Lausanne 35e année      «ne pas subir»       Septembre  2005 No 347

 

 

 

Sommaire :

 

Editorial

Empêchée de participer au débat sur la votation du 25 septembre, l’éditorialiste nous met en garde contre l’institution d’une obligation générale de servir l’Etat

 

Justice fribourgeoise

Claude Paschoud est fâché contre la justice fribourgeoise, qui devrait s’efforcer de ressembler à celle des pays civilisés

 

35e anniversaire

Les lecteurs du Pamphlet sont invités à fêter avec les rédacteurs le 35e anniversaire du périodique le plus indépendant de Suisse occidentale.

 

En direct de Sirius

Max se livre à une revue de presse …onirique

 

Fédéralisme coopératif

Le «fédéralisme coopératif» est une invention des faibles pour fuir leurs responsabilités. Le partage des responsabilités aboutit à l’irresponsabilité générale

 

Carnet rose

Julien est arrivé ! on peut l’admirer sur www.poussins.net

 

Qui délire ?

Michel de Preux se demande comment des magistrats et des médecins peuvent s’entendre pour déclarer «irresponsables» pénalement des criminels civilement aptes à assumer leurs actes.

 

Armée suisse : la gabegie

Ecœuré par son dernier cours de répétition, le soldat Savigny, fier Vaudois patriote émigré à Genève, se demande s’il est bien raisonnable de conserver une armée, à voir (et à vivre) ce qu’on en fait.

 

Génocides

Le juge d’instruction cantonal Jacques Antenen doit s’occuper d’un génocide. Redoutable !

 

Propos rétrogrades

Où l’aîné de la rédaction admet volontiers, à l’aide de deux exemples, que ses conceptions sont «en décalage» avec les temps actuels

 

Bricoles

Diabolisation du Lichtenstein et arguments touristiques lausannois

 

Au courrier

Le rédacteur est remis à l’ordre

 

 

Editorial

 

Les contraintes du délai rédactionnel nous empêchent de participer au débat sur l’extension de la libre circulation des personnes, puisque la votation aura lieu alors que Le Pamphlet se trouvera déjà chez l’imprimeur. Force nous est donc de traiter un autre sujet.

 

Mais commençons par l’essentiel. Bonjour, chers lecteurs. Nous espérons que vous avez passé un bon été et sommes heureux de vous retrouver en cet automne qui verra le trente-cinquième anniversaire de votre périodique.

 

Comme vous le savez, le propre d’une société démocratique fondée sur l’Etat de droit est avant tout d’interdire et d’obliger. Vous connaissez la chanson.

 

Ayant eu vent comme tout le monde de l’éventualité d’une suppression de l’obligation de servir dans l’armée pour les hommes, nous avons tout naturellement pensé que cette mesure serait raisonnable si l’évolution – d’aucuns diraient la destruction – de l’armée suisse rend inutile le recours aux miliciens. Après tout, et nous l’avons dit souvent dans ces colonnes, l’atteinte à la liberté individuelle que constitue le service militaire obligatoire ne se justifie que par les nécessités imposées par la défense du territoire. Comme, apparemment, le territoire n’a plus besoin d’être défendu, autant supprimer l’obligation de servir et rendre aux hommes de ce pays une liberté essentielle, à savoir le droit de rester chez eux.

 

Las ! C’était compter sans la mentalité d’esclavagistes qui caractérise nos «sages» et autres technocrates. Si on parle de supprimer l’obligation de servir dans l’armée, il est  encore plus fortement question de maintenir une obligation de servir générale qui, égalité oblige, serait étendue aux femmes. On ne nous dit pas encore avec précision en quoi consisteraient les différentes formes de service à la communauté, ni combien d’argent il faudrait dépenser en études et recherches diverses pour trouver des solutions et concrétiser cette géniale idée. Une seule chose est sûre : nos négriers veulent mettre tous les Suisses en âge de servir au travail. Au Moyen-Age, on appelait ce genre d’«impôt» la corvée. La seule différence, c’est que la corvée moyenâgeuse était gratuite, alors que celle du XXI siècle coûtera une fortune en soldes et compensations.

 

Il faut se rendre à l’évidence : nous nous dirigeons vers une société où les individus seront entièrement soumis à la collectivité, donc à l’Etat.

 

S’il n’est pas déjà trop tard, si nos concitoyens ne sont pas déjà contaminés par l’idéologie collectiviste si bien dissimulée sous les termes charmants de solidarité, d’ouverture à l’autre et d’esprit de service, il nous faudra réagir vigoureusement à ce projet totalitaire.

 

         Faute de quoi, on verra ressurgir très bientôt la chic ambiance orwellienne de régimes pas vraiment sympathiques, avec, à terme, embrigadement de la jeunesse – les jeunes peuvent aussi servir, à leur manière – et délation institutionnalisée.

 

         Tout cela, au nom de la démocratie, de l’égalité et du bien commun, naturellement !

 

 

Le Pamphlet

 

 

 

Justice fribourgeoise

 

 

Il y a quelques années1, l’éditorialiste du journal La Gruyère, traitant de la justice fribourgeoise, avait intitulé son article : «Voyage dans les écuries d’Augias».

 

Depuis lors, l’image de l’institution ne s’est guère améliorée. Sous le titre «Faire son droit à Fribourg ?», j’avais déjà consacré ici même2 un article à ce canton suisse allemand que le fonctionnement de sa justice relègue au rang de république bananière.

 

Le Tribunal fédéral venait, à l’époque, d’épingler le Tribunal cantonal pour avoir empêché un journaliste, au stade de la procédure d’appel, de consulter le procès-verbal manuscrit des audiences de son procès en première instance. Il s’était avéré en outre que la justice fribourgeoise avait essayé de cacher la falsification des procès-verbaux (par le juge lui-même) que le journaliste faisait valoir. Elle n’a pas hésité à déposer une contre-plainte pénale contre le journaliste, ainsi qu’une plainte disciplinaire contre son avocat3.

 

Le 30 avril 2002, un juge d’instruction fribourgeois a blanchi un escroc notoire, coupable (preuves documentées à l’appui de la plainte4) d’escroquerie, d’atteinte astucieuse aux intérêts pécuniaires d’autrui, de faux renseignements sur les entreprises commerciales, de gestion déloyale, de détournement de retenue sur les salaires et de gestion fautive. Mieux : dans son ordonnance de non-lieu, il s’est même demandé «si les frais de la procédure ne devraient pas être mis à la charge, à tout le moins partiellement», de la victime de l’escroc !

 

Plus récemment, un jeune Africain fiancé à une Suissesse, et qui attendait à l’étranger depuis plusieurs mois que ses documents d’état civil soient authentifiés et que la procédure préparatoire au mariage soit terminée, apprend de sa fiancée que tout est en ordre et que la date du mariage est fixée au 23 février dernier. Venant de France, il entre en Suisse le 20 février et prépare la cérémonie avec sa fiancée. Le juge André Piller le condamne à une amende de fr. 200.- + fr. 140.- de frais pour avoir séjourné en Suisse 3 jours sans autorisation !

 

Comparées à celles de la justice fribourgeoise, les sentences du célèbre juge Roy Bean (la justice à l’Ouest du Pecos) sont des modèles d’équité et de pondération.

 

Avant que la Suisse rejoigne l’Europe, peut-être faudrait-il que la justice fribourgeoise tente de ressembler à celle des pays civilisés.

 

 

Claude Paschoud

 

 

1 Patrice Borcard, 15 juin 2000

2Le Pamphlet no 313 de mars 2002, page 4

3 Voir le résumé de cette affaire à l’adresse http://www.evasion.ch/JED/Page2.html

4 Nos lecteurs peuvent bien supposer que je ne lance pas des accusations aussi graves sans être en mesure de les justifier !

 

 

 

 

35e anniversaire

 

Eh oui ! Le Pamphlet aura trente-cinq ans à la fin de l’année. Pour fêter l’événement, nous avons décidé d’organiser un repas auquel nos abonnés sont cordialement invités à participer. La soirée aura lieu le samedi 12 novembre à l’hôtel Continental à Lausanne et se déroulera comme suit :

 

1. Apéritif et allocution de bienvenue (offerts).

 

2. Repas d’anniversaire (entrée, fondue chinoise, dessert, prix : fr. 50.- sans les boissons), exposés brefs de plusieurs rédacteurs pendant et après le repas.

 

Il est possible de réserver, pour la nuit de samedi à dimanche, des chambres au Continental (fr. 35.- pour une chambre individuelle, fr. 70.- pour une chambre double, au lieu de fr. 145.- par personne) par téléphone au 021 321 88 00, par fax au 021 321 88 01 ou par courriel à reservation@hotelcontinental.ch

 

Les inscriptions doivent parvenir à l’administration du journal avant le 27 octobre par courrier à la case postale 998, 1001 Lausanne, par fax au 021 311 27 95 ou par courriel à lepamphlet@hotmail.com. Merci d’indiquer clairement vos noms, adresses et numéros de téléphone, ainsi que le nombre de participants.

 

De plus amples détails vous seront communiqués dans Le Pamphlet d’octobre.

 

Nous espérons vous voir nombreux le 12 novembre et nous réjouissons de vous rencontrer.

 

Réd.

 

 

En direct de Sirius

 

 

Gros titres et extraits de presse

 

Sur la terrasse, assis devant son clavier et une tasse de chandernagor fumant, Max ouvre son hebdomadaire d’opinion. Passée l’invariable mais toujours actuelle citation préliminaire («Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir»), Max entreprend de parcourir les titres et les grandes lignes – Extraits :

 

Arrestation du Président

 

Par décision du Conseil constitutionnel, la levée de l’immunité du président Cachir a entraîné sa mise en examen pour de multiples affaires financières dont la gravité a nécessité sa détention provisoire. Après avoir emménagé à l’Alizé, le président du Sénat assure désormais l’intérim dans l’attente de présidentielles anticipées.

 

Présidentielles : Pen’l se représente

 

Le Conseil constitutionnel ayant levé, dans la foulée, le verrou de la publicité des cinq cent signatures de parrainage, les signataires n’ayant désormais plus à redouter les mesures de rétorsion des autres partis, Jérôme-Martin Pen’l se présente aux présidentielles. Comme en 2002, mais avec plus de deux mille signatures….

 

Justice : Déclarations unanimes au Congrès Mondial de la Justice

 

Reconnaissant l’inefficacité des systèmes judiciaires, les participants au CMJ ont déclaré que l’accent serait  dorénavant porté sur le soutien psychologique, moral et matériel des personnes lésées, et qu’il convenait de rappeler aux condamnés le caractère répressif de leur peine.

 

Les mêmes ont enfin reconnu la nécessité absolue d’ériger le principe de la protection des libertés d’opinion et d’expression au-dessus des normes constitutionnelles.

 

Etranger : Conflit UNA-Raki  – Mouche regrette

 

Sommé de s’expliquer par le Sénat, le président nordamien Torve Mouche jr a reconnu avoir attaqué le Raki sur des allégations infondées et à la seule fin d’enrichissement personnel par le biais de ses participations dans diverses pétrolières et industrielles. Le président a aussi regretté publiquement que les millions de mètres cubes de carburant dilapidés dans cette guerre terroriste aient fait défaut en Lysianne après le passage du cyclone Pétula et a remercié l’Union Uropéenne pour sa précieuse contribution en la matière. Ecrasant une larme, la main droite sur le cœur, il a expliqué qu’il envisageait de penser à un éventuel remboursement probable des frais occasionnés par une gestion qu’il a qualifiée de «chrétienne et démocratique, mais un peu irresponsable». Dans la foulée, il a demandé aux chambres une rallonge budgétaire conséquente pour faire face aux inévitables engagements militaires préventifs prévus de longue date contre l’Irisie, le Nari et le Brakistan.

 

 

Terne – Heureuse conclusion d’une manifestation

 

Sept cent cinquante individus en situation irrégulière, qui manifestaient sur la place du Marché aux Oignons pour une revalorisation de leurs allocations, ont été arrêtés par la Vepo (poliss védérale) et parqués dans l’enceinte du Stade des Ours en attendant leur renvoi sous quarante-huit heures dans leurs pays d’origine.

 

Fait divers : Un pédophile condamné

 

En vertu des nouvelles dispositions du code pénal, le père Ardipetit, reconnu coupable de viols aggravés sur la personne de mineurs, subira la castration.

 

 

Pour la première fois depuis des lustres, Max se prit à espérer. La douche froide vint sous la forme du tapotement de la main d’Iris sur son épaule :

 

« Hé ! Max ! Tu dors ? Où étais-tu ?

– Sur Sirius… »

 

 

Max l’Impertinent

 

 

 

Fédéralisme coopératif

 

 

«Le fédéralisme fondé sur la responsabilité propre des communes, des cantons et de la Confédération a dégénéré». Il est devenu «cet incontrôlable enchevêtrement que… nous appelons fédéralisme coopératif». Pour mieux fonctionner, «on prend toujours plus de décisions dans des organes paritaires, lors de tables rondes, au sein d’instances de coordination, de conférences de directeurs, de plateformes de discussion et autres réunions du même acabit».

 

L’auteur de ce constat sévère, mais combien pertinent, est M. le conseiller fédéral Christoph Blocher, lors de la conférence nationale sur le fédéralisme qui s’est tenue récemment à Fribourg.

 

«La responsabilité partagée, c’est l’absence de responsabilité» conclut l’orateur à l’instar de Napoléon qui proclamait justement : «Mieux vaut un mauvais général que deux bons».

 

A quoi est due cette mode du fédéralisme coopératif, du partage des responsabilités, et des conférences de directeurs ?

 

À la qualité médiocre du personnel politique, sans doute aucun. À cette hantise du magistrat soumis à réélection de devoir justifier ses choix et assumer ses décisions. À la solution pratique consistant pour lui à expliquer les choix les plus néfastes par le recours à l’autorité morale des «experts» autoproclamés, d’ «enquêtes internationales» introuvables ou d’un «large consensus des spécialistes» mandatés dans ce but.

 

Tout l’enseignement supérieur, à titre d’exemple, est aujourd’hui bouleversé par le «Modèle de Bologne».

 

La déclaration de Bologne est une déclaration d’intention non contraignante de trente et un ministres de l’éducation européens et d’autres représentants nationaux, signée le 19 juin 1999. La Suisse compte parmi les pays signataires. Le texte exprime une volonté politique qui vise une plus grande souplesse et équivalence dans le système des Hautes Ecoles européennes (sic).

 

Malgré son caractère prétendument non contraignant, le processus de réforme a déjà atteint un stade avancé dans plusieurs Hautes Ecoles de notre pays. La transposition de la Déclaration de Bologne relève de la compétence de la Conférence universitaire suisse (CUS), qui a émis des directives à ce sujet. La Conférence des recteurs des Universités suisses (CRUS) a, lors de l’élaboration de ces directives, émis des recommandations.

 

De directive en recommandation émanant de ces doctes cénacles, le pouvoir échappe au Conseil d’Etat qui, de toute façon, est bien heureux de n’avoir rien à trancher et de pouvoir s’abriter derrière le CUS et le CRUS pour expliquer qu’il n’a rien décidé du tout et qu’on est bien obligé de suivre le mouvement, et qu’on ne saurait faire bande à part et autres calembredaines à l’usage des faibles et des mous.

 

La vertu, telle belle qu’elle soit, écrivait le marquis de Sade dans les Infortunes de la Vertu, quand malheureusement elle devient trop faible pour lutter contre le vice, devient le plus mauvais parti qu’on puisse prendre et dans un siècle entièrement corrompu, le plus sûr est de faire comme les autres.

 

C’est probablement ce que doivent se répéter chaque matin le recteur de l’Université et Mme la ministre de la formation et de la jeunesse.

 

Nos licenciés seront des bachelors, on adoptera PECARO, calamiteux programme d’études cadre concocté par une commission pédagogique, instituée par la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin à la fin de l’année 1998, avec le soutien du secrétariat général de la Conférence et de son Institut de recherche et de documentation pédagogique.

 

Tout du beau monde !

 

A terme, les magistrats n’auront plus rien à décider et le chancelier pourra se contenter de mettre le sceau de l’Etat au bas des décisions prises par la Conférence des secrétaires généraux (CSG), celle des chefs de service de l'enseignement (CSE), de l'orientation scolaire et professionnelle (CCO), de l'enseignement spécialisé (CES), de la formation professionnelle (CRFP) ou de l'Institut de recherches et de documentation pédagogiques (IRDP).

 

 

C.P.

 

 

 

Carnet rose

 

La rédaction du Pamphlet a la très grande joie de vous annoncer l’heureuse naissance

le 23 août 2005 de

 

Julien

 

fils de Michel et Nuria Paschoud

et troisième petit-fils de Claude et Mariette

 

Le père, la mère et l’enfant se portent bien

 

 

 

Qui délire ?

 

 

         Après le «tueur de l’Oise», Alain Lamare, auteur de plusieurs assassinats dans les années 70, que sa profession de gendarme couvrait aisément et dont l’intelligence, supérieure à la moyenne de ses collègues et supérieurs hiérarchiques, se jouait de leurs investigations, auxquelles il participait…,  qui fut déclaré schizophrène, échappant ainsi à toute poursuite pénale (et à toute responsabilité civile) – il est depuis 1978 interné dans un hôpital –, voici que l’on découvre un «délire paranoïaque» chez la meurtrière de Roger Schutz, fondateur protestant de la communauté monastique de Taizé.

 

         Cette personne, roumaine, est diplômée de l’enseignement supérieur, nous dit-on. Elle est donc, comme le gendarme de l’Oise, parfaitement en mesure de se construire d’excellents alibis à la mode, juive parfois (le certificat déterminant définitivement l’irresponsabilité d’Alain Lamare fut signé par le Dr Bronstein), pour échapper à sa responsabilité pénale. Le procédé est utilisé par la magistrature avec la complicité des psychiatres à des fins manifestement idéologiques. Le meurtre devient alors un prétexte opportun à la normalisation des esprits.

 

Bien évidemment, cette femme est issue d’un milieu «catholique très pratiquant» (lisez «intégriste» !). Il doit donc y avoir chez elle une prédisposition à la paranoïa. Suivez mon regard… Du coup, Roger Schutz peut devenir un «martyr», l’effet recherché à posteriori, et sa «cause» a droit au respect du sang.

 

         Personne ne se demandera si le discours paranoïaque de cette meurtrière a la moindre rationalité, alors même que l’on diagnostique dans ce genre de délire un excès de raison fondé sur des prémisses fausses. Examinons ce discours : la meurtrière aurait voulu alerter Roger Schutz sur un prétendu complot de moines francs-maçons… La chose aurait quelque vraisemblance à Ecône ou dans quelque cercle traditionaliste catholique, mais à Taizé, cet alibi perd toute consistance pour une raison bien simple : Taizé promeut un type de religiosité approuvé par absolument toutes les loges maçonniques ! Le contresens manifeste de cet alibi et sa prise en considération par l’autorité judiciaire ou le parquet plaident en faveur d’une volonté concertée de conditionner l’opinion publique et de transformer un meurtre en délation religieuse anti-catholique.

 

         Si cet alibi était sérieux et pouvait être pris au sérieux par la justice, pourquoi cette femme n’aurait-elle pas écrit à Roger Schutz et, en cas de non-réponse, de quoi se mêle-t-elle ? Il est parfaitement stupide de prétendre qu’elle voulait protéger cet homme contre un complot pour attenter ensuite elle-même à sa vie. La préméditation de ce meurtre est d’ailleurs prouvée. Tout ce que dit cette femme ne relève pas d’un délire quelconque mais d’une simulation du délire complaisamment entendue. Pourquoi ?

 

         Il est inadmissible de juger une personne apte à exercer une profession, à conclure des contrats, à encourir une responsabilité civile, et de déclarer cette même personne irresponsable lorsqu’elle commet un crime, et un crime de sang en plus ! Ou le délire paranoïaque (respectivement la schizophrénie) étend ses effets à l’ensemble des activités d’une personne, de qui l’irresponsabilité est aussi bien civile que pénale et repérable dans les deux domaines par les mêmes symptômes, ou la psychiatrie sert en réalité d’excuse et de couverture à la soustraction de crimes à la répression ordinaire pour des motifs étrangers aussi bien au droit qu’à la psychiatrie. Un tel comportement démontre alors la corruption de la magistrature et du corps médical.

 

         Il serait temps de voir enfin que l’Etat peut favoriser ce genre de crime à des fins idéologiques et politiques inavouées mais décelables, au mépris de son devoir d’assurer en toute liberté la sécurité des personnes et des biens. Le faux martyre de Roger Schutz est en réalité bien utile à certains.

 

Michel de Preux

 

 

Armée suisse :  la gabegie

 

 

La mission

 

Dans le cadre de ses devoirs de citoyen, le soldat Savigny a été appelé depuis quelques années à passer trois semaines à intervalles réguliers sous les drapeaux. Pauvre naïf qui croyait s’entraîner au métier des armes afin de participer à la défense collective de nos frontières contre un hypothétique envahisseur malveillant. Que nenni ! Aujourd’hui, les miliciens suisses font tout sauf de l’instruction efficace.

 

Depuis quelques années, il y a deux possibilités : soit un cours de répétition dont l’organisation est si médiocre et l’instruction si diluée que l’essentiel du temps passé en uniforme est simplement perdu, soit les missions subsidiaires et en particulier la garde des ambassades de Genève, Berne et Zurich. Or j’ai beau chercher, je ne trouve pas en quoi la protection des frontières de territoires étrangers concerne les citoyens helvétiques qui laissent pour ce faire familles et souvent responsabilités professionnelles.

 

Si la Confédération, dans sa frénésie de dépense compulsive, désire faire bénéficier les USA et d’autres de ses largesses, qu’elle augmente les effectifs de la police. Les ambassades seront ainsi protégées par des professionnels compétents, entraînés et volontaires plutôt que par des bidasses que la station debout durant quatre fois deux heures ne motive que moyennement, et qui, pour la plupart, ne risqueraient par la plus petite égratignure pour protéger le moindre membre du corps diplomatique. Lorsque l’on sait qu’un soldat qui sort de l’école de recrues cette année a de fortes chances de passer un cinquième de ses jours de service devant une ambassade, il y a lieu de se demander s’il ne serait pas possible de réduire le budget de l’armée dans la même proportion.

 

Ce qu’il en pense

 

Lorsqu’il y a quelques mois, le brigadier Chabloz est venu dire à ses hommes que le prochain engagement serait sur les sites des ambassades, il nous a encouragés à poser toutes les questions, sauf celle de savoir ce qu’il en pensait personnellement. Voilà un joli exemple du sens impliqué dans le non-dit. J’en conclus qu’il doit en penser à peu près la même chose que moi.

 

L’organisation

 

Je me souviens de mon premier cours de répétition, à la cp inf mont I/6 il y a une petite dizaine d’années : j’ai eu l’impression de courir pendant trois semaines. Pas une minute de répit, sport le matin, marche, exercices, tir. Je suis sorti de là vanné mais en ayant le sentiment d’avoir rafraîchi mes connaissances. Maintenant c’est différent. Pas de répit non plus, ordre, contrordre, pause, attente. On a le sentiment que tout est improvisé et que, pour couronner le tout, les instances dirigeantes ne se concertent pas. Personne ne sait rien sur rien, on attend les instructions qui n’arrivent pas, etc…

 

Un exemple : le 30 mai dernier la cp EM inf 19 entrait en service au Mont-sur-Lausanne pour un cours dont on savait qu’il pourrait tourner court pour les fusiliers, car la compagnie devait renforcer en cas de besoin, les cp inf I et II engagées pour la garde des ambassades. Mais il avait été précisé que la section commandement, dont je fais partie, aurait une instruction normale. Quinze heures, contrordre : toute la compagnie est mobilisée, une centaine de gugusses ne se sont pas présentés dans les compagnies I et II1. Dans le quart d’heure qui suit, les hommes sont répartis entre Berne et Genève. Savigny part pour la ville fédérale alors qu’il habite Genève, qu’il y a une femme enceinte de sept mois et qu’il doit y suivre des cours professionnels chaque semaine. Il demande au chef de section à qui il doit s’adresser pour changer de détachement et ce dernier lui répond qu’il devra voir avec le commandant de la compagnie I à laquelle il a été attaché. Le soir même ledit commandant affirme qu’il ne peut plus rien faire et qu’il aurait fallu voir avec le commandant de la compagnie EM. Questions : le commandant de la compagnie EM savait qu’il y avait un risque pour que ses hommes soient mobilisés sur les ambassades. N’aurait-il pas pu les répartir en fonction de leurs domiciles avant le jour de l’entrée en service ? Quelle crédibilité les officiers qui se contredisent entre eux espèrent-ils auprès de leurs subordonnés ?

 

Il y a maintenant plusieurs années que je perds mon temps et que mon employeur perd de l’argent pour une armée dont on sait qu’il faudrait trois mois d’instruction complémentaire pour qu’elle soit vaguement opérationnelle. Autant dire qu’elle ne sert à rien et que, de mon point de vue et dans l’état actuel des choses, il n’y a aucun inconvénient à la supprimer purement et simplement.

 

 

Xavier Savigny

 

 

1 Il n’a pas été précisé si les gugusses en question ont eu des ennuis pour cela.

 

 

 

Génocides

 

 

M. le Juge d’instruction Jacques Antenen est bien embarrassé par le dossier de M. Dogu Parinçek, leader du Parti des travailleurs turcs, qui prétend que le «génocide» arménien n’est qu’un mensonge international. Plaintes ont été déposées par de vigilants gardiens de la mémoire et voilà notre bon magistrat sommé par les deux camps de dire l’histoire. Le juge espère éviter le piège : «Il n’appartient pas au juge de dire s’il y a eu génocide ou non» confie-t-il au rédacteur de 24 heures1, lequel prétend, sans rire apparemment, que le magistrat peut s’appuyer (sic !) sur la reconnaissance du génocide arménien par le Conseil national et le Grand Conseil vaudois en 2003.

 

La thèse du génocide a pourtant des défenseurs plus illustres : il a été reconnu officiellement le jeudi 15 septembre 2005 à la commission de la Chambre des représentants américaine !

 

Dès lors, les dénégations du gouvernement et du peuple turcs font figure de négationnisme obscène.

 

Pour M. Antenen, le juge, qui n’a pas à se prononcer sur l’existence ou la non-existence d’un génocide allégué, doit néanmoins sonder, en application de l’art. 261bis du Code pénal, les motivations du négateur. Si les motifs de M. Dogu Parinçek sont de nature raciale, ethnique ou religieuse, le prévenu pourrait être condamné même si, par hypothèse, il avait raison et qu’il n’y avait pas eu de génocide du peuple arménien entre 1915 et 1923 !

 

Comme le juge s’en rendra compte plus tard, la jurisprudence sur la question n’en est déjà plus là. Puisque les Turcs ont commis un génocide contre les Arméniens (fait notoire qui ne nécessite aucune preuve, aucune définition du mot «génocide», aucune étude historique, puisque attesté par des autorités aussi compétentes que le Conseil national et le Grand Conseil vaudois), et que M. Dogu Parinçek le sait, (s’il l’ignorait encore en 2003, le Journal officiel des délibérations du Grand Conseil aurait pu le renseigner), ses motifs sont nécessairement malicieux et transpirent évidemment la haine raciale, ethnique ou religieuse.

 

Ergo, l’article 261bis du Code est applicable et M. Parinçek sera condamné, en dernière instance, par un Tribunal fédéral de plus en plus soumis aux courants politiques.

 

Quelques mois plus tard, c’est le gouvernement turc lui-même qui fera son mea culpa au motif que la reconnaissance du supposé génocide est la condition sine qua non de toute adhésion à l’Union européenne et que des motifs économiques aussi puissants valent bien qu’on baisse sa culotte et qu’on donne son cul à fouetter, comme l’ont fait avant lui l’Allemagne en faveur d’Israël et les banquiers suisses pour les gangsters juifs de la côte est des Etats-Unis.

 

La cause entendue, il restera dans les milieux académiques à déterminer à quoi servent encore les historiens.

 

C.P.

 

1 24 heures du 21 septembre, p. 27

 

 

 

Propos rétrogrades

 

On dit que «les vieux», dont je suis puisque j’ai 73 ans, sont chaque année davantage en décalage avec leur temps. Je confirme ce fait au vu de l’actualité récente parcourue dans la presse et à la TV romande de ces derniers mois.

 

Premier exemple (24 heures du 24.06.05) : titre : officier muté et amendé. Qu’a donc fait cet indigne lieutenant-colonel ? Il a mis au programme de deux de ses compagnies la participation à un concert. Passe encore s’il s’était agi d’un concert rock ou d’une manifestation « d’ouverture aux autres civilisations ». Non… le concert, nous dit-on, avait un caractère religieux. Alors là ça devient carrément insupportable ! Certes, me dira-t-on, les semaines que l’on consacre à l’armée sont trop précieuses pour être détournées de leur but premier, l’instruction militaire. Il peut néanmoins arriver qu’un instant de détente culturelle soit bénéfique. Lorsque j’étais capitaine, il m’est souvent arrivé de mettre au programme du cours de répétition la participation à l’office religieux (culte ou messe) de la région où nous étions stationnés. Il faut dire qu’à l’époque, nous étions retenus en service le dimanche. J’ajouterai qu’en cas d’objection d’un militaire, la dispense de se joindre à cette activité lui était sans autre accordée; il y a assez de patates à éplucher en cuisine, c’est aussi une forme de détente !

 

Deuxième exemple : TV, reportage sur la communauté gay fêtant sa victoire acquise en votation populaire. Je le dis clairement, j’ai voté NON lors de cette consultation. Néanmoins, je ne suis pas de ceux qui considèrent avoir raison tout seul et qui, à l’instar de certains journalistes ou politiciens, déclarent tout net que ceux qui n’ont pas voté selon leurs propres critères sont des ignorants qui n’ont rien compris au problème. Beau joueur, j’accepte démocratiquement le verdict de la majorité. Ce que, en revanche, j’accepte moins, c’est la façon dont les homosexuels (certains d’entre eux tout au moins) ont manifesté leur victoire. Le reportage télévisé nous montrait un cortège d’excités juchés sur des chars et exhibant des scènes particulièrement indécentes de protagonistes mimant sans vergogne et sans aucune retenue leurs joyeuses manières de s’enculer (pardon pour l’expression, mais c’était bien le cas) les uns les autres.

 

Quel lien entre ces deux exemples ? Beaucoup d’intolérance dans un cas et beaucoup de tolérance dans l’autre. Je ne sais pas si les jeunes se rendent compte de ce décalage, mais pour un vieux rétrograde comme moi, il y a là un problème de société quasiment intolérable.

 

Gérald Berruex

 

 

Bricoles

 

Diabolisation

 

«Le Lichtenstein risque de diaboliser l’avortement», titrait, indigné, 24 heures du 30 août. Pensez donc ! Il est question d’introduire dans la Constitution de notre voisin un article interdisant l’avortement ! En plus, l’initiative lancée en ce sens a connu un tel succès que «cette diabolisation (…) semble assurée». On conçoit que la gent journalistique soit catastrophée devant l’archaïsme d’un Etat qui, non content d’être monarchique, est en outre «fort catholique et conservateur».

 

Il est évidemment inadmissible qu’il se trouve encore au cœur de l’Europe une principauté qui va à contre-courant de la pensée unique, où l’on estime encore que la première tâche de l’Etat est de protéger la vie humaine de la conception à la mort. En plus, c’est un moyen de corriger, au moins en partie, les effets du vieillissement de la population sans recourir à une immigration galopante. Et ça, c’est le pire !

 

On devrait enfermer tous ces dangereux réactionnaires !

 

 

Titre de gloire

 

Heureusement, tout le monde n’est pas aussi allergique aux bienfaits de la modernité. C’est sur un tout autre ton que 24 heures du 16 septembre nous apprend que «Lausanne est toujours une capitale gay» et que «cette réputation est même officiellement soutenue par Lausanne Tourisme depuis août 2003». Voilà qui est mieux. Au moins, à Lausanne, on ne vit plus au Moyen-Age, on caresse les minorités dans le sens du poil, on en fait même, apparemment, un argument touristique.

 

Proposition de slogan publicitaire : «Venez à Lausanne, on y est gay, gay, gay !» ou alors : «Lausanne, ville homolympique».

 

 

 

 

 

Au courrier

 

Madame, Monsieur,

 

         Abonné sauf erreur dès votre premier numéro il y a plus de trente ans, je me chagrine de vous voir tomber dans le piège de l’anglomanie (d’origine latine il est vrai en l’occurrence…).

 

         Initier…

 

On s’initie aux mystères du Temple solaire, à diverses pratiques ésotériques, voire à des techniques particulièrement astreignantes.

 

Mais jusqu’à nouvel avis, on n’initie pas des recours et procédures (p.4, en son milieu, de votre numéro 346). On les amorce, on les met en route, etc.

 

Sans rancune anyway.

 

 

F. W.