Lausanne 31e année      «ne pas subir»       Août  2001 No 306




Sommaire :

Editorial
Dura lex sed lex
La loi sur l’égalité entre femmes et hommes
Plaidoyer pour un «sans-permis»
Le temps des mépris
En direct de Sirius
La police n'a pas de chance !
Gifles
Nuage
Collections reliées


Editorial

Le référendum contre la modification du code pénal introduisant la « solution » des délais en matière d’avortement a abouti avec 160 127 signatures valables récoltées pour la plupart en Suisse allemande - 26 000 signatures seulement en Suisse romande. On notera avec plaisir que le PDC qui se bat non contre la possibilité d’avorter dans un délai donné, mais pour que cette possibilité soit assortie d’une brimade qu’il appelle consultation obligatoire d’une instance non médicale – après quoi la femme enceinte  serait libre d’agir à sa guise – n’a récolté que 32 000 signatures. C’est dire que les milieux anti-avortement (Oui à la vie et L’Aide suisse pour la mère et l’enfant) qui en ont obtenu, eux, quelque 120 000, soit 240% du minimum requis, devraient pouvoir faire entendre leur voix au cours de la future campagne de votation. Eh bien ! rien n’est moins sûr.

Dans la Nation no 1661 du 24 août 2001, Denis Ramelet terminait son article consacré au référendum et aux commentaires qu’il suscite par ces mots : «En conclusion, nous voyons d’ores et déjà qu’il y a un risque sérieux que les pseudo-opposants au régime des délais, partisans d’une solution du type de celle que propose le PDC, occupent le terrain – avec la complicité des médias – et empêchent ainsi les vrais opposants de se faire entendre.»

Le 22 août, alors, sans doute, que la Nation était sous presse, on pouvait lire dans le bulletin d’information du site www.romandie.com un titre annonçant que le référendum du PDC avait abouti avec 167 000 signatures. Peut-on rêver confirmation plus éclatante des craintes de Monsieur Ramelet ?

On en vient à se demander si le référendum du PDC n’a pas été lancé uniquement pour faire diversion. Après tout,  il était évident que les opposants à la libéralisation de l’avortement lanceraient eux-mêmes un référendum, il était tout à fait possible ainsi que les faits l’ont démontré, que ce référendum aboutît. Dès lors, la participation du PDC à la récolte des signatures allait permettre d’envoyer au feu les bons apôtres qui, tout en se proclamant respectueux du droit à la vie – qui donc oserait prétendre qu’il se moque comme d’une guigne du droit à la vie inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme ?- prêchent néanmoins la tolérance et la compréhension, s’opposent à ce qu’on «moralise», à ce qu’on «culpabilise», qui sont prêts, en somme, à tout admettre, sous réserve du droit à la parole de 120 000 vieux chnoques qui auraient, si on les laissait faire, l’infernal culot de parler morale et religion, de dire que l’avortement est un crime dont il y a lieu de se sentir coupable quelles que soient les circonstances, et que, d’ailleurs, les femmes qui recourent à l’avortement se sentent presque toujours coupables en dépit de tous les réconforts qu’on peut essayer de leur apporter.

De là à penser que le PDC et ses complices nous refont le coup du cheval de Troie, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons  pas pour cette fois. Nous attendrons d’abord de voir si la tendance que nous redoutons se confirme. Si tel est le cas, nous aurons droit d’ici pas longtemps à une avalanche de débats bidons, de prises de position larmoyantes, d’appels à notre bon cœur et à notre tolérance – encore elle ! – assorties de quelques couplets sur le respect de la vie, pour «faire joli», et de mises en garde contre l’intolérance – encore elle ! – des fondamentalistes qui menacent la liberté et, bien sûr, la démocratie. Si nous sommes dans l’erreur, nous aurons droit à des débats équilibrés, à des prises de positions variées et sereines, à des appels à la courtoisie et au respect de l’opinion d’autrui, à des mises en garde contre l’injure et le mensonge qui faussent le débat démocratique.

On peut toujours rêver !

Le Pamphlet



 

Dura lex sed lex

Dans le courant du mois de juin, le Professeur Robert Faurisson, révisionniste célèbre, était condamné, sans avoir été entendu, à un mois de prison ferme par le juge d’instruction fribourgeois Michel Favre, pour infraction à l’art. 261bis du code pénal. En effet, la procédure fribourgeoise permet de condamner un accusé sans l’auditionner, à moins que ce dernier ne fasse opposition à sa condamnation dans un délai de trente jours pour faire valoir ses droits devant le tribunal, solution qu’a rejetée le Professeur qui préfère purger la peine infligée «par correspondance».Cette étrange façon de rendre la justice a néanmoins suscité chez l’intéressé une vive réaction qui a pris la forme d’une lettre adressée au juge Favre en date du 10 juillet et dont nous vous livrons ici quelques extraits.

(…)

Vous n’aviez pas besoin de souligner que le code de procédure pénale de votre canton vous autorise à me condamner, dans le secret de votre cabinet, à un mois de prison ferme. Je m’en doutais, figurez-vous !

Le scandale réside précisément dans le fait qu’à l’aube du XXIe siècle un canton suisse possède un code de procédure pénale qui autorise un juge improprement appelé «d’instruction» à prononcer une condamnation sans instruction préalable. J’entends le mot d’ «instruction» au sens qu’on lui accorde généralement aujourd’hui dans les nations civilisées.

Vous avez donc eu tout loisir de condamner par correspondance un homme de septante-deux ans à un mois de prison ferme sans l’avoir prévenu de l’existence d’une procédure à son encontre, sans l’avoir convoqué, sans l’avoir vu ni entendu, sans lui avoir permis de présenter sa défense, sans même vous être d’abord assuré de son identité et sans lui demander si l’écrit que vous lui reprochez est bien de lui et a effectivement été rédigé sous la forme où celui-ci vous est parvenu (…)

(…)

J’en viens au point le plus contestable de votre lettre du 26 juin. Vous ne craignez pas d’affirmer que le prévenu a le droit d’être entendu; ce droit, précisez-vous, lui est «garanti par la possibilité qu’a celui-ci de faire opposition et d’obtenir des débats contradictoires devant le Juge de répression». A quoi je vous ferai observer que je ne suis plus un «prévenu» mais un condamné. Mais surtout, il n’y a pas de place devant vos tribunaux pour de quelconques «débats contradictoires» dès lors que le prévenu est un révisionniste. En pareil cas, on bride le révisionniste et on bâillonne ses témoins et même son avocat. Si, devant un tribunal, ces derniers se risquent à invoquer pour la défense du prévenu un seul argument révisionniste, ils sont immédiatement rappelés à l’ordre par le représentant du ministère public et, s’ils insistent, ils seront poursuivis en conséquence. J’ai assisté dans votre pays à l’immonde procès au terme duquel MM. Förster et Graf ont été respectivement condamnés à douze mois et quinze mois de prison ferme. Je parle donc d’expérience.

(…) En fait, vous m’offrez le choix entre, d’une part, une condamnation à un mois de prison ferme et le versement de 230 FS pour «frais de procédure» et, d’autre part, une peine, en première instance, d’un minimum de douze à quinze mois de prison ferme sans compter d’inévitables dépenses en «frais de procédure», en amendes, en dommages-intérêts, en frais d’avocats, d’hôtel, de transport, et cela sans utilité aucune puisque me serait dénié le droit élémentaire de pleinement me faire défendre sur le fond.
Etonnez-vous que j’aie choisi la première solution !

(…)

Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire ailleurs, Voltaire, craignant la lettre de cachet, s’était installé à Ferney afin de pouvoir, d’un pas, trouver refuge en terre de Suisse. Les temps ont changé. Aujourd’hui, en Suisse, on vous laisse le choix entre la simple lettre de cachet et une parodie de procès public où l’on menace aussi bien votre avocat que vos témoins. (…)


La loi sur l’égalité entre femmes et hommes

La loi sur l’égalité entre femmes et hommes (LEg), adoptée le 24 mars 1995 par le Parlement fédéral, est entrée en vigueur le 1er juillet 1996. Son but est de «promouvoir l’égalité entre femmes et hommes» (art. 1 LEg). En réalité, il s’agit d’une loi purement politique, destinée à protéger, voire avantager, la gent féminine.

Champ d’application

La LEg vise à supprimer les discriminations dans les rapports de travail et s’applique de ce fait à tous les rapports de travail, qu’ils soient régis par le droit privé ou public. D’autre part, elle ne régit que les discriminations à raison du sexe et non celles dirigées contre les étrangers, les handicapés ou les homosexuels.

Interdiction de discriminer

L’art. 3, al. 1 de la LEg dispose qu’il est «interdit de discriminer les travailleurs à  raison du sexe, soit directement, soit indirectement, notamment en se fondant sur leur état civil ou leur situation familiale ou, s’agissant des femmes, de leur grossesse.». A première vue, il n’y a pas de quoi s’émouvoir : il s’agit là d’une des nombreuses manières possibles de formuler l’idéologie égalitaire. Mais en réalité, notamment grâce à la notion de discrimination indirecte, cette disposition permet de se plaindre d’inégalité de traitement dans un très grand nombre de cas. On parle de discrimination indirecte lorsque les deux sexes sont formellement traités de manière égale, mais que dans les faits, l’un d’eux est désavantagé, sans que cela ne soit justifié par un motif objectif. Par exemple1, un employeur qui a une politique salariale consistant à défavoriser «objectivement les personnes – de sexe féminin ou masculin – engagées jeunes, peu après leurs études, alors qu’elles n’avaient pas d’expérience pratique de la vie économique» par rapport à ses autres employés, et cela même si ceux-là ont des responsabilités qui augmentent avec le temps, peut se rendre coupable de discrimination fondée sur le sexe. Tel sera le cas s’il s’avère que ce sont plutôt des femmes qui font l’objet de cette politique salariale et que dès lors les femmes sont globalement moins payées que les hommes. L’intention de l’employeur n’entre donc pas en ligne de compte pour déterminer si l’on se trouve en présence d’une discrimination sexiste.

L’art. 3, al. 2 donne une liste exemplaire de situations où la discrimination est prohibée. Ainsi, l’interdiction de discriminer ne s’applique pas qu’au salaire, mais notamment aussi à l’attribution des tâches, à la promotion, à la résiliation des rapports de travail et…à l’embauche !  Ainsi, la LEg crée une sorte d’obligation de contracter qui ne fait pas que porter gravement atteinte au principe de la liberté contractuelle, mais le vide carrément de sa substance.

Afin d’éviter que des messieurs qui n’auraient pas compris que la loi n’a pas été conçue pour eux ne tentent bêtement d’invoquer la LEg, l’art. 3, al. 3 dispose que «ne constituent pas une discrimination les mesures appropriées visant à promouvoir dans les faits l’égalité entre femmes et hommes».
 

Harcèlement sexuel

On peut se demander ce que vient faire une disposition sur le harcèlement sexuel (art. 4 LEg) dans une loi visant à promouvoir l’égalité des sexes. La réponse est toute simple : dans la LEg, le harcèlement sexuel est considéré comme  un comportement discriminatoire. Et comme cela ne va pas de soi, l’art 4 LEg précise : «par comportement discriminatoire, on entend tout comportement importun de caractère sexuel ou tout autre comportement fondé sur l’appartenance sexuelle, qui porte atteinte à la dignité de la personne sur son lieu de travail». Suivent quelques exemples : menaces, promesses d’avantages, pressions, ce en vue d’obtenir des faveurs de nature sexuelle. La jurisprudence a complété la liste2 : ainsi, «des remarques sexistes ou des commentaires grossiers ou embarrassants» sont constitutifs de harcèlement sexuel. Le caractère répété de tels commentaires n’est pas exigé. Il n’est pas non plus nécessaire qu’ils s’adressent à une personne déterminée : un homme de mauvaise humeur qui entre dans le secrétariat en s’écriant «toutes des salopes» se rend coupable de harcèlement sexuel.

La LEg introduit une responsabilité objective de l’employeur (art. 5, al. 3 LEg), lequel n’est pas nécessairement  l’auteur du harcèlement. Ainsi, que le comportement prohibé vienne d’un collègue, du concierge, d’un livreur, voire même d’un client, l’employeur peut être tenu de verser à la «victime» une indemnité allant jusqu’à six mois de salaire moyen suisse, à moins qu’il ne prouve – il y a donc renversement du fardeau de la preuve – avoir pris les mesures nécessaires pour éviter ce genre de situation ou y mettre fin.

Il est à noter que ces dispositions relatives au harcèlement sexuel sont inutiles dans la mesures où l’art. 328 du code des obligation prévoit l’obligation pour l’employeur de veiller au respect de la personnalité de ses travailleurs. Or le harcèlement sexuel n’est rien d’autre qu’une forme d’atteinte à la personnalité.

Allégement du fardeau de la preuve

La disposition la plus scandaleuse de la LEg est sans nul doute l’art. 6 qui dispose que «l’existence d’une discrimination est présumée pour autant que la personne qui s’en prévaut la rende vraisemblable». Le Tribunal fédéral3 a même jugé que lorsqu’une discrimination était rendue vraisemblable, elle était présumée être fondée sur le sexe. C’est ensuite à l’employeur de prouver que la discrimination est inexistante, ou alors qu’elle est fondée sur un motif justifié.
Grâce au ciel, cette disposition ne s’applique ni à la discrimination à l’embauche, ni au harcèlement sexuel.

Protection contre les congés – représailles

En droit du travail, une résiliation abusive du contrat ne peut donner droit qu’à une indemnité. L’employé ne peut en aucun cas exiger la poursuite des rapports de travail, sauf…si l’art 10 LEg est applicable !
Cette disposition prévoit la possibilité d’annuler le congé à deux conditions : la résiliation du contrat de travail est intervenue suite à une réclamation du travailleur au sujet d’une discrimination et cette résiliation ne repose sur aucun motif justifié.
Conclusion

La LEg est une mauvaise loi. Non seulement elle déroge à des principes juridiques essentiels, mais elle va nécessairement faire effet contraire. On ne peut pas surprotéger une partie – la «gentille» - contre une autre – la «méchante» sans que cela ait des conséquences. Actuellement, il n’y a que des inconvénients à engager des femmes. Et comme l’allégement du fardeau de la preuve n’est pas applicable en matière de discrimination à l’embauche, le seul conseil que je puisse donner aux employeurs est de ne pas engager de femmes !

Sophie Paschoud
 

1 Arrêt du Tribunal fédéral non publié aux ATF, no 4C. 432 / 1999
2 ATF 126 III 395
3 ATF 125 III 368



Plaidoyer
pour un «sans-permis»
 

La presse nous apprend qu'un automobiliste de la Broye a été contrôlé par la gendarmerie, à fin août, et qu'on a découvert à cette occasion qu'il roulait depuis 17 ans sans permis de conduire.

Dix-sept ans de conduite automobile irréprochable, sans un seul accident, pas un accrochage, pas un excès de vitesse, pas un seul feu rouge grillé !

Le conducteur modèle par excellence. Je ne le connais pas mais je ne suis pas loin de croire que ce conducteur sans permis est beaucoup plus sage au volant que nombre de petits jeunes gens de 18 ans qui viennent d'obtenir le leur.

Sans doute a-t-il eu tort de commencer à conduire alors qu'il n'avait pas passé l'examen prescrit. Mais si l'on considère, dans certains milieux, que tous les étrangers qui résident illégalement en Suisse depuis au moins 4 ans ont «pris racine», quelle que soit leur situation personnelle et même s'ils sont arrivés d'Albanie dans le but exclusif d'écouler chez nous de la drogue, alors je prétends qu'après 17 ans sans le moindre ennui, on a démontré à satisfaction qu'on savait piloter une automobile.

Je plaide donc pour la régularisation de ce conducteur à qui le canton devrait offrir, s'il ose délivrer des permis de séjour à des clandestins pour la seule raison qu'ils sont clandestins depuis plus de quatre ans un permis de conduire gratuit et une médaille.

C.P.


Le temps des mépris
 

«La foi démocratique est populiste dans son principe, mais populophobe dans son application.»

Guy Hermet : «Les populismes dans le monde : une histoire sociologique XIXème / XXème siècle», Paris éd. Fayard, coll. «L’espace du politique» mars 2001.

La foi démocratique n’est qu’une idée folle, mais intéressée…

MP


L’imposture majeure de ce temps, qui nous vient directement des partis politiques, de tous les partis politiques, consiste à doter de valeur morale ce qui, de soi, est en-deçà de la morale : des idées ou des opinions émises de bonne foi par qui les adopte, et à contester toute moralité intrinsèque, en bien ou en mal, à des actes relevant pourtant par leur nature de la morale. Ainsi la morale elle-même devient l’affaire des partis politiques; elle devient un instrument idéologique du pouvoir sur autrui, mais non plus sur soi-même ! Par la révolution et par la politique, la morale est devenue l’affaire des autres, de l’autre… Cette morale prétendue est en réalité une antimorale, une morale mystifiée, un artifice de philistins. Cette pseudo-morale  manifeste le nihilisme foncier de tous les partis politiques et de leur personnel dirigeant. Elle ne se prive pas pour autant de prétendre, par eux, à la contrainte sociale sur les consciences. Cette morale n’a qu’un seul souci : ne cherchant que la puissance (elle a pour racine l’orgueil), elle se cherche des victimes désignées, des boucs émissaires. Elle ne va jamais au-delà de cet esprit de vengeance. Cette antimorale est un mensonge permanent.

Ainsi en va-t-il de celle qui fait d’un certain nombre d’idées, celles qui, selon ses dires, «tuent», des crimes de droit commun : le racisme, l’antisémitisme, le nationalisme, l’antidémocratisme. Imitant ces mauvaises mœurs de la gauche, une certaine droite, dite extrême, et marquée par l’omniprésence de l’idéologie, transforme à son tour des enjeux moraux en luttes partisanes, dénaturant du même coup ces enjeux, qui s’absorbent dans un choix idéologique au point de confirmer dans les faits un acquis essentiel de la gauche révolutionnaire : assimiler la morale à une option politique, et donc consacrer son relativisme ! Les luttes contre l’avortement, contre la tolérance de l’homosexualité, ou celles en faveur des identités nationales deviennent peu à peu des choix partisans s’inscrivant dans une option politique. La morale n’est ici qu’un prétexte.

L’imposture se démontre aisément par la sélection des domaines où la morale est invoquée en politique, tous finalisés par les luttes des partis, et, à l’opposé, par le silence opaque sur d’autres domaines, non porteurs politiquement, parce que dépourvus d’une capacité de mobilisation collective et idéologique : ainsi de la reconnaissance civile du sacrement du mariage des catholiques romains, des effets du serment d’Hippocrate pour la pratique de la médecine, du devoir de tolérance des religions représentées par des communautés légitimement établies; de la moralité des systèmes répressifs ou pénitentiaires (mises à nu et fouilles corporelles humiliantes sans raison valable); de la responsabilité morale et pénale effective des magistrats, notamment de l’ordre judiciaire, et des autorités religieuses, y compris pour les actes relevant de leur magistère (garantie de leur bonne foi). Tous ces domaines, qui relèvent incontestablement de la morale, dont les violations perturbent gravement la vie sociale, tant les abus de pouvoirs y sont nombreux, sont néanmoins systématiquement passés sous silence, et même soustraits à l’investigation. La mort des victimes de comportements relevant de ces domaines d’activité, ou la ruine d’autres, ne suffisent pas toujours pour qu’on se décide à en parler. Tant les autorités politiques que religieuses semblent admettre ici un espace à l’intérieur duquel l’immoralité peut se donner libre cours dès lors que la fonction couvre les manquements les mieux caractérisés.

(à suivre)

Michel de Preux



En direct de Sirius

Un vaste programme – Il existe encore des gens de bonne volonté que les efforts titanesques ne rebutent pas. Ainsi le procureur niçois Eric de Mongolfier doit-il dans sa campagne d’assainissement de la justice locale affronter simultanément les réseaux pédophiles, la concussion, les blanchiments de toutes natures et les brebis galeuses de la Grande Loge Nationale de France… On ne peut que lui souhaiter bien du courage et une santé de fer.

Conseil aux grands truands – En France, pour réussir en toute impunité, visez la carrière politique : c’est pratiquement sans risques et, contrairement aux délits de droit commun, on peut y réussir sans être intelligent ni faire la preuve de son efficacité.

Question impertinente (une de plus) -  Je suis un écologiste de droite qui se demande quotidiennement par quel mystère cette option doit être présentée comme l’apanage de la gauche.

Les héros sont fatigués – Où sont-ils ces champions de la lutte contre l’Apartheid, ces antiracistes au cœur pur, maintenant que la nouvelle Afrique du Sud pratique ouvertement l’«affirmative action» : la préférence raciale, établissant la priorité de la population noire sur le marché de l’emploi, indépendamment des compétences professionnelles réelles et au mépris des conséquences désastreuses de tels «choix imposés» sur l’économie du pays ?

Esprit d’escalier – Atavisme germanique ? Je suis de ceux que certaines évidences frappent à retardement : ainsi m’a-t-il fallu :

-     feuilleter un Larousse de 1923 pour comprendre l’apparente apathie
      des «Enervés de Jumièges» sur leur radeau1;
-     quelques années pour réaliser que M. Jourdain, le parfait nouveau riche de Molière,
      portait le nom d’un fleuve limitrophe d’Israël;
-     quelques lustres pour découvrir qu’à l’origine, et pour l’Arioste,
      Médor préférait de beaucoup le parfum d’Angélique au fumet d’une pâtée pour chien;

mais aussi :

-     me souvenir qu’en France, les publicitaires évaluent à douze ans l’âge mental
      moyen de la population pour mesurer enfin l’impact de la démagogie démocratique;
-     relire l’histoire de la troisième république pour vérifier que la dernière manifestation
      menaçant l’Elysée – la foule en furie parvint à moins de cent mètres du porche présidentiel –
      datait de février 1934, suite à l’affaire Stavisky… et qu’il y a belle lurette que les
      gouvernements modernes en ont tiré les conséquences et que les manifestations ou
      grèves ne nuisent plus qu’à leurs sujets;
-     un xième voyage en Italie pour mesurer le contraste entre la courtoise décontraction
      de ses ressortissants et la tension omniprésente que l’on ressent en France, et saisir
      qu’à la différence des Français, les Italiens n’ont pas à subir la pression perpétuelle
      de minorités ethniques aussi galopantes dans leurs démographies que rétives à l’assimilation;
-     revoir la période des accords de Munich pour comprendre que les fils de ceux qui
      envoyèrent quelques millions de nos pères mourir pour Dantzig, sont ces prosélytes
      du grand métissage «universel»2 qui, après en avoir fini avec les notions de patrie
      souveraine, d’identité nationale, de cellule familiale et de liberté d’expression,
      ambitionnent ouvertement d’«en finir avec la France3 éternelle», et sont à la veille
      d’envoyer quelques millions de nos fils mourir pour le temple de Salomon ;
-     et réaliser, bien tardivement, que les convaincus étaient invincibles sur le terrain de leurs idées.

1 Luminais y peignait les victimes d’un supplice…
2 Mais cependant «sélectif», c’est-à-dire à l’usage exclusif des gentils naïfs…
3 Ce nom est ici interchangeable avec celui de n’importe quel autre pays occidental.

Insécurité et politique pénale (suite) – quelques remarques :

- à mesure que nos domiciles se transforment en forteresses au rythme des cambriolages, saucissonnages, prises d’otages et autres gâteries du même potage, nous devrions réviser nos options de lutte contre la criminalité; ce n’est pas sur la cuirasse qu’il convient de porter l’effort, c’est sur l’arme; tôt ou tard, et mieux vaut tôt que tard, nous serons amenés à abandonner la défensive pour l’offensive;

- à défaut, vu la célérité avec laquelle nos gouvernants laxistes relâchent les criminels1, une autre solution consisterait à restreindre, pour leur sécurité, le champ d’action des braves gens, déjà passablement emmurés (incarcérés ?) et inoffensifs, en leur imposant un couvre-feu.

1 Clientèle électorale appréciable pour leurs protecteurs…

Max l’Impertinent



La police n'a pas de chance !

17 août
«A Bâle, un policier a été violemment mordu au mollet par un lapin lors d'une intervention dans un appartement. Atteint de morsures sévères, le malheureux a dû recevoir des soins aux urgences de l'hôpital cantonal» (Les journaux)

24 août
«Deux policiers tessinois ont été grièvement blessés par balles, lors d'un exercice de barrage routier à Sigirino. Alors qu'ils jouaient le rôle des "méchants" ils ont été atteints par de véritables balles contenues par erreur dans l'arme d'un collègue»
 

Le commandant de la police de Neuchâtel est inquiet : en quelques mois, il a enregistré 18 démissions et l'effectif des aspirants actuellement en formation ne comblera pas les vides. On songe à assouplir les conditions de recrutement, notamment en engageant des étrangers ou des Helvètes n'ayant pas effectué leur école de recrues.

Qui pourrait en vouloir à nos valeureux défenseurs de l'ordre, alors même que leur apostolat ne jouit plus de la considération d'antan, que les délinquants qu'ils appréhendent sont immédiatement remis en liberté par des juges peu sévères ou grâce au manque de place dans les prisons, qu'ils accumulent des heures supplémentaires en quantité ahurissante et qu'à chaque fois qu'un criminel se fait descendre, faute d'avoir obtempéré aux sommations, c'est le policier qu'on met sur la sellette : les journalistes lui tombent dessus en titrant «nouvelle bavure» et même leur hiérarchie prend des mines de vierge effarouchée, sauf mon ami Gérard Ramseyer à Genève, qui affiche avec courage à chaque fois sa préférence pour le gendarme et contre le voyou, ce qui lui vaut, bien entendu, l'inimitié des scribouillards.

Dans la nuit du 23 au 24 août, un voyou déjà incarcéré en France pour vols, refus d'obtempérer, dégradations, violences avec arme, qui avait percuté une voiture de police et était soupçonné d'avoir volé une vingtaine de voitures, libéré de la maison d'arrêts de Mulhouse depuis le 13 juillet, a derechef volé une auto, a refusé de s'arrêter et a été atteint d'une balle tirée par un policier bâlois sur territoire français.

C'est évidemment le policier qui a été «mis en examen» par un juge de Mulhouse, pour «violences volontaires ayant entraîné la mort» et il risque une peine allant jusqu'à vingt ans de prison.

Dans ces conditions, le commandant de la police neuchâteloise ne doit pas s'étonner de l'hémorragie de ses effectifs, et il est peu probable qu'il puisse aisément trouver des candidats assez motivés pour risquer la cour d'assises quand on traque les criminels, la balle 9 mm des collègues quand on s'exerce à blanc et la morsure des lapins pendant les visites domiciliaires.

Claude Paschoud



Gifles
 

Sentant vibrer en eux un patriotisme qu'on ne leur soupçonnait pas, les journalistes de la presse quotidienne se sont tous sentis «giflés» le 21 août, lorsque le conseil de fondation de l'agence mondiale antidopage a choisi pour son siège Montréal et non Lausanne.

Notre bon confrère «24 Heures» en profite1 même pour nous assurer que «la capitale vaudoise a surtout fait les frais de la non-appartenance de la Suisse à l'Union européenne». Une hypothèse aussi absurde n'a pu germer que dans un cerveau débile, convaincu que l'Union européenne n'a d'autres préoccupations que de contraindre la Suisse minuscule à s'intégrer dans le giron communautaire.

A l'occasion de ce nouvel «échec» helvétique dans leurs tentatives de lobbying sportif – on a versé de nouvelles larmes sur la candidature écartée de Sion et sur la tentative de Guignol-Dolfi – les commentateurs sportifs (qui sont au journalisme ce que Ted Robert est à la philosophie) sont allés interroger M. Jacques Rogge, nouveau président du CIO. Au sujet d'une éventuelle nouvelle candidature de la Suisse pour les Jeux olympiques de 2010, M. Rogge s'est exprimé sans ambiguïté2 : «La Suisse doit faire son examen de conscience. Comme président du CIO, je dois me réjouir d'avoir un maximum de candidatures, mais je ne souhaite pas devoir gérer un nouvel échec du pays dans lequel est établi notre mouvement. Alors je dis à mes amis suisses : "Regardez le cours de l'histoire ! A vous d'être responsables et réalistes, car je souhaite vous éviter, comme au CIO, un nouvel échec qui serait très mal perçu par votre population"».

Peut-on être plus clair ?

Gageons cependant qu'un discours aussi limpide, et aussi raisonnable, ne dissuadera nullement la poignée habituelle de politiciens en perte de vitesse, d'anciens sportifs ventripotents et de promoteurs immobiliers de lancer une opération promotionnelle en faveur d'une candidature helvétique aux Jeux de 2010.

Ce qui vaudra, bien entendu, une nouvelle «gifle», non pas à la Suisse, qui n'est pas vraiment concernée par ces coûteuses sottises, ni même aux Suisses, dont la plupart s'en moquent éperdument, mais aux seuls journalistes sportifs et aux requins qui les paient.

Si notre bonne commune de Lausanne avait consacré le quart du temps perdu en vaines pressions pour conserver l'agence mondiale antidopage à ménager les entreprises de la place, honnêtes contribuables, avant qu'elles déménagent à Bussigny ou au Mont, excédées par l'attitude d'une Municipalité décidée à persécuter le commerce local, ce sont des millions de francs d'impôts qu'on aurait évité de perdre.

C.P.
 
 

1. «24 Heures» du 22 août 2001, pages 1 + 17
2. «Le Matin» du 26 août 2001, page 41
 



Nuage

Les lecteurs de nos quotidiens, et particulièrement les plus démunis financièrement, ont dû se pincer, le 14 août au matin, pour vérifier qu'ils ne rêvaient pas : Expo.02 a déjà dépensé 10 millions de francs pour construire à Yverdon une structure capable de fabriquer un nuage. Ah ?

Ladite structure s'est lamentablement effondrée le 15 mai dernier. Oh !

Mais on a constaté que tout cet appareillage ne parvenait à créer qu'un misérable cumulo-nimbus au ras du lac. Eh ?…

…Et qu'il faudra dépenser au minimum 5 millions de plus, soit 15 millions, pour doter la machinerie des 30'000 buses nécessaires à la fabrication du nuage. Zut !

Il serait trop facile d'ironiser, au sujet du brouillard, sur celui qui tient lieu de cerveau aux têtes pensantes d'Expo.02. Et je m’abstiendrai aussi de mettre en parallèle les 15 millions nécessaires à créer un nuage et les millions qu'on économise en rognant sur les subventions aux assurés maladie modestes. Je sais, ce n'est pas le même budget.

N'empêche ! Ne serait-il pas temps de renvoyer Mme Wenger à ses chères études et le quarteron d'«artistes» délirants qui l'entourent au néant nuageux dont ils n'auraient jamais dû sortir ?

C.P.
 
 
 

 
 
 
Collections reliées

Les lecteurs qui nous ont commandé une collection reliée des trois cents premiers numéros du Pamphlet doivent se demander si nous les avons oubliés. Qu’ils se rassurent : les collections sont constituées et prêtes pour la reliure. Toutefois, nous nous sommes avisés au dernier moment qu’il serait opportun d’élaborer un index, afin que ces collections puissent être consultées plus aisément. Or c’est un travail qui nécessite une grande rigueur et prend beaucoup de temps. Nous prions donc nos amis de bien vouloir  patienter et d’accepter nos excuses pour ce retard.

Réd.