Lausanne 35e année      «ne pas subir»     Mars  2005 No 343

 

 

 

Sommaire :

 

Editorial

L’éditorialiste démontre que les incartades de M. Israel Singer, les anathèmes lancés par les talibans de l’antiracisme ou les couinements des défenseurs des minorités prétendument opprimées entraînent inévitablement les résultats inverses de ceux qu’on voulait atteindre.

 

Bricoles

Où il est question, en vrac, de M. Dieudonné, des architectes, de l’appréciation d’un vaste syndic sur les juges vaudois, de l’excision et des bombardements sur Dresde, de la lutte anti-tabac, de la justice iranienne, d’un criminel libérien et d’une inconsciente roumaine.

 

En direct de Sirius

Max nous dévoile les petitesses d’un juge fribourgeois et la grandeur «romaine» d’un agent secret italien. Il s’inquiète du goût de la soupe et de la consistance des monnaies.

 

Au courrier

Un lecteur ne partage pas notre avis sur le «statut» qu’il faudrait ou non accorder aux partenaires homosexuels et un autre correspondant prend la défense des «skins»

 

Tartuferie !

Michel de Preux dénonce l’hypocrisie des pleureuses officielles du «devoir de mémoire» à éclipses variables. Certains massacres mériteraient l’oubli, d’autres, des commémorations éternelles !

 

Les Fables politiquement incorrectes

d’un Genevois impertinent

Jean de la Foutaise nous offre un recueil de 53 fables décapantes !

 

Apologie

Claude Paschoud tente de décrypter les mystères d’un nouveau «dérapage» de Jean-Marie Le Pen. En fait, si on pose sur les événements la bonne grille de décodage, tout devient simple : nous ne sommes pas tous des humains !

 

 

 

 

Editorial

 

Le mieux est l’ennemi du bien, dit le proverbe. En d’autres termes, à force de vouloir trop bien faire, on finit par en faire trop, ce qui conduit à des résultats contraires à ceux qu’on avait escomptés. C’est ce que ne comprennent pas les chantres de toutes sortes de «grandes causes» qui, à force de taper sur le même clou, à force de vouloir sensibiliser, informer, voire culpabiliser, font naître dans le bon peuple lassitude et colère.

 

La récente incartade de Monsieur Israel Singer, président du Congrès juif mondial, en est une parfaite illustration. En déclarant que la neutralité suisse pendant la deuxième guerre mondiale avait été un crime, le personnage s’est montré pour ce qu’il est: un donneur de leçons arrogant qui se soucie comme d’une guigne de l’intérêt des Suisses juifs d’hier et d’aujourd’hui. Peu lui chaut que la neutralité de la Suisse ait mis à l’abri de la déportation un nombre important de ses coreligionnaires. Peu lui importe le risque de résurgence de l’antisémitisme en Suisse à la suite de ses propos. Ce qu’il veut, c’est la repentance éternelle. Eh bien ! c’est raté. En dépit de l’inadmissible veulerie du gouvernement fédéral qui, comme d’habitude, a adopté un profil bas, Israel Singer s’est mis à dos la majorité des Suisses, juifs compris. Même Denis Barrelet, pourtant peu suspect de déviationnisme, y est allé de sa volée de bois vert1 ! Le bilan est clair : les Suisses veulent qu’on leur fiche la paix et qu’on leur permette de regarder vers l’avenir, ce qui est exactement l’inverse du but recherché par les pontes juifs qui prétendent, à tort si l’on en juge par la réaction de la communauté juive de Suisse face aux élucubrations de Monsieur Singer, s’exprimer au nom de tous les juifs.

 

On constate un phénomène comparable en ce qui concerne l’antiracisme érigé en religion. Si les prêtres de l’antiracisme, conscients du fait que le racisme2 est un phénomène universel, se contentaient de prêcher et de promouvoir la bienveillance à l’égard des étrangers d’autres races, ils parviendraient peut-être à faire diminuer les cas – fort rares en vérité – d’actes racistes. Mais à force de voir des actes racistes partout, de traquer le racisme uniquement lorsqu’il se manifeste dans le sens blanc-couleur et même de prétendre que les races n’existent pas – alors que chacun, ayant des yeux pour voir, peut constater le contraire –, ils se discréditent face à une population dans l’ensemble bien disposée à l’égard des étrangers, même si le miroir déformant de la presse tend à démontrer le contraire. Il y a deux sortes de racistes dangereux : quelques agités qu’aucune sensibilisation, aucune information ne parviendra à empêcher de «casser du nègre ou du bougnoule» et les prêtres de l’antiracisme qui, à force de défendre des races-qui-n’existent-pas, tombent dans un racisme inversé – les gens d’ailleurs sont bien plus dignes d’intérêt que ceux d’ici – tout aussi pernicieux, puisqu’il permet à un certain nombre d’allogènes – pas tous – de «casser du blanc» en toute impunité, assurés qu’ils sont de pouvoir hurler au racisme en cas de réaction de leurs victimes. A terme, la religion antiraciste ne peut qu’engendrer une augmentation des actes racistes de la part des indigènes, ce qui, c’est le moins qu’on puisse dire, va à l’encontre du but recherché.

 

Il en va de même en ce qui concerne la lutte contre l’«homophobie». Si les défenseurs des homosexuels se contentaient de réclamer le droit de vivre en paix conformément à leur nature ou à leurs besoins, il n’y aurait quasiment plus aujourd’hui d’«homophobes». La plupart des gens ont compris que l’homosexualité n’est pas un vice portant la marque d’une perversité particulière, mais le résultat d’un état physiologique ou, peut-être, d’un trouble psychologique. Osera-t-on risquer l’hypothèse qu’être le fils d’une mère abusive, avoir été victime d’abus sexuels ou avoir vécu une expérience désastreuse avec une personne du sexe opposé peut avoir des répercussions dans ce domaine ? Osons. Il ne saurait donc être question de mépriser les homosexuels, puisqu’ils ne sont pas responsables de leur «différence». Le bât commence à blesser quand surgit le militantisme homosexuel, tel qu’il s’est développé ces dernières années, avec ses manifestations de rue, ses associations constituées en groupes de pression, ses revendications tonitruantes. Beaucoup de gens, y compris parmi les nombreux homosexuels discrets, s’en trouvent incommodés, ce qui ne peut que nuire à la cause, contrairement au but recherché.

 

Les prétendus défenseurs de minorités prétendument opprimées devraient retenir la leçon : ce n’est pas par l’insulte, le mensonge et les excès qu’on fait progresser la sacro-sainte tolérance.

 

Le Pamphlet

 

1 24 heures du 15 février 2005.

2 Par racisme, nous entendons la méfiance instinctive de tout être humain à l’égard d’êtres différents par leur couleur de peau et leurs us et coutumes.

 

 

Bricoles

 

Les voyous n’aiment pas l’humour

 

L’humoriste Dieudonné a été sauvagement agressé, le soir du 1er mars, sur le parking de la télévision à Fort-de-France (Martinique), par trois individus porteurs de passeports israéliens arrivés tout exprès peu auparavant dans ce département français d’outre-mer.

 

Autres insultes

 

Si les députés vaudois se résolvent, à regret mais contraints par les nécessités économiques, à renoncer pour l’instant à l’érection d’un nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts, ce serait, selon un sieur Della Casa, une insulte… aux artistes ? au bon goût ? à la culture ?... Vous n’y êtes pas ! Ce serait une insulte impardonnable aux architectes qui ont participé au concours.  Que le contribuable vaudois mette vivement la main au porte-monnaie et allonge prestement les millions nécessaires à dédommager les candidats de leurs vains efforts.

 

Justice vaudoise insensée

 

Une employée communale persécutée pendant des années par l’ancien municipal (socialiste) Pierre Tillmanns a obtenu du tribunal, en deuxième instance, un dédommagement de huit cents mille francs. C’est un montant exceptionnel, pour compenser un préjudice exceptionnel. Le syndic de Lausanne a déclaré sitôt connu le verdict : «Jamais un juge sensé n’aurait attribué un montant pareil pour des faits de ce genre». L’association «Appel au Peuple» de M. Ulrich pourra élire M. Brélaz membre d’honneur.

 

Lutte contre l’excision

 

Il est devenu de bon ton de partir en guerre contre l’excision, soit la mutilation sexuelle volontaire des petites filles imposée par des traditions, principalement africaines, que les Occidentaux considèrent comme barbares. Il n’y a guère de risque qu’une campagne identique s’en prenne à la mutilation volontaire des organes sexuels des petits garçons, car la circoncision, pratique tout aussi barbare si l’opération n’a pas d’indication médicale, est pratiquée par un peuple qui ne saurait avoir tort en aucun cas.

 

Dresde

 

Dans la nuit du 13 février 1945, les Alliés ont bombardé Dresde en trois vagues, larguant

1 478 tonnes de bombes explosives et 1 182 tonnes de bombes incendiaires sur les vieux quartiers, là où il n’y avait aucune cible stratégique. Le lendemain, encore 771 tonnes de bombes furent déversées pour terminer le travail. Au moins 35'000 personnes furent tuées et 70'000 gravement brûlées. Pour le journaliste de 24 heures1, la ville martyre ne faisait qu’encaisser un déluge de feu que l’Allemagne d’Hitler avait elle-même déclenché.

En somme, les femmes, les enfants et les vieillards brûlés vifs (les hommes étaient encore en train de combattre ailleurs) avaient bien mérité ce traitement !

 

1 Les 12-13 février p.3

 

Mesures anti-tabac

 

La guerre contre les fumeurs bat son plein. Il est bien loin le temps où des non-fumeurs goguenards et fort peu incommodés disaient à leurs amis fumeurs : «Fume tant que tu voudras, tu paies mon AVS.» Désormais, il n’est bruit que des fumeurs passifs qui doivent subir les conséquences désastreuses du vice de leurs contemporains fumeurs et des mesures nécessaires à leur protection. C’est ainsi qu’on voit s’étendre progressivement les interdictions de fumer. La boulangerie tea-room située au bas de l’Avenue Jurigoz vient à son tour d’exclure les fumeurs pour raison… d’hygiène. Apparemment, le propriétaire, à qui le problème avait échappé pendant des années, vient de vivre une douloureuse prise de conscience et en a tiré les conséquences. Donc, pourront accéder à l’établissement des gens qui ne se lavent pas, des gens qui ont des poux dans les cheveux, des gens qui baladent des microbes, pourvu qu’ils ne soient pas fumeurs. Drôle de logique.

 

Mansuétude

 

         Draconienne, la justice islamique ? Point du tout ! L’Iran vient d’en apporter la preuve : un consommateur d’alcool condamné à huitante coups de fouets a produit un certificat médical attestant qu’il était malade et que cette peine mettrait sa vie en danger. Ladite peine a donc été commuée en un seul coup d’un fouet constitué de huitante brindilles. C’est pas plus gentil comme ça ?

 

Banalisation

 

         Un communiqué ats du 9 février nous apprenait qu’un ressortissant du Libéria avait été arrêté à Genève après avoir commis cinq agressions au couteau contre des kiosques de Plainpalais. Ce qui stupéfie le journaliste de service, c’est que le malfrat agissait dans le quartier où il résidait. Ce qui nous stupéfie nous, c’est que ledit journaliste qualifie des vols commis sous la menace d’un couteau de larcins.

 

         Pour le petit Robert, un larcin est un petit vol commis furtivement et sans violence.

 

Inconscience

 

         Voici quelques semaines, une Roumaine de soixante-sept ans a mis au monde une petite fille à la suite d’une fécondation in vitro. Elle en est toute fière la chérie. Pensez donc : elle est désormais la femme la plus âgée à avoir mis un enfant au monde. Mais où est le mérite ? Avec la fécondation in vitro, on pourrait, avec un peu de patience, engrosser des centenaires. Et l’enfant ? A-t-on pensé à l’avenir qu’elle se prépare avec une mère qui donne de sérieux signes de déséquilibre mental ?

 

 

 

En direct de Sirius

 

 

 « …éviter de prendre de l’importance. Ce qui est une chose hideuse. »

(L.-F. Céline – entretien avec L.-A. Zbinden)

 

Il existe une différence fondamentale entre le traitement des sommités en Suisse et en France : lorsque la femme d’un Herr Professor Doktor mondialement reconnu est menée à sa table au Zum Storchen de Zurich, le maître d’hôtel lui donne du Frau Professor Doktor… même s’il s’agit d’une parfaite illettrée. Chez Lipp, lorsque mon père s’enquérait de l’identité de tel visage qui lui paraissait familier, le père Cazes répondait en toute simplicité : «C’est le con qui a eu le prix Nobel».

 

L’usage leur a survécu. Cette dénomination admise de longue date dans les mœurs parisiennes au point d’être déchargée, en l’espèce, de toute connotation péjorative, permet de replacer les sommités, réelles ou prétendues, sur leur séant. Moyennant quoi, il n’existe point de personne inaccessible en France (hormis les sous-chefs de petits services administratifs – qui n’ont jamais le temps – et, peut-être, les sous-préfets… lorsqu’ils sont aux champs).

Un juge pas grand et pas serein non plus

 

Au lendemain du dernier procès intenté à M. René-Louis Berclaz, second prisonnier d’opinion dans notre terre d’asile traditionnellement si accessible aux réfugiés politiques de la bonne couleur – mais il est vrai que, M. Berclaz étant un autochtone, notre étrange système judiciaire, fort de son article bâillon 261 bis CPS, a toute latitude pour lui appliquer une justice d’exception –, les organes les mieux alignés de la presse romande se faisaient les échos d’une étrange interjection. Le juge, dont, pas plus que l’Histoire, nous n’avons retenu le nom, se faisait un devoir d’invectiver le prévenu, le qualifiant de «flaque au raz de la moquette». En bon droit, cet accès d’humeur d’un magistrat dont une des vertus fondamentales, outre l’honnêteté, devrait être la sérénité est pour le moins déconcertante, et pourrait justifier une récusation ou conduire à un recours en annulation… Nous ignorons, en l’espèce, si la procédure en laisse la latitude au justiciable. En fait, il semble que le juge, quelque peu frustré par le refus de M. Berclaz de se laisser tenter par les chausse-trapes qui lui étaient tendues en conservant, en particulier, un flegme inaltérable, ait perdu son sang-froid. Comme c’est dommage… Par le fait d’un président petit, la «flaque» aura au moins servi à révéler une justice… au raz des pâquerettes !

Irak : vers une nouvelle race de «Romains» ?

 

Il faut bien reconnaître que, depuis Caporetto, les descendants des conquérants romains – si l’on veut bien excepter quelques «arditi», les courageux sous-mariniers du Prince Borghèse et les parachutistes de la «Folgore» – n’avaient plus fait de grands efforts pour entretenir leur antique réputation de courage. Mais, à rapprocher le «Regardez comment un Italien sait mourir»1 de l’otage Quattrocchi avant son égorgement du comportement héroïque de l’officier des services spéciaux Nicola Calipari protégeant de son corps la journaliste qu’il venait de réceptionner, on est en droit de se demander si l’on n’assiste pas à une résurgence de la race des «Romains»…, ce qui serait bien réjouissant, face à la lâcheté physique érigée en vertu dans notre Occident décadent et agenouillé.

Liban, Syrie : questions impertinentes (pour resituer l’assassinat de M. Hariri)

Qu’avaient-ils à gagner, les malheureux Syriens, déjà passablement agressés par le Défenseur du Bien, de la Démocratie et des Libertés, à volatiliser un ancien premier ministre ? Qui a tout à gagner à exporter une frontière plus loin un abcès de fixation jadis utilement constitué sur le territoire libanais ?

 

« Cuisine française » : toutes les soupes populaires n’ont pas le même goût

 

Pour se garder des pique-assiettes et subvenir aux besoins de ses nécessiteux, la mouvance identitaire française avait eu l’idée géniale de mitonner une soupe au lard, dite «soupe identitaire». C’était concocter sans compter avec la vigilance du parti «drouadhlomiste» : nous apprenons par un lecteur de Rivarol2 que la soupe fut promptement épicée du double qualificatif de «fasciste»3 et de «discriminatoire» avec l’idée d’en faire… une vraie cochonnerie raciste. La même source nous apprend, en revanche, que l’association Mazone ouvre en France la première «soupe populaire [glatt] cachère […] pour les nécessiteux de la Communauté»… Outre le fait que l’on attend encore une éventuelle réaction des critiques culinaro-politiciens, on peut se réjouir, passée l’annonce de cette «première», de la floraison prochaine d’une chaîne de soupes populaires glatt cachères avec la bénédiction des gourmets de la République laïque, égalitaire et indivisible.

Helvètes ! Que fait-on de vos sous ?

 

Max n’imaginait pas, lorsqu’il dévoilait la manœuvre financière de suppression des « pièces rouges » de l’euro4 que le même traquenard se préparait en Suisse... La mort du sou est désormais annoncée par voie de presse. Trop coûteux à produire, dit-on. Inutile. On parie que les arrondis tendront vers le haut ? Bon courage pour l’inévitable inflation.

En France, sous la IIIème, et entre les deux guerres, certain député Archer s’était taillé une assez belle réputation de plaisantin pour avoir suggéré l’adoption d’une monnaie fondante. Nous y sommes désormais en plein. Le stade suivant sera sans doute réalisé par la mise en circulation de pièces de dix francs.

L’art de la concision

Yverdon , 3.2.2005 : Max demande son chemin à une jeune femme du cru… «Vous continuez jusqu’au premier rond-point et vous faites un deux cent septante à droite; au deuxième, à nouveau un deux cent septante à droite, et vous êtes à la poste». Vous arrivez à faire plus simple, vous ? Elle était sûrement prof de géométrie5.

 

Max l’Impertinent

 

1 En souhaitant que cette phrase sublime soit authentique.

2 N° 2706, 4.3.2005, p. 2.

3 …parfois aussi, selon les degrés culturels et sociaux : « fâchiste », « faffifte » etc.

4 Cf. «Dernières d’Europe», Le Pamphlet n° 338.

5 … et charmante, en plus.

 

 

 

Au courrier

 

Cher Monsieur,

 

Votre article sur le partenariat enregistré est assez réaliste. Permettez-moi toutefois d’ajouter ceci : vous jugez équitable d’accorder à un couple homosexuel stable un statut comparable à un couple hétérosexuel. Or, le couple hétérosexuel stable, mais non marié, ne serait pas au bénéfice d’un statut reconnu. Il y aurait donc discrimination. On objecte souvent que les partenaires hétérosexuels peuvent se marier, mais la réalité sociologique est tout autre.

 

Pour surmonter ces difficultés, je suis d’avis qu’on devrait renoncer à un «statut» du concubin hétéro- ou homosexuel et assouplir le droit sur deux ou trois points qui font problème (droit des étrangers, droit de succession, droit de visite en prison).

 

Bien à vous.

 

J.-F. C.

 

 

Bonjour,

 

(…) Dans votre article «Partenariat enregistré», vous faites allusion aux «Skins». Etant de ce milieu, je désirerais vous faire part de mon opinion. Je sais que ce mouvement est très mal connu de beaucoup de personne, mais je tiens tout de même à vous informer que les Skinheads, ceux qui connaissent les origines et l’histoire du mouvement, les vrais Skinheads ne sont pas racistes, nazis, homophobes ou encore xénophobes. Au contraire ! Et c’est aussi de la faute aux médias que l’on parle des Skinheads en tant que racistes. (…)

 

Avec mes meilleures salutations.

 

S.T.

 

Tartuferie !

 

«Rien n’est indéfendable – de la proposition la plus absurde au crime le plus monstrueux.»

Cioran : Visages de la décadence

 

 

Il aura suffi d’une remarque, judicieuse, de Bruno Gollnisch, et d’une autre, tout aussi fondée, de Jean-Marie Le Pen, pour qu’aussitôt se réorchestre le chant des pleureuses sur Auschwitz-Birkenau. L’abomination de la désolation dans le camp des saints est de retour ! Il faut, de toute urgence, sacrifier de nouveau au devoir-de-mémoire, rappeler une nième fois l’horreur absolue, l’holocauste incomparable, la shoah qui ne peut se dire et évoquer qu’au singulier ! Nous n’en aurons donc jamais assez, car ces crimes, que dis-je ? ce génocide, est unique par nature…, sans précédent ni successeurs possibles. Il est le péché par excellence, l’ignominie sans pareille, la faute indépassable. Le génocide arménien, de quelques décennies antérieur à lui, peut, quant à lui, se négocier en Europe avec les Turcs. Les Tziganes sont quasiment oubliés, le génocide tutsi presque devenu inexistant. Le drame génocidaire des chrétiens du Sud Soudan ne nourrit aucune polémique. Et la négation du droit de naître pour des dizaines de millions d’enfants conçus est une initiative soutenue, en France, par Madame Simone Veil. C’est un génocide nié par les révisionnistes impunis de la morale et du droit.

 

Les hommes ne sont donc pas tous des hommes. Les peuples n’ont pas tous, dans l’histoire de leurs tragédies, un accès égal à notre considération. Est-ce une question d’ethnie, de race, d’élection ? Je l’ignore1. C’est à coup sûr un fait, et un fait au-delà duquel il n’y a rien, en deçà non plus d’ailleurs. Bref, c’est un fait décrété «urbi et orbi» unique.

 

Radios et télévisions s’en mêlent. Les films reviennent, déversant sur nos écrans leur nuit dans un brouillard insondable et nauséabond. Pour un massacre, pour une ethnie, pour une race, seule. La chose peut durer cent ans, mille ans, dix mille ans. Il y a des devoirs-de-mémoire dont la mesure est, comme l’amour, d’être sans mesure.

 

Mais tout n’est pas dit. Rien n’est jamais dit. J’ai cru comprendre que des enfants avaient ri au mauvais endroit. Les rires d’enfants sont forcément déplacés, mais puisque la vérité sort de leur bouche, pourquoi ne rayonnerait-elle pas aussi de leur visage par une sorte de divine surprise ? Ces rires étaient déplacés, certes. La vérité ne l’est-elle pas également ? La vérité qui est lumière, légèreté aérienne, liberté déconcertante et imprenable par ses exigences d’impartialité, de neutralité face à tous les partis et d’universalité. Cela mérite une leçon, une leçon d’histoire et de morale, sans doute. Une leçon d’histoire et de morale aussi lourde que ces rires étaient légers, aussi objective que subjective avait été cette réaction enfantine, aussi rigoureuse que cette fausse note anarchique fut incontrôlée.

 

Depuis qu’elle existe, l’humanité ne survit que par l’oubli des massacres où elle joua sa propre mort. Et voilà que tout à coup l’un de ces massacres mériterait un traitement à part. Il serait seul de son espèce. Pour lui, des mécréants façonnent des lois afin de le sortir du régime commun de l’opinion. A son propos, l’opinion devient elle-même un crime. Le doute lui-même n’est plus autorisé. Quant aux faits, prouvés ou non selon les règles habituelles de la science historique, ininterprétables d’après cette norme seule, leur signification comme leur existence, arrêtée dans le détail non par des historiens mais par des tribunaux et des politiciens, ils sont désormais érigés en dogmes d’Etat. Des parlements deviennent, pour lui seul, autant d’Eglises dispensant un magistère authentique et irréformable. Ces Etats manifestent une pareille audace et une telle impertinence au moment même où ils récusent Dieu dans leurs lois comme la religion divinement révélée dans leur vie publique. C’est à ce moment précis qu’ils se décident à établir un nouveau credo sur un massacre, un seul, dont ils déterminent en outre le mode d’exécution; préparent, pour la défense de ce dogme, le dispositif de nouveaux anathèmes quand on les croyait, chez eux, abolis et rejetés depuis la Révolution française ! Ressusciteront-ils aussi de nouveaux bûchers, de nouveaux camps de la mort pour le salut d’une philosophie en déroute, celle dite «des Lumières» qui a, pour le coup, un sérieux travail de mémoire à effectuer !

 

Face à tout ce dispositif de terreur, quelques rires d’enfants sont dérisoires ! Ils ont été, cependant. Les rires d’enfants sont des rires d’avenir; ce sont les rires de la promesse.

 

Une question : qui finança le parti national-socialiste allemand ? La banque Warburg en fut-elle absente ? Or, en droit, celui qui contribue à la création et à l’aggravation de ses propres malheurs est, moins que tout autre, habilité à demander réparation à des générations innocentes des crimes de leurs pères, substituées de surcroît aux héritiers très fortunés des anciens bailleurs de fonds du nazisme, à ce jour épargnés par l’histoire.

 

Michel de Preux

 

1 Ce que l’histoire profane ne peut qu’ignorer, l’histoire sainte de l’humanité, c'est-à-dire la révélation, nous l’apprend. Les Juifs disent souvent, et d’autres le répètent à leur suite : chaque être humain porte un Juif en lui et tuer un Juif parce que Juif, c’est une manière de tuer toute l’humanité. Il y a une malhonnêteté foncière dans ce raisonnement, car la spécificité de l’apport juif à l’histoire de l’humanité est moins leur fait que celui de Dieu même. C’est la promesse du salut par l’Incarnation du Verbe de Dieu dans leur peuple. Celui-ci officiellement récusé et traité judiciairement et religieusement comme un homme sacrilège et suprêmement trompeur par les Juifs eux-mêmes, y compris ceux de nos contemporains qui persistent dans ce déni et le confirment par leur appartenance au judaïsme, tous leurs malheurs sont suprêmement exemplaires du sort qui attend l’ensemble de l’humanité si, à leur imitation, celle-ci rejette comme eux jadis la Révélation divine et la religion que cette révélation commande à toute l’humanité. La seule vraie religion.

 

 

 

Les Fables politiquement incorrectes

d’un Genevois impertinent

 

 

Nous avons reçu d’un lecteur genevois un petit recueil absolument délicieux de cinquante-trois Fables (politiquement incorrectes) que l’auteur, se désignant lui-même comme «Jean de la Foutaise» a fait éditer en un tirage si limité qu’il ne reste en stock, me dit-on, que les cinq exemplaires que je me suis empressé de commander pour les faire circuler chez mes amis les plus chers.

 

A mon avis, une réédition s’impose.

 

Pour mettre l’eau à la bouche de nos lecteurs, et les inciter à faire pression sur l’éditeur (par un mot ou un courriel à notre rédaction), voici un échantillon de ces vers iconoclastes :

 

 

Le Lapin, le Corbeau et le Renard

 

Maître Corbeau sur un arbre perché

S’y tenait quasiment couché

Pour croiser sous son bec ses pattes;

Un Lapin que la chose épate

L’interrogea sur la raison

De la curieuse position

«Les bras croisés sur la bedaine

Est la posture souveraine

De tous les nobles comme moi

Celui qui ne fait rien est Roi !»

Pour prendre la pose admirable,

Le Lapin couché sur son râble

Croisa ses deux pattes d’avant

Et bâilla de contentement.

Un renard qui passait par là

Ne fit qu’un bond

Et l’avala

Avant qu’il se fût mis d’aplomb.

 

Quand on veut se croiser les bras

Mieux vaut être haut placé qu’en bas

A moins – et ce serait le rêve –

D’être un cas social à Genève.

 

 

De temps en temps, un appel de note nous renvoie à un commentaire de bas de page où l’auteur puise dans une vaste culture classique quelque nouveau sujet de rosserie qu’il nous sert en prose. Une fourmi se plaignait de n’avoir décroché de fin mai jusqu’à fin août que quelques «boulots merdiques». Le fabuliste observe en note : c’est ce qu’on appelle une épithète homérique. Depuis que l’école a supprimé tout semblant d’effort pour ne pas préparer les jeunes à s’intégrer à un monde d’exploitation capitaliste, tout travail est nécessairement «merdique», comme Ulysse est nécessairement «fertile en ruses», Achille inévitablement «bouillant» et l’aurore fatalement «aux doigts de rose».

 

Si Jean de la Foutaise veut éviter que l’opus ne soit prochainement photocopié, scanné, et diffusé sans droit – et sans qu’il touche, comme il le mérite, ses droits d’auteur –, il convient qu’il ordonne promptement une réédition !

 

C.P.

 

 

Apologie

 

Dans une interview publiée le 7 janvier dernier par l’excellent hebdomadaire parisien Rivarol, le chef du Front national M. Jean-Marie Le Pen, s’exprimant sur l’occupation du nord de la France pendant la dernière guerre mondiale, a dit notamment ceci : «En France du moins, l'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés» et encore : «Je me souviens dans le Nord, un lieutenant allemand, fou de douleur que son train de permissionnaires ait déraillé dans un attentat, causant ainsi la mort de ses jeunes soldats, voulait fusiller tout le village: il avait d'ailleurs déjà tué plusieurs civils. Et c'est la Gestapo de Lille, avertie par la SNCF qui arriva aussitôt à deux voitures pour arrêter le massacre».

 

Il n’en fallut pas plus pour qu’une kyrielle d’organisations, lobbies, publications gauchistes et associations diverses ne crient au scandale, accusant le vieux leader de «contestation de crimes contre l’humanité» et d’«apologie de crimes de guerre».

 

Cédant – partiellement – aux pressions médiatiques, le Parquet de Paris n’a pas retenu le crime de contestation de crimes contre l’humanité, mais a effectivement ouvert une enquête le lundi 7 mars pour «apologie de crimes de guerre».

 

Juridiquement, ce n’est pas tant l’appréciation sur le caractère «particulièrement inhumain» ou «pas particulièrement inhumain» de l’occupation qui fait problème, mais plutôt l’épisode relatant un événement où la Gestapo de Lille a joué un rôle modérateur, en «arrêtant le massacre» commencé par un officier «fou de douleur».

 

Selon les milieux judiciaires français, la Gestapo ayant été qualifiée d’organisation criminelle par le Tribunal de Nuremberg, la présenter sous un jour plutôt favorable, même lors d’un événement ponctuel particulier, et même si l’épisode relaté est historiquement exact et vérifiable, peut être qualifié d’apologie de crimes de guerre.

 

On sent bien, cependant, que ces poursuites ne sont qu’un prétexte pour abattre un adversaire politique dont le potentiel de nuisance, comme l’avouent élégamment ses détracteurs, est encore trop important. C’est l’aspect politique de l’affaire.

 

Mais en réalité, c’est bien sur le caractère inhumain – au sens littéral – non seulement du nazisme mais même des nazis, voire des Allemands, que certains lobbies voudraient focaliser le débat.

 

Dans le même ordre d’idées, on a entendu lors de la sortie du film «La Chute» du réalisateur allemand Olivier Hirschbiegel qui relate les derniers jours du Führer dans son bunker berlinois que cette œuvre était dangereuse, parce qu’elle montrait des traits humains chez Hitler !

 

Si les persécuteurs nazis n’étaient pas des êtres humains, leurs victimes ont subi des traitements qui ne sauraient être comparés à aucun autre.

 

En France, des pensions spéciales ayant été attribuées aux descendants, parfois lointains, des victimes juives de la guerre, les descendants de victimes non juives, manifestant à leur tour devant les grilles du Conseil d'Etat pour se prévaloir de l'égalité devant la loi, ont été agressés par des Juifs au motif que leur souffrance ne saurait se comparer.

 

Dans le débat qui a débuté récemment au Conseil national sur le projet d’interdiction des symboles extrémistes, on a bien vu que la perversité d’un extrémisme ne se mesurait pas à l’ampleur de ses victimes mais à son caractère humain ou inhumain.

 

Lorsqu’on a fait observer que l’interdiction des «symboles extrémistes» pourrait viser, non seulement le célèbre svastika1 mais aussi la faucille et le marteau, symboles du marxisme-léninisme dont les victimes se comptent en plusieurs dizaines de millions, le député Carlo Sommaruga a osé rétorquer que ces symboles-là traduisaient une volonté d’agir pour le bien du peuple et la paix, et qu’ils ne sauraient donc être interdits.

 

Pour M. Philippe Barraud2 : «Ces propos mériteraient une plainte pénale. C’est du négationnisme pur et simple, une tentative délibérée de justifier un crime contre l’humanité. En une phrase frivole, ce monsieur a insulté la mémoire des dizaines de millions de victimes innocentes du communisme, comme ça, pour épater la galerie. Mais M. Sommaruga peut dormir tranquille (puisque sa conscience le lui permet): lorsqu’il s’agit des crimes du communisme, le révisionnisme est largement toléré».

 

La déclaration de M. Sommaruga est effectivement choquante, mais, en évoquant l’éventualité d’une plainte pénale, M. Barraud oublie que l’art. 261bis de notre code pénal n’a jamais visé qu’un seul type de révisionnisme, n’interdit la minimisation que d’un seul génocide et que les juges, comme il le suppose avec pertinence, n’auraient pas l’idée de sévir contre quiconque viendrait à minimiser, même grossièrement, les tueries ordonnées par Staline, Pol Pot ou Mao Ze-dong.

 

Même le mot «génocide» est devenu un label protégé qui ne saurait s’appliquer ni aux victimes indiennes en Amérique, ni aux Arméniens en Turquie ni aux Tutsis au Rwanda. Car les colons yankees, les Ottomans ou les Hutus sont des êtres humains.

 

Michel de Preux arrive à une conclusion identique dans son article «Tartuferie».

 

Ne sauraient être qualifiés d’être humain ni un nazi ni un être qui mettrait en doute la plus infime partie des crimes que le Tribunal de Nuremberg a mis à la charge de l’Allemagne. Il s’en est fallu de peu que les autorités soviétiques ne soient condamnées, lorsqu’elles ont fini par avouer, en 1990, qu’elles étaient elles-mêmes responsables du massacre des officiers polonais à Katyn, non pas pour le massacre lui-même, mais pour révisionnisme, puisque ce crime avait été jusqu’alors mis à la charge de l’Allemagne par tout le monde et qu’en l’avouant, les Russes en disculpaient les nazis, ce qui est précisément interdit aujourd’hui.

 

Claude Paschoud

 

1 Ici, je devrais ajouter les mots rituels «de sinistre mémoire» pour le distinguer des symboles indien, bouddhiste, chinois ou franc-maçon qui ornent même le dallage de la cathédrale d’Amiens.

2 dont je recommande la lecture sur son site Internet www.commentaires.com. Il vient de publier une sélection de ses meilleurs éditoriaux des cinq dernières années dans un petit livre roboratif : «Ecrit en courant» (242 pages, fr. 29.80 si on le commande par Internet ou fr. 36.- en librairie).