Sommaire :
Les grandes manœuvres ont commencé pour la course au pouvoir !
L’éditorialiste analyse les chances de chaque parti et fait l’oraison de M.
Kaspar Villiger
De l’obligation d’être sexuellement actif
L’initiative étrange de «Pro Infirmis» d’engager des caresseurs et
caresseuses pour le bonheur des seuls handicapés fait réagir Mariette
Max nous rappelle la vie de A.-A. Papryi et nous
enseigne l’art de l’escamotage
Le Tribunal fédéral perd les pédales, mais un lecteur de «24
heures» a peut-être trouvé la bonne solution !
Une initiative vaudoise visant à supprimer l’article de la nouvelle
Constitution accordant aux étrangers le droit de vote au plan communal
embarrasse les partis politiques.
Où il est question de M. Martin Shaw, de M. Pascal Couchepin, de
Paul Signac, de M. Jean-Marie Vodoz et de Mlle Silja Stäheli, de Mme Laurence
Ferrari et de Mme Anne-Catherine Lyon…
Claude Paschoud met quiconque au défi de trouver de l’humour
dans les dessins de Barrigue et analyse une décision de l’autorité indépendante
de plainte au sujet de l’émission «La Soupe est pleine».
Grâce à un généraux donateur, nous sommes en mesure d’offrir
un abonnement à l’essai de 3 mois gratuitement !
…et encore quelques exemplaires de la collection
complète !
Est-ce
un effet de la canicule ? Le Conseiller d’Etat Philippe Biéler se sent
trop fatigué pour terminer son mandat et demande à être remplacé. En dépit de
la profonde douleur que nous cause le départ de cet homme valeureux et
charismatique, dont l’énergie sans faille a permis au canton de Vaud d’entrer,
en ce début du XXIe siècle, dans l’ère écologique, nous ne pouvons nous
empêcher d’observer avec un amusement teinté d’inquiétude les gesticulations et
calculs des partis en vue de lui trouver un successeur. Les Verts,
naturellement, estiment que le Vert Biéler devrait être remplacé par un autre
Vert, mais ils n’ont pas de candidat à la fois suffisamment connu et
suffisamment rougissant pour faire pièce au popiste Josef Zizyadis qui vient
semer la pagaille sous prétexte de rassembler la gauche. Ils présenteront
néanmoins quelqu’un – probablement le haut fonctionnaire Philippe Martinet dont
le principal titre de gloire est, semble-t-il, d’être l’un des pères spirituels
d’EVM, ce qui lui vaudra, n’en doutons pas, le soutien de tous les parents
d’élèves du canton ! On en saura davantage le 17 septembre, alors que Le Pamphlet sera sous
presse. Les socialistes calculent prudemment qu’un candidat de leur
parti ne ferait qu’accentuer l’éparpillement des voix favorables au maintien
d’un troisième conseiller d’Etat de gauche et s’abstiennent donc. C’est un
calcul comparable qui pousse l’UDC et le parti radical à ne pas présenter de
candidats, afin de donner toutes ses chances au libéral Jacques-André Haury.
Arithmétique
et opportunisme sont les deux mamelles auxquelles s’abreuvent les partis
politiques vaudois, alors que le canton a besoin de toute urgence d’un homme
politique compétent et courageux.
Le même spectacle nous est
proposé en ce qui concerne les élections fédérales de cet automne. L’unique
souci des partis, toutes tendances confondues, est de gagner ou de récupérer des sièges. Les slogans
fleurissent, chacun s’efforce de caresser l’électeur dans le sens du poil, mais
le mérite est absent de la campagne.
Il
en ira de même lorsque nos députés réunis en Assemblée fédérale devront
désigner à la fin de l’année un
successeur au Conseiller fédéral Kaspar Villiger.
Car Kaspi, élu non pour ses
qualités, mais pour son étiquette, nous quitte après presque quinze ans de
déloyaux services, pour retourner à son vélo. Nous lui souhaitons une heureuse
retraite, mais personne n’osera prétendre qu’il a brillé par ses hautes
compétences. Nous ne lui reprocherons pas son inaptitude à résoudre la
quadrature du cercle que constitue l’assainissement des finances fédérales.
Même le plus doué n’y parviendrait pas avec un parlement qui dépense à tort et
à travers. Mais nous lui devons la calamiteuse «Armée 95» qui est à l’origine
de la tout aussi calamiteuse «Armée XXI». Nous lui devons d’avoir baissé ses
culottes devant les organisations juives en diverses circonstances dont la plus
connue prit la forme d’excuses présentées au nom de la Suisse d’aujourd’hui
pour le J des passeports juifs d’autrefois.
D’ailleurs,
les bénéficiaires de cette servilité ont su reconnaître les services de leur
valet et lui ont consenti un pourboire de 50 000 francs en lui attribuant le
prix Fischhof qui «distingue des personnalités qui se sont élevées contre le racisme,
l’antisémitisme et la discrimination, ou qui se sont engagées pour les minorités,
la tolérance et la justice». L’heureux lauréat touchera son prix le 29
octobre. Nul doute qu’il en fera cadeau immédiatement aux révisionnistes
nécessiteux, au nom de son amour des minorités, de la tolérance et de la
justice.
Kaspar
Villiger a, semble-t-il, le profil d’un Prix Nobel de la paix. Il n’est donc
même pas assez bon pour le Prix Cornichon.
Le Pamphlet
De
l’obligation d’être sexuellement actif
On apprenait en mars dernier1
que Pro Infirmis, association d’aide aux handicapés, projetait de former
des «caresseurs» et «caresseuses», dont la mission hautement humanitaire devait
consister à offrir une assistance sexuelle aux handicapés physiques et mentaux.
24 Heures du 10 septembre 2003 nous annonce que, suite à ce projet
pourtant excellent, Pro Infirmis a enregistré, entre mars et août, un
recul des dons de 400 000 francs par rapport à la même période de l’an 2002. Du
coup, Pro Infirmis a renoncé – provisoirement, heureusement – à son
projet.
Je n’aurai pas de mots assez
sévères pour dénoncer l’esprit calviniste, par définition obtus, qui a incité
tant de prétendus «justes» à fermer leur bourse pour cause d’étroitesse
d’esprit et d’incapacité à comprendre que tout être humain, quel que soit son
état, a non seulement le droit, mais aussi le devoir de vivre une
sexualité harmonieuse. Faut-il être mesquin pour ne vouloir financer que des
fauteuils roulants ou des rampes d’accès destinés à des gens qui souffrent en
permanence d’un déficit de tendresse et de sensualité !
D’ailleurs, le projet ne
prévoyait pas de faire payer les caresses – les rapports proprement dits ou les
fellations étaient exclus : on a le sens des limites, quand même - par les
donateurs. L’idée était plutôt de les faire rembourser par les assurances
sociales qui, comme chacun sait, ne savent plus que faire de leur argent.
Certains ex-donateurs ont
poussé l’absurdité jusqu’à comparer à la prostitution les caresses que quelques
«spécialistes» des deux sexes s’apprêtaient à fournir aux handicapés, après due
formation et contre dû salaire. On croit rêver ! Il est évident qu’il
s’agissait de donner des soins. Les «caresseurs» et les
«caresseuses» auraient fait partie du personnel en blouse blanche. Ils seraient
arrivés dans les chambres tout bardés de gentillesse convenue. Simplement, au
lieu de dire : «Avons-nous bien dormi ? Allons-nous sagement prendre
un bon petit-déjeuner qui nous aidera à bien commencer la journée ?», ils
auraient dit : «Avons-nous bien dormi ? Pourquoi pas une petite
branlette qui nous permettra de bien commencer la journée ?».
A mon avis, le seul défaut du projet est son
caractère discriminatoire : il postule que seuls les handicapés souffrent
d’un déficit sexuel. Il oublie tous les gens prétendument normaux qui ont un
problème analogue : les veufs prostatiques, les veuves inconsolables, les
hommes et les femmes moches, les adolescents coincés, les homosexuels honteux,
sans parler des couples qui souffrent de «problèmes relationnels».
Il est donc urgent de faire
voter une loi fédérale imposant l’intervention de «caresseurs» et de
«caresseuses» professionnels partout.
1 24 Heures du
18 mars 2003
Il y a dix ans, déjà, s’éteignait en son mas de Saint
Clônard-en-Lubéron l’illustre Alphonse Amadeus Papryi. Français d’origine
poldève, ce grand bienfaiteur de l’humanité a laissé de manière durable son
empreinte d’humaniste humanitaire doublé d’un grand artiste. Les mélomanes se
souviendront tout particulièrement de sa Symphonie n° VII
« Démocratique », pour instruments à vent, qui sera reprise très
prochainement à titre d’hommage à la Philharmonie de Klovn, sa ville natale.
Mais Alphonse Amadeus Papryi restera surtout comme le grand défenseur de la souvenance.
Alfonz Bojedar Pavu naît le 29.2.24 au camp d’internement tchouvache de
Derschnupf, à l’épicentre des actions répressives des troupes spéciales du
parti des « croix potencées ». Très précoce, il entre en résistance
et prend la tête du soulèvement de 1925, avec le succès que l’on connaît. Sur
pressions internationales, en particulier des députés socialistes français, en
réaction à la publication par leur adversaire de l’Action Française, M. Léon
Daudet, d’une série de lettres particulièrement poignantes d’un témoin poldève
survivant, M. Lyneczi Stan, le camp sera finalement rasé par les sbires de
Myklos Lombrik. C’est dans la clandestinité que le jeune Pavu prendra
définitivement l’identité d’un révolutionnaire copernicien de ses amis, le
philosophe pataphysicien baron Papryi, fusillé par les Tchouvaches lors de la
coûteuse reconquête de Klovn. A. A. Papryi a publié un recueil de souvenirs
poignant, « J’en étais », aux éditions de Rose. Au Juste
Rétablissement tchouvache de 1939, Papryi émigre en France où il travaille
brièvement comme mineur à Roquefort, pour se réfugier en juin 1940 à Londres,
dans le quartier de South Kensington où il exercera simultanément des activités
de coiffeur pour dames et de composition musicale, art dans lequel il se distinguera
par sa contribution dans le domaine de la musicalité objective. Brièvement, il
témoignera contre le « Klakman » Lombrik lors des procès du Contre-rétablissement
(1946-48). De retour en France, Papryi, sensible à la défense des opprimés, ne
ménagera pas ses efforts de soutien en faveur de la défense des
« sans-papiers », particulièrement ceux d’origines indéfinissables.
On lui doit le célèbre slogan « Les “cathos” seuls peuvent, les
“cathos” seuls doivent » en faveur de l’occupation des églises de son
quartier de la Muette et de N.D. du Charolais. En 1986, l’Amicale des
arrière-petits-enfants des martyrs poldèves le coopte pour déposer sa
candidature au prix Nobel de la Paix, mais il se désiste en faveur de
l’Américain E. Wiesel. On retiendra son témoignage
d’abnégation superbe de modestie, dans son style concis si
caractéristique : « Elie en a fait beaucoup plus ». Elie
sera élu. Toujours très consulté par les vrais démocrates, Alphonse Amadeus
Papryi se retirera au « Haras » sa modeste propriété non loin de
Gordes et de celle de son amie et gardienne des seaux1, où il finira
tout de même par mourir dans son sommeil le 20.4.19932.
Il possédait trois automobiles de luxe, avec toutes
options, et une conversation de vingt-quatre phrases.
Il avait tant craint de ne pas être du dernier
snobisme qu’à son corps défendant il en était redevenu conventionnel.
« Là
n’est pas la question. »
Le reste, à l’avenant... Telle est, après une laborieuse
tentative d’accréditation de la thèse anglo-américaine des armes de destruction
massive irakiennes, la réponse du chef d’état-major de l’armée israélienne,
M. Moshé Ya’alon à la question du journaliste Ugo Rankl3 :
« Israël possède-t-il des armes de destruction massive ? ».
Précisément la réponse – ou plutôt la présence d’esprit
– qui a fait défaut à M. Saddam Hussein entre novembre 2002 et mars 2003...
M. Bush (le Petit) ne sachant plus comment se dépatouiller
de sa guerre de trop, invite aimablement Allemands et Français à une
réconciliation dans le cadre onusien… à charge de l’« Organisation »
de payer les pots cassés et de fournir la chair à canon de remplacement… Quant
à M. Perle, fossoyeur de l’Irak, aux dernières nouvelles, pas rancunier, il
passait des vacances de rêve dans sa résidence secondaire de la Côte d’Azur…
Principe au nom duquel un
chef d’Etat, rentré de vacances bronzé et dispos, signifie à ses sujets,
quelques milliers de victimes plus tard, que peu lui chaut l’impéritie
(incurie ?) manifeste de ses ministres en matière de préservation du
bien-être national et qu’à la prochaine facétie météorologique (canicule ou son
envers) ils n’auront qu’à se démerder tout seuls.
1 Non, il ne s’agit
pas d’une erreur.
2 Max serait reconnaissant à
toute personne susceptible de lui communiquer des informations historiques
générales sur le « drame poldève » ou particulières sur la pataphysique,
A. A. Papryi, L. Stan ou L. Daudet
de le contacter via LE PAMPHLET.
3 PARIS-MATCH, n° 2825,
10-16.7.2003, pp. 82-83.
Quelle
mouche a piqué le Tribunal fédéral, qui semble avoir perdu les pédales pendant les
grandes chaleurs ? Lors de l’affaire du «juge cracheur», le TF s’était
déjà distingué par son absence de sang-froid, allant jusqu’à suspendre
définitivement un juge, sans avoir procédé à aucune enquête sérieuse sur les
griefs colportés sur son compte.
Le 9
juillet, c’est à l’unanimité de ses cinq juges que la première Cour de droit
public a déclaré inconstitutionnelle l’initiative de l’UDC zuricoise par
laquelle ce parti entendait soumettre les naturalisations à un vote populaire.
Selon notre Haute Cour, on ne peut plus, comme autrefois, soutenir que
l’octroi de la nationalité suisse est un acte politique. C’est devenu,
selon les juges, une décision quasi administrative, qui a une influence sur les
droits des individus qui la demandent.Dès lors, des garanties entourant les
droits fondamentaux de ces personnes devront être respectées. Or, ce n’est pas
possible en cas de vote populaire. Celui qui demande sa naturalisation et qui
en remplit les conditions légales – durée du séjour, intégration, accoutumance
aux usages et à l’ordre juridique suisse – a le droit d’être entendu. Il
s’ensuit qu’il a le droit aussi à ce que la décision prise, si elle est
négative, soit dûment motivée, avec indication des voies et délais de recours.
Pour
M. Michel Perrin, le chroniqueur de «24 heures» qui rend compte
de cet arrêt, c’est «la fin d’une indignité».
En
réalité, cet arrêt est un acte politique, domaine dans lequel le TF ne devrait
pas s’aventurer, parce qu’en ce domaine, il manque de sérénité.
La
naturalisation doit rester un acte politique, écrit Mme Marie-Christine
Roessler dans un article confié au décapant «commentaires.com», hebdomadaire
publié sur Internet par M. Philippe Barraud. Plusieurs lecteurs l’approuvent,
parmi lesquels M. Pierre Santschi qui se moque des «artistes de
Mon-Repos» :
«Il
n’est peut-être pas bon, pour des raisons pratiques, de confier un tel acte
[l'octroi de la naturalisation] au vote populaire, parce que le peuple n’a pas
pu éprouver personnellement l’aptitude du candidat ; mais c’est bien le
peuple, et pas l’administration, qui doit rester l’instance de décision, (...)»
écrivez-vous dans l'un de vos derniers éditoriaux à propos de la décision du
Tribunal fédéral "justifiant" l'inconstitutionnalité du vote
populaire pour cet acte (qui est en fait un octroi de compétence politique).
Mais
alors, puisque nous sommes en période électorale, que penser des élections de
députés ou autres conseillers nationaux, à qui l'on octroie également des compétences
politiques par leur élection? Est-ce que vous croyez sincèrement que le peuple
a «pu éprouver personnellement l'aptitude du candidat»?
Toute élection par le peuple serait-elle donc
inconstitutionnelle aux yeux des juges du TF?
On pourrait d'ailleurs aussi faire remarquer aux
artistes de Mon-Repos, s'ils avaient eu le flair de voir l'analogie, que les
citoyens d'Emmen avaient les possibilités de s'informer des qualités des
candidats à la naturalisation aussi bien que de celles des candidats au Conseil
national ! A moins que lesdits artistes ne souhaitent l'introduction d'un
droit de recours pour les candidats au Conseil national non élus?»
La
naturalisation, comme le fait observer un lecteur quelques jours plus tard dans
une lettre ouverte à «24 heures», c’est un peu comme des
fiançailles :
«Si
un tribunal déclarait qu’il suffirait qu’une personne remplisse les conditions
fixées pour que ses fiançailles se transforment en mariage et qu’il y aurait
arbitraire de la part du partenaire à refuser le mariage s’il ne peut invoquer
des motifs pertinents relatifs à la capacité de mariage du partenaire qu’on lui
impose, tout le monde s’esclafferait !
Pourquoi ?
Le mariage est d’abord une relation affective et non
une relation juridique (…) le libre choix
des relations affectives n’est pas aux mains des juges, mais des
partenaires.»
Ce
lecteur souhaite que la loi sur la nationalité, actuellement en cours de
révision, sache trouver une solution qui à la fois préserve le libre choix du
partenaire, quitte à indemniser les prétendants éconduits par surprise et
sans leur faute des frais engagés de bonne foi dans une expérience procédurale
déçue, comme en prévoit le Code civil en cas de rupture de fiançailles.
Voilà
une proposition intéressante.
C.P.
On
nous présente aujourd’hui l’octroi du droit de vote aux étrangers sur le plan
communal comme «la principale innovation» introduite par la nouvelle
Constitution vaudoise entrée en vigueur le 14 avril dernier, pour bien nous faire
comprendre l’arrogance de celles et ceux qui, remettant en cause une innovation
récemment plébiscitée par le peuple, sont les «mauvais perdants» d’une campagne
terminée, et perdue pour eux.
Et
pourtant, une initiative est en cours, visant à soumettre au peuple vaudois
l’abrogation de la lettre b) de l’article 142 al. 1 de la Constitution. C’est
cet alinéa qui, précisément, accorde aux étrangers qui résident en Suisse
depuis 10 ans au moins et sont domiciliés dans la commune depuis 3 ans au moins
le droit de faire partie du corps électoral.
Dans
son éditorial de «24 heures» des 23-24 août, M. Laurent Caspary écrit : «La
peur. Rien d’autre ne se cache derrière l’initiative (…) Cette peur remonte aux
tréfonds de l’histoire et ne constitue rien d’autre qu’un très vieux réflexe
sécuritaire et identitaire…»
Le
ton de la campagne est donné, et l’embarras des partis politiques, à un mois
des élections fédérales, est perceptible. Seule la Ligue vaudoise, par
la plume de son président Olivier Delacrétaz, et parce qu’il n’est candidat à
aucun siège, peut se permettre d’affirmer qu’il faut soutenir l’initiative,
dont les promoteurs «sortent du bois», selon mon dodu quotidien de référence[1],
qui se délectait la semaine précédente en constatant : «la droite
nationaliste se déchire».
L’introduction
dans la Constitution vaudoise de cette innovation, offrant aux étrangers bien
intégrés le droit de vote sur le plan communal deux ans avant de pouvoir
bénéficier de la naturalisation, dont on proclamait par ailleurs[2]
qu’elle devait être facilitée, rapide et gratuite, était une petite
sottise, comme l’est d’ailleurs le 3e alinéa de cette disposition,
qui prescrit que la procédure (de naturalisation) doit prévoir «une instance
de recours».
Mais
cette sottise va dans le sens de l’Histoire, dans le sens de l’ouverture, de
l’accueil, de la xénophilie érigée en vertu. On ne peut revenir en arrière !
En
réalité, l’octroi du droit de vote aux étrangers sur le plan communal est le
prélude à l’octroi du même droit au plan cantonal. Et ces droits sont une
entrave à l’intégration des étrangers, et un contre-argument à leur
naturalisation.
Il
faut soutenir la récolte des signatures, mais je ne me fais guère d’illusions
sur le résultat du vote.
C.P.
Sorti
de l’hôpital, M. Martin Shaw, le crétin britannique qui s’était suspendu à une
corde placée en travers de l’autoroute, pendant le G8, déclare vouloir rechercher
les responsables de sa mésaventure.
Un
miroir ferait-il l’affaire ?
Même
une petite fille avait été mobilisée pour porter une pancarte : «Couchepin,
démission !». On entend beaucoup couiner ceux qui ne supportent pas
qu’on s’en prenne ni à l’âge de la retraite, ni au montant de leur rente. Mais
on n’entend guère de propositions intelligentes qui permettraient de préserver
intacts les rêves des années d’abondance dans une conjoncture plutôt maussade.
Il est plus agréable de croire qu’on pourra bénéficier d’une rente confortable
et partir en retraite à 65 ans que de prendre conscience de la réalité :
il faudra soit travailler plus longtemps, soit bénéficier d’une retraite
amaigrie, soit encore compter sur nos cadets pour qu’ils acceptent, eux, les
sacrifices nécessaires. Pascal Couchepin a eu le courage de poser le problème.
Aux partis de dire leurs solutions.
Dans
un essai daté du 15 août, Eric Werner développe avec courage une thèse
audacieuse : les autorités (genevoises et vaudoises) n’ont rien fait pour
contenir les désordres annoncés pendans le G8, parce que l’insécurité ressentie
par la population est indispensable à la mainmise des gouvernants sur le
peuple : «Car si l’insécurité engendre la peur, la peur elle-même
engendre un besoin bien compréhensible de sécurité, besoin que les dirigeants
sont seuls à pouvoir satisfaire (même s’ils le laissent, et pour cause,
insatisfait). En sorte que leur position hégémonique s’en trouve par là même
renforcée».
Disponible
chez l’auteur, case postale 4102, 1002 Lausanne.
Paul
Signac (1863-1935) est considéré communément comme un «néo-impressionniste». La
centaine d’œuvres réunies à Martigny, jusqu’au 23 novembre, montre un artiste
plus compexe qu’on le croyait : apôtre de la division des couleurs, Signac
s’est pris d’affection, vers la fin de sa vie, notamment après la guerre, pour
l’aquarelle. A ne pas manquer !
M.
Jean-Marie Vodoz, ancien rédacteur en chef de «24 heures» est un infatigable
défenseur du français contre la bouillie anglo-américaine que nous imposent
l’administration, les grands opérateurs de téléphonie ou la Poste.
Un
encart publicitaire a paru le lundi 1er septembre. On nous invitait
à soutenir l’effort entrepris en faveur du français en appelant le numéro 0848
000 128.
Déception,
c’est un répondeur qui vous invite à décliner votre nom et votre adresse. Deux
semaines plus tard, pas de nouvelles…
Aurais-je
dû m’inscrire en anglais ?
C’est
sous ce titre qu’un lecteur de «24 heures», M. Albert Vaucher, réagit à
l’interview de Mlle Silja Stäheli, retenue au Sahara et récemment «libérée»,
qui affirmait dans un journal zuricois qu’elle s’était bien amusée en jouant et
en discutant avec les ravisseurs, et que l’ambiance était super !
On se
demande, dans ces conditions, pourquoi il a fallu se mobiliser pour interrompre
cette expérience enrichissante. On se demande aussi pourquoi le contribuable
devrait financer l’accueil de ces crétins, emmenés d’Allemagne en Suisse par
l’avion du Conseil fédéral. Mme Calmy-Rey l’a affirmé : on ne demandera
pas aux ex-otages de participer aux frais de leur libération.
Le
magazine Voici a publié des photos de Mme Laurence Ferrari, animatrice de
télé, la poitrine dénudée. La dame est furieuse et considère qu’il s’agit d’une
«atteinte abjecte à sa vie privée» sans qu’on sache pourtant si la belle
s’exhibait sur une plage publique ou dans un lieu fermé…
L’affaire
est déjà entre les mains de mon avocat, confie naïvement la journaliste aux
confrères qui s’esclaffent.
Déjà
le mot fait frémir. Mais lorsqu’on apprend que les autorités scolaires du
canton de Berne peuvent exclure de l’école obligatoire des élèves pour «perturbation
grave de l’enseignement, refus de travailler, violation de règles établies et
difficultés disciplinaires» et qu’elles ont usé de ce droit à 26 reprises,
on reste sans voix.
Pour
l’école vaudoise, l’exclusion «n’est pas la solution» nous affirment, la
main sur le cœur, les pontes d’EVM, avec à leur tête Mme Anne-Catherine Lyon,
qui livre dans «24 heures» du 9 septembre, un morceau de langue
de bois digne d’une anthologie.La solution pour qui ? Pour les exclus,
évidemment pas. Mais pour les autres, sans doute.
Or,
il faut bien procéder, dans de tels cas, à une pesée des intérêts. Lorsqu’un
pomme est pourrie et qu’on la jette, pour elle, «ce n’est pas la solution»,
mais pour le reste du cageot, c’est indispensable.
Dans
mon fidèle «Littré» (édition Jean-Jacques Pauvert 1957), l’humour est défini
comme la gaieté d’imagination, la veine comique.
A
cette aune, il est rare que les dessins de Barrigue, publiés généralement dans «Le
Matin», contiennent une once d’humour : dessins grossiers,
plaisanteries pesantes, satire en souliers à clous. Barrigue est à l’humour ce
que Ted Robert est à la chanson française.
C’est
dire que la polémique sur ses illustrations censurées dans un livre scolaire de
calcul m’a diverti. Bref rappel : l’éditeur d’un livre scolaire commande
des illustrations à Barrigue, qui a déjà commis, par le passé, de nombreuses
illustrations pour d’autres manuels. Une commission de rédaction donne son aval
et le bon à tirer. Le livre est imprimé et distribué. Mais à Genève et dans le
canton de Vaud, il soulève les protestations de quelques professeurs, qui
trouvent certains dessins inacceptables.
Les
départements de l’instruction publique des deux cantons donnent raison aux protestataires,
et le livre sera réimprimé, sans aucune illustration, pour les élèves de ces
deux cantons.
Le
contribuable a raison de s’indigner, et de demander qui va régler la facture.
En l’occurrence, la responsabilité de ce cafouillage ne saurait incomber à
Barrigue. L’éditeur a commandé à ce dessinateur, connu dans toute la Suisse
romande pour son mauvais goût et son peu de talent, des illustrations pour un
livre de calcul et le dessinateur a parfaitement rempli sa mission, en livrant
des dessins d’une grande platitude et d’un parfait mauvais goût.
Dans
la colonne des lecteurs des quotidiens, on a pu lire çà et là que les
professeurs protestataires manquaient d’humour… que l’humour est
nécessaire à la pédagogie.
Mais
qu’est-ce que l’humour ?
Si un
petit facétieux vous balance une tarte à la crème en pleine poire dans une
assemblée publique, et que la plaisanterie n’est pas à votre goût, il se
trouvera plusieurs imbéciles pour proclamer que vous manquez du sens de
l’humour.
Pour
chacun d’entre nous, l’humour, c’est ce qui nous fait rire. Mais l’homme de
goût ne rit pas des mêmes situations que l’imbécile. De ce point de vue,
Barrigue est évidemment à sa place dans «Le Matin», puisque l’esprit
«tarte à la crème» convient assez bien à un lectorat à peine éveillé et disposé
à se contenter de peu, quant au fond et quant à la forme.
L’illustration
d’un livre scolaire suppose des exigences différentes d’esprit, de technique
graphique, d’humour, en un mot, dont le malheureux Barrigue est
totalement incapable. Ce n’est pas lui qui est coupable, d’ailleurs, mais ceux
qui se sont adressés à lui.
Mais
qui sont-ils, ces éditeurs, ces membres du comité de lecture, ces maîtres de
mathématiques, ces parents d’élèves qui oseront venir m’affirmer, les yeux dans
les yeux, qu’ils ont trouvé de l’humour dans les dessins de
Barrigue ? Ce sont probablement les mêmes qui s’écrasent de rire lorsqu’un
ivrogne fait un croc-en-jambe à la serveuse, laquelle s’étale avec tout son
plateau au milieu du bistrot.
* * *
*
Le 7
avril 2002, sur les ondes de la Radio suisse romande la Première,
les animateurs de l’émission «satirique et insolente sur l’actualité et la
politique suisse» La Soupe est pleine brocardaient la
religion chrétienne, dans des sketches disant notamment : «(…) mis à
part les traditionnels bobards (…), comme chaque année on nous a fait le coup
de Jésus est ressuscité, Hosanna Hosanna on sera tous sauvés(…)» et
encore : «Vous me direz oui, mais bon, Pâques quand même, le sang du
Christ, on s’en envoie bien deux ou trois litres chacun en plus de la bière de
mars(…)».
Saisie
d’une plainte contre ces ignominies, l’Autorité indépendante d’examen des
plaintes (ci-après : l’AIEP) en matière de radio-télévision a rendu sa
décision le 21 mars 2003, qui n’a été rendue publique que le 5 juin dernier.
L’AIEP
relève tout d’abord que la satire relève de la liberté d’opinion garantie
par l’art. 16 de la Constitution fédérale. Elle est également protégée par
l’art. 10 CEDH, ainsi que par la liberté de l’art énoncée à l’art. 21 Cst. La
satire peut se définir comme un mode d’expression dans lequel on donne
sciemment aux propos un autre sens que celui qu’ils ont habituellement. Elle
déforme la réalité, la rend autre, la transpose, la dénature, la banalise, la
caricature, la ridiculise (…) C’est la combinaison du réel et de l’imaginaire
qui fait naître un effet satirique (…) La satire fait donc partie intégrante de
l’autonomie des programmes garantie par les art. 93 al. 3 Cst et 5 al. 1 LRTV.
En vertu de ce principe, le diffuseur jouit d’une marge de manœuvre
relativement grande dans la conception de ses programmes. Il peut se permettre
de critiquer les domaines les plus variés de la vie politique, sociale,
culturelle ou religieuse. Les limites sont notamment celles qu’impose le
respect des autres libertés fondamentales.
Tout
en reconnaissant que le contenu des sketches était «certes parfois de
mauvais goût, voire d’un humour grossier digne des corps de garde»,
l’Autorité estime cependant qu’il ne suffit pas que les éléments essentiels de
la foi soient simplement touchés pour qu’on admette une violation du droit des
programmes. Ils doivent l’être d’une manière notable. Il s’agit
d’un changement de jurisprudence.
Et
les expressions utilisées par les comiques troupiers Ivan Frésard et Frédéric
Recrosio, mettant en cause la résurrection et l’eucharistie, «n’ont pas
heurté le domaine sensible des sentiments religieux d’une manière notable»
selon la majorité de l’aréopage.
La plainte
est donc rejetée par 6 voix contre 3. Mais, fait unique dans les annales de
l’Autorité indépendante, la décision publie également l’opinion dissidente des
trois membres minorisés, parmi lesquels le président de cette Autorité M. Denis
Barrelet, dont on est heureusement surpris de pouvoir saluer le bon sens en
cette occurrence : «…Si une telle atteinte faite de tous ces éléments
n’est pas notable, qu’est-ce alors qu’une atteinte notable ? Cette
décision illustre bien selon nous l’ampleur de la relativisation à laquelle
l’AIEP a procédé, ou, si on préfère, l’affaiblissement qui est désormais
apporté à la protection de valeurs pourtant centrales de notre ordre juridique».
Dans
sa chronique confiée à «24 heures» du 21 juillet, le pasteur
Claude Schwab commente cette décision sous le titre «J’irai cracher dans la
soupe». Il observe qu’«on n’oserait pas répandre le quart de la moitié
du gros sel déversé dans la soupe à propos des religions juive, musulmane ou
bouddhiste que les plaintes seraient aussitôt reçues et recevables. (…)
Sur
ce point, je ne suis pas certain que l’auteur ait raison. On peut aujourd’hui
se moquer de toutes les religions traditionnelles, mettre en doute l’existence
de tous les dieux. Une seule croyance est obligatoire, et les fidèles de toutes
les religions sont tenus de par la loi de professer leur foi en elle : la
Shoah.
Mettez
en doute la résurrection du Christ, moquez-vous de l’eucharistie, diffamez
grossièrement le Pape, vous n’aurez pas heurté le domaine sensible des sentiments
religieux d’une manière notable.
Mais
manifestez une certaine incrédulité sur la réalité historique de quelques
récits véhiculés par la religion holocaustique, et vous serez condamné à la
prison ferme !
Là,
on heurte assez vite le domaine sensible de la seule et dernière religion,
celle qui a le droit exclusif d’interdire la diffusion de convictions
contraires, au mépris de l’article 15 al. 2 de la Constitution fédérale.
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