Lausanne 32e année      «ne pas subir»       Novembre  2002 No 319

 

Sommaire :


Editorial

L'éditorialiste tire les leçons des récents scrutins, et du nouveau mode d'expression de la volonté populaire dans le canton de Vaud

Questions actuelles : vues catholiques

 

Michel de Preux démontre que dans les conflits actuels, sur tous les plans : diplomatique, religieux, intellectuel, c'est la faiblesse des chrétiens qui fait la force de leurs adversaires. 

En direct de Sirius

 

Max l'Impertinent s'interroge sur la censure et il a lu un essai de politique fiction.

 

Bricole

 

«Les Conditions de la Survie»
C'est le titre du dernier Cahier de la Renaissance vaudoise où onze auteurs répondent au Rapport final de la Commission Bergier de manière documentée et vivante.

 

Bloc-note

En lisant «24 heures» entre début octobre et mi-novembre... 

 

Asile : les leçons d’un scrutin

Claude Paschoud se demande si le Conseil fédéral a bien compris le message
que le peuple et les cantons lui ont fait parvenir

 

Editorial

 

Le résultat des votations du 24 novembre n’appelle   pas beaucoup de commentaires. Bien que la campagne ait été chaude, elle a porté davantage sur des questions techniques ou d’opportunité que sur de grands principes. On pouvait plaider que, compte tenu de la situation financière du canton de Vaud, le moment était mal choisi pour construire le métro M2 et que le système retenu n’était pas  le bon; rares étaient ceux qui en contestaient l’utilité. On pouvait plaider que les mesures introduites par la loi sur l’assurance chômage étaient inopportunes compte tenu de la nouvelle conjoncture économique; rares étaient ceux qui contestaient la nécessité d’assainir les finances de l’institution. On pouvait plaider que les mesures proposées par l’initiative de l’UDC étaient inapplicables et de surcroît antifédéralistes; rares étaient ceux qui contestaient la nécessité de réprimer les abus en matière d’asile. On pouvait plaider qu’ il était socialement inéquitable d’introduire une taxe communale pour l’élimination des déchets selon le principe du pollueur-payeur; rares étaient ceux qui contestaient la nécessité d’une politique d’élimination des déchets efficace.

 

On a un peu le sentiment que si le résultat des votations avait été exactement inverse, cela n’aurait pas changé grand-chose. Le M2 aurait été construit un peu plus tard, mais construit tout de même; l’assurance chômage aurait attendu que tombent les mesures exceptionnelles introduites lors de la crise des années nonante; le Conseil fédéral aurait proposé, en ce qui concerne la politique d’asile, une loi comparable à celle qu’il nous concocte en ce moment et qui tient largement compte des propositions de l’initiative UDC. Quant à la taxe sur les déchets ménagers, Monsieur Mermoud nous annonce déjà qu’il va dare-dare remettre l’ouvrage sur le métier.

 

Beaucoup de bruit et d’argent  pour rien, diront les grincheux qui trouvent qu’on vote trop souvent dans ce pays. Que non ! La démocratie directe a prouvé une fois de plus qu’elle fonctionne et qu’elle rend possibles des débats pas toujours très jolis, mais bien beaux quand même !

 

Le taux de participation a été très élevé dans notre canton, plus de 50%, record qu’on peut sans crainte attribuer au nouveau système de vote par correspondance. Apparemment, beaucoup de Vaudois répugnent à se déplacer à une date précise pour voter, mais sont tout disposés à le faire à la maison, quitte à déposer leur enveloppe réponse dans la boîte aux lettres la plus proche pour la modique somme de septante centimes. Tant mieux si le nouveau régime fait grimper le nombre des votants. Mais il ne comporte pas que des aspects positifs, car il fausse le jeu dans une certaine mesure. Au-delà de son caractère très procédurier – surtout ne vous trompez pas d’enveloppe ! -, il implique un décalage entre le moment où le citoyen reçoit son matériel de vote – plusieurs semaines avant le scrutin - et la campagne de votation proprement dite. Il exige en outre, et c’est logique, que les votes envoyés par la poste, l’immense majorité, donc, parviennent aux greffes des communes le vendredi précédant les votations au plus tard. Cela signifie que de nombreux citoyens, soit qu’ils votent  tout de suite pour ne pas oublier, soit que, peu confiants dans l’efficacité de la poste – dont il est notoire que dans certains cas, rares, espérons-le, elle ne respecte pas  les délais de distribution du courrier B ni même du courrier A –, ils renvoient leurs bulletins de vote trois ou quatre jours ou même une semaine à l’avance, ne bénéficient pas de toutes les données du «débat démocratique». Il ne leur est plus loisible de changer d’avis à la dernière minute sous l’influence d’un ultime argument qui leur paraîtrait pertinent. Nous parlons d’expérience : l’auteur de ces lignes estime avoir mal voté au moins sur un point, pour cause de précipitation.

Nous n’irons pas jusqu’à prétendre que le résultat des votations du 24 novembre, dans le canton de Vaud, aurait été sensiblement différent sous l’ancien système, mais nous ne pouvons l’exclure. Il y a là un problème qui devrait «interpeller» tous les défenseurs de la démocratie en général et de la démocratie directe en particulier.    

 

 

Le Pamphlet

 

Bloc-notes

 

La preuve (5-6 octobre)

 

Dans un film diffusé au pavillon Onoma d’Yverdon-les-Bains, pendant Expo.02, les habitants de Vugelles-la-Mothe étaient qualifiés de «cons» par un de leurs concitoyens. La Municipalité, puis trente et un citoyens ont déposé des plaintes collectives contre l’expo, qui ont bien sûr été jugées irrecevables. Cet échec a profondément irrité Mme Madeleine Cuche, syndique et auteur en plus d’une plainte individuelle contre Expo.02.

Décidément, l’auteur de l’appréciation peu flatteuse était plus lucide que ses victimes.

 

Pauvre prince (15 octobre)

 

Victor-Emmanuel de Savoie (65 ans) a assuré le président de la République italienne de sa fidélité démocratique. Du coup, l’Union monarchiste italienne a désigné son cousin Amédée d’Aoste comme le nouveau digne successeur de la lignée des Savoie. Les sœurs de Victor-Emmanuel, Marie-Gabrielle et Marie-Béatrice, estiment également qu’on ne peut être à la fois prétendant au trône et démocrate. A Vésenaz, on se demande si le prince ne devrait pas déménager à Vugelles-la-Mothe plutôt que rentrer en Italie.

 

L’œil du cyclone (16 octobre)

 

Pour Mme Christiane Imsand, éditorialiste à 24 heures , Ruth Metzler est dans l’œil du cyclone. On comprend, à la lecture de l’article, que Mme la Conseillère fédérale est la cible de plusieurs attaques, qu’elle est dans la ligne de mire de ses adversaires qui ne l’épargnent guère, qu’elle est donc bousculée, chahutée, dans une position inconfortable. Etre dans l’œil du cyclone veut dire exactement l’inverse. C’est jouir d’une situation calme au milieu du désordre.

 

Pluie de Romands (29 et 31 octobre)

 

Le nouveau chef de l’armée, dès la réforme entrée en vigueur, sera le général Christophe Keckeis, originaire d’Argovie mais né à Neuchâtel, Romand parfaitement bilingue.

 

Outre Mme Calmy-Rey, le «ticket» socialiste pour la succession de Mme Ruth Dreyfuss comprendra Mme Ruth Lüthi, qui est née et qui a fait ses études dans le canton de Soleure. Elle vit depuis plus de 20 ans à Fribourg et elle affirme parler français «le 98 % de son temps». Dans une grande interview de 24 heures , elle affirme : «Je me sens Suisse romande».

 

N’oublions pas, tout de même, que Fribourg est un canton suisse allemand, historiquement et culturellement, malgré l’annexion de la Basse-Gruyère et que ce canton est déjà représenté au Conseil fédéral par un de ces purs «Romands» parfaitement bilingues.

 

Idée fixe (4 novembre)

 

«En ce qui me concerne, pas question de penser à mon travail. Je procède par idée fixe». Ce sont les propos pétillants d’intelligence qu’aurait prononcés, selon 24 heures, Mme Anne-Catherine Lyon, ministre de la formation et de la jeunesse du canton de Vaud, avant de s’élancer sur le bitume de New York pour le traditionnel marathon.

 

De mauvais esprits se sont demandé si c’est bien le rôle d’un conseiller d’Etat de traverser l’Atlantique, au début de son règne, pour se mêler à un troupeau de crétins l’espace de quelques heures.

 

En relisant la profession de foi citée plus haut, on comprend que oui.

 

 

Libéralisation (6 novembre)

 

«La libéralisation du courrier, et donc l’arrivée de nouveaux concurrents, permet-elle d’augmenter l’efficacité et de baisser les tarifs ? Le secteur des paquets de plus de 2 kilos, déjà libéralisé, démontre l’absurdité de ce raisonnement : chaque matin, plusieurs sociétés (La Poste, UPS, DHL, Deutsche Post) font de longues tournées avec des camionnettes rutilantes à moitié vides. A part générer de la pollution et de la publicité, cette nouvelle organisation a rendu l’envoi de paquets franchement cher». Tel est l’avis de Roger Nordmann, membre du parti socialiste vaudois. On ne saurait lui donner tort.

 

 

M2 = hausses d’impôts (12 novembre)

 

C’était risqué, mais finalement réussi. Le président du Conseil d’Etat, qui annonce à deux semaines du vote sur le métro M2, qu’en cas d’acceptation, les impôts devront augmenter, crée la surprise et une feinte colère des autres membres du gouvernement. On se garde bien de le démentir sur le fond, mais on fait mine de lui reprocher son manque de collégialité.

 

Suprême machiavélisme, les impôts vont réellement augmenter et le Conseil d’Etat, Rochat en tête, pourra affirmer pertinemment : «On vous l’avait bien dit, et clairement».

 

 

En direct de Sirius

La censure : un débat byzantin ?

M. Olivier Delacrétaz expose avec élégance, dans le bimensuel de la Ligue vaudoise1, le dilemme de la censure et le problème de ses limites. Ce texte m’a remémoré une conversation entre l’architecte Denis Honegger et l’écrivain Julien Dunilac, trente et quelques années auparavant. Le premier estimait qu’elle constituait un garde-fou nécessaire, parce que tout n’était pas assimilable par tous. Il peinait à convaincre le second qui condamnait l’arbitraire et n’appréciait pas l’élitisme. Il servit alors au fils de son interlocuteur, âgé d’à peine quinze ans, un plein verre de whisky qui lui fut retiré des mains avec la célérité qu’on peut imaginer. « Vous venez d’appliquer la censure » commenta l’architecte.

Tant qu’il y aura des hommes, et compte tenu de la perpétuelle évolution des mœurs, Dame Anastasie demeurera un mal nécessaire. Et les démocraties contemporaines, tout particulièrement, se verront confrontées aux inévitables questions de la liberté d’expression, de la justification morale et artistique, souvent antinomiques, des critères d’application, et du choix des valeurs. Un choix rendu d’autant plus délicat que ces systèmes politiques sont désormais le fait de sociétés multiethniques et pluriculturelles dans lesquelles la circulation des informations et des idées ne connaît plus ni limites, ni entraves. La censure, pourquoi, par qui, sur quoi, pour qui et enfin, de quel droit ? Cinq questions toujours réitérées… et une remarque finale : chaque société a les valeurs qu’elle mérite…

Une lecture édifiante

Ceux qui aspirent à parfaire leur connaissance du phénomène républicain et démocratique français devraient se faire prêter « Les cent Jours - 5 mai – 4 août 2002 » 2. Une tentative de politique fiction, dans laquelle   M. Konopnicki nous livre sa vision des conséquences d’une victoire de M. Le Pen au soir du deuxième tour. Notre « multipatride» rouge  trempe sa plume dans ses excrétions et macule du papier. Ça pourrait être du San Antonio, la densité en moins, l’odeur en plus. La charge pesante le dispute aux amalgames de circonstance et à la délation. Respectueux de la tradition stalinienne et nostalgique d’un Grand soir rouge, il livre, au passage, les noms des sympathisants et autres alliés du FN, sans oublier, pour faire bonne mesure, l’ex-camarade Roger Garaudy rallié, pour son malheur, à la cause palestinienne. Mais surtout, le lecteur pourra s’y persuader du pouvoir verrouillant de la finance internationale (chute de la bourse, fuite des capitaux) sur les aspirations « politiquement incorrectes » de tout peuple qui entretiendrait encore l’illusion de se croire souverain, effet de verrou également renforcé par la dictature de Bruxelles. Tout dans l’ouvrage n’est pas sinistre et l’auteur, involontairement sans doute, peut parfois faire sourire avec des fulgurances comme ce «Panthéon, encombré d’imposteurs»; «Le Corbusier [qui] n’a construit que des clapiers tout juste bons pour les immigrés» ; «[la dénonciation unilatérale] de l’accord constitutif de la chaîne Arte» ; le qualificatif «socialo-chiraquien »; ou encore son évocation prémonitoire de la libération de M. Papon (par grâce présidentielle !) .

 

A faux départ… C.V. douteux !

– Je suis né en France, sous l’occultation…

– Vous vouliez sans doute dire «occupation» ?

– Nullement, et je le maintiens; je parlais bien de la France actuelle, celle d’après la libération !

 

 

Evidence et sensibilités

Le premier qui, d’Hollywood ou de n’importe quel pays à forte sensibilité musulmane, commercialisera un film sur M. Ben Laden, est assuré de faire un malheur au Box office. Si les financements varieront quelque peu, la technique demeurera la même pour tous : on commencera par placer, face au rôle principal, un subjectif derrière un objectif et on criera : «action !»

 

Vainqueur du premier set…

… M. Saddam Hussein, qui a accepté sans conditions, contre l’avis unanime de son parlement, la résolution (léonine) 1441, en manifestant cependant l’espoir que les « Américano-anglais » 3 cessent de bombarder son pays. En toute équité on peut donc escompter dans les meilleurs délais une 1442e résolution onusienne qui intimera au «shérif monomaniaque» de Washington l’ordre de cesser ses frappes terroristes…

 

Formule lapidaire et mot de la fin

Max accorde une grande importance à l’intuition féminine. Aussi n’a-t-il pas oublié ce matin de l’autre siècle, au début des années 70, où sa mère annonça tout à trac : «J’ai rêvé que l’Europe était en guerre contre les Etats-Unis». De même, tout récemment, consterné par un reportage sur les blondes à chienchiens new-yorkaises, dont les «pets» aux trains de vie extravagants remplacent des maternités que, par souci de confort personnel, elles ne souhaitent plus, Max fulminait sur ce brillant échantillon de l’«American way of life». Iris lui servit à point nommé la conclusion suivante : «l’Amérique est en phase terminale» .

 

Horrible lapsus…

…d’un journaliste4 qui, à l’occasion d’une plainte déposée auprès du Parquet de Francfort par une association allemande de Tsiganes contre Leni Riefenstahl5 , attribue par erreur à la grande réalisatrice allemande la paternité d’un hypothétique «Triomphe de la vérité»… Heureusement, quelques lignes plus loin, on pouvait lire l’intitulé correct : «Triomphe de la volonté»… ce qui constitue aussi un assez beau programme.

 

Un acronyme bien maladroit

Dans le cadre d’une lutte contre un embargo sur les produits codés 0729 (d’origine israélienne), déclenché en France par des entités de toutes origines (pro-palestiniens, juifs non alignés, pacifistes israéliens etc.), les tenants de la position inverse lancent une contre-campagne6 au slogan « Moi, j’achète bleu et blanc » sous l’acronyme : G2PI (Groupement pour la Promotion des Produits Israéliens). Il eut peut-être été plus sage de renoncer à l’acronyme pour adopter le simple sigle GPPI qui, sans tenir plus de place, aurait rendu superflu, dans l’hypothèse d’un conflit d’intérêts entre les deux « P I », un horrible dilemme de priorité… Au demeurant, en cas de boycott, le recours aux pays écrans est un pis-aller efficace. N’a-t-on pas vu lors du boycott des produits sud-africains, certain pays méditerranéen devenir subitement producteur de richesses absentes de son sous-sol ?

 

Max l’Impertinent

 

1          LA NATION, n° 1691, 18.10.2002, p. 1.

2             Bibliophane, Daniel Radford, Paris, 2002.

3          Dans l’ordre d’importance…

4             TRIBUNE JUIVE, n° 1538, 19.9.2002, p. 17.

5             Qui a fêté ses 100 ans le 22 août dernier.

6             MIGDAL MAG, n° 23, août-septembre 2002, pp. 5, 10, 13, 21-23.

 

 

 

Questions actuelles : vues catholiques  

 

 «Le chrétien juge les faits, les hommes, les institutions au point de vue de l’Eglise ; il n’est pas libre de juger autrement, et c’est ce qui fait sa force.» 

Dom Prosper Guéranger : le sens chrétien de l’histoire

 

On peut juger de l'état des belligérants au seul lieu de leurs conflits : c'est toujours le plus faible qui les subit sur son propre sol ou, métaphoriquement, se laisse entraîner sur le terrain choisi par son adversaire. Sans même faire appel à la foi, nous pouvons donc constater que l'Europe est déjà en position de vaincue sur de multiples fronts : l'immigration, les effets du conflit israëlo-arabe sur sa diplomatie, sur le plan religieux, l'aggiornamento conciliaire dans l'Eglise, qui y introduit des problématiques ecclésiologique, disciplinaires, liturgiques et même morales dans une certaine mesure typiquement protestantes. Sur le plan intellectuel, la question du révisionnisme - qui s'en douterait ? - est fondamentalement liée, elle aussi, au phénomène de la déchristianisation de nos Etats, à la tiédeur de notre foi et à notre défaut dramatique de prosélytisme à l'égard des Juifs. Les victoires de l'antirévisionnisme, lequel, comme chacun sait, a son pesant d'or, doivent être considérées et étudiées en profondeur comme autant de défaites politico-financières dues au manque de foi religieuse et catholique avant tout. C'est là véritablement que se situe le nœud de cette question, dont les aspects techniques, scientifiques et historiques sont les plus superficiels et même, à certains égards, les plus trompeurs,

 

La question du révisonnisme, en ce qu'elle touche essentiellement une phase de l'histoire d'Allemagne et de son régime hitlérien, fait elle-même écran à son propre et véritable enjeu. Or cet enjeu est en son essence religieux, il est centré autour de la personne du Christ. Ne pas se résoudre à le voir et à en tirer toutes les conséquences pratiques, y compris financières et politiques, c'est s'aveugler soi-même et aveugler les peuples, c'est se livrer à de faux combats et, en fin de compte, consentir, en laissant l'initiative aux seuls Juifs, ainsi que le choix du terrain d'affrontement et de contestation, à sa propre défaite.

 

Nous savons fort bien qu'il y a une question débattue touchant aux conditions faites aux Juifs d'Allemagne sous le nazisme, puis dans tous les Etats sous influence allemande à l'époque. Mais nous entrevoyons très clairement aussi que sur cette question, réelle à coup sûr, s'est greffée au fil des ans, et par le fait des Juifs contemporains, une stratégie de la réparation, dont on connaît par ailleurs les enjeux pécuniaires.

 

Le silence des universitaires et des démocrates-chrétiens sur cette question est un indice certain de décadence. En particulier, les démocrates-chrétiens sont soit des chrétiens dégénérés soit des hypocrites, soit les deux à la fois…

 

Or il y a, dans la pensée juive, un courant philosophico-religieux tendant à assimiler purement et simplement le Messie promis par les Ecritures à l'Etat d'Israël lui-même. A l'intérieur de cette symbolique très parlante en milieu chrétien, la persécution des Juifs par les nazis est devenue un "Holocauste", c'est-à-dire un drame indépassable, une sorte de Sacrifice suprême dont tout l'Occident chrétien serait responsable. Une telle manière de voir eût été absolument inconcevable même à la Révolution française. Il a fallu, pour que cette pensée prenne corps dans le milieu juif lui-même, et puisse contribuer à l'élaboration d'une véritable politique de chantage, l’imposition d'une culpabilité diffuse au monde chrétien en tant que tel. Cette culpabilisation du monde chrétien n'aurait jamais pris l'ampleur qu'elle a aujourd'hui sans les progrès de la déchristianisation. A l'intérieur de ce processus, les excès peu contestables du nazisme n'ont fourni que l'occasion de l'établissement de cette stratégie de combat par les Juifs contre l'Occident.

 

Notre perte, c'est donc bien notre déchristianisation. De fait, beaucoup de révisionnistes sont d'authentiques nazis ou des sympathisants de ce régime. Ils manifestent leur nostalgie néo-païenne en choisissant ce terrain de combat. Ceci est une évidence. J'ai toujours été attentif à leurs recherches; j'ai toujours considéré que celles-ci, malgré cette hypothèque idéologique infiniment regrettable, ne relevaient que de l'histoire et non des lois pénales et des tribunaux répressifs. Mais je ne partage évidemment pas, et de loin pas, cet arrière-plan idéologique qu'ils dissimulent eux-mêmes mais que leurs ennemis connaissent aussi bien que moi.

 

En fait, le révisionnisme touche à un point très sensible notre subconscient collectif déchristianisé mais tout de même marqué par deux millénaires d'histoire de l'Eglise. C'est là aussi, disons-le, le talon d'Achille de la politique juive faisant de la «Shoa» le drame suprême de l'humanité, autrement dit : une forme opportunément substituée du Sacrifice du Golgotha ! Derrière des indignations, derrière le rappel incessant d'un «devoir de mémoire» se cache en réalité le rejet persistant par les Juifs contemporains de la réalité historique du déicide, auquel le destin de cette nation est rivé et dont elle ne pourra jamais se dissocier. La politique de l'holocauste masque une culpabilité à caractère fondamentalement religieux chez les Juifs, qui sont aujourd'hui suffisamment puissants matériellement dans le monde pour l'occulter chez autrui et nous en substituer une autre, plus profitable à eux-mêmes. La politique de l'holocauste n’est en son essence pas autre chose que l'actualisation pour le présent et à la faveur de circonstances historiques jugées opportunes a posteriori par les Juifs, du rejet de la Personne divino-humaine du Christ et de Son meurtre commandité par les autorités de cette nation.

 

Le succès d'une pareille dérive fut largement assuré par le clergé catholique progressiste qui, s'appuyant sur la déclaration du Concile Vatican II «Nostra Aetate», a imposé aux fidèles, par astuce, l'idée que les Juifs contemporains pouvaient être désolidarisés du jugement du Sanhédrin sur le Christ tout en persistant à nier le fait objectif du déicide.

 

 

Michel de Preux

 

 

(A suivre)

 

 

«Les Conditions de la Survie»

 

Le 18 décembre 1996, le Conseil fédéral créait la Commission Indépendante d’Experts Suisse - Seconde Guerre Mondiale , plus connue sous l’appellation de Commission Bergier - du nom de son président, le Professeur Jean-François Bergier – et chargée de «faire toute la lumière» sur les péchés commis par la Suisse entre 1939 et 1945, aux fins de se soustraire par tous les moyens, y compris les plus ignobles, aux horreurs de la guerre. Certes, ce n’est pas ainsi qu’était défini le mandat de la commission, mais, compte tenu des circonstances qui prévalaient alors, de la véritable guerre que menaient contre notre pays les Etats-Unis, les organisations juives internationales et l’Etat d’Israël, et de la pleutrerie dont faisaient preuve la majorité des autorités fédérales et les banques suisses, il ne pouvait être question d’autre chose que d’une recherche orientée dont les conclusions étaient établies a priori. Nous l’avions dit dans notre éditorial de janvier 1997 et le mérite n’était pas grand, ma foi, tant la chose tombait sous le sens.

 

Publié le 22 mars 2002, le Rapport final de la commission Bergier a confirmé toutes les craintes et porté sur l’attitude de la Suisse pendant le deuxième conflit mondial un jugement défavorable. Le Conseil fédéral, toujours courageux, n’a pas réagi et si un certain nombre de Suisses, probablement masochistes, ont applaudi bien fort, beaucoup ont été indignés. Mais il était fort difficile pour le citoyen lambda de dénoncer les faiblesses de ce prétendu rapport : il comporte des milliers de pages dont la simple lecture – que je n’ai pas faite, Dieu me pardonne ! – ne permet pas d’en apprécier le contenu, faute de compétences. Il était donc nécessaire que paraisse un ouvrage abordant tous les aspects du Rapport final et mettant en évidence les «erreurs», les lacunes et la partialité dudit rapport. C’est maintenant chose faite, grâce à la publication par les Cahiers de la Renaissance vaudoise, sous l’égide de Jean-Philippe Chenaux, secrétaire patronal, journaliste et directeur de la collection Etudes & Enquêtes du Centre Patronal, d’une œuvre collective, Les Conditions de la Survie1, comportant pas moins de onze contributions d’historiens, politologues, experts en relations internationales, philosophes et journalistes. Cet ouvrage, sous-titré La Suisse, la 2e guerre mondiale et la crise des années nonante, «se présente comme une remise en cause de la démarche et des conclusions du Rapport final. Il ouvre aussi des perspectives sur les rapports de la politique et de la morale, de la politique et de la science, sur la notion de neutralité et sur les leçons actuelles que l’on peut tirer des expériences du passé, au plan stratégique notamment.» (p.8).

 

Comme le montre cette citation, le livre n’est pas un pamphlet destiné à démolir coûte que coûte le rapport Bergier au risque de tomber dans les mêmes travers que celui-ci. Il s’agit d’un ouvrage sérieux, publié par une maison d’édition sérieuse sous la direction d’un journaliste sérieux – ça se trouve ! – par des spécialistes sérieux et d’horizons très divers, qui savent très bien que si la Suisse est criminalisée à tort par ses ennemis, elle n’a pas été pour autant à l’abri de tout reproche au cours de la deuxième guerre mondiale. Il replace les événements dans le contexte de l’époque et rappelle entre autres choses que la pratique de la neutralité relevait parfois de la haute voltige et mettait la diplomatie suisse à rude épreuve. Il corrige des chiffres et rectifie des interprétations discutables, notamment en ce qui concerne les actes de la Banque Nationale Suisse, les comptes en déshérence ou encore le refoulement des réfugiés.

 

Terminons par le début : le premier chapitre, Chronique d’une «guerre totale», fournit un historique extrêmement détaillé des événements qui, de 1945 à 2002, ont jalonné la guerre menée par les Etats-Unis et leurs fidèles amis contre la place financière suisse en utilisant le prétexte de l’Holocauste. On découvre à cette occasion que les vociférations qui ont déstabilisé la Suisse au cours des années nonante ne sont que la pointe d’un énorme iceberg et qu’il y a tout lieu de craindre que le conflit ne soit pas terminé.

 

Vous trouverez dans ce numéro du Pamphlet une carte de commande qui vous permettra de vous procurer, si ce n’est déjà fait par un autre canal, ce livre indispensable.

 

Mariette Paschoud

 

1 Cahier no CXL, Cahiers de la Renaissance vaudoise, case postale 3414, 1002 Lausanne

 

 

Bricole

 

Insignifiance

 

Comme il vous en souvient sans doute, le 10 septembre fut un jour historique puisqu’il permit à la Suisse de quitter à l’ONU son strapontin pour s’installer confortablement dans un vrai fauteuil. Les chaînes de télévision suisse retransmettaient bruyamment l’événement, donnant l’impression que le monde entier avait les yeux braqués sur nous, qu’une ère nouvelle commençait pour la paix mondiale, que la terre n’avait vécu que dans l’attente de notre entrée dans le concert des nations.

 

Nous avions bien noté à l’époque que les chaînes étrangères avaient omis de programmer le «great event», mais, bien sûr, nous avions pensé que la commémoration des attentats du 11 septembre, qui pouvait seule éclipser une affaire aussi phénoménale, expliquait cette inqualifiable carence. Pas un instant nous n’avons pensé que tout le monde se moquait complètement de l’entrée de la Suisse à l’ONU.

 

Eh ! bien nous étions dans l’erreur, ainsi que nous l’a démontré voici quelque temps l’émission «Questions pour un champion». A la question : quel pays est devenu le 190e membre de l’ONU en septembre 2002, aucun des quatre candidats, n’a su répondre !

 

 

Asile : les leçons d’un scrutin

 

Puisque l’initiative de l’UDC réclamant un durcissement de la loi sur l’asile était, comme on l’a proclamé partout, «inapplicable» , (et que, dès lors, elle n’aurait pas été appliquée en cas de succès) on se demande pourquoi les partis au pouvoir avaient l’air si soulagés, dimanche soir, en apprenant son échec pour une poignée de voix.

 

Ils n’avaient pourtant pas l’air très fiers. Constater qu’une initiative combattue par tous les partis politiques, et même par le conseiller fédéral UDC, avait recueilli la moitié des suffrages exprimés en Suisse, marque assez le fossé qui se creuse de plus en plus visiblement entre le pays légal et le pays réel.

 

On ne fera croire à personne que les citoyens qui ont voté «oui» à cette initiative sont tous des racistes ou des xénophobes, des sans-cœur, des frileux égoïstes, ou qu’ils sont tous des membres de l’UDC ou des amis de Christoph Blocher. La majorité des personnes qui ont accepté ce texte, sachant (ou croyant) qu’il était «inapplicable» sont de bons socialistes, d’honnêtes radicaux, de fervents chrétiens PDC et de sages libéraux, qui ne suivent plus les mots d’ordre de leur parti, qui se méfient des caciques qu’ils ont placés eux-mêmes à la tête de leur formation politique, qui sont convaincus que leurs représentants se trompent, ou les trompent !

 

C’est tout de même un constat plus grave que la perspective d’un second conseiller fédéral blochérien, hypothèse qui semble pétrifier de terreur tout le personnel politique !

 

La question de l’asile est sans doute complexe, mais on ne contribue nullement à la résoudre en diabolisant la moitié des électeurs, ou en tentant de l’endormir avec des statistiques lénifiantes. Essayez de raconter à ma concierge que le sentiment d’insécurité qu’elle ressent le soir en rentrant chez elle est purement subjectif, que les agressions n’ont pas augmenté statistiquement ces dernières années, elle vous prendra simplement pour un crétin.

 

Si les statistiques ne tiennent pas compte de l’insécurité grandissante, c’est peut-être parce que la justice ne découvre pas les coupables ou qu’elle les relâche, qu’elle ne condamne plus les voyous, que la police, découragée, ne se déplace plus, occupée qu’elle est à «d’autres tâches», ou qu’elle arrive trop tard et qu’elle dissuade les victimes de porter plainte.

 

Mais le peuple, pas celui qui siège dans les parlements ou dans les conseils d’administration mais celui qui connaît la rue, sait que la criminalité est en augmentation, qu’il n’y a plus un bal de village sans que des bandes de casseurs n’y sèment le désordre et les coups, que les préaux d’écoles sont le terrain de chasse des racketteurs, que les pourvoyeurs de drogue se livrent à leur commerce ouvertement. Le peuple sait aussi l’origine des voyous, selon leur spécialité : les bagarres au couteau, c’est l’habitude des A…..; la cocaïne, ce sont les B…… alors que l’héroïne est une spécialité des C….

 

Mais malheur à qui désignera les A, les B et les C par leur race, leur ethnie, leur couleur ou leur religion. Malheur à celui qui observera que les filières mafieuses sont le fait, presque exclusivement, de personnes entrées en Suisse en qualité de «requérants d’asile».

 

Ma statistique est la suivante :

 

Entrés comme requérants d’asile :                        100

Seront reconnus réfugiés, en fin de procédure :        4

Seront néanmoins admis provisoirement :              20

Seront donc l’objet d’un renvoi :                          76

Mais se marieront en Suisse et resteront :              20

Disparaîtront avant d’être renvoyés :                    40

Seront renvoyés et reviendront :                           16

En fin de compte, vivront en Suisse :                    100

 

Sont des criminels, peut-être :                                  5

Sont donc parfaitement honnêtes                          95

 

Malheureusement, ceux qu’on voit le plus ne sont pas ceux qui travaillent et qui rentrent à la maison pour souper, qui regardent calmement Patrick Poivre d’Arvor, et qui vont se coucher jusqu’au lendemain matin. Ceux qui sont les plus décoratifs, ceux qu’on remarque, ce sont ces élégants dealers d’Afrique de l’Ouest dont les vestes de cuir, les lourdes gourmettes en or massif et les puissantes limousines de marque allemande n’ont pu être acquises, selon toute vraisemblance, par les maigres subsides de l’OCRA.

 

Ce sont aussi ces bandes de jeunes Albanais qui supportent mal qu’on leur manque de respect si on ne baisse pas les yeux en les croisant.

 

Sans doute, la majorité des requérants d’asile sont des malheureux qui fuient la misère. Mais, outre qu’on n’empêche pas la misère de sévir dans leur pays d’origine en les accueillant, et qu’on ne peut de toute façon pas accueillir sur notre petit territoire tous les malheureux du monde, il est déraisonnable de laisser entrer cent étrangers en sachant qu’on devra en renvoyer nonante-six… qui ne partiront pas. Si l’on avait empêché, à la frontière, l’entrée en Suisse de ces 96 étrangers qui ne remplissent pas les critères posés par la loi sur l’asile, on aurait vraisemblablement évité aussi l’arrivée, dans le lot, de 4 criminels, ce qui aurait été toujours ça de gagné.

 

C’est peut-être ce que 49,9 % des votants ont voulu dire au Conseil fédéral : puisqu’il est illusoire d’espérer renvoyer des requérants entrés illégalement en Suisse, après avoir transité par un «pays sûr», alors faisons en sorte qu’ils n’entrent pas. Contrôlons les identités à la frontière !

 

Claude Paschoud