Sommaire :
Editorial
Bricoles
(I)
Méthodes
L’ONU
racontée aux cancres
Question
Les
académiciens ont une épée ! …
En direct
de Sirius
Mes majors
Bricoles
(II)
Editorial
La neutralité de la Suisse
est, on le sait, jugée obsolète par tous ceux qui rêvent
de voir notre pays jouer un rôle – nécessairement déterminant,
on est modeste ou on ne l’est pas - dans les affaires du monde, Conseil
fédéral en tête. Oh ! bien sûr, une grande partie
de nos compatriotes étant encore très attachés à
cette vieillerie folklorique, personne ou presque ne parle d’y renoncer.
Il s’agit plutôt, nous dit-on, de l’«adapter», de l’«harmoniser
avec les nécessités du monde d’aujourd’hui». Or, la
neutralité est par essence une valeur absolue. Dès l’instant
où on lui accole un adjectif - «souple», «moderne»,
par exemple -, elle cesse d’exister. La neutralité n’est pas un
concept manipulable et quand nos conseillers fédéraux nous
disent, la main sur le cœur qu’il n’est pas question de l’abandonner, tout
en adoptant ou en préconisant pour la Suisse des comportements qui
la violent de toute évidence, ils nous prouvent que nous sommes
gouvernés non seulement par des nigauds, mais aussi par des menteurs.
Or, la manie qu’a, depuis de
nombreuses années, le Conseil fédéral, en particulier
le Département des
affaires étrangères
sous la houlette des aimables nullités successives qui en assument
la charge, de
condamner, dénoncer,
voire même sommer tous azimuts est non seulement stupide, mais elle
peut être
nuisible et pas seulement pour
notre pays. Nous en avons eu un exemple récemment encore.
Le ministre de la coopération
internationale de l’Autorité palestinienne Nabil Schaath a pris
voici peu son bâton de pèlerin et entrepris une tournée
des Etats européens. But de l’opération : obtenir la protection
de ces Etats contre Israël et les convaincre de l’urgence d’organiser
à Genève une conférence internationale sur le respect
des règles humanitaires. Le 21 mai, M. Schaath était l’hôte
de notre «ministre» des affaires étrangères,
Joseph Deiss, qui se déclarait favorable à une telle conférence
et faisait état de travaux préparatoires, tout en reconnaissant
– sans doute avec regret - que la Suisse n’avait pas le pouvoir de convoquer
la conférence. Et de souligner fort sagement que cette dernière
devait être une contribution au processus de paix et non un obstacle
supplémentaire.
Or, il est évident qu’une
conférence internationale exclusivement destinée, comme le
souhaite
manifestement le ministre palestinien,
à stigmatiser les seules violations des règles humanitaires
commises par Israël, à l’exclusion de celles dont se rendent
coupables les Palestiniens, ne saurait contribuer au processus de paix,
bien au contraire.
De là à croire
que Joseph Deiss, fort d’une vieille tradition de neutralité assortie
de bons offices avait
compris la chose et que pour
lui la conférence internationale envisagée devait porter
sur le respect des
règles humanitaires par
les deux parties, il n’y avait qu’un pas que nous aurions volontiers franchi…
si Joseph Deiss lui-même ne nous en avait empêchés en
condamnant haut et fort en présence de son hôte la violation
des Conventions de Genève par Israël.
A quoi pense donc Joseph Deiss
? S’imagine-t-il que le monde a besoin de ses avis ? Il n’est que
l’insignifiant diplomate en
chef d’un tout petit pays économiquement très fort mais dépourvu
d’influence politique, si ce n’est en tant qu’Etat neutre, apte à
rendre des services de toutes sortes dans des circonstances de toutes sortes,
à condition de ne pas prendre parti.
Israël ne veut pas de cette
conférence internationale. D’une manière générale,
Israël ne supporte pas qu’on se mêle de ses affaires, sous réserve
des appuis qu’on peut lui apporter. Tout le monde le sait et Joseph Deiss
le sait certainement aussi. Il ne devait donc pas ignorer qu’en condamnant
d’entrée de cause ce pays il privait la Suisse de toute chance de
contribuer à l’amener à une table de négociations
à Genève. Certes, les chances n’étaient pas grandes,
car Israël a mille et une raisons de refuser cette conférence.
Mais c’est une question de principe : la Suisse ne peut pas à la
fois offrir ses services et désigner du doigt le coupable, quels
que soient les états d’âme de ses dirigeants.
Malheureusement, ces derniers,
Joseph Deiss en tête, ont tendance à écouter davantage
la voix de leur bon petit cœur que celle de leur intelligence, au point
qu’on en vient parfois à mettre en doute l’existence de cette dernière.
Le bon petit cœur de M. Deiss ayant penché en faveur des Palestiniens,
notre «ministre» peut désormais interrompre définitivement
des travaux préparatoires dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils
étaient prématurés.
Et tant pis pour la Palestine
!
Le Pamphlet
De minimis non curat praetor
Notre ministre des affaires étrangères
n'avait semble-t-il rien de plus important à faire que de s'émouvoir
des photographies de Mme Thomas Borer Fielding, épouse de notre
ambassadeur à Berlin, de prendre l'affaire très au sérieux,
de réclamer des rapports et des excuses.
Et pourtant, Mme Shawne Fielding
aura sans doute fait plus, pour l'établissement de bonnes relations
entre la presse allemande et notre ambassade, que l'émotion de M.
Deiss ou le laïus de M. Leuenberger le 11 mai.
On ne pardonne pas à M.
Thomas Borer d'avoir été brillant comme chef de la task force
aux Etats-Unis, lors des délicates négociations que l'on
sait, et on ne lui pardonne pas non plus d'avoir une femme belle. Ah !
s'il avait épousé Ruth Dreifuss, personne ne l'envierait
et l'inauguration de notre ambassade à Berlin se serait déroulée
dans la plus parfaite indifférence.
Appeler un chat «un chat»
(…) Pour une personne extérieure,
qui ne côtoie pas fréquemment des personnes handicapées,
il peut
sembler banal, voire normal,
de les nommer des handicapés. Pourtant non, ce n'est pas normal
! Ce
générique ne devrait
plus leur être attribué à l'heure où l'on travaille
sur l'égalité des chances pour donner à chacun, quelles
que soient ses particularités, le statut de citoyen.(…)
Les travailleurs de la Fondation
Ecolave Lucens,
Courrier de «24 Heures»
du 6.4.01 page 56
Surprise
Le parti libéral a fait
savoir depuis de nombreuses années qu'il limitait à 12 ans
la durée du mandat de ses
représentants au Conseil
d'Etat. C'est d'ailleurs cette limite qui avait incité M. Jean-François
Leuba, le plus
brillant magistrat que le canton
de Vaud a connu depuis fort longtemps, à quitter le gouvernement
en 1990.
Parvenu au bout de ses trois législatures,
M. Claude Ruey annonce qu'il ne briguera pas un nouveau mandat l'an prochain.
Pour «24 Heures»
du 25 avril, c'est une surprise.
Violence scolaire
Un professeur de travaux manuels
sexagénaire est tabassé par deux frères kosovars,
adolescents de 13 et 16 ans. Le plus jeune avait appelé son aîné
par Natel Ces intéressants jeunes gens sont en Suisse depuis leur
naissance. Rien à voir donc avec des requérants d'asile,
rassure M. Gérard Dyens, chef du service des écoles primaires
et secondaires de Lausanne, dans «24 Heures» du 1er
mai.
M. Dyens voulait sans doute nous
prouver que l'équation : requérant d'asile = voyou
est fausse. On le savait. Mais ne nous incite-t-il pas à supposer
que l'équation : kosovar = violent est vraie, même
après 16 et 13 ans d'une tentative d'intégration ?
Gay Pride
Il y a deux sortes d'homosexuels
: ceux qui proclament qu'ils ne sont pas différents, et ceux qui
revendiquent leur droit à la différence. Ce sont souvent
les mêmes.
Michel Aubert
L’ONU
racontée aux cancres
Quand un cancre ne comprend pas
les explications qu’on lui donne, il y deux façon de les lui faire
entrer dans le crâne. La première, vaine, consiste à
les lui répéter à l’infini, la seconde, plus efficace,
à les lui présenter sous une autre forme. C’est cette dernière
que choisissent les bons pédagogues.
Nos politiciens n’étant
pas des pédagogues mais des perroquets, ils s’accrochent à
la première, au point que, en ce qui concerne l’adhésion
de la Suisse à l’ONU, on a l’impression de relire mot pour mot les
arguments avancés lors de la précédente campagne de
votation.
Au motif que le monde a changé
– ce qu’on nous disait déjà naguère –, la commission
des affaires extérieures du Conseil des Etats s’est prononcée
le 17 mai en faveur de l’initiative populaire «pour la Suisse à
l’ONU».
Selon notre quotidien habituel1,
la commission estime que cinq bonnes raisons plaident en faveur de
l’adhésion :
- L’importance de l’ONU a énormément
augmenté.
Question du cancre : par rapport
à quoi ?
- L’ONU ne crée certes
pas le paradis sur terre, mais elle a contribué à réduire
quelques enfers.
Question du cancre : lesquels ?
- L’efficacité de l’ONU
s’accroît sans cesse.
Question du cancre : pourriez-vous
me donner un exemple ?
- La défense globale
des droits de l’homme, de la santé et de l’environnement s’est musclée
sous le
parapluie de l’ONU.
Question du cancre : où,
quand, comment ?
- La neutralité helvétique
ne sera pas touchée par l’adhésion (…).
Là, le cancre n’a pas de
question, car on lui explique que le Conseil fédéral entend
déposer une déclaration d’intention - qui pourrait
être soumise au peuple avant la votation, afin qu’il se prononce
en toute connaissance de cause ! - en même temps que notre demande
d’adhésion.
On nous avait déjà
fait le coup de la déclaration la dernière fois et il avait
été aisé de rappeler l’expérience de la Société
des nations à laquelle la Suisse avait cru pouvoir adhérer
tout en préservant sa neutralité, avec le succès que
l’on sait. Il arrive forcément un moment, dans ces grandes organisations
internationales qui se mêlent de tout sans jamais rien résoudre,
où un pays véritablement neutre doit choisir entre se soumettre
ou se démettre. Dans le cas de la SDN, la Confédération
avait choisi de se démettre. Mais les temps ont changé :
dans le cas de l’ONU, si tant est que nous y entrions, elle choisira à
n’en pas douter de se soumettre, voire même de faire du zèle.
Alors, cette fameuse déclaration d’intention…
Le jour même où elle
se prononçait en faveur de l’adhésion à l’ONU, la
commission des affaires extérieures du Conseil des Etats donnait
aussi son accord à la participation de la Suisse à la Cour
pénale internationale de justice, autre association de croque-mitaines,
dont je ne parlerai pas ici, faute de place et de compétence. Mais
l’argument avancé par le commissaire Jean-Claude Cornu, radical
fribourgeois, en faveur de cette participation, me paraît illustrer
à merveille la profondeur de la réflexion sur laquelle se
fondent les prises de position de la commission :
«Il serait bon que nous
soyons dans le premier train», aurait déclaré le
digne homme.
Il y des lustres qu’en matière
de relations internationales, l’autorité fédérale
souhaite, «prendre le train en
marche», que sa plus grande
terreur est d’être «le wagon de queue».
Le cancre se demande si cette mentalité
de chef de gare est vraiment propice à la défense des intérêts
de notre pays.
M.P.
1 Comme je n’ai trouvé
nulle part mention d’un rapport circonstancié de la commission,
j’en suis réduite à me
contenter de ce que me dit Bernard-Olivier Schneider
dans le Nouvelliste du 18 mai.
Les
académiciens ont une épée ! …
«Ne pensez pas, mon fils, qu’humilité et modestie
ne soient point faites pour
nous. Au contraire, elles nous appartiennent plus proprement qu’au reste
des
hommes. Car après tout, ceux qui n’ont rien d’éminent, ne
peuvent jamais être
modestes ni humbles; et ces qualités supposent nécessairement
en celui qui les
possède quelqu’élévation, dont il pourrait tirer vanité.»
Mémoires de Louis XIV
En achevant la lecture du dernier
essai d’Eric Werner : «L’Après-démocratie»1,
j’eus en en mémoire ce
jugement d’un auteur russe, jamais
cité par le philosophe genevois, Igor Chafarevitch, extrait de son
livre
magistral : «Le phénomène
socialiste»2 : «… trois composantes
au moins de l’idéal socialiste (l’abolition de la propriété
privée, l’abolition de la famille et l’égalité) découlent
d’un seul et même principe : l’étouffement de l’individualité.»
Et quelques lignes plus haut, il précisait : «L’égalité
socialiste est une identité des individualités. La hiérarchie
contre laquelle lutte l’idéologie socialiste est fondée sur
des qualités individuelles que sont les hiérarchies de la
naissance, de la richesse, de la culture ou de l’autorité. Cela
ne contredit nullement l’affirmation d’une hiérarchie de personnes
intérieurement identiques, occupant simplement une position différente
dans la machine sociale (c’est nous qui soulignons ces deux termes),
exactement comme des détails identiques peuvent être disposés
dans les diverses parties d’un mécanisme.»
Dans cette ligne, je ne pense pas
que la menace totalitaire doive nécessairement être axée
sur les expériences nazie (allemande) et communiste (russe), leur
évidente similitude et parenté, malgré la meilleure
littérature sur le sujet (que l’auteur connaît à la
perfection), mais bien sur la démocratie moderne comme telle, et
son idéologie indépassable (comme dirait Jean-Paul Sartre),
consubstantielle à ce régime qui n’en est pas un au fond,
mais une prison idéologique dont tous les dogmes officiels et imposés
bon gré mal gré s’articulent tous autour du socialisme, avec
ou sans étiquette. Toutefois, la réflexion d’Eric Werner
dans cet essai, marquée par quelques auteurs fréquemment
cités, Hannah Arendt3, Raymond Aron4,
Clausewitz, le sociologue Max Weber, Montaigne, Camus ou les grands classiques
grecs antiques – on le voit, cette réflexion a une généalogie
impressionnante – saisit à travers ce qu’il nomme explicitement
les origines nazie et communiste du totalitarisme moderne - et que nous
qualifions personnellement de double paroxysme de la démocratie
(comme le constatait déjà Gonzague de Reynold dans «La
démocratie et la Suisse») -, le nazisme et le communisme,
ou autre chose encore, le fascisme sans doute, mais certainement pas le
salazarisme et encore moins le national-syndicalisme de don José
Primo de Rivera5, l’affrontement entre
la puissance monstrueuse de l’Etat en proie à tous les démons
et l’homme nu, qui n’a pour sa défense que la fine pointe de sa
pensée, celle précisément que l’Etat voudrait bien
lui ôter subrepticement, comme un voleur honteux, avec toutes les
apparences et les bonnes façons de l’honnête homme soucieux
de bien social, de confort pour tous, d’égalité des chances,
de lutte-contre-la-bête-immonde et autres fadaises pour crétins
instruits. Ah ! que le bon peuple est
bon de croire à toutes ces
choses, à ses dépens …
Car cette fine pointe de la pensée
– Eric Werner empruntera à la fin de son essai à Ernst Jünger
(dans «Les Falaises de marbre») et à Frédéric
Nietzsche (dans «Le gai savoir») deux brillantes métaphores,
celle de la parole comme «épée magique dont le rayonnement
fait pâlir la puissance des tyrans» et le «Obscurcissons
l’autre par notre lumière» - évoque le caractère
redoutable des armes de l’esprit contre l’épais matérialisme
de ce que Simone Weil nommait «le gros Animal», l’Etat moderne.
Chez Eric Werner, la pensée n’a rien d’un délassement de
dilettante ni d’un ronronnement de docteur en cage et bien nourri (Alain
Duhamel, pour ne prendre qu’un seul exemple contemporain spécialement
ridicule). Elle est une arme, mais une arme qu’il manie toujours avec une
étrange discrétion. On le sent venir; on le voit venir, toujours
sans éclat; le ton reste neutre (scientificité oblige !).
Parfois, une saillie dans l’ironie, le sourire aux lèvres, un mépris
pudique qui se glisse innocemment mais savamment aussi dans les interstices
du propos courtois, des arguments serrés et des conclusions implacables.
(à suivre)
Michel de Preux
1 Editions de l’Age d’Homme, coll. Mobiles politiques,
Lausanne 2000, 160 pages
2 Editions du Seuil, Paris 1977, trad. fr. de
Jacques Michaut, page 298.
3 «Les origines du totalitarisme»
et «Le système totalitaire», coll. Point des éditions
du Seuil, Paris 1995.
4 «L’opium des intellectuels», éditions
Calman-Lévy, Paris 1961.
5 «José-Antonio – la Phalange espagnole
et le natioanl-syndicalisme» d’Arnaud Imatz, éd. Godefroy
de
Bouillon, Paris 2000, 600 pages.
Repentance – M. Alain Griotteray
fait, dans son dernier livre3, le procès
de la repentance. C’est bien, mais c’est trop tard. Entre-temps, comme
les banques suisses, la France, sous l’action éclairée du
Président Chirac, a déjà «donné».
Du nouveau dans le politiquement
correct – A Nice, une jeune femme est poignardée à mort
dans un jardin public, en présence de son neveu de trois ans. L’enfant,
terrifié, parvient à faire la description des agresseurs
aux enquêteurs. Nice-Matin rapporte : «Trois adolescents
de type ‘méditerranéen’». Je traduis : des méditerranéens
certes, mais qui ne sont pas portugais, espagnols, italiens, grecs, turcs,
etc… bref, des méditerranéens… du Sud.
«Mitterrand et le Lobby
juif» - M. Georges-Marc Benamou, un jeune protégé
du défunt président, expose dans un livre récemment
publié4 le refus absolu de ce dernier
de céder à des pressions visant à ce que la France
reconnaisse s’être mal conduite sous Vichy… On pourra reprocher bien
des choses au président, mais pas d’avoir été naïf.
En revanche, il est assez satisfaisant que ce grand manipulateur ait pu
laisser se réchauffer un serpent dans son sein.
Un peu de culture, que diable
– S’il pleut, cette fin de semaine, pourquoi ne pas aller jeter quelques
cacahuètes aux «hamsters»
de «Loft Story» ?
Max l’Impertinent
1 Victor Hugo, «Manifeste du romantisme».
2 «Services spéciaux» par
Paul Aussaresses, Perrin.
3 «Je ne demande pas pardon – la France
n’est pas coupable», éditions du Rocher.
4 «Jeune homme, vous ne savez pas de quoi
vous parlez», Plon.
Un brin de nostalgie saisit le
citoyen-soldat qui a accompli toute sa carrière militaire et qui
rend à la
Confédération le
matériel qui lui avait été prêté. J'ignore
si l'on peut réellement parler de «carrière militaire»
lorsqu'on a accompli 1103 jours de service. Mais même si cette prestation
n'égale pas, et de loin, la durée passée sous les
drapeaux par nos pères mobilisés, elle est néanmoins
égale à plus de trois ans de services divers, paiement de
galons, cours et écoles.
Pendant ces mille jours, on a connu
des milliers d'hommes : chefs, camarades, subordonnés dont certains
ont laissé une trace dans notre mémoire : j'ai connu beaucoup
d'officiers incompétents, quelques uns franchement méchants.
Mais j'en ai rencontré beaucoup plus qui étaient de grands
personnages.
J'ai eu notamment le privilège
de rencontrer trois officiers revêtus du grade de major, à
trois époques
différentes, qui ont marqué
chacun mon esprit d'une empreinte profonde.
Roger Mabillard
Lors de mon école de recrues,
en été 1965, c'était le major Roger Mabillard qui
était l'instructeur de
compagnie. J'ai déjà
eu l'occasion d'évoquer sa forte personnalité dans plusieurs
articles, notamment en
novembre1
et décembre 19852.
Le major Mabillard ressemblait
à Napoléon par la taille, le regard perçant, le visage
impénétrable. Les recrues que nous étions étaient
terrorisées par son arrivée à la compagnie et plus
encore par ses inspections. Il n'a pourtant jamais adressé de reproches
à une recrue mais nous sentions confusément, par la crainte
que nous percevions dans le regard de nos chefs, que c'était eux
qui allaient prendre la sauce, tout à l'heure, si nous rations l'inspection
et que cet échec, le leur, ne serait pas sans conséquences
rapides pour nos heures de sommeil.
Jean Della Santa
Un an plus tard, à l'école
d'aspirants, c'est le major Jean Della Santa qui était le chef de
notre classe. Grand homme élégant, issu de la bonne société
genevoise, curieux de littérature et d'histoire militaires, le major
Della Santa nous enseigna sa conception du rôle de l'officier dans
la cité, de sa tenue, de ses exigences morales, de son respect de
l'honneur, de son horreur du mensonge et de l'injustice.
Une conception si élevée,
si exigeante, à laquelle lui-même se conformait avec une telle
aisance, qu'il réussit à nous convaincre que tous les officiers
de l'armée suisse ressemblaient à ce modèle idéal.
Quelle déception, dès
notre premier cours de répétition, lorsqu'il fallut bien
constater que la plupart de nos
camarades premiers-lieutenants
ou capitaines ressemblaient de très loin au modèle enseigné
: un ramassis de braves types, un peu menteurs, un peu buveurs, et surtout
paresseux…
Serge Pittet
Quelques années plus tard,
c'est la rencontre avec le major Serge Pittet, commandant du bataillon
de fusiliers de montagne 7.
A l'époque chef du service
de l'urbanisme de la commune de Lutry, le major Pittet était réputé
pour la qualité de ses allocutions, lors de la prise ou de la remise
du drapeau. Chacun de ses discours était un morceau d'anthologie
: une construction rigoureuse, un langage ciselé, des termes précis
et vigoureux, un ton impérial.
La major Pittet était en
outre doué d'un caractère trempé, d'un esprit de décision
vif, d'une capacité d'analyse peu commune et surtout d'un rayonnement
humain auquel je fus immédiatement sensible.
«La troupe est femme»
disait Napoléon. Il arrive en effet que certains chefs exercent
sur leurs subordonnés une sorte de facination qui les pousse à
se surpasser dans l'effort pour faire plaisir à leur commandant.
Serge Pittet était de ceux-là.
Je suis heureux d'avoir connu ces
trois hommes, et je me réjouis qu'ils soient aujourd'hui tous trois
bien vivants, et en bonne santé.
Merci, mes Majors !
Claude Paschoud
1 «Dialogue
de sourds» in Pamphlet No 149
2 «Un
petit char pour deux recrues» in Pamphlet No 150
Education
«Pink Cross poursuit son
action pour que l’homsexualité ne soit plus un sujet tabou à
l’école. Ces
prochains jours, elle va proposer
un éventailde cours et d’ateliers payants à des centaines
d’écoles
secondaires.», apprenait-on
le 4 mai.
Pourquoi pas des travaux pratiques
gratuits ?
Qu'est ce qu'un directeur ?
Le gymnase Auguste-Piccard (ex-Cessrive)
était pourvu d'un excellent directeur, à la fois humain,
modeste et compétent. Il assumait excellemment son rôle et
dirigeait son établissement. Il était donc logique qu'il
fût détesté par la demi-douzaine de professeurs ultra-gauchistes
qui prétendaient exercer le pouvoir à sa place.
Ceux-ci s'efforcèrent donc
de créer du désordre pour pouvoir se plaindre que le directeur
était incapable de
maintenir l'ordre au sein du corps
enseignant.
Croit-on que les fauteurs de trouble
ont été déplacés, voire licenciés ?
Avec dame Francine Jeanprêtre à la tête du département
de la formation, c'est certainement le directeur qui risque d'être
remplacé, malgré l’appui massif du corps enseignant, des
élèves et des témoignages de soutien, publiés
par «24 Heures», d'anciens élèves, d’un ancien
directeur du Conservatoire de musique et de plusieurs autres directeurs
d'établissements.
Provocation à la haine raciale
Pour avoir vertement critiqué
les massacres des moutons d'Aïd el Kebir, Mme Brigitte Bardot a été
condamnée par la Cour d'appel de Paris à 30'000 francs d'amende
et à 10'000 francs de dommages et intérêts en faveur
du MRAP et de la Ligue des droits de l'homme. Son inlassable combat en
faveur des animaux est assimilable, dans ce cas, à une «provocation
à la haine raciale».
Torture
Qu'un vieux général
français à moitié gâteux se vante d'avoir pratiqué
la torture du temps de la guerre d'Algérie, et voilà toute
la République en émoi. Quant aux tortures pratiquées
par le FLN à cette même époque, il serait malséant
de les évoquer.
Les tortures des prisonniers de
guerre allemands, en 1945, par les forces françaises de libération
ou par les
américains étaient
justifiées, comme le furent celles pratiquées par les Khmers
rouges, comme le sont les
massacres actuels des Blancs en
Afrique du sud.
Loft story
Le quotidien de boulevard «Le
Matin» critiquait vertement les organisateurs de l'émission
programmée par M6 «Loft Story» d'avoir empêché
les Suisses romands de voter par téléphone, comme l'ont pu
4 millions de Français.
Petite précision que «Le
Matin» a négligée : les 4 millions de crétins
qui ont manifesté par un vote leur
préférence pour Aziz
ou pour Jean-Edouard l'ont fait sur une ligne téléphonique
payante, à plus de 3 francs (français) la communication,
ce qui a rapporté 13 millions de francs à la chaîne
TV organisatrice.
Faut-il se plaindre d'être
épargnés ?
Bon mot
Toujours à propos de Loft
Story, le directeur de l’hebdomadaire français Les 4 Vérités1
intitulait sa chronique du 12 mai Loft Story : vomituri
te salutant.
1 85, bd Saint-Michel, 75005 Paris
Signes distinctifs
La décision du gouvernement
islamiste taliban d’imposer aux hindouistes d’Afghanistan le port d’un
signe
distinctif a fait couler beaucoup
d’encre dans la presse occidentale. Certains journalistes y ont décelé
des
relents nazis, d’autres on préféré
n’y voir qu’une manifestation d’obscurantisme sans comparaison avec le
port de l’étoile jaune infligé aux juifs par le régime
hitlérien...
Signes distinctifs (bis)
Un juge texan a contraint une vingtaine
d’auteurs d’agressions sexuelles en liberté surveillée à
placer devant chez eux une pancarte «Danger ! un auteur d’agressions
sexuelles vit ici» et sur leur voiture un autocollant «Danger
! Auteur d’agressions sexuelles en voiture». Personne ne s’en
est ému. Or, de deux choses l’une : ou bien on considère
que ces gens ne sont plus dangereux et on les remet en liberté,
même surveillée, ou bien on les juge dangereux et on les garde
à l’ombre, définitivement s’il le faut. L’idée est
sans doute que la population se chargera de les surveiller et qu’ils seront
ainsi dissuadés de récidiver. Ce n’est pas bête, mais
si la justice se mêle de coller des étiquettes à tous
les repris de justice, voleurs, escrocs, assassins, que l’on rend à
la liberté, il n’y aura plus de réinsertion possible pour
aucun délinquant repenti. Et ça, ce n’est pas juste.