Sommaire :
La réorganisation des cases postales
de la poste de Saint-François nous aurait obligés à changer (une nouvelle fois)
le numéro de notre boîte postale. Puisque un tel changement était inévitable,
nous avons décidé de changer aussi de poste.
L’éditorialiste se demande ce qu’il adviendra lorsque le
droit de vote sera accordé aux étrangers sur les plans cantonal et
fédéral…
L’article de Claude
Paschoud était écrit lorsque M. Mugny est revenu sur l’interdiction
prononcée, mais si bêtement qu’il a même réussi à fâcher ses maîtres. Et,
bien entendu, il ne comprend rien…
Le choix d’un Prix Nobel de
L’internement
à vie des délinquants très dangereux :
Pour Michel de Preux, le problème juridique n’est nullement
insoluble.
Un policier piètre
tireur, psychiatrie et naturalisation vaudoise.
Que se passe-t-il dans les HES ?
Concentration de
filières, restrictions budgétaires et modèle de Bologne : la soupe qu’on
nous sert n’est pas bonne !
Haïti : Le
Pamphlet voyait juste !
En 1992, notre
périodique avait déjà compris qui était le père Aristide. La presse romande le
découvre aujourd’hui.
Publiée le 3 février dans la rubrique
«Encre noire» du courrier des lecteurs de 24 Heures, la lettre de Monsieur Charly Rosset d’Yverdon
intitulée – par le journal et non par l’auteur – «Vous regretterez d’avoir laissé voter les
étrangers» a déchaîné un tollé tel que le coupable s’est platement excusé
et que la rédaction de 24 Heures a
osé prétendre plusieurs jours de suite que cette lettre avait été publiée par
erreur. Il faut avoir un sacré culot pour tenter de faire croire aux lecteurs
qu’un texte paru dans une rubrique spéciale n’a pas été choisi
délibérément. Quoi qu’il en soit, cet épisode a permis de mesurer une
fois de plus le degré d’intolérance des champions de la tolérance.
Tout
occupés qu’ils étaient à dénoncer, non sans raison, le caractère
sommaire, outrancier et injuste de la prose de Monsieur Rosset, les détracteurs
de ce dernier n’ont pas vu qu’il pose tout de même une question
intéressante : qu’adviendra-t-il le jour où les étrangers se verront
octroyer, à certaines conditions, le droit de vote et d’éligibilité non
seulement à l’échelon communal, mais aussi aux échelons cantonal et
fédéral ?
On
n’en est pas là, mais c’est pour demain : le processus étant
enclenché, il est irréversible. Dans une première étape, le vote des étrangers
à l’échelon communal va se répandre dans tous les cantons. Ensuite, on
nous expliquera que les étrangers sont tout autant que le Suisses concernés par
les affaires cantonales et fédérales. Du moment que la naturalisation
n’est plus nécessaire à l’obtention du droit de vote et
d’éligibilité, il est évident que, à terme, nous serons représentés et
gouvernés au moins en partie par des étrangers à tous les échelons. Quel beau
jour que celui qui verra le premier étranger entrer au Conseil fédéral !
Cela ne signifie pas que les politiciens étrangers seront moins bons que les
Suisses, mais il est compréhensible que certains citoyens s’émeuvent.
Pourtant,
si on veut bien considérer que nous vivons une situation comparable à celle
qui, au moment des grandes invasions, vit les Germains s’installer
pacifiquement ou par la force dans l’empire romain, et imposer aux
autochtones une partie au moins de leurs us et coutumes, il n’y a pas
lieu de s’étonner : les peuples dits civilisés sont fatigués et
décadents. En dépit de quelques combats d’arrière-garde menés par
d’odieux nationalistes, ils sont incapables de s’opposer à
l’arrivée des forces vives qui prendront en main leur destin. Ils ne le
souhaitent même pas, d’ailleurs. C’est peut-être dommage, mais on
n’y peut rien.
Le
Pamphlet
De la
biographie de M. Patrice Mugny, conseiller administratif chargé des affaires
culturelles à Genève, ancien bourlingueur en Afrique, ancien boursier à Paris,
ancien comédien à
Son
récent coup d’éclat consistant à interdire le spectacle que
l’humoriste Dieudonné devait donner au Casino-théâtre, du 15 au 17 mars
prochain, atteste du peu de progrès réalisés par le cancre Mugny depuis son
adolescence difficile.
Depuis son accession au Conseil
national, en 1999, il se répand en motions, postulats et questions toutes plus
absurdes et insignifiantes les unes que les autres.
Je ne doute pas que M. Mugny
s’écrase de rire chaque dimanche, en écoutant
On est donc surpris, de prime abord, de
l’interdiction de spectacle prononcée par cet oligophrène contre un autre
comique vulgaire, à première vue ni plus gras ni moins doué que tous ses
congénères.
S’il avait justifié son refus
d’attribuer une salle par les risques de désordre à Genève, par un souci
de maintenir la paix sociale, on aurait pu, à la limite, le suivre, quoique le
chantage aux manifestations soit une arme bien commode dans la panoplie de tous
ceux qui veulent s’opposer à la libre expression.
Mais l’âne gris se place sur un
autre terrain : «Je ne loue pas une
salle à quelqu’un comme ça. Ses dernières déclarations sont
inacceptables».
On interdit à un artiste de se produire,
parce qu’il pourrait, dans son
spectacle, violer certaines normes qui protègent une communauté particulière à
titre exclusif et qui confèrent à ladite communauté le pouvoir non seulement de
se plaindre d’une critique un peu vive de la politique israélienne,
qualifiée immédiatement d’antisémitisme larvé, mais encore le pouvoir de
couper la parole, à l’avance, à celui qui pourrait éventuellement, dans
un proche avenir, ne pas bêler à l’unisson, ne pas se liquéfier en
confite dévotion, comme on l’exige aujourd’hui, devant l’Etat
d’Israël, son gouvernement, les juifs du monde entier, ce qu’ils
font et ce qu’ils disent.
Mugny ne se cache même pas. Il ne
protège pas Genève contre des désordres possibles, ni l’âme des Genevois
contre un poison insidieux qu’ils seraient trop sots pour identifier
eux-mêmes. Il est le larbin en gilet rayé de la communauté israélite.
Manque de chance. Ils sont tombés sur un
porte-plume si sot qu’on n’a pas réussi à lui faire comprendre ce
qu’il fallait dire pour justifier son interdiction. C’était
pourtant simple, mais déjà trop dur pour Mugny.
Claude Paschoud
L’administration du Pamphlet fait savoir à nos
fidèles lecteurs que l’adresse de notre journal n’est plus case
ville 4047, 1002 Lausanne, mais case postale 998, 1001 Lausanne.
Merci d’en prendre note.
Réd.
Nous ne savons si c’est à la suite d’une
grande fatigue intellectuelle ou de la déprime hivernale qu’un employé de
l’imprimerie Beck s’est trompé à deux reprises, le mois dernier, en
opérant les ultimes corrections demandées par les relectrices du Pamphlet.
Le fait est là et c’est très fâcheux pour un journal qui s’efforce
d’offrir des textes bien écrits et se moque de l’ignorance de
certains journalistes.
Dans l’éditorial du no 331, il
fallait lire :
Le général Keckeis (…) a expliqué à l’assistance
que (…)
Dans la deuxième note de l’article de Claude
Paschoud «Vision zéro», c’est bien entendu le mot grec ‘iatroV qui
signifie médecin.
Avec les excuses du fautif.
Réd.
Cher Professeur, j’ai bien reçu le
texte de votre « bilan » que, connaissant votre détermination, je
devine intermédiaire. L’image de l’allumette sur la banquise reprise d’un titre d’un de
vos compagnons, pour forte et esthétiquement plaisante qu’elle soit, ne
rend pas justice à vos recherches et à votre œuvre. Ce que vous – et
quelques autres courageux chercheurs de vérité de votre trempe – avez
réalisé, « le prudent crayon à la main », loin de finir absorbé dans
le linceul d’une immensité blanche, s’inscrit dans une dynamique
que plus rien ne pourra arrêter. La vérité est un fluide qui obéit aux lois
naturelles : il n’est possible de la contenir qu’un temps en
érigeant un gigantesque et puissant barrage de mensonge, savante mais illusoire
composition d’arguments épais. Car, il faut bien le reconnaître, la
finesse n’est pas la vertu dominante de vos pesants et frénétiques
ennemis. Vous avez su continuer l’effort du précurseur au même point
névralgique de l’énorme construction noire; vous avez atteint le seuil
critique à partir duquel toutes les coûteuses tentatives de replâtrage de ces
tristes monomaniaques obsidionaux ne pourront venir à bout de la brèche. Ceux
qui prétendent que le mur résiste ne voient pas les innombrables lézardes qui
se propagent inexorablement dans l’édifice. Le mur sapé prend l’eau
de toutes parts et les gardes-mythe ne savent plus où donner de la truelle.
Quand le barrage cèdera, la vague sera terrible. Ce n’est
qu’affaire de temps. A bientôt !
L’« Indien » d’I.
Etait-il émouvant, celui que le chanoine
Raffarin parait du titre de « meilleur
d’entre nous1 », lorsque, condamné à dix-huit mois
de prison avec sursis et à dix ans d’inéligibilité, il venait, ce lundi 2
février 2004, confirmer sur la
« une » à M. Poivre
d’Arvor sa décision d’interjeter appel et de prolonger ainsi sa
survie politique ! Le verbe bas et l’œil humide de la modeste
victime sacrificielle, il endossait avec l’humilité de circonstance tous
les péchés de sa famille politique. Personne, dans l’opinion française ne
s’y est trompé. On devinait, derrière l’écran de sa télé,
l’œil attendri et compatissant de l’Immune de l’Elysée.
L’image était parfaite et aurait pu servir de marque-page de catéchisme.
Pourquoi a-t-il fallu ce bref et simple « oui » à la question de PPDA
lui demandant s’il connaissait le
caractère illégal de ses actes ? Une gaffe ne se rattrape jamais.
Après un tel aveu, il ne restait plus qu’à ne surtout pas changer de
composition. Ce qu’en homme avisé il fit. Mais ce petit « oui »
mezzo voce avait des allures de
lapsus et a fait sur les ondes le bruit d’une pierre tombale. Car la
question fondamentale était celle de la culpabilité de l’intéressé dans
un délit de droit commun (prise illégale d’intérêts) et il en va de la
probité comme de la virginité : quelle que soit l’importance de
l’acte qui en cause la perte, elles se perdent une fois pour toutes.
Symbolique rectification
Ironie du sort ; au moment précis
où les intentions de M. Juppé étaient révélées sur la chaîne privée Tf1, la
télévision d’Etat annonçait précisément le contraire. Selon cette
dernière, le maire de Bordeaux avait décidé de quitter la scène
politique… Avec pour résultat la démission du directeur de
l’information et la mise à pied pour une quinzaine du présentateur
responsable. Mais là où la réalité dépasse la fiction et prend des allures de
gag, c’est que le premier rectificatif n’a été communiqué par la
seconde chaîne que neuf jours plus tard, au « Journal des sourds et des
malentendants » !
Ouï le 9.2.04 de M. Raffarin,
auto-étiqueté « spécialiste de la communication », promouvant sur les
ondes un numéro téléphonique d’accès informatisé aux administrations
nationales, ces précisions sans nul doute destinées aux Français
« d’en bas » : « Ce
numéro sera accessible de huit heures du matin à dix-neuf heures du soir ».
Sans inutiles commentaires superflus qui
n’auraient pas leur raison d’être de par la répétition de leur
redondance…
1 Entendez par là, les membres de la coterie UMP dont M. Juppé est le président…
Prix Nobel de la paix
Ce n’est pas
d’aujourd’hui que le prix Nobel de la paix est conféré à
d’anciens terroristes ou à d’authentiques fauteurs de guerre. On en
vient même à se demander s’il ne faut pas avoir des morts sur la
conscience pour accéder à cette haute dignité.
L’attribution 2004 ne fait pas
exception à la règle. Parmi les lauréats éventuels figurent le président
Georges Bush et son alter ego Tony Blair. Ces deux grands champions de la paix
sont proposés par un député norvégien qui voudrait les voir «récompensés
pour avoir osé prendre la nécessaire décision de lancer une guerre en Irak sans
avoir le soutien de l’ONU».
Si le Nobel de la paix doit honorer
des gens qui ont «lancé une guerre», ne pourrait-on imaginer la création
d’un prix Nobel de la vérité qui récompenserait les menteurs ? MM.
Bush et Blair pourraient ainsi faire coup double.
ADM baladeuses
Au début était la preuve : MM.
Bush, Blair et consorts savaient de science certaine que l’Irak détenait
des armes de destruction massive.
Ensuite vint le chaos :
personne ne parvenait à mettre la main sur ces fameuses ADM.
On en est aujourd’hui à la
création de commissions d’enquête : qui est responsable de la
déconfiture ?
Qu’on se rassure
néanmoins : selon un communiqué ats du 4 février, le secrétaire à
la défense américain Donald Rumsfeld
déclare que la non-découverte d’ADM en Irak ne prouve pas leur
inexistence : elles ont pu être transférées dans d’autres pays
– pourquoi pas sur une autre planète, comme nous le suggérions dans notre
dernier numéro ? –, détruites juste avant la guerre – Saddam
Hussein étant un imbécile notoire, pourquoi ne se serait-il pas privé
d’un moyen de défense efficace ? – ou à l’état
embryonnaire mais productibles rapidement à grande échelle.
Après tout, il n’a peut-être
pas tort, cet homme. Le fait qu’il soit impossible de prouver
l’existence de Dieu n’implique pas encore que Dieu n’existe
pas. Il existe donc peut-être. Il en va de même pour le tabou du XXe siècle.
A la place de MM. Bush et Blair, au
lieu d’instituer des commissions d’enquête destinées à trouver des
boucs émissaires, nous ferions promulguer une loi interdisant de mettre en
doute l’existence des ADM de Saddam Hussein, sous peine de représailles.
Inefficacité
«Un trafic de cigarettes par
Internet a été démantelé pour la première fois en France où la contrebande a
considérablement augmenté après les hausses successives des prix du tabac
(…)», selon
un communiqué ats du 4 février.
Cela n’est pas pour nous
étonner : de tout temps, les mesures prohibitives ont engendré des marchés
parallèles.
Le Conseil fédéral devrait en
prendre de la graine, lui qui, sous le prétexte hypocrite de lutter contre le
tabagisme, fait monter régulièrement le prix des cigarettes par le biais de
l’impôt sur le tabac, ce qui rapporte chaque année à
Il fut une époque où l’on
s’efforçait de tirer les leçons de l’histoire. Mais depuis que
l’histoire est devenue objet de manipulations politiques et religieuses,
il n’y faut plus compter.
Responsabilité
Communiqué ats du 8
février : «Le Conseil fédéral relativise sa
responsabilité dans l’échec du
contre-projet Avanti et de la révision du droit du bail. Dans les deux cas, le
Parlement a modifié le texte proposé par le gouvernement, s’est défendu
Joseph Deiss».
Alors ça, ce n’est vraiment
pas bien ! Où va-t-on si un pouvoir législatif se permet de faire son
boulot ?
En vérité, si le Conseil fédéral se
contentait de proposer des lois à l’Assemblée fédérale et
s’abstenait de toute intervention dans les campagnes, il n’aurait
pas à se défendre en cas d’échec en votation populaire et pourrait
consacrer de nombreuses heures supplémentaires à accomplir le travail pour
lequel nous le payons : gouverner.
Internement à vie
Le Conseil fédéral – et avec
lui presque tout le monde – s’est également trompé au sujet de
l’initiative prévoyant l’internement à vie pour les délinquants
sexuels ou violents jugés très dangereux et non amendables : les Suisses
l’ont adoptée par 56,2% des voix et la majorité des cantons. Comme nos
lecteurs le savent, nous étions opposés à cette initiative.
Il nous faudra nous accommoder de
l’idée que nos compatriotes ont donné au pouvoir un «signal fort», comme
disent habituellement nos journalistes chéris – uniquement, il est vrai,
quand le «souverain» les suit, ce qui ne fut pas le cas cette fois-ci. La
majorité des Suisses qui votent réclament des têtes. A défaut de les obtenir
par la peine de mort qui n’existe plus ou par le recours aux
culs-de-basse-fosse qui n’existent plus non plus, ils se rabattent sur
l’internement à vie. Nous comprenons qu’ils haïssent les
délinquants sexuels et qu’ils aient peur des autres : nous ne
les aimons pas non plus.
Mais ce qu’ils ne voient pas
et que nous, nous voyons, c’est
ceci : si le succès de l’initiative aboutit à l’application
d’une loi – ce qui n’est pas certain (cf. l’article de
Michel de Preux) –, n’existe-t-il pas un risque que la notion de
violence – qui peut être non seulement physique, mais aussi verbale ou
écrite – et celle de «non-amendabilité» – inaptitude à se réformer,
mais aussi refus de se rétracter ou de se repentir – offrent un jour au
pouvoir la possibilité d’interner à vie les délinquants
d’opinion ?
D’accord,
d’accord ! C’est de la paranoïa.
Originalité
Mademoiselle Mélanie Brülhart, qui
avait exprimé sa honte d’être Suisse – pourquoi pas
Suissesse ? – dans le courrier des lecteurs de 24 Heures au
lendemain de l’élection de Christoph Blocher au Conseil fédéral, a été
traumatisée par certaines réactions – lettres anonymes, insultes, menaces
– au point qu’elle n’osait plus sortir seule. Nous
compatissons, mais nous nous demandons ce qu’elle aurait éprouvé si, au
lieu de bénéficier de la sympathie des journalistes, elle avait dû affronter en
plus une campagne de presse.
Nous avons appris avec plaisir que
la jeune persécutée avait surmonté ses angoisses et décidé de réagir en entrant
dans la lutte active contre – on vous le donne en mille ! –
l’intolérance, le racisme et la xénophobie.
On cherche espace
L’armée suisse cherche des
terrains d’exercices à l’étranger. Nous apprenions le 15 février
que «L’armée suisse a en effet un problème de place. Des exercices de
grande envergure ne sont plus possibles en Suisse à cause de l’exiguïté
du territoire et en raison de problèmes de bruit.
L’internement
à vie des délinquants très dangereux : un problème insoluble ?…
Le
peuple suisse vient d’accepter à une confortable majorité
l’internement à vie des délinquants très dangereux et incurables. Ce
choix du souverain contraint les autorités fédérales à traduire cette volonté
dans la loi. Déjà s’élèvent des voix parmi les juges, les professeurs de
facultés de droit ou les hauts fonctionnaires pour nous dire que
l’application réelle de cette future loi ne se fera pas vraisemblablement
pour deux motifs essentiels : certaines dispositions du texte de
l’initiative acceptée par le peuple suisse seraient contraires à
On
peut craindre en effet, dans la pratique des tribunaux ou des psychiatres
agissant comme experts auprès d’eux, si, comme il se doit,
l’acceptation de cette initiative est traduite dans une loi, un
contournement, peut-être même systématique de celle-ci par les uns et par les
autres, aux fins alléguées d’éviter le conflit des lois. C’est
d’autant plus probable qu’en principe le droit international
reconnu en Suisse l’emporte sur le droit national.
L’affaire
pose donc un problème de souveraineté qu’on aurait tort d’éluder.
Jusqu’où le peuple suisse est-il encore compétent pour juger de sa propre
sécurité ? On sait que la peine de mort est désormais contraire au droit
européen. Maintenant, ce seraient les mesures d’internement définitif qui
le seraient, et ceci quand bien même la preuve de la cessation de l’état
d’extrême dangerosité du délinquant ne pourra être apportée, car cela
aussi est un acquis de la psychiatrie : que cet art ne peut trancher la
question ni dans un sens ni dans l’autre, ni pour la certitude de la
permanence, ni pour la cessation d’un tel état.
Ce
que trop de magistrats et de psychiatres négligent dans cette affaire –
et c’est à mon sens assez énorme – c’est le jugement de
condamnation lui-même, lequel renverse le fardeau de la preuve. On risque donc
d’assister à une manipulation de la justice par les magistrats
eux-mêmes… Car dès lors qu’un état objectif de dangerosité extrême
aura été confirmé par le jugement, la société est en droit d’imposer au
condamné lui-même la preuve de la cessation de l’état qui a motivé la
mesure prononcée contre lui et, cette preuve ne pouvant être apportée, de
persister à se prémunir contre le risque que représente objectivement sa mise
en liberté, même conditionnelle. Il s’agit là d’un droit propre de
la société que nulle convention internationale, à mon sens, ne peut, sans abus
manifeste, entraver, dès lors qu’il est dûment motivé et non arbitraire.
Si,
comme nous pouvons le soupçonner, l’utilisation des Droits de
l’Homme sert en réalité à diminuer la sécurité des honnêtes gens par une
protection contraire au bon sens des criminels, pareille convention doit, sur
ce point, être dénoncée et révisée – au besoin par le recours à une
nouvelle initiative populaire – car elle met un obstacle abusif,
déshonnête et irrelevant en droit même positif (l’abus d’un droit
n’est pas protégé par la loi : principe général de droit énoncé à
l’article 2 du code civil suisse mais applicable à l’ensemble du
droit) à l’exercice parfaitement légitime de la souveraineté nationale et
crée des entraves déshonnêtes au déroulement normal de la juridiction pénale, à
l’indépendance des magistrats de l’ordre judiciaire.
Ce
problème n’est donc pas insoluble sinon pour certains, comme le
professeur Christian-Nils Robert, de
Michel de Preux
Comme
bien l’on pense, j’ai été soulagé d’apprendre que le policier
bâlois qui avait abattu un voleur de voitures en août 2001 avait été acquitté
par
Comme
son collègue et lui avaient tiré 19 balles sur le véhicule avant de
l’immobiliser, j’espère qu’il mettra à profit sa liberté pour
fréquenter plus assidûment le stand à
La
clinique psychiatrique de Bellay, dans le Jura bernois, a accueilli dans ses
murs, et employé, un faux docteur pendant plus de trois ans. Originaire
d’ex-Yougoslavie, le charlatan, qui n’avait suivi probabement
aucune étude, n’a paru à personne plus ignorant que ses honorables
confrères diplômés et véritables docteurs. La psychiatrie est-elle une
science ? (4 février)
Le
projet de nouvelle loi sur le droit de
cité vaudois prévoit en son article 22 que pour prouver son intégration
dans notre canton, le candidat devra démontrer qu’il maîtrise non pas le
français, mais «une langue nationale».
Le Bärntütsch me paraît, par exemple à Gollion, un puissant facteur
d’assimilation. (17 février)
C.P.
Que se passe-t-il dans les HES ?
Curieuse
dépêche, dans «24 heures» du 4 février, qui nous annonce la «colère des profs des HES romandes». En
sous-titre : «Concentration de
filières, réductions budgétaires et modèle de Bologne : ce cocktail
mécontente les enseignants».
Selon
les représentants du corps professoral des Hautes Ecoles, les méthodes
employées par Berne sont dignes d’un «conglomérat
militaro-industriel de type soviétique» : suppression de filières,
concentrations, réductions budgétaires, et accords de Bologne marquent un «recul inacceptable» dans le développement
des Hautes Ecoles.
Dans
son Carnet publié le 12 février par «24
heures», Jean-Marie Vodoz est amer : «dans tous les textes officiels ou conformes, cette obsession de
l’efficacité marchande, et par conséquent l’oubli de la vocation
première de l’Université : la recherche du savoir en lui-même,
transparaissent avec une consternante régularité.»
Et
l’ancien rédacteur en chef de citer M. Beat Bürgenmeister, professeur
d’économie politique à l’Université de Genève, qui ose relever que
les fameux Accords de Bologne doivent «satisfaire
à des exigences du monde des affaires dont le bien-fondé est souvent évoqué,
jamais démontré».
A
l’Ecole d’Ingénieurs du canton de Vaud, qui fait partie de
La
division Formation en emploi était,
avant d’être englobée dans l’EIVD, l’Ecole d’Ingénieurs de Lausanne, de fort bonne réputation
depuis plus de 30 ans, qui formait des ingénieurs ETS appréciés en électricité,
mécanique et génie civil. Sous l’impulsion de ses directeurs Raymond
Gaille, puis surtout Bernard Keller, elle avait noué des contacts fructueux
avec plusieurs établissements similaires en Suisse et à l’étranger et,
grâce à sa souplesse administrative et à un réseau de chargés de cours très
compétents, s’était fait une place enviable dans le paysage de la
formation européenne.
La
diminution inattendue des programmes et des heures d’enseignement a
laissé croire à plusieurs étudiants de première année, (qui s’étaient
inscrits sur la base d’un programme, d’un plan des cours,
d’une palette de modules capitalisables, d’explications et de
promesses), qu’on s’acheminait vers une diminution de la valeur du
titre d’ingénieur HES et qu’on abaissait donc volontairement cette
valeur pour la rendre eurocompatible ou plutôt bologno-compatible avec le titre
de bachelor, plutôt que de la hisser
au niveau du master.
C’est
pourquoi, considérant que ces modifications étaient fondamentales, et
qu’ils étaient touchés par une décision prise sans qu’ils aient été
entendus, ils ont adressé à la direction un recours avec requête d’effet
suspensif, qui a été traité par le service de la formation professionnelle avec
une incroyable légèreté, la juriste chargée de son instruction ayant téléphoné
à l’autorité intimée et ayant pensé,
de toute bonne foi, qu’une solution amiable avait été trouvée et que le
dossier était clos.
On
tente de me convaincre que le combat mené par ces quelques étudiants soucieux
de la qualité de leur formation est un combat d’arrière-garde,
qu’il ne sert à rien de s’insurger, que le rouleau compresseur du
nivellement imposé par les Accords de Bologne est inévitable…
Pour
nous faire «gober» la future loi sur l’Université, on nous explique aussi
qu’il était nécessaire d’amputer notre vénérable Alma Mater de
l’enseignement des mathématiques, de la physique, de la chimie ; il
était nécessaire d’expédier nos étudiants en pharmacie dans des
portacabines à Genève ; il est nécessaire de se regrouper, de créer des masses
critiques pour profiter des synergies…et
de ne plus faire figurer les Facultés dans la loi !
Ces
visions futuristes ne parviennent pas à convaincre les principaux
intéressés : dans une opinion confiée à «24 heures», M.
Pierre-Antoine Hildbrand, président des jeunes radicaux vaudois et
assistant-doctorant en droit, estime que «la
nouvelle loi sur l’Université de Lausanne serait non seulement un
abaissement, mais une capitulation» !
Le
constat est grave et mérite qu’on le prenne au sérieux.
Le
débat sur les taxes, par comparaison, est une broutille destinée à créer une
diversion et empêcher qu’on s’occupe de l’essentiel. Une taxe
annuelle de cinq mille francs ? Pourquoi pas, si elle est remboursée, en
fin d’études, à l’étudiant qui obtient son diplôme dans un délai
déterminé… et perdue pour le touriste qui occupe un banc faute
d’avoir su choisir à temps un apprentissage conforme à ses
aptitudes ?
L’Ecole
d’Ingénieurs va passer, dans le canton de Vaud, du service de la
formation professionnelle au service des affaires universitaires.
Ce peut être un
risque ou une chance. Espérons que la qualité actuelle de la formation ne sera
pas diminuée pour devenir conforme à la longueur du lit de Procuste !
C.P.
Haïti : Le Pamphlet voyait juste !
Une
fois de plus, le Pamphlet avait raison avant tout le monde !
Dans
le Matin
du 18 février dernier, M. Reto Breiter rappelle que M. Jean-Bertrand Aristide, prêtre
devenu président d’Haïti en décembre 1990, était à l’époque «porteur d’un immense espoir de
justice et d’essor social». Un espoir tel que lorsque notre modeste
périodique, dans le mot croisé de son numéro 212 (de février 1992), avait
proposé, comme définition du 2 horizontal : «Un juste athénien ou un injuste haïtien, tous deux condamnés à
l’exil», un lecteur avait vivement réagi : «Le Père Aristide, élu démocratiquement, a lutté pour donner de
meilleures conditions de vie au peuple qui sortait d’un enfer terrestre,
il a voulu mettre un terme aux emprisonnements arbitraires et à la torture et
voilà que le Pamphlet parle d’injustice ! Je vous demande de publier
ma lettre dans le prochain numéro et si vous maintenez votre accusation, de l’étayer
par ce que vous estimez être des preuves et des arguments valables.
J’espère qu’il s’agit d’une méprise et que vous
n’avez aucune sympathie pour les assassins qui se sont emparés du pouvoir
en Haïti. Ce serait incompréhensible et nuirait au bon combat que vous menez
depuis des années contre une extrême gauche et une gauche si néfastes en
Europe».
Sous
le titre : «A propos du Père
Aristide», la rédaction justifiait sa position dans le numéro 214 (avril
1992) : rappelant les assassinat des hommes politiques coupables
d’avoir simplement critiqué la politique du Père Aristide, comme le
meurtre du pasteur Sylvio Claude, pourtant farouche opposant au régime
Duvalier, nous citions la délirante apologie que Titid avait faite du «supplice
du collier[1]»
et ses ahurissants appels aux meurtres collectifs.
«Si excellentes que puissent
être les intentions d’un homme politique, si grand que puisse être son
désir de justice sociale, de telles méthodes sont inacceptables. Ce sont des
procédés dignes de la meilleure tradition totalitaire. Un président qui recourt
à de tels moyens pour asseoir son pouvoir ne peut en aucun cas être considéré
comme un juste», disions-nous.
A
cette époque, la plus grande partie de la presse romande encensait le Père
Aristide, et lorsque celui-ci encourageait ses partisans à tuer leurs
adversaires avec des colliers de feu, dans un discours radiodiffusé, le
rédacteur du Matin l’avait simplement qualifié d’«imprudent».
D’imprudence
en imprudence, de meurtre en répression sanglante, il a fini par indisposer
même ses amis les journalistes gauchistes du groupe Edipresse qui découvrent aujourd’hui, avec une douzaine
d’années de retard, ce que les lecteurs du Pamphlet savaient depuis
le début.
C.P.
1 supplice
consistant à mettre un pneu rempli d’essence autour du cou d’un
adversaire vivant et à enflammer l’essence.
[1][1] supplice consistant à mettre
un pneu rempli d’essence autour du cou d’un adversaire vivant et à
enflammer l’essence.