Bavures
Pour la presse de boulevard dont le niveau intellectuel
et moral frise le zéro absolu, la mort tragique d'un gangster français,
abattu par un policier genevois, est évidemment une "bavure" : on
accordera, fausse fenêtre pour la symétrie, une petite interview
à M. Gérard Ramseyer, patron de la police genevoise, et on
laissera principalement la parole aux lamentations hypocrites de la famille
du défunt, qui prétend avoir tout ignoré des activités
délictueuses des malfrats, pourtant plusieurs fois condamnés
: tous bons fils, bons époux, bons pères, de bien braves
antiquaires qui se présentaient munis de fausses cartes de police,
pour rigoler, chez des vieilles dames qu'ils soulageaient de leurs économies
superflues.
Face à ce gentil petit gang même pas armé, un Rambo au front bas, membre des services techniques de la police scientifique, qui aurait pu continuer son chemin en alléguant qu'ils avaient déjà passé lorsque l'avis lui est parvenu, ou qu'il avait renoncé à intervenir pour ne pas mettre en danger la sécurité des tiers, ou quelque autre excuse, et qui se serait contenté d'indiquer par radio la route suivie par les brigands, comme au jeu de la patate chaude.
Le courageux fonctionnaire a pris ses responsabilités. L'enquête établira s'il a excédé son devoir de fonction, mais la rédaction du "Matin" a pris parti : le policier a "brisé toute une famille".
On ne se souvient pas d'une telle mansuétude pour la famille du douanier sauvagement écrasé par d'autres (peut-être sont-ce d'ailleurs les mêmes) représentants de cette si sympathique pègre française; on n'a que peu de considération pour les vieilles toquées assez stupides pour laisser pénétrer chez elles faux plombiers, faux policiers et faux représentants de la régie.
Pour jouir de la sympathie des media, mieux vaut être
une victime de la police qu'une victime du voleur.
Elle-même incite vivement ses compatriotes de lui "rendre un peu de la joie qu'elle leur a procurée" du temps de ses exploits sportifs, lesquels, soit dit en passant, lui ont tout de même rapporté plus que le RMR.
Espérons que les petites vendeuses de grands magasins
et que les retraités AVS à Fr. 2010.- par mois sauront mettre
la main au crapaud et constitueront en faveur de Lise-Marie le jackpot
que la Française des jeux lui a obstinément refusé
jusqu'à aujourd'hui. Il me paraît en outre qu'un don de la
Loterie romande serait le bienvenu. Et puis, une collecte nationale en
faveur d'une malade du jeu, ça nous changerait agréablement
des campagnes charitables habituelles, dont les bénéficiaires
sont toujours des malheureux tombés dans le dénuement injustement,
sans faute de leur part. Ce serait un peu la revanche du vice sur la vertu.
Et ce serait en outre une formidable opération de publicité
pour le futur grand casino de Montreux… ou de Lausanne : après Guizot
et son "enrichissez-vous", voici Morerod : "ruinez-vous calmement, Ogi
veille sur vous".
Claude Paschoud
M. Claude Vorihon, dit "Raël", a été contacté en 1973 par des extraterrestres habitant une planète située à neuf milliards de kilomètres, qui l'ont chargé de répandre une nouvelle religion athée sur terre. Et il s'acquitte de cette mission, depuis 25 ans, avec une belle persévérance.
En France, cette équipe de doux dingues a été estampillée "secte dangereuse" par le rapport "les sectes en France" enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale en 1995. Dangereuse, selon les députés, car remplissant au moins l'un de dix critères suivants définis par les Renseignements généraux (police politique dépendant du Ministère de l'Intérieur)
- déstabilisation mentale
- exigences financières exorbitantes
- rupture avec l'environnement d'origine
- atteintes à l'intégrité
physique
- embrigadement des enfants
- discours antisocial
- troubles à l'ordre public
- démêlés judiciaire
- détournements des circuits
économiques
- infiltration des pouvoirs publics
Peut-on me citer une seule religion, officielle, qu'on n'ait pu accuser de toutes ces calamités, pour autant qu'on n'y adhère pas et qu'on la tienne pour vaine superstition ?
A propos, quel était le prix qu'une honnête congrégation religieuse réclamait à une jeune fille de bonne famille manifestant le désir d'entrer dans ses ordres ?
Une fois entrée au couvent, la jeune sœur Marie Gabrielle n'avait-elle pas rompu avec son environnement d'origine ? N'est-il pas arrivé, dans ces établissements et jusqu'à une époque très récente, que les religieuses infligent aux novices et aux élèves laïques des châtiments corporels très durs ?
Le discours des moines contemplatifs n'est-il pas par essence antisocial ? Le prosélytisme n'implique-t-il pas la conversion du plus grand nombre, y compris des magistrats ?
Le grief le plus ridicule est celui de "démêlés judiciaires", sans autre précision. Car sera immanquablement l'acteur de "démêlés judiciaires" celui qu'on aura traîné devant les tribunaux, même sans aucun motif.
Certains ont besoin de haïr. La haine est la seule
justification de leur médiocrité. Comme ils sont trop lâches
pour manifester publiquement leur haine à l'endroit des puissants,
ils s'en prennent, nuitamment, à des affiches : recouvrir en catimini
un portrait de Christophe Blocher de croix gammées ou apposer sur
les affiches du mouvement raélien des slogans diffamatoires leur
paraît le summum du courage politique et de
l'hygiène sociale.
C.P.