Aperto qui a rendu certains voyageurs
négligents. En fait, les commerces d’alimentation ouverts dans les gares
sont destinés avant tout à une clientèle qui ne voyage pas, mais qui se trouve
dans l’obligation – pour cause d’imprévoyance ou
d’imprévu – de faire des achats en dehors des horaires normaux.
C’est donc pure hypocrisie que d’en tolérer l’ouverture le
dimanche au nom des besoins particuliers des voyageurs.
Je ne connais assez bien que trois grandes gares
suisses, celles de Lausanne, Genève et Berne. Je n’y ai jamais vu de
magasins de meubles ni d’expositions de tondeuses à gazon, mais peut-être
suis-je sujette à la distraction. En tout état de cause, si ces commerces
existent, ils peuvent prétendre offrir eux aussi un assortiment de produits
limités correspondant aux besoins particuliers des voyageurs. Puisque, à en
croire les économistes, les besoins économiques sont subjectifs, pourquoi un
voyageur n’aurait-il pas le droit d’éprouver l’impérieuse
nécessité de s’acheter une tondeuse à gazon entre deux trains ou à son
retour de vacances ? Si, en revanche, je ne suis pas gaga et que ces
commerces n’existent pas encore, je vois mal où ils pourraient
s’installer. En effet, l’espace n’est pas extensible. Il me
semble que la plupart des surfaces disponibles à l’intérieur des gares
que je connais sont déjà occupées. D’ailleurs, lesdites gares ont une
fâcheuse tendance à se trouver dans des endroits fort encombrés, d’où des
possibilités d’agrandissement très limitées. On pourrait évidemment
placer les meubles, les téléviseurs, les ordinateurs, les réfrigérateurs, les
chaînes stéréo et les tondeuses à gazon sur les quais et les voies de chemin de
fer, mais cela risquerait de perturber, voire de tuer le trafic ferroviaire. Notez
que, dans ce dernier cas, le problème serait résolu : plus de trains donc
plus de gares, donc plus besoin de légiférer sur l’ouverture des
commerces dans les gares le dimanche !
Il y a un point sur lequel je partage l’avis de
Me Dolivo : il ne serait pas sain, en particulier pour les familles, que
le travail du dimanche se généralise. Mais la chose paraît fort improbable,
compte tenu de l’inlassable activité du syndicat Unia et aussi de
l’opposition que rencontrerait une telle généralisation dans tous les
milieux, y compris dans les milieux patronaux. Me Dolivo et ses amis sont de
très braves gens bourrés de bonnes intentions. Mais ils devraient se décider à
oublier le schéma de la lutte des classes. Ils devraient penser aussi
qu’il y a des gens qui ont tout simplement besoin de travailler le
dimanche pour pouvoir boucler leurs fins de mois sans recourir aux services
sociaux. S’imaginent-t-ils que les chauffeurs de taxi qui travaillent le
dimanche le font uniquement dans l’espoir de les transporter ? Savent-il
qu’il existe des étudiants impécunieux pour qui travailler le week-end,
donc le dimanche, même pour un salaire modeste, est une nécessité
absolue ?
Savent-ils, enfin, que le chemin de l’enfer est
pavé de bonnes intentions ? S’ils le savent, ils s’en
fichent : eux, de toute façon, ils n’ont pas besoin de travailler le
dimanche.
L’Office fédéral de
la statistique (OFS)
et les
mathématiques
S’il est des bureaux fédéraux dont
l’objectivité est plus que douteuse, ce sont bien le BPA et
l’OFS…(à mettre dans le collimateur des économies fédérales à
réaliser sans tarder !).
L’expression
de cette mauvaise foi s’exprime parfois par des affiches terrifiantes,
d’autres fois par des slogans paternalistes. Chaque conducteur aura
compris, à la vue de ces publications fédérales de mauvais aloi, toute la
distance qu’il convient de prendre
face à un lavage de cerveau qui voudrait prendre des allures
d’information objective.
Dans un récent article publié dans le journal 24
heures du 12.10.05 sous le titre La peur du gendarme sauve des
vies , M. Heinz Gilomen, vice-directeur de l’OFS, prend ses
concitoyens pour des imbéciles, à moins qu’il le soit lui-même et ne
sache pas tirer des conclusions rationnelles des chiffres qu’il est censé
maîtriser.
Démonstration : à la fin du premier trimestre de
cette année, le nombre d’alcootests a triplé et le nombre des
contrevenants a baissé de deux tiers, passant de 25 % des examinés à 8 %
seulement. Pour M. Gilomen, « la peur du gendarme a fait son effet. » !
Une appréciation plus mathématique des résultats
conduit à une conclusion bien différente. Au début de l’année, les tests
d’alcoolémie ne se pratiquaient que sur les cas douteux (2% des
conducteurs nous dit l’OFS) ; les chances de tomber sur un cas
délictueux étaient importantes. A la fin du semestre, les tests se généralisent
et touchent 6 % des conducteurs, toujours selon l’OFS.
En appliquant systématiquement le test
d’alcoolémie à tout un chacun, on doit admettre que le contrôle est moins
ciblé et que, dès lors, les chances de tomber sur un fautif diminuent
sérieusement. Rien de plus logique qu’en élargissant la panoplie des
conducteurs contrôlés, en y incluant notamment des personnes qui n’ont
manifesté aucun signe visible d’ivresse, on diminue immanquablement le
pourcentage des fautifs. Si les contrôles passaient du 6 % actuel à 12 % on
constaterait que, le nombre des infractions restant stables, le pourcentage des
contrevenants diminuerait encore de moitié. Tout ceci n’est qu’un
jeu de chiffres et n’a rien à voir avec la peur du gendarme !
Prenons l’exemple d’une classe qui
inclurait dans ses rangs trois tricheurs notoires. Lors d’une épreuve
écrite, le professeur effectue un contrôle serré auprès des six élèves les plus
douteux. Il découvre ses trois tricheurs qui représentent le 50 % de ses
investigations. A l’occasion d’une autre épreuve, il décide
d’élargir ses contrôles à l’ensemble de la classe (24 élèves) et
retrouve ses trois tricheurs qualifiés. Le pourcentage des tricheurs est alors
passé de 50 % à 12.5 %. Belle progression…statistique (au sens de
l’OFS), mais il y a toujours trois tricheurs. CQFD !
De deux choses l’une : ou l’OFS
utilise des méthodes malhonnêtes pour étayer la politique routière fédérale ou
l’OFS ne comprend rien aux chiffres. Je ne sais pas ce qu’il faut
souhaiter.