Sommaire :
Claude Paschoud rend hommage à un grand
magistrat.
Max soupçonne Ben Laden d’être un agent électoral du
président américain ; il s’étonne d’une autre «coïncidence» en
Afrique ; il nous entretient de ses dernières lectures.
Xavier Savigny est furieux contre
Il existe un accord de fait entre
le catholicisme de «Vatican II» et le fondamentalisme protestant aux Etats-Unis.
Dans le débat sur les cellules souches
embryonnaires, Mariette rappelle des vérités toutes simples…
Le parti radical n’est
plus un parti du centre, c’est un parti du vide. Ceux de ses membres qui pensent seraient bien inspirés de
rejoindre un vrai parti politique.
Réforme de la répartition des tâches :
un petit non !
Nouveau régime financier :
un petit oui !
C’est le moment, pour les
abonnés de la version imprimée, de renouveler leur abonnement. Ceux qui nous
lisent sur Internet peuvent aussi s’abonner !
C’est à la
fin des années soixante que j’ai fait la connaissance de Jean-François
Leuba, lors d’un «Grütli», assemblée annuelle des Vieux-Zofingiens
vaudois à laquelle les Actifs sont invités, et c’est au sein de
C’est lors des travaux de cette commission que
j’avais pu apprécier la pensée originale, le discours clair et la plume
acérée de Jean-François Leuba. Les travaux de notre commission avaient pris fin
par la rédaction d’un «rapport» que le comité et l’assemblée
générale avaient couvert de louanges avant de le glisser dans un profond
tiroir.
Abonné au Pamphlet dès le premier
numéro, Jean-François Leuba nous avait conviés, Mariette et moi, à partager la
joie de son second mariage, célébré si j’ai bonne mémoire en 1978, alors
même qu’un article d’un de nos collaborateurs dans le numéro 61, de
janvier 1977, l’avait mis dans une noire colère. Il s’agissait à
l’époque d’une affaire de loi sur l’aménagement du
territoire… La hache de guerre avait été enterrée dès le numéro du mois
suivant !
Lorsque nous avons
lancé le référendum contre le port obligatoire de la ceinture de sécurité, en
avril 1980, avec mon regretté ami Jean-Jacques Reut, Jean-François Leuba nous a
immédiatement rejoints, avec 72 autres conseillers d’Etat, députés et
syndics, pour constituer le comité référendaire vaudois provisoire.
En mars 1983,
Jean-François Leuba n’avait pas aimé mon article «La main dans le
sac» et me l’avait fait savoir. Ces quelques divergences ne
l’ont pas empêché de m’appeler en juillet 1988 à diriger le service
juridique de l’office cantonal de contrôle des habitants et de police des
étranger. La polémique qui a suivi l’annonce de cette désignation, les
attaques haineuses dont je fus la cible et les critiques qui furent adressées à
Jean-François Leuba à cette occasion, y compris dans les rangs de la droite et du
centre, auraient largement suffi à n’importe quel magistrat radical pour
justifier un prudent repli et une volte-face tactique.
Jean-François Leuba
n’a pas cédé. Il appartenait à cette race d’hommes d’Etat
– espèce qui semble avoir pratiquement disparu – dont le souci
était moins la réélection, le nombre de suffrages à ne pas perdre ou à gagner,
l’avis du journaliste de service que la vérité, la justice et le bien
commun.
Nos routes ne se
sont plus guère croisées depuis la fin de son dernier mandat de conseiller
d’Etat qu’à l’occasion des «Grütli» zofingiens : il a
présidé
J’écrivais
ici même en février 1977 : «Nous avons
beaucoup d’estime et d’amitié pour M. Jean-François Leuba et il le
sait». Ces vingt-sept dernières années, l’amitié pour le camarade
officier et pour le frère de couleurs ne s’est pas démentie et
l’estime pour le magistrat, pour le «patron» a crû.
Il était un des
derniers grands hommes du canton et sa disparition brutale laisse un grand
vide.
Le « Message » (coïncidences)
Qui dira
ce qui serait sorti des présidentielles états-uniennes si, jaillissant de sa boîte
à surprises, M. Ben Laden n’avait proféré les menaces que l’on
sait ? Quarante-huit heures avant la conclusion de la campagne, l’épouvantable
Homme des grottes (afghanes), sorti d’hibernation, faisait basculer à
point nommé les derniers naïfs indécis dans le camp de l’immaculé cow-boy
du Millénaire. Bible à la ceinture et mode d’emploi démocratique en
bandoulière, chevauchant son Abrahms à la robe de sable, le Défenseur du Bien,
l’envoyé du vrai Dieu, se voyait confirmer quatre années de roue libre. C’est
à se demander si l’ancien élève de
«Moi, j’ai dit bizarre, comme c’est
bizarre.»
Un
chien de leur chienne ? (encore les coïncidences)
Sitôt le bail renouvelé au Roy Rodgers de Washington,
A Abidjan,
« Vous y croyez, vous,
aux coïncidences ?
– …
– Ben… comme
moi ! »
Mea pas culpa
«Why do they
hate us so much ?»1
(George W. Bush, à propos du reste du monde, dans un exceptionnel
moment de perspicacité).
A ceux qui trouvent que Max est un
ingrat quand il estime ne pas devoir son salut aux dignes successeurs de George
Washington, Max admet que le fait d’avoir vécu et étudié aux USA le
prédispose sans doute à une relation mitigée avec ce pays et suggère donc la
lecture du premier numéro de la revue l’Empire2
qui livre une analyse presque complète et très documentée de cette
partie du continent nord-américain sous ses aspects essentiels :
politique, économique, militaire, sociologique, culturel et religieux, et même humoristique.
Même M. Jean Ziegler y est, pour une fois, pertinent. Lecture à laquelle
on pourra adjoindre le tout aussi instructif et fort spirituel pamphlet d’Antoine
Chereau et Yann Le Poulichet : 50 bonnes raisons de…
…détester les Américains3. Deux ouvrages qui cependant ignorent
avec une exquise pudeur le « Lobby qui n’existe pas », mais qui
vérifient amplement la constatation Wildienne que «les Etats-Unis
d’Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la
décadence sans jamais avoir connu la civilisation».
Pas tout à fait
d’accord…
…avec
l’excellent Roger Minne, qui remarque, dans son 61e Cri de
Un simple « détail »
Pierre de Villelibre5 m’assure avoir
entendu le premier ministre turc préciser, lors de sa récente tournée de séduction
publique en France, sans doute pour qu’on ne minimisât point, en Europe,
l’importance de la réalité turque, que s’il y avait soixante-dix
millions de ressortissants turcs, le monde comptait deux cent quatre-vingt
millions de turcophones, tous pays confondus. Curieusement, dans la classe politique française, personne ne
s’en est ému… Une comparaison avec l’actuelle population de
l’UE aurait pourtant été instructive.
1 « Pourquoi
nous détestent-ils tant ? ».
2 Abonnements :
FIAC, 84 Bd de Sébastopol, F 75003 Paris (tél. : 01 42 74 28 00).
Distribution en Suisse : Naville S.A.
3 …dont
sont extraites les citations de Mark Twain et d’Oscar Wilde – Big
Bang Communication, Boao éditions, octobre 2004, France, n° éditeur :
7045, ISBN : en cours
4 Le
Cri de la chouette, abonnements et courrier : Club de
5 Pseudo !
UNIGE : le coût de la bêtise
A l’heure où,
une fois de plus, les fonctionnaires manifestent pour revendiquer des dépenses
supplémentaires de toutes sortes, il nous semble intéressant de vous faire part
d’un cas particulier qui pourrait avoir valeur d’exemple.
Il y a une année et
demie, la future Madame Savigny, Alexandra (prénom fictif évidemment), qui se
sclérosait alors comme assistante de gestion dans une banque de la place,
décidait de se recycler dans une voie toute différente et qui répondait mieux à
ce qu’elle attendait d’une activité professionnelle
motivante : l’enseignement. N’ayant aucun moyen de faire
valoir des équivalences pour les diplômes universitaires obtenus en Espagne où
elle avait passé une bonne partie de sa jeunesse, elle décidait, à l’aube
de la trentaine, d’entreprendre quatre années d’études au sein de
la faculté des sciences de l’éducation de l’université de Genève.
Le cursus de cette faculté se compose d’une année de tronc commun et de
trois années de spécialisation, soit en Licence Mention Enseignement (LME),
soit en Licence Mention Recherche et Intervention (LMRI), soit enfin en Licence
Mention Formation pour Adultes (LMFA). Or, la filière LME que désirait suivre
Alexandra ne peut être entreprise qu’après avoir présenté un dossier
complet et passé un entretien, tout cela quasiment à la fin de la première
année, les deux autres filières ne faisant pas l’objet de conditions
d’admission en dehors de la réussite des examens de fin de première
année.
Motivée et pleine
de bonne volonté, Alexandra quitte donc son employeur, renonce aux revenus
confortables que lui assurait ce dernier, fait une demande de bourse
qu’elle obtient et se lance dans l’aventure universitaire en
octobre 2003. On se serre un peu la ceinture et on se on se rassasie au sein de
l’Alma Mater. Assidue et studieuse, la jeune femme enchaîne sans relâche
cours, remplacements dans des classes spécialisées, stages et étude à la
maison. Elle monte le dossier d’admission en LME et se prépare à
l’entretien avec quelques amies qui étaient passées par là. Le jour
fatidique arrive et l’entretien, destiné semble-t-il à évaluer les
motivations et capacités des candidats, se passe comme dans un rêve. Des vingt
minutes qui sont consacrées à la discussion, les dix dernières se passent sur
le ton de la conversation amicale. Les deux «experts», pédagogues et
enseignants, semblent satisfaits des réponses qu’ils ont reçues et
complimentent même Alexandra sur la qualité de son dossier. Puis viennent les
examens de fin d’année. La jeune femme réussit toutes les épreuves, et la
plupart des matières avec d’excellentes notes. Confiante, elle passe
l’été à se reposer de cette année difficile et se prépare à reprendre les
cours, lorsque tombe la décision de la faculté : Alexandra n’est pas
acceptée en LME. Contrairement ce qui lui avait paru, l’entretien
s’est mal passé, ses interlocuteurs ne l’ont pas trouvée à leur
goût…on ne sait pas trop pourquoi. Mais ce qui est sûr, c’est
qu’elle ne peut continuer la formation pour laquelle elle a tout laissé
tomber. Elle peut consulter son évaluation et faire recours contre la décision,
ce qu’elle fait. L’évaluation de l’entretien montre que les
experts on estimé qu’elle n’était pas assez extravertie dans sa
manière de communiquer et qu’elle manquait d’expérience dans
l’enseignement. Car, je vous le donne Emile et pour pasticher le regretté
Coluche : « Maintenant, pour apprendre à enseigner en Suisse, il faut
avoir enseigné ! Encore un
nouveau pas en avant de la connerie. Mais dites-moi, dites-moi, jusqu’où
s’arrêteront-ils ?» En somme, la faculté des sciences de
l’éducation estime qu’en vingt minutes, il est possible de se faire
un avis définitif sur les capacités d’une personne à transmettre son
savoir à des enfants. Si ce genre d’expertise était appliqué aux
enseignants, il y a des chance pour que, d’une part, on soit rapidement
en manque de personnel dans les établissements scolaires et que, d’autre
part, on ne puisse plus circuler dans les rues de Genève en raison des
manifestations. Soyons sérieux. Les critères sur lesquels sont évalués les
candidats relèvent pour certains de la plus pure subjectivité et n’ont
donc pas lieu d’être.
Ce système de
numerus clausus est inadmissible sous cette forme. Que l’on dise aux
étudiants que seuls les cent meilleurs résultats aux examens seront admis en
LME, soit. Il s’agit alors de critères objectifs, et celui qui ne fait
pas des résultats satisfaisants sait que les autres étaient, sinon meilleurs,
du moins mieux préparés. Que l’on n’admette les étudiants en LME
que sur dossier comme cela se voit beaucoup pour les grandes écoles françaises,
soit, mais sur la base de critères objectivement quantifiables et ce avant le début de la première année.
Car l’autre
aspect, financier celui-là, et qui nous concerne tous, nous les contribuables
qui finançons l’université, c’est le coût engendré par ce système
grotesque. Alexandra vient de recevoir la décision de la commission qui a jugé
de la recevabilité de son recours. Elle a gagné, un mois après que les cours
ont recommencé, elle a été créditée de deux points supplémentaires sur son
évaluation (sortis d’un chapeau) et peut donc continuer ses études. Elle
n’y retournera pas, elle a retrouvé du travail et l’injustice dont
elle a été victime a définitivement anéanti l’envie d’entrer dans
ce système arbitraire. Coût de son année d’études, bourse comprise :
environ trente mille franc. C’est beaucoup, non ?
Car dans ce cas
l’étudiante est la victime. Mais on peut extrapoler ce problème à toutes
celles et ceux qui en entrant à l’université commencent par une année de
droit, puis s’essaient à un peu de médecine et finissent en lettres,
prolongeant autant que possible la durée de leurs études et se complaisant dans
ce statut. Toutes ces années inutiles de tourisme estudiantin coûtent à la
communauté des sommes importantes. Alors que faire pour encourager tous ces
jeunes en formation à ne pas traîner en chemin ? Facturons les études à
prix coûtant pour les années qui dépassent un forfait, dix semestres par
exemple. Je suis persuadé que les choix de départ seraient mieux réfléchis et
que les étudiants auraient à cœur de terminer rapidement leur cursus.
Vous pensez comme
moi qu’avant de revendiquer dans la rue, il y a des économies à
faire ?
Xavier
Savigny
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Réd.
Deux
faits marquent l’actualité mondiale depuis quelques décennies : la
politique extérieure des Etats-Unis d’Amérique du Nord, que Raymond Aron
nommait «
Les
Etats-Unis d’Amérique cachent-ils leur faiblesse par des déploiements de
puissance sur des Etats faibles et indéfendables, comme certains l’ont
prétendu, ou au contraire ne révèlent-ils au monde que leur cynisme en
attaquant leurs partenaires de la veille, hier l’Irak, demain
l’Iran ? Il est difficile de trancher, car leur silence et leur
attentisme à propos de
A moins
de se situer à un tout autre niveau, étranger aux préoccupations habituelles du
monde diplomatique, militaire et politique. Quand l’Europe liquide
allègrement ses racines chrétiennes, auxquelles elle substitue une religion
nouvelle, sans divinité ni transcendance, et qui n’a, au fond, que
l’homme pour centre, l’Amérique de G. Bush ou de John Kerry a la
même religion nouvelle, mais elle montre sa différence sur ce terrain. Les
Américains n’ont pas honte de leurs racines chrétiennes.
L’évangéliste Bush en parle, comme naguère Clinton, sans retenue, et le
catholique Kerry a toutes les réserves à ce sujet d’un authentique
libéral. Mais ne nous y trompons pas ! Tous deux ont la même ferveur
démocratique et pratiquent exactement le même culte de la mission
providentielle qu’ils prêtent à leur pays. Entre eux, ce n’est pas un choix de société, ni de
sacristie, mais de club (en Europe, on dirait : de salon). On reste dans
le même palais,
Mais on
voit les résultats de cette politique moralisatrice dissimulant un affairisme
sans frein. Son fruit naturel : le chaos. La prochaine guerre d’Iran
promet une extension de celui-ci, donc une déstabilisation accrue au
Moyen-Orient. Le conflit israélo-arabe n’a aucune raison de cesser. Une
fausse religion ne peut que favoriser des politiques à courte vue, car il
n’y a pas plus obtus que des sectaires, dont l’aveuglement sur la
religion musulmane persistera parce qu’il est sans remède, étant jugé
sans péché. Qui discerne dans toutes ces impasses les fruits naturels
d’un christianisme déviant ? Pratiquement personne.
Parallèlement,
les pays d’Europe, dont l’unité religieuse ferait la force parce
que leur histoire l’a amplement démontré, y compris sur le plan
strictement économique, tant prisé aujourd’hui, mais isolé, idolâtré, par
conséquent trompeur autant que nuisible, fuient leurs sources religieuses de
vie et s’en détachent avec une sorte de rage ou de furie française. Les
Européens courent après le rêve américain, leur tombeau ! Les Européens
sombrent dans la vanité et la vacuité. Moins naïfs que leurs funestes modèles
d’outre-Atlantique, ils ne moralisent pas, ils travaillent fébrilement à leur
propre mort. L’ascendant de l’Etat juif sur leur personnel
politique et religieux n’a pas d’autre cause.
Michel de Preux
Jamais le
mot «éthique» n’a été autant utilisé que dans le débat concernant
l’utilisation des embryons surnuméraires à des fins de recherche, sur
laquelle nous devrons nous prononcer le 28 novembre. Il est sur toutes les
lèvres et sous toutes les plumes, dans des acceptions diverses, évidemment. Le
pasteur Jean-Marie Thévoz, invité de 24
Heures du 11
novembre, ne fait pas exception à la règle : constatant que
Revenons sur quelques points de ce
tissu de contorsions intellectuelles «éthiques».
L’un
des fameux «garde-fous» prévus pour éviter les abus est qu’aucun embryon
surnuméraire ne pourra être utilisé par la science sans le consentement de ses
géniteurs. Si ces derniers acceptent de livrer à la recherche un rejeton qui
n’a pas fait l’objet d’un «projet parental», ne
procéderont-ils pas à un «don d’embryon», au risque de choquer le pasteur
Thévoz ?
Le
pasteur Thévoz ne voit pas d’alternative à la mort inéluctable et
programmée des embryons surnuméraires – il a d’ailleurs bien des
frères, hélas. Il rejette avec horreur l’idée d’un programme
étatique de mères porteuses. Il a bien raison. Mais pourquoi
n’envisage-t-il pas, comme moi, une modification de la législation qui
permettrait de faire adopter ces embryons par des couples stériles ?
Quelque «interprétation éthique des convictions chrétiennes»
s’opposerait-elle à cette solution ?
La
recherche est une belle chose et je veux bien admettre, à la rigueur, que la
recherche suisse doit rester à la pointe du progrès pour des motifs
économiques. Mais alors, il faut aller jusqu’au bout du
raisonnement : la recherche suisse sur les cellules souches embryonnaires
ne pourra rester à la pointe du progrès que si l’on supprime les
«garde-fous» qui rendraient la législation suisse en la matière plus sévère que
celle des autres pays. Il ne faut pas se leurrer : le texte sur lequel on
nous demande de nous prononcer n’est que l’aboutissement provisoire d’une évolution qui part de l’autorisation de
la procréation assistée, se poursuit par la production d’embryons
surnuméraires – dont on nous avait dit, si ma mémoire est bonne,
qu’elle n’aurait pas lieu – et aboutit à la question du sort
de ces derniers. Si la loi passe, l’évolution se poursuivra inévitablement
par la suppression progressive des «garde-fous», au nom de la compétitivité.
Exemple : que se passera-t-il si la procréation assistée peut se faire un
jour sans production d’embryons surnuméraires ? Renoncera-t-on à
poursuivre les recherches faute de cellules souches embryonnaires ? Bien
sûr que non ! On modifiera la loi pour que la production d’embryons
destinés à la recherche devienne licite. Le «garde-fou» numéro un sera
supprimé. Alors, mieux vaut enjoindre tout de suite aux chercheurs de se
concentrer sur les cellules souches adultes – ça existe, même si beaucoup
de gens l’ignorent – qui n’ont de loin pas dit tout ce
qu’elles ont à dire et qui peuvent se prélever sans qu’il y ait
mort d’homme.
Je
suis une femme simple. Je pense qu’il y une place pour chaque chose et
que chaque chose devrait être à sa place. Il en va de même pour les enfants du
Bon Dieu. La place d’un embryon est dans le ventre d’une femme et
non dans un laboratoire.
Cela
fait sans doute de moi une fondamentaliste aussi redoutable qu’un
terroriste islamiste. Au moins, on ne pourra pas me reprocher une
«interprétation éthique des convictions chrétiennes», c’est-à-dire une
impardonnable hypocrisie.
Mariette Paschoud
Dans le dernier
numéro du Pamphlet, j’espérais la victoire de Martin
Chevallaz dans la course au Conseil d’Etat vaudois, tout en avouant mon
pessimisme.
Pessimisme, hélas,
justifié. Alors que la droite et le centre bénéficiaient ensemble d’une
occasion inespérée de regagner un siège au gouvernement, c’est la gauche
qui l’a emporté, avec une avance si nette qu’elle ne peut
s’expliquer que par l’abstention d’une partie de la droite et
même par la trahison d’une large frange des radicaux. Pour ce qui est du
PDC, on ne peut pas parler de trahison, car les démocrates chrétiens se
proclament de gauche très franchement eux-mêmes.
Mais à
quoi servent aujourd’hui les radicaux ?
Dans une des
dernières livraisons de
M. Delacrétaz fait
un constat parfaitement vérifiable, mais cette inversion des fins et des moyens
n’a-t-elle pas toujours été la particularité des radicaux ?
Qu’y a-t-il donc de nouveau ?
Le parti radical
n’a jamais eu de corps de doctrine autre que la conquête du pouvoir et
l’occupation des sièges. Il y a encore quelques décennies, la qualité
humaine des magistrats faisait passer à l’arrière-plan la vacuité de leur
programme. On croyait alors qu’une bonne «Realpolitik», qui
s’efforce de résoudre les problèmes à mesure qu’ils surgissent,
vaut toutes les doctrines. Les philosophes, les penseurs, les essayistes qui
tentaient de désigner des buts, de dégager des voies, d’explorer les
terres nouvelles de la pensée politique, ces théoriciens n’étaient pas
trop bien vus chez les radicaux. Pour penser, mieux valait rejoindre les rangs
libéraux ou ceux de l’ultra-gauche.
A l’aube du
XXIe siècle, on s’aperçoit brutalement que cette politique-là
a conduit dans tous les domaines à des échecs : la politique de la santé
est dans l’impasse, la politique de l’asile est un échec patent,
l’approvisionnement en énergie n’est pas assuré à long terme, les
pandémies se développent, les guerres sévissent, la sécurité du territoire
coûte toujours aussi cher, mais n’est pas outillée pour combattre le
terrorisme, seul ennemi visible aujourd’hui, les déficits publics
s’accumulent, les entreprises licencient ou «délocalisent», donc le
chômage s’accroît et la libre circulation des personnes au sein de
l’Union européenne exerce une pression à la baisse sur le niveau des
salaires.
Les classes
moyennes voient leurs revenus réels diminuer par l’augmentation constante
des charges auxquelles on ne peut échapper, comme l’assurance maladie et
l’impôt.
Dans une situation
aussi grave, il faudrait des hommes d’Etat courageux, qui n’aient
pas peur de dire des vérités déplaisantes : «Mes chers compatriotes, vous avez vécu pendant cinquante ans victimes
d’une illusion. On vous a fait croire que vous pouviez vous offrir le
train de vie dont vous avez bénéficié. En réalité, vous avez dépensé une part
du revenu national supérieure à celle que vous étiez capables de créer dans le
même temps et vous vous êtes endettés sans le savoir. Aujourd’hui, il
faut payer. Dès demain, il faut gagner moins, travailler plus et plus
longtemps, il faut remettre en question les «acquis sociaux» et le temps perdu
pendant les grèves sera déduit du salaire des grévistes».
Imaginez-vous un
seul homme politique radical qui oserait proférer de telles énormités en
espérant être (ré)élu ? Il préfère de beaucoup développer quelques idées
apparemment généreuses :
Et une fois élu,
quel sera son programme ? Ne déplaire à personne, en vue d’être
réélu.
Le parti radical
n’est plus un parti du centre, c’est un parti du vide. Pourquoi ses
membres ne rejoindraient-ils pas la formation politique la plus proche de leur
sensibilité – je ne dis pas de leur(s) idée(s) – où il y a encore
des gens qui pensent : libéraux, UDC, socialistes ? On y verrait
sans doute plus clair, puisque les radicaux ne servent à rien !
C.P.
1
Réforme de la répartition des tâches
Un des objets de la
votation fédérale du 28 novembre prochain a trait à la réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches
entre
Le but est
assurément louable et on se réjouit de constater que le désenchevêtrement des
tâches qu’aujourd’hui encore
Malgré ces défauts,
cet aspect de la réforme est positif, car il restitue clairement aux autorité
cantonales des compétences et des moyens financiers qu’il leur appartient
de gérer.
Mais les cantons
auraient le devoir de coopérer entre eux et
* * *
*
Malgré
d’indéniables qualités de l’ensemble, c’est ce dernier volet
qui me heurte le plus. Ces tâches intercantonales, où les cantons seront tenus
de conclure des conventions sous menace de subir la contrainte de
Pour le service
d’information du Centre patronal, qui admet que le principe de la force obligatoire d’une convention à
l’égard de tout ou partie des cantons constitue une limitation importante
de la souveraineté cantonale, (…)
cette réforme garantit néanmoins une
solidarité «raisonnable» entre les cantons et procure à chacun d’eux les
moyens nécessaires pour faire face à leurs responsabilités.
Je ne partage pas
cette confiance et cet optimisme. S’il faut saluer l’effort de
«désenchevêtrement» des compétences cantonales et fédérales, il convient
d’être méfiant à l’endroit de ces compétences partagées, avec
obligation de collaboration.
Tout bien
considéré : un petit non !
Il n’y a pas
de «nouveau» régime financier. Simplement,
Nous sommes
d’avis que l’impôt fédéral direct aurait dû être supprimé depuis
longtemps, et sa perte pour
Néanmoins, la
prolongation jusqu’à fin 2020 du système actuel est un moindre mal.
Tout bien
considéré : un petit oui !
C.P.