Lausanne 30e année           «ne pas subir»          Décembre  2000 No 300

Sommaire

Editorial
Presse d'opinion
La main invisible
En direct de Sirius
L'avis de Louise Cougnard
Bricoles
 
 


Editorial

Notre sondage du numéro 299 a rencontré un écho réjouissant, puisqu’une centaine de lecteurs nous ont répondu, ce qui nous a permis de nous faire une assez bonne idée des tendances qui se dégagent, à savoir d’une part que vingt des abonnés qui ont réagi nous liraient sur Internet si nous renoncions au support papier, ce qui n’est pas beaucoup, et d’autre part que quarante-quatre " sondés " seraient disposés à payer leur abonnement 50 francs, trente et un 75 francs et quatre 100 francs et plus pour dix livraisons par année. Restent ceux, quatorze, qui tout en souhaitant vivement nous voir continuer, ne peuvent pas se permettre de verser plus de 35 francs. De notre question sur une éventuelle collaboration avec d’autres journaux, il ressort que pour beaucoup de lecteurs le Pamphlet doit rester indépendant. A noter que de très nombreux abonnés nous ont envoyé, outre le questionnaire, des lettres d’encouragement et d’amitié, ainsi que d’intéressantes suggestions, marques d’un intérêt sincère qui nous a beaucoup touchés. Qu’ils en soient tous ici chaleureusement remerciés.

Forts de ces informations et dans un louable effort pour contenter tout le monde et n’oublier personne, nous avons finalement pris la décision suivante :

Le Pamphlet conserve sa forme actuelle et le prix minimal de l’abonnement reste à 35 francs, ce qui nous permettra d’assurer l’an prochain au moins cinq livraisons. Qu’il y en ait davantage – le but idéal étant dix livraisons comme par le passé – dépendra du nombre et du montant des abonnements de soutien.

Nous vous demandons donc une fois de plus de nous payer au moyen du bulletin de versement ci-joint la somme minimale de

Fr. 35.-

et remercions d’avance tous ceux qui verseront davantage. Nous profitons de l’occasion pour faire savoir aux abonnés qui ont fait l’objet d’un rappel qu’ils seront retirés du fichier s’ils ne se sont pas mis à jour avant le 15 janvier.

Nous voici donc repartis pour un an. La diminution de la périodicité aura pour effet que nous devrons traiter davantage de sujets chaque fois, ce qui nous obligera à limiter la longueur des textes. Priorité sera donnée, sauf cas exceptionnel, à des articles qui ne dépasseront pas une demi-page. Nous savons que beaucoup de lecteurs s’en réjouiront et que les rédacteurs auront à cœur de discipliner les élans de leur plume – c’est ainsi qu’on appelait autrefois le traitement de texte.

LL. EE. de Berne fortes de l’appui d’un certains nombre d’inconscients s’apprêtent à nous refaire le coup de l’adhésion à l’ONU, EVM patauge et Mme Jeanprêtre accumule les bêtises, la question de l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne va revenir sur le tapis d’ici pas longtemps, la solution des délais en matière d’avortement est à nos portes, on projette d’envoyer des soldats suisses maintenir la paix à l’étranger l’arme à la main, au risque – non négligeable et tant pis si on nous traite de blochériens – d’y laisser leur peau, et ce n’est pas le nouveau conseiller fédéral Samuel Schmid qui empêchera la chose. Bref, les combats à venir ne manquent pas, et nous sommes bien contents de pouvoir y participer, si modestement que ce soit, car vraiment nos politiques ont perdu le nord.

Faut-il s’en étonner ? Quand on songe au temps et à l’énergie que les nôtres, les fédéraux, ont dépensés avant la dernière élection au Conseil fédéral sous prétexte de se prémunir contre la " peste blochérienne ", donnant au public avec l’aide d’une presse ravie le spectacle d’un ballet démocrate parfaitement orchestré avec menaces de faire sauter la formule magique pour faire barrage à l’UDC, prises de position tonitruantes contre les mal-pensants et autres manifestations d’angoisse métaphysique, tout cela alors que les jeux étaient évidemment faits d’avance, on se dit que nos députés ne se soucient pas beaucoup des dossiers et doivent les étudier assez superficiellement. Pourquoi, alors que la double nécessité de maintenir la formule magique – c’est qu’ils y tiennent ! – et d’élire un UDC pas blochérien conduisait automatiquement à la solution qu’on connaît, a-t-il fallu qu’on nous joue cette comédie ?Etait-ce pour détourner l’attention des foules du feuilleton présidentiel américain qui risquait de leur inspirer des doutes sur le bon fonctionnement des institutions démocratiques ou tout simplement pour montrer que chez nous aussi la vie politique est des plus animées ?On ne sait. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que nos gouvernants et nos représentants nous prennent chaque jour davantage pour des ânes, ce qui est vexant, et se permettent de nous le manifester, ce qui est fort impoli.

Mais foin de mauvaise humeur. La vie continue. Nous vous souhaitons à tous un joyeux Noël et une heureuse entrée dans le XXIe siècle et le troisième millénaire. A l’année prochaine !

Le Pamphlet


Presse d'opinion
 

L'annonce de l'assèchement financier du Pamphlet, dans notre numéro de septembre, a inspiré à M. Olivier Delacrétaz, éditorialiste de notre excellent confrère La Nation, un article consacré aux problèmes de la presse d'opinion. L'auteur constate que la presse d'opinion n'est aimée ni des politiciens, ni de l'administration et encore moins de la "grande presse".

Mais, poursuit l'auteur en réponse à une observation désabusée du Pamphlet (un peuple a les media qu'il mérite) : "un organe d'opposition naît et s'engage précisément parce que ses auteurs pensent que la population mérite mieux. Il a précisément pour ambition de réformer la situation, de former, si l'on ose dire, un peuple qui le mérite".

Une telle prétention est à la fois louable et démesurée. Si je l'ai espéré il y a trente ou encore vingt ans, je ne crois plus aux vertus pédagogiques de la presse écrite en général, confrontée à l'entreprise de nivellement cérébral de la télévision, source d'information quasi unique d'une grande partie de la population qui ne lit plus.

Quant aux quelques bienheureux qui font encore l'effort de lire quelque chose, chaque jour, il leur faut de l'astuce et de la persévérance pour découvrir, dans l'abondance des pages de nos quotidiens et de nos hebdomadaires, quelque pensée originale.

M. Pascal Bertschy, qui tient avec bonheur une chronique de télévision dans le Matin, observait il y a quelques semaines que la TSR se montrait involontairement cruelle avec la presse écrite, en montrant chaque soir entre onze heures et minuit les titres des principaux quotidiens du lendemain : "Nos gazettes (…) ont le chic pour faire croire que le summum de la démocratie consiste à penser comme tout le monde. Résultat : point de vue unique, nulle polémique digne de ce nom, peur panique de surprendre, culte de l'opinion garantie conforme, propos prévisibles, sérieux de plomb et alignement général".

M. Claude Monnier, directeur du Temps stratégique et invité régulier de 24 Heures, s'interrogeant sur les raisons pour lesquelles la presse est aujourd'hui alignée-couverte comme jadis la "Pravda", estime que le phénomène s'explique ainsi : lorsque le monde qui l'entoure est prévisible, le lecteur apprécie que son quotidien le provoque, l'indigne, l'étonne, l'amuse. Lorsqu'en revanche le lecteur souffre d'un tournis perpétuel, il attend de son journal quelque chose de calme, d'apaisé, de consensuel.

Est-ce à dire que la presse d'opinion n'a quelque espoir de diffuser des thèses originales avec une chance d'être lue, et comprise, qu'en période de bonace, et qu'à la première risée politique, le bon peuple ne supporte plus que les niaiseries insipides et prévisibles de Mmes Anne Dousse ou Chantal Tauxe ou les ridicules lamentations du crétin de service sur l'éviction de l'entraîneur du Lausanne-Sports ?

Le constat est amer. Plus les nouveaux pédagogues caricaturent et ridiculisent l'école de grand-papa, et nous vantent les mérites d'un enseignement en mutation, supposé privilégier l'autonomie, l'éclosion du caractère et des potentialités individuelles, et plus ils nous fabriquent des jeunes gens lisses comme des poupées Barbie, déambulant tous dans des tenues vestimentaires identiques, pensant tous la même chose sur tous les sujets à la mode, ingurgitant les mêmes hamburgers sur les mêmes trottinettes.

Plus la presse quotidienne est diverse, et plus les titres sont identiques, le corps des articles de commentaires comparables et le ton interchangeable.

Dans les prochains grands sujets qui seront soumis à l'appréciation populaire, soit la ennième tentative d'alignement au sein de l'ONU et notre adhésion éventuelle à l'Union européenne élargie, je tiens le pari que l'argument essentiel de la presse romande consistera à nous convaincre de "ne pas rester à l'écart" et de faire "comme les autres", ce qui est assez précisément la raison pour laquelle votre fils ne peut plus aller à l'école si vous ne lui achetez sans tarder un pantalon dont l'entre-jambe est à hauteur des genoux et qui tire-bouchonne sur ses baskets délacées.

Compte tenu des frais d'impression et des frais postaux prohibitifs, la diffusion de la pensée originale a-t-elle un avenir sur Internet ? Ce n'est pas exclu, quoique ce mode de communication ne soit guère prisé, pour l'instant, que pour ses vertus de véhicule d'informations plutôt que pour ses chances de transmission des idées.

Mais la police de la pensée a déjà vu le danger et elle est vigilante. Elle œuvre à exiger la fermeture des sites qui véhiculent des opinions politiquement incorrectes et impose aux gestionnaires de moteurs de recherche de rendre inaccessibles aux internautes les sites sur lesquels on trouverait des mots "maudits" !

On proclame aujourd'hui en France : "le fascisme n'est pas une opinion, c'est un crime" comme on disait en ex-Urss, du temps de Staline, que l'anti-communisme était un crime et comme on dira bientôt que la tiédeur à l'égard de l'ONU ou le refus de rejoindre le Moloch de Bruxelles sont des crimes.

Dans un tel contexte, le combat pour sa survie d'un petit périodique indépendant qui compte moins de mille abonnés payants paraît à la fois dérisoire et prétentieux. Surtout que plusieurs, même parmi ses plus fidèles abonnés ne supportent pas d'y lire des opinions qui ne reflètent pas parfaitement les leurs : selon la Nation, les articles révisionnistes du Pamphlet ont éloigné de lui certains lecteurs assez proches pour le reste. D'autres suspendent leur abonnement au Pamphlet aussi longtemps qu'y collaborera tel écrivain valaisan "scolastique"….

Mais nous restons optimistes malgré tout : même si le Pamphlet ne peut compter que sur 300 abonnés pour l'an prochain, tout espoir n'est pas perdu de les voir se multiplier l'année suivante. Et une bonne idée diffusée à 300 exemplaires peut avoir plus de poids, à terme, qu'une arrogante sottise imprimée en 250'000 copies.

Claude Paschoud



La main invisible " Quand l’idée d’autorité sera restaurée, la société moderne aura vécu. – La société moderne n’a certainement pas grand’chose à espérer de la restauration de l’idée de justice, mais elle a tout à craindre de la restauration de l’idée d’autorité. Car l’idée d’autorité mène à Dieu, dont ce monde ne sait que faire. Ce monde se moque de vos idées, il vous donnera tout ce que vous voulez, même le prestige ; il ne craint que votre charité, si elle existait. Je le sais, vous pensez que ce monde prend vos idées au sérieux, et qu’elles sont à l’aube d’une renaissance ; voulez-vous me dire pourquoi cette renaissance " coïncide " mystérieusement avec la plus hideuse crise morale que le monde ait connue ? " Georges Bernanos La main invisible, on le sait, est l’ordonnatrice secrète et totalement anonyme, impersonnelle, des intérêts privés et sociaux qui, d’après Adam Smith, l’auteur de la bible du libéralisme moderne : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, ouvrage paru en 1776, devrait concilier l’égoïsme le plus absolu et la requête de justice dans les rapports entre les hommes et entre les sociétés. Cette théorie mythique, qui est un défi au bon sens en même temps qu’à l’esprit de religion et à la morale la plus élémentaire, a fait sombrer l’Europe et le monde dans une névrose collective où, depuis le XVIIIème siècle, les uns tentent inlassablement de corriger les effets naturellement délétères et catastrophiques d’appétits désordonnés de richesses et de pouvoir que les autres justifient sans cesse, et avec toujours le même cynisme et la même indifférence au prochain, au nom des bienfaits qui seraient inhérents non pas tant à la création de richesses, ce qui serait défendable, mais au seul accroissement des profits pécuniaires. L’homme est ainsi prisonnier d’un couple infernal et il ne peut s’en sortir qu’en cautionnant l’un ou l’autre des protagonistes. Il doit ou céder à l’appât du lucre, tranquillisant sa conscience en se disant qu’il crée des emplois par n’importe quel service ou création d’objets d’échange économique, sans aucune préoccupation d’ordre moral, et c’est ainsi que même la prostitution devient, comme l’IVG (l’avortement en clair), une prestation " normalisée ", assujettie à l’impôt de surcroît (ce qui fait de nos Etats et de leurs maîtres provisoires autant de mauvais lieux et de proxénètes occasionnels), ou se rallier à toutes les formes concevables du socialisme, " soft " ou " hard " selon les goûts et les humeurs. Ceux qui ont le tempérament moins affirmé naviguent entre ces deux eaux, faisant de l’opportunisme un sport presque noble et quasi élitaire. Tous les centristes se retrouvent parfaitement à leur aise dans des nuances partisanes infinitésimales et lilliputiennes aux programmes politiques crépusculaires et qui négocient leur survie dans des fédérations protéiformes, offrant autant d’occasions de " surfer " à d’inconsistants parasites sociaux, tels les Madelin, Bayrou ou Charrette de la Contrie.

L’évolution des sociétés d’Europe confirme le progrès vertigineux de ce cancer social né en Angleterre avec la Réforme et le libéralisme. L’Autorité, principe fondateur de la liberté et de son respect dans les collectivités, disparaît ou s’effrite partout avec un mimétisme aussi troublant que révélateur, broyée par cette main invisible qui semble réellement dominer jusqu’à complète asphyxie sociale. Le élites historiques renversées dans tous nos Etats, et qui ne subsistent souvent qu’à l’état de lambeaux, par la faction libérale, qui réussit, par le droit, à dissoudre les patrimoines ancestraux, fondements de l’ascendant nobiliaire, les sociétés d’Europe et du monde sont ainsi sorties de leur propre histoire. Elles ne sont plus que des entreprises commerciales et ce qui subsiste de régimes royaux n’est qu’une devanture publicitaire totalement asservie. Les princes d’Europe ne sont plus même des chefs d’entreprise, à l’exception de quelques petites principautés. Ils sont rabaissés au rang subalterne de commis voyageurs ou de faire-valoir en livrée nationale. Dégénérés non pas tant de leur rang économique, toujours, que de leur être, non seulement ils cautionnent pratiquement toute cette involution mais, tel l’actuel Roi d’Espagne, Don Juan-Carlos de Borbon y Borbon, ils y attachent le principe de leur nouvelle légitimité. Un phénomène analogue se passe dans l’Eglise catholique romaine depuis le dernier Concile œcuménique, et Jean-Paul II en fait ostensiblement et constamment l’éloge comme d’une extension proprement religieuse de cette fameuse " main invisible " lorsqu’il propage une liberté religieuse au for civil externe qui est la négation des droits propres du Magistère sur la conscience de tout homme en ce monde, et la négation du mandat divin donné par Dieu à l’Eglise pour régir non pas seulement les individus mais les sociétés. Si la conscience de l’homme ne doit plus affronter la parole de Dieu qui lui parle par la bouche même de l’Eglise, et par elle seule, en toute qualité possible, sujet ou prince, gouvernant ou gouverné, cette conscience est totalement libre de déterminer par elle-même, et souverainement, ce qu’elle désire tenir pour vrai et bon, faux et mauvais en ce monde.

Et c’est effectivement ce que fait la conscience moderne avec ses nouveaux crimes qui n’en sont pas en eux-mêmes : le racisme, l’antisémitisme, le mépris de la mythologie des Droits de l’homme, ou que sais-je encore ? L’homophobie ou son contraire ? Que deviennent la morale et la raison dans tout ce fatras ? L’homme sans Dieu se construit lui-même des interdits à seule fin crédible de perpétuer sa capacité de haine et de suspicion contre son semblable. Mais cette conséquence n’est que la suite nécessaire du refus de Dieu et des maîtres visibles que celui-ci donne sans cesse à l’homme par les lois sociales naturelles ou par vocation particulière. A cet égard, la nouvelle monnaie européenne en voie de mise en circulation est une illustration parfaite de l’athéisme militant de l’Europe de Bruxelles. Cette monnaie est sans effigie souveraine personnalisée. Elle est donc bien le moyen d’échange d’une société sans visages où l’Argent tient la place du Roi. La main invisible gouverne plus ostensiblement que jamais sans cesser d’être invisible (1)

Et le crime de certains princes, du Roi d’Espagne par exemple, consiste très précisément à favoriser l’invisibilité du pouvoir politique, à en renier toute connexion personnelle, laissant ainsi libre cours à la bête qui, tout aussi invisible, monte et s’affirme dans la terreur anonyme, sans honte, face à l’opinion et aux manifestations de masses silencieuses dont les protestations ne comptent pas parce qu’elles ne sont qu’une coalition de lâchetés dans laquelle le Roi lui-même se glisse occasionnellement, sachant parfaitement, en bon libéral, où est son intérêt, à défaut de chercher où est son devoir… Ce Roi a donc du sang sur les mains. Mais comme nul n’en a cure, il ne s’en soucie pas non plus. Ce Roi est peut-être bien aussi médiocre qu’on dit qu’il fut au temps de Franco, car il n’est point nécessaire d’être intelligent pour savoir où se situe son intérêt du moment. N’importe quel opportuniste semi-analphabète, d’instinct, le sent et agit en conséquence. Ce Roi a en réalité honte du principe royal et fait son possible pour oublier la notion de service du principat chrétien. Son entente plus que cordiale avec Jean-Paul II n’a rien qui m’étonne. Les deux pratiquent la même indifférence au sort futur de leurs sujets. Certes, ils savent pertinemment que s’ils manifestaient des velléités de redressement de leur autorité en prévenant par des mesures adéquates les organisateurs secrets de la terreur de masse de toute mise en danger de la vie de leurs sujets, ils se verraient aussitôt la cible privilégiée de tous les démocrates et défenseurs des droits de l’homme qui s’empresseraient de dénoncer de nouvelles inquisitions, la renaissance de l’Etat policier et du despotisme réactionnaire. Car c’est bien à cette sombre fin que servent ces idéologies. Mais ils oublient néanmoins que l’une des qualités premières d’un prince, civil ou ecclésiastique, est le courage face à l’ennemi, où qu’il soit et d’où qu’il vienne. Un prince lâche est un prince déchu de ses droits.

L’effigie d’une monnaie n’est que le signe économique nécessaire d’une autre effigie, plus substantielle, celle de Dieu en l’homme. En rejetant cette effigie-ci, fatalement, l’autre disparaît. Il n’y a pas de miracle chez les athées ni pour eux.

Michel de Preux

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(1) Ce que j’écris de la monnaie européenne peut et doit s’étendre au service des armes, donc de la vie, que l’on dissocie désormais ouvertement du sort de la patrie ou d’un prince naturel. La main invisible étend son emprise jusque-là, et c’est à son service que se mettent les gouvernements, dont le nôtre, en Suisse, nonobstant les plus solennelles professions de foi en nos constitutions. C’est évidemment de la haute trahison, mais qui ose même le penser ?

Quant à le dire ou l’écrire !…



En direct de Sirius

Devinette – D’où venaient les fleurs qui ont servi à décorer l’ensemble du dispositif du sommet européen de Nice ?

D’Israël… Serait-on en présence d’une mystérieuse " seizième adhésion " que les eurocrates, tout à leur fièvre d’attaquer leur "sommet", auraient omis de nous signaler ? Auquel cas l’on peut se réjouir de savoir nos futurs membres israéliens prêts à embrasser l’Euro et à abandonner leur double système monétaire dollar US – Shekel… Voilà qui a dû, en tout cas, beaucoup intéresser les contribuables européens, sans parler des horticulteurs de la région niçoise et de la Riviera italienne… Magnanime, l’Elysée a fait savoir qu’à titre de compensation, ce sont des fleurs niçoises qui décoreront la présidence pour les fêtes de fin d’année.

Le coup de l’euroblochon – Les fins gourmets vous dirons que le reblochon est un fromage qui peut tendre au sublime pendant ce qu’il est convenu d’appeler le " quart d’heure d’état de grâce ". C’est à peine exagéré, et l’auteur de ces lignes se souvient avoir savouré ce fameux moment de maturité parfaite dans un restaurant d’Evian. A tel point que la date en est restée gravée dans ses papilles ; c’était en août 1962.

Fort de cette nostalgie, il lui était possible de reconstituer cet arôme quand, d’aventure, il tombait sur un spécimen particulièrement savoureux. C’est donc en toute candeur, la narine frémissante et avec un délicieux avant-goût d’anticipation qu’ayant récemment demandé à la crémière un reblochon à point, il se préparait à couronner un agréable dîner.

Il entama… Sous le couteau, la pâte était crémeuse à souhait, le présage était bon.

Il mordit. Aussitôt, une vision traversa son esprit : un fauteuil de dentiste et cette substance malléable, engonçante et pharmaceutique, dans laquelle on vous fait mordre pour relever l’empreinte de votre dentition… Il venait de découvrir le reblochon "euronormalisé".

Depuis, la "substance" attend dans le congélateur, non point de subir une éventuelle analyse bactériologique, qu’elle passerait certainement haut la main, mais parce qu’il entend bien la faire parvenir au célèbre " entarteur " belge, avec prière de monter à Bruxelles la tirer dans la poire du commissaire responsable. Comment pardonner à cette espèce de clone haut-fonctionnarisé, ce virtuose de l’agueusie galopante, cet amoindri du palais, d’avoir, d’un trait de plume, condamné la France à produire des fromages "virtuels" ?

Amis Vaudois, Dieu vous préserve de la saucisse standardisée aux choux génétiquement modifiés et du papet de synthèse.

Gore défait (auf Wiedersehen, mein lieber Mann) après trent-huit jours d’arguties et de " pil-poul " juridique, George Bush jr reste maître du terrain et le programme de mise en œuvre des "Protocoles" accuse un léger retard… Et bien entendu, c’est un dépité Jojo-la-voix-de-son-maître, le danseur de Bir-Zeit, le champion du grain de sel, qui émet sur FR3(1) de sérieuses réserves sur la légitimité de cette victoire républicaine. La constitution américaine est ce qu’elle est, mais on se demande à quel titre et, surtout, dans quel but, un chef de gouvernement étranger intervient publiquement dans les affaires domestiques des Etats-Unis.

Toute vérité (n’) est (pas) bonne à lire – "Un homme qui lit est un homme libre"(2)… C’est sans doute pourquoi tant de livres sont interdits…

Les nains(3), au sommet de Nice – Dans un bel élan d’autosatisfaction, l’actuel – et tout temporaire – président de l’UE et son chef de gouvernement (national) se congratulent des résultats obtenus à l’issue d’un congrès-marathon. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même… Au vu des réactions plus mitigées des autres participants et de l’accueil glacial reçu par ledit président de la part des députés européens à Bruxelles, on est en droit de douter et il semble même, aux dires de certains, que ces fameux résultats défient non seulement l’entendement, mais aussi la simple compréhension et que " plus personne ne sache qui fait tourner l’usine à gaz"(4). Peut-être est-il encore temps d’éclairer l’eurovision de certains de nos compatriotes qui seraient toujours enclins à tenter l’euro-saut

Les pères fondateurs du Traité de Rome, les Monnet et autres De Gaspari, étaient des hommes lucides, qui savaient que la construction d’une Europe unie était une tâche de longue haleine, nécessitant la patiente et savante recherche d’une harmonie subtile aux multiples paramètres, dans le respect des particularités nationales ; bref, une affaire de gens bien élevés, honnêtes et cohérents, nécessitant le travail régulier d’une succession de générations d’humanistes… Pouvaient-ils prévoir que la poursuite de cette grande idée échoirait à des successeurs menés par de tout autres desseins ? Ces nouveaux-venus, souvent issus des grandes école de politique et d’administration surgies de l’après-guerre, abandonnèrent toute idée d’harmonie pour adopter celle – infiniment plus profitable à leurs yeux de myopes – d’un double "marketing", tant politique qu’économique. La recherche d’une construction équilibrée tomba en désuétude face à la notion illusoire de rapport immédiat… en capital et donc, pensait-ils, en voix. En d’autres termes, il fallait que l’Europe se fît, et se fît coûte qu coûte –la belle affaire ! Ils entreraient au Panthéon, laissant leurs "sujets" régler les factures, et les générations suivantes se débattre dans la cacophonie législative qui ne manquerait pas de résulter de leurs manœuvres précipitées, auprès de laquelle les discordances balkaniques passeront, un jour point trop lointain, pour une aimable plaisanterie. Ces "Monsieur Jourdain" de la politique internationale tombèrent dans le piège d’une démocratie qui se révèle, à mesure que percent les réalités et tombent les illusions, beaucoup plus proche. d’une mauvaise dictature(5) que d’un régime à l’écoute des aspirations populaires quelles qu’elle soient. Et l’on peut se demander si c’est bien par naïveté qu’ils donnèrent tête baissée dans le piège d’un Euro asservi au Dollar, aux ordres d’une mondialisation à la botte des Etats-Unis. Cependant, les autosatisfaits cocoricants se congratulent sur l’air d’" Embrassons-nous Folleville " d’avoir préservé un bien illusoire droit de veto en matière de culture, lors même que des dispositifs géostationnaires inondent la planète des bienfaits de la pensée "correcte".

Mais il est temps de se souvenir que nous allons bientôt entre dans le premier siècle d’un troisième millénaire dont je souhaite, du point de vue de Sirius, qu’il reste celui de l’ère chrétienne, laissant aux autres leurs datations respectives, et je formule des vœux pour que les générations à venir, dans l’inévitable révolution de l’audio-visuel cybernétique, conservent la faculté de penser, s’exprimer et rêver, le goût de lire, aussi, en toute liberté.

Mais en attendant, bonnes fêtes à tous !

Max l’Impertinent

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(1)Journal 19-20 du 14.12.2000.

(2)Pierre Dumayet (cité dans " Information Juive " no 203, nov.-déc. 2000, p. 16).

(3)Avec une restriction de pensée possible à l’adresse de ceux qui pensent encore honnêtement servir les intérêts de leurs électorats respectifs.

(4)Charles Pasqua (cité de mémoire) sur " France Info " (12.12.2000).

(5)Cf. les malheureux avatars du Souverain ( ?) autrichien.



L’avis de Louise Cougnard

Madame la Rédactrice,

L’autre jour, en arrivant chez ma fille pour prendre l’apéritif, j’ai trouvé mon beau-fils en train de répondre à votre questionnaire idiot. Du coup, il, enfin mon beau-fils, a été bien obligé de m’avouer que vous alliez sûrement cesser de paraître. Alors, bien sûr, j’ai dit que ce n’était pas trop tôt et que ça ferait toujours une ordure fasciste de moins, et mon beau-fils m’a envoyée promener. Il a même menacé de vous payer au moins un numéro par année, rien que pour m’embêter. Donc, je lui ai dit que s’il faisait ça je ne lui permettrais plus de m’emmener au restaurant le dimanche. Et savez-vous ce qu’il m’a répondu ? Que tant mieux, ça lui ferait des économies et qu’il pourrait alors vous offrir un deuxième numéro. Après toute l’aide que je lui apporte en lui donnant de bons conseils sur tout ! Voilà le résultat de trente ans de mauvaises lectures. On devrait faire une loi pour interdire les mauvais journaux. Mon beau-fils, qui est parano comme tous les fascistes, dit que c’est pour bientôt. Ce serait trop beau. Mais ça viendra et alors tout le monde sera enfin libre. C’est en tout cas ce que me dit ma petite-fille qui étudie la sociologie et la psychologie à la Faculté des sciences sociales et politiques. Elle m’a expliqué qu’à l’université de Lausanne il y a deux bâtiments : le B1 pour les étudiants fascistes qui étudient des choses barbares comme le droit et le B2 qui est réservé aux gens intelligents, ceux qui s’intéressent aux questions sociales, aux lettres et à la théologie de la libération et luttent contre le racisme, pour la paix dans le monde, pour le vote des immigrés, pour l’interdiction des mauvaises lectures et encore pour des tas d’autres belles causes. C’est vraiment une grande joie pour une grand-maman d’avoir une petite-fille qui lui ressemble. Mais ce qui me fait le plus plaisir, c’est que mon beau-fils n’a pas réussi à l’influencer, malgré une éducation ridicule. Pensez qu’il l’obligeait, quand elle avait quatorze ans, à ne sortir qu’une fois par semaine et encore seulement jusqu’à dix heures du soir ! Comment voulez-vous qu’une fille apprenne les chose de la vie dans de telles conditions ! Mais je parie que vous avez agi de même avec vos sales gamins. Et j’espère bien qu’ils vous le font regretter. A-t-on idée d’être aussi rétrograde ?

Ces trente dernières années, je vous ai écrit plusieurs fois pour essayer de vous remettre dans le droit chemin. Vous n’avez tenu aucun compte de mes excellents conseils et vous m’avez même fait passer pour une oie. La preuve : il y a même eu une fois une journaliste suisse allemande ouverte au monde qui a consacré une pleine page de son journal à critiquer vos comportements nazis, vos mauvaises fréquentations et vos vilaines idées. Entre autres, elle disait pis que pendre de la manière infâme dont vous traitiez mes lettres en les accompagnant d’un petit dessin représentant une oie, et, comme elle avait tout compris, elle m’appelait "la courageuse Madame Louise" et soulignait mon indomptable persévérance à vous embêter jusque dans vos propres colonnes*. Ma concierge, qui est allemande mais tout de même très gentille, m’avait traduit l’article, que je gardais toujours dans mon sac. Pour une fois qu’un journal sérieux et objectif parlait de moi, c’était bien naturel. Eh bien ! Savez-vous ce qui est arrivé ? Un jour, j’ai sorti l’article de mon sac pour le montrer à mon beau-fils, histoire de lui ouvrir les yeux sur votre mauvaise influence. Il l’a lu sans problème, vu que sa mère est autrichienne, ce que je ne lui reproche pas, mais quand même, il a crié " ça c’est faux, ça c’est impossible, ça c’est n’importe quoi ! " et il l’a déchiré en mille morceaux, ce qui prouve bien qu’il est coléreux et intolérant, donc fasciste.

Heureusement, vous allez cesser de nuire.

J’espère que votre échec vous procurera de très mauvaises fêtes de fin d’année.

Louise Cougnard

* authentique ! (n.d.l.r.)



Bricoles
 

Encore un crime raciste
 

Le chancelier Schröder s'était répandu en lamentations, à l'instar de la presse à sensation allemande, sur "le crime le plus dégoûtant commis en Allemagne depuis la Seconde guerre mondiale". On en a fait des colonnes entières dans les journaux de l'Europe entière, ainsi que sur les ondes de la radio et de la TV : le petit Joseph Abdulla, (6 ans) noyé en 1997 dans la piscine de Sebnitz (Saxe), aurait été tabassé, drogué, violenté, électrocuté et finalement assassiné par des néo-nazis, désignés nommément par la mère de la petite victime après une patiente enquête de 3 ans.

La suite est presque passée inaperçue : les coupables désignés, immédiatement incarcérés, ont été relâchés après avoir fourni de solides alibis. En revanche, c'est Mme Kantelberg-Abdulla, leur dénonciatrice, qui a été mise en garde à vue et inculpée pour subornation de témoins, lesquels avaient été payés pour incriminer l'"extrême-droite". M. et Mme Abdulla sont des militants d'extrême-gauche dont on avait, une semaine avant, loué le "magnifique combat pour la vérité".

Rivarol

L'hebdomadaire parisien Rivarol, organe de l'opposition nationale et européenne, a édité le 27 octobre dernier son 2500e numéro.
Qualifié, comme il se doit, de périodique d'extrême-droite, fasciste et autres épithètes infâmantes par les ayatollahs de la pensée unique, Rivarol poursuit son apostolat pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Nous lui souhaitons longue vie.
 

La dernière de Francine
 

Certains membres du corps enseignant du gymnase Auguste Piccard, à Lausanne, sont entrés en conflit avec leur directeur, à qui ils reprochent essentiellement… de diriger son établissement. Un lecteur de 24 Heures, qui a consacré à ce risque d'implosion deux articles croustillants, M. Nicolas Stoll, adresse à son quotidien habituel quelques remarques pertinentes :

"(…)on apprend notamment que :
- les faits ne peuvent être établis de manière certaine, si bien qu'une enquête administrative, confiée à un magistrat extérieur au canton a été ordonnée par le Conseil d'Etat,
- mais que la cheffe du département de la formation et de la jeunesse a d'emblée enjoint le directeur de l'établissement en cause de "développer sa formation pour améliorer sa gestion des ressources humaines et son style de conduite, et de se faire accompagner dans sa tâche directoriale par un coaching"."L'autorité, poursuit M. Stoll, a donc fait savoir plus ou moins officiellement aux subordonnés d'un directeur d'établissement scolaire que leur supérieur n'était pas à la hauteur en matière de ressources humaines, un domaine pourtant essentiel à sa fonction. Et cela, alors que les faits et par conséquent les responsabilités ne sont pas établies. C'est ainsi que l'on dénigre un directeur à l'égard de son personnel et que l'on sape son autorité. Il s'agit, de la part de la conseillère d'Etat en cause, d'une grave faute déontologique, qui constitue une forme inadmissible de harcèlement (…)"

On ne saurait mieux dire !
 

Expo .02
 

C'est apparemment sans états d'âme que le Grand Conseil vaudois a accordé les millions demandés, extraits de caisses réputées vides, à l'organisateur d'Expo .02, bastringue sans substance pour artistes déjantés et entrepreneurs voraces.

Combien cette aimable plaisanterie coûtera-t-elle au contribuable ? Qu'importe ! Qui se déplacera ? Qu'importe !

Les naïfs qui ont cru que l'exposition de Hanovre procurerait au commerce local des pluies d'écus ont dû déchanter, comme se lamenteront sans doute les Yverdonnois qui attendent d'Expo .02 notoriété, prospérité et divertissement.

Il n'y a pas que les pieux des arteplages qui sont fissurés. Les cerveaux de la direction stratégique accusent de sérieuses pertes d'huile.
 

Prouver la réalité de l'alarme
 

Lorsque l'entreprise de surveillance a informé M. Bernard Metzger, à 4 heures du matin, que l'alarme avaient retenti dans l'une des bijouteries dont il est propriétaire, il a fallu que le malheureux se lève, s'habille, et se rende sur place pour "contrôler la réalité de l'alarme", avant que la police ne daigne intervenir. C'est la loi de 1998 sur les entreprises de sécurité qui l'exige. Evidemment, les voleurs étaient partis.

On pourrait aller plus loin, pour éviter que la police ne soit dérangée pour des prunes : que la victime d'un cambriolage commence par arrêter le voleur lui-même, lui fasse signer des aveux complets et donner l'adresse du dépôt où il recèle le butin de ses casses précédents.

Ensuite, on pourrait encore convoquer les complices, les immobiliser et alors, enfin, convoquer la police. Si elle n'a toujours pas le temps, on serait prié de commander un taxi et d'accompagner tout ce joli monde chez le juge.