Sommaire :
L’éditorialiste commente l’élection des conseillers fédéraux
Un mois et demi de lecture attentive de la presse romande : l’essentiel !
Un lecteur paysan n’est pas content !
Notre confrère français le «Cri de
Michel de Preux dénonce la dérive
doctrinale de Jacques Maritain
Malgré l’injonction de 70 personnalités médiatiques qui
pressent
Malgré la hausse des taxes postales, l’abonnement annuel est
maintenu à 35 francs suisses (ou à 25 euros)
La
gent bien-pensante fait au nouveau Conseil fédéral trois reproches
principaux : il est trop à droite, il est composé de barbons et il est
presque exclusivement masculin.
Trop
à droite, il ne le restera qu’aussi longtemps que les radicaux, qui
n’ont emboîté le pas à l’UDC que pour sauver
leur second siège au Conseil fédéral, jugeront utile de rester fidèles à leurs
alliés. Compte tenu des mœurs en vigueur dans ce parti de plus en plus
essoufflé, ils n’hésiteront pas à se «recentrer» à la première occasion
s’ils pensent qu’il y va de leur intérêt électoral. Ce n’est
pas sans raisons que les mauvaises langues attribuent au parti radical cette
fière devise : pacta sunt servanda…
si qua fata sinant. Les
bonnes âmes n’ont donc pas à se faire de souci : le «virage à
droite» du conseil fédéral est certainement très provisoire.
Trop
vieux, nos conseillers fédéraux ? Il est vrai que la disparition
prématurée de Madame Metzler a fait augmenter
sensiblement la moyenne d’âge et que l’élection d’un Hans-Rudolf Merz de soixante et un ans et d’un Christoph
Blocher de soixante-trois printemps n’a pas
contribué à la faire baisser. N’ayant pas de temps à perdre, nous ne nous
sommes pas renseignés sur les âges respectifs des autres membres du
gouvernement, mais il nous paraît que, même si l’âge moyen avoisine la
soixantaine, ce qui paraît vraisemblable, nous n’avons pas encore affaire
à une équipe de gâteux. Monsieur Jacques Chirac qui, sauf erreur, est
septuagénaire n’y regarde pas de si près, qui compte, à ce qu’on
dit, se présenter une nouvelle fois à l’élection présidentielle de 2007. «La valeur n’attend pas le nombre des années»,
disait ce freluquet de Rodrigue. C’est peut-être vrai pour le maniement
de l’épée. Il n’est pas certain que ce le soit en politique.
C’est
donc un mauvais procès que l’on fait à nos conseillers fédéraux. Et
l’on peut parier que si l’Assemblée fédérale avait élu à la place
de Messieurs Merz et Blocher, deux femmes de huitante
ans, les anti-barbons n’auraient pas pipé mot.
Quant
aux féministes, elles auraient hurlé de joie, tant est grande leur conviction
que, puisque plus de la moitié de la population est de sexe féminin, il serait
normal que les femmes soient représentées au Conseil fédéral en conséquence.
Toujours ce besoin de représentativité
au sein des exécutifs ! Si la majorité de la population était –
ce qui n’est pas le cas, hélas – composée d’enfants,
faudrait-il que nous soyons gouvernés principalement par des gamins ? Si
la majorité de la population était composée de centenaires, faudrait-il que
nous soyons gouvernés principalement par des patriarches ?Si la majorité de la
population était composée de génies, faudrait-il que nous soyons gouvernés
principalement par des super-cerveaux ? Si la
majorité de la population était composée - ce
qui n’est pas encore le cas - de
révisionnistes, faudrait-il que nous soyons gouvernés principalement par des
non-conformistes impénitents ? Alors, on se calme, Mesdames.
Il
est déjà bien assez triste que les principaux partis politiques
s’approprient les sièges au nom de la concordance,
sans se soucier le moins du monde de l’intérêt public.
Il
est d’ailleurs amusant de noter avec quelle facilité nos discoureurs,
politiciens et journalistes, ont remplacé, le 10 décembre, le gargarisme
«formule magique» malencontreusement épuisé, par le gargarisme «concordance»
qui, quoique du dernier cri, n’est nullement, dans leur esprit, un
médicament propre à assurer l’harmonie, mais uniquement une décoction
arithmétique à nos yeux très nocive, comme nos lecteurs le savent.
Mais
quoi ! Il serait cruel de les priver de leur nouveau dada, tous ces braves
gens, surtout à la veille de Noël. Alors, laissons-les se faire plaisir et
tâchons d’en rire.
Le
Pamphlet
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Un de nos amis, enseignant, a
reçu cet automne de la «déléguée à l’égalité des chances» de
l’EPFL une lettre le priant de recommander à
ses élèves de sexe féminin un atelier «Internet pour les filles» mis sur pied
par son employeur. Un prospectus ad hoc accompagnait la missive.
Irrité, notre ami à répondu :
Madame,
Votre lettre
circulaire concernant l’objet cité sous rubrique vient de me parvenir.
Son propos est choquant par son caractère sexiste et trompeur.
En effet, on ne
voit pas pourquoi l’atelier que vous recommandez devrait être réservé aux
seules filles. Vous ne pensez tout de même pas que les filles soient
prétéritées dans l’enseignement des branches informatiques dans les
écoles du canton de Vaud ? Les filles et les garçons de nos écoles ont
accès aux mêmes cours. Toutes et tous bénéficient de chances égales
d’accéder à l’outil informatique et à Internet en particulier.
Votre démarche vise donc manifestement à procurer aux filles un avantage sur
leurs camarades garçons, et je la trouve particulièrement déplacée du fait que
vous êtes chargée de promouvoir l’égalité des chances. Qui aurait des
doutes sur vos intentions sexistes n’a qu’à se référer à
l’inscription figurant au bas de la première page du prospectus joint à
votre lettre : «Programme de promotion des femmes en informatique et en
communication».
Le Canton de Vaud
vient de remplacer la «Journée des filles» par une «Journée des filles et des
garçons» [en réalité : «Osez tous les métiers» réd.]
afin de permettre aux unes et aux autres d’approcher les métiers
traditionnellement préférés par le sexe opposé. Je vous invite donc à suivre
l’exemple des Autorités vaudoises et à ouvrir aux garçons
votre atelier cité sous rubrique ou à créer son pendant réservé
aux garçons.
Dans
l’attente de vos nouvelles, je vous prie d’agréer, Madame,
l’expression de mes sentiments les meilleurs. (10 octobre)
Les dernières monarchies
d’Europe n’auront bientôt plus d’autre utilité
qu’alimenter les gazettes populaires de ragots insignifiants. Alors que
les alliances de jadis entre les grandes maisons avaient
permis la construction d’une civilisation, les Bourbons d’Espagne
permettent à leur aîné de se fiancer à une roturière divorcée. Le roi paraît
même ravi de ce choix. Une reine du petit écran vaut bien, à l’heure de Star
Academy, un Grand d’Espagne ! (1er
novembre)
Depuis le début du mois de
novembre, 40 soldats US étaient déjà morts en Irak lorsqu’un attentat
meurtrier contre les forces italiennes stationnées à Nassiriyah,
le 12 novembre, a fait 37 victimes : 18 Italiens et 9 Irakiens. Certains
Américains se demandent si, finalement, Chirac n’avait pas raison. Les
Japonais renoncent à envoyer des troupes.
Bush va découvrir dans un mois
Saddam dans un «trou à rat», mais il n’y a toujours pas d’armes de
destruction massive. (15 novembre)
J’ignore évidemment si
M. Michael Jackson est coupable ou innocent des attouchements dont
l’accuse un adolescent qui a déjà bénéficié des largesses de la star. Si
ces accusations sont mensongères et ne visent qu’à obtenir de
l’argent, on observera que «Bambi» a lui-même
encouragé les calomniateurs, en offrant naguère 25 millions de dollars à la
famille d’un autre jeune accusateur, pour obtenir de sa part
l’abandon des poursuites. (20 novembre)
Ainsi, l’affreux
Charles-Henri Favrod est acquitté par le Tribunal
correctionnel. Le fait de signer des titres faux n’est pas constitutif du
délit de faux dans les titres, lorsque l’auteur jouit d’une
«réputation mondiale». Ce n’est que «négligence et légèreté dans
l’exercice de ses fonctions». Toujours gonflé de sa propre importance,
l’insupportable vieillard se prépare à prendre l’avion pour
Florence : «L’Italie me tend les bras. J’y ai déjà monté
tout seul ( ?!) cinq expositions et je prépare pour l’an
prochain l’ouverture d’un musée historique de la
photographie…» (25 novembre)
Dans son journal, l’Agefi, M. Alain Fabarez
avait qualifié la justice genevoise de «coterie médiocre et partisane,
peuplée d’une majorité d’incapables qui vivent aux frais de la
collectivité en ne faisant rien, ou très peu, sauf à se donner de temps en
temps le plaisir vil et ignoble de détruire l’existence et la réputation
de ceux qui leur sont confiés».
L’Association des magistrats
du pouvoir judiciaire de
Les paysans suisses auront-ils
plus de succès contre Charles Poncet ? On espère
que non. (27 novembre)
M. Bertrand Piccard, qui est à
l’aéronautique ce que François de Siebenthal
est à la politique, prévoit de faire, en 2006 ou 2007, le tour du monde dans un
avion solaire construit par l’EPFL. Espérons,
pour le psy sans patients, que son deuxième tour ne sera pas aussi
lamentable que celui Gnafron contre Marthaler. (29
novembre)
Jusqu’à la dernière
minute, l’ineffable Denis Barrelet,
correspondant à Berne de 24 heures, a cru qu’il pourrait
influer sur le vote par de fausses informations : «L’idée
d’élire un autre UDC que Blocher gagne du
terrain», titrait-il la veille du scrutin. Où cette idée, qui en a effleuré
plus d’un, il est vrai, gagnait-elle du terrain le 9 décembre à
part dans le cerveau enfiévré du sieur Barrelet
lui-même qui intimait au Parlement une stricte consigne de vote pour «conserver
sa dignité».
Las ! L’Assemblée a
désobéi à Denis Barrelet. Gageons qu’elle le
paiera cher. (9 décembre)
Cela devient une
habitude : à chaque fois qu’un vote régulier et démocratique déplaît
à quelques-uns, ceux-ci descendent dans la rue pour manifester leur colère,
leur indignation, leurs craintes pour l’avenir, justement,
de la démocratie qui a si mal fonctionné ce coup-ci. Il y a même des femmes qui
estiment que M. Merz vaut mieux que Mme Berlie !
Où va-t-on ?
Autre version de la colère, la
honte d’être Suisse. La mode en avait été lancée après
l’échec de l’EEE, journée noire
s’il en fut. Dans une lettre à 24 heures, la jeune Mélanie Brülhart (23 ans), de Palézieux-Gare,
nous annonce que, blessée par ce vote immonde,
elle va quitter
Sur
M. Jacques Depallens,
de Renens, n’y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu’il évoque
dans 24 heures les parleurs de
C.P.
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14.12.2003 : La nouvelle est tombée : les troupes
d’occupation US auraient capturé M. Saddam Hussein. Si ce « fait
d’armes » s’avère et qu’il ne s’agit pas
d’un nouvel effet de propagande américaine, c’est une vraie
catastrophe… pour M. Bush (le petit). En effet, depuis 60 ans, les
opinions publiques ont pu amplement prendre la mesure de la capacité manipulatrice
des juridictions issues de la planification des vainqueurs. Elles ont pu enfin
se rendre compte des moyens disponibles pour la fabrication, à la demande, de
tous témoignages et preuves utiles à incriminer et diaboliser
l’adversaire. Un second Nuremberg serait impensable, tant il mettrait en
évidence les montages produits par les forces de l’auto-qualifié
« axe du Bien » pour justifier aux yeux de leurs électeurs et du
monde entier leur agression, sans aval de l’ONU, contre un pays
préalablement réduit à l’impuissance par leurs soins attentifs et
appliqués. L’utilisation de ces techniques de conditionnement
psychologique a été confirmée par les récentes révélations sur les mensonges de
Washington et de Londres. Comme il est improbable qu’un président irakien
en pleine possession de ses moyens fasse le plaisir de reconnaître
« spontanément » devant le tribunal des vainqueurs ses péchés réels
ou supposés, il est peu vraisemblable que la bande actuellement au pouvoir aux
USA prenne le risque de lui offrir une tribune libre à l’échelle
planétaire. En outre, et à la différence des prévenus de 1945, le Raïs peut
certainement s’offrir, même aux Etats-Unis, les meilleurs avocats. La
solution d’un procès à huis clos pourrait cependant tenter une clique qui
ne s’est, à ce jour, jamais embarrassée de légitimité. Il n’est,
d’autre part, pas interdit de penser que la mort providentielle de
l’intéressé, dûment certifiée « de causes naturelles », puisse
constituer une conclusion souhaitable, pratique et peu coûteuse à une opération
stratégique, somme toute, assez peu reluisante… Et qui oserait contester
l’identité du défunt ? Mais en tout état de cause, au seuil de
l’année 2004, les bien navrants « héros » de l’« axe
du Bien » se sont discrédités à un tel degré aux yeux du monde que, quel
que soit le traitement final réservé à leur victime, cette dernière seule aura
toujours pour elle le bénéfice du doute.
Courage ou inconscience ? Un hebdomadaire romand1
prend le risque de signaler une fuite à l’Ecole Polytechnique Fédérale de
Lausanne. Ce que les journalistes décrivent comme un transfert illégal de
technologie à usage militaire probable se résume à une classique affaire
d’espionnage : un professeur israélien berne une section de l’EPFL et fait dûment établir un contrat de
transfert de technologie entre la haute école et une manufacture d’armes
de guerre de son pays (RAFAEL Ltd2, émanation du ministère de la
défense israélien), aux termes duquel les derniers progrès réalisés en Suisse
en matière de recherche et de réalisation en piézoélectricité passent en mains
des Israéliens. Pour parachever cette mise en place, on apprend qu’une
équipe de techniciens de RAFAEL a séjourné à l’EPFL,
histoire de peaufiner la transmission de savoir-faire. Pudiquement, ou par
ignorance, l’hebdomadaire, dans le catalogue d’emplois possibles,
omet de révéler que cette technologie entre également dans la fabrication de
systèmes de détonateurs électriques de haute précision à alimentation cinétique,
souvent montés dans les têtes de missiles et autres charges creuses.
Mais, comme le dirait probablement le chef d’état-major de l’armée
israélienne, là n’est sans doute pas la question3… La
question, ou plutôt les questions seront, nous l’espérons, posées par les
limiers fédéraux, à mesure qu’ils parviendront à remonter la chaîne des
responsabilités à l’intérieur de l’EPFL…
et celle des inévitables complicités (assorties d’enrichissements
rapides) à l’extérieur de cette dernière.
En manière de bienvenue aux deux nouveaux conseillers
fédéraux, les fantaisistes et autres chansonniers helvétiques de la gauche (y-a-t-il un fantaisiste de droite dans la salle ?)
rose et rougissante brocardent avec un bel ensemble et passablement de talent,
MM. Blocher et Merz, sans pour autant lâcher le fond
de culotte de l’encore actuel président de
1 Sonia Arnal en collaboration avec Christian Jacot-Descombes,
L’HEBDO, 11.12.03, n° 50, pp. 57-58.
2 www.rafael.co.il.
3 Cf. « L’art de
l’escamotage » LE PAMPHLET de septembre 2003, n° 327, p.2.
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Cher
Monsieur,
Votre
article : «Charles Poncet a-t-il franchi la
ligne ?» nous a très profondément déçus.
Premièrement
sur la forme. Libre à vous de chercher à justifier cet article
inqualifiable ! Libre à vous de rêver d’un Poncet
qui persiste dans la polémique; vous auriez pu au moins exiger que, dans le
genre, l’auteur ne recoure ni à l’injure ni à la grossièreté, faute
de quoi il faut admettre l’évidence : les culs les plus
terreux ne sont pas ceux qu’on croit.
Secondement
sur le fond. Difficile de faire plus insignifiant et pessimiste. Merci au
passage pour le combat d’arrière-garde et sans talent. Dans le monde
rural, les choses ont beaucoup changé depuis l’époque de votre
grand-père. Plutôt qu’ennuyer le lecteur par vos réflexions banales, vous
seriez inspiré d’aller à la rencontre des paysans
d’aujourd’hui pour découvrir la manière dont ils affrontent la
situation présente. Ni
Vous
dites qu’il n’est décidément plus possible de vouloir se fondre
dans de grands ensembles et simultanément déroger au principe de la liberté
économique ou concurrentielle. En l’occurrence, le vrai problème
n’est pas là. Pour l’heure, dans les entités politico-économiques
les plus gigantesques comme dans les plus modestes, le paysan est, sinon
toujours, trop souvent laissé pour compte parce que maillon le plus faible de
la chaîne. Les penseurs de votre gabarit oublient sans gêne que ce sont
essentiellement les salaires misérables accordés au secteur primaire qui
expliquent l’essentiel du bon marché des produits importés.
Charles
Poncet et vous avez bel et bien franchi la ligne.
Mais vous ne faites pas le poids. Les paysans ne s’y trompent
heureusement pas. Ils ne se sont pas laissé démonter.
Entre autres, le très abondant courrier des lecteurs, publié ou non par
l’Hebdo, nous rassure.
Veuillez
agréer, cher Monsieur, nos salutations distinguées.
M.
et H. M.
J’ai
déjà eu l’occasion de vous entretenir du Cri de
Hélas !
Hélas ! Les finances ne vont pas bien. Le Cri de
Je
ne saurais assez vous engager à vous abonner au Cri de
Le Petit Larousse est donc devenu un dico popu. On y
trouve des entrées tout à fait logiques, comme people. Il faut bien. Et coach ?
Allez, bon. Mais aussi Daniel Auteuil ? Alain Bashung ?
Quant à Emmanuelle Béard, qui désormais y figure, sa
présence montre la politisation du Larousse. Et maintenant que l’illustre
Professeur Schwartzenberg est parti, la voilà seule à donner
l’hospitalité chez elle, dans son appartement (du moins on
l’espère), à tous les sans-papiers qui souillent nos églises (jamais les
mosquées ni les synagogues), et qui, curieusement, ont des portables que le petit
peuple franchouillard ne peut pas se payer.
Voler
au secours d’un oiseau qui perd ses plumes, n’est-ce pas une belle
et bonne action ? Il vous en sera éternellement reconnaissant.
1 Pour adresse :
Club de
Tout ce qui n'est
pas résolument traditionaliste dans les rangs catholiques fait, consciemment ou
inconsciemment, le jeu de la subversion antichrétienne. Dans
Il n'y a aucun
accord théorique possible entre la foi catholique et la conception démocratique
moderne. L'antagonisme entre les deux est inéluctable. Jacques Maritain est, au
sein du catholicisme, le père fondateur de toutes les confusions actuelles qui
précipitent nos sociétés dans le chaos. Sa conception d'une foi séculière,
d'une «charte démocratique» fondée sur une idéologie «pratique» indépendante de
motivations philosophiques ou religieuses (qui peuvent, selon lui, être
contradictoires) – théorie que Maritain développa largement dans un livre
dont cet article ne parle pas, «L'Homme et l'Etat»3 mais qui revêt
néanmoins une importance capitale – cautionne en réalité tout le
matérialisme actuel ainsi que l'anarchie dans l'évolution des lois séculières
comme ce qu'il faut encore appeler nos «constitutions».
Cette «Charte
pratique» était censée défendre les droits fondamentaux de la personne, sur
lesquels tout le monde, aujourd'hui, est présumé s'accorder. Elle définit
incidemment aussi les nouveaux hérétiques politiques, analogues à ceux de
l'Eglise au moyen-âge.
Qui ne voit, dans
ce divorce consenti entre les motivations ou fondements moraux et religieux du
droit positif des Etats et la morale exclusivement pratique proposée relative à
un «modus vivendi» dans les sociétés pluralistes à tous égards que nous
connaissons, une forme du délire collectif dans lequel nous sombrons et qui, au
demeurant, ne sévit pas seulement dans la vie séculière des Etats démocratiques
mais, à travers l'œcuménisme, dans celle de l'Eglise elle-même?
La dérive de
Maritain est à la source de tous les bouleversements contemporains nous faisant
basculer dans l'Islam. Ce que Pie XI, dans «Mortalium
animos», déclarait impossible et insensé,
condamnable, Jacques Maritain et, à sa suite, Paul VI et Jean-Paul II le
déclarent sage et même inspiré d'en haut, nonobstant le démenti quotidien des
faits : bâtir une société humaine sur l'absence de religion commune, une
communauté internationale sur l'absence de religion universelle et de
fondements métaphysiques et religieux de la morale. Cette entreprise, je le
répète, littéralement délirante, ne peut conduire qu'au chaos général, dont
nous connaissons déjà les premiers effets dans l'enseignement, dans la vie
économique, dans l'évolution des lois elles-mêmes, dans ce qu'il est convenu
d'appeler encore la vie littéraire ou artistique.
Et il se trouve
encore des catholiques soi-disant intransigeants pour donner leur caution à
pareille folie! Le non-sens absolu d'Assise est déjà dans le délire maritainien. Ce non-sens n'est que la consécration pseudo-religieuse d'une philosophie politique véritablement
nihiliste ayant la prétention incroyable et insensée de donner un vernis de
sérieux à cette gageure : en laissant les hommes divaguer arbitrairement sur
Dieu et sa révélation, les mystères chrétiens et le salut, espérer néanmoins
qu'ils puissent tout de même dans ces conditions déplorables conserver
pacifiquement leur dignité, s'accorder entre eux sur une définition cohérente
de celle-ci et maintenir un minimum de moralité dans leurs actions publiques et
privées.
Je n'hésite donc
pas à dire que les erreurs de la philosophie politique de Jacques Maritain ne
sont pas seulement un délire de l'esprit; ces erreurs sont aussi une forme de
crime contre l'humanité, car elles nient l'importance déterminante de la
vérité, de toute vérité dans tous les ordres du savoir, y compris dans le
savoir pratique, et qu'à vouloir dissocier ainsi la défense de la dignité de
l'homme de toute forme d'orthodoxie non pratique, cette mauvaise et pernicieuse
philosophie aboutit purement et simplement à la destruction programmée de
l'intelligence.
Michel de Preux
1
2 «Maritain ou le catholicisme intégral et
l'humanisme démocratique» d'Yves Floucat, Paris éd. Téqui 2003, 154 pages.
3 P.U.F., Bibliothèque de la science politique,
Les idées politiques, 2ème éd. en 1963, dix ans après la première.
Dans une de ses dernières
chroniques avant la révision de son site internet www.commentaires.com, M. Philippe
Barraud traite de «harcèlement» l’étrange acharnement des euromaniaques à vouloir relancer le débat sur notre
adhésion, au plus mauvais moment :
Quel
étonnant spectacle !
écrit notre confrère. Au moment où l’Union européenne s’apprête à absorber de
nouveaux membres,
C’est
dans ce climat de crise institutionnelle que surgit en Suisse, comme grêle
après vendanges, un manifeste signé par une septantaine de Prominenten
venus de la politique, des hautes écoles, de la culture et des médias. Lesquels
demandent « l’ouverture du processus d’adhésion à l’UE en
2004. »
L’un des signataires, l’inénarrable Jacques
Pilet, justifie ainsi la démarche :
«…il ne suffit pas de ne plus parler d’un problème pour que
celui-ci ne se pose plus. Quelques citoyens réaffirment cette évidence dans un
appel serein. Histoire d’au moins maintenir le débat ouvert.»[1]
Là, on respire mieux.
Maintenir le débat ouvert ! L’ambition est
limitée. Les exigences du Manifeste aussi : il s’agirait de l’ouverture du processus de négociation
d’adhésion à l’UE en 2004. Au
cas où l’Union sombrerait avant la fin de l’année, faute
d’avoir su digérer 10 nouveaux membres de l’Est, les signataires
pourront toujours prétendre qu’ils n’ont pas demandé
l’adhésion, mais l’ouverture
du processus de négociation d’adhésion, ce qui est
effectivement différent.
Ecoutons M. Ruedi Noser, vice-président du parti radical suisse, industriel,
et partisan de l’adhésion :
«A
mon sens, nous nous trouvons, économiquement, face à deux grandes
questions : 1) que faut-il faire, si
Nous voilà loin des grandes
envolées lyriques sur la solidarité, le Grand Rêve et autres calembredaines à
l’usage des étudiants en sciences sociales et politiques qui exigent que
leurs diplômes soient reconnus dans toute l’Europe mais qui ne sont pas
foutus d’apprendre correctement deux langues étrangères.
Le salut économique de
Mais à part dans l’Hebdo,
qui l’a largement répercuté, avec la photo des artistes[3],
le Manifeste des
Il est urgent
d’attendre.
Claude Paschoud
[1] l’Hebdo
n° 48 du 27 novembre, page 36
[2] l’Hebdo
No 49 du 4 décembre, p.38
[3] peut-être
que la présence, parmi les signataires, de Michael Ringier,
patron de l’hebdomadaire et de Jacques Pilet, éditorialiste, a été pour
quelque chose dans la promotion médiatique de ce non-événement.
[4] l’Hebdo
No 48 page 22
Voici venu le moment des réabonnements. C’est
aussi pour nos abonnés à l’essai le moment de décider s’ils
souhaitent continuer à recevoir Le Pamphlet et, dans ce cas, de nous verser comme nos autres lecteurs
la somme de
au moyen du bulletin de versement
ci-joint.
Nous avons décidé de prendre le risque de ne pas
modifier le prix de l’abonnement, en dépit de l’augmentation des
tarifs postaux qui entrera en vigueur le 1er janvier 2004. Nous
savons en effet que le montant actuel est déjà à la limite des possibilités de
certains lecteurs que nous ne voulons pas perdre pour des raisons pécuniaires.
Et nous espérons pouvoir compter, comme chaque année, sur la générosité des
abonnés mieux pourvus, qui n’hésitent pas à payer plus et parfois
beaucoup plus, ce qui nous permettra de rétablir l’équilibre. Que ces
généreux donateurs en soient ici remerciés.
Nous rappelons à nos abonnés étrangers que la
solution la moins coûteuse pour eux et pour nous est d’envoyer le montant
de leur abonnement en liquide, sous enveloppe, et dûment «emballé» dans une
épaisseur de papier ou de carton.
Joyeux Noël et bonne année à tous.