Lausanne 33e année      «ne pas subir»       Février  2003 No 322

 

Sommaire :

 

Editorial

Une fois de plus, l’éditorialiste explique notre conception de la libre expression, en réponse à une dame qui n’apprécie pas l’«intégrisme» de Michel de Preux.

 

Crime de guerre ou fait de guerre?

Stephen C. Pelletiere sait de quoi il parle : analyste politique de la CIA, professeur à l’Ecole de guerre de 1988 à 2000, il éclaire l’interventionnisme américain en Irak d’un projecteur inattendu…

 

En direct de Sirius

Max estime que M. Powell aurait aussi bien pu nous montrer un carton à chapeau, scellé, et nous affirmer que l’arme irakienne de destruction massive se trouvait à l’intérieur !

 

L'honneur par l'opprobre

Michel de Preux considère sans complaisance une justice qui nourrit et entretient ses criminels les plus ignobles et qui jette en prison des vieillards pour délit d’opinion

 

Bricoles

Local d’injection à Lausanne ; le Procureur morigène le Conseil d’Etat et se fait gronder à son tour ; Créationnisme contre évolutionnisme ; la finesse des sondages en Israël ; l’intimité de Mme Zeta-Jones ; et encore Vugelles-la-Mothe

 

Au courrier

Un lecteur bien connu de la rédaction corrige une imprécision d’un article sur l’AVS dans le numéro du mois passé

 

L’avis de Louise Cougnard

Mme Cougnard n’est vraiment pas contente !

 

Collection reliée

Encore quelques exemplaires !

 

 

Editorial

Le dernier article de Michel de Preux, "Considération sur la menace de guerre en Irak", nous a valu des critiques acerbes. Une de nos lectrices protestantes s’est sentie outragée par les propos de notre ami sur le protestantisme et nous a menacés de représailles. Nous ne sommes pas trop inquiets des suites éventuelles de cette affaire, mais nous souhaiterions expliquer, une fois encore, à l’intention de nos abonnés récents, pourquoi nous publions des textes qui ne reflètent pas forcément notre opinion et qui peuvent choquer parfois une partie de nos lecteurs.

Le Pamphlet n’est pas l’organe d’un mouvement, d’un parti ou d’une confession. Il ne véhicule pas une doctrine à laquelle souscriraient tous ses collaborateurs et tous ses lecteurs. Il offre une tribune à des gens catalogués à droite et même à l’extrême droite par les simplistes maniaques de l’étiquetage, mais qui, quoique peu nombreux, sont d’horizons trop divers pour ne pas se trouver en désaccord sur nombre de points. Nos lecteurs les plus anciens se rappellent certainement que nous avons publié plus d’une fois dans une même livraison et parfois sur la même page des opinions contradictoires. Il nous paraît que cette diversité illustre assez bien notre goût pour la liberté d’expression, et nous avons la faiblesse de croire que nos abonnés finiraient par se lasser si nous écrivions tous la même chose, selon une ligne définie une fois pour toutes. Mais, bien sûr, cette situation implique que nos lecteurs s’exposent à lire des prises de position qui leur déplaisent. Dans ce cas, nous publions volontiers leurs réactions, à condition qu’elles ne soient pas injurieuses1.

Les responsables du Pamphlet sont protestants. Ils ne partagent donc pas les vues de Michel de Preux en matière de religion. Ils ne croient pas, en particulier, que le catholicisme soit l’alpha et l’oméga. Ils pensent, contrairement à Michel de Preux, que le protestantisme est une religion parfaitement respectable. Par ailleurs, dans le cas qui nous occupe, ils n’ont pas eu le sentiment que l’auteur se proposait d’insulter leurs coreligionnaires, mais qu’il voulait uniquement montrer les effets du protestantisme – qui est, qu’on le veuille ou non, moralisateur - sur la mentalité des protestants, des protestants américains en particulier. D’ailleurs, Claude Monnier allait dans le même sens dans 24 Heures du 4 février, lorsqu’il parlait, dans sa chronique de la page 2, du "(…) sentimentalisme de George W., typiquement américain, américain et protestant pour être précis (…)", ce qui ne semble pas avoir ému les nombreux lecteurs protestants de la "Julie".

Prétendre que le protestantisme n’est pas une religion respectable est fort peu aimable, sans doute, mais cela ne signifie pas encore, compte tenu du contexte, que le reproche s’applique ipso facto à tous les protestants. D’ailleurs, l’article n’est pas plus indulgent pour la religion catholique dont il range l’autorité suprême dans la catégorie des "colombes" taxées d’hypocrisie et de lâcheté. Or personne n’irait s’imaginer que tous les catholiques, Michel de Preux compris, sont des hypocrites et des lâches ! Personne n’irait s’imaginer non plus que tous les musulmans cachent des tas de cailloux dans leur cave en vue de la lapidation éventuelle de quelque conjoint adultère, sous prétexte que l’islam prévoit cette punition !

         Michel de Preux choque, Michel de Preux agace, Michel de Preux énerve, Michel de Preux s’est trompé d’époque, Michel de Preux a réussi à se mettre à dos la terre entière, parce que, pour lui, le mot "transiger", le mot "tolérer", le mot "compromis" n’existent pas.

Est-ce une raison pour lui clouer le bec ?

Le Pamphlet

1 Nous ne publions pas les lettres comportant uniquement des éloges, car notre modestie risquerait d’en souffrir ! Mais nous remercions très chaleureusement Monsieur P.R. pour sa missive si gratifiante.

 

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Crime de guerre ou fait de guerre?

Extraits d’un article paru dans le New York Times
le 31 janvier 2003

MECHANICSBURG, Pa. - Il n'est pas étonnant que devant l'absence de preuves tangibles concernant le programme d'armement de l'Irak le président Bush ait profité de son discours sur l'état de l'Union pour insister à nouveau sur les raisons morales d'envahir le pays: "Le dictateur, qui rassemble les armes les plus dangereuses du monde, les a déjà utilisées sur des villages entiers, provoquant la mort de milliers de ses propres concitoyens ou les laissant aveugles ou défigurés".

Accuser l'Irak d'avoir utilisé des armes chimiques contre ses propres citoyens fait partie des thèmes habituels du débat. La preuve la plus fréquemment apportée concerne le gazage de Kurdes irakiens dans la ville de Halabja en mars 1988, vers la fin de la guerre Iran/Irak qui dura huit ans. Le président Bush en personne a présenté le "gazage de ses propres habitants" par l'Irak, à Halabja justement, comme une raison de renverser Saddam Hussein.

Mais la vérité est que la seule chose dont on soit sûr c'est que des Kurdes ont été bombardés de gaz ce jour-là à Halabja. Personne ne peut dire avec certitude que ce sont des armes chimiques irakiennes qui ont tué les Kurdes. La déformation des faits concernant l'affaire Halabja ne s'arrête pas là.

Je suis bien placé pour le savoir puisque, en tant qu'analyste politique de la CIA durant la guerre Iran/Irak, et en tant que professeur de l'école de guerre de 1988 à 2000, j'avais accès à une grande partie des documents classés secrets à Washington traitant du golfe Persique. De plus, j'ai dirigé en 1991 une enquête militaire chargée d'étudier comment les Irakiens se comporteraient en cas de guerre contre les Etats-Unis; la version classée secrète de ce compte rendu fournissait d'amples détails sur l'affaire Halabja.

Tout ce que nous savons avec certitude de ces gazages d'Halabja c'est ceci: ils se sont produits lors d'une bataille qui opposait Irakiens et Iraniens. L'Irak utilisait des armes chimiques pour essayer de tuer des Iraniens qui s'étaient emparés de la ville, qui se trouve au nord de l'Irak près de la frontière iranienne. Les civils kurdes qui sont morts ont eu la malchance de se trouver là au moment de cet échange. Mais ils n'avaient pas été visés principalement par l'Irak.

Et l'histoire devient encore plus trouble: tout de suite après la bataille, le Service de renseignement de la Défense réalisait une enquête et établissait un compte rendu, classé secret, qu'il faisait circuler au sein des services secrets lorsque cela était indispensable. Cette étude concluait que c'était du gaz iranien qui avait tué les Kurdes, et non du gaz irakien.

(…)

En réalité, ceux qui estiment que le désastre de Halabja doit servir de prétexte aujourd'hui pourraient peut-être se poser une autre question: pourquoi l'Iran tenait-il tant à s'emparer de la ville? En y regardant de plus près, on comprendra peut-être mieux la raison pour laquelle l'Amérique a tant besoin d'envahir l'Irak.

On ne cesse de nous rappeler que l'Irak possède probablement les plus grandes réserves de pétrole du monde. Mais, dans une perspective régionale et peut-être même géopolitique, il est probablement encore plus important de savoir que l'Irak possède le plus grand réseau fluvial du Moyen-Orient. Outre le Tigre et l'Euphrate, il y a, dans le nord du pays, le Grand Zab et le Petit Zab. Dès le VIe siècle, l'Irak était couvert de chantiers d'irrigation et servait de grenier à blé pour toute la région.

Avant la Guerre du Golfe, l'Irak avait construit un système impressionnant de barrages et de projets de contrôle des eaux, dont le plus grand était le barrage de Darbandikhan dans la zone kurde. Et c'est de ce barrage que voulaient s'emparer les Iraniens lorsqu'ils ont pris Halabja. Dans les années 1990, on a beaucoup parlé de construire un pipeline, dit Le Pipeline de la Paix, qui amènerait les eaux du Tigre et de l'Euphrate vers le sud, dans les Etats complètement desséchés du Golfe et, par extension, vers Israël. Les choses n'ont pas avancé sur ce point, en grande partie en raison de l'intransigeance des Irakiens. Si l'Irak se retrouve entre les mains des Américains, évidemment tout cela pourrait changer.

L'Amérique pourrait ainsi changer la destinée du Moyen-Orient d'une manière probablement irréversible au moins pendant des dizaines d'années - en prenant le contrôle non seulement du pétrole irakien mais de la distribution des eaux. Même si l'Amérique ne devait pas occuper le pays, une fois que le parti Baas de M. Hussein sera chassé du pouvoir, un grand nombre d'opportunités s'ouvriront aux sociétés américaines.

Tout ce dont on a besoin pour s'engager dans une guerre c'est d'un motif évident pour agir, un motif qui persuaderait tout le monde. Mais les tentatives qui sont faites pour lier directement les Irakiens à Osama bin Laden se sont révélées peu probantes. Les affirmations selon lesquelles l'Irak est une menace pour ses voisins n'ont pas emporté les suffrages; dans l'état d'affaiblissement où se trouve le pays - grâce aux sanctions imposées par les Nations unies - les forces conventionnelles de l'Irak ne sont une menace pour personne.

L'argument qui reste, et qui est peut-être le plus percutant pour nous amener à faire la guerre, est que Saddam Hussein a commis des atrocités contraires aux droits de l'homme. Et le cas le plus spectaculaire ce sont les accusations concernant Halabja.

Avant que nous entrions en guerre à cause d'Halabja, l'administration doit au peuple américain toute la vérité sur cette affaire. Et si elle possède d'autres exemples de cas où Saddam Hussein aurait gazé des Kurdes, il faut qu'elle nous montre qu'il ne s'agissait pas de guérillas de kurdes pro-iraniens ayant trouvé la mort en se battant aux côtés des gardes révolutionnaires iraniens. Tant que Washington ne nous aura pas fourni la preuve de ces atrocités supposées de Saddam Hussein, pourquoi s'en prendre à l'Irak sous un prétexte humanitaire, surtout quand il existe tant d'autres régimes répressifs que Washington soutient?

Stephen C. Pelletiere

Auteur de «Iraq and the International Oil System: Why America Went to War in the Persian Gulf» (L'Irak et le Système pétrolier international. Pourquoi l'Amérique a fait la guerre dans le golfe Persique).

 

 

En direct de Sirius

 

Principes d’économie politique (en marge de la "Très Sainte Guerre contre l’Axe du Mal")

 

A la mémoire de mon ami le financier feu Edouard Dasen, qui, dans les années 70, m’avait résumé l’essentiel :

"Il n’y a que deux lois économiques importantes : l’offre et la demande et "ôte-toi de là, que je m’y mette !""

6.– 15.2.03 : Cuisine "Tex-Mex" : la promotion "fast food (for thoughts)" de M. Bush ruinée par les gâte-sauce des "vieux continents".

Les téléspectateurs du Globe n’ont pas été privés de show, depuis le 5 février dernier… En lever de rideau, notre Bush en bonnet d’Holmes nous envoie son Watson en uniforme sur fond de bannière étoilée. Enregistrements de conversations irakiennes, photos-satellites, catalogue de mines patibulaires enturbannées, l’ensemble avec légendes de circonstance ("the works !1")… En marge du spectacle, il est permis de se demander combien de centaines de spécialistes US d’acquisition, mais aussi, de re-traitement informatique des données audio-visuelles ont été "sworn to secrecy", main sur la bible, pour la plus grande gloire des intérêts supérieurs de la "God-blessed America (& partners)"… Il fallait être atteint de myopie intellectuelle acute pour accepter de prendre de telles vessies pour des lanternes. Le patron de M. Powell aurait pu, à moindres frais, l’envoyer aux caméras muni d’un carton à chaussures scellé, nous dire, parodiant St Ex : "Ça, c’est la boîte, le "smoking gun" est dedans" et ajouter, pour faire bon poids : "…mais on ne vous le montre pas, pour votre propre sécurité" (Elementary, my dear Watson !). Non contents de ce qui précède, nos amis américains produisent alors un document qualifié de "remarquable", émanant des services secrets britanniques, dont on apprend par la suite qu’il constitue en grande partie l’assemblage d’une thèse d’un étudiant américain avec d’autres publications du domaine public, dont certaines remontent à huit ans ! Ce pétard mouillé ayant fait long feu et beaucoup sourire dans les corridors de l’ONU, l’agité du holster, réclame l’appui de l’OTAN pour défendre une Turquie menacée par l’Irak… Etrange sophisme : la Turquie où les "Boys" du Grand Défenseur de la Démocratie Unique installent des bases de départ2 pour une invasion de l’Irak par le Nord  serait menacée par ce dernier ? Las ! L’Allemagne, la Belgique et la France bloquent l’option par leur veto. Qu’importe. En grattant ses réserves, le "parti du Bien" relève que, selon les inspecteurs onusiens, les missiles irakiens excèderaient la portée autorisée… en se gardant bien d’expliquer que cet excédent est le produit d’une dispersion tout à fait normale, en fin de portée, pour des projectiles non guidés. Au demeurant, quiconque s’amusera à tracer sur une carte, au-delà des frontières irakiennes, une bande de 150 km correspondant à cette portée maximale admise, sera édifié sur la capacité de nuisance de telles armes… Au passage, le représentant de la Syrie, seul pays arabe au Conseil de sécurité de l’ONU, a le mauvais goût de comparer cette entorse à la résolution 1441 aux quelque cinq cents résolutions onusiennes qu’Israël n’a pas cru devoir respecter… en toute impunité ! Si l’on ajoute à tout ce qui précède qu’à Rome, le 14 février, un représentant du "parti papiste" tout de blanc vêtu parvient à rallier l’opinion publique italienne au parti de la Paix, on ne peut que constater que les arguments américano-anglais se sont heurtés à une véritable conspiration des forces du bon sens et auront empêché, tout au moins pour la Saint Valentin, une nouvelle "busherie" en Irak !

Au vu des manifestations pacifistes mondiales de cette fin de semaine… encore un petit effort de M. Bush et les USA se seront mis au ban de l’humanité.

Les cocus de l’Union Européenne ? (Et vive l’UE souveraine !)

L’Allemagne et la France renâclent à emboîter le pas cadencé aux "missionnaires" à souliers-clous de M. Bush (– le jeune) ? Qu’à cela ne tienne ! Sam3 envoie son VRP anglais faire la tournée des popotes des pays de l’UE parmi les plus opportunistes ou les plus affamés et, quelques enveloppes plus tard, le secrétaire d’état US à la défense, M. Rumsfeld, peut brocarder la frilosité de deux pays de la "vieille Europe". Ce, pour la plus grande joie de l’insulaire Albion, cette briseuse de ménages dont on connaît l’allergie chronique aux multiples tentatives de fiançailles franco-allemandes. En la matière, la seule réplique valable, l’allusion, grandiose mais contenue, de Mme Roselyne Bachelot, ministresse française de l’écologie, évoquant son origine commune avec le général Cambronne – l’homme de la formule appropriée – n’avait que des accents de baroud d’honneur. Dans l’ "€uroland", lorsque le Dollar chante, les petits doigts s’alignent sur les coutures des pantalons. Ce ne sont pas les loyaux Polonais, nouveaux arrivés dans l’Union – à conditions économiques préférentielles – et – dans une belle démonstration de solidarité – acquéreurs de chasseurs américains, qui démontreront le contraire ! Et comme les Français ne semblent pas avoir encore tout à fait compris, en Côte d’Ivoire, "on" leur secoue le cocotier. Quant aux Allemands, "on" trouvera bien autre chose pour les chicaner… Un rappel historique peut-être ?

 

Max l’Impertinent

 

1 "Le Grand jeu !"

2 Au moins 20 000 hommes et 100 avions de combat.

3 Max trouve abusif le qualificatif parental usuel ; a priori, Sam ne devrait être l’"oncle" de personne !

 

 

L'honneur par l'opprobre

 

"Quiconque prend la race, ou le peuple, ou l'Etat, ou la forme de l'Etat, ou les dépositaires du pouvoir, ou toute autre valeur fondamentale de la communauté humaine - toutes choses qui tiennent dans l'ordre terrestre une place nécessaire et honorable (c'est nous qui soulignons), quiconque prend ces notions pour les retirer de cette échelle de valeur, même religieuses, et les divinise par un culte idolâtrique, celui-là renverse et fausse l'ordre des choses créé et ordonné par Dieu; celui-là est loin de la vraie foi en Dieu et d'une conception de la vie répondant à cette foi."

Pie XI : Encyclique "Mit brennender Sorge" (14 mars 1937).

Conséquence pour un catholique : le racisme, la démocratie, le fascisme, l'aristocratisme ne peuvent être et rester des "valeurs fondamentales de la communauté humaine" que dans et par le catholicisme romain.

En-dehors de lui, toutes ces idéologies ne sont que des idolâtries.

Michel de PREUX : Plaidoyer Amaudruz (17 janvier 2003).

Une société qui nourrit et entretient ses criminels les plus ignobles, dont Michel Peiry, le fameux "sadique de Romont", à qui elle épargne la peine de mort, le privant d'un sacre possible, comme dirait Jean Genet, et qui met en prison ses vieillards, l'ancien ministre Maurice Papon en France, le professeur Gaston-Armand Amaudruz en Suisse, pour des crimes que ni l'un ni l'autre n'ont commis personnellement, révèle sa propre abjection, son délire justicialiste, sa chute irrémédiable dans la veulerie. Cette société ne respecte aucune valeur, ni morale ni religieuse, ni même simplement et ordinairement mondaine. Il faut en effet n'avoir aucune mœurs, aucune dignité pour s'acharner sur des êtres sans défense, ne présentant aucun danger social, pas même idéologique et, par un artifice juridique dont personne n'est dupe, y compris dans les milieux juifs, transformer, là une intégration en soi parfaitement naturelle et morale dans un régime politique au demeurant constitué par une démocratie populaire, ici l'adoption d'une opinion fermement défendue comme une intime conviction, en délits imprescriptibles.

Mais si avoir été fonctionnaire de Vichy est un crime par quelques-unes de ses incidences, c'est mentir et trahir le droit civilisé que d'en appeler un demi-siècle plus tard de surcroît à une responsabilité personnelle quand, en fait, on a recréé insidieusement et malicieusement une responsabilité collective, du même type d'ailleurs que celle qu'utilisait l'occupant allemand en France dans ses représailles consécutives aux attentats qu'il subissait de la part des réseaux de Résistance. Maurice Papon, que le chef de la France libre en personne n'a pas rejeté hors de son camp après la querre, est décidément bien utile à l'exercice anarchique du droit de vengeance cachant la honte d'un peuple qui se sait avoir été massivement au-dessous de sa vocation historique et de son passé d'aîné en chrétienté, qui tient aussi à masquer sa déchéance à moindre frais. Gaston Amaudruz incarne, lui aussi, une certaine mauvaise conscience des Suisses, leur manque de courage, leur hypocrisie.

Toutefois, et c'est là que l'affaire Amaudruz prend son intérêt : ni cette mauvaise conscience, ni cette lâcheté, ni cette hypocrisie ne furent le fait des Suisses, ou de l'immense majorité d'entre eux, au moment du drame, à l'époque du nazisme triomphant et de la seconde guerre mondiale. Non, ce n'est pas alors qu'il faut chercher les preuves de notre abaissement - plutôt celles de notre saine prudence, de notre humble fermeté possible, donc de notre sagesse et de notre courage raisonné et raisonnable. C'est aujourd'hui, c'est maintenant, au moment où les Suisses actuels, ou une partie d'entre eux, croient découvrir des devoirs moraux qu'ils imposent a posteriori et sans vergogne à leurs parents ou à leurs aïeux, quand eux-mêmes cautionnent à l'heure actuelle, voire même défendent (voir l'affaire récente d'Oskar Freysinger), à une époque de l'histoire de notre pays où la responsabilité de la parole et du silence leur incombe personnellement, des régimes étrangers, des génocides réels et attestés sur-le-champ, des idéologies qui tuent en masse mais qu'un interdit légal soi-disant antiraciste, se prévalant aussi d'un rejet parfaitement immature de l'anticommunisme primaire (eut-on jamais droit au grief d'antifascisme primaire ?), c'est alors que ces Suisses couvrent cyniquement de criminels silences.

 

Michel de Preux

(à suivre)

 

 

Bricoles

 

Local d’injection à Lausanne

 

Mme Silvia Zamora, conseillère municipale à Lausanne, veut un "shootoir" au centre ville pour que les toxicomanes puissent se droguer en toute quiétude. Seules ont été consultées les associations (intervenant auprès des toxicomanes) réunies au sein du "Dispositif Seuil Bas", collectif favorable aux locaux d’injection. L’organisation la plus compétente en la matière, la Fondation du Levant, ne fait pas partie de ce "Dispositif" et n’a donc pas été consultée. Normal : on savait qu’elle est contre !

Cela permet de titrer que "la majorité des associations actives sur le terrain soutiennent le projet…". On nous fera avaler selon le même procédé que les locaux d’injection ouverts dans d’autres localités, comme Zurich, Bâle, Berne ou Bienne ont eu des "résultats positifs". Jugés positifs par qui ? Selon quels critères ?

Les seuls effets positifs, pour la paix sociale, c’est que les drogués meurent plus sûrement, plus vite, et plus discrètement.

 

 

Procureur vs Conseil d’Etat

 

Le Conseil d’Etat vaudois décide un "moratoire" au renvoi des étrangers dits "sans-papiers", jusqu’au 30 avril 2003. Le procureur général Jean-Marc Schwenter rappelle que les normes qui s’appliquent au séjour des étrangers sont fédérales et qu’il n’appartient pas même à un gouvernement cantonal d’en différer l’application. Le Conseil d’Etat n’est pas content d’être rappelé à l’ordre et il "gronde" à son tour le Procureur.

La controverse illustre parfaitement ce que nous prétendons depuis toujours : la loi sur l’asile est une mauvaise loi. En partie parce qu’elle est mauvaise, elle est en outre mal appliquée. Et comme, en outre, les décisions se prennent au niveau fédéral, par des gens qui ne sont nullement confrontés aux requérants d’asile (sauf à l’occasion d’une audition, au cours de laquelle on multiplie les tentatives visant à ce que le requérant se contredise), et qui imposent l’exécution de leurs décisions aux cantons, qui sont confrontés, eux, aux requérants et à leurs problèmes humains, il est fatal qu’on ne se comprenne pas.

 

 

Créationnisme

 

"Les créationnistes sont parmi nous" ! titrait 24 heures le 27 janvier après avoir déjà consacré une savoureuse enquête, vingt jours plus tôt, à la tentative des créationnistes d’infiltrer (sic) les départements scolaires de Suisse orientale.

Selon les créationnistes, le monde a été créé comme l’expose le livre de la Genèse, en sept périodes qui correspondent même, selon les lecteurs les plus fidèles des Ecritures, à 7 jours. L’homme a été créé homme, tout simplement. Pour les évolutionnistes, disciples de Darwin ou épigones de Lamarck, l’être humain que nous sommes serait le résultat d’une chaîne de transformations et de mutations plus ou moins aléatoires, partant d’une première cellule vivante pour aboutir à l’homme en passant par les grands primates.

Ces deux théories sont aussi invraisemblables l’une que l’autre. Autant l’une que l’autre suppose une dose de foi à transporter des montagnes. Ni l’une ni l’autre n’est justifiable scientifiquement.

Dans tous les cas, la transformation par mutations successives d’un premier être vivant unicellulaire en un mammouth, même si cette évolution a pris des milliards d’années, ou l’apparition de l’œil dans le premier être doté de ce fabuleux instrument, ne sont pas plus faciles à croire que l’apparition de l’homme sur terre tel qu’il est aujourd’hui, dressé sur ses jambes, sept jours ou sept millénaires après le Big Bang créateur de la Terre.

Il y a pourtant une voie possible pour concilier ces deux hypothèses : c’est le renversement de l’axe du temps et la théorie de la causalité avancée : si nous sommes les résidus dégénérés de l’être humain originel situé dans le futur, la perte de l’œil et la régression jusqu’à l’amibe de tous les êtres vivants sont beaucoup plus plausibles et ne heurtent plus l’intelligence. Lire, à ce sujet, le passionnant essai de Constantin de Charrière : "Le futur antérieur" (l’Age d’Homme)

 

 

Sondages

 

Emporté dans un tourbillon de scandales, le "Likoud", parti de M. Ariel Sharon, dégringole dans les sondages, selon un article de 24 heures le 10 janvier. Il n’est plus crédité que de 27 élus…C’est la débâcle annoncée.

Pas de surprise aux élections législatives, le raz-de-marée annoncé du Likoud s’est confirmé. Le parti de M. Sharon triomphe avec 33 à 36 sièges (après calculs : 37 !), nous dit 24 heures le 29 janvier.

 

 

Intimité

 

Mme Catherine Zeta Jones a dit à la Haute Cour de Londres son «infinie détresse» après la publication, par le magazine Hello ! de deux photographies de son mariage avec Michael Douglas.

«Je me suis sentie anéantie, violée et bouleversée» a déclaré l’actrice, qui réclame à Hello ! plus d’un million de francs suisses de dommages-intérêts pour «violation de sa vie privée».

Un lecteur inattentif pourrait en déduire que M. Douglas et Mme Zeta Jones souhaitaient que leur mariage reste un événement de leur vie privée, à l’abri de toute publication.

Pas du tout : ils avaient vendu l’exclusivité du great event à un magazine concurrent, OK ! pour 2,2 millions de francs suisses.

 

 

Encore Vugelles-la Mothe

 

Imposer à une commune de 106 habitants, dont une quarantaine d’adultes, l’arrivée simultanée de 60 requérants d’asile est une maladresse qui confine à la sottise.

C’est pourtant l’idée qu’à eue la FAREAS, confrontée à la nécessité de trouver des solutions pour l’accueil des nombreux malheureux qui espèrent trouver sous nos latitudes sécurité, travail et allocations, attirés par une loi mal fichue et mal appliquée (voir plus haut).

Excédés par cette invasion programmée et l’arrogance des autorités cantonales, les autorités communales ont démissionné et ont organisé un charivari digne des meilleures soirées estudiantines.

 

Succès total.

 

 

Au courrier

 

 

Madame,

 

Je me permets de vous écrire suite à votre éditorial du mois dernier qui, s'il était pertinent, n'en comportait pas moins une petite erreur qui n'engendre d'ailleurs aucune conséquence sur le fond du problème.

 

Il s'agit une information erronée que vous donnez à vos lecteurs concernant le calcul de la rente AVS. Vous dites que "les prestations maximales de l’AVS sont les mêmes pour tous ceux qui ont versé, à des degrés divers, la totalité de leurs cotisations", ce qui est inexact.

 

Le montant qu'un retraité touchera de l'AVS est fonction de deux éléments. Le premier est bien le nombre d'années pendant lesquelles l'assuré a cotisé. Il est à noter que tout un chacun a l'obligation de cotiser au plus tard dès le premier janvier qui suit son 20ème anniversaire. Ainsi, celui qui aura cotisé durant 44 ans aura droit à une rente qui se situe à l'heure actuelle entre 1055.- et 2110.- francs. Le montant exact auquel il peut prétendre dépendra de son revenu annuel moyen déterminant, calculé en fonction de la moyenne revalorisée des revenus assurés, augmentée de la moyenne des bonifications pour tâche éducative et de la moyenne des bonifications pour tâche d'assistance.

 

Pour prendre un exemple pratique, si vous avez gagné en moyenne cinquante mille francs par an sur toute votre existence et que vous avez eu deux enfants, votre revenu annuel moyen déterminant correspond à vos cinquante mille francs, revalorisés par rapport au coût de la vie et augmentés d'un revenu forfaitaire fictif pour chaque année pendant lesquelles vous avez exercé l'autorité parentale sur un ou plusieurs enfants de moins de 16 ans.

 

La rente AVS est donc bien calculée en fonction de ce que l'assuré a gagné, et celui qui a cotisé beaucoup touchera donc une rente plus élevée que les autres. Mais je vous accorde que dans la pratique on atteint assez facilement la rente maximum.

 

Il est d'ailleurs intéressant de noter que, pour les couples mariés, la rente maximum s'élève, non pas à deux fois la rente pour un individu célibataire, mais à une fois et demie. Ce qui me donne à penser que, dans certains cas bien précis que je ne développerai pas ici, il peut être judicieux de divorcer avant l'âge de la retraite pour arrondir ses fins de mois.

 

Pour tout complément d'information, vous trouverez votre bonheur sur le site Internet www.avs-ai.ch.

 

Recevez, Madame, mes salutations les meilleures.

 

Votre fils unique et préféré,

Michel Paschoud

 

 

 

 

L’avis de Louise Cougnard

 

 

Madame la Rédactrice,

 

Alors, ça ne vous suffit plus d’être fasciste ? Il faut que vous tourniez papiste en plus ?

 

L’autre dimanche à l’heure de l’apéritif, mon beau-fils m’a fait lire votre article sur la cathédrale de Lausanne rien que pour m’embêter. Il faut dire qu’il est catholique par sa mère autrichienne et qu’il se moque de moi parce que je suis fière que ma famille soit protestante au moins depuis les croisades. Je pense que ça va vous faire rire aussi puisque vous ne respectez rien. En tout cas, je peux vous dire que je suis scandalisée que vous envisagiez de donner une de nos belles églises à des grenouilles de bénitier, à des gens qui allument des cierges devant des statues et qui croient qu’il suffit de se confesser pour pouvoir continuer à pécher en toute bonne conscience. En plus, ils font des tas de simagrées comme le signe de croix et ils s’imaginent que le pape ne peut pas se tromper. Ils appellent ça l’infaillibilité pontificale, comme si le pape n’était pas un homme comme les autres ! Et puis, il faut voir que s’il y a beaucoup de catholiques dans le canton de Vaud, c’est surtout à cause de tous ces Italiens, de tous ces Espagnols et de tous ces Portugais qui se sont installés chez nous. Si ces gens veulent des cathédrales, ils n’ont qu’à retourner chez eux.

 

Notez que je n’ai rien contre les étrangers ni contre les catholiques. Je suis une femme tolérante et je fais partie d’un groupe de partage dans ma paroisse. Le pasteur dit souvent que si tout le monde était aussi ouvert et tolérant que moi, la vie sur terre serait meilleure. Mais je suppose que, pour vous, l’avis d’un pasteur c’est de la gnognotte. Vous préférez les curés et en soutane encore !

 

D’ailleurs je ne vois pas pourquoi vous dites que les juifs et les musulmans ne voudraient pas utiliser la cathédrale. Pour les juifs, je ne sais pas, mais ma petite-fille qui est sociologue et qui vit avec un Algérien très gentil dit que, pour les musulmans, il suffirait de quelques mesures toutes simples : couvrir les signes chrétiens avec des draps, remplacer les vitraux par des fenêtres ordinaires et la rosace par un croissant, et obliger les gens à se déchausser à l’entrée. Je ne vois pas où est le problème et ça au moins ce serait un vrai partage. Mais vous êtes bien trop raciste pour comprendre.

 

Bien entendu, mon beau-fils est tout à fait d’accord avec vous et ma fille le suit. Je l’avais pourtant bien mise en garde contre les dangers d’un mariage mixte. Mais les enfants n’écoutent rien. Et à présent, je suis obligée de faire attention, sinon mon beau-fils ne voudra plus m’emmener au restaurant le dimanche. Donc, je n’ose pas porter plainte contre vous pour incitation à la discrimination religieuse. Mais j’espère bien qu’un de vos lecteurs le fera à ma place. Ça vous ferait du bien d’aller réfléchir quelque temps derrière des barreaux.

 

Vous m’avez toujours fait passer pour une oie, ce qui prouve bien que vous avez l’esprit étroit et que vous êtes de mauvaise foi. Mais cette fois, je vous somme de publier le portrait que je vous envoie ci-joint. Vos lecteurs pourront enfin lire sur mon visage que je suis une femme intelligente, bienveillante et ouverte à l’autre.

 

Louise Cougnard

 

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Collection reliée

 

Les numéros 1 à 300 du Pamphlet (années 1970 à 2000)

ont été reliés en un seul beau volume.

 

Reliure d’une très belle toile bordeaux,

dos lisse avec inscriptions à la feuille d’or :

«le pamphlet» en caractère libra 1,5 cm de haut, 1970-2000 en bas. Volume enrichi d’un index (48 pages) de tous les articles, classés par rubrique, auteur, titre et sujet

 

Il ne reste plus que quelques exemplaires !

 

Prix : CHF 450 ou  € 300

frais d’emballage et de port en plus.

 

Commandes à notre adresse : Le Pamphlet, case-ville 4047

1002 Lausanne

 

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