Lausanne 30e année           «ne pas subir»          Octobre  2000 No 298

Sommaire

Faire recette
Une jeune Polonaise à Lausanne
 
 
 

Faire recette

Comme bien l'on pense, le titre de notre dernier éditorial, : "Le Pamphlet est ruiné" n'a pas manqué de susciter l'intérêt de nos peu charitables confrères de la presse quotidienne et hebdomadaire.

Certains se sont contentés d'une simple dépêche d'agence; d'autres, confraternellement, regretteraient "la fin d'une voix, peut-être excessive et choquante, mais qui dit des choses qui doivent être dites"; d'autres encore, comme "Le Temps" du 4 octobre, se sont réjouis que le Pamphlet, étranglé, découvre que "son extrémisme ne fait plus recette".

Selon M. Laurent Busslinger, rédacteur de cette oraison, le Pamphlet, "l'un des périodiques les plus à droite du canton de Vaud et de la Suisse romande, s'est illustré" (depuis la défense de Carabas, célèbre roman de Jacques Chessex) "par des articles xénophobes et racistes".

Nous avons tellement pris l'habitude de lire partout, depuis 30 ans, que notre périodique véhiculait une idéologie "d'extrême-droite" et que sa prose était "xénophobe et raciste" que nous n'avons pas été ni choqués ni même surpris de trouver ces appréciations sous la plume d'un rédacteur - ô combien représentatif - du prêt-à-penser de la gauche caviar.

Il y a fort à parier que M. Busslinger serait incapable de citer un seul article illustrant la xénophobie et le racisme dont nous sommes les prétendus suppôts. Il en va de même du qualificatif infamant d'"extrême-droite" qui sert à désigner indifféremment les brutes imbibées de bière qui cherchent noise, les soirs de beuverie, à de pacifiques requérants d'asile colorés aussi bien que les journalistes qui tentent d'analyser la vie politique avec d'autres clés que les schémas véhiculés par le parti socialiste.

L'éventail des opinions tolérées par le Temps allant du stalinisme le plus opaque au libéralisme inévitablement qualifié de "pur et dur", toute doctrine qui serait située au-delà de ces marges procède sans aucun doute de l'extrême-quelque chose. Mais comme il n'y a rien de connu à gauche du stalinisme, doctrine d'autant plus respectable que beaucoup de rédacteurs de la presse romande bourgeoise actuelle en sont issus, il n'y a donc pas d'extrême-gauche. L'extrémisme ne se rencontre qu'à droite.

Et il est d'autant plus dangereux, ont plaidé des conseillers nationaux dans la séance du 5 octobre, que l'extrémisme de droite est relayé par des partis, et peut conduire à des régimes politiques musclés, alors que l'extrémisme de gauche, de nos jours, n'a d'assise politique nulle part (1).

On conviendra qu'un tel raisonnement, tenu par des députés faisant profession de foi démocratique, a quelque chose de paradoxal.

Mais qu'importe ! Le Pamphlet est donc un périodique d'extrême-droite, comme le sont aussi, selon cette définition, des dizaines d'autres publications qui ne bêlent pas à l'unisson du Temps ou de l'Hebdo, comme le sont des dizaines de milliers de citoyens en Suisse et en Europe dont le vote, pourtant démocratique, menace la petite coterie de centre-gauche qui s'était confortablement installée dans le fromage du pouvoir et qui s'en partageait les prébendes.

Le titre en forme de jeu de mot que nous consacre le Temps est de ce point de vue révélateur : notre extrémisme ne fait plus recette.

A l'évidence, M. Busslinger suggère que l'opulence d'une publication est un signe de sa santé morale et que la ruine financière est le juste châtiment d'une pensée pervertie.

Quand on sait les bassesses auxquelles doit se résoudre le directeur-maketing de nos bons quotidiens pour acquérir (et conserver) les gros annonceurs, qui assurent les deux tiers du budget, quand on connaît la veulerie et l'obéquiosité de nos preux chevaliers de la plume face à leur éditeur, quand on mesure la place consacrée aux commentaires "sportifs" rédigés par des crétins incultes, on comprend pourquoi les meilleures plumes et les opinions les plus originales doivent trouver refuge dans des publications modestes, refusant toute publicité, ou se contenter de la chronique "invité", respectivement de la colonne des lecteurs de "24 heures"(2).

Notre périodique, contrairement à l'ensemble de la presse quotidienne, n'est pas prioritairement un produit qu'il faut vendre. Il aurait dû, certes, assurer des recettes juste suffisantes pour assurer sa propre pérennité, ce qui a été le cas pendant 30 ans.

Je n'entends pas rejeter sur d'autres la responsabilité d'une gestion imprévoyante, ces quatre dernières années, soit dès que les taxes postales ont augmenté brutalement de 460 %. Mais si je n'ai pas vu venir, assez tôt, l'assèchement de nos maigres ressources, c'est peut-être aussi parce que nous n'avons jamais eu pour souci principal de "faire recette".

Mauvaise nouvelle pour M. Busslinger et ses disciples : nous ne nous tairons pas.
 

Claude Paschoud
 

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1. cité par "24 Heures" du vendredi 6 octobre 2000, page 8
2. j'observe, à ce propos, que M. Jean-Marie Vodoz écrit dans "24 Heures" des chroniques absolument excellentes depuis qu'il n'est plus rédacteur en chef de ce quotidien.



Une jeune Polonaise à Lausanne
 

Dans le cadre des échanges de stagiaires organisés par l'European Law Students' Association (ELSA), le Cabinet de conseils juridiques que je dirige à Lausanne a reçu cet été une jeune étudiante de Posnan. A ma demande, elle a accepté de faire un petit bilan de son séjour, qu'elle a rédigé elle-même en français !
C.P.
 

Je suis une étudiante polonaise, venue à Lausanne pour faire un stage de 3 semaines (organisé par "ELSA"), chez un conseilleur juridique. L’objectif d’un tel stage à l'étranger est de rencontrer la culture, la loi et la manière de travailler des juristes dans les pays divers.

Le jour où je suis venue en Suisse, je ne connaissais pas beaucoup sur la loi suisse. C’est pourquoi les premiers jours, je les ai passés à lire les codes et les lois qui m’intéressaient le plus. J’étais étonnée par le fait que la législation suisse, en matière de droit civil (que je connais le mieux) mais aussi dans les autres domaines, est très proche du droit polonais. Même si les deux systèmes sont basés sur le droit romain, j’ai pensé que les années des expériences nationales (autant différentes celles de la Suisse et celles de la Pologne) ont pesé plus sur la législation.

On ne peut pas dire la même chose du système politique suisse et polonais. J’ai étudié à l’Université les systèmes politiques de divers pays d’Europe, mais il faut admettre que le suisse est le plus difficile à comprendre. Etat sans président avec un pouvoir réel ? Le président qui est là juste pour serrer la main des présidents d’autres pays qui viennent en Suisse ? Seulement 7 ministres ? C’était difficile à comprendre. Maintenant que je suis venue, je vois que tout fonctionne bien, et le manque de président "réel" signifie qu’il y moins de problèmes concernant le partage des compétences.

En ce qui concerne la vie hors des horaires d’ouverture du bureau, il y a beaucoup des choses que je trouve gentil. Le fait de sortir pour manger à midi, passer cette heure avec la famille et les amis – j’aime bien. C’est aussi joli de voir que à midi, tout la nation, quels que soient leurs emplois ou habitudes – mange. C’est même plus frappant le dimanche, quand on voit beaucoup de gens faisant le pique-nique au bord du lac…

Et Lausanne. Elle est belle ! On m’a dit, avant de mon départ, que chaque personne qui y vient une fois, veut y revenir après. C’est vrai. J’y ai passé 3 semaines et je voudrais revenir, avec ma famille et mes amis, pour leur montrer la ville, de belles rues, de belles maisons, la ville où il faut toujours monter, la ville où les gens sont toujours gentils… l’une des plus belles villes du monde entier.

Maja Roginska