Sommaire :
L’éditorialiste jette un regard critique sur
Lire : «Le Goût du Bien commun»
Mariette a lu – et apprécié – le dernier Cahier de
Max explique comment le président de
Michel de Preux, à l’aide d’une logique implacable, démontre
que l’Eglise catholique d’Espagne s’est elle-même prise les
pieds dans les filets du formalisme démocratique : si l’Etat doit être
neutre par rapport à Dieu, comme l’Eglise d’Espagne l’admet,
le catholicisme doit disparaître de la vie publique et il n’y a pas à s’en
plaindre.
M. Vincent Bourquin et «24
heures» ont réussi à démasquer l’association qui réclame
l’interdiction du port des masques dans les manifestations !
Que faut-il penser de la loi sur le
partenariat enregistré qui confère aux couple homosexuels quelques droits,
notamment en matière de succession, de bail, de LPP etc. ?
Un abonné français explique à la rédaction ce que devrait être un journal
contestataire.
Autrefois, il y avait l’Ecole normale pour les
futurs instituteurs. L’Ecole normale avait la solide réputation de former
de bons instituteurs et, de fait, l’école primaire était une bonne école.
La prim’sup’(primaire supérieure pour nos
lecteurs confédérés et étrangers) était confiée aux soins d’instituteurs
ayant reçu une formation complémentaire, en allemand notamment, et la prim’sup’ était une bonne école à mi-chemin
entre l’école primaire et l’école secondaire. Quant aux maîtres
secondaires, leurs études universitaires terminées, ils suivaient un stage
d’une année dans un collège ou un gymnase, alliant un enseignement à
temps partiel aux cours du Séminaire pédagogique de l’enseignement
secondaire (SPES). L’enseignement dispensé par le SPES était insuffisant
à bien des égards, mais cet inconvénient était le plus souvent compensé par la
pratique pédagogique quotidienne. L’école secondaire était elle aussi une
bonne école.
Las ! Les pédagogistes
de l’époque convainquirent les responsables de la formation scolaire que
le système était mauvais, qu’il fallait réserver l’Ecole normale à
des gens qui avaient passé par le gymnase et obtenu un diplôme de culture
générale ou, mieux encore, un baccalauréat. Les élèves de prim’sup’
qui avaient fourni durant des décennies le gros du contingent des instituteurs
se virent donc écartés de cette formation ou alors contraints de suivre un
raccordement qui leur ouvrirait les portes du gymnase.
Enfin, les pédagogistes
de notre époque ont convaincu les autorités scolaires que tous les enseignants
devaient suivre une formation au moins para-universitaire.
C’est ainsi que fut créée
Or, enfer, stupeur et damnation,
A ce stade, on s’attend à ce que
les responsables du gâchis – concepteurs du calamiteux projet, équipe
dirigeante qui n’a pas vu venir le désastre – soient promptement
virés. Point du tout : on prend les mêmes et on recommence. Ce qui va
changer, c’est l’organisation interne de la haute école. On vous
passe les détails. Les changements qui nous intéressent sont ceux qui auront
des répercussions sur l’école vaudoise en général.
On va supprimer à
La disparition des semi-généralistes
aura pour conséquence que les vocations pédagogiques non universitaires se
regrouperont chez les généralistes comme on appelle maintenant les instituteurs.
Ce phénomène inévitable aura pour conséquence une pléthore de généralistes,
sauf si on rend à l’école primaire les classes de cinquième et sixième,
ce qui aura lieu certainement, à terme,
d’autant plus que le canton de Vaud, ce faisant, s’alignera sur les
autres cantons.
Les maîtres secondaires, soit les
universitaires qui se destinent à l’enseignement, seront «orientés» vers
deux voies : le secondaire I, école secondaire obligatoire, et le
secondaire II, gymnase. On ne voit pas
pourquoi la possibilité d’être «promu» au gymnase devrait être refusée
désormais aux maîtres du secondaire inférieur, mais là n’est pas la
question. Ce qui compte, c’est ce que dit Madame Anne-Catherine
Lyon, chef du Département de la formation et de la jeunesse, dans 24 heures
du 25 janvier 2005 : «Il est
clair que si des maîtres du secondaire I, au bénéfice du même bagage,
enseignent indifféremment dans les trois filières des degrés 7 à 9,
l’existence de ces trois filières pourrait à terme être remise en
question.» Madame Lyon n’explique pas pourquoi le fait que des maîtres
aient tous les mêmes qualifications implique
qu’il devrait en aller de même pour tous leurs élèves. Tant pis !
Le tableau est brossé : à terme
plus ou moins long – c’est-à-dire le plus tôt possible –,
l’école vaudoise comportera six ans d’école primaire et trois ans
de «cycle de transition», soit neuf ans de classes hétérogènes dans lesquelles
les plus doués perdront leur temps et les plus faibles tireront la langue.
Seuls les médiocres y trouveront leur compte. Notre école reflétera alors
parfaitement la société actuelle, ce qui est évidemment essentiel.
Et si on avait fait exprès de saboter
Le
Pamphlet
Mais
Olivier Delacrétaz n’est pas un rêveur. Il
n’ignore pas la distance qui sépare les principes qui régissent les
communautés vues sous l’angle de la perfection du fonctionnement des
communautés dans la réalité quotidienne : «Nous constatons chaque jour
que des couples éclatent, avec tous les dégâts moraux, psychiques et sociaux du
divorce. Des familles sont le théâtre d’actes révoltants, des parents
abusent de leur autorité, en usent mal ou n’osent l’assumer. Des
entreprises meurent par l’incompétence de leur chef, le manque
d’engagement des employés, la cupidité et l’impatience des
actionnaires. Telle autre, bradée à vil prix par les héritiers du propriétaire,
se voit dépecée par des prédateurs financiers. Et nous voyons des patrons se
désintéresser de la paix du travail, des tractations avec les syndicats et des
conventions collectives; et aussi des syndicalistes révolutionnaires pour
lesquels tout accord avec les patrons est une défaite. Nous voyons des
administrations publiques bafouer l’autonomie des communautés
intermédiaires et interférer en toute incompétence. Nous voyons des Etats
entrer en guerre pour des motifs dérisoires. Nous voyons des pays entiers
envahis, ruinés, disloqués par les haines ethniques, par la lutte des classes
ou des clans. D’autres encore s’écroulent sur eux-mêmes, implosent.
Nous voyons enfin d’étranges guerres dites “de basse
intensité”, jamais déclarées et jamais terminées, conduites par des
soldats sans uniformes, “rebelles”, “escadrons de la
mort”, terroristes, snipers…Dans les périodes dites
civilisées, le mal est mieux maîtrisé, il prend des formes plus policées, mais
il n’est jamais que contenu.»2. En dépit de cette
description horrifique, l’auteur estime qu’une réflexion sur les
principes s’impose d’autant plus que ceux-ci sont plus gravement
bafoués.
Cette
réflexion, Oliver Delacrétaz l’articule en
trois parties dont l’une lui permet de tordre le cou aux «immortels
principes» et dont chacune se conclut par une approche du bien commun. Puis
vient l’envoi qui conclut que, en dépit de la malice des temps, «Il y
a un bien commun possible dans la moins autonome des communautés, dans la plus
frelatée des nations, dans l’entreprise la plus menacée de faillite, dans
la famille la plus disloquée, la plus endettée, ou au contraire la plus
encombrée de biens matériels.
Le
bien commun est un bien concret qui se réalise hic et nunc : aucune
situation n’est si désespérée que l’autorité n’ait pas au
moins un petit acte de bien commun à accomplir. Le seul fait qu’un chef
réunisse dans sa main les morceaux épars du pouvoir est déjà, par rapport à
l’anarchie totale, un premier mouvement de bien commun.
Tout acte qui réunit les personnes et
les conduit en direction d’un bien commun est une promesse
d’avenir. Plus, il porte d’ores et déjà ses fruits, par le seul
fait qu’il est accompli et qu’il est juste.
L’effort
pour le bien commun fait partie du bien commun.»3
Tout
est dit.
Nos
lecteurs trouveront, jointe à ce numéro du Pamphlet, une carte de
commande. Nous les invitons à accompagner Olivier Delacrétaz
dans sa réflexion sur le bien commun, «ses caractéristiques, sa
nature…son goût»4.
1 Cahiers de
2 pp. 18-19
3 p. 161
4 p. 22
« Cuisine »
française : recette pour assurer la (confortable) retraite d’un
président
L’occupant actuel du Palais de l’Elysée
se sait menacé sur deux fronts pour les prochaines présidentielles : par
M. Sarkozy, président de son propre parti (UMP), déjà avalisé par New York et
Tel Aviv, en attendant les inévitables retombées
nationales qui ne manqueront pas d’en découler, et, pour le reste de la
masse votante, par l’abandon d’un électorat de circonstance (il fallait,
coûte que coûte, faire obstacle à M. Le Pen au
deuxième tour du 5 mai 2002) plus du tout amusé par ses éternels numéros de tourne-veste dignes d’un Fregoli, et qui semble avoir
enfin pris la mesure de sa mémoire à géométrie variable et du vide insondable
de son résonnant verbiage. Conscient du risque judiciaire bien réel1
inhérent à la perte de son immunité en cas de non-réélection,
M. Chirac achève donc de placer ses pions pour éviter que sa prochaine retraite
en son château de Bity ne se change en déroute, en
quelque inconfortable bastille. On assiste ainsi à la savante mise en place, en
des postes clefs, d’une impressionnante série d’anciens obligés
destinés à devenir autant d’«amis» utiles. Sur le plan législatif, les
dernières rumeurs annoncent un prochain texte de loi destiné à assurer à tout
ancien président de
Dur
jugement sur la « Suisse pas en guerre »
Tout
de même ! Il y allait fort, M. Israël Singer, président du Congrès juif
mondial (CJM) ce 26 janvier 2005, quand il s’efforçait de prétendre notre
pays coupable de «crime» pour avoir eu la sagesse de rester neutre et de se
tenir à distance du grand carambolage, cependant que la quasi-totalité du futur
«monde libre» déclarait (en partie pour
Leçon
d’observation : les mauvais faux témoins
Les
professionnels du poker connaissent le
phénomène : même le meilleur bluffeur trahit sa tension par
d’infimes indices physiques, involontaires, mais qui constituent autant
de nécessaires soupapes de sécurité. La finesse consiste donc à rendre ces
manifestations imperceptibles. Le frémissement d’un gros orteil au fond d’une
chaussure vaut mieux que l’inflexion d’un sourcil, si minime
soit-elle : il échappe à la vue de l’adversaire. Les menteurs de
talent maîtrisent également cet art. Pas les acteurs amateurs. Il était donc
aisé à tout observateur attentif de repérer la somme vertigineuse de témoins
douteux qui nous a été assénée récemment, par audiovisuel interposé. Il aurait
été intéressant de répertorier le nombre impressionnant de regards fuyants
soudain en coin, de trémolos de trop, de redites théâtrales,
de larmes en différé ou de ruptures de phrasés au moment «psychologique» où de
gros mensonges de commande devaient être livrés. Relever les invraisemblances
factuelles finissait par paraître secondaire. Seulement voilà…, il y a
bien longtemps qu’ont été supprimés, dans nos écoles primaires, les
«cours d’observation» et autres «leçons de choses», et que les
consommateurs d’images et de commentaires des générations nouvelles
absorbent et digèrent les bouillies médiatiques les plus invraisemblables avec
une prodigieuse placidité.
Bis repetita :
interdire le swastika (braves gens, grands niais)
L’ex-conseillère
fédérale Ruth Metzler s’y était déjà risquée en
pure perte2, les ministres «des justices» et «des intérieurs» de
l’U.E. tentent la transformation… Il faut
interdire le swastika et autres symboles nazis… Réaction logique :
des députés conservateurs d’anciens pays satellites de l’URSS (qui
savent de quoi ils parlent) demandent – en toute logique et réciprocité
– l’interdiction du marteau et de la faucille (on les comprend).
D’où une nouvelle impasse pour l’Europe, déjà préoccupée par la
question d’endiguer la montée du NPD et du DVU en Allemagne, sans avoir
l’air de priver toute une portion de la population allemande qui vote de
ses droits fondamentaux. Terrible dilemme. D’autant que, si la
prohibition vient à chef, le prix des croix gammées va décupler sur le marché
parallèle et certain sellier parisien de luxe se verra contraint de refondre
les élégantes frises en fer forgé qui encadrent et soulignent les entrées de sa
maison mère, Faubourg Saint-Honoré, et de ses succursales en d’autre
villes européennes comme Nice et Cannes (sous toutes réserves en ce qui
concerne celles de New York et autres lieux hors UE). Vaste programme et bon
courage !
1 Voir sur Internet, la plainte déposée contre le
président par l’un de ses sujets, M. Gérard Durninger :
http://www.geocities.com/reseauhdj/tgialbert.
2 Cf. « Lettre ouverte à ces politiciens (-ciennes) qui nous maternent tant », Le Pamphlet
n° 324.
Dans le numéro 119 (du 20 septembre 2004) de Correspondance
européenne, le Professeur Roberto de Mattei, au chiffre 6, traite
longuement des menaces qui pèsent actuellement sur l’Eglise
d’Espagne en raison de ses prises de position publiques contre un projet
de loi gouvernemental visant à instituer une «pleine équivalence juridique»
avec la famille de toutes les formes d’unions. Le 15 juillet dernier,
Contre les socialistes et leur gouvernement, les
parlementaires catholiques s’estiment parfaitement en droit de manifester
clairement et publiquement leur opposition à ce projet. L’Eglise
catholique elle-même, par la voix de l’évêque de Saint-Jacques de
Compostelle, Mgr Julian Barrio, défendit, le 25
juillet dernier, lors de la cérémonie inaugurant l’Année jubilaire de
Compostelle, son droit de prononcer des jugements moraux dans le domaine de la
vie publique contre «un laïcisme qui se présente comme un dogme fondamental
de l’Etat, alors que la foi est à peine tolérée comme opinion privée.» La
guerre des prises de position prit encore de l’ampleur lorsque le Conseil
éducatif national proposa au gouvernement d’exclure la religion
catholique de la liste des matières de l’enseignement ordinaire public2,
et que le gouvernement lui-même entend rediscuter les termes du concordat liant
l’Etat espagnol à l’Eglise catholique.
Dans cette affaire, l’Eglise d’Espagne
récolte ce qu’elle a elle-même semé ! La bonne logique est
incontestablement du côté des démocrates espagnols et des laïcistes. En effet,
si l’Etat comme tel et les autorités qui le représentent ne sont
assujettis qu’au seul suffrage des citoyens, sans égard à aucune
religion, l’opinion motivée par des considérations religieuses n’a
pas sa place dans la vie publique non plus que dans l’élaboration des
lois. Cette opinion doit rester strictement privée. A cet égard,
l’opinion émise par l’association «Juges pour
Ma position n’a absolument rien d’un
sophisme dans la mesure où la loi divine ne saurait s’imposer à quiconque
en vertu d’une simple convention humaine qui n’a par elle-même
aucune autorité à le faire, pas même cléricale ! L’évêque de
Saint-Jacques de Compostelle, Mgr Julian Barrio, est
donc dans son tort du point de vue du formalisme démocratique, seul à prendre
en compte ici.
Pour les catholiques, il n’y a pas
d’alternative religieuse au choix démocratique moderne : ou la
démocratie sécularisée, c’est-à-dire officiellement athée, est admise, et
le catholicisme doit disparaître totalement de la vie publique, ou ce
régime est condamné au nom même de la vraie foi au Christ, et alors, dans cette
seule hypothèse, le catholicisme peut espérer agir sur la vie publique. Telle
est la doctrine sociale de l’Eglise, rappelée par le Pape Léon XIII au XIXème siècle. Et ce
qui vaut pour les formes d’union s’applique également à la question
de l’avortement ou de l’euthanasie active. L’Etat sans
religion n’a pas d’autre morale que celle qu’il établit
lui-même en vertu de sa propre autorité. Et l’autorité de cette forme
d’Etat ne peut être légitimement mise en cause que par l’autorité
divine directement, c’est-à-dire l’Eglise elle-même ici-bas.
1 Edmundo
Achutequi, au nom de l’association «Juges pour
2 El Pais du 23 juillet 2004.
Quelle étrange stratégie, quelle absurde manie l’UDC
a-t-elle adoptée de se grimer, de se masquer, de s’affubler de grotesques
fausses barbes pour n’être pas reconnue dans ses initiatives et ses
propositions !
Prenez le cas récent de
Pour qu’on ignore
l’influence de l’UDC dans cette
association, son fondateur a été choisi en la personne d’Ulrich Schlüer.
Mais M. Vincent Bourquin, rédacteur à 24 heures, veillait. On ne la lui
fait pas. Il a compris immédiatement la manœuvre sournoise et il
l’écrit en éditorial du dodu quotidien vaudois1 : l’UDC démasquée.
Comment M. Bourquin
est-il parvenu à détecter l’influence de l’UDC
derrière une innocente association sécuritaire ? On vous le donne en
mille : c’est que M. Ulrich Schlüer est un
conseiller national zuricois membre de l’UDC, et il en est même, paraît-il, «un des idéologues».
Et voila réduits à néant les
efforts de l’UDC pour se cacher derrière une
touffue fausse barbe. Ne soyons pas dupes, proclame M. Bourquin,
C’est comme avec le Père
Noël dont la barbe est si manifestement un paquet de coton hydrophile que même
les plus petits ne s’y laissent pas prendre. Ça devient lassant à force
de monotonie.
Pourquoi l’UDC continue-t-elle à se masquer, à se grimer, à
s’affubler de barbes postiches, alors que chaque semaine, elle est démasquée
par la perspicacité époustouflante de M. Vincent Bourquin
et de 24 heures ?
Ce qui contribue aussi à
démasquer un homme politique, ce sont ses «dérapages». Vous avez sans doute
observé que lorsqu’ un orateur abandonne quelques instants la langue de
bois et les formules creuses convenues pour asséner quelque vérité dérangeante
– et politiquement peu correcte –, la presse, qui s’empresse
de relever le dérapage, met en lumière que le tribun a été démasqué.
Mais le politicien, à force de
dérapages successifs, et malgré la multitude de fausses barbes que M. Bourquin lui arrache hebdomadairement, devient membre du
gouvernement, dégraisse une administration pléthorique et pas toujours
efficace, et mène une politique appréciée du plus grand nombre.
Le sol est maintenant jonché
de masques et de fausses barbes. On ne connaît toujours pas le vrai visage du chef, mais il est
sûrement horrible. Terré dans son antre,
selon la formule consacrée, il tire les ficelles au bout desquelles
s’agitent l’ASIN,
Mais Vincent Bourquin veille ! Merci.
C.P.
1 24 heures du 4 février, pages 2 et 8
Les Suissesses et
les Suisses vont devoir voter sur le partenariat enregistré pour les
couples formés d’individus de même sexe, puisque le referendum lancé par le Parti évangélique et l’Union démocratique
fédérale a abouti avec 66'853 signatures.
Le projet de loi
propose de créer le partenariat enregistré, nouvelle institution juridique qui
permettra à deux personnes du même sexe n’ayant pas de lien de parenté de
donner un cadre juridique à leur relation de couple.
Le partenariat est
enregistré devant l’officier de l’état civil. Il atteste
l’engagement des partenaires à mener une vie de couple et à assumer
l’un envers l’autre les droits et les devoirs découlant du
partenariat enregistré. Ainsi, les partenaires se doivent l’un à
l’autre assistance et respect.
Ils contribuent, chacun selon ses facultés, à l’entretien de la
communauté. Ils prennent ensemble les décisions relatives à leur demeure
commune. Par ailleurs, le projet de loi règle la représentation de la
communauté et la responsabilité solidaire pour les dettes qui ont été conclues
en représentation de la communauté. Chaque partenaire a le devoir de renseigner
l’autre sur ses revenus, ses biens et ses dettes, et peut, en cas de
conflit quant à certaines questions importantes pour la communauté, recourir au
juge.
Comme le veut la
réglementation moderne du nom, l’enregistrement du partenariat reste sans
effet sur le nom légal. Les deux partenaires ont toutefois la liberté
d’utiliser au quotidien le nom de l’autre ou un double nom. Le
droit de cité cantonal et communal n’est pas modifié. Si l’un des
deux partenaires est de nationalité étrangère, il peut, selon le droit fédéral,
demander sa naturalisation après cinq ans de résidence en Suisse dans la mesure
où le partenariat est enregistré depuis trois ans au moins.
S’agissant de
leurs rapports patrimoniaux, les partenaires enregistrés sont soumis à un
régime qui correspond matériellement à celui de la séparation de biens du droit
matrimonial. Ils peuvent toutefois convenir, par acte authentique, d’une
réglementation patrimoniale pour le cas de la dissolution de leur partenariat
enregistré, et notamment prévoir de procéder à la dissolution selon les
dispositions du droit matrimonial concernant la participation aux acquêts.
En ce qui concerne
le droit successoral, le droit des assurances sociales, la prévoyance
professionnelle et le droit fiscal, les partenaires enregistrés ont le même
statut que les couples mariés. Le partenaire survivant a droit à une rente de
survivant aux mêmes conditions qu’un veuf.
S’agissant du
droit des étrangers, les partenaires étrangers sont soumis aux mêmes règles que
des conjoints étrangers. Lorsqu’un partenaire enregistré a des enfants
d’une précédente union, l’autre est tenu de l’assister de
façon appropriée dans l’accomplissement de son obligation
d’entretien et dans l’exercice de l’autorité parentale, et de
le représenter lorsque les circonstances l’exigent.
L’adoption
d’un enfant et le recours à la procréation médicalement assistée sont interdits.
Le partenariat
enregistré est dissous par le décès de l’un des partenaires ou par un
jugement. Les partenaires peuvent demander la dissolution par une requête
commune. Mais il est aussi possible à l’un des partenaires de demander la
dissolution s’ils ont vécu séparés pendant un an au moins. Comme en cas
de divorce, les prestations de sortie de la prévoyance professionnelle acquises
pendant la durée de la vie commune sont partagées entre les partenaires. Un
partenaire peut exiger une contribution d’entretien, mais à des
conditions plus restrictives qu’en droit du divorce. Par ailleurs, le
juge peut attribuer à l’un des partenaires le logement commun.
La conclusion
simultanée de partenariats est interdite au même titre que la polygamie.
Les excès des «Gay Pride» et
autres démonstrations publiques grotesques au cours desquelles des grandes
folles outrageusement maquillées et des lesbiennes laides et vulgaires
interpellaient les passants avec arrogance n’ont pas favorisé la
tolérance envers les minorités sexuelles.
Il était donc inévitable que vinssent
s’affronter sur ce terrain les fondamentalistes chrétiens pour qui
l’homosexualité est une abomination, plus ou moins suivis par une large
fraction de la population «normale» qui n’aime pas les «pédales»,
d’un côté et de l’autre les associations de gays et de lesbiennes
promptes à jeter l’anathème contre les prétendus «homophobes», timidement
suivis par toutes les bonnes âmes qui estiment que «chacun a le droit de vivre comme il l’entend».
C’est d’ailleurs cette idée qui sous-tend
l’article 8 de notre Constitution actuelle, qui interdit toute
discrimination du fait notamment de l’origine, de la race, du
sexe, de l’âge, de la langue, de la situation sociale, du mode de vie, des convictions
religieuses, philosophiques ou politiques, ou du fait d’une déficience
corporelle, mentale ou physique.
Cette conception, qui vise à la fois à proclamer un
supposé «droit à la différence» et
qui exige dans le même temps que les gens différents soient traités comme
s’ils ne l’étaient pas, n’est pas dépourvue
d’ambiguïté.
Dans une réflexion publiée par 24 heures, Mme Francine Brunschwig souligne que pour
les organisations d’homosexuels militants, le partenariat ne constitue
qu’une étape sur le chemin du mariage civil et du droit à
l’adoption. Après avoir fait observer que les questions soulevées par
les référendaires méritent réflexion, elle craint qu’on ne colle à ces
derniers, qualifiés d’empêcheurs de
tolérer en rond, l’étiquette trop simpliste d’homophobes
fondamentalistes. Elle poursuit : «Est-ce faire preuve d’intolérance que d’affirmer sa
réticence à faire fi des repères ancestraux qui constituent le fondement de
notre société, d’éviter de remettre en question le droit fondamental et
biologique de l’enfant d’avoir un père et une mère, de se demander
si le respect et l’intégration sociale des homosexuels implique forcément
de gommer toute différence entre une union homosexuelle et
hétérosexuelle…»
En réalité, personne n’a le droit de vivre comme
il l’entend. Non seulement vous ne pouvez écouter un opéra chez vous à
n’importe quelle heure, vous ne pouvez vous promener nu sur une plage,
mais vous ne pouvez même pas penser différemment
de la vulgate officielle sur certains sujets sensibles.
Mais la tolérance à l’égard des minorités est à
géométrie variable. La tolérance est de plus en plus grande pour les
homosexuels, elle est de plus en plus mince pour les fumeurs. Elle est grande
pour un «jeune» des banlieues françaises qui incendie des voitures et qui lance
des pavés à la tête des flics, en leur criant : «Salaud de Blanc, je te nique». Elle serait inexistante à
l’égard d’un jeune skin qui, sans incendier aucune voiture,
crierait : «Connard de Nègre».
Il n’empêche qu’à notre avis, il est
équitable d’accorder à un couple homosexuel vivant une relation stable un
statut comparable à un couple hétérosexuel aux points de vue (limités) du droit
successoral, de l’octroi d’une autorisation de séjour pour
étranger, de la prévoyance professionnelle ou du droit du bail.
Le plus important pour la préservation des repères ancestraux qui constituent le
fondement de notre société, comme l’écrit Mme Brunschwig,
c’est que l’enregistrement du partenariat n’aura aucune
influence sur le droit au nom, c’est l’interdiction de
l’adoption conjointe ou du recours à la procréation médicalement
assistée.
Si les milieux homosexuels me convainquent que le
projet de loi actuel les satisfait, qu’il n’est
pas qu’une étape vers le droit au mariage et à l’adoption, ils
me trouveront à leurs côtés.
Claude Paschoud
Cher Pamphlet,
Vous trouverez ci-joint ma participation pour un
nouvel abonnement. Votre revue continue à m’agacer, mais je dois y
trouver mon compte.
En tant que Français, je me délecte de voir
En tant que Suisse, cette perte de temps et
d’argent me navre bien sûr.
Car, n’en déplaise à Michel de Preux, je suis
Suisse et Français et n’ai pas l’intention de renoncer à cette
prérogative qui semble lui être insupportable. Devrais-je renoncer à
Un journal contestataire ne se doit pas de dire la
«vérité», car il devient dogmatique. Il devrait plutôt susciter la réflexion et
suggérer à ses lecteurs d’apprendre à se forger leur opinion sans se la
voir imposer par d’autres. Le refus de la pensée unique, voilà une idée
sur laquelle tout le monde est d’accord… !
Bien cordialement.
N.G.