Lausanne 33e année      «ne pas subir»       Mai  2003 No 325

 

Sommaire :

 

 

Editorial

Les conseillers fédéraux se plaignent d’une surcharge de travail, mais ils voyagent beaucoup !

 

La mort du LS

Faillite du Lausanne-Sports : ce ne sont pas les créanciers qu’il faut montrer du doigt.

 

En direct de Sirius

Max analyse les conséquences de la guerre d’Irak

 

G8 : Qui négocie avec qui ?

Les autorités conduisent des «négociations» avec des gens qui ne représentent rien qu’eux-mêmes. A quoi bon ?

 

Tintin chez les Protestants vaudois !

A tout prendre, Michel de Preux préfère encore un païen… ou même un protestant sincère qu’un catholique libéral, car ce dernier ne peut jamais être sincère.

 

Psychoses collectives

L’épidémie de pneumonie atypique en Asie et les possibles manifestations anti-G8 nous ont permis de voir nos autorités à l’œuvre : imprévoyance, affolement, précipitation

 

L’école ou la machine à fabriquer les p’tits gauchistes

Les idéologues marxistes post-soixantehuitards catéchisent les écoliers.

 

Bricoles

L’actualité du mois : «on n’avait pas pensé !» ; renvoi de M. Ethenoz ; école : qui décide ?; les coûts de l’Union européenne élargie à charge de la Suisse ?; la police fédérale chassée par la porte au temps de M. Furgler revient par la fenêtre !

 

 

 

Editorial

 

Le 22 avril, la Suisse était sous le choc : le Conseiller fédéral Kaspar Villiger, que sa riche personnalité et son incommensurable compétence en matière d’armée et de finances ont rendu cher au cœur de tous les Helvètes, était tombé de vélo par la faute d’un chien et s’était cassé le pouce gauche.

 

A peine étions-nous rassurés sur le sort du malheureux Kaspi et son aptitude à reprendre le collier à la fin de ses vacances que notre «ministre de la défense» Samuel Schmid nous plongeait derechef dans l’angoisse en s’en allant, au péril de sa vie, faire bénéficier les Chinois de l’expérience suisse en matière de politique de sécurité et d’art militaire, cela sans faire usage du masque dont il était muni pour se protéger de la pneumonie atypique.

 

Et n’oublions pas les autres membres du Conseil fédéral qui volent d’un point du monde à l’autre, au risque de périr dans un accident d’avion.

 

Mesdames et Messieurs ! Soyez raisonnables ! Ne prenez pas de risques ! La Suisse a besoin de vous ! Elle a besoin de vous à Berne, où vos inestimables qualités de chefs sont indispensables à la bonne marche de la Confédération, où les dossiers en suspens s’accumulent, puisque de votre propre aveu, vous êtes surchargés !

 

On ne saurait reprocher à Kaspar Villiger de faire du vélo au Tessin pendant ses vacances. Tout au plus pourrait-on se demander s’il était vraiment nécessaire de faire connaître aux populations un accident insignifiant et, du fait des circonstances, quelque peu ridicule. En revanche, on est en droit de se demander – nous l’avons fait souvent, d’ailleurs –  s’il est bien nécessaire que nos prétendus sages consacrent autant de temps à voyager.

 

Nos conseillers fédéraux ne cessent de se plaindre d’un excès de travail qui les empêcherait de maîtriser les dossiers et expliquerait que le pays soit mal gouverné. Ils réclament avec une belle persévérance une réforme du gouvernement dont la dernière mouture ferait passer de sept à neuf le nombre de nos «ministres».

 

Nous ne doutons pas que l’exécutif fédéral ne soit dépassé par l’ampleur de ses tâches : il nous le prouve chaque jour. Reste à savoir quelle solution il conviendrait d’adopter pour remédier au mal.

 

La première solution, consisterait, comme on va nous le proposer, à augmenter le nombre des «ministres», étant bien entendu que, au nom de la centralisation, le volume des tâches continuerait à s’accroître et que nos conseillers fédéraux poursuivraient leur carrière de «pigeons voyageurs». On cherche le progrès.

 

La deuxième solution consisterait à conserver, voire à diminuer le nombre des «ministres» en réduisant drastiquement les tâches que la Confédération s’est attribuées au fil du temps, du fait de sa boulimie de pouvoir et de la propension des cantons à brader leur souveraineté, pour des raisons de gros sous le plus souvent. Air fédéraliste connu. Bon sens fédéraliste méconnu. Il n’y faut pas compter.

 

La troisième consisterait à conserver, voire à diminuer le nombre de nos «ministres» et à exiger d’eux qu’ils restent dans leurs bureaux de Berne pour s’occuper de leurs dossiers, quitte à faire du vélo pendant leurs loisirs.

Mais qui, nous demandera-t-on, se chargera alors de représenter la Suisse à l’étranger, de défendre les intérêts et l’image de la Suisse dans le monde ?

 

Autant que nous sachions, la Suisse possède un département des affaires étrangères, qui ne se résume pas à Madame Calmy-Rey – concurrencée par un Pascal Couchepin mal remis de son accession à la présidence de la Confédération -, mais est, au contraire, doté d’un corps diplomatique important. Nous avons un peu partout dans le monde des ambassades dont le rôle est précisément de faire entendre la voix de la Suisse à travers la planète. Pourquoi ne pas les laisser faire leur travail ? Après tout, elles nous coûtent cher ces représentations diplomatiques.

 

Et là, nous voyons soudain poindre la solution : charger nos sept  - ou cinq ou trois -«ministres» de représenter la Suisse à l’étranger et répartir les charges du Conseil fédéral entre les diplomates devenus inutiles. On transformerait  les ambassades en bureaux administratifs à effectifs réduits. Les ambassadeurs, secrétaires d’ambassade et autres attachés culturels prendraient en main les rênes du gouvernement.

 

Il y a tout lieu de croire qu’ils ne se débrouilleraient pas plus mal que les élus du Parlement, que, vu leur nombre, ils ne seraient pas surchargés, et qu’ils pourraient donc, eux aussi, goûter aux joies du vélo.

 

Le Pamphlet

 

 

 

La mort du LS

 

 

On disait que les dieux rendaient fou celui qu’ils voulaient perdre. Peut-être est-ce ce qui est arrivé au confiseur Guignard, qui s’est tellement occupé de trouver des arrangements avec les créanciers qui s’étaient déjà manifestéS qu’il a perdu de vue les intérêts – légitimes – de ceux qui n’avaient pas encore produit.

 

C’est ainsi qu’on désigne aujourd’hui à la vindicte des foules M. Pablo Iglesias, ancien entraîneur de la première équipe, qu’on a traité ces derniers mois sans aucun ménagement, en le reléguant sèchement à la formation par la volonté d’un certain Gaby Calderon, choisi par M. Guignard lui-même.

 

M. Iglesias est au bénéfice d’un contrat qui lui assure la totalité de son salaire jusqu’en 2006 et rend même ce salaire total exigible en cas de changement de poste. M. Iglesias est donc l’un des nombreux créanciers du Lausanne-Sports, et sa créance ascende à  448'500 francs.

 

Il a eu le tort de ne pas produire tout de suite, et M. Guignard a eu le tort de supposer que M. Iglesias était disposé à faire au LS un cadeau de cette ampleur.

 

Mais la manière dont on a traité les créanciers en général, et M. Iglesias en particulier, a été très maladroite, car c’est tout juste si on ne les a pas accusés, eux, d’être les assassins du club, alors même que, s’ils sont des créanciers, c’est qu’ils ont accepté de fournir des marchandises ou des prestations à crédit, avec le risque (qui se concrétise pour eux, aujourd’hui, de façon cruelle) ne n’être pas payés ou pas entièrement payés.

 

Ce ne sont pourtant pas les créanciers qui ont mis le Lausanne-Sports dans la situation financière que l’on sait, et qui entraîne sa faillite.

 

M. Guignard était sans doute plein de bonnes intentions, mais il eût fallu un gramme supplémentaire de compétences juridiques et une once de psychologie en plus.

 

M. Iglesias sait parfaitement qu’il ne verra pas grand-chose du demi-million qu’on lui doit pourtant, selon les clauses d’un contrat inattaquable. Il aurait sans doute été disposé, comme d’autres, à réduire ses prétentions – légitimes – si on le lui avait demandé gentiment. Au lieu de cela, on fait mine d’oublier le paragraphe de son contrat qui lui assure son salaire jusqu’en 2006 en cas de changement de fonction, et on le traite comme un malpropre, juste bon à lacer les chaussures de M. Calderon, chouchou du pâtissier. Avait-il des raisons d’oublier sa créance, de se priver totalement de son salaire au risque d’améliorer de cette façon le dividende des autres ?

 

Ce ne sont pas les créanciers, ceux qui ont perdu et qui vont perdre leur argent maintenant, qu’il faut montrer du doigt. Ce sont ceux qui ont mis le LS dans cette situation qui sont évidemment coupables.

 

Claude Paschoud

 

 

 

 

En direct de Sirius

 

Quelques constatations après la consommation du viol de l’Irak par la « coalition »

 

Formules et étiquettes

 

Max regarde se dandiner les «Abrahms» dans Bagdad, en compagnie d’Ange Cantamaï, un ancien spécialiste du «coup» de gros calibre, au jugement sûr doublé d’un solide bon sens.

«“Ils” ont réussi le “casse” du siècle!», commente ce dernier.

 On peut même préciser, un hold-up sanglant. Que de morts inutiles!

– Si tu y ajoutes 30% de leurs pertes attribuables à leurs propres tirs, c’est un fameux palmarès… A part ça, je viens de voir sur une voiture l’autocollant suivant : un drapeau américain, mais avec cinquante étoiles à six branches et, dessous, la formule: «Join the United $nakes of America, invade Iraq, kill a few people, get plastered on genuine Arabic crude oil…»1 Où vont-ils chercher tout ça?

– A Tf1! Ils n’ont pas loupé, à la cérémonie de rapatriement des corps des dix-huit premiers tués américains à la base de Dover (Delaware), cette image des deux porte-drapeau présentant de conserve la bannière étoilée et – à quel titre? – les couleurs d’Israël 2.

 

«Diane debout!»

 

Malheureuses forces du Bien! Sitôt fini de ferrailler en Mésopotamie, elles découvrent, à en juger par les assassinats politiques, les règlements de comptes et les mises à sac, que le peuple irakien, à défaut de «Raïs», aurait surtout besoin, foin de Pax americana, d’un «guide» – ou tous autres titres recouvrant une même réalité… précisément celle que l’Agité du holster souhaitait leur éviter… 

 

Il ne faut pas trop en vouloir…

 

… au président US qui, avant de se lancer dans la géopolitique avait déjà bien du mal à nommer correctement les Grecs (le malheureux appelait encore récemment les «Greeks» des «Greecians»!), et qui sert en fait de fanal à une bande redoutable et protéiforme (les Perle, Wolfowitz et consorts) qui poursuit une politique doublement étrangère bien au-delà des naïves aspirations d’un pouvoir exécutif au demeurant parfaitement interchangeable dans le clivage Républicains Démocrates.

 

«Welcome to the front, generals!»

 

16.4.2003 : le général furtif et «quadristar» Tommy Franks, abandonne ses charentaises et les écrans d’ordinateurs de son Q.G. de Doha pour se rendre à Bagdad. Les Irakiens survivants et libérés espèrent que la guerre n’a pas été trop pénible pour le commandant en chef de la coalition, qui s’est vu attribuer par M. Bush (l’actuel) le redoutable privilège de déclarer le «game over» marquant la fin des «mésopotamiades 2003», annonçant un autre général – en retraite4, celui-là –, aux penchants pro-israéliens notoires, pour administrer le pays. Les faucons de Washington ont sans doute pensé que la guerre était une chose trop sérieuse pour qu’on la confie à tout autre qu’à des généraux texans...

 

Et si l’on parlait un peu «casus belli»?

 

Ce qu’il faudrait, maintenant, ce serait que les «missi dominici en pyjamas persillés» de M. Bush (le Petit) mettent enfin la main sur une arme de destruction massive qui ne soit pas un simple bidon de pesticide agricole… Ce qui ne devrait pas poser de problèmes insurmontables, vu le nombre de camions US bâchés qui ont franchi la frontière turco-irakienne ces temps-ci. Mais avant, les convoyeurs feraient bien de vérifier qu’il n’y a plus d’étiquettes d’expédition… En outre, l’encombrante reddition de l’ex général Amer al-Saadi, responsable en chef de l’armement irakien, qui affirme3 que son pays n’a jamais possédé d’armes de destruction massive, va nécessiter quelques menus aménagements.

 

Analyses et déduction

Max sert à son ami John Doe, manitou d’une entité gouvernementale mondialement redoutée, entre deux voyages de ce dernier à sa capitale, une histoire dont il a hélas oublié l’auteur :

«Holmes et son inséparable Watson font du camping. Au beau milieu de la nuit, le célèbre détective réveille son compagnon d’un léger coup de coude : “Watson! Regardez les étoiles... qu’en déduisez-vous?” – Eh bien… la nuit est claire, car on les distingue bien… Demain il fera beau et aussi, sans doute, un peu frais…” – Excellent! Watson! Pas tout à fait cependant: on nous a tout simplement volé la tente.”»

– Je vais placer cette blague aux jeunes loups de la “nouvelle garde”, histoire d’affûter le bon sens de ces “brillants” analystes qui savent tout et ne saisissent plus rien !

 

L’art de le dire

Superbe réplique de Madame Brigitte Bardot à l’hybride hypoculturel chafouin et «mélangiste» qui plastronne à « On ne peut pas plaire à tout le Monde »5 :

« Ça n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont forcément raison. »

 

Max l’Impertinent

 

 

1 «Ralliez les $erpents Unis d’Amérique, envahissez l’Irak, tuez quelques gars, saoulez-vous la g. au véritable pétrole brut d’Arabie.»

2 Tf1, journal de 20 heures du 28.3.03, 29ème minute de commentaire...

3 ...sous protection d’une chaîne de télévision allemande… des fois qu’une rafale accidentelle de M16 tente de lui couper la parole.

4 Ce serait tellement mieux, pour un soldat, d’être « à la retraite »...

5 Fr3, 12.5.03, 22 heures.

 

 

 

 

 

G8 : Qui négocie avec qui ?

 

 

 

Les casseurs qui débarqueront à Genève et à Lausanne au prétexte des manifestations anti-G8 ont pu organiser calmement leur répétition générale le 1er mai dernier devant le Lausanne-Palace.

 

Auparavant, ils avaient un peu endommagé le Mac Do, le siège de la FNAC et le Tribunal d’arrondissement, mais le chef de la police avait estimé que ces quelques déprédations «restaient dans les limites du raisonnable». On n’a donc pas cru bon d’interpeller les casseurs, dont on était ravi qu’ils cassent si peu. Plus tard, devant le Palace, ils s’y sont mis vraiment, mais la police n’était pas là pour intervenir, craignant que l’étalage de ses effectifs ne soit considéré comme une «provocation».

 

Explication officielle : «On ne s’attendait pas à des débordements». Et pourquoi ne s’est-on attendu à rien ? Parce que les cortèges du 1er mai, ces deux dernières années, s’étaient déroulés sans heurts.

 

A lire de telles âneries, on doit se pincer pour s’assurer qu’on ne rêve pas. On soupçonne le journaliste de service de malveillance à l’endroit de nos pandores.

 

Et finalement non, c’était bien la raison expliquant ce lamentable cafouillage.

 

A mon humble avis, des autorisations de manifester contre la tenue à Evian du G8 devraient être accordées moyennant quelques conditions, parmi lesquelles :

 

a.     interdiction pour les manifestants de porter un masque ou une cagoule ou une perruque;

b.    preuve d’un service d’ordre interne suffisant, compétent, efficace, bien commandé;

c.     engagement pris par les organisateurs de neutraliser, puis de livrer à la police tout casseur infiltré dans le cortège;

d.    constitution de sûretés financières destinées à couvrir les éventuelles déprédations «anonymes» sur le passage de la manifestation;

e.     engagement des organisateurs d’assumer à titre personnel, indéfini, solidaire et direct tout dommage qui excéderait le montant des sûretés constituées.

 

Je suis bien convaincu que de telles conditions clairement énoncées permettraient déjà de limiter le nombre d’«altermondialistes» qui se pressent pour dialoguer avec les forces de l’ordre. Qui sont-ils ? Qui représentent-ils ?

 

Les autorités politiques donnent l’impression qu’elles sont disposées à admettre comme interlocuteur n’importe quel groupe se parant du titre d’organisateur de manifestations anti-G8 et qu’elles négocient doctement avec eux des règles du jeu qui seront joyeusement violées par des gens qui pourront prouver, si on les attrappe, qu’eux n’ont rien négocié du tout avec personne.

 

Ou alors, pour discuter avec le commandant de la police, il faut être une ONG. Mais qu’est-ce qu’une ONG ? Une organisation non gouvernementale, certes, mais encore ? Par définition, si j’ose dire, toute organisation qui n’est pas «gouvernementale» est donc une ONG, comme par exemple : le Club des amis boulistes de Montelly ou la Pédale des Eaux-Vives, les Potes au feu ou la rédaction du Pamphlet.

 

En quoi mon appartenance à une ONG me confère-t-elle un droit particulier à planifier, de conserve avec les policiers les plus imprévoyants de Suisse, les mesures à prendre pour justifier les millions dépensés en équipements spéciaux anti-émeutes ?

 

On a si peur d’être accusé de refuser le dialogue qu’on finit par discuter avec n’importe qui.  Le premier Charlot venu, qu’il se nomme Aristides Pedraza ou Séraphin Lampion, aura l’oreille de papy Aeppli.

 

Quelle dérision !

 

 

C.P.

 

 

 

 

Tintin chez les Protestants vaudois !

 

 

«Les protestants ne peuvent que protester contre eux.»

 

Antoine BLANC de St.-BONNET

 

 

Lorsque la rédaction du Pamphlet parle d'ouverture et de pluralisme, je la crois tellement sincère que je ne me censure pas du tout. La langue de bois n'est pas en usage dans ce périodique, elle est devenue le pain quotidien du Nouvelliste ! C'est dire que si dans celui-ci la liberté d'expression n'est qu'un leurre, là elle est une réalité. Le fait est assez rare pour que je m'explique sur l'usage que j'en  fais parfois, au risque délibérément couru de heurter des protestants, même vaudois. Mais cette explication n'est pas destinée à la rédaction du Pamphlet qui, je le vois bien, n'en a pas besoin, mais à certains lecteurs. Visiblement, ils ne l'entendent pas de cette oreille. Je veux simplement démontrer ici que leur protestantisme tient plus du prétexte ou, si tel n'est pas le cas, ces personnes ne sont pas de vos amis, tout simplement…

 

J'en surprendrai plus d'un en avouant que deux de mes maîtres à penser n'étaient pas catholiques ! L'un était russe et donc schismatique, Nicolas Berdiaeff,  et l'autre protestant et bernois lorsqu'il écrivit le traité qui fit sa gloire en Europe : c'était Charles-Louis de Haller. J'ajouterai que, du côté catholique, seuls les intransigeants  parviennent à m'intéresser. Maritain m'agace dans sa pensée politique et je considère tous les philosophes liés au progressisme catholique comme d'authentiques ennemis à abattre par tous les moyens et à discréditer tant qu'on peut. Plus on en médit, mieux c'est ! Et j'ai le doux Saint François de Sales comme approbateur : lisez donc, si vous l'ignorez, son Introduction à la vie dévote.

 

Je préfère donc un non-catholique sincère, même païen, à un catholique libéral, car ce dernier ne peut jamais être sincère. Ce n'est qu'un calculateur. Tout non-catholique sincère adhère à une vérité religieuse tronquée, mais à une vérité. Le catholique libéral est gêné par toute vérité religieuse dès qu'il en pressent les ouvertures sur le catholicisme, conséquence qui lui fait horreur. Le non-catholique sincère est un homme que le catholicisme intrigue et attire pour peu qu'il vienne à le connaître en vérité; le catholique libéral est un homme que le catholicisme agace et dont il voudrait bien se défaire sans avoir à le dire ouvertement. Voilà pourquoi j'aime les premiers, d'où qu'ils soient, musulmans, communistes ou hindous, même protestants… (pourquoi pas ?) et je ne supporte pas les seconds.

 

Dans sa lettre à sa famille pour lui déclarer son retour à l'Eglise catholique, apostolique et romaine, datée du 13 avril 1821, Charles-Louis de Haller, membre du Conseil souverain de Berne, écrivait ceci, que je laisse au jugement de mes lecteurs :

 

«Vous connaissez depuis longtemps, et par mes discours et par les bruits publics, mon penchant pour l' Eglise catholique, qui n'est autre chose que la société universelle des chrétiens.»

 

«Une seule idée simple et féconde, - celle de partir d'en haut, de placer dans l'ordre du temps, le père avant les enfants, le maître avant les serviteurs, le prince avant les sujets, le docteur avant les disciples, amena de conséquences en conséquences le plan de ce livre1 … qui, j'ose le dire, est destiné peut-être à rétablir les vrais principes de la justice sociale, et à réparer beaucoup de maux sur la terre. Je me représentai donc aussi une puissance ou autorité spirituelle préexistante, le fondateur d'une doctrine religieuse, s'agrégeant des disciples, etc… Consultant ensuite l'histoire et l'expérience, je vis que tout cela s'était ainsi réalisé dans l'Eglise catholique; et cette seule observation m'en fit reconnaître la nécessité, la vérité, la légitimité.

 

J'entrevis au surplus avec la plus grande évidence … que la révolution du seizième siècle, que nous appelons la réforme, est dans son principe, dans ses moyens, dans ses résultats, l'image parfaite et le précurseur de la révolution politique de nos jours, et mon aversion pour cette dernière me donna du dégoût pour la première.»

 

«… mes amis, un protestant qui devient catholique, ne change pas à bien parler, de religion;  il rentre seulement dans le sein de l'Eglise; c'est une brebis errante qui cherche le pasteur et le troupeau légitimes, un enfant perdu qui retourne dans la maison de son père, un soldat égaré  prêt à défendre la même cause, mais qui rejoint le corps d'armée et obéit à son chef. Tout ce que les protestants croient ou affirment de (sic) croire, les catholiques le croient aussi, et plus fermement encore. -- Ainsi, mes frères et sœurs, en y rentrant, on n'abjure pas sa religion, on renonce seulement au schisme, c'est-à-dire à la séparation d'avec l'Eglise, aux rêveries de son propre esprit, qui, selon l'Ecriture, est la cause de tous les égarements.»

 

Comparé à ce protestant célèbre, savant,  humble et, oh combien! intelligent, je trouve que le pape Jean-Paul II mérite l'oubli avant même de mourir, car il est ignorant, orgueilleux et stupide.

 

 

Michel de Preux

 

 

1 «Restauration de la science politique» ou Théorie de l'ordre social naturel, opposé à la chimère de l'état civil factice, Paris/Winterthur 1816/1821.

 

 

 

Psychoses collectives

 

Si l’on en croit la presse, la terre entière vit dans la terreur depuis que s’est déclaré ce nouveau fléau qu’on appelle pneumonie atypique ou syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Et, de fait, il est fort inquiétant que les cas se multiplient et que plus de 10% d’entre eux soient mortels. Il ne faut pas perdre de vue, toutefois, que le monde compte environ six milliards d’habitants, que les cas avérés se montent pour l’instant à quelques milliers, que le mal a été dépisté dès le départ, que des mesures d’information, de surveillance et de quarantaine ont été prises pour enrayer l’épidémie en l’absence provisoire d’un vaccin. Il n’y a donc pas péril en la demeure, même si la maladie est bien réelle.

 

La grippe tue chaque année un certain nombre de gens. Mais est-ce bien la grippe qui les tue ? La grippe n’est-elle pas plutôt le révélateur d’un autre mal – faiblesse cardiaque, par exemple – qui se serait déclaré tôt ou tard ? Pourquoi n’en irait-il pas de même pour la pneumonie atypique ? Si la maladie était mortelle en elle-même, pourquoi ne tuerait-elle pas tous les malades comme le faisait jadis la peste ?

 

La presse joue un très vilain rôle dans cette affaire. Au lieu de se contenter d’informer, elle fait mousser l’affaire en lui donnant une importance disproportionnée, au risque de créer une psychose collective. N’a-t-on pas vu à Genève des parents d’élèves exiger que des maîtres et des enfants retour d’Asie soient mis en quarantaine avant même que le moindre symptôme ne se déclare ? Les compagnies d’aviation et les agences de voyage pâtissent aussi considérablement de cet état de chose, sans parler du tourisme des pays touchés. Tout cela parce que les médias, sous couleur de rendre compte d’une terreur mondiale la créent en vérité de toutes pièces.

 

Il en va de même en ce qui concerne les manifestations anti-G8. Il n’est plus question dans la presse que de casseurs, de mesures anti-casseurs, de renforts anti-casseurs. Casseurs il y aura, c’est certain, mais l’affolement qui prévaut chez les autorités et dont se délectent les médias donne une image assez piètre de l’aptitude de la Confédération et des cantons concernés à assurer la sécurité non seulement des habitants et commerçants de la côte suisse, mais aussi et surtout – car enfin, c’est bien le but de l’exercice – des chefs d’Etats qui logeront chez nous pendant le sommet. Je suis anti-G8. Je ne le suis pas parce que son existence m’emplit d’indignation : je m’en moque complètement. Je le suis parce que je juge outrecuidant de la part de la France d’avoir décidé de l’organiser à la frontière suisse avec tous les inconvénients que cela présente pour la région lémanique suisse. Mais puisque les autorités fédérales, valaisannes, genevoises et vaudoises ont accepté – à tort, à mon avis – de prêter main forte à la France, il convient qu’elles le fassent avec un minimum de dignité. Il est normal que la population soit informée des nuisances auxquelles elle doit s’attendre, il ne l’est pas qu’on la terrorise chaque jour avec l’évocation horrifique de manifestations monstres et incontrôlables, d’une police qui risque d’être débordée, d’autorités qui demandent des forces supplémentaires à défaut desquelles elles ne répondent de rien.

 

Quelle sera l’image de la Suisse si elle ne parvient pas à maîtriser la situation ? se demandent les responsables devant les journalistes. Quelle est donc l’image que donne maintenant la Suisse, dont les autorités étalent leurs angoisses devant une presse qui ne demande qu’à les amplifier ?

 

Mariette Paschoud

 

 

 

 

L’école ou la machine à fabriquer les p’tits gauchistes

 

Cela fait un certain temps déjà que l’école n’a plus pour mission principale de transmettre des connaissances aux enfants, mais assume également – et surtout – un rôle éducatif. Elle supplée ainsi la carence des parents qui ont malencontreusement oublié de transmettre à leurs rejetons les valeurs essentielles de l’idéologie écolo-droit-de-l’hommiste. Ainsi, pendant que certaines têtes blondes découvrent à la «ferme pédagogique» qu’il ne faut pas emballer les sandwichs dans du papier d’alu, d’autres développent leur sens artistique au cours de dessin en créant des banderoles contre la guerre. On ne sera donc pas étonné d’apprendre que la fondation «Education et Développement», qui s’occupe de «thèmes et questionnements essentiels pour l’avenir de l’humanité», propose aux enseignants de tirer prétexte du sommet d’Evian pour aborder en classe «quelques questions liées à la mondialisation en invitant les élèves à s’interroger sur leur rôle de citoyen». A cet effet, la fondation met à disposition sur son site[1][1] toute une série de documents. Madame Marie Thorndahl explique bien que les élèves et les enseignants ne doivent pas se contenter de se prononcer pour ou contre le G8, mais doivent ouvrir un débat «constructif». Avant de pouvoir débattre, les enfant doivent avoir connaissance de la situation. Il a été rédigé à cet effet un résumé parfaitement objectif : on y explique en substance que les Etats les plus industrialisés, qui ne représentent que 10% de la population, mais concentrent 60% des richesses mondiales, se réunissent chaque année pour prendre des décisions qu’ils imposent au reste du monde, et ce quand bien même ils n’ont pas la forme d’une organisation reconnue par le droit international. Après avoir pris connaissance des faits, les élèves peuvent s’adonner à toutes sortes d’exercices. Les artistes apprécieront la possibilité qui leur est offerte d’imaginer et de dessiner de nouveaux logos anti-G8. Les nostalgiques du jeu de la chaise musicale s’amuseront beaucoup avec l’exercice «visualiser la richesse des pays du G72» : «10 élèves et 10 chaises. Chaque élève représente 10% de la population de la planète. Chaque chaise représente 10% de la richesse matérielle de la planète. Si la répartition des richesses est égalitaire, chaque élève est assis sur une chaise. Tester cette situation. Cependant, la situation réelle est que les 10% de la population des pays du G7 détiennent 60% de la richesse mondiale. Pour visualiser cette situation, un élève s’allongera sur 6 chaises tandis que les 9 autres se partageront les 4 chaises restantes».

 

Qu’importe que les jeunes gens situent la mort de Napoléon – le premier empereur romain - en 1185, s’imaginent que Renaud est le plus grand poète de la période romantique, clament que 2 x 2 font 5 lorsque les piles de leur machine à calculer arrivent au bout, du moment que la relève du parti socialiste est assurée !

 

Iratus

 

 

 

Bricoles

 

On n’avait pas pensé !

 

Des alpinistes pourtant chevronnés n’avaient pas pensé qu’il était imprudent de se promener sous une corniche de neige à 2 heures de l’après-midi. Et la police de Lausanne n’avait pas pensé que des casseurs pourraient profiter d’une pacifique manifestation du 1er mai pour s’exercer en vue de la grande représentation anti-G8.

 

Les dirigeant du Lausanne-Sports n’avaient pas pensé que les créanciers du club pourraient éventuellement produire leurs créances.

 

Le département de la formation et de la jeunesse du canton de Vaud n’avait pas pensé que l’expérience pédagogique prévue dans la Haute-Broye, consistant à maintenir les élèves dans une classe unique en 7e année, était simplement illégale.

 

Et les patrons de Swiss n’avaient pas imaginé un seul instant que des circonstances sanitaires défavorables puissent diminuer le nombre de leurs passagers.

 

Un de mes instructeurs militaires disait volontiers qu’«est inattendue une circonstance dont on a délibérément négligé de tenir compte» par insouciance ou par incompétence.

 

 

Ethenoz viré !

 

On s’y attendait, la brutalité du procédé mise à part. M. Ethenoz, chef du contrôle cantonal des finances, a été mis à pied par le Conseil d’Etat pour de prétendus «justes motifs».

 

Sa position au sein de l’organigramme était, par essence, intenable puisqu’il était subordonné hiérarchiquement à ceux-là même dont il était chargé de dénoncer les coûteuses incompétences, voire les magouilles népotiques.

 

On espère qu’il sera nommé à la future Cour des comptes où il jouira de l’indépendance indispensable à sa mission. Mais on n’y compte pas trop. Ceux qui nommeront les ommissaires de ce futur organe seront les barons des partis installés dans le fromage, notamment tous les députés-directeurs d’EMS-millionnaires dont le CCF avait naguère dénoncé les petites et les grandes combines, leurs obligés et leurs amis.

 

 

Mea culpa

 

Dans une «bricole» du numéro de mars 2003, j’ai écrit : «M. Ernesto Bertarelli est jeune, beau, riche, intelligent et audacieux. L’équipage qu’il a constitué pour disputer la coupe de l’America ne comprenait pas un Suisse et c’est peut-être grâce à cela qu’Alinghi a vaincu».

 

J’avais tout faux ! D’abord, M. Bertarelli lui-même est suisse. Et l’équipe comprenait en outre les Helvètes suivants : MM. Enrico De Maria, wincheur, Yves Detrey, piano, Yann Maillet, wincheur, Jean-Claude Monnin, régleur, Dominique Neidhart, wincheur, Christian Scherrer, régleur et, de plus, Jim Bungenert, ingénieur CFD et Luc Du Bois, analyste des performances.

 

M. J.-J. Richard, à qui nous devons ces précisions, nous écrit encore que le bateau a été construit au chantier Décision, appartenant à Bertrand Cardis (Suisse) à St-Légier sur Vevey, et que les principaux calculs ont été faits par l’EPFL. En outre, l’ensemble des sponsors sont suisses.

 

Dont acte et mea culpa !

 

Ecole

 

On décide… de ne rien décider. Selon 24 heures du 8 avril, il avait été question de laisser aux parents le soin de décider, en dernier recours, de l’orientation de leur rejeton en fin de 6e année. Un groupe de travail mandaté sur la question estimait que cette responsabilité devait être transférée de la conférence des maîtres aux directeurs et doyens, lesquels n’en veulent pas. Pour dame Cilette Cretton, l’inénarrable et dodue Valaisanne qui sert de gourou pédagogique à Mme Anne-Catherine Lyon, «donner le choix aux parents comporte le risque de déboucher sur des inégalités sociales entre les familles».

 

Les inégalités sociales entre les familles, elles existent avant même la naissance des enfants. Elles ne sont d’ailleurs pas néfastes.

 

Je me demande si l’école publique valaisanne, qui est une des meilleures de Suisse romande, n’a pas réussi à maintenir son haut niveau de qualité parce qu’elle s’est débarrassée de Cilette Cretton à temps.

 

 

Union européenne

 

Si l’Union européenne intègre en 2004 dix nouveaux pays, la Suisse sera priée par Bruxelles de passer à la caisse pour alimenter le fonds de cohésion à hauteur de quelque 200 millions par an, bien qu’elle ne soit membre ni de l’EEE ni de l’UE, simplement parce qu’elle va «profiter de ces nouveaux marchés».

 

On ne précise pas, dans les milieux pro-européens, pourquoi ces marchés nous auraient été fermés jusqu’ici (ils ne le sont pas) et sous quelle forme nous allons bénéficier de cet apport soudain de main d’œuvre maltaise, polonaise, tchèque, slovaque, slovène, hongroise, estonienne, lettone, lithuanienne ou chypriote libre d’entrer sans entraves au titre des accord bilatéraux.

 

 

Police fédérale

 

Il fallait s’y attendre : l’hystérie journalistique relative aux risques d’émeutes pendant la conférence du G8 à Evian fait renaître le projet furglérien de police fédérale. M. Jean-Luc Vez, chef de l’Office fédéral de la police, se verrait assez en commandant d’un bataillon de 600 super-Rambos et il l’explique au nouvel «Hebdo». Son discours, comme celui de tout fonctionnaire fédéral borné, est construit sur les poncifs habituels : les «lacunes» inhérentes à un fédéralisme «suranné» et «anachronique», un système «d’un autre âge» etc. etc. Il espère néanmoins «s’imposer en douceur».

 

Eric Lehmann, nouveau commandant de la police cantonale vaudoise, dit qu’il est «sur la même longueur d’onde».

 

C’est une bonne raison pour changer de chaîne.

 

 

 

 

Collection reliée

Encore quelques exemplaires !

 

 

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Collection reliée

 

Les numéros 1 à 300 du Pamphlet (années 1970 à 2000)

ont été reliés en un seul beau volume.

 

Reliure d’une très belle toile bordeaux,

dos lisse avec inscriptions à la feuille d’or :

«le pamphlet» en caractère libra 1,5 cm de haut, 1970-2000 en bas. Volume enrichi d’un index (48 pages) de tous les articles, classés par rubrique, auteur, titre et sujet

 

Il ne reste plus que quelques exemplaires !

 

Prix : CHF 450 ou  € 300

frais d’emballage et de port en plus.

 

Commandes à notre adresse : Le Pamphlet, case-ville 4047

1002 Lausanne

 

ou par e-mail à claudepaschoud@lawyer.com

 

 



[1][1] www.glogaleducation.ch2 La Russie n’est pas prise en compte, évidemment.