Sommaire :
L’éditorialiste ne cache pas l’irritation que provoque chez
elle les grèves du service public.
Pour l’élection complémentaire au Conseil d’Etat vaudois, la
droite et le centre droit doit se mobiliser en faveur de Martin
Chavallaz !
Un vote blanc dans le canton de Vaud le 28 novembre.
Le rétablissement de la corvée ?
Pour Michel de Preux, l’islam (toutes tendances confondues) et les valeurs
de notre civilisation occidentale sont radicalement incompatibles.
Notre correspondant permanent Xavier Savigny donne son point de vue sur
les prétendues «bavures» policières à Genève.
Pour Claude Paschoud, l’interdiction de la double nationalité est
raisonnable.
Un lecteur propose une prime pour les jeunes parents.
Nul ne saurait l’ignorer : le service
public vaudois se met en grève, le service public vaudois manifeste en masse,
corps enseignant en tête et slogans débiles à la clé : «Assez, assez, assez d’austérité !
Ensemble, ensemble, ensemble il faut lutter !», beuglait un
«gueulophone» sur
Le problème, avec les militants
syndicalistes, c’est qu’ils sont bêtement optimistes et
intégralement obtus. Ils sont optimistes, parce qu’ils s’imaginent
que, sous réserve de quelques imbéciles ringards, tout le monde est
d’accord avec leurs revendications prétendument légitimes. Ils sont
obtus, parce que, incapables de voir au-delà de leurs intérêts corporatistes,
ils ne se rendent même pas compte qu’ils ont une mentalité de preneurs
d’otages.
Quels otages dans le cas des débordements du
service public ? Les gens que les manifestants privent du droit de se
déplacer librement à l’heure qui leur convient; les passants pressés
obligés de louvoyer au milieu d’une foule compacte et de prêter une
oreille attentive aux malheurs des rebelles, alors qu’ils en ont bien
assez de leurs propres soucis; les parents d’élèves qui, lors des grèves,
doivent choisir entre s’organiser pour garder leurs enfants pendant les
heures de classe ou se contenter d’un «service minimum» par définition
insuffisant, et les écoliers privés d’un enseignement digne de ce nom;
les usagers des différents bureaux ouverts au public qui, eux aussi, en cas de
grève, ne bénéficient que d’un «service minimum», avec tout ce que cela
implique de temps perdu; les paroissiens des pasteurs qui «dressent la chaire
dans la rue»2 et ne s’occupent pas de leurs ouailles pendant
ce temps-là; les contribuables, enfin, qui assumeront le paiement des heures
volées à l’Etat, tant il est probable, compte tenu de la faiblesse du
gouvernement vaudois et de la difficulté de recenser les grévistes et les non-grévistes, que les fauteurs de trouble
toucheront néanmoins leur traitement complet.
Pourquoi toute cette chienlit ? Parce que
l’Etat de Vaud, en raison de la situation financière florissante
qu’on lui connaît, a décidé de ne plus indexer et augmenter chaque année
les salaires de ses serviteurs. Oh ! bien sûr, nos nobles cœurs
exigent aussi l’abandon de certaines coupes dans le domaine social. Il
faut bien cacher la m… au chat. Ils font aussi des propositions
d’économies dans d’autres domaines. Cela vous a un petit air
constructif du meilleur aloi. Il n’en reste pas moins que leur but
premier est de défendre leurs privilèges, quitte à faire payer les
autres.
Si, ce qu’à Dieu ne plaise, nous étions le
gouvernement vaudois, nous tiendrions aux grévistes et autres manifestants le
langage suivant : «Vous
n’êtes pas satisfaits de votre sort ? Nous ne vous retenons pas. Que
les employés administratifs cherchent du travail dans le secteur privé. Que les
enseignants cherchent du travail dans l’enseignement privé. Que les
pasteurs s’engagent dans les œuvres missionnaires : il y a
faire dans le tiers-monde. Vous avez le droit de faire la grève, mais rien ne
vous oblige à rester dans le service public. Alors, vous choisissez : ou
bien vous vous soumettez ou bien vous vous démettez.»
Gageons que les départs seraient rares.
Un mot encore à propos des pasteurs. En descendant sur
le trottoir, non pas pour y «dresser la chaire dans la rue» –
l’unique pasteur de notre connaissance que nous avons vu lors de la
manifestation du 23 septembre n’était nullement occupé à prêcher
l’Evangile hors de son église –, mais par «solidarité» avec les
autres victimes d’un Etat notoirement esclavagiste, les pasteurs
«engagés» démontrent qu’ils n’ont pas choisi la consécration par
vocation, mais pour s’assurer un métier protégé et bien rémunéré. La
forfaiture est là plus flagrante encore que dans les autres cas.
Mais consolons-nous : les abus syndicalistes du
service public risquent de créer la mauvaise humeur chez de nombreux Vaudois, à
la veille de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat. Et ça,
c’est mauvais pour Pierre-Yves Maillard, syndicaliste de pointe, même si
ce n’est pas dans le service public. Par conséquent, c’est bon pour
Martin Chevallaz, ce qui nous réjouit considérablement.
Le
Pamphlet
1 Nous y étions par un malencontreux hasard. Nous n’avons pas assisté aux manifestations du 28 septembre et du 5 octobre, mais nul doute que ce devait être du même tonneau..
2 Cf. rubrique de l’invité signée par le Pasteur Claude Schwab dans 24 Heures du 23.9.2004.
Pour remplacer au
Conseil d’Etat le socialiste Pierre Chiffelle, contraint de démissionner
pour raisons de santé, deux candidats «sérieux» sont en lice : le
socialiste doctrinaire Pierre-Yves Maillard et le démocrate du centre Martin
Chevallaz.
Tous les électeurs
de droite, et même ceux de cette nébuleuse qu’on appelle
aujourd’hui le «centre droite» se doivent évidemment d’aller voter,
et de voter pour Martin Chevallaz.
Quel que soit le
choix de l’électeur, le gouvernement comptera après l’élection
complémentaire deux veritables hommes d’Etat, si j’ose
m’exprimer ainsi : le nouvel élu et Mme Anne-Catherine Lyon. Les
cinq autres sont le tout-venant sur lequel devront s’appuyer nos deux
«pointures».
On espère que le
peuple vaudois ne trouvera pas opportun que ces deux chefs de file soient
socialistes l’un et l’autre, et de l’espèce la plus
engagée !
Pour contrebalancer
l’influence de Mme Lyon, il ne faut pas moins qu’un Martin
Chevallaz, grand homme dans une petite taille, tombé bébé dans le chauderon de
la politique, habile stratège et fin psychologue, doué d’une autorité
naturelle et d’un charisme étonnant.
En qualité de
premier-lieutenant chef de section d’une compagnie d’infanterie de
montagne, j’ai servi sous ses ordres. Il était le commandant de
compagnie, avec le grade de lieutenant. J’ai pu mesurer ses qualités
humaines, ses dons d’organisateur, ainsi que son charme. «La troupe est femme» disait déjà Napoléon. Chacun des
subordonnés du lieutenant Chevallaz s’efforçait de bien faire, pour être
agréable au commandant !
Bien que
j’espère sa victoire, je suis néanmoins pessimiste. Les radicaux
n’iront pas voter au premier tour, parce qu’ils n’ont pas
pardonné à Martin sa position sur l’EEE, qui était pourtant la bonne,
comme l’avenir l’a prouvé. Mais les groupies de Jean-Pascal
n’ont pas digéré que le jeune freluquet brave l’autorité du Guide.
On lui pardonnera
encore moins d’avoir adhéré à l’UDC et de se trouver maintenant
dans le camps des vainqueurs, de ceux qui ont des idées, qui font des
propositions, qui alimentent le débat politique, alors que les radicaux, qui
n’ont rien à proposer depuis longtemps si ce n’est la pérennité de
leurs prébendes, seront inévitablement les losers
des prochains films.
C.P.
Trêve de verbiage : l’hypothèse d’une
entrée de
Dialogue :
Bush : – Mlle Europe, acceptez-vous pour époux M. Ottoman ?
Schroeder et Chirac : – Oui !
(répondant en chœur pour la malheureuse)
Ouf !
« Accusé, levez-vous et déclinez
votre identité.
– Saddam Hussein al Tikriti,
président de
Un
homme de cette trempe mérite au moins d’être bien défendu. A moins
d’une miraculeuse mais improbable restauration en vue de pacifier,
rétablir et reconstruire un Irak hier encore moderne sur les ruines fumantes
d’un pays désormais amenuisé à l’état de «ripoublique
islamo-démocratoïde», et sauf défaillance cardiaque définitive et
providentielle pour ses kidnappeurs, on peut désormais s’attendre à ce
que le président Irakien, qui a la dureté du wolfram, marche sans faiblir à son
supplice après son inévitable condamnation à mort par les émanations que nous
savons. Mais il sera plus difficile, au siècle de la circulation tous azimuts
des informations, de bâillonner cet homme courageux que ce ne fut le cas pour
le pugnace et également courageux maréchal du Reich à Nuremberg… Une
malheureuse série de dysfonctionnements audio-visuels assortie de quelques
pannes de micros peut-être ?
Cher « soldat oublié », plus de trente ans
se sont écoulés depuis ce jour où l’ancien de la
« Großdeutschland » avait posé au jeune lieutenant avide de
témoignages du front de l’Est la question fatidique : « Qui servez-vous ? »
Incertain d’une réponse en amont, je ne trouvai de certitude que vers
l’aval. J’ai donc pris le parti le plus simple : servir mes
hommes, en m’efforçant de les commander au mieux de mes capacités et de
les guider au mieux de mes possibilités… Question bien dérangeante
cependant, cher « Dimitri », lorsqu’elle s’adresse à ceux
qui nous commandent. J’ai tâché de raccourcir le problème en réduisant la
distance vers le haut. Mais je n’imaginais pas pouvoir un jour la
répercuter à l’un des grands patrons d’un très puissant service de
renseignement… et découvrir alors, au regard troublé de ce sexagénaire,
qu’à passé soixante ans, il ne se l’était encore jamais posée. Je
le trouve un peu plus préoccupé depuis…
Moldavie :
Belgique :
ce dernier pays fait part de son intention de démonétiser les pièces de un et
deux centimes d’euro… Petit rappel : un centime d’euro
égale un peu plus de six centimes et demi de franc (jadis) français…
Petite escroquerie inflationniste qui va rapporter gros.
Merveilleuse
charge de Madame Léa Fazer, si mal comprise des critiques. Avec adresse et
gaieté, la cinéaste suisse relève les ingrédients de ce qu’on pourrait
nommer «un éternel malentendu culturel
entre proches voisins», tout en menant tambour battant une double
intrigue amoureuse et… financière. Elle maîtrise tout autant l’art
du vaudeville que celui du coup de théâtre… même si l’arme secrète
de Grand-maman Sempach n’est pas tout à fait celle qu’on imagine
dans le contexte d’une Suisse aux prises avec les menaces et les
occasions de 39 à 45… et si le médiocre chocolat de ses deux fils est
assez peu compatible avec une fulgurante ascension économique. Dans
l’esprit d’un certain Gilles (Vaudois jadis expatrié à Paris, comme
aujourd’hui notre Genevoise d’origine valaisanne), Français et
Suisses sont mis en face d’eux-mêmes avec esprit et légèreté… Seuls
les « psychorigides » se vexeront.
1 Rivarol, n°2685, du 1.10.2004, p. 1.
2 Auteur du «Soldat
oublié», Robert Laffont, 1976, ISBN 2-221-83739-11, relation de son expérience
de soldat lorrain enrôlé dans
3 De mémoire, d’une réplique du film.
Bricoles
Précisions
J’ai – c’est Mariette qui vous parle
– commis dans le dernier numéro du Pamphlet une erreur :
m’exprimant dans mon éditorial sur l’assurance maternité à titre
personnel, j’aurais dû signer ma prose de mon propre nom, afin que
personne n’ait l’idée d’attribuer mon opinion à un autre
collaborateur de notre journal. Je présente mes excuses à l’équipe du Pamphlet
et aux lecteurs que j’aurais involontairement abusés.
Je saisis cette occasion pour préciser que, à moins
d’être morte ou intransportable, ce qui, Dieu merci, arrive rarement,
c’est moi qui rédige l’éditorial en tant que rédacteur responsable.
Après avoir vu le film qui a tant plu à
Max, Mariette envisage de consulter un psy pour cause de «psychorigidité».
Le
28 novembre, les citoyens vaudois devront se prononcer sur diverses mesures
d’assainissement des finances du canton. Une de ces mesures consiste à
offrir le choix entre une augmentation générale du coefficient d’impôt et
une augmentation d’impôts «ciblée», c’est à dire ne touchant que
les hauts revenus. La légalité de ce procédé fait l’objet d’une
controverse juridique que nous ne sommes pas en mesure de trancher. Il
n’en reste pas moins qu’on nous propose de choisir entre une
augmentation des impôts et une augmentation des impôts, entre la peste et le
choléra. Pour que notre vote soit valable, il nous faudra, quel que soit le
libellé de la question, répondre «oui» à l’une des propositions et «non»
à l’autre.
Il convient de réagir à ce que nous
considérons comme un abus de pouvoir. Comment ?
Dans un premier temps, nous avons pensé
qu’une avalanche de bulletins nuls – deux fois «oui» ou deux fois
«non» ou uniquement un «non» – démontrerait au Conseil d’Etat que
les citoyens vaudois ne s’en laissent pas compter. Suite à un avis
autorisé, nous avons changé d’idée : comme les bulletins nuls sont dus
le plus souvent à des erreurs – ce dont le Conseil d’Etat ne
manquerait pas de se prévaloir – il vaut beaucoup mieux voter blanc, acte
délibéré. Bien entendu, même si les bulletins blancs sont plus nombreux, voire
beaucoup plus nombreux, que les bulletins valables, cela n’empêchera pas
la hausse des impôts. Mais peut-être le Conseil d’Etat
s’avisera-t-il qu’il doit faire mieux la prochaine fois. Votons
donc blanc le 28 novembre et saisissons chaque occasion de convaincre nos
proches, nos amis, nos voisins et tous ceux que nous côtoyons de voter et de
voter blanc sur ce point. Les Vaudois, même riches, ne sont pas des vaches à
lait que diable !
Le bruit court avec persistance que
l’obligation de servir dans l’armée pourrait être supprimée pour
nos garçons d’ici pas très longtemps.
Pourquoi pas ? Si l’armée suisse n’a
plus besoin de la conscription obligatoire pour assumer ses tâches, il
n’y a pas de raison de la maintenir au nom d’une conception de
l’armée de milice dépassée et nostalgique. Nous l’avons dit des
dizaines de fois dans ces colonnes : l’obligation de servir dans
l’armée n’est tolérable que s’il n’y a pas
d’autre moyen d’assurer à
Or, des voix s’élèvent déjà ici et là pour
préconiser le remplacement de l’obligation de servir dans l’armée
pour les hommes par une obligation de servir généralisée, y compris pour les
femmes, dans la protection civile et, pire encore, dans le service civil
destiné aux objecteurs de conscience. Des champions de la démocratie et, par
conséquent, de la défense des libertés individuelles, fleurons des droits de
l’homme, raisonnent donc comme les anciens seigneurs tant décriés, qui
considéraient le peuple comme taillable et corvéable à merci.
On n’arrête pas le progrès !
Lorsque, le 7 décembre 1965, le Concile schismatique
Vatican II adopta
La mystification, l’imposture apparaissent au
plus haut niveau et durablement avec Jean-Paul II, qui donna à
Toute la classe politique européenne l’avait conduit
sur cette pente facile mais fortement glissante. Aucune formation politique
n’ose en réalité affronter avec franchise la question de l’Islam en
Europe, quand bien même celui-ci est générateur d’un terrorisme
international omniprésent et pratique la violence (prises d’otages) sans
la moindre vergogne. L’Occident, qui est parvenu à accommoder le
christianisme officiel à ses «valeurs» démocratiques et juridiques hétérodoxes,
croit pouvoir faire de même avec l’Islam. Il y cherche donc des
tendances, des courants, des minorités et des majorités. Futilité que tout
cela ! Ces faux-fuyants n’expriment que notre dégénérescence morale
et intellectuelle, notre lâcheté et une autosuffisance où le matérialisme le
plus cru se mêle à la plate sottise : «Pour
les musulmans, accepter pleinement notre civilisation occidentale exigerait
qu’ils rejettent 80% du Coran.»3 Anne-Marie Delcambre,
auteur d’une autre étude sur l’Islam, L’Islam et les
interdits, publiée également en 2003 chez Desclées de Brouwer, à Paris, est
du même avis : «Il faut avoir le
courage de dire que l’intégrisme n’est pas la maladie de
l’Islam. Il est l’intégralité de l’Islam.» (op. cit., p.
11).
Toutes tendances confondues, les partis politiques
modernes en Europe se refusent à faire de l’Islam un problème de société,
quand ils acceptent de donner ce qualificatif à n’importe quelle autre
revendication fantaisiste ou aberrante. Cet aveuglement et cette partialité
malsaine sont à la fois volontaires et suicidaires. Mais dans une si grande
imposture ne réside peut-être que la meilleure chance de l’homme, celle
qui lui restitue sa vraie dignité, en faisant des problèmes spirituels et
religieux les problèmes fondamentaux de son existence et de son destin,
laissant le reste à l’intendance.
Lorsque c’est l’intendance qui prend les
commandes, l’esprit, humilié, se venge. Il se fait plus sauvage encore
que le matérialisme mercantile. La démocratie de masse n’est pas autre
chose que la prise en charge des sociétés par des gens ayant une âme de domestique.
Jean-Paul II n’est, quant à lui, que le premier laquais de cette Europe
déchue et trahie par les siens. Il faut à l’Europe des hommes qui aient
une âme de maître.
1 La polygamie, la pratique de l’esclavage, de l’excision chez les femmes, la peine de la lapidation sont autant de domaines pratiques d’application, pour ne pas évoquer ici le laïcisme, d’une conception foncièrement différente de l’ordre public en terre d’Islam et en Europe.
2 Documentation catholique du 16 décembre 1979.
3 Pourcentage énoncé dans le livre de Laurent Lagartemps : Petit guide du Coran, éd. de Paris, Versailles 2003, page 128.
Point de vue du bout du lac
Depuis quelque
temps, la police genevoise est sous les feux de la rampe à la suite de divers
dérapages, bavures, maladresses. Il n’est pas dans notre propos de
revenir sur les divers événements qui ont été largement, peut-être trop
largement, décortiqués dans les médias, mais de les replacer dans leur contexte
et dans une problématique plus large.
J’ai moi-même
plusieurs connaissances dans les milieux de la police genevoise et il y a fort
longtemps que les troupes en ont assez. Assez d’avoir l’impression
de travailler pour du vent, assez de ne pas recevoir le soutien de leur
hiérarchie, assez de fonctionner en effectifs minimaux, accumulant la pression.
Quelle motivation
peut-on attendre lorsque pour la énième fois le gendarme Dufloquet arrête le
même dealer dont il sait pertinemment que, malgré le flagrant délit, malgré la
récidive, il sera libre dans les quarante-huit heures, et que, sachant cela,
ledit gendarme passe deux heures en plus de ses heures de service à taper le
rapport de l’arrestation qu’il sait inutile ? Doit on
s’étonner que, dans cette situation, les gendarmes confondent malfrats et
petit poucet et aillent les perdre dans la forêt ?
L’épisode de
l’enterrement de vie de garçon où le futur marié se faisait traîner
derrière la voiture de ses collègues gendarmes, déguisé en « Chico »,
personnage brésilien de couleur créé par Canal +, est riche en enseignements.
Tout d’abords nous remarquerons que cette « affaire » éclate en
plein mois d’août, période de vaches maigres pour les journaux qui ont
toujours eu tendance à monter en épingle les épisodes les plus insignifiants
pour avoir quelque chose à mettre sur leurs manchettes. Et cela ne rate pas, on
en fait des montagnes, tout le monde s’en mêle et Madame Spoerri se
déculotte comme à son habitude. Cet incident serait survenu au début de la
deuxième guerre du Golfe que personne n’en aurait entendu parler.
Ensuite, il est à
noter qu’il ne s’agit probablement que d’un enfantillage
comme on en voit tant tous les samedi dans les rues de Genève, mais intervenant
dans un contexte tendu faisant suite aux divers incidents mettant la police en
cause, il a pris des proportions invraisemblables.
Enfin, et
c’est à mon avis le point le plus important, on voit qu’une fois de
plus les gendarmes ne sont pas soutenus par leur hiérarchie. Et je suis
intimement persuadé que c’est une très grave erreur, car si Monsieur
Ramseier n’était pas bien vu dans les milieux où il est de bon ton de ne
pas détonner, il était par contre très apprécié de ses troupes qui savaient
pouvoir compter sur son soutien. Et il ne faut pas s’étonner qu’un
métier dangereux, où les horaires sont impossibles, la reconnaissance
inexistante et les médias à l’affût du moindre faux pas, ait quelques
difficultés à trouver des candidats. Or cela devient un véritable problème dans
la cité de Calvin où les citoyens ne se sentent plus en sécurité, entourés
qu’ils sont, non par des représentants des forces de l’ordre, mais
par des dealers et des malfrats de tout poil, jouissant d’une impunité
insolente que le système judiciaire leur fournit gracieusement.
Le temps des
demi-mesures est révolu. Que cesse l’influence néfaste des politiciens
sur la sécurité, que l’on donne les moyens à la police de faire son
métier de manière efficace et à la justice de punir les malfaiteurs. Cela
rendrait peut être notre pays moins attractif pour les trafiquants venus
d’Afrique ou des Balkans si, au lieu de recevoir une petite tape sur les
doigts, il allaient croupir quelque années dans une taule peu accueillante où
les droits de l’homme seraient certes respectés, mais où les mots
confort, loisirs et télévision n’auraient pas lieu d’être.
J’ai tendance à penser que cela se saurait assez vite et que le taux de
criminalité ne s’en porterait que mieux.
Xavier Savigny
La proposition lancée par l’UDC
d’interdire la double nationalité, comme c’était le cas avant
Même la commune
d’origine a perdu pour beaucoup toute signification, puisqu’on
peut, moyennant vingt-cinq francs, acquérir la bourgeoisie de telle ou telle
commune. Une femme acquiert la bourgeoisie de la commune dont son mari est
originaire, et cette commune reste sa commune d’origine malgré le divorce
ou l’annulation du mariage et la reprise du nom antérieur. On pourra donc
trouver des Milosevic originaires de Bioley-Orjulaz ou des Mukeshimana
originaires de Rougement, deux communes qui n’ont jamais vu un seul
Milosevic ou un seul Mukeshimana fouler le sol d’un territoire dont ils
sont dits «originaires».
Ces curiosités ne
choquent aujourd’hui personne. Depuis douze ans, on s’est aussi
habitué à l’idée qu’en demandant la nationalité suisse, le candidat
n’est plus tenu de renoncer à sa nationalité précédente. Il y a même des parlementaires
suisses qui possèdent en outre une autre nationalité2. Rien
n’empêcherait dès lors le président de
A l’époque
encore récente qui interdisait la double nationalité, il était même interdit
aux autorités fédérales, aux fonctionnaires civils et militaires, aux représentants
ou commissaires fédéraux, ainsi qu’aux membres des gouvernements et des
assemblées législatives des cantons d’accepter d’un gouvernement
étranger ni pension, ni traitement, ni
titre, présent ou décoration.
Un Helvète qui
aurait accepté la légion d’honneur ou les palmes académiques du
gouvernement français aurait dû choisir entre sa fonction officielle en Suisse
et sa décoration. Il ne suffisait pas
qu’il renonce à la porter. Il devait la rendre !
Ils paraissent aujourd’hui bien lointains, ces
vieux Suisses du berceau de
Aujourd’hui, tous les juges paient leur charge
(à leur parti) et certains d’entre eux peuvent être membres de plusieurs
communautés nationales.
* * *
*
L’intégration de tous les pays qui nous
entourent dans un ensemble à la fois économique et politique, les accords
passés par
Partout on ne rêve que d’harmonisation, par quoi
il faut entendre unification, nivellement, identité des comportements. Il faut
harmoniser les procédures civiles et pénales, les programmes scolaires, les
procédures de naturalisation, les titres universitaires, les normes de la
construction, non seulement à l’échelle de
L’avenir est dans un grand brassage
multiethnique et multiculturel, une uniformisation par le gommage des différences
qui rende chacun de nous déraciné, interchangeable, cosmopolite et donc
totalement mobile. Les deux facteurs principaux de la production tendent à se
confondre. Le travail humain est aussi «délocalisable» que le capital est
anonyme et vagabond.
Malheureusement pour les apôtres de ce grand brassage
universel, privé des échelons intermédiaires qui font les communautés vivantes,
il subsiste des poches de résistance : des Suisses égoïstes, frileux,
repliés sur eux-mêmes, attachés à des privilèges d’un autre âge, racistes
ou fascistes, en tous cas xénophobes. Des gens qui croient encore que
Pour ces Suisses d’un autre âge, un passeport
n’est pas un simple document administratif, comme un permis de pêche ou
une licence de cafetier. On ne peut être fidèle à deux communautés nationales,
alors qu’on peut être coopérateur de
Je fais sans doute partie de ces nostalgiques
d’une époque où il était plus important d’être le premier dans son
village que le 26e du Traité de Rome. Je suis donc résolument
favorable à une interdiction de la
double nationalité.
Sans doute faudrait-il, si l’on réintroduisait
cette interdiction, régler les cas de ceux qui ont demandé et obtenu la
nationalité suisse depuis 1992 sans qu’on ait exigé de leur part
qu’ils renoncent à leur nationalité d’origine, ou des Suisses qui
ont demandé et obtenu la citoyenneté d’un autre Etat, sachant
qu’ils ne devaient pas, pour cela, renoncer à être Suisses. On ne peut,
pour ceux-là, changer brutalement les règles du jeu après le début de la
partie.
Il faudra leur accorder un certain délai pour faire
leur choix.
Mais un jour, il faut choisir. La jeune fille quitte
sa famille pour entrer dans la famille de son mari. Comme en outre nul ne peut
avoir en même temps plusieurs domiciles3, on quitte un endroit et on
s’installe dans un autre. On n’a généralement qu’une langue
maternelle autour de laquelle se construit la pensée et l’intelligence.
On peut émigrer, quitter ses parents et ses amis, se construire une autre vie
ailleurs, et prescrire qu’on veut être incinéré, et que nos cendres
devront être dispersées dans la mer. Mais à chacune des étapes de cette
errance, on est néanmoins quelque part et cette fuite n’est destinée
qu’à nier publiquement qu’on est quand même de quelque part.
Claude
Paschoud
1 Du 9 juillet 2003 ATF 129 I 232.
2 Par exemple M. John Dupraz, conseiller national radical de Genève, qui a demandé la nationalité française en 1990 et qui est tout fier d’avoir pu voter pour Jacques Chirac. Compte tenu de l’intelligence limitée du personnage, on ne s’étonnera pas que les «gens» de l’UDC le fassent vomir (sic !).
3 Article 23 al. 2 du Code civil.
C’est juste, ce que vous dites de cette douteuse
assurance maternité.
J’ajoute : qui est-ce, cette femme
«travailleuse» ? C’est, dans la plupart des cas, la mère d’un
seul enfant, tout au plus de deux. Et puis : pourquoi est-elle
«travailleuse» ?Dans la plupart des cas, pour pouvoir s’offrir une
voiture (même deux) et des vacances dans un pays lointain.
Ce qu’il nous faut, c’est un cadeau de
plusieurs milliers de francs lors de la naissance du troisième enfant et de
chaque enfant ultérieur.
Au fond, nous devons abroger les allocations
familiales d’à présent et les donner seulement à partir du troisième
enfant, alors aussi pour les deux aînés. Je trouve immoral de soutenir des gens
qui vivent dans l’aisance et n’ont pas assez d’enfants pour
que le peuple reste vivant.
Une autre plaie de notre société, c’est le
mariage tardif. Il a pour conséquence un enfant ou point du tout et une qualité
amoindrie de l’enfant. Car l’âge des parents, surtout de la mère,
n’est pas indifférent (Goethe l’a déjà dit). Ce n’est pas par
hasard que les trois plus grands hommes des siècles derniers – Goethe,
Nietzsche et Napoléon – avaient une mère de moins de vingt ans. Pour
remédier à cette plaie, je propose un cadeau de mariage de plusieurs milliers
de francs, si la fiancée a moins de vingt-cinq ans, le fiancé moins de trente.
W.M.