Sommaire :
Décidément, l’éditorialiste n’aime pas les magouilles et les
hypocrisies ! Elle dénonce donc les manœuvres sournoises que des
propagandistes sans scrupule mettent en œuvre dans le cadre des prochaines
votations fédérales.
où il est démontré que l’«homophobie» n’existe pas, que les
magistrats devraient s’abstenir de répandre des larmes de crocodile, que
des benêts peuvent être admis dans les Ecoles les plus prestigieuses,
qu’une prestation payante n’est donc pas gratuite, mais qu’en
revanche, la culture n’a pas de prix
Max nous apprend qu’il est dangereux d’utiliser certaines
expression d’usage courant et se hasarde à des pronostics pessimistes (de
son point de vue) sur le résultat du référendum français relatif à la
constitution européenne.
Notre nouveau collaborateur qu’on espère régulier se livre à
d’étranges manipulations génétiques dans le monde politique !
Michel de Preux est convaincu que si l’Europe doit se faire, elle
ne le pourra que grâce au ciment du catholicisme.
«Apprendre à lire et à écrire»
Le dernier numéro de la collection «Etudes
& Enquêtes» analyse les raisons d’un échec patent :
l’échec des doctrines socio-structuralistes en matière
d’enseignement.
Vrai président mais faux
déporté
Après avoir menti pendant 30 ans, Enric Marco a été démasqué. Claude
Paschoud tente d’élucider deux petits mystères relatifs aux faux témoins
de
L’abandon des chaires de grec classique et d’italien à
l’Université de Neuchâtel désole notre collaborateur, comme la
suppression du grec et du latin avait déjà indigné Léon Daudet en 1922
Le débat fait rage à la veille des
votations fédérales du 5 juin sur les accords Schengen/Dublin et la loi sur le
partenariat enregistré entre personnes du même sexe (Lpart). Tout – et le contraire de tout – ayant déjà été dit dans les médias grands et petits
sur ces sujets «sensibles», nous n’avons pas l’intention
d’argumenter au risque de donner à nos lecteurs l’impression que
nous les prenons pour des idiots. Ce qui nous intéresse aujourd’hui,
c’est la façon dont on manipule la démocratie directe pour amener les
citoyens à voter dans le sens voulu par le Conseil fédéral, c’est-à-dire
«oui» dans les deux cas.
Dans le cadre des accords bilatéraux
II négociés par
Pour ce qui est de
Si
Nous n’aimons pas les magouilles. Nous
n’aimons pas l’hypocrisie. Nous n’aimons pas qu’on nous
prenne pour des imbéciles. Notre double «non» sera donc avant tout épidermique
et primaire. Tant pis !
Le
Pamphlet
L’homophobie n’existe pas
Il est de bon ton de taxer d’homophobie les gens qui ne portent
pas aux homosexuels un amour immodéré et c’est, ma foi, fort curieux. En
effet, point n’est besoin d’être helléniste pour savoir que le
préfixe «homo» signifie «semblable», «le même», et que le suffixe «phobie»
indique à l’origine la crainte et, de nos jours, la haine. Or donc, du
point de vue étymologique, l’homophobie est la crainte, voire la haine,
de ce qui est semblable. Les hétérosexuels ne peuvent pas être accusés
d’homophobie, puisque, précisément, ils sont, le cas échéant, habités par
la crainte, voire la haine, de gens différents. Quant aux homosexuels, ils ne
sauraient détester leurs semblables, sinon pour des raisons qui n’ont
rien à voir avec le sexe.
Conclusion: l’homophobie
n’existe pas.
Discrimination
Le terrible accident de car qui a fait douze morts et quinze blessés en
Valais le 17 avril a soulevé une vive émotion, notamment celle de Monsieur
Samuel Schmid, président de
Cette manie qu’ont les gouvernants
de compatir officiellement aux malheurs d’autrui, à condition que soit en
cause un événement spectaculaire ou une manifestation d’antisémitisme,
nous paraît fort injuste : en quoi le fait de perdre un être cher dans un
accident d’autocar ou d’avion est-il plus tragique pour les
familles que le décès d’un proche dans un accident d’auto ou de
moto ? En quoi un attentat ou une profanation antisémite est-il plus digne
de pitié qu’un attentat ou une profanation «ordinaire» ? S’il
y a une chose qui fait de tous les hommes des égaux, c’est bien la
souffrance.
Nous n’attendons pas des hommes
politiques qu’ils expriment leur compassion à tous les endeuillés et à
toutes les victimes de la bêtise humaine. Nous attendons simplement d’eux
qu’ils s’abstiennent de toute manifestation publique dans ce
domaine.
Attardé mental
Début mai, un étudiant de l’Ecole hôtelière de
Lausanne, âgé de trente-cinq ans, a donné un coup de couteau dans
l’avant-bras d’un camarade âgé, lui, de vingt et un an, au motif que
ce dernier n’avait cessé de lui lancer des boulettes de papier dans le
dos.
Ce qui nous étonne, ce n’est pas
tellement le coup de couteau qui peut, même s’il est fort blâmable,
s’expliquer par le sang chaud d’un étudiant sud-américain. Ce qui
nous stupéfie, c’est qu’un étudiant d’une école prestigieuse
puisse encore, à vingt et un ans, prendre du plaisir à lancer des boulettes de
papier. L’Ecole hôtelière ferait bien de se préoccuper de l’âge
mental des étudiants qu’elle accueille.
Gratuité
Titre d’un communiqué ats
du 28 avril : «Swiss : le retour des repas gratuits aura son coût.»
Le corps du communiqué nous apprend
que la réintroduction des repas gratuits pour tous les passagers de la
compagnie si chère à nos cœurs et à nos porte-monnaie coûtera plus de dix
millions de francs. Cela fait cher le repas gratuit. Mais cela ne nous étonne
guère : Claude Paschoud le démontrait déjà dans ces colonnes en août 1995
(no 246) dans un article impérissable : «Il n’ y a pas de déjeuner
gratuit».
Gaspillage
Les finances de la ville de Lausanne sont dans un état lamentable. Mais
ce n’est pas grave. Tout finira par s’arranger, et on ne va pas
faire des économies dans un domaine aussi essentiel que la culture de masse.
C’est pourquoi la commune a acquis pour le prix de 300 000 francs le
Théâtre des Roseaux, ex-fleuron du gouffre financier baptisé Expo.02, et a voté
pour la reconstruction de ce haut lieu de la culture, désormais voué aux
musiques actuelles, un crédit de 2,6 millions.
Compte tenu du vieillissement de la
population et du goût beaucoup plus sûr qu’on ne le croit de notre
jeunesse en matière de musique, il y a gros à parier que les amateurs de
musiques actuelles ne sont pas nombreux au point qu’on gaspille pour eux
les deniers du contribuable. Cependant, il ne faut jamais perdre de vue cette
maxime hautement démocratique : il y a dans tout adolescent, réel ou
attardé, un électeur qui sommeille.
A gauche toute, et vent
arrière…
Singe rit (et politique du
pitre)
France (encore) : un
professeur de lycée intime à un élève turbulent d’«arrêter de faire le
singe». Le petit Congolais n’a pas apprécié, et le professeur encourt
désormais les foudres de la justice… Il paraît que, vu sous l’angle
du petit Africain, «faire le singe» relèverait de l’injure raciste…
Possible, mais sa réaction risque de prêter à confusion… Ne serait-ce pas
une manière d’aveu ?
Au risque de se tromper…
France (peut-être… hélas) : délais
rédactionnels obligent, au moment où Max compose ces lignes, le référendum
français sur l’adoption de la constitution européenne est à J moins seize
et les estimations des instituts de sondages, incertaines, donnent le non et le
oui au coude à coude… et prédisent sans doute le vainqueur au gré des
stratégies respectives de leurs commanditaires… Occasion rêvée pour jouer
les Cassandre. La mort dans l’âme, Max prédit donc un médiocre oui qui
devrait venir :
– des bourgeois qui couinent beaucoup avant,
mais finissent docilement par rentrer dans le rang en s’empressant de
préférer le chant rassurant des sirènes, les sourires des escrocs et la fuite
en avant au risque de l’inconnu;
– de tout ceux qui n’ont pas compris
– comme l’a si bien dit M. Chevènement – que cette
consultation populaire était «la dernière station [d’essence] avant
l’autoroute» et se sont empressés d’abdiquer de ce qui leur restait
de souveraineté nationale;
– de ceux qui n’ont pas entendu, sur France
Info, cette étrange formulation d’un présentateur : «Le
Président Chirac a dit qu’adopter la constitution européenne
n’aggraverait pas la situation sociale [bref silence, puis – la
précision qui tue :] …selon lui…» [nouveau silence, et
passage à un autre point d’actualité];
– de ceux qui n’ont pas réalisé que
l’Angleterre, qui poussait
– de ceux qui ne se sont pas demandé à
quels titres le premier ministre turc, M. Tayif Recip Erdogan et son
ministre des affaires étrangères, non-membres de l’UE, ont pu, le
29.10.2004, à Rome, apposer leur signature au bas de l’acte final de
– de ceux qui ont gobé que les technocrates
de Bruxelles n’avaient «pas de “Plan B”»… lors même que
M. Jacques Delors expliquait sur les ondes que si les Français votaient non,
«on» organiserait un second référendum (!);
– des fans qui ont suivi Johnny
(Djôhny ? Jauni ?) – rocker favori de M. Raffarin – promu
«chanteur à voix» lorsqu’il indiquait qu’il sillonnait
l’Europe… Et de citer, entre autres membres de l’UE… le
Maroc (!);
– de ceux qui ont vraiment cru que le
nouvel aérotransport en commun A-380 devait son essor aux nouvelles arrivées de
– de ceux qui se réjouissent d’aller
chercher un salaire de misère en Roumanie;
– de ceux qui n’ont pas encore
compris que les sept cent mille «sans-papiers» «légalisés» avant-hier par
l’Espagne socialiste vont sonner à leur porte dès demain matin;
– de ceux qui disent oui comme ils
obéissent à l’ordre de «signer ICI !»;
– des bien-pensants qui ont sacrifié leur
indépendance au qu’en-dira-t-on européen;
– de ceux – véritable fond de
commerce de majorité démocratique – qui, pas plus qu’ils
n’avaient lu Maastricht, n’ont lu le projet «parce qu’il y
avait un match» ou qu’ils ne savaient pas lire…;
– de ceux, enfin, chers à Panurge, qui
pensent sérieusement échapper à la boucherie s’ils hurlent avec les
loups et qui entonneront bientôt les paroles de Lama – mais sur
l’air de l’«Hymne à la joie» :
«Chuis
cocu, chuis cocu, chuis cocuuuu… mais… cooon-tent !»
Un ami m’a fait parvenir, par Internet, un montage
futuriste imaginant des monstres issus de manipulations génétiques. On y
trouve, entre autres, le chapin (chat + lapin), le croconard (crocodile +
canard), l’escarnouille (escargot + grenouille), etc. Les montages sont bien faits et nous laissent
entrevoir un monde...ma foi, pas plus beau que l'actuel.
J'ai essayé d'imaginer, dans le même ordre d'idée, ce
que pourrait devenir notre Conseil fédéral génétiquement modifié. Le
Pamphlet, journal particulièrement sérieux, ne laisse guère de place à
l’humour. J’ai toutefois pensé que notre dévouée rédactrice en
chef, désireuse de compenser la sévérité intellectuelle des articles de Michel
de Preux, pourrait à l’occasion publier les innocentes élucubrations que
je propose ci-dessous :
- M, Coucheschmid, touchant sa première AVS à 90 ans
et à la tête d'une armée suisse de 3000 professionnels dont l’unique
mission sera la défense du Tribunal pénal international de M et Mme
Milosevic-Del Ponte (unis par les liens du mariage au Vatican par le pape
Benoît XXlX)
- Mme Calmyleu, ministre socialiste des affaires
étrangères et des transports, siégeant en permanence à Bruxelles et
se déplaçant chaque fin de semaine à son domicile privé de Genève par la
compagnie aérienne Swissémirat. Son département a installé dans la
capitale européenne un salon lavoir dans lequel arrivent chaque semaine, par
valise diplomatique, les affaires que les diplomates, suisses et européens,
souhaitent blanchir : leur linge, leur argent, ou leur réputation.
- M. Blomerz, ministre de la justice et des
finances, gérant un budget fédéral annuel équilibré d'un montant de
3854.40 CHeuro, et accueillant chaque année sept millions de réfugiés,
soit un par citoyen, chaque habitant helvétique étant tenu par
- Enfin, M. Deiss, accompagné de son inénarrable
épouse, n'occupant plus qu'un poste honorifique auprès de l'empereur du Japon
(avec lequel il a d’ailleurs fait schmolitz lors de son dernier voyage),
les entreprises suisses ayant définitivement renoncé à recourir à un
département fédéral de l'économie, aussi coûteux qu'inutile. Il a également été
désigné comme président à vie de
Voilà une vision personnelle (…et pessimiste ?)
de notre avenir politique génétiquement modifié; chacun pourra poursuivre ce
petit jeu au gré de sa fantaisie.
C’est trop demander au simple mortel
de lutter contre la subversion organisée qui triomphe actuellement sous le
vocable, apparemment neutre, de technocratie1. De toutes parts nous
parviennent des échos de la chute vertigineuse de l’homme dans le monde
contemporain. Ce jour même, je reçois deux textes d’un concitoyen de
Suisse romande. Ils portent deux titres évocateurs, même si
l’argumentation est maladroite, l’auteur n’étant pas juriste,
mais il sent juste :
C’est vrai !…
Dominique Jamet le disait déjà il y a douze ans (et c’est valable pour
Il faut donc s’en tenir à des
principes fort simples, ceux, par exemple, qu’énonçait le pape Léon
XIII : «C’est de
Or la vérité, à son sommet théologique
et moral, possède un garant sur terre, c’est le Vicaire du Christ. Un
protestant converti, Charles-Louis de Haller, l’avait reconnu
explicitement en ces termes : «…après avoir rejeté le pape, on
rejette tout aussi bien les Conciles, et ceux qui se révoltent contre
l’autorité de l’Eglise, ne respectent pas non plus les droits de
leurs supérieurs temporels, et encore moins ceux de leurs inférieurs.»5
En un mot comme en cent, s’il faut faire l’Europe, ce qui est un
bien, également pour
1 «L’organisation se substituerait à la lutte des classes comme agent fondamental de la conquête révolutionnaire et les technocrates auraient le champ libre pour construire l’univers concentrationnaire ou, pour mieux dire, pour continuer à le construire. – Les nouveaux princes et leur clientèle tiennent, j’en suis persuadé, l’entreprise pour réalisable et voient dans la technocratie l’heureuse synthèse appelée à couronner l’épopée révolutionnaire; ils se refusent à envisager l’écroulement de leur tour de Babel, écroulement qui sera néanmoins d’autant plus terrifiant qu’elle se sera élevée plus haut.» (Louis Daménie : La technocratie : carrefour de la subversion, éd. Dominique Martin-Morin, Bouère (France) 1973, page 100).
2 Le libre
journal de
3 Il s’agit du XVIIIème siècle.
4 Cité dans : L’Eglise et le droit commun, éd. Casterman, page 161.
5 Histoire de la réforme protestante en Suisse occidentale, Paris, éd. Auguste Vaton 1838, page 264.
6 Guillaume de
Saint-Thierry : Le miroir de
«Apprendre à lire et à écrire»
Peut-être vous en souvient-il ? Dans les années
septante, alors que le Pamphlet n’en était qu’à ses
débuts, notre ami Daniel Bassin montait régulièrement aux barricades pour
combattre les diverses révolutions que des organismes aux sigles pompeux
prétendaient faire subir à l’école vaudoise ou romande. Ce combat,
qu’il a poursuivi sur le terrain tout au long de sa carrière de
professeur en dépit des ennuis, fut vain, du moins en apparence. Mais notre
Cassandre, à la veille d’une retraite anticipée qui en dit long sur sa
lassitude, peut aujourd’hui se réjouir : les faits lui ont
finalement donné raison. Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent
pour que cessent les aberrations engendrées par les réformes de structures et
de méthodes qui ont fait de l’école vaudoise l’une des plus médiocres
de Suisse.
Apprendre à lire et à écrire – Bilan critique et
propositions1 empoigne plus particulièrement la question des
méthodes d’apprentissage de la lecture et de l’écriture dites
globales, semi-globales ou mixtes, parmi lesquelles la trop tristement fameuse Maîtrise
de français tient une place de choix. Le constat est clair : les
enfants soumis à ces méthodes éprouvent de très grandes difficultés à
«reconnaître» les mots, qui ne sont pas des images. Ils ont besoin d’un
enseignement de la lecture et de l’écriture allant du plus simple (la
lettre et la syllabe) au plus complexe (le mot et la phrase). A défaut,
l’enfant aura tendance à deviner les mots qu’ils ne reconnaît pas,
ce qui, évidemment, lui donne un sentiment d’insécurité peu propice à
l’apprentissage de la lecture, au plaisir de lire et au goût de
l’écriture.
L’ouvrage comporte quatre contributions.
Jean-Philippe Chenaux, rédacteur responsable d’Etudes & Enquêtes,
se charge de la «chronique d’un désastre annoncé» qui m’a
rappelé pas mal de souvenirs. Françoise Bosset, enseignante vaudoise, aborde,
entre autres, le sujet du matériel pédagogique inadapté. On apprend à cette
occasion que le Département de la formation et de la jeunesse accorde désormais
aux maîtres primaires la possibilité de choisir un manuel étranger (cinq à
choix), ce qui est un progrès, même si toutes ces méthodes sont «mixtes»,
c’est-à-dire encore passablement axées sur l’approche globale.
François Truan, enseignant genevois, témoigne de la dégradation de l’enseignement
genevois, imputable, comme dans le canton de Vaud, au dogmatisme des
réformateurs patentés. La dernière contribution, signée Dr. Ghislaine
Wettstein-Badour, fait intervenir les neurosciences et nous parle du cerveau.
Je n’ose pas me lancer dans un résumé de sa contribution, car je crains
de n’avoir pas tout compris. Il ressort toutefois de son exposé, me
semble-t-il, que les méthodes d’apprentissage globales et semi-globales
ou mixtes sont incompatibles avec l’organisation du cerveau humain qui a
besoin d’aller du plus simple au plus complexe, comme l’avaient
compris les pédagogues de bon sens dès la plus haute Antiquuité.
Hélas, le bon sens n’est plus de mise. Et il
faudra encore longtemps pour que les responsables scolaires et leurs éminences
grises comprennent qu’il faut en revenir aux bonnes vieilles méthodes.
Nos enfants continueront à ne pas apprendre à lire et à écrire correctement. Au
moins aurons-nous la consolation de savoir que l’incompétence se trouve à
1 Etudes &
Enquêtes no 35, mai 2005, Centre Patronal, case postale 1215, 1001 Lausanne
Vrai président mais faux
déporté
Malgré de bonnes
lunettes, je n’ai trouvé dans la presse romande aucune allusion à une
information qui a donné lieu, le 12 mai dernier, à plusieurs centaines
d’articles dans les journaux espagnols, français ou belges.
Stupeur: le président de la principale association de la
mémoire des camps a floué son monde pendant 30 ans. Contraint de reconnaître
les faits, il a démissionné.
Il a menti pendant près de trente ans. Enric Marco
était président de l'association des déportés espagnols jusqu'à la veille du 60e
anniversaire de la libération des camps. Ses membres l'ont rappelé de toute
urgence le 2 mai, alors qu'il se trouvait déjà à Mauthausen pour commémorer cet
anniversaire, et l'ont contraint à la démission. Cette semaine, ce Catalan a
finalement reconnu son imposture...
Enric Marco a pendant longtemps symbolisé la mémoire
de la tyrannie en Espagne. Dans un livre poignant publié en 1978, intitulé Mémoires de l'enfer, il
décrivait son parcours. Mécanicien à Barcelone, il affirmait avoir quitté la
ville pour
Le 1er mai, un historien du nom de Benito Bermejo
semait le trouble. En se penchant sur la réalité des camps de concentration, il
a démasqué les affabulations du président de la principale association des
déportés. Dès la première rencontre, il eut des soupçons en entendant le récit
quelque peu prétentieux de l'homme, devenu en cours de carrière secrétaire
général du principal syndicat communiste CNT, président de la fédération des
parents d'élèves de Catalogne ou encore détenteur de
Mardi, donc, Enric Marco a été contraint de sortir du
bois: «Je reconnais ne pas avoir été
interné dans le camp de Flossenburg, même si j'ai été en détention préventive
sous l'accusation de complot contre le IIIe Reich.» En l'occurrence, il a
été libéré dès 1943, bien avant la libération des camps proprement dite.
S'expliquant à la télévision, l'homme reconnaît avoir menti en 1978 pour qu'on
lui prête davantage d'attention, mais aussi pour ouvrir les yeux des Espagnols
au sujet des souffrances vécues dans les camps. Jesus Ruiz, trésorier de
l'association, s'est lamenté au lendemain de cette reconnaissance des faits: «Cette histoire est du pain bénit pour les
négationnistes.»
On sait depuis
longtemps que de fieffés imposteurs ont joint leur voix à celles des vrais
déportés, et que même de vrais déportés ont beaucoup menti.
Le père d'Anne
Frank a été l’auteur d’une très lucrative supercherie littéraire.
Wiesel est le plus connu et le plus décoré des faux témoins. Le plus réussi
dans le genre imposteur a été, ces dernières années, un Suisse - Bruno Dösseker - qui se faisait appeler
Binjamin Wilkomirski et dont nous vous racontions l’édifiant parcours ici
même2.
Il reste à élucider
deux petits mystères : d’abord, pourquoi les vrais déportés, comme
Mme Neus Catala par exemple, qui savait la supercherie de Enric Marco, ne
dénoncent-ils pas les menteurs ?
Et pourquoi,
finalement, Enric Marco ou Binjamin Wilkomirski ont-ils été confondus, alors
même que d’autres illustres imposteurs poursuivent leur carrière ?
Pour le
commentateur du site de l’Association des Anciens Amateurs de Récits de
Guerre et d'Holocauste (AAARGH)3, l’explication du premier mystère est simple : «Les
authentiques déportés sont capable de romancer leur passé tout autant que de
vrais imposteurs. La raison en est, nous le savons depuis Rassinier, que les
survivants auront toujours beaucoup de mal à expliquer pourquoi ils s'en sont
sortis et pourquoi leurs petits camarades y sont resté. Simone Veil [née Jacob]
racontait un jour à une télé qu'elle ou sa mère volaient du pain aux cuisines,
ce qu'elle présentait comme un acte dangereux, donc héroïque. Mais elle
n'insistait pas sur l'autre aspect de cet acte glorieux, celui de priver de
pain une autre déportée, moins "héroïque" ou moins chanceuse.
Celle-là y est restée pendant que les femmes Jacob s'en sortaient.»
L’explication
du second mystère est limpide aussi : ni le prétendu Binjamin Wilkomirski
ni Enric Marco ne sont juifs. Or, le 28 janvier, le dernier cité avait osé
prétendre qu'il y avait des «camps de
concentration» en Palestine, devant l'ambassadeur israélien. Pour cette
imprudence, il devait payer. C’est fait.
Les imposteurs qui
font partie de la communauté chérie de Jéhovah ne seront pas inquiétés.
Claude
Paschoud
1 Le
rédacteur belge se trompe : Flossenburg se trouve en Haute-Bavière
(Allemagne).[Réd.]
2 Phénomène : Le Pamphlet no 290 de
décembre 1999, page 4.
3 http://vho.org/aaargh/fran/div/enric.html
Alors que les chaires universitaires de grec classique
et d’italien sont supprimées à Neuchâtel, alors que notre
«intelligentsia» se met lâchement à plat ventre devant l’impérialisme de
l’oncle Sam, un ami français m’a fait parvenir un livre, aussi
intéressant que trop peu connu, de Léon Daudet (1868 – 1942), intitulé Les
Humanités et
Léon, fils du Nîmois Alphonse Daudet, auteur des Lettres
de mon moulin, est député de 1919 à 1924, pendant un lustre seulement, ce
qui lui permet de dire : «Qui n’a pas été député ne saurait se
faire une idée du vide humain.»
Pamphlétaire redoutable, auteur d’éditoriaux
virulents dans L’Action Française, aux côtés de Charles
Maurras, il publie Les morticoles contre la médecine officielle et
Si les humanités forment le jugement, lequel à son
tour développe la raison et la liberté de pensée, il va sans dire que les
ploutocrates, les exploiteurs de
Il existe cependant une classe paysanne, où
l’effort est relié à la nature, des individus fort raisonnables et de
jugement droit qui n’ont pas fait d’humanités classiques. La
sagesse leur vient alors d’une lignée saine et de l’expérience des
choses.
A partir du XIXème siècle, l’Occident connaît
des erreurs politiques, intellectuelles, morales, qui se terminent dans le
sang. Nous subissons encore ce fatal héritage.
Les grands esprits de l’Antiquité n’ont
pas pris de rides. Leur langue si ferme, précise, sincère réveille en nous,
dans notre mémoire héréditaire, des racines consubstantielles à nos êtres, des
motifs d’action. Les humanités sont une ouverture sur l’harmonie du
monde ou encore un épaulement moral. On a parlé du vin pur des humanistes.
Baudelaire a précisé : «Un soir, l’âme du vin chantait dans les
bouteilles.»
Léon Daudet était à
Que des ministres issus du suffrage universel, de ce
«phoque» comme l’appelait Daudet, d’une ignorance aussi fréquente
qu’abondante, aient méconnu toutes vérités élémentaires, rien
d’étonnant. Mais que, de nos jours, des professeurs, à Neuchâtel ou en
d’autres lieux, se soient séparés des prosateurs, des poètes grecs,
latins, ou toscans de
1Collection Les effondrements sociaux, éd. du Capitole, Paris 1931, 186 pages et 16 dessins de Sennep..