Sommaire :
L’éditorialiste s’interroge sur la prétendue «diversité» de
la presse…
Où il est question de culture fédérale, d’assassins, de réparations
financières, de dépassement de budget, de
Max ne confond pas une lutte contre la mort et une lutte pour la vie ;
il a connu un grand tigre ; il se demande si l’euro a cours légal en
France et il a trouvé un moyen (discutable) pour faire taire les téléphones
portables.
…où le public ne pourra pas trouver la correspondance échangée avec
Mussolini !
A propos de Rainier III et
de Jean-Paul II
Malgré l’insignifiance de la famille princière, Monaco est un
modèle dans son genre.
Pourquoi ne soumettrait-on pas l’armée dite «XXI» à une procédure d’évaluation
objective ?
Mariette constate que ses contemporains supportent de plus en plus mal
chez les autres des habitudes ou des comportements qui génèrent des «nuisances».
Il paraît que la diversité des médias
participe à la garantie du processus démocratique. C’est du moins ce que
prétendent une majorité de parlementaires fédéraux qui s’opposent à la
suppression de l’aide financière à la presse dans le cadre du programme
d’allégement des dépenses de
Si cette aide était répartie entre tous
les journaux acheminés par le géant jaune, on pourrait à la rigueur considérer
qu’elle favorise la diversité si nécessaire à la garantie du processus
démocratique, c’est-à-dire à la possibilité pour chacun de prendre
connaissance de toutes les opinions et tendances à la veille d’une
votation. Or, ce n’est pas le cas, nos abonnés le savent. Rassurez-vous,
nous n’allons pas nous répandre en jérémiades : nos fidèles lecteurs
se chargent de nous apporter l’aide que nous refuse
Ce qui nous surprend, c’est
qu’il se trouve encore une majorité de députés assez naïfs pour croire
que les subventions favorisent la diversité de la presse. C’est forcément
le contraire qui se produit : les journaux bénéficiant de la manne
fédérale ne vont pas mordre la main qui les nourrit, au moins en partie.
Certes, les organes de presse subventionnés se différencient par le public
qu’ils visent. Certes, ils se donnent, en outre, l’apparence de
respecter la pluralité des opinions – indispensable à la garantie du
processus démocratique – en publiant de manière plus ou moins équilibrée
des lettres de lecteurs ou des avis d’invités. Mais cela ne suffit pas.
Exemple : 24 heures ouvre régulièrement ses colonnes au directeur du
Centre patronal, Jean-François Cavin, et son courrier
des lecteurs à d’autres collaborateurs de l’institution. Mais les
journalistes de ce noble quotidien ne manquent pas une occasion de minimiser la
portée des prises de positions souvent antigouvernementales du CP, voire de les
tourner en ridicule. Même chose pour Le
Temps : lorsque le Centre patronal
a publié, en automne 2004, sous la signature de notre fille, son Etudes et enquêtes intitulé Quand le juge fixe
le salaire, le brillant journaliste Laurent Busslinger
s’est empressé de prétendre que Sophie animait le Pamphlet avec
ses parents, alors qu’elle n’y a pas signé un seul article
depuis son engagement au CP en 2001. Le minuscule rectificatif publié par la
suite n’enlève rien à une évidente volonté de nuire, non seulement à
notre fille, mais aussi, à travers elle, au Centre patronal lui-même, désormais
suspect d’extrémisme de droite. Or, s’il y a une chose sur laquelle
tous les médias, prétendument divers, sont d’accord, c’est bien que
tous les non-conformistes qui ne sont pas de gauche appartiennent forcément à
l’extrême droite par définition raciste et antisémite. Qu’on puisse
ne pas penser comme tout le monde et ne pas être pour autant un assassin en
puissance leur échappe complètement, à tous. Qu’ont-ils vu de positif
dans le pontificat de Jean-Paul II ? Son combat en faveur des droits de
l’homme et son oecuménisme. Qu’y ont-ils vu de négatif ? Ses
positions «rétrogrades» en matière d’avortement,
d’euthanasie et de sida. Ils s’abstiennent soigneusement de citer
les petits journaux d’opinion qui vont à contre-courant de leur ligne
idéologique, sauf quand ils y discernent un «dérapage». Alors là, ils y vont.
La diversité de la presse subventionnée
est un mythe. Il n’y a donc aucune raison de dépenser des millions pour
sauvegarder une garantie du processus démocratique tout aussi imaginaire.
Le
Pamphlet
Pour le journaliste
de 24
heures1, c’est la faute du service de la population si la
jeune Enriketa Ferizi,
élève du collège St-Roch à Lausanne, n’a pas pu
partir avec ses camarades de classe en course d’étude à Florence.
Originaire du Kosovo, sa famille vit en Suisse au bénéfice du statut
d’admis provisoire, et n’a pas fait actualiser à temps ses
passeports par les autorités de Serbie-Monténégro.
C’est en dernière minute qu’on s’est avisé
d’entreprendre une démarche qui dure, normalement, 3 à 4 mois ! Pas
de passeports valables, pas de voyage à l’étranger.
Culture fédérale
Le prochain départ
à la retraite (anticipée) de M. David Streiff, Zuricois fin lettré et directeur de l’Office fédéral
de la culture, nous permet d’apprendre2 que, sous son règne,
le personnel de cet office a passé de 300 à 500 employés et que son budget a
augmenté de 180 à 225 millions.
On apprend aussi que,
depuis que notre constitution s’est dotée d’un article concernant
la culture, M. Streiff et ses sbires ont travaillé d’arrache-pied pour nous concocter
une loi qui sera bientôt soumise au Parlement.
Et si on se passait
totalement de la culture fédérale ? Et si
De vieux assassins
Des analyses
médicales sérieuses ont démontré récemment qu’Agnès Sorel, la célèbre
maîtresse officielle du roi Charles VII, décédée d’un «flux au ventre» le
11 février 1450, est morte empoisonnée au mercure.
Compte tenu de leur
âge, ces assassins ne doivent plus courir très vite.
Actions personnelles
M. Karl Wütrich, liquidateur de Swissair, estime que les anciens
membres de la direction Philippe Brugisser et Georges
Schorderet portent une responsabilité personnelle
dans la déconfiture de la société et c’est pourquoi il leur réclame 280
millions de francs.
On se demande
pourquoi le contribuable lausannois devrait payer de ses deniers les
800’000 francs alloués
par le tribunal à une ex-collaboratrice de la commune en raison du mobbing que lui ont fait subir ses chefs pendant plusieurs
années. Qu’est-il prévu pour engager une action en responsabilité contre
ces derniers, notamment contre le municipal socialiste principal responsable du
gâchis ?
Le coût du M2
Le métro M2 coûtera
au minimum 700 millions, soit 116 millions ou 20 % de plus que ce qui avait été
annoncé. On le savait, mais on
s’est bien gardé de le dire avant la votation.
Ce sont ces petits
mensonges par omission qui sapent peu à peu la confiance du citoyen en ses
magistrats. Lorsqu’ils nous raconteront que l’équilibre budgétaire
ne peut être rétabli qu’au prix de 4 nouveaux impôts, il faudra leur rire
au nez.
HEP
Le conseil des
étudiants de
Malgré un tel
constat, M. Christian Pilloud reste serein : «Le conseil des étudiants ressort
aujourd’hui les reproches qu’il avait déjà formulés l’an
dernier».
Et c’est
peut-être parce que ces reproches n’ont pas été pris au sérieux, et que
rien n’a changé, que
Le Temps
Lors de
l’assemblée des délégués de
A ce moment, ma
voisine se penche à mon oreille et me chuchote : «C’est sans doute pour ça qu’ils ont dû refiler Laurent Busslinger à Bilan».
Accords de Schengen/Dublin
Pour la majorité
des partis politiques, des organisations économiques et des syndicats,
l’accord de Schengen offre principalement des avantages économiques,
parce qu’il ne faudra pas deux visas aux touristes asiatiques pour
visiter
Cet argument est
misérable. Si les responsables du tourisme helvétique s’imaginent
qu’ils pourront sauver cette importante branche économique par la seule
vertu d’un visa unique, tout en fermant les yeux sur la qualité très
médiocre de l’accueil, sur le confort insuffisant et sur les prix
prohibitifs pratiqués par nos hôteliers, ils se bercent de funestes illusions.
Il est en outre
assez piquant d’entendre un ministre prétendre que la suppression des
contrôles aux frontières est de nature à «améliorer la sécurité». La sécurité
de qui ? Sans doute celle des délinquants voyageurs, qui ne seront plus
inquiétés.
Quant aux
développements futurs de l’accord, ils se feront sans nous, mais nous
serons néanmoins tenus de les appliquer, sauf à dénoncer l’accord. Belle
garantie de respect de notre souveraineté !
Miss Suisse Romande
La mère de Mlle Antonella Lama, la nouvelle et très controversée «Miss
Suisse romande» a déclaré à la presse : «Ma fille est une femme à 1000 %». L’amour maternel ne
justifie pas n’importe quelle imbécillité et on comprend mieux, à la
lecture de ces sottises, que ces aréopages de bedoumes
ont quelques excuses tirées des lois de la génétique.
Miss Suisse Romande
(bis)
Compte tenu de l’état des
finances de
Racisme
Nous tirons d’un exercice de grammaire imposé à
une classe vaudoise la phrase suivante : «Hugo mange une tête de nègre
et je bois un café au lait.»
Il y des années que la friandise appelée «tête-de-nègre»
a été rebaptisée «tête-de-choco», dans le
cadre de la lutte contre le racisme. Tout le monde sait que l’appellation
«tête-de-nègre» est strictement interdite. Tout le monde connaît aussi
la couleur du café au lait. Tout le monde sait enfin qu’une mission
essentielle de l’école est de sensibiliser les enfants aux méfaits
du racisme. Que penser, dès lors, d’un enseignant qui oblige ses élèves à
analyser une phrase dont le sens est évidemment : «Hugo casse du nègre
et je bouffe du bougnoule» ?
1 24 heures du 14 mars, page 27.
2 24heures du 15 mars, page 5.
Le
Pontife et les vautours
Le testament du tigre
La petite ville azuréenne de Saint-Jean-Cap-Ferrat
compte un zoo très réussi qui vaut le détour. Son propriétaire ne ménage pas
ses efforts pour le confort des animaux. Ainsi avait-il sauvé un superbe tigre
de la cage exiguë d’un cirque en faillite. Le félin avait rejoint une
femelle dans un espace plus approprié, mais libéré trop tard d’une
cellule de six mètres sur deux, abîmé par sa réclusion, il était incapable de
profiter du généreux domaine à sa disposition. Il passait le plus clair de son
temps à décrire le même huit, toujours au même endroit, toujours dans le même
sens. Un panneau informait le visiteur que le tigre souffrait de stéréodromie.
Le
grand tigre est mort, de vieillesse. Un jeune mâle a rejoint la femelle. La
trace du prédécesseur perdure cependant, comme un ultime reproche à ses anciens
geôliers. Etonnant message : avec obstination, à longueur du temps qui lui
restait à vivre, le grand mâle a gravé sur le sol le signe de
l’infini…
L’euro
a-t-il vraiment cours légal en France ?
L’étranger qui, en France, présente en
paiement un billet de deux cents euros est fondé à se demander si cette monnaie
a bien cours légal dans le pays. Le pompiste, le buraliste, la caissière de la
« Maison de
–
Jamais ! Tout est automatique… Y’a pas d’erreur
possible !
M. Dailleurs retourne à sa
voiture, empoche distraitement le bordereau d’amende glissé sur son
pare-brise et roule vers l’Angleterre, songeant que les Français moyens
sont décidément des gens bien aimables et bien confiants… Il se rappelle
les noirs d’Afrique du Sud qui se réjouissaient d’un prochain
changement de régime pour avoir, eux aussi, ces cartes magiques des blancs qui
fabriquent de l’argent «quand on les glisse dans la machine»… Il
sent, dans sa poche intérieure, la présence rassurante des grosses livres
sterling qu’il aura tout à l’heure le plaisir de dépenser à Saville Row…
Recette sournoise pour atténuer les nuisances des « emmernuyeurs » sonorisés...
Seriez-vous du nombre de ces malheureux qui ont eu à
subir, sous leur propre toit, par le fait de quelque fâcheux, les tonitruances
intempestives de ce petit parasite que nous nommons «natel»
et les Français «portable» ? Supplice débutant invariablement par une
éructation «miélodique» sur l’air synthétisé du
dernier tube branché, à moins que ce ne soit la «Petite marche turque de nuit
inachevée pour pied-bot et orchestre» (opus Kössège
231) d’Igor-Amaedeus von
Bussy, prélude à des échanges verbaux d’intérêt essentiel du type :
«…Pendant que tu y es, prends aussi une boîte de concentré de
tomates !» ou encore le redoutable, «J’voulais justement t’téléphoner pour te dire queheuh…»,
quand ça n’est pas l’essentiel «Toi, ça va ? Moi ça va…»
(souvent bissé – circonstance
aggravante – quelques banalités plus loin…) ou le non moins
célèbre «Quel temps t’as ?» (il
s’agit, bien entendu, de celui qu’il fait en un lieu dont on se
fiche comme du 11.9.2001, pas de celui que l’on fait perdre au malheureux
correspondant), sans omettre l’inquisitorial et quasi-phonétique «Où
t’es ?».
Dans l’affirmative, le pauvre contemplatif à
communication multimédiate restreinte et défaillante
que vous êtes est venu grossir le nombre des victimes de la peste télécommunicative, maladie contagieuse capable de saturer
très vite votre environnement privé. Si la perspective d’une rechute vous
préoccupe, rassurez-vous ; le salut tient en deux mots : impulsion
électromagnétique. Toutes les armées sophistiquées redoutent les effets pervers
et neutralisants de ce phénomène annexe aux explosions nucléaires sur leurs
systèmes de télécommunications. Affligé d’une belle-sœur provinciale
«électrobranchée», mon ami Jean Ygnoble
a imaginé et expérimenté avec succès une méthode dérivée tout à fait
intéressante : profitant d’un moment d’inattention, il se
saisit du petit piranha des ondes et lui infligea un passage rapide dans son
four à micro-ondes. Dix secondes d’exposition à 900 Watts suffirent. Aucune modification apparente sur le combiné,
hormis un écran vide et des neurones électroniques désespérément muets. A
l’heure où je rédige ces lignes, les spécialistes des «télécoms»
planchent toujours, perplexes, sur les puces du petit cadavre. L’envahisseuse est retournée, dare-dare, à ses pénates
provinciaux, et la villa de Jean a retrouvé son calme. C’est certes
sournois, illégal et un peu nucléaire, mais tellement efficace !
Ce musée servira à fixer solidement l’homme au
cigare dans sa propre légende; dans l’authenticité historique, certes
pas…
Pagnol, père de Marius, nous a
déjà fait constater que tous les manuels scolaires n’ont jamais été que
de la propagande au service des gouvernements.
Luciano Cànfora, de l’Université de Bari, croit de plus en
plus que le passé, proche ou lointain, nous échappe dans sa substance; la
recherche historique devient très souvent une gageure.
A côté des contre-vérités
et des mensonges par omission, des documents précieux, uniques mais
indésirables, ont été volontairement détruits par les vainqueurs d’une
guerre, par les maîtres du jour, par de soi-disant «bien-pensants» aussi.
En 1872, par exemple, à la mort de
Giuseppe Mazzini, des «amis zélés» brûlèrent les lettres du grand patriote à sa
bien-aimée, comme si des messages d’amour à une femme auraient pu ternir
la gloire d’un illustre républicain !!
En avril 1945, Mussolini, à la recherche
du lieu approprié pour faire connaître au monde le contenu, jusqu’alors
secret, d’une serviette qu’il avait emportée avec lui, fut
assassiné pour empêcher toute révélation. On vola tous les documents. Le fameux
«cartaggio», la correspondance avec Churchill, entre
autres, manquera à jamais à la connaissance de la vraie histoire de la seconde
guerre mondiale. Elle manquera au nouveau musée londonien, et on semble
s’en accommoder fort bien !
A la fin de la guerre, Churchill se
rendit rapidement en Italie pour récupérer les documents compromettants, les
acheter très cher à des partisans rançonneurs, pour les détruire enfin.
Officiellement, Churchill était venu au
bord des idylliques rivages du Lac Majeur et du Lac de Garde pour exercer ses
talents artistiques. Il peignait en réalité comme une pantoufle, presque aussi
mal que le démo-chrétien Amintore
Fanfani, qui se prenait sérieusement pour un artiste…
D’autres documents précieux pour
les historiens ont également disparu : les importantes lettres d’Albert
Lebrun à Mussolini. En juin 1940, au moment où sombrait tout espoir français
d’arrêter l’armée allemande, le président de
En ces moments tragiques, Albert Lebrun
relisait certainement Machiavel… Mieux vaut deux ennemis qu’un
seul…
A propos de Rainier III et
de Jean-Paul II
L’Etat d’Europe le plus futile et la
famille princière la plus légère qui soit viennent de perdre leur père ou leur
«patron». Cet Etat fait rêver; cela n’a aucune
importance à mes yeux. Les Grimaldi ont de l’éclat, beaucoup trop; cela
non plus ne compte absolument pas pour moi.
Je ne trouve cependant ni futile ni trop éclatante
cette principauté, que l’on aurait grand tort de taxer hâtivement…
d’opérette.
Car enfin, voilà un Etat prospère et qui attire la
prospérité, une société et un gouvernement dynamiques et qui suscitent
l’intérêt des investisseurs. Les problèmes sociaux y sont inexistants,
tout comme la contestation idéologique et politique. La sécurité des personnes
et des biens y est une réalité sans discours, alors qu’ailleurs elle
nourrit un discours d’autant plus audible que la réalité s’en
distancie davantage. La justice y est respectée et, sans aucun doute, comme au
Liechtenstein, respectable, ce qui est loin d’être le cas en Suisse et
même en Valais… Le catholicisme y est religion de l’Etat, proscrite
partout ailleurs… mais la tolérance religieuse n’y est pas absente
pour autant, ce qui n’est pas le cas ailleurs, encore une fois.
Mais quelle est donc cette merveille dans un Etat qui
ignore la séparation des pouvoirs, ne dispose d’aucun parlement, où le
gouvernement s’occupe avant tout des affaires privées du Prince, sans
trop se mêler de celles de ses sujets, où l’exiguïté territoriale est un
atout, alors qu’ailleurs le cadre national lui-même paraît étriqué au
point d’éprouver la démangeaison de l’échelle continentale, voire
planétaire ! A Monaco, la souveraineté est une réalité parce qu’elle
est un droit personnel; ailleurs, elle disparaît dans les brumes de la
technocratie internationale parce qu’elle est une irréalité collective.
Le mal serait-il dans les institutions démocratiques
et leurs acquis révolutionnaires, tous facteurs d’instabilité économique
et professionnelle, de corruption affairiste et politique, d’insécurité
individuelle et collective, de haine et de méfiance entre gouvernants et
gouvernés quand, là-bas, à Monaco, triomphent le respect, la confiance et même
l’amour du Prince et de sa famille ?…
Voilà ce qu’il en coûte de séparer la famille de
l’Etat, la religion du Prince, la personne de l’autorité, la morale
de l’art politique et la raison des enjeux économiques. Pour qu’un
peuple soit bien dans sa peau, il ne lui sert à rien d’élever ses chefs
de ses rangs, il lui suffit de les reconnaître dans ceux que la nature lui
donne, autrement dit : Dieu.
La monarchie est naturelle parce qu’elle
n’a pas été inventée par les hommes; et les républiques ne sont viables
qu’avec des aristocraties gouvernantes tout aussi naturellement
constituées.
***
En visite au Maroc en 1985, Jean-Paul II déclara ceci
aux musulmans de ce pays : «Les discriminations basées sur la race, la
couleur, le credo, le sexe ou l’origine ethnique sont radicalement
incompatibles avec la dignité humaine.»
Or il fut le premier à pratiquer dans sa propre
religion et dans son église ce genre de discrimination, par le refus d’un
total syncrétisme religieux d’une part, et d’autre part par le
refus d’admettre l’ordination sacerdotale des femmes.
De deux choses l’une : ou Jean-Paul II
n’était pas sincère, mais dans cette hypothèse, quand
l’était-il ?
Ou il le fut et, dans cette deuxième hypothèse, que
nous croyons la bonne, son double langage était bien intentionnel, car destiné
à préserver son crédit et son audience, c’est-à-dire tout ce qui, en
fait, l’intéressait, auprès de n’importe quel interlocuteur, de
n’importe quel auditoire, de n’importe quelle croyance.
Conclusion : pour analyser correctement la pensée
de cet homme, il ne faut pas se référer à des écrits destinées
à un auditoire homogène, mais les comparer en fonction de la diversité de ses
auditeurs.
Le nihilisme de sa croyance religieuse y apparaîtra en
pleine lumière.
Il est probable que le 51 % des citoyens qui ont
accepté, le 10 juin 2001, l’armement des soldats en mission de paix à
l’étranger, ainsi que la coopération en matière d’instruction,
étaient pétris de bons sentiments et ne mesuraient pas, ou peu, ce que ces engagements
allaient coûter.
La présence, dans
le programme d’armement, d’une dépense relative à deux avions de
transport gros porteurs de type Casa C-295M destinés à des engagements
humanitaires à l’étranger a fait tomber certaines écailles des yeux parlementaires
et a provoqué l’annulation de l’ensemble des demandes du Conseil
fédéral, y compris d’autres équipements, dont le char de déminage.
Ce refus a été
acquis au Conseil national par 97 voix contre 82 et 6 abstentions. Les «Neinsager» furent principalement des députés UDC et
socialistes, alliance d’occasion qui provoque à chaque fois une éruption
de boutons chez les commentateurs les plus bêtes, qui ne manquent pas de
qualifier cette concordance sur un sujet particulier d’«alliance contre nature»1
Dans son éditorial
de 24
heures2, M. Denis Barrelet
s’étranglait d’indignation devant ce crime de lèse-Conseil fédéral.
Les socialistes
ont-ils eu tort de refuser, par réflexe idéologique, à nos colonels les joujoux
destinés à assurer à l’étranger la pérennité d’une institution aux
missions de plus en plus floues ?
Les démocrates du
centre sont-ils les mauvais perdants qui, en refusant les avions, se consolent
d’avoir perdu le 10 juin 2001 la bataille populaire de l’ouverture au monde ?
M. Barrelet est un démocrate très formaliste et très soucieux
de ne jamais remettre en question une option acceptée par le peuple, même
s’il s’agit du 51 % des votants, lesquels n’étaient que le
41,1 % des citoyens, si le peuple a voté
dans le sens de ses recommandations.
Si, en revanche, le
peuple a «mal» voté, c’est le
lendemain du scrutin qu’on l’entend vociférer et prédire
qu’il faudra bien reprendre la question… le plus tôt possible.
Lorsque
l’armée suisse avait pour mission principale la défense du territoire, et
comme mission secondaire le maintien de l’ordre et de la tranquillité à
l’intérieur, on ne m’aurait jamais vu me réjouir du refus, par le
Parlement, des demandes de crédits de l’armée.
Mais depuis que
cette dernière est devenue un instrument de marketing international aux
missions mal définies, agissant principalement à l’étranger dans des
opérations de soutien, de maintien ou d’imposition de la paix du style
guerre du Kosovo ou demain guerre en Irak ou en Iran, mon attachement à
l’armée est devenu conditionnel.
Dans une entreprise
bien gérée, toute décision stratégique, toute nouveauté opérationnelle est
soumise, quelques mois ou quelques années après son introduction, à une
procédure d’évaluation. La décision était-elle opportune ?
Qu’est-ce que sa mise en œuvre nous a coûté ? Que nous a-t-elle
rapporté, en argent, en image, en notoriété ? Est-il judicieux de
persévérer, voire d’augmenter encore notre effort dans le même axe ?
Faut-il au contraire corriger, se désengager, renoncer ?
Pourquoi ne
pourrait-on poser une nouvelle fois au peuple la question de notre
participation à des opérations de
«maintien de la paix» à l’étranger, avec l’expérience que nous
en pouvons tirer jusqu’à aujourd’hui ? Avec des témoignages
sur la qualité du commandement et de la coordination, sur l’attitude des
organisateurs à l’égard de nos soldats, sur la manière dont sont
ressenties ces troupes «d’occupation»
par les populations locales, finalement sur l’utilité réelle de ces
missions. Qui en sont les bénéficiaires ? Le prix en est-il
raisonnable ?
Le Conseil fédéral
a-t-il procédé à une telle évaluation ? A qui a-t-elle été confiée ?
Quels en ont été les résultats ? Où peut-on les consulter ?
Il me semble
qu’avant d’approuver l’achat de chars de déminage (pour
déminer quoi ? où ? au profit de qui ? sur mandat de qui ?
payé par qui ?) et d’avions gros porteurs (pour porter quoi et
où ?), le Parlement et le peuple seraient en droit de prendre connaissance
du bilan (établi par des experts
neutres) de 5 ans de participation de
Claude
Paschoud
1 On observera que le qualificatif de «contre
nature» n’est aujourd’hui plus utilisé pour qualifier des
relations homosexuelles, que l’art. 194 de l’ancien code pénal qualifiait
encore de «débauche».
2 24 heures du 18 mars, pages 1 et
3
L’école secondaire vaudoise fait parfaitement
son travail. Mes petits-fils savent déjà que tous les dictateurs sont, certes,
des vilains pas beaux, mais qu’il y en a un qui fut beaucoup plus vilain
et beaucoup plus pas beau que les autres. Ils sont aussi, désormais, de
parfaits connaisseurs des méfaits du tabac. Ils savent faire la différence
entre un vrai et un faux fumeur en se fondant sur la consommation de cigarettes
quotidienne de l’individu étudié et sa capacité de se priver de fumer
pour une période plus ou moins longue. C’est ainsi que j’ai
découvert, non sans stupéfaction, que je ne suis pas une vraie fumeuse, puisque
je ne fume qu’une vingtaine de cigarettes par jour et que je suis
capable, en cas de nécessité, de me priver de fumer pendant plusieurs heures.
Mes petits-fils savent aussi que les fumeurs de cigares et de pipe ne sont pas
de vrais fumeurs, puisqu’ils n’inhalent pas la fumée.
Ou bien Vincent et Laurent sont particulièrement
distraits et oublieux, ou bien l’information qu’on leur a donnée
est incomplète. Toujours est-il qu’ils n’ont pas fait mention de
ces fameux fumeurs passifs qui ont pris naissance voici quelques années, quand
on s’est aperçu – pure hypothèse de ma part, évidemment – que
la diminution sensible du nombre des fumeurs, due à une campagne de
sensibilisation et de prévention permanente, n’entraînait pas une
diminution concomitante du nombre de cancers du poumon.
Nous sommes tous des fumeurs passifs : les
non-fumeurs, les fumeurs actifs qui respirent la fumée des autres fumeurs
actifs entre deux cigarettes, les fumeurs de cigares et de pipe qui gardent le
nez sur la fumée de leur cigare ou de leur pipe. Une
sage politique de la santé exigerait donc qu’on interdise purement et
simplement la fumée, non seulement dans les établissements publics, mais aussi
en privé. Il faudrait mettre sur pied une escouade de surveillance fort
onéreuse, mais la santé n’a pas de prix et la liberté personnelle doit
s’effacer devant le bien-être collectif. Et tant pis si la mesure fait de
la peine à Monsieur Fidel Castro, grand producteur de cigares devant
l’Eternel.
Mais il ne faudrait pas s’arrêter en si bon
chemin. Il existe à côté de la fumée, quantité d’autres nuisances qui
hâtent la mort des citoyens de ce pays, à commencer par la pollution de
l’air due aux gaz des véhicules à moteur.
Car le bruit est lui aussi une nuisance mortelle,
puisque source de tension nerveuse, laquelle, comme on sait, constitue un
facteur important des maladies cardio-vasculaires. Il convient donc
d’interdire les téléphones mobiles, les avions de combat, les aéroports et
donc les avions civils, les trains et donc les gares, les baignoires qui se
vident, les chiens par définition aboyeurs et j’en passe.
N’oublions pas l’interdiction pure et
simple de la consommation d’alcool, qui s’impose tout naturellement
dans cette optique.
Bien sûr, toutes ces saines interdictions feront des
mécontents. Mais on ne va pas chipoter sur quelques fumeurs, quelques
producteurs de tabac, quelques fabricants de voitures ou de motos, quelques
garagistes, quelques «téléphoneurs» impénitents,
quelques pilotes de chasse, quelques globe-trotters, quelques obsédés de
l’hygiène, quelques mémères à chiens, quelques amateurs de bon vin et
quelques vignerons !
L’important est que, grâce aux mesures que je
viens d’évoquer, la majorité de la population sera, à terme, assurée
d’atteindre l’âge de cent vingt ans et peut-être même un jour de
cent cinquante ans. Quel beau rêve !
Mariette Paschoud