Lausanne 30e année           «ne pas subir»          Février 2000 No 292

 

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Vocabulaire

Falsifications
 

Vocabulaire

Les principales controverses politiques qui agitent aujourd'hui la Suisse et même l'Europe trouvent, sinon leur origine, du moins un terrain fertile de développement dans l'imprécision du vocabulaire. Il fut un temps, celui de nos lointaines études, où nos bons maîtres nous engageaient, dans nos dissertations, à préciser l'extension et la compréhension des concepts dont nous entendions nous servir.

Aujourd'hui, le même mot est utilisé sereinement par les propagandistes de plusieurs idéologies antagonistes pour désigner des concepts inconciliables, et chacun reproche évidemment au parti adverse sa mauvaise foi.

Prenez la démocratie. Etymologiquement, le mot est simple : Dêmokratia est le régime dans lequel le peuple exerce la souveraineté. Mais qui est le peuple ? Dans le berceau de la démocratie, à Athènes, ni les femmes, ni les esclaves ne faisaient partie du peuple.

Aujourd'hui, en Autriche, par exemple, le peuple est formé de tous ceux qui haïssent M. Haider. Les adversaires du FPÖ étant, à titre exclusif, "le peuple", eux seuls sont évidemment autorisés à se réclamer de la démocratie, et même de fixer la définition du mot. Contrairement à ce que pourrait encore croire un politologue superficiel, le respect des règles démocratiques ne consiste nullement à recueillir les suffrages de tous les citoyens, et de respecter leur verdict selon les lois de la majorité arithmétique. Il s'agit de décider à l'avance qu'il y a des opinions intolérables, qui sont incompatibles avec l'idéal démocratique.

Et clac ! le piège se referme sur le vocabulaire. Il y a donc un "idéal démocratique", sorte de concept philosophique abstrait qui n'a rien à voir avec l'expression de la volonté populaire, sauf si celle-ci se donne un gouvernement acquis unanimement à l'"idéal démocratique" tel que défini.

Et pour illustrer les dangers d'une interprétation large de la démocratie, on nous rappelle qu'Hitler est arrivé au pouvoir par des voies démocratiques. Cette observation, historiquement contestable d'ailleurs, devrait logiquement condamner sans appel la démocratie elle-même, mais curieusement, à l'inverse, elle sert à promouvoir une conception restrictive de ce régime : sera "démocrate" non point celui qui soutient un régime de suffrage universel mais celui qui adopte un certain nombre de "valeurs" : tolérance, ouverture, respect de l'autre, non-discrimination, refus de l'exclusion etc.

Gare à celui qui n'acceptera pas de faire de ces "valeurs" son credo : il sera impitoyablement intoléré, ostracisé, calomnié, discriminé et exclu de la grande famille des vrais "démocrates" par des procédés qu'on ne saurait qualifier de "démocratiques".

* * *

L'initiative dite "des quotas" procède de la même bizarrerie intellectuelle. En créant deux groupes distincts, les hommes et les femmes, sur les listes électorales ou dans les parlements, on viole précisément le principe d'égalité garanti par l'article 8 de la nouvelle Constitution et par toute l'idéologie "démocratique" dont elle se réclame. Le système des quotas permettrait donc, dans un même arrondissement électoral, à une candidate d'être élue avec un petit nombre de voix, parce qu'elle est femme, et à un homme d'échouer, avec un plus grand nombre de voix, parce qu'il est homme.

* * *

En réalité, ces contradictions et ces étrangetés sont parfaitement compréhensibles si on leur applique la bonne grille de déchiffrement.

Les sociaux-démocrates européens ne sont nullement gênés par les alliances avec un parti extrémiste et totalitaire, lorsqu'une telle alliance leur permet d'accéder au pouvoir et de s'y maintenir. Si les Autrichiens avaient mis sur pied des manifestations de rue lorsque M. Jospin a formé son gouvernement, dans lequel figurent plusieurs représentants du parti communiste dont on sait les crimes abominables, on leur aurait rétorqué vertement qu'ils avaient à se mêler de leurs propres affaires, qu'il y avait encore en France un petit dixième de l'électorat qui votait communiste, que M. Jean-Claude Gayssot avait donc légitimement le droit de figurer dans l'équipe dirigeante et que les règles de la démocratie avaient été scrupuleusement respectées.

Les succès remportés par les partis "nationalistes" en Suisse ou en Autriche, qualifiés pour l'occasion d'extrême-droite, de racistes, xénophobes, fascistes, ou même nazis créent dans les familles politiques une seule peur, horrible : non pas la peur de voir le fascisme renaître de ses cendres, ça c'est le discours pour effrayer les petits enfants et pour mobiliser les militants de la base. Non ! la vraie terreur, c'est que l'équipe en place puisse perdre le pouvoir. Et perdre le pouvoir, c'est aussi permettre qu'un autre aille fouiller dans vos tiroirs au Ministère, qu'il y découvre vos petites et grandes combines pour assurer l'établissement de votre patrimoine personnel, les enveloppes, les commissions, les salaires et honoraires de complaisance.

La controverse sur la participation du FPÖ au gouvernement autrichien et celle sur l'initiative des quotas en Suisse ont ceci de commun qu'elles semblent se référer à des principes, juridiques, politiques, moraux et qu'en réalité elles se résument l'une et l'autre en un combat entre ceux qui ont le pouvoir (et veulent s'y maintenir) et ceux qui ne l'ont pas encore (et veulent y accéder).

Si ces derniers l'emportent, seule l'identité des détenteurs du pouvoir changera. Et les mécontents, qui seront vraisemblablement toujours les mêmes, appelleront au pouvoir ceux qu'ils en avaient chassés, en usant du même vocabulaire pompeux.

Claude PASCHOUD


 

 
Quand on veut faire taire les pierres

Les falsifications de l'Histoire dalmate
 

Du 26 octobre 1999 au 15 janvier 2000, au Vatican, a été présentée une exposition intitulée "Croates, Art, Foi et Culture", organisée par un ministère de Zagreb. Les œuvres d'art étaient italiennes, principalement vénitiennes, voire de l'antiquité romaine ! Se parer des plumes du paon, quel monumental culot !

Devant tant de mauvaise foi, le Mouvement national "Istria, Fiume, Dalmazia" a demandé au Ministère italien des biens culturels de mettre fin à cette inqualifiable tentative de falsification de la culture dalmate, qui fait partie intégrante de l'Histoire italienne.
 

* * * Aucun tribunal international n'a jamais poursuivi ni jugé les monstrueux crimes de guerre, les actes de barbarie, les massacres de '44-'45 perpétrés par les partisans communistes du "maréchal" Tito contre les populations civiles italiennes, inermes, de Trieste, d'Istrie et de Dalmatie.

Personne, sur le plan international, ne s'est jamais occupé des populations latines chassées de leurs propres terres, spoliées, anéanties, réfugiées, aucune condamnation, aucune excuse, aucune réparation matérielle ni morale, aucune indemnisation. Les "Droits de l'Homme" ne semblent pas avoir retenu l'évident génocide, les "foïbes", les fosses communes… Les noms de Ragusa, Pola, Zara, Spalato, Traù, Fiume, Montana et tant d'autres localités (à l'orthographe pourtant respectée par le funeste François-Joseph) ont été slavisées avec l'entière complicité des "libérateurs" alliés et la lâcheté officielle de l'Europe, ils sont devenus Dubrovnik, Trogir, Pula, Zadar, Split, Rijeka, Motovum etc.
 

* * * Trente ans auparavant, le 26 avril 1915, à 15 heures, l'Italie signe le Traité secret de Londres avec l'Entente; elle participera à la guerre sous certaines conditions. L'Entente accepte toutes les revendications territoriales de l'Italie.

L'article 5 de l'Accord secret a trait à la Dalmatie; il promet à la nouvelle alliée le rattachement de l'Istrie, de la Dalmatie et des îles situées au Nord et à l'Ouest.

L'article 7 prévoit que l'Italie sera chargée de représenter l'Albanie dans ses relations avec l'étranger.
Nous savons tous qu'à la fin de la première guerre mondiale, les "alliés", face à l'Italie, n'ont pas tenu parole, (Passato il pericolo, gabbato il Santo !) par peur certaine de voir l'Adriatique vénitien devenir un "Mare claustrum", obstacle à leurs aspirations hégémoniques. Avec Wilson, ignorant tout de l'Europe, les soi-disant "démocrates" créent une mosaïque anti-italienne formée de Croates, de Slovènes, de Macédoniens, de Hongrois, d'Allemands, de Musulmans, d'Albanais, étouffant les Italiens de côte adriatique sous la houlette de la Serbie des Karageorgévich, atteints de la folie des grandeurs.

Avant la grande guerre déclenchée à Sarajevo, la Serbie qui avait durement subi pendant quatre longs siècles l'occupation turque, est un Etat exclusivement balkanique. Grâce aux calculs égoïstes, erronés, des Français et des Anglais, la Serbie ose se pencher pour la première fois sur l'Adriatique des grandes civilisations, prétendant y jouer un rôle important. Les grandes erreurs de Versailles, vingt ans plus tard, vont plonger le monde dans une seconde conflagration.
 

* * * Un jour de 1932, alors que l'on commémore le dixième anniversaire de la Marche sur Rome, à Traù, sur le littoral dalmate, des sculptures vénitiennes sont brisées par le fanatisme slave. On s'en prend à l'effigie des lions, emblème de Saint Marc de la République Sérénissime. Simultanément aux actes de vandalisme, on tue à Veglia, on procède à de lâches ratonnades contre des représentants commerciaux, des techniciens ou des touristes venus de la Péninsule.

Les ignobles profanations, les sanglantes provocations sont dénoncées au Sénat le 14 décembre 1932 par Mussolini lui-même après une mise au point de Corrado Ricci, éminent critique et historien de l'art.
(…) "Les Lions de Traù ont été détruits. Ils sont devenus un symbole vivant, un témoignage durable; seuls les arriérés sans culture peuvent croire que par l'anéantissement des pierres on peut tout effacer de l'Histoire. (…) Pendant quatre siècles, la Dalmatie a été défendue et civilisée par Venise; et lorsque, vers la fin du XVIIIe siècle, la Sérénissime termine le cycle de sa magnifique Histoire, les habitants dalmates prennent soin de conserver les glorieux étendards de Saint Marc. (…) Les vrais coupables sont à rechercher parmi certains éléments à la tête de la classe dirigeante de l'Etat voisin : leur propagande de haine et de calomnie contre l'Italie constitue la tentative programmée de rétablir une quelconque cohésion interne par une diversion d'intérêt vers l'extérieur. Non moins graves sont les responsabilités d'autres éléments que je qualifierais d'"européens" qui, en vain, espèrent nous faire perdre toute patience ! (…)"

Les différents peuples de l'artificielle "nation yougoslave", inventée et manipulée par les pseudo-démocraties se servant du fou désir expansionniste de la petite Serbie, ont connu les plus grands malheurs; et la Yougoslavie, née à Versailles, n'a pu échapper à sa récente implosion finale !
 

Giuseppe PATANÈ