Lausanne 32e année      «ne pas subir»       Décembre  2002 No 320

 

Sommaire :
 

Editorial
Un referendum a la vertu de permettre le débat public !

En direct de Sirius
Max l’Impertinent a assisté à la Revue annuelle du Casino Théâtre de Genève. En outre, il s’interroge sur l’élargissement de l’Europe, sur l’avenir de nos langues nationales, sur le visage de M. Poutine et sur le travail.

Bricoles
Jean-François Bergier s’indigne et Yves Christen veut relire un philosophe dont on ne possède aucun écrit.

En droit pénal : tous les génocides ne se valent pas et les voyous commencent leur carrière de plus en plus tôt.

Questions actuelles : vues catholiques (suite)
Réflexions sur le négationnisme

Ecole : Défi
Création d’une école fondée sur des postulats de bon sens

Politique des médias
La Confédération remet ça !

Armée : Armée XXI
Ce n’est plus une réforme, c’est une révolution !


Editorial

 

Un référendum a été lancé contre la modification du 4 octobre 2002 de la Loi fédérale sur l’armée et l’administration militaire (LAAM). Pour parler plus simplement, un référendum a été lancé contre Armée XXI. Et voici que se produit un surprenant phénomène : alors que le lancement d’un référendum est chose quasiment banale dans notre pays, celui-ci déclenche les passions, en tout  cas dans les milieux militaires qui semblent y voir un cas de haute trahison, d’autant que le président du comité référendaire est présidé par un officier général à la retraite, le Divisionnaire Hans Wächter.

 

Nous comprenons que les officiers de carrière en fonction refusent de signer le référendum et défendent Armée XXI pour des raisons de loyalisme ou de sécurité professionnelle. Nous comprenons que des officiers de carrière à la retraite ayant occupé naguère le devant de la scène refusent de signer le référendum pour des raisons de discrétion, sans préjudice de leur vote futur. Nous comprenons même que les citoyens qui ne font pas la différence entre signer un référendum et se prononcer par un vote refusent eux aussi d’apposer leur signature sur une liste référendaire.

 

         Ce que nous ne comprenons pas, en revanche, c’est que des militaires, en fonction ou non, montrent du doigt les initiateurs et les signataires du référendum, comme si ces derniers commettaient un authentique délit imputable à une vision objectivement malhonnête de la défense du pays et de la neutralité.

 

Ce n’est pas ici le lieu de présenter le plan directeur d’Armée XXI. Les revues militaires s’en chargent, ainsi que de nombreux conférenciers, la plupart de nos abonnés ont sans doute lu l’article très fouillé de Pierre Rochat publié par La Nation no 1695 du 13 décembre, et Claude Paschoud revient sur le sujet en page 4.

 

Ce qui nous intéresse, c’est l’attitude des opposants au lancement du référendum.

 

Nos amis de Notre armée de milice voient dans Armée XXI l’armée de l’avenir. C’est leur droit, et peut-être ont-ils raison. Notre siège n’est pas fait à cet égard. Mais de là à déclarer, comme le fait l’Adjudant Schulé dans son éditorial de décembre 2002, à propos du référendum, que, «Au moment où il faudrait aller de l’avant, d’autres très démocratiquement espèrent encore bloquer tout le travail qui a été entrepris», il y a un pas qu’il vaudrait mieux ne pas franchir. Rien n’est venu prouver à ce jour qu’il faudrait absolument «aller de l’avant», rien ne démontre que les résultats de «tout le travail qui a été entrepris» sont ipso facto excellents, au motif qu’ils ont nécessité beaucoup d’efforts et d’énergie. Quant au reproche implicite d’abus des droits démocratiques, il est tout simplement inepte.

 

Ce n’est pas parce qu’on sert ou qu’on a servi dans l’armée en faisant preuve d’esprit de discipline qu’on doit considérer comme du bon argent tout ce qui vient de l’armée, surtout quand une question à première vue militaire, est en fait une affaire avant tout politique.

 

Même un militaire aveuglément dévoué à l’armée suisse devrait pouvoir comprendre que ses concitoyens ne sont pas tous dans le même cas; que beaucoup de Suisses ont l’impression qu’on les informe mal – au-delà des questions techniques – sur les conséquences à moyen et long terme des choix opérés par le Conseil fédéral, puis par le Parlement, en matière de défense du territoire, de maintien de la neutralité et de coopération internationale. Va-t-on vers une adhésion à l’OTAN ? Point du tout, répondent les inconditionnels d’Armée XXI, il s’agit juste d’un partenariat. Que si ! rétorquent leurs adversaires, il ne peut en être autrement, puisqu’il n’existera plus de défense aux frontières et que la Suisse sera dépendante, pour sa survie, des forces de  l’OTAN. Et la neutralité ? interroge l’«extrême droitiste» de service. Elle sera maintenue, bien sûr, en cas de défense du territoire, répondent les inconditionnels d’Armée XXI, mais elle devra être aménagée en cas de collaboration avec d’autres armées à d’autres fins. Elle disparaîtra forcément, rétorquent leurs adversaires, puisqu’il n’y aura plus de véritable défense du territoire et que la Suisse sera largement tributaire des armées de ses voisins.

 

Qui a tort ? Qui a raison ? On s’y perd. Et c’est précisément pour cette raison qu’il convient de signer et de faire signer le référendum. Le débat public qui en résultera permettra à chacun des se faire une opinion, juste ou fausse, sur l’opportunité de chambouler l’armée suisse, déjà passablement amoindrie, à un moment ou personne, pas même les augures qui nous gouvernent à vue, n’est en mesure de faire autre chose que de tirer des plans sur la comète, que de tenir pour acquise une situation internationale qui peut changer demain.

 

Si le référendum aboutit, la majorité décidera, bien ou mal, mais, au moins, les Suisses, qui sont dans leur immense majorité démocrates, ne pourront pas  venir se plaindre ensuite de n’avoir pas eu voix au chapitre dans un domaine aussi essentiel à leur survie.

 

Et zut pour la discipline militaire !

 

Le Pamphlet

 

 

Au courrier

 

Madame la Rédactrice,

 

Je reviens sur votre article «Libéralisation (6 novembre)» de votre rubrique Bloc-notes du Pamphlet No 319.

 

Lorsque vous parlez de choses que vous connaissez mal vous prenez un gros risque en soutenant les thèses de personnes telles que M. Nordmann. Celui-ci parle en effet des colis «exprès», domaine dans lequel DHL et UPS notamment sont plus performants que la Poste sur le secteur international grâce à leur réseau mondial.

 

Cela dit, l’immense partie du trafic des envois de colis de plus de 2 kg se concentre en Suisse. En tant que patron d'une petite entreprise de la région lausannoise je puis vous affirmer que depuis cette libération notre nouveau partenaire (après plus de 40 ans de collaboration avec la Poste!), DPD pour ne pas le nommer, nous garantit la livraison des colis dans les 24 heures dans toute la Suisse, ce que la Poste ne peut pas faire. De plus, ce transporteur nous permet d'économiser plus de 20% sur les frais de port des colis. Vous comprendrez que pour nous et notre clientèle, la libéralisation dans ce domaine présente des avantages réels.

 

J'attire en outre votre attention sur votre Editorial dans lequel vous relevez vous-même qu’il arrive à la Poste de ne pas respecter les délais de distribution des courriers A et B. Une réclamation à ce sujet à un guichet de la régie vous confrontera à l'arrogance et au mépris du client que manifeste toute entreprise ayant un monopole. M. Nordmann n’y changera rien, il pourra simplement se plaindre d’une éventuelle future libéralisation du courrier en dessous de 2 kg. Veillez alors à ne pas lui emboîter le pas!

 

Merci encore de votre journal toujours percutant et agréable à lire!

 

Recevez, Madame la Rédactrice, mes sincères salutations.

 

Michel Favez

 

 

 

En direct de Sirius

 

Mise à jour

 

Assister à la Revue annuelle du Casino-Théâtre de Genève permet au Suisse de l’étranger de reprendre ses marques tant au sein de la République que de la Confédération. Pour le 400e anniversaire de l’Escalade, la fine équipe ne s’est pas privée de mettre joyeusement les pieds dans les marmites politiques cantonale et confédérale, et d’en apprêter les responsables aux petits oignons. Il ne fut guère rassurant d’apprendre que les potes du «Père Gniollu» n’étaient, en fin de compte, pas mieux lotis avec leur Banque Cantonale que leurs malheureux voisins d’outre-Versoix; il fut réjouissant de voir une Nelly Wenger se dandiner en Nounourse dodue de «Bonne nuit les p’tits Suisses» et scander «Di-la-pi-dé» sur l’air de «O happy day» pour résumer les prévisibles et bien consternants résultats d’Expo Zéro-2; satisfaisant d’entendre ses camarades du Palais fédéral conseiller à Madame Tripode de «faire ce que tout homme fait quand il a honoré sa femme : se retirer»; édifiant de découvrir que la dénomination «Swiss» était du cru d’un concepteur canadien (!) grassement rétribué pour cette brillante trouvaille… Il est vrai qu’avec ses jumbos cloués au sol en apnée de kérosène comme autant de baleines échouées, la défaillante compagnie aérienne en attente de dépeçage final n’avait plus l’«air» de grand-chose et méritait ce coup de sécateur dans sa raison sociale. Question au «brainstormé» : «Vous êtes content, M’sieur Brûlé ?» Réponse du lauréat, dans son parler à 50% : «Ou’ merc’ j’ chu’ très con’». Il fut interloquant d’apprendre par élimination, en voyant s’agiter avec grâce des cornettes en bas-résilles et des barrettes en soutanes flottantes qu’en tout cas – et sauf opacité inconcevable –, de toute évidence, ni les pasteurs, ni les rabbins n’étaient jamais sujets aux turpitudes «pédo-pédagophiles» de leurs collègues d’autres confessions, qu’il n’y avait donc quelque chose de pourri qu’au royaume de Saint-Pierre et ainsi, pour parodier Marie-Thérèse Porchet (née Bertholet), que «la Bête [était exclusivement] en eux». Mais il fut finalement bien agréable d’admettre, avec toute la troupe, que «voisin» ne signifie pas forcément «ennemi», et qu’il était plus que temps que Genevois et Savoyards cassent ensemble la marmite, non pour le souvenir, mais bien pour faire la fête.

 

L’aérophagie du décideur

 

Il avait si peu d’idées saines au cerveau, qu’à force, ça lui était descendu sur l’estomac et qu’il «conceptait» en rafales.

 

Le complexe du « in »

 

A en croire l’apparition sournoise mais croissante et continuelle d’expressions anglo-saxonnes dans la vie quotidienne helvétique, Max, qui ne compte plus les «Swiss-machins», les «cash-trucs», les «hot-choses» et les petits «tips», se demande si ses compatriotes ne se sont pas finalement résignés à abdiquer leurs quatre langues nationales pour faire acte d’allégeance à l’anglais tel qu’on le jacte, celui du jargon « marketeux » américano-commercial, pas celui de Dickens. Sommes-nous donc si las d’avoir massacré nos propres langues que nous nous réjouissons de les appauvrir du langage-promo des nouveaux et bien intérimaires maîtres du monde ? Comprendrons-nous enfin qu’à force de singer les autres pour des satisfactions de pacotille nous faisons chaque jour l’abandon de nos qualités propres ?

 

Un fameux pavé dans la mare aux lobbies…

 

…que celui lancé avec tant d’à propos par M. Giscard d’Estaing sur la question de l’admission d’une Turquie géographiquement fort peu européenne et de confession majoritairement musulmane… au sein d’une Union Européenne aux valeurs traditionnelles chrétiennes. Ceux, et ils sont nombreux, que la question aura surpris devraient d’ores et déjà se préparer à la prochaine qui sera, une fois la Turquie admise, celle, inévitable et proche, de l’admission de son allié avéré, ce petit pays moyen-oriental pas précisément musulman et qui à la différence du précédent n’a aucune partie géographique commune avec l’Europe.

 

Poutine l’imperturbable (une clef)

 

La différence fondamentale entre un Poutine heureux, un Poutine en colère et un Poutine inquiet, c’est qu’en toutes circonstances son visage reste le même. C’est peut-être parce qu’à la différence de son homologue US, il a coutume, en toutes occasions, de réfléchir, dans la solitude du pouvoir, à l’origine réelle des faits et aux conséquences profondes de chacune de ses décisions. Quand le premier se secoue les neurones dans le vacarme et la fébrilité des «brainstormings» incessants de sa meute de conseillers, le second, en ancien grand patron du KGB, analyse froidement, consulte qui il veut, et décide souverainement. Une source de Moscou me confirme ainsi que, dans l’affaire de la prise d’otages «Nord-Ost» des 24-26 octobre derniers, l’hypothèse d’une provocation au profit d’intérêts fort étrangers à ceux de la cause tchétchène est très sérieusement considérée au Kremlin…

 

Attention travaux !

 

Dans les médias, les expressions se suivent et ne se ressemblent pas. Travail de mémoire (toujours à géométrie variable), travail de deuil (pour les proches de victimes de tous ordres et les tondus de Swissair et d’Enron), travail sur soi-même (subir calmement les agressions de la Bêtise), travail d’expressions corporelle et orale (pour les champions des électeurs d’« en bas »), travail de communication (dans un sabir anglo-cybernétique où l’on n’entend plus rien), et finalement travail du chapeau. Décidément, même chez les chômeurs, on n’a jamais autant travaillé. Par contre il y a longtemps qu’on ne parle plus de gérer

 

Mes meilleurs vœux à tous…

 

…pour qu’un bon « psy » parvienne in extremis à convaincre le « Chevalier Blanc » de la Maison du même nom que plus personne n’est dupe, et donc qu’il est urgent de cesser de faire de M. Saddam Hussein le bouc émissaire d’avatars new-yorkais et un héros potentiel pour la moitié de l’humanité; ou peut-être qu’une lecture attentive de certains textes sacrés (?) fasse enfin réaliser au cow-boy de service que lorsque Gog et Magog – ces deux grands lourdauds – en viennent à la castagne, c’est toujours pour le plus grand profit d’un troisième larron, ce petit malin qui les a inventés… Mes vœux les plus sincères donc pour que des milliers de Boys retournent faire du surf chez eux et se dorer sur les plages pacifiques, au lieu de faire du «Cruise» et de courir le risque de se faire toaster sur le golfe Persique dans l’océan de feu du pétrole enflammé; pour qu’enfin on veuille bien foutre la paix aux peuples et qu’on les laisse décider librement de ce qui est bon pour eux.

 

Max l’Impertinent

 

 

 

 

Bricoles

 

 

Mémoire courte

 

Joseph Deiss se fâche: on insulte le drapeau suisse. La publication d'un livre de Stuart Eizenstat sur l'histoire des avoirs juifs en Suisse soulève un tollé de protestations dans la Confédération, où l'on menace de faire interdire l'ouvrage qui sort aujourd'hui dans les librairies américaines, au motif que sa couverture amalgame la croix blanche et la croix gammée.

 

«Monstrueux!» déclare l'historien Jean-François Bergier. «C'est faux, stupide et une offense pour la Suisse» précise-t-il dans le Blick.

 

On croit rêver !

 

Culture

 

Au lendemain de son élection au perchoir, Monsieur Yves Christen aurait  déclaré, selon un journaliste de la  RSR, qu’il allait «prendre sur son temps pour relire Socrate».

 

Négationnisme

 

Deux Arméniens qui avaient porté plainte contre les représentants d’associations turques pour négation du génocide arménien ont été déboutés en dernière instance par le Tribunal fédéral : «Dans leurs considérants», nous dit 24 Heures du 11 décembre, «les juges de Mon-Repos estiment que les deux plaignants n’ont pas subi une atteinte directe, mais indirecte, dans leur intégrité corporelle, sexuelle ou psychique du fait du contenu négationniste de la pétition. N’étant pas des victimes au sens légal du terme, ils n’ont donc pas la qualité requise pour se porter plaignants.»

 

Gaston Amaudruz, octogénaire, s’apprête à purger une peine de trois mois de prison ferme pour négationnisme. Pourtant, nul n’a jamais entendu dire que ceux qui l’ont fait condamner avaient subi une atteinte directe dans leur intégrité corporelle, sexuelle ou psychique du fait du contenu négationniste des ses écrits.

 

Selon que vous serez…

 

Délinquance

 

Les voyous commencent leur carrière de plus en plus tôt. C’est ainsi que soixante adolescents âgés de treize à dix-sept ans  s’apprêtent à comparaître devant le Tribunal des mineurs pour deux cents délits – racket, consommation de drogues douces, vols, incendies et autres brigandages – commis entre 2000 et 2002.

 

Cette jolie équipe était répartie en trois bandes composées en majorité d’individus d’origine étrangère, selon le porte-parole de la police qui s’empresse néanmoins de nous rassurer : les meneurs de l’une des bandes sont Suisses.

 

Autre bonne nouvelle : seuls seize des soixante petites frappes ont fait l’objet d’une détention préventive pour les besoins de l’enquête.

 

Et dire qu’il y a des gens qui ne se sentent pas en sécurité !

 

 

 

 

Questions actuelles : vues catholiques (suite)

 

(…) Nier le déicide est aussi un négationnisme, un révisionnisme, et qui plus est, un négationnisme blasphématoire et impie, hautement dommageable aux intérêts bien compris de toute l’humanité. D’évidence, le crime de déicide est objectivement indépassable et unique, incontournable aussi.

 

Je conclus de ces quelques propos non pas à une condamnation vengeresse des Juifs de notre temps. Je les invite au contraire à se libérer de cette culpabilité qu’ils traînent avec eux depuis deux mille ans en retrouvant la foi de leurs lointains ancêtres, les nôtres à nous chrétiens spirituellement, ceux qui, de leur race, annoncèrent la venue du Christ sur terre dans les Ecritures. Je les invite à professer notre foi, qui fut aussi la leur avant la mort du Christ.

 

Mais je ne puis m’empêcher de demander justice aux hommes d’Eglise qui, par une fausse Déclaration du Concile Vatican II, au nom d’un irénisme illusoire et trompeur, mensonger, préjudiciable au genre humain tout entier, ont porté un tort immense à l’ensemble du monde jadis chrétien, aux chrétiens qui subsistent aujourd’hui et qu’ils ne protègent plus guère contre la perfidie juive. Ces hommes d’Eglise, par cette fausse Déclaration, ont favorisé ce lent travail de substitution holocaustique en faveur des Juifs et à la faveur du nazisme néo-païen. Je demande qu’on leur en fasse payer le prix par un appel à leur responsabilité morale.

 

Je ne puis m’empêcher non plus de rappeler que tous les membres du PDC suisse de religion catholique ont, eux aussi, leur part de responsabilité dans le versement des indemnités exorbitantes exigées par des Juifs sous le prétexte d’une responsabilité historique de la Suisse dans les spoliations des nazis. Ils sont dans le monde politique, plus que tous autres, en mesure de démasquer les ruses cachées de la politique d’Israël et ses composantes proprement religieuses. A quoi devrait donc servir leur foi affichée dans le parti sinon à cela aussi ? Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils manquent manifestement de cette foi, et de cette science qui vient avec elle, y compris pour la défense d’intérêts temporels. Mais chez eux la foi, la religion, ne comptent que dans la mesure où elles servent leurs intérêts matériels immédiats et personnels ou partisans, leur carrière et leur réputation.

 

Dans ces conditions, leurs richesses acquises sont d’iniquité, leurs carrières, fondées sur un mensonge et une lâcheté, sont moralement un vol, et leur réputation, un bien mal acquis. Le PDC est la honte du christianisme dans l’ordre politique. Il est l’égout d’une foi avariée.

 

J’ai un titre de plus à demander des comptes à un parti de copains et de coquins.

 

Michel de Preux

 

 

 

Défi

 

Ce qu’il y a de bien avec la pédagogie moderne, c’est qu’elle «place l’enfant au centre». Je n’irai pas jusqu’à dire que ça vient de sortir, mais c’est assez nouveau. Jusqu’à une époque récente, tout le monde le sait, l’enseignement avait pour but principal de permettre aux maîtres de tous les degrés d’exercer leur goût de la domination en faisant ingurgiter, au moyen de méthodes autoritaires, des connaissances arides à des enfants sans défense, dont ils se moquaient par ailleurs complètement. A cette époque que je n’hésiterai pas à qualifier d’obscurantiste, les maîtres étaient rois et les enfants vivaient dans la terreur, ce qui nuisait considérablement, on en conviendra, à leur épanouissement, raison pour laquelle vous et moi sommes des gens dépourvus de personnalité, des velléitaires qui s’écrasent devant le premier froncement de sourcil d’une autorité quelconque, des zombies, en somme, de surcroît inaptes à toute vie sociale. Ah ! mes maîtres que je vous veux de mal !

 

J’ai été moi-même, sans doute par esprit de revanche, un de ces maîtres détestables. Mais j’ai fait depuis lors mon examen de conscience et je tiens à présenter ici à mes anciens élèves l’expression de ma repentance pour toutes les avanies que je leur ai fait subir, tout en restant consciente que pareille aberration est en dernier lieu inexcusable, comme dirait mon grand ami Kaspar Villiger . N’ai-je pas tenté – avec des succès divers, il est vrai – de leur imposer l’idée réactionnaire que la réussite scolaire – oh ! la vilaine expression ! – nécessitait non seulement de l’intelligence, mais un minimum de rigueur, du travail, de la persévérance et même du courage ? Ne leur ai-je pas mis des notes débouchant sur des moyennes, au risque de développer chez eux un regrettable esprit de concurrence et une fâcheuse tendance à travailler «pour la note» ? N’ai-je pas cité en exemple les bons élèves et, donc, flanqué des complexes aux mauvais ? N’ai-je pas même, et c’est sans doute le pire, essayé de leur apprendre le respect d’autrui en exigeant qu’ils pratiquent à mon endroit et à celui de leurs camarades quelques règles de politesse élémentaires, que j’avais l’hypocrisie de faire semblant de respecter moi-même ? Pauvres gosses dont j’ai brisé l’enfance ou l’adolescence !

 

Heureusement, les nouvelles méthodes puis EVM sont venus. Et je peux vous dire que ça marche. Mes petits-fils sont parfaitement épanouis. Ils filent à l’école en courant dès qu’on leur annonce que c’est l’heure. Ils font leurs devoirs avec beaucoup de bonne volonté, à condition de n’avoir pas oublié à l’école le cahier ou la fiche dont ils ont besoin. Ils s’efforcent bravement de «découvrir par eux-mêmes» certaines notions mathématiques de base. Leurs lacunes et leurs échecs les laissent de marbre : «Ce n’est pas grave», disent-ils sereinement. Vincent et Laurent sont des écoliers heureux, cela ne fait aucun doute.

 

Une jeune dame nommée Natacha Rickenbacher, appuyée par son mari Bertrand, ne partage pas mon enthousiasme tout neuf pour l’école vaudoise moderne, et s’est mis en tête de fonder une école privée chrétienne qui irait à contre-courant des idées pédagogiques à la mode. Il ne s’agit pas d’une école confessionnelle, mais d’un établissement où pourrait être admis tout enfant dont les parents souscriraient à une charte fondée sur quelques principes qu’on peut considérer, même s’ils existent ailleurs, comme issus de deux mille ans de civilisation chrétienne, tels que, si j’ai bien compris :

 

- l’enfant n’est pas roi, il doit apprendre à accepter l’autorité de l’adulte et à ne pas considérer l’obéissance comme une humiliation;

- l’enfant ne dispose pas de la science infuse, il doit donc accepter que celui qui sait lui apprenne ce qu’il doit savoir;

- l’enfant doit apprendre qu’on n’obtient rien sans effort;

- l’enfant doit apprendre qu’il n’est pas le nombril du monde et que ceux qui l’entourent méritent un minimum d’égards.

 

Une école basée sur un retour aussi radical à des notions jugées obsolètes par tous les théoriciens de la pédagogie moderne a-t-elle des chances de succès ?

 

Je crois que oui. Bien entendu, il reste à régler les questions juridiques et financières, ce qui n’est pas une petite affaire, mais j’ai la conviction qu’il existe une clientèle potentielle importante, composée de parents inquiets du flou pas très artistique dans lequel baigne actuellement l’école vaudoise, qui ne souhaitent pas voir leurs enfants servir de cobayes à toutes sortes d’expériences dont ils ne discernent pas l’utilité, qui prétendent se charger de faire le bonheur de leur progéniture et attendent de l’école qu’elle leur donne une instruction solide et rigoureuse.

 

         Si tout va bien, la nouvelle école accueillera modestement à la rentrée d’août 2003 quelques petits qui, en cas de succès, verront s’ouvrir, au fur et à mesure qu’ils grandiront et qu’ils seront rejoints par d’autres, les classes correspondant à leur âge. A terme, l’école pourrait couvrir toute la scolarité, jusqu’à la maturité. C’est ce que je lui souhaite.

 

         Une remarque pour terminer : une école privée, quels que soient les principes sur lesquels elle se fonde, est aussi une entreprise commerciale, dans laquelle les clients, qui paient évidemment un écolage, ont leur mot à dire. Certes, les parents qui confieront leurs enfants à l’école devront accepter une charte. Mais une charte n’est pas un texte sacré et il pourrait arriver, à terme, que des parents prétendent en modifier le contenu sous la menace de retirer leurs enfants de l’école. Il serait fâcheux qu’une école privée chrétienne soit contrainte un jour, par exemple, d’accepter le port du tchador, ou d’organiser des repas cashers pour Noël comme cela s’est vu dans une institution catholique du canton voici quelques années. Il faudra donc de la vigilance pour que l’école garde sa vocation première, sous peine de faire double emploi avec les écoles privées déjà en place.

 

Mais nous n’en sommes pas là. Bonne chance à la nouvelle école.

 

 

Mariette Paschoud

 

 

 

Politique des médias

 

Le département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication met à nouveau en consultation un projet de politique globale des médias, qui comprend un nouvel article constitutionnel et un rapport de la Commission des institutions politiques du Conseil national qui esquisse les mesures d’application qui pourraient découler de cette nouvelle disposition.

 

Le nouvel article 93a de la Constitution serait libellé comme suit : «La Confédération encourage la diversité et l’indépendance des médias. Ce faisant, elle tient compte de l’importance des médias pour la formation démocratique de l’opinion aux niveaux national, régional et local, ainsi que pour la cohésion sociale».

 

La Fédération patronale vaudoise, par la plume de M. P.-G. Bieri, a donné de ce texte et des mesures d’application proposées une analyse si pertinente que nous ne pouvons faire mieux que de la citer presque in extenso :

 

La volonté de développer une politique globale des médias est une idée fixe de certains parlementaires fédéraux depuis une trentaine d'années déjà. Elle a toujours buté sur une forte opposition, en particulier de la part des médias eux-mêmes. Les deux consultations de 1999 (projets  d'articles constitutionnels) et du début de cette année (modification des critères donnant droit au tarif postal des journaux) n'ont pas fait exception. La Commission des institutions politiques du Conseil national admet elle-même le «mauvais accueil» réservé à ses projets. Mais elle refuse toutefois d'y voir autre chose qu'une simple difficulté à changer le système. Considérant que «la nécessité de légiférer reste entière», elle revient donc à la charge avec un nouveau projet, en évoquant ouvertement la menace, en cas de refus, d'une suppression de toute forme d'aide à la presse. Cet acharnement ne nous incite pas à modifier la position que nous avons toujours défendue.

 

Sur le fond, il nous apparaît que, dans ce domaine, le rôle de l'Etat doit se limiter à assurer des conditions-cadres favorables à l'existence d'une presse diversifiée. Nous ne nous sommes jamais opposés frontalement au subventionnement du tarif postal des journaux, qui représente une pratique que l'on peut tenir pour équitable et transparente (contrairement à ce qui est affirmé dans le rapport) et qui permet l'existence de publications aux budgets modestes. En revanche, il nous semble inadmissible que l'Etat veuille imposer une diversité artificielle en intervenant financièrement en faveur de certains titres commerciaux et en privilégiant des segments particuliers du marché de la presse. Le choix de subventionner des journaux régionaux plutôt que des grands quotidiens d'audience suisse représente, en soi, un choix arbitraire.

Nous relevons en particulier que les représentants des médias contestent l'existence d'une concentration inéluctable et irréversible de la presse. Pour notre part, nous pensons qu'un éventail de publications non professionnelles émanant d'associations, d'organisations ou de groupes de réflexion contribue au moins autant à la diversité des opinions que le maintien d'organes de presse régionaux parfois non viables, dont les articles sont de toute manière fréquemment repris d'agences communes. En ce sens, nous n'admettons pas que le projet qui nous est présenté exclue explicitement les publications spécialisées et associatives, en particulier celles émanant des milieux patronaux ou syndicaux !

 

Nos lecteurs se souviennent du cri d’alarme que nous lancions dans le numéro 297, de septembre 2000 et de l’éditorial du numéro 299 que nous avions intitulé «Les conditions de la survie», titre que les Cahiers de la Renaissance vaudoise n’hésitaient pas à nous piquer, il y a deux mois, en publiant un ouvrage remarquable[1].

 

Le constat reste le même : en maintenant le prix de l’abonnement à Fr. 35.- par an, nous devons, pour rentrer dans nos frais, gagner 280 abonnés nouveaux ou compter sur la grande générosité des anciens, laquelle, le Ciel en soit loué, ne nous fait pas défaut, mais tend à ne plus suffire.

 

En feuilletant le rapport de la Commission des institutions politiques du Conseil national, on comprend que le Pamphlet ne saurait entrer dans le cadre des publications susceptibles de bénéficier d’une subvention fédérale, puisque seraient favorisés, de manière purement arbitraire comme le relève la Fédération patronale, les organes d’information régionaux.

 

Pour favoriser la formation d’une libre opinion politique, donc, il sera plus important de subventionner la Gazette de Brancu-lès-Mottes, organe régional d’information ne laissant rien ignorer de la date des prochaines foires aux bestiaux, de la pharmacie de service et des performances gymniques, à la fête annuelle du Giron, de la jeune Tatiana N’Krouma, 8 ans, fille du sympathique Bobo N’Krouma, requérant d’asile gabonnais bien connu, plutôt que d’offrir des taxes postales raisonnables à l’éditeur du Pamphlet, qui ne se prétend ni organe «d’information» ni n’a de vocation «régionale».

 

Comme M. Bieri, nous nous opposerons à l’article constitutionnel lui-même, qui ne ferait qu’ancrer une compétence fédérale supplémentaire et dont l’acceptation serait interprétée à Berne comme un encouragement à la nouvelle politique envisagée.

 

Claude Paschoud

 

1 dont nous avons rendu compte dans le dernier numéro du Pamphlet (No 319 de novembre 2002)

 

 

 

Armée XXI

 

Lorsque nous critiquions, il y a une dizaine d’années, le Rapport du Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale sur la politique de sécurité de l’armée, du 1er octobre 1990, qui jetait les bases d’Armée 95, c’est tout juste si la Nomenklatura politico-militaire ne nous traitait pas de traîtres à la patrie.

 

Aujourd’hui, pour faire passer sa nouvelle réforme qui est en réalité une vraie révolution, le Conseil fédéral admet que nos critiques d’armée 95 étaient fondées : dans son Message[2] il avoue[3] que «le niveau de l’instruction n’a cessé de baisser et est devenu insuffisant pour la mission de défense».

 

Or, à l’époque, on nous affirmait qu’il n’en serait rien et ce sont les mêmes menteurs qui, aujourd’hui, essaient de nous vendre une armée XXI dont la mission prioritaire sera la «prévention et la maîtrise des dangers existentiels», ainsi que les «contributions à la promotion de la paix et de la gestion des crises au niveau international»

 

Ce vocabulaire ampoulé et prétentieux, qu’on dirait sorti tout droit du Mémoire de maîtrise d’un étudiant barbu en sciences sociales et politiques, masque mal le désarroi de nos autorités.

 

Lasses d’être accusées sempiternellement de préparer la guerre d’hier, elles font des efforts touchants et dérisoires pour imaginer les conflits de demain, mais, comme ces conflits futurs sont en grande partie imprévisibles, on décrète[4] que «l’armée doit en principe être conçue de manière suffisamment souple pour pouvoir faire face à toutes les éventualités». A cette monumentale ânerie, on ajoute encore cette précision : «Cela vaut pour l’instruction, pour l’équipement et pour les structures».

 

Les effectifs, qui avaient déjà fondu lors d’armée 95, de 600'000 à 360'000 hommes, seront réduits à 140'000 militaires au maximum. Pour parvenir à cette réduction, la limite d’âge sera abaissée à 30 ans pour les hommes de troupe. En outre, «les structures de l’armée seront assouplies et certains de ses éléments pourront être engagés de manière modulaire selon les besoins» et «les troupes cantonales seront supprimées».

 

Le «général en chef de l’armée fédérale» comme on le désignait encore à l’art. 85 chiffre 4 de l’ancienne Constitution, devait être élu par l’Assemblée fédérale. L’article 168 de la Constitution actuelle a conservé aux deux Conseils cette prérogative, et on comprend que le terme de «général» sans autre précision désigne le chef de l’armée, et non point l’un ou l’autres des multipes généraux de brigade, de division ou de corps d’armée (en tout état de cause, cet ordre de bataille traditionnel doit disparaître avec armée XXI). Cela n’a pas empêché le Conseil fédéral lui-même de nommer récemment Christophe Keckeis à cette haute fonction, en violation de la Constitution.

 

A ce propos, l’art. 58 de la Constitution réaffirme le principe de l’armée de milice.

 

Or, toute la révolution Armée XXI est faite pour une armée qui ne pourra pas être une armée de milice. Faibles effectifs, hautes compétences spécialisées, encadrement par des professionnels uniquement, tout indique la voie d’une transformation vers un système de combattants professionnels, militaires de métier et militaires «contractuels».

 

Notre intégration à l’OTAN est un objectif, vraisemblablement à court terme, qui saute aux yeux du lecteur même inattentif du Message. C’est l’abandon de notre neutralité, voire même de notre souveraineté. Un tel virage mérite tout de même d’être débattu et décidé par le peuple et les cantons. Une modification aussi fondamentale ne saurait être glissée en catimini, dans une loi, sans susciter un débat de fond.

 

Pour que ce débat puisse avoir lieu, un «Comité pour une suisse neutre, souveraine et démocratique»[5] a lancé le referendum. Nous vous invitons à soutenir la récolte des signatures, qui doivent être déposées le 23 janvier prochain.

 

C.P.

 

 

1 du 24 octobre 2001 (FF 2001 816)

2 chiffre 1.1. page 818

3 chiffre 1.2.3 page 820

4 case postale 2959, 8033 Zurich. Tél. 01-350 72 75 – fax : 01-350 72 76 – Site internet : www.discours-libre.ch - ccp : 87-745508-5

 

 

 



[1] dont nous avons rendu compte dans le dernier numéro du Pamphlet (No 319 de novembre 2002)

[2] du 24 octobre 2001 (FF 2001 816)

[3] chiffre 1.1. page 818

[4] chiffre 1.2.3 page 820

[5] case postale 2959, 8033 Zurich. Tél. 01-350 72 75 – fax : 01-350 72 76 – Site internet : www.buergergespraech.ch - ccp : 87-745508-5