Lausanne 33e année      «ne pas subir»       Septembre  2003 No 327

 

Sommaire :

 

Editorial

Les grandes manœuvres ont commencé pour la course au pouvoir ! L’éditorialiste analyse les chances de chaque parti et fait l’oraison de M. Kaspar Villiger

 

De l’obligation d’être sexuellement actif

L’initiative étrange de «Pro Infirmis» d’engager des caresseurs et caresseuses pour le bonheur des seuls handicapés fait réagir Mariette

 

En direct de Sirius

Max nous rappelle la vie de A.-A. Papryi et nous enseigne l’art de l’escamotage

 

Naturalisations

Le Tribunal fédéral perd les pédales, mais un lecteur de «24 heures» a peut-être trouvé la bonne solution !

 

Droit de vote aux étrangers

Une initiative vaudoise visant à supprimer l’article de la nouvelle Constitution accordant aux étrangers le droit de vote au plan communal embarrasse les partis politiques.

 

Bricoles

Où il est question de M. Martin Shaw, de M. Pascal Couchepin, de Paul Signac, de M. Jean-Marie Vodoz et de Mlle Silja Stäheli, de Mme Laurence Ferrari et de Mme Anne-Catherine Lyon…

 

Humour

Claude Paschoud met quiconque au défi de trouver de l’humour dans les dessins de Barrigue et analyse une décision de l’autorité indépendante de plainte au sujet de l’émission «La Soupe est pleine».

 

 

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Editorial

 

         Est-ce un effet de la canicule ? Le Conseiller d’Etat Philippe Biéler se sent trop fatigué pour terminer son mandat et demande à être remplacé. En dépit de la profonde douleur que nous cause le départ de cet homme valeureux et charismatique, dont l’énergie sans faille a permis au canton de Vaud d’entrer, en ce début du XXIe siècle, dans l’ère écologique, nous ne pouvons nous empêcher d’observer avec un amusement teinté d’inquiétude les gesticulations et calculs des partis en vue de lui trouver un successeur. Les Verts, naturellement, estiment que le Vert Biéler devrait être remplacé par un autre Vert, mais ils n’ont pas de candidat à la fois suffisamment connu et suffisamment rougissant pour faire pièce au popiste Josef Zizyadis qui vient semer la pagaille sous prétexte de rassembler la gauche. Ils présenteront néanmoins quelqu’un – probablement le haut fonctionnaire Philippe Martinet dont le principal titre de gloire est, semble-t-il, d’être l’un des pères spirituels d’EVM, ce qui lui vaudra, n’en doutons pas, le soutien de tous les parents d’élèves du canton ! On en saura davantage le 17 septembre, alors que Le Pamphlet sera sous presse. Les socialistes calculent prudemment qu’un candidat de leur parti ne ferait qu’accentuer l’éparpillement des voix favorables au maintien d’un troisième conseiller d’Etat de gauche et s’abstiennent donc. C’est un calcul comparable qui pousse l’UDC et le parti radical à ne pas présenter de candidats, afin de donner toutes ses chances au libéral Jacques-André Haury.

 

         Arithmétique et opportunisme sont les deux mamelles auxquelles s’abreuvent les partis politiques vaudois, alors que le canton a besoin de toute urgence d’un homme politique compétent et courageux.

        

Le même spectacle nous est proposé en ce qui concerne les élections fédérales de cet automne. L’unique souci des partis, toutes tendances confondues, est de gagner ou  de récupérer des sièges. Les slogans fleurissent, chacun s’efforce de caresser l’électeur dans le sens du poil, mais le mérite est absent de la campagne.

 

         Il en ira de même lorsque nos députés réunis en Assemblée fédérale devront désigner à la fin de l’année  un successeur au Conseiller fédéral Kaspar Villiger.

 

Car Kaspi, élu non pour ses qualités, mais pour son étiquette, nous quitte après presque quinze ans de déloyaux services, pour retourner à son vélo. Nous lui souhaitons une heureuse retraite, mais personne n’osera prétendre qu’il a brillé par ses hautes compétences. Nous ne lui reprocherons pas son inaptitude à résoudre la quadrature du cercle que constitue l’assainissement des finances fédérales. Même le plus doué n’y parviendrait pas avec un parlement qui dépense à tort et à travers. Mais nous lui devons la calamiteuse «Armée 95» qui est à l’origine de la tout aussi calamiteuse «Armée XXI». Nous lui devons d’avoir baissé ses culottes devant les organisations juives en diverses circonstances dont la plus connue prit la forme d’excuses présentées au nom de la Suisse d’aujourd’hui pour le J des passeports juifs d’autrefois.

 

         D’ailleurs, les bénéficiaires de cette servilité ont su reconnaître les services de leur valet et lui ont consenti un pourboire de 50 000 francs en lui attribuant le prix Fischhof qui «distingue des personnalités qui se sont élevées contre le racisme, l’antisémitisme et la discrimination, ou qui se sont engagées pour les minorités, la tolérance et la justice». L’heureux lauréat touchera son prix le 29 octobre. Nul doute qu’il en fera cadeau immédiatement aux révisionnistes nécessiteux, au nom de son amour des minorités, de la tolérance et de la justice.

 

         Kaspar Villiger a, semble-t-il, le profil d’un Prix Nobel de la paix. Il n’est donc même pas assez bon pour le Prix Cornichon.

 

Le Pamphlet

 

 

De l’obligation d’être sexuellement actif

 

On apprenait en mars dernier1 que Pro Infirmis, association d’aide aux handicapés, projetait de former des «caresseurs» et «caresseuses», dont la mission hautement humanitaire devait consister à offrir une assistance sexuelle aux handicapés physiques et mentaux. 24 Heures du 10 septembre 2003 nous annonce que, suite à ce projet pourtant excellent, Pro Infirmis a enregistré, entre mars et août, un recul des dons de 400 000 francs par rapport à la même période de l’an 2002. Du coup, Pro Infirmis a renoncé – provisoirement, heureusement – à son projet.

 

Je n’aurai pas de mots assez sévères pour dénoncer l’esprit calviniste, par définition obtus, qui a incité tant de prétendus «justes» à fermer leur bourse pour cause d’étroitesse d’esprit et d’incapacité à comprendre que tout être humain, quel que soit son état, a non seulement le droit, mais aussi le devoir de vivre une sexualité harmonieuse. Faut-il être mesquin pour ne vouloir financer que des fauteuils roulants ou des rampes d’accès destinés à des gens qui souffrent en permanence d’un déficit de tendresse et de sensualité !

 

D’ailleurs, le projet ne prévoyait pas de faire payer les caresses – les rapports proprement dits ou les fellations étaient exclus : on a le sens des limites, quand même - par les donateurs. L’idée était plutôt de les faire rembourser par les assurances sociales qui, comme chacun sait, ne savent plus que faire de leur argent.

 

Certains ex-donateurs ont poussé l’absurdité jusqu’à comparer à la prostitution les caresses que quelques «spécialistes» des deux sexes s’apprêtaient à fournir aux handicapés, après due formation et contre dû salaire. On croit rêver ! Il est évident qu’il s’agissait de donner des soins. Les «caresseurs» et les «caresseuses» auraient fait partie du personnel en blouse blanche. Ils seraient arrivés dans les chambres tout bardés de gentillesse convenue. Simplement, au lieu de dire : «Avons-nous bien dormi ? Allons-nous sagement prendre un bon petit-déjeuner qui nous aidera à bien commencer la journée ?», ils auraient dit : «Avons-nous bien dormi ? Pourquoi pas une petite branlette qui nous permettra de bien commencer la journée ?».

 

A mon avis, le seul défaut du projet est son caractère discriminatoire : il postule que seuls les handicapés souffrent d’un déficit sexuel. Il oublie tous les gens prétendument normaux qui ont un problème analogue : les veufs prostatiques, les veuves inconsolables, les hommes et les femmes moches, les adolescents coincés, les homosexuels honteux, sans parler des couples qui souffrent de «problèmes relationnels».

 

Il est donc urgent de faire voter une loi fédérale imposant l’intervention de «caresseurs» et de «caresseuses» professionnels partout.

 

Mariette Paschoud

 

1 24 Heures du 18 mars 2003

 

 

En direct de Sirius

 

In memoriam – Alphonse Amadeus Papryi

 

Il y a dix ans, déjà, s’éteignait en son mas de Saint Clônard-en-Lubéron l’illustre Alphonse Amadeus Papryi. Français d’origine poldève, ce grand bienfaiteur de l’humanité a laissé de manière durable son empreinte d’humaniste humanitaire doublé d’un grand artiste. Les mélomanes se souviendront tout particulièrement de sa Symphonie n° VII « Démocratique », pour instruments à vent, qui sera reprise très prochainement à titre d’hommage à la Philharmonie de Klovn, sa ville natale. Mais Alphonse Amadeus Papryi restera surtout comme le grand défenseur de la souvenance. Alfonz Bojedar Pavu naît le 29.2.24 au camp d’internement tchouvache de Derschnupf, à l’épicentre des actions répressives des troupes spéciales du parti des « croix potencées ». Très précoce, il entre en résistance et prend la tête du soulèvement de 1925, avec le succès que l’on connaît. Sur pressions internationales, en particulier des députés socialistes français, en réaction à la publication par leur adversaire de l’Action Française, M. Léon Daudet, d’une série de lettres particulièrement poignantes d’un témoin poldève survivant, M. Lyneczi Stan, le camp sera finalement rasé par les sbires de Myklos Lombrik. C’est dans la clandestinité que le jeune Pavu prendra définitivement l’identité d’un révolutionnaire copernicien de ses amis, le philosophe pataphysicien baron Papryi, fusillé par les Tchouvaches lors de la coûteuse reconquête de Klovn. A. A. Papryi a publié un recueil de souvenirs poignant, « J’en étais », aux éditions de Rose. Au Juste Rétablissement tchouvache de 1939, Papryi émigre en France où il travaille brièvement comme mineur à Roquefort, pour se réfugier en juin 1940 à Londres, dans le quartier de South Kensington où il exercera simultanément des activités de coiffeur pour dames et de composition musicale, art dans lequel il se distinguera par sa contribution dans le domaine de la musicalité objective. Brièvement, il témoignera contre le « Klakman » Lombrik lors des procès du Contre-rétablissement (1946-48). De retour en France, Papryi, sensible à la défense des opprimés, ne ménagera pas ses efforts de soutien en faveur de la défense des « sans-papiers », particulièrement ceux d’origines indéfinissables. On lui doit le célèbre slogan « Les “cathos” seuls peuvent, les “cathos” seuls doivent » en faveur de l’occupation des églises de son quartier de la Muette et de N.D. du Charolais. En 1986, l’Amicale des arrière-petits-enfants des martyrs poldèves le coopte pour déposer sa candidature au prix Nobel de la Paix, mais il se désiste en faveur de l’Américain E. Wiesel. On retiendra son témoignage d’abnégation superbe de modestie, dans son style concis si caractéristique : « Elie en a fait beaucoup plus ». Elie sera élu. Toujours très consulté par les vrais démocrates, Alphonse Amadeus Papryi se retirera au « Haras » sa modeste propriété non loin de Gordes et de celle de son amie et gardienne des seaux1, où il finira tout de même par mourir dans son sommeil le 20.4.19932.

 

Pointe sèche n° 1 : le nouveau riche

 

Il possédait trois automobiles de luxe, avec toutes options, et une conversation de vingt-quatre phrases.

 

Pointe sèche n° 2 : le « snobissime »

 

Il avait tant craint de ne pas être du dernier snobisme qu’à son corps défendant il en était redevenu conventionnel.

 

L’art de l’escamotage

 

 « Là n’est pas la question. »

Le reste, à l’avenant... Telle est, après une laborieuse tentative d’accréditation de la thèse anglo-américaine des armes de destruction massive irakiennes, la réponse du chef d’état-major de l’armée israélienne, M. Moshé Ya’alon à la question du journaliste Ugo Rankl3 : « Israël possède-t-il des armes de destruction massive ? ».

Précisément la réponse – ou plutôt la présence d’esprit – qui a fait défaut à M. Saddam Hussein entre novembre 2002 et mars 2003...

 

Tirer les marrons du feu à la mode « Washington »

 

M. Bush (le Petit) ne sachant plus comment se dépatouiller de sa guerre de trop, invite aimablement Allemands et Français à une réconciliation dans le cadre onusien… à charge de l’« Organisation » de payer les pots cassés et de fournir la chair à canon de remplacement… Quant à M. Perle, fossoyeur de l’Irak, aux dernières nouvelles, pas rancunier, il passait des vacances de rêve dans sa résidence secondaire de la Côte d’Azur…

 

 « Solidarité »

 

Principe au nom duquel un chef d’Etat, rentré de vacances bronzé et dispos, signifie à ses sujets, quelques milliers de victimes plus tard, que peu lui chaut l’impéritie (incurie ?) manifeste de ses ministres en matière de préservation du bien-être national et qu’à la prochaine facétie météorologique (canicule ou son envers) ils n’auront qu’à se démerder tout seuls.

 

Max l’Impertinent

 

 

1 Non, il ne s’agit pas d’une erreur.

2 Max serait reconnaissant à toute personne susceptible de lui communiquer des informations historiques générales sur le « drame poldève » ou particulières sur la pataphysique, A. A.  Papryi, L. Stan ou L. Daudet de le contacter via LE PAMPHLET.

3 PARIS-MATCH, n° 2825, 10-16.7.2003, pp. 82-83.

 

 

 

Naturalisations

 

Quelle mouche a piqué le Tribunal fédéral, qui semble avoir perdu les pédales pendant les grandes chaleurs ? Lors de l’affaire du «juge cracheur», le TF s’était déjà distingué par son absence de sang-froid, allant jusqu’à suspendre définitivement un juge, sans avoir procédé à aucune enquête sérieuse sur les griefs colportés sur son compte.

 

Le 9 juillet, c’est à l’unanimité de ses cinq juges que la première Cour de droit public a déclaré inconstitutionnelle l’initiative de l’UDC zuricoise par laquelle ce parti entendait soumettre les naturalisations à un vote populaire. Selon notre Haute Cour, on ne peut plus, comme autrefois, soutenir que l’octroi de la nationalité suisse est un acte politique. C’est devenu, selon les juges, une décision quasi administrative, qui a une influence sur les droits des individus qui la demandent.Dès lors, des garanties entourant les droits fondamentaux de ces personnes devront être respectées. Or, ce n’est pas possible en cas de vote populaire. Celui qui demande sa naturalisation et qui en remplit les conditions légales – durée du séjour, intégration, accoutumance aux usages et à l’ordre juridique suisse – a le droit d’être entendu. Il s’ensuit qu’il a le droit aussi à ce que la décision prise, si elle est négative, soit dûment motivée, avec indication des voies et délais de recours.

 

Pour M. Michel Perrin, le chroniqueur de «24 heures» qui rend compte de cet arrêt, c’est «la fin d’une indignité».

 

En réalité, cet arrêt est un acte politique, domaine dans lequel le TF ne devrait pas s’aventurer, parce qu’en ce domaine, il manque de sérénité.

 

La naturalisation doit rester un acte politique, écrit Mme Marie-Christine Roessler dans un article confié au décapant «commentaires.com», hebdomadaire publié sur Internet par M. Philippe Barraud. Plusieurs lecteurs l’approuvent, parmi lesquels M. Pierre Santschi qui se moque des «artistes de Mon-Repos» :

 

«Il n’est peut-être pas bon, pour des raisons pratiques, de confier un tel acte [l'octroi de la naturalisation] au vote populaire, parce que le peuple n’a pas pu éprouver personnellement l’aptitude du candidat ; mais c’est bien le peuple, et pas l’administration, qui doit rester l’instance de décision, (...)» écrivez-vous dans l'un de vos derniers éditoriaux à propos de la décision du Tribunal fédéral "justifiant" l'inconstitutionnalité du vote populaire pour cet acte (qui est en fait un octroi de compétence politique).

 

Mais alors, puisque nous sommes en période électorale, que penser des élections de députés ou autres conseillers nationaux, à qui l'on octroie également des compétences politiques par leur élection? Est-ce que vous croyez sincèrement que le peuple a «pu éprouver personnellement l'aptitude du candidat»?

 

Toute élection par le peuple serait-elle donc inconstitutionnelle aux yeux des juges du TF?

 

On pourrait d'ailleurs aussi faire remarquer aux artistes de Mon-Repos, s'ils avaient eu le flair de voir l'analogie, que les citoyens d'Emmen avaient les possibilités de s'informer des qualités des candidats à la naturalisation aussi bien que de celles des candidats au Conseil national !  A moins que lesdits artistes ne souhaitent l'introduction d'un droit de recours pour les candidats au Conseil national non élus?»

 

La naturalisation, comme le fait observer un lecteur quelques jours plus tard dans une lettre ouverte à «24 heures», c’est un peu comme des fiançailles :

 

«Si un tribunal déclarait qu’il suffirait qu’une personne remplisse les conditions fixées pour que ses fiançailles se transforment en mariage et qu’il y aurait arbitraire de la part du partenaire à refuser le mariage s’il ne peut invoquer des motifs pertinents relatifs à la capacité de mariage du partenaire qu’on lui impose, tout le monde s’esclafferait !

Pourquoi ?

Le mariage est d’abord une relation affective et non une relation juridique (…) le libre choix  des relations affectives n’est pas aux mains des juges, mais des partenaires.»

 

Ce lecteur souhaite que la loi sur la nationalité, actuellement en cours de révision, sache trouver une solution qui à la fois préserve le libre choix du partenaire, quitte à indemniser les prétendants éconduits par surprise et sans leur faute des frais engagés de bonne foi dans une expérience procédurale déçue, comme en prévoit le Code civil en cas de rupture de fiançailles.

 

Voilà une proposition intéressante.

 

C.P.

 

 

Droit de vote aux étrangers

 

On nous présente aujourd’hui l’octroi du droit de vote aux étrangers sur le plan communal comme «la principale innovation» introduite par la nouvelle Constitution vaudoise entrée en vigueur le 14 avril dernier, pour bien nous faire comprendre l’arrogance de celles et ceux qui, remettant en cause une innovation récemment plébiscitée par le peuple, sont les «mauvais perdants» d’une campagne terminée, et perdue pour eux.

 

Et pourtant, une initiative est en cours, visant à soumettre au peuple vaudois l’abrogation de la lettre b) de l’article 142 al. 1 de la Constitution. C’est cet alinéa qui, précisément, accorde aux étrangers qui résident en Suisse depuis 10 ans au moins et sont domiciliés dans la commune depuis 3 ans au moins le droit de faire partie du corps électoral.

 

Dans son éditorial de «24 heures» des 23-24 août, M. Laurent Caspary écrit : «La peur. Rien d’autre ne se cache derrière l’initiative (…) Cette peur remonte aux tréfonds de l’histoire et ne constitue rien d’autre qu’un très vieux réflexe sécuritaire et identitaire…»

 

Le ton de la campagne est donné, et l’embarras des partis politiques, à un mois des élections fédérales, est perceptible. Seule la Ligue vaudoise, par la plume de son président Olivier Delacrétaz, et parce qu’il n’est candidat à aucun siège, peut se permettre d’affirmer qu’il faut soutenir l’initiative, dont les promoteurs «sortent du bois», selon mon dodu quotidien de référence[1], qui se délectait la semaine précédente en constatant : «la droite nationaliste se déchire».

 

L’introduction dans la Constitution vaudoise de cette innovation, offrant aux étrangers bien intégrés le droit de vote sur le plan communal deux ans avant de pouvoir bénéficier de la naturalisation, dont on proclamait par ailleurs[2] qu’elle devait être facilitée, rapide et gratuite, était une petite sottise, comme l’est d’ailleurs le 3e alinéa de cette disposition, qui prescrit que la procédure (de naturalisation) doit prévoir «une instance de recours».

 

Mais cette sottise va dans le sens de l’Histoire, dans le sens de l’ouverture, de l’accueil, de la xénophilie érigée en vertu. On ne peut revenir en arrière !

 

En réalité, l’octroi du droit de vote aux étrangers sur le plan communal est le prélude à l’octroi du même droit au plan cantonal. Et ces droits sont une entrave à l’intégration des étrangers, et un contre-argument à leur naturalisation.

 

Il faut soutenir la récolte des signatures, mais je ne me fais guère d’illusions sur le résultat du vote.

 

C.P.

 

 

 

Bricoles

 

 

Ne cherchez plus

 

Sorti de l’hôpital, M. Martin Shaw, le crétin britannique qui s’était suspendu à une corde placée en travers de l’autoroute, pendant le G8, déclare vouloir rechercher les responsables de sa mésaventure.

 

Un miroir ferait-il l’affaire ?

 

Couchepin salaud, le peuple aura ta peau !

 

Même une petite fille avait été mobilisée pour porter une pancarte : «Couchepin, démission !». On entend beaucoup couiner ceux qui ne supportent pas qu’on s’en prenne ni à l’âge de la retraite, ni au montant de leur rente. Mais on n’entend guère de propositions intelligentes qui permettraient de préserver intacts les rêves des années d’abondance dans une conjoncture plutôt maussade. Il est plus agréable de croire qu’on pourra bénéficier d’une rente confortable et partir en retraite à 65 ans que de prendre conscience de la réalité : il faudra soit travailler plus longtemps, soit bénéficier d’une retraite amaigrie, soit encore compter sur nos cadets pour qu’ils acceptent, eux, les sacrifices nécessaires. Pascal Couchepin a eu le courage de poser le problème. Aux partis de dire leurs solutions.

 

Pensées sur un G8

 

Dans un essai daté du 15 août, Eric Werner développe avec courage une thèse audacieuse : les autorités (genevoises et vaudoises) n’ont rien fait pour contenir les désordres annoncés pendans le G8, parce que l’insécurité ressentie par la population est indispensable à la mainmise des gouvernants sur le peuple : «Car si l’insécurité engendre la peur, la peur elle-même engendre un besoin bien compréhensible de sécurité, besoin que les dirigeants sont seuls à pouvoir satisfaire (même s’ils le laissent, et pour cause, insatisfait). En sorte que leur position hégémonique s’en trouve par là même renforcée».

 

Disponible chez l’auteur, case postale 4102, 1002 Lausanne.

 

Exposition Paul Signac chez Gianadda

 

Paul Signac (1863-1935) est considéré communément comme un «néo-impressionniste». La centaine d’œuvres réunies à Martigny, jusqu’au 23 novembre, montre un artiste plus compexe qu’on le croyait : apôtre de la division des couleurs, Signac s’est pris d’affection, vers la fin de sa vie, notamment après la guerre, pour l’aquarelle. A ne pas manquer !

 

Défense du français

 

M. Jean-Marie Vodoz, ancien rédacteur en chef de «24 heures» est un infatigable défenseur du français contre la bouillie anglo-américaine que nous imposent l’administration, les grands opérateurs de téléphonie ou la Poste.

Un encart publicitaire a paru le lundi 1er septembre. On nous invitait à soutenir l’effort entrepris en faveur du français en appelant le numéro 0848 000 128.

 

Déception, c’est un répondeur qui vous invite à décliner votre nom et votre adresse. Deux semaines plus tard, pas de nouvelles…

 

Aurais-je dû m’inscrire en anglais ?

 

Les belles vacances de l’«otage»

 

C’est sous ce titre qu’un lecteur de «24 heures», M. Albert Vaucher, réagit à l’interview de Mlle Silja Stäheli, retenue au Sahara et récemment «libérée», qui affirmait dans un journal zuricois qu’elle s’était bien amusée en jouant et en discutant avec les ravisseurs, et que l’ambiance était super !

 

On se demande, dans ces conditions, pourquoi il a fallu se mobiliser pour interrompre cette expérience enrichissante. On se demande aussi pourquoi le contribuable devrait financer l’accueil de ces crétins, emmenés d’Allemagne en Suisse par l’avion du Conseil fédéral. Mme Calmy-Rey l’a affirmé : on ne demandera pas aux ex-otages de participer aux frais de leur libération.

 

 

Les seins de Laurence Ferrari

 

Le magazine Voici a publié des photos de Mme Laurence Ferrari, animatrice de télé, la poitrine dénudée. La dame est furieuse et considère qu’il s’agit d’une «atteinte abjecte à sa vie privée» sans qu’on sache pourtant si la belle s’exhibait sur une plage publique ou dans un lieu fermé…

 

L’affaire est déjà entre les mains de mon avocat, confie naïvement la journaliste aux confrères qui s’esclaffent.

 

Exclusion

 

Déjà le mot fait frémir. Mais lorsqu’on apprend que les autorités scolaires du canton de Berne peuvent exclure de l’école obligatoire des élèves pour «perturbation grave de l’enseignement, refus de travailler, violation de règles établies et difficultés disciplinaires» et qu’elles ont usé de ce droit à 26 reprises, on reste sans voix.

 

Pour l’école vaudoise, l’exclusion «n’est pas la solution» nous affirment, la main sur le cœur, les pontes d’EVM, avec à leur tête Mme Anne-Catherine Lyon, qui livre dans «24 heures» du 9 septembre, un morceau de langue de bois digne d’une anthologie.La solution pour qui ? Pour les exclus, évidemment pas. Mais pour les autres, sans doute.

 

Or, il faut bien procéder, dans de tels cas, à une pesée des intérêts. Lorsqu’un pomme est pourrie et qu’on la jette, pour elle, «ce n’est pas la solution», mais pour le reste du cageot, c’est indispensable.

 

 

 

Humour

 

Dans mon fidèle «Littré» (édition Jean-Jacques Pauvert 1957), l’humour est défini comme la gaieté d’imagination, la veine comique.

 

A cette aune, il est rare que les dessins de Barrigue, publiés généralement dans «Le Matin», contiennent une once d’humour : dessins grossiers, plaisanteries pesantes, satire en souliers à clous. Barrigue est à l’humour ce que Ted Robert est à la chanson française.

 

C’est dire que la polémique sur ses illustrations censurées dans un livre scolaire de calcul m’a diverti. Bref rappel : l’éditeur d’un livre scolaire commande des illustrations à Barrigue, qui a déjà commis, par le passé, de nombreuses illustrations pour d’autres manuels. Une commission de rédaction donne son aval et le bon à tirer. Le livre est imprimé et distribué. Mais à Genève et dans le canton de Vaud, il soulève les protestations de quelques professeurs, qui trouvent certains dessins inacceptables.

 

Les départements de l’instruction publique des deux cantons donnent raison aux protestataires, et le livre sera réimprimé, sans aucune illustration, pour les élèves de ces deux cantons.

 

Le contribuable a raison de s’indigner, et de demander qui va régler la facture. En l’occurrence, la responsabilité de ce cafouillage ne saurait incomber à Barrigue. L’éditeur a commandé à ce dessinateur, connu dans toute la Suisse romande pour son mauvais goût et son peu de talent, des illustrations pour un livre de calcul et le dessinateur a parfaitement rempli sa mission, en livrant des dessins d’une grande platitude et d’un parfait mauvais goût.

 

Dans la colonne des lecteurs des quotidiens, on a pu lire çà et là que les professeurs protestataires manquaient d’humour… que l’humour est nécessaire à la pédagogie.

 

Mais qu’est-ce que l’humour ?

 

Si un petit facétieux vous balance une tarte à la crème en pleine poire dans une assemblée publique, et que la plaisanterie n’est pas à votre goût, il se trouvera plusieurs imbéciles pour proclamer que vous manquez du sens de l’humour.

 

Pour chacun d’entre nous, l’humour, c’est ce qui nous fait rire. Mais l’homme de goût ne rit pas des mêmes situations que l’imbécile. De ce point de vue, Barrigue est évidemment à sa place dans «Le Matin», puisque l’esprit «tarte à la crème» convient assez bien à un lectorat à peine éveillé et disposé à se contenter de peu, quant au fond et quant à la forme.

 

L’illustration d’un livre scolaire suppose des exigences différentes d’esprit, de technique graphique, d’humour, en un mot, dont le malheureux Barrigue est totalement incapable. Ce n’est pas lui qui est coupable, d’ailleurs, mais ceux qui se sont adressés à lui.

 

Mais qui sont-ils, ces éditeurs, ces membres du comité de lecture, ces maîtres de mathématiques, ces parents d’élèves qui oseront venir m’affirmer, les yeux dans les yeux, qu’ils ont trouvé de l’humour dans les dessins de Barrigue ? Ce sont probablement les mêmes qui s’écrasent de rire lorsqu’un ivrogne fait un croc-en-jambe à la serveuse, laquelle s’étale avec tout son plateau au milieu du bistrot.

 

* * *

*

 

Le 7 avril 2002, sur les ondes de la Radio suisse romande la Première, les animateurs de l’émission «satirique et insolente sur l’actualité et la politique suisse» La Soupe est pleine brocardaient la religion chrétienne, dans des sketches disant notamment : «(…) mis à part les traditionnels bobards (…), comme chaque année on nous a fait le coup de Jésus est ressuscité, Hosanna Hosanna on sera tous sauvés(…)» et encore : «Vous me direz oui, mais bon, Pâques quand même, le sang du Christ, on s’en envoie bien deux ou trois litres chacun en plus de la bière de mars(…)».

 

Saisie d’une plainte contre ces ignominies, l’Autorité indépendante d’examen des plaintes (ci-après : l’AIEP) en matière de radio-télévision a rendu sa décision le 21 mars 2003, qui n’a été rendue publique que le 5 juin dernier.

 

L’AIEP relève tout d’abord que la satire relève de la liberté d’opinion garantie par l’art. 16 de la Constitution fédérale. Elle est également protégée par l’art. 10 CEDH, ainsi que par la liberté de l’art énoncée à l’art. 21 Cst. La satire peut se définir comme un mode d’expression dans lequel on donne sciemment aux propos un autre sens que celui qu’ils ont habituellement. Elle déforme la réalité, la rend autre, la transpose, la dénature, la banalise, la caricature, la ridiculise (…) C’est la combinaison du réel et de l’imaginaire qui fait naître un effet satirique (…) La satire fait donc partie intégrante de l’autonomie des programmes garantie par les art. 93 al. 3 Cst et 5 al. 1 LRTV. En vertu de ce principe, le diffuseur jouit d’une marge de manœuvre relativement grande dans la conception de ses programmes. Il peut se permettre de critiquer les domaines les plus variés de la vie politique, sociale, culturelle ou religieuse. Les limites sont notamment celles qu’impose le respect des autres libertés fondamentales.

 

Tout en reconnaissant que le contenu des sketches était «certes parfois de mauvais goût, voire d’un humour grossier digne des corps de garde», l’Autorité estime cependant qu’il ne suffit pas que les éléments essentiels de la foi soient simplement touchés pour qu’on admette une violation du droit des programmes. Ils doivent l’être d’une manière notable. Il s’agit d’un changement de jurisprudence.

 

Et les expressions utilisées par les comiques troupiers Ivan Frésard et Frédéric Recrosio, mettant en cause la résurrection et l’eucharistie, «n’ont pas heurté le domaine sensible des sentiments religieux d’une manière notable» selon la majorité de l’aréopage.

 

La plainte est donc rejetée par 6 voix contre 3. Mais, fait unique dans les annales de l’Autorité indépendante, la décision publie également l’opinion dissidente des trois membres minorisés, parmi lesquels le président de cette Autorité M. Denis Barrelet, dont on est heureusement surpris de pouvoir saluer le bon sens en cette occurrence : «…Si une telle atteinte faite de tous ces éléments n’est pas notable, qu’est-ce alors qu’une atteinte notable ? Cette décision illustre bien selon nous l’ampleur de la relativisation à laquelle l’AIEP a procédé, ou, si on préfère, l’affaiblissement qui est désormais apporté à la protection de valeurs pourtant centrales de notre ordre juridique».

 

Dans sa chronique confiée à «24 heures» du 21 juillet, le pasteur Claude Schwab commente cette décision sous le titre «J’irai cracher dans la soupe». Il observe qu’«on n’oserait pas répandre le quart de la moitié du gros sel déversé dans la soupe à propos des religions juive, musulmane ou bouddhiste que les plaintes seraient aussitôt reçues et recevables. (…)

 

Sur ce point, je ne suis pas certain que l’auteur ait raison. On peut aujourd’hui se moquer de toutes les religions traditionnelles, mettre en doute l’existence de tous les dieux. Une seule croyance est obligatoire, et les fidèles de toutes les religions sont tenus de par la loi de professer leur foi en elle : la Shoah.

 

Mettez en doute la résurrection du Christ, moquez-vous de l’eucharistie, diffamez grossièrement le Pape, vous n’aurez pas heurté le domaine sensible des sentiments religieux d’une manière notable.

 

Mais manifestez une certaine incrédulité sur la réalité historique de quelques récits véhiculés par la religion holocaustique, et vous serez condamné à la prison ferme !

 

Là, on heurte assez vite le domaine sensible de la seule et dernière religion, celle qui a le droit exclusif d’interdire la diffusion de convictions contraires, au mépris de l’article 15 al. 2 de la Constitution fédérale.

 

Claude Paschoud

 

 

 

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La rédaction 

 

 

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[1] 24 heures des 23-24 août

[2] art. 69 de la Constitution