Sommaire :
Le gouvernement gouverne-t-il ou se contente-t-il de subir
les événements ?
Chasse au cartes «Easy», Oncle Jo est
mort depuis 50 ans, la coupe de l’America aux «Suisses», abandon du latin à
l’Université de Lausanne et répression(s)
Deux avis contradictoires sur les textes de Michel de Preux
L'honneur par
l’opprobre (suite)
Michel de Preux poursuit la
réflexion du mois passé sur la morale de nos quotidiens
Mariette Paschoud
souhaite qu’on lui dise et qu’on lui prouve les mérites du concept «Armée XXI»
Claude Paschoud précise que son
opposition à la guerre en Irak n’est pas fondée sur le pacifisme !
Encore quelques exemplaires !
On a de plus en plus souvent
l’impression que nos autorités, loin de gouverner, c’est-à-dire de prévoir
comme c’est leur devoir, subissent les événements et se contentent de «faire
avec». On en a un magnifique exemple avec le G8.
Monsieur Jacques Chirac
décide, voici moins d’un an, d’organiser à Evian, soit à la frontière suisse,
le sommet des huit pays les plus industrialisés auquel seront conviés début
juin, outre les premiers intéressés, de nombreux chefs d’Etats de pays dits
émergents sur le sort desquels le sommet va se pencher. Evian, c’est évident,
est une ville bien trop petite pour accueillir tout ce beau monde. Il va donc
falloir loger une partie des participants ailleurs au bord du Léman, en particulier
à Lausanne et à Genève, étant bien entendu qu’ils débarqueront à l’aéroport de
Cointrin. Or, compte tenu de la situation internationale, des menaces
terroristes et des inévitables manifestations «altermondialistes» annoncées, le
sommet doit faire l’objet de mesures de sécurité policières et militaires
extraordinaires. La Suisse, dont on n’a pourtant pas entendu dire qu’elle avait
eu voix au chapitre en ce qui concerne le choix du lieu, s’apprête, à la
demande de la France, à «coopérer» en mettant à disposition du sommet des
forces de police, des militaires et des avions de combat, en restreignant
pendant toute la durée du sommet, côté suisse, la circulation sur certaines
routes, dans certains quartiers ou rues des villes hôtes, sur le lac et dans
les airs, et cela pendant le week-end de l’Ascension !
Interrogé le 8 mars, dans le
cadre de l’assemblée générale de la Société vaudoise des officiers dont il
était l’invité, sur l’opportunité de l’intervention suisse dans cette affaire,
Monsieur Samuel Schmid, chef du DDPS a expliqué que, si nous ne collaborions
pas avec la France en cette occurrence, nous ne pourrions pas compter sur
l’aide de la France dans le cas, par exemple, de l’organisation d’une
conférence internationale à Genève. Vu comme ça, évidemment…
Cette
réponse n’est pas satisfaisante.
C’est une réponse de vaincu. Le Conseil fédéral se devait, aussitôt connue la
décision de la France d’organiser le G8 à Evian, de faire savoir aux autorités
françaises qu’il était indigné de n’avoir pas été consulté, qu’il demandait
fermement que soit choisi un lieu français – il n’en manque pas – qui pourrait
être protégé exclusivement par des forces françaises et qu’en cas de maintien
de la décision, l’intervention de la Confédération et celle des trois cantons
concernés se bornerait à protéger les habitants de la rive suisse du lac contre
les nuisances consécutives au sommet, que la Suisse interdirait toute violation de son espace aérien, terrestre
ou lacustre, et n’accepterait pas que le trafic de l’aéroport de Cointrin soit
perturbé par l’arrivée ou le départ de chefs d’Etats étrangers. Ce n’est pas
parce que Monsieur Chirac ne connaît pas la géographie ou attache à Evian une
valeur symbolique que notre pays doit consentir des sacrifices pour un «machin»
dont il ne fait même pas partie, dans une opération qui ne relève même pas du
maintien de la paix ou de l’aide en cas de catastrophe. Pour ce qui est de la
protection d’une conférence internationale à Genève, nous ne voyons pas
pourquoi la Suisse devrait faire appel à l’aide de la France. Quand on se mêle
d’abriter sur son territoire des organismes internationaux, on se donne les
moyens d’assurer soi-même la sécurité des réunions.
Mais
non ! Les désirs de Monsieur Chirac sont des ordres. Et puis, ce sera un
bon exercice pour nos policiers, nos militaires et nos pilotes. Et puis,
Monsieur Couchepin est invité au sommet. Et puis, la neutralité n’en souffrira
pas, elle sera simplement «aménagée».
Ça va coûter des dizaines de
millions ? Ce n’est pas grave : la coopération n’a pas de prix. De
toute façon, Madame Calmy-Rey s’est rendue en personne à Paris pour demander à
la France d’assumer une partie de la facture. Cet acte de souveraineté lui a
d’ailleurs donné l’occasion de réaffirmer publiquement, à propos de la guerre
en Irak, les limites «pas très précises il est vrai» imposées à l’engagement
suisse par la neutralité : si la guerre a lieu avec l’aval du Conseil de
sécurité, Berne «ne considérera pas cela comme une guerre, mais comme une remise à
l’ordre d’un membre récalcitrant de la communauté internationale1».
Ô magie des mots ! Ô
piteuse Helvétie !
Le
Pamphlet
1 24 Heures des 1er – 2 mars
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On a
découvert que des cartes téléphoniques à prépaiement sont utilisées par des
criminels. Un membre du réseau Al-Quaïda aurait utilisé une carte helvétique
dans son téléphone portable.
Du
coup, le Conseil national a emboîté le pas à Mme Ruth Metzler qui veut que les
opérateurs de téléphonie mobile tiennent un registre des clients de cartes sans
abonnement.
S’il
était avéré qu’un escroc a utilisé une plume «Mont Blanc» pour signer un titre
faux, on contraindra les papetiers à tenir un registre des acheteurs de stylo.
On
pourra toujours téléphoner anonymement d’une cabine… par exemple à Mme Metzler,
pour la féliciter de s’occuper des choses essentielles.
Selon
le journaliste, écrivain et historien russe Arkadi Vaksberg, Staline aurait eu
sur la conscience entre 10 et 20 millions de victimes. Sa mort en 1953 se
révélera «miraculeuse» pour la population juive d’Union soviétique. Les
dirigeants du Comité antifasciste juif avaient tous été arrêtés, condamnés à
mort à huis clos et exécutés le 12 août 1952 et Staline avait développé une
politique antisémite de façon systématique.
Curieusement,
il y a encore des gens qui se proclament communistes aujourd’hui, et qui
regrettent même ouvertement le petit Père des peuples : «A cette
époque, l’ordre régnait, les prix baissaient et les relations humaines étaient
plus honnêtes» entend-on à Moscou.
Celui
qui raconterait des choses pareilles à Berlin, à Paris ou à Lausanne, au sujet
d’un autre dictateur antisémite se retrouverait bien vite incarcéré pour
incitation à la haine raciale.
On
entend même à Bussigny un patron sur le point de licencier 200 collaborateurs
qui se proclame «marxiste de droite» et qui n’est pas encore interné à Cery !
M.
Ernesto Bertarelli est jeune, beau, riche, intelligent et audacieux. L’équipage
qu’il a constitué pour disputer la coupe de l’America ne comprenait pas un
Suisse, et c’est peut-être grâce à cela qu’Alinghi a vaincu.
Nous
en sommes heureux pour lui, pour toute son équipe et pour ses sponsors.
Mais
est-il bien raisonnable de présenter cet exploit comme une victoire de la
Suisse ? Il fallait certes aux journalistes «sportifs» qui sont les
scribouillards les plus bêtes de la création, un prétexte à leur logorrhée.
Il
leur restera encore à obtenir le renvoi de M. Roberto Morinini, entraîneur de
Servette, et ils auront le sentiment d’être les artisans de l’Histoire. Les
malheureux !
Cet
été, la Faculté de droit de l’Université de Lausanne distribuera pour la
première fois de sa longue histoire des licences à des étudiants non
latinistes.
Le
motif avoué de cet abandon est que, pour ceux qui n’avaient pas appris le latin
lors de leurs études précédentes, le rattrapage exigé «demandait aux
étudiants un effort disproportionné par rapport au résultat». Le vrai motif, qui n’est pas
expressément avoué mais qui transparaît dans l’interview de M. Denis Tappy,
vice-doyen[1][1], est que la Faculté de droit de Lausanne
était jalouse du succès de l’Université de Fribourg, succès dû en grande partie
à l’absence d’exigence du latin.
D’un
côté, on se plaint d’un manque de place, d’un manque d’assistants, d’un manque
de crédits. De l’autre, on s’ingénie à diminuer les exigences pour ratisser
large et éviter de se faire piquer des clients par la concurrence.
Consternant !
Le
Conseil fédéral propose de renforcer la répression contre les «groupuscules
d’extrême-droite» en interdisant les «symboles à caractère raciste»,
tels que croix gammée, lettres KKK (pour Ku Klux Klan) ou le nombre 88
(pour : heil Hitler !). Les «groupements racistes» pourront
être interdits, notamment ceux qui prônent la suprématie de la race blanche ou
la limitation des étrangers.
Pendant
que Mme Metzler et sa fine équipe de chaussettes cloutées fédérales planchent
sur les moyens de pourchasser une douzaine de skinheads buveurs de bière,
provocateurs sans la moindre idée politique mais ravis de choquer le bourgeois,
les manifestants anti-mondialistes pourront semer le b… en Suisse romande à
l’occasion du Sommet du G8, provoquer embouteillages et dommages à la
propriété, on les laissera en paix au nom de la liberté d’expression. On craint
100'000 manifestants. Si 1% d’entre eux sont de vrais casseurs, venus pour
casser, qui les en empêchera si les forces de l’ordre sont mobilisées pour
traquer les croix gammées ? Qui paiera les dégâts ?
Répression (bis)
Il
fallait s’y attendre : nos cousins suisses allemands buveurs de Passuger à
midi et de bière le soir, ainsi que tous les couche-tôt, les pisse-vinaigre,
les ligues de vertu, les Frauenverein, les abstinents et autres coincés, les
défenseurs de la nature et les amis du loup ont obtenu du Parlement fédéral
l’abaissement du taux d’alcool toléré au volant de 0,8 à 0,5 %o
Les
brimades moralisantes étant dans l’air du temps, il ne faut pas s’étonner de
cette nouvelle restriction . Aucune statistique sérieuse ne justifie cette
mesure mais le crétin de service, à la rédaction du Matin, s’étranglait
d’indignation à l’idée qu’un conseiller national médecin puisse s’y être
opposé.
Ce
qu’il y aura de fondamentalement différent, c’est que des contrôles
d’alcoolémie pourront désormais être imposés systématiquement, puisqu’à
0,5 %o, aucune manifestation d’ivresse n’est perceptible, alors que pour
l’instant, la police n’ordonne un contrôle que si elle a un soupçon d’abus
d’alcool fondé sur une observation clinique.
Une
répression systématique, si elle profite aux caisses de l’Etat, ne rendra
service ni aux régions
vini-viticoles de Suisse romande, ni au tourisme socio-hôtelier, ni même à la
sécurité routière ou à la sauvegarde des piétons guettés par les «fous du
volant».
Si
un référendum est lancé, je le soutiendrai !
Répression (ter)
Jamais
à court d’idées absurdes, le Conseil fédéral estime que la violence entre époux
doit être poursuivie d’office, et non plus, comme aujourd’hui, sur
plainte uniquement.
Il
suffira donc d’une dénonciation, par exemple d’un voisin, pour mettre en route
la machine judiciaire, qui ne sera pas stoppée, même si les deux époux jurent
qu’aucun d’eux n’est victime de violence…
Pendant
que le juge instruira cette passionnante enquête, les voyous mettront le feu
aux voitures des bourgeois et casseront les vitrines.
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N’étaient-ils pas édifiants, les trois sinistres,
aux Açores ? Le tricheur au poker yankee, son faire-valoir, le clown
enfariné de sa Gracieuse Majesté, et Bozo l’Espagnol – dont on se demande
toujours ce qu’il fait dans l’histoire –, si enjoués à implanter la démocratie
en Irak par tous les moyens et en dépit de l’opinion publique mondiale… Dans
l’obscurantisme onusien, eux seuls avaient vu la lumière. Après nous l’avoir
jouée patenôtre, le gang des voleurs de pétrole passait au registre matamore…
La guerre du XXIème siècle, mode d’emploi
à l’usage des voyous : vous déclarez votre adversaire infâme et
anti-démocratique. Vous faites monter la sauce en lui imposant un embargo
monstrueux et des bombardements tactiques sournois ininterrompus pendant douze
ans. Quand il est bien à point, vous le faites désarmer – il y a une
institution supra-étatique pour cela. Dans le même temps, vous massez vos
propres forces sur les frontières du «Méchant». Vous survolez impunément
l’ensemble de son territoire sans cesser d’invoquer le bon droit planétaire.
Vous laissez vos boys s’acclimater et votre matériel s’accumuler. En parallèle,
vous prenez un texte légal (dans notre cas, la résolution 1441) que vos
juristes tordent en tous sens dans le vain espoir d’en tirer une quelconque
légitimité… Le texte résiste ? Vous choisissez alors un bouc émissaire,
pas le plus puissant de vos opposants (la Chine ou la Russie) mais le plus en
vue (la France) pour expliquer laborieusement qu’entravant le processus
décisionnaire de l’ONU, il aurait définitivement verrouillé les voies
diplomatiques mondiales. Vos boys sont maintenant à point et commencent à dire
que «ce serait dommage que le match soit remis…» (sic !). Dans
l’opinion publique mondiale déchaînée contre vous, les sportifs invétérés, au
moins, vous comprendront. Alors, vous y allez… Vous avez Dieu avec vous et ça
ne sera pas la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un peuple aura
été massacré pour son bien !
Le 17 mars, les trois hors-la-loi des Açores ont
perdu à tout jamais le droit de donner des leçons de morale et de démocratie au
monde.
Comme des millions de téléspectateurs, Max a pu voir
les Irakiens – soldats à l’armement dérisoire, civils murés dans leur fatalisme
et leur dignité – tous acquis à l’inévitable : pathétique !
Comme des millions de téléspectateurs, Max a pu voir
les soldats US, soda au poing, se bronzer le lard sur les ponts d’envol des
porte-avions au pied des bombardiers en « stand-by » :
obscène !
Comme des millions de téléspectateurs, Max a pu voir
l’état-major des agresseurs, dans leurs confortables bureaux climatisés, les
yeux rivés aux écrans de leurs ordinateurs… et il lui est venu un
souhait : que les agressés, qui participent d’une antique culture réputée
pour sa science des chiffres, aient en manche la possibilité de pénétrer dans
tous ces beaux cerveaux électroniques et de flanquer un chaos indescriptible
dans ce bel arrangement de puces et d’unités guerrières !
Cinglante définition de la clique de
« Bush » (le petit) par M. Mehmet Dulger, président de la commission
des affaires étrangères au parlement turc : « Ils se comportent
comme des parvenus. Ils sont riches et ils croient qu’ils peuvent acheter tout
avec l’argent. C’est un comportement de parvenus »1.
Occupé à combler ses
lacunes, Max serait reconnaissant à toute personne susceptible de lui fournir –
via Le Pamphlet – des précisions sur le statut actuel de la République
Fédérale d’Allemagne. En particulier, toutes explications sur les points
suivants seraient les bienvenues :
1.
Sachant
que les hostilités contre le Troisième Reich se sont théoriquement achevées en
début mai 1945 par la signature d’un armistice le 7 (Reims) et le 8 (Berlin)
entre le gouvernement allemand (chef légal : chancelier Karl Dönitz, entré
en fonctions le 2.5.19452 – sur nomination d’Adolf Hitler entre le
29 et le 30 avril 1945) et les Etats alliés, quelle est la date du traité de
paix qui a permis aux intéressés d’abandonner leur statut de belligérants et
quels en furent les signataires ?
2.
Comment
et sur quelles bases légales les transitions entre le gouvernement Dönitz et
les nouveaux gouvernements allemands de 1949 (RDA et RFA) se sont-elles
effectuées ?
3.
Par
quel processus juridique les constitutions allemandes d’avant et d’après 1949
se sont-elles succédé ?
A toute personne désireuse
d’invoquer le principe de la reddition «sans conditions» de l’Allemagne du IIIème Reich, Max pense utile de
rappeler celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui lui
paraît primer depuis son énoncé à Washington, le 8.1.1918, dans les quatorze
points du Président Wilson et sa mise en application lors de la conférence de
Paix de Paris et des traités subséquents de Versailles (Trianon), Saint-Germain
et Neuilly.
Max l’Impertinent
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1 JOURNAL DE LA 2, 17.3.2003,
13 heures – Les USA avaient vainement proposé 20 milliards de dollars à une
Turquie en récession pour pouvoir implanter des bases à la frontière nord de
lIrak.
2 Selon l’Encyclopaedia
Britannica.
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Madame,
Votre commentaire dans le
Pamphlet de février 2003, traitant de l’article de votre ami Michel de Preux,
me plonge dans une situation inconfortable. (…)
Votre
article, Madame, rédigé avec tout l’art du connaisseur, dont l’intention est de
contenter tout le monde, ne trouve chez moi pas le même impact. Vos écrits
reflètent une ambivalence qui fait ressortir ces sentiments contradictoires qui
peuvent passer inaperçus, du moment où certains de vos propos sur Michel de
Preux seraient assimilés au premier degré. Ceci dit, vous avez raison de ne pas
vous inquiéter des suites de cette affaire. N’étant pas une habituée des prétoires,
je pense finalement qu’une bonne explication vaut mieux que toute autre chose.
Madame,
je dois reconnaître que l’article de Michel de Preux a produit sur moi l’effet
d’une bombe. Cet effet a laissé éclater une certaine impulsivité. Si Monsieur
de Preux voulait montrer les effets du protestantisme américain, en particulier
celui de George B, je l’avais aussi compris. Connaissant bien Michel de Preux,
je savais qu’à travers cette citation et toutes les autres, il pouvait
m’atteindre (M. de Preux sait que je vous lis). Il est vrai qu’il n’a pas eu de
respect pour l’autorité suprême de la religion catholique. Je comprends
difficilement cela de sa part, ses lettres commençant toujours par des
citations du Concile de Trente ou sur des commandements du Décalogue.
(…)
Si votre journal respecte la liberté d’expression c’est très bien. Toutefois,
il y a des limites.
(…)
Je considère que Michel de Preux n’avait pas le droit d’utiliser une critique aussi
cassante, son penchant étant discutable principalement dans le cadre de sa
propre religion. Le considérant comme un génie, l’idée de lui clouer le bec ne
m’a jamais effleurée. Toutefois, faut-il que «ce bec» soit respectueux
d’autrui.
Michel
de Preux qui se dit aristocrate ne se conduit pas de manière à ce qu’on puisse
le traiter comme tel. Que cet homme doté de tant d’intelligence, de tant de
connaissance sache réintroduire dans son vocabulaire les mots que vous citez
soit : transiger, tolérer et compromis. A ce moment, la terre entière sera
pour lui.
(…)
H. B.
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Madame et Monsieur,
Je
vous écris ces quelques mots pour vous féliciter d’accueillir dans les colonnes
de votre journal les articles de Monsieur de Preux.
Enfin quelqu’un qui met en
relief la condamnation inique prononcée contre Monsieur G. A. Amaudruz coupable
selon ses juges d’avoir refusé de se plier aux exigences inquisitoriales d’un
totalitarisme sacralisé.
Catholique
intransigeant et lucide, Monsieur de Preux est une heureuse exception dans le
monde de la presse écrite et ses textes pertinents et courageux font tache si
on les compare à ceux des peigne-culs interchangeables qui sévissent dans les
quotidiens romands.
Si
Dostoïevski revenait en chair et en os à Genève ou à Vevey, villes où il
séjourna quelque temps et dont il disait dans certaines de ses lettres pis que
pendre, la bassesse des esprits dans la Suisse romande actuelle ne le
surprendrait certes pas. Son regard pénétrant a su prévoir et il en donne la
preuve dans son roman «Les Possédés» ce que réservait l’avenir et que la
racaille gauchiste ne cesserait par la suite de prospérer et d’embellir en
toute impunité.
Je
ne suis pas catholique mais la maladie de langueur dont souffre le
protestantisme me fait horreur et je tiens à évoquer le martyre de Jésuites
torturés jadis au Japon et en Chine; leur inébranlable stoïcisme rappelle le
destin tragique de religieuses
françaises guillotinées sous la «Terreur» et allant du pas le plus ferme au
supplice.
(…)
J. B.
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L'honneur par l’opprobre (suite)
Je trouve que beaucoup trop de mes contemporains se mettent dans l'étrange
position d'un moraliste soi-même adultère et cherchant avec une ardeur fort
suspecte la pensée ou l'arrière-pensée immorale de nos parents ou grands
parents. Est-ce leur manière de fuir l'immoralité de leurs propres actes ? Sans
doute. Notre société regorge à ce point d'immoralité quotidienne - ce sujet
occupe tous nos journaux de la presses écrite ou télévisée - qu'il faut
peut-être à ces êtres ne supportant plus l'ignominie de leur conscience et la
laideur de leurs visages, quelques coupables à se mettre sous la dent. Ces
coupables, naturellement, sont des leurres. Car je ne vois pas vraiment ce
qu'il y a de sincèrement moral, dans le quotidien lausannois «Le Matin»,
à admettre comme bon argent la culpabilité et la légitimité de l'emprisonnement
de Monsieur Amaudruz lorsqu'on assure soi-même une partie de ses recettes par
des pages entières d'annonces licencieuses pouvant favoriser le crime.
Les deux
annonces, celles-ci et celle de l'emprisonnement de Monsieur Amaudruz, du
désormais célèbre révisionniste vaudois, sont absolument du même tabac et font
corps. Une fausse morale ne peut s'imposer qu'au préjudice de la vraie. Pire
encore dans notre Etat décadent : la fausse morale veut passer elle-même pour
seule vraie ! Et c'est bien pourquoi notre société, qui dit rejeter la censure,
y procède non seulement avec constance mais ferveur… Pour mieux étouffer la
liberté des convictions, elle prendra systématiquement appui sur la licence des
opinions, et lorsqu'une conviction apparaît un peu trop solidement étayée,
alors non seulement on lui refusera la qualité très honorable de conviction,
historique ou religieuse, mais même le titre équivoque d'opinion licite lui
sera refusé. Il ne s'agit plus à son propos ni de conviction ni d'opinion, mais
d'un crime pur et simple. Ainsi conçoivent la liberté de l'esprit … les ennemis
de la liberté, c'est-à-dire les révolutionnaires, autrement dit : ceux qui nous
gouvernent, dans l'administration comme dans les tribunaux. Plus on est
soi-même indigne, plus on parle de dignité humaine…
Et ne croyez surtout pas, cher lecteur, que ce genre d'abus s'arrêtera
aux seuls révisionnistes ! Si le catholicisme relevait enfin la tête, s'il
désavouait les fausses repentances de ses pontifes attiédis, s'il réhabilitait
et réaffirmait clairement et publiquement son exclusivisme, son caractère
hautement totalitaire, vous verriez aussitôt se dresser contre
ses adeptes publics et privés toute la cohorte des gueux qui maintenant
salivent contre la seule abjection qui est à leur portée et qu’ils ont eux-même
créée.
Dans ce contexte pitoyable et déplorable, est-il encore décent de
s'adresser à une autorité quelconque afin d'obtenir d'elle «vérité et justice»
? A-t-on rencontré un seul professeur d'université s'insurger contre le
prétendu crime de l'article 261bis de notre code pénal ? Une seule
autorité religieuse ? Un seul notable de quelque canton que ce soit ? Et il
faudrait espérer que dans une société où pratiquement tout ce qui officiellement
compte se couche, où le personnel politique dispose d'une autonomie de pensée
et d'action rigoureusement proportionnée à son abdication devant les interdits
idéologiques les plus arbitraires et les plus injustes, la raison, la sagesse,
la mesure, l'équité, la droiture morale aient quelque chance de succès ?
Pourtant, c'est bien parce que cette réflexion n'a aucune chance d'être
entendue dans cette société que je la livre ici et la diffuse selon la mesure
de mes moyens. Car, comme disait Henry de Montherlant : «On peut le mépris
dans la mesure où on peut l'estime» et s'il ne m'est pas possible de
rencontrer l'estimable, qu'au moins je touche de mes traits ce qui est
méprisable. J'aurai alors, en toutes hypothèses, accompli mon devoir d'homme,
j'aurai préservé en moi l'estimable au risque de l'opprobre.
Michel
de Preux
«Armée XXI privilégie la
modernité et la mobilité au détriment de l’immobilisme et du conservatisme.» Ainsi s’exprimait le Colonel
Denis Froidevaux, président de la Société vaudoise des officiers dans 24
Heures du 28 février. Le ton de la campagne que vont mener les partisans
d’Armée XXI en vue de la votation du 18 mai est ainsi donné : on a, d’un
côté, les «modernes», ceux qui savent ce que nous réserve l’avenir et comment
il convient de s’y préparer, et, de l’autre côté, les «anciens» qui veulent
rester accrochés à Armée 95, voire revenir à l’armée de grand-papa; ceux qui
n’ont pas soutenu le référendum et ceux qui l’ont soutenu. Que des citoyens
suisses aient signé le référendum pour avoir le droit de donner leur avis ou
pour obliger les autorités à adopter un langage clair ne semble pas effleurer
les zélateurs de la nouvelle armée.
C’est pourtant mon cas.
J’estime que la défense du pays est une question suffisamment importante pour
que la population soit consultée sur ses modalités. Mais surtout, je veux qu’on
cesse de jouer sur les mots, qu’on me dise la vérité.
Je veux qu’on cesse de me
dire que la baisse des effectifs est «incontournable». Je sais bien que les
Suisses font moins d’enfants qu’autrefois, mais pas au point qu’il soit
impossible de trouver dans ce pays plusieurs centaines de milliers d’hommes
aptes au service. Je veux donc qu’on me dise et qu’on me prouve
qu’une armée moderne n’a plus besoin d’effectifs élevés.
Je veux qu’on cesse de se
plaindre du caractère inéluctable de la diminution des ressources financières.
Je sais bien que le budget militaire ne cesse de baisser, mais je prétends que
c’est dû en partie à une mauvaise gestion de l’argent public. Je veux que
Samuel Schmid me dise et me prouve qu’il se bat unguibus et
rostro au Conseil fédéral pour qu’on cesse de gaspiller des milliards dans des
opérations de prestige, milliards qui pourraient être attribués à l’armée sans
que les autres postes essentiels du budget de la Confédération en soient
affectés.
Je veux qu’on cesse de me
parler sans autres précisions de l’évolution de la menace et de la situation
géopolitique. Je sais bien que la situation a changé. Ce qui m’inquiète, c’est
que notre politique de sécurité, elle, n’évolue pas beaucoup. On en est, me
semble-t-il, toujours à considérer que la chute du Mur de Berlin, l’éclatement
de l’URSS et la construction de l’UE mettent notre continent à l’abri d’une guerre.
Je veux qu’on me prouve que tel est bien le cas et que ce qui se passe
aujourd’hui sous nos yeux, à savoir la désagrégation progressive de l’Union
européenne, l’éclatement possible de l’OTAN, le retour de la Russie sur la
scène internationale et la crise du Moyen-Orient, entre autres, n’engendrent
aucun risque de guerre en Europe. Si ce n’est pas le cas, je veux qu’on me prouve
qu’Armée XXI est apte à répondre à la situation nouvelle, qu’elle n’est pas
déjà dépassée, que nous n’aurons pas, une fois de plus, une guerre de retard.
Je veux qu’on cesse de me
dire que la neutralité sera préservée, sans m’expliquer pourquoi il faut
qu’elle le soit, en dépit de toutes les violations qu’elle subit. Je n’ai pas
besoin qu’on me rassure. Si la neutralité est essentielle, je veux qu’on la
respecte intégralement. Si, au contraire, elle est obsolète, je suis prête à
entrer en matière, à condition qu’on me prouve qu’elle l’est en
m’expliquant pourquoi. Je n’accepte pas que Samuel Schmid jure la main sur le
cœur qu’il ne sera pas touché à la neutralité et tolère que certains de ses
plus proches collaborateurs la déclarent inutile, à titre personnel il est vrai
– le devoir de réserve, c’est bon pour les révisionnistes. Même chose pour
l’éventuelle adhésion de la Suisse à l’OTAN. Il me semble que les Suisses
méritent mieux à cet égard qu’un numéro de duettistes.
Je veux qu’on cesse de me
dire que l’armée de milice demeure, sans autre commentaire, juste pour,
croit-on, me faire plaisir. Une armée de milice n’est pas simplement une armée
dans laquelle on trouve des miliciens. C’est une armée fondée sur la
conscription obligatoire, sous réserve de quelques cas d’inaptitude au service.
Les miliciens d’Armée XXI seront
en fait des volontaires accompagnés de quelques crétins qui n’ont pas trouvé le
moyen de se faire dispenser au moment du recrutement et qui seront éjectés en
cours de route. Pourquoi pas ? Je ne suis pas attachée à la notion d’armée
de milice au point d’y sacrifier l’efficacité de l’armée suisse. Mais je veux
qu’on me dise et qu’on me prouve que l’armée de milice est une
conception dépassée et même dangereuse.
Enfin, je veux qu’on
m’explique comment Armée XXI, armée moderne et mobile, ferait face à une guerre
civile européenne, qu’on me prouve que le cas est prévu et que les
moyens sont à disposition.
Toutes ces informations me
faisant défaut, je ne sais pas encore ce que je voterai le 18 mai.
Si, après ça, le Colonel
Froidevaux et ses semblables me taxent d’immobilisme, c’est qu’ils sont
eux-mêmes complètement sclérosés .
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Si
le pacifisme est la recherche de la paix à tout prix, je ne suis pas un pacifiste
et je ne l’ai jamais été.
Le
journal de ce matin m’apprend qu’une militante pacifiste américaine est morte
écrasée par un blindé israélien alors qu’elle tentait d’empêcher son
intervention dans les territoires occupés. Je ne pleurerai pas.
Je
ne m’apitoierai pas non plus sur le sort de ces crétins qui vont jouer aux «boucliers
humains» à Bagdad en s’imaginant que leur seule présence va dissuader oncle
Sam de larguer ses bombes sur l’ancienne résidence de Harun-al-Rachid.
Pourquoi
les Américains incultes hésiteraient-ils à bombarder la capitale de la
Mésopotamie, berceau de la civilisation proche-orientale la plus brillante,
pour épargner quelques pacifistes imbéciles, eux qui n’ont pas hésité à
éliminer froidement des centaines de milliers d’innocents en une nuit, à Dresde
et à Hambourg ?
La
forme de chantage psychologique à laquelle se livrent un gréviste de la faim,
un écologiste qui s’enchaîne aux rails sur le parcours d’un convoi transportant
des déchets nucléaires ou un «bouclier humain» en Irak n’a une chance d’aboutir
qu’en raison de l’humanité supposée des adversaires, qui se sentent
personnellement interpellés et qui pourraient avoir à répondre de la mort du
gréviste, de l’écologiste… ou du pacifiste.
Si
le conducteur du char israélien a écrasé la dame américaine, et si les
aviateurs américains transformeront Bagdad en charnier, avec les benêts qui
étaient venus «protéger» la ville, c’est parce qu’ils se sentent soutenus,
approuvés par leurs chefs, leur gouvernement et leur opinion publique
majoritaire.
Je
suis officier, ancien commandant d’unité, et je suis pas opposé à la
guerre, en général, laquelle peut être, en certaines circonstances, la moins
mauvaise solution. Mais je suis fermement opposé à cette guerre,
celle que veulent les dirigeants américains, anglais et quelques autres.
L’intervention
américaine, on le sait, n’a d’autres buts que la mainmise sur les réserves
pétrolières et sur l’alimentation en eau potable, vitale pour Israël.
Cette
guerre ne nous concerne pas. Ni la «vieille Europe» ni les autres Etats de
notre continent n’ont le moindre intérêt à la «busherie cachère», (comme
la nomme pertinemment notre excellent confrère Serge de Beketch), qui se
prépare… qui a peut-être déjà commencé à l’heure où ces lignes seront
imprimées.
Depuis
la fin de la deuxième guerre, les Américains ont bombardé la Chine en 1945-46, puis de
1950 à 1953, la Corée à la même époque, le Guatemala en 1954 et en 1960, puis
entre 1967 et 1969, l’Indonésie en 1958, Cuba en 1959 et 1960, le Congo en
1964, le Pérou en 1965, le Laos de 1964 à 1973, le Vietnam de 1961 à 1973, le
Cambodge entre 1969 et 1970, Grenade en 1983, la Lybie en 1986, le Salvador et
le Nicaragua dans les années 1980, Panama en 1989, l’Irak entre 1991 et 1999,
le Soudan en 1998 et l’Afghanistan entre 1997 et 2002.
Dans lequel de ces Etats ces bombardements ont-ils
fait directement émerger un gouvernement démocratique, respectueux des Droits
de l'Homme ?
Aucun, évidemment.
On pourrait de même dresser la liste de tous les
dictateurs sanguinaires que les Américains ont tolérés, voire même installés et
soutenus, pour se convaincre que la guerre actuelle, loin d’être une croisade
du Bien contre le Mal, n’est qu’une agression d’un Etat voyou contre un peuple
affaibli par 12 ans d’embargo économique sévère.
Avec ou sans ONU, ce n’est pas notre guerre.
Ce n’est pas notre affaire. Nous n’avons à prendre parti ni pour Saddam Hussein
ni contre lui dans ses options de politique intérieure. Il serait d’ailleurs
curieux que le vote d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité ait la
vertu de transformer, du point de vue du droit international, une guerre
d’agression caractérisée en une simple opération de maintien de la paix !
Quant à ceux qui veulent cette guerre, j’aimerais
qu’ils y participent en personnes, sur le terrain. Leur présence dans la zone
des combats permettrait d’apprécier la crédibilité de leurs discours
bellicistes.
Quand M. Bush menacera de bombarder le Liechtenstein,
au motif que le récent referendum réduit considérablement les droits
démocratiques des citoyens de la principauté, je crois bien que là, j’offrirai
à M. Schmid de reprendre du service.
Décidément, je ne suis pas pacifiste !
Claude Paschoud
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