Lausanne 29e année «ne pas subir» Juin-juillet-août 1999 No 286

Sommaire :

Démocratie
Les idées qui tuent
Bricoles



 

Démocratie

Ah ! qu'il est difficile d'être démocrate, en Suisse, lorsque le peuple ignare, obtus, frileux, machiste, rétrograde et fossilisé ne vote pas dans le sens prescrit par ces dames de la grande Presse.
Nos journaux du 14 juin n'étaient pas assez épais pour contenir l'expression de la colère, de la honte, de la douleur, de l'amertume de ces dames. Un nouveau dimanche noir, plus noir encore que celui de décembre 1992 où la Suisse s'était repliée sur elle-même, pour cultiver ses égoïsmes, ses peurs et ses frustrations.
On a coutume de dire, les soirs de votation, que le peuple a toujours raison et de s'incliner avec résignation, relève Mme Chantal Tauxe dans son commentaire de "24 Heures". Mais qu'est-ce que ce peuple souverain quand, dans une campagne de votation, l'argent fait la différence ? Qu'est-ce que ce peuple souverain quand la moitié de celui-ci ne se sent pas concerné par des enjeux aussi importants que la politique d'asile ou l'assurance maternité ?
La question, en effet, n'est pas dépourvue d'une certaine pertinence, mais Mme Tauxe ne la pose que lorsque le peuple lui donne tort. Or, le taux d'abstentionnisme est relativement constant et les perdants ont toujours l'impression que leurs adversaires l'ont emporté grâce à des moyens financiers qui excédaient leurs possibilités, et grâce aussi à des arguments de mauvaise foi.
On a pu entendre les mêmes discours en Valais, après la décision du CIO d'attribuer les Jeux d'hiver 2006 à Turin : honte, scandale, argent, mauvais foi…
Le diagnostic est peut être pertinent, mais on est tout de même surpris de l'entendre dans la bouche de commentateurs qui se feraient hacher menu plutôt que d'admettre la stupidité fondamentale de l'idéologie démocratique. Ils nous répètent avec des mines ravies ce mot qu'on attribue à Winston Churchill : "La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres", comme s'il s'agissait d'une pensée politique d'une rare profondeur.
La démocratie consacre, sans états d'âmes, la tyrannie du nombre. Même lorsqu'un objet est soumis au vote populaire, la droit est dit par la majorité des votants, lesquels représentent en général une minorité des électeurs, eux-mêmes étant une fraction de la population totale. C'est dire que l'avenir de ce pays est décidé par une petite minorité de personnes, très légèrement supérieure à la plus petite minorité de leurs adversaires.
Tout cela est bien connu, et Mme Tauxe et ses congénères s'en accommodent fort bien lorsque le résultat des urnes leur est favorable. Là, il ne s'agit plus d'un vote fondé sur la toute puissance de l'argent gagné par des arguments de mauvaise foi. Il s'agit au contraire d'un peuple qui manifeste sa maturité, son bon sens, sa confiance en la sagesse du Conseil fédéral, qui veut construire son avenir, qui appelle aux progrès de la mondialisation, du libre-échangisme universel, de la construction européenne, de la solidarité et de toutes les autres tartes à la crème dans l'air du temps.
C'est comme la liberté d'expression, qui est une et indivisible, une des conquêtes de la Révolution et qui doit être défendue dans son principe, pour autant que vous n'ayez pas l'intention criminelle d'exprimer des idées contraires à celles de tout le monde.
Il faut d'urgence réformer nos institutions. La première mesure à prendre est de comparer les résultats des votations, ces cinq dernières années par exemple, avec les bonnes solutions, c'est à dire celles que proposait Mme Chantal Tauxe. S'il apparaît que le peuple s'est trompé plus d'une fois sur deux, nous proposerons que les grandes questions qui engageront l'avenir de notre pays soient tranchées par un écu d'argent, à pile ou face. On devrait, statistiquement, aboutir à un résultat légèrement meilleur et on s'économiserait (on ferait aussi économiser aux partis) les frais considérables des scrutins.
L'idéal, ce serait évidemment que le peuple délègue à Mme Chantal Tauxe elle-même le soin de prendre, en son nom, toutes les décisions futures. On serait sûr, de cette façon, que les solutions retenues seraient toujours les bonnes, et que le peuple suisse ne se tromperait jamais. Mais le peuple aura-t-il la maturité nécessaire pour accepter cette délégation de compétences ? Peut-être, pour autant que l'affreux Blocher, avec tout son argent et quelques arguments de mauvaise foi, ne vienne s'y opposer.
 

Claude PASCHOUD



Les idées qui tuent !

                                        "Aucune violence ne sera faite à la liberté humaine; le divin Esprit laissera tout
                                        tenter au Successeur de Pierre; mais il faut cependant qu'il poursuive sa mission:
                                        Qu'un Decius produise par ses violences une vacance de quatre ans sur le siège de
                                        Rome, qu'il s'élève des antipapes soutenus les uns par la faveur populaire, les
                                        autres par la politique des princes, qu'un long schisme rende douteuse la légitimité
                                        de plusieurs Pontifes, l'Esprit-Saint laissera s'écouler l'épreuve, il fortifiera, pendant
                                        qu'elle dure, la foi de ses fidèles; enfin, au moment marqué, il produira son élu, et
                                        toute l'Eglise le recevra avec acclamations."

                                        Dom Guéranger, l'Année liturgique, mercredi des Quatre-Temps de Pentecôte

 

De l'attention portée à un simple travail de jardinage par le concierge de mon immeuble, je tirai une leçon de science politique et sociale. Je le vis désherber une partie du parc, et presque aussitôt les pousses qui y étaient à leur place, indistinctes et mêlées à la mauvaise herbe, se dressèrent, comme soulagées par le départ de plantes concurrentes et parasitaires, étouffantes. La métamorphose était immédiate et saisissante. Il en va de même dans la vie sociale. Là aussi, il faut émonder, tailler, parfois même trancher dans le vif, c'est-à-dire briser des vies dangereuseset dont la prolifération empêche le développement des
pousses saines et fécondes. Or la défense des valeurs dites "démocratiques" incite les autorités sociales et politiques contemporaines, dont elles constituent le fond de commerce, à procéder de manière rigoureusement inverse : si elles ne peuvent évidemment sévir contre les bons, entraver ostensiblement le développement des intelligents, stériliser la création et la qualité supérieure, elles peuvent par contre fort bien, dans ce régime, mettre tous les obstacles possibles à la bonté, limiter ou dévoyer le développement des intelligences, agir sur la création en déformant peu à peu le goût par le tarissement du sens religieux
notamment, égarer enfin le grand nombre sur les critères de supériorité réelle, de sorte que l'effet attendu se produira en toute certitude à long terme, comme si les bons subissaient la peine due aux méchants, comme si le sort des simples d'esprit passait aux créateurs et celui des falsificateurs et des spéculateurs véreux aux travailleurs honnêtes et consciencieux. La subversion serait parfaite en s'exécutant au nom de l'humanisme le plus pur, au nom de la solidarité la moins contestable; on ferait même appel aux autorités religieuses et spirituelles pour donner un surcroît de religiosité, un suppléement d'âme mensonger à
l'opération mystificatrice.

Qui ne voit dans ces inversions catastrophiques la main de Satan agitant l'esprit révolutionnaire des hommes au nom d'un ordre social nouveau, celui des Droits de l'Homme, de la démocratie universelle, du devoir d'ingérence humanitaire, de la tolérance indistincte, du refus de toute discrimination, de l'égalité fraternelle forcée, de la solidarité pour les plus humbles, les plus démunis et pour les marginaux de toutes mœurs et confessions, pour l'égalité de traitement de toutes croyances et opinions, l'équivalence de toute morale, bref pour le chaos administré et contre les mythes fascistes ou autoritaires de l'ordre dicté par la nature des choses, a fortiori contre celui donné par Dieu dans son Eglise !

Une certaine manière de traiter les drogués, les délinquants et les criminels, avec des ménagements calculés et de motivations équivoques, est en réalité un tort causé aux personnes saines, aux gens honnêtes et méritants, car queles que soient les circonstances expliquant la déchéance d'un être humain, celle-ci n'en demeure pas moins une déchéance à considérer et à traiter comme telle. Cette déchéance a droit, en toute équité, à un traitement dur, sévère, répressif et même occasionnellement humiliant. La recherche de l'amendement doit sans doute accompagner la peine. Elle tend de nos jours à s'y substituer purement
et simplement ! Ces faveurs octroyées à qui n'y a aucun droit, cette volonté insistante de réinsertion sociale d'éléments pathogènes - qui fait parfois des victimes , au point que la magistrature ou l'administration ont pu être mises en cause publiquement (nous songeons ici aux crimes de sadiques) -, ce refus obstiné de reconnaître la nécessité de la peine capitale, que l'on trouve exprimé même par Jean-Paul II, ont, il faut le dire, quelque chose de dément, indépendamment de la cruauté dont témoigne une telle attitude, qui ne peut en aucun cas se réclamer des valeurs chrétiennes.

Mais la subversion est aujourd'hui sûre d'elle-même au point de se permettre de juger dangereuses les idées qu'elle juge indésirables. N'en avons-nous pas maints exemples à propos du Front national ? De telles luttes préventives mobilisèrent des dizaines de milliers de personnes prêtes à en découdre dans la rue, sans compter les règlements de comptes en périodes électorales. Pendant que l'on jette en prison un préfet de région dont les investigations fouillées ont permis de découvrir l'assassin de son prédécesseur, le préfet Erignac, qui s'étonne d'apprendre que l'homme recherché par la police est le fils d'un ancien député socialiste et que le mouvement nationaliste corse, dont nul ne demande l'interdiction, affiche une solidarité à peine dissimulée avec le meurtrier ? Dans l'affaire Boudarel déjà, on avait adopté et admis les mêmes silences. Lorsque l'on passe à l'Islam, l'auto-censure des bien-pensants est encore plus frappante. Jamais les massacres en Algérie, pratiquement quotidiens, ne sont liés à la religion de ces populations. Tout l'arsenal anti-inquisitorial reste prêt, néanmoins, à la moindre alerte qui surgirait du côté catholique.

On voit pire encore : la presse religieuse, la presse confessionnelle, voler au secours, sinon des assassins, des prélats qui ont, tels les révolutionnaires de 1789 ou de 1917, habillé leurs crimes, ne les ont jamais dénoncés et condamnés une fois commis mais les ont au contraire intellectuellement et moralement préparés au mépris flagrant de toute prudence, par haine, secrète mais réelle, des victimes, sur lesquelles, maintenant, et sans aucun repentir, ces prélats étendent une hypocrite et vaine sollicitude. Nous voulons parler, bien évidemment, de ce scandaleux prélat valaisan, André Perraudin, ancien archevêque de Kigali, dont le ralliement au progressisme catholique, favorable à la démocratie moderniste, ne pouvait s'accommoder des hiérarchies sociales traditionnelles au Ruanda, où une minorité ethnique gouvernait légitimement une majorité appartenant à une autre ethnie, comme c'est naturellement le cas, mutatis mutandis, partout où la constitution naturelle des sociétés et des Etats n'a pas été bouleversée par les idées fausses de la Révolution française qui fait actuellement le malheur de l'Afrique du Sud, où les Blancs eux-mêmes en sont victimes à leur insu. Cette haine que véhiculent toutes les idées révolutionnaires était déjà celle des philosophes qui avaient inspiré la Révolution, et norammentdu solitaire de Königsberg, Emmanuel Kant, aussi haineux à l'égard des princes que les Hutus du Ruanda le sont à l'égard de leurs anciens maîtres, les Tutsi.

Ces idées, dont l'humanisme n'est tant vanté en Occident que parce qu'elles n'ont plus d'adversaires déclarés - j'en suis un et connais par voie de conséquence à la perfection ce qu'il en coûte toujours réellement de les combattre publiquement - ressuscitent les vieilles haines et les mêmes terreurs révolutionnaires chaque fois qu'elles ont à affronter une réalité sociale qui leur est contraire. C'était le cas au Ruanda. L'Eglise locale, ignorant sciemment l'authentique doctrine sociale de l'Eglise, avec l'appui de Rome, favorisa sans aucune retenue le progressisme engagé dans la meilleure tradition démocrate-chrétienne et sillonniste, hypocritement conservatrice et sincèrement révolutionnaire. L'ethnie inférieure des Hutus en tira argument pour commettre un génocide avec la complaisance du clergé catholique local et même de la Hiérarchie ou d'une partie d'entr'elle. Ce sont là des évidences que nul ne peut plus contester. Le successeur d'André Perraudin au siège archiépiscopal de Kigali, Mgr Nsengiyumua, sera du reste assassiné en 1994 et il ne vient à l'idée de quiconque, y compris dans l'Eglise, de considérer ce dernier comme un martyr, voire même une victime politique. Cette position est un aveu. Or Jean-Paul II n'a pris aucune sanction, ni aucune distance avec des prélats qu'il savait avoir du sang dans les mains ! L'unique évêque sauvant l'honneur de l'Eglise pour rappeler ces choses est Mgr Richard Williamson, dans un article que publia la revue thomiste des Pères dominicains d'Avrillé Le Sel de la Terre . Ce prélat y citait trois textes de SAint Pie X que nous reproduisons ici sans commentaires :

1 La société humaine, telle que Dieu l'a établie, est composée d'éléments inégaux, de même que sont inégaux les membres du corps humain; les rendre tous égaux est impossible et serait la destruction de la société ell-même.
(Encyclique Quod apostolici muneris de Léon XIII, reprise par Pie X dans son Motu proprio du 18 décembre 1903);

2 L'égalité des divers membres de la société consiste uniquement en ce que tous les hommes tirent leur origine de Dieu, leur créateur, qu'ils ont été rachetés par Jésus-Christ, et qu'ils doivent, d'après la mesure exacte de leurs mérites et de leurs démérites, être jugés, récompensés ou punis par Dieu. (Ibid.);

3 En conséquence, il est conforme à l'ordre établi par Dieu qu'il y ait dans la société humaine des princes et des sujets, des savants et des ignorants, des nobles et des plébéiens, qui, tous unis par un lien d'amour, doivent s'aider réciproquement à atteindre leur fin dernière qui est dans le ciel, et, sur la terre, leur bien matériel et moral. (Ibid.).

Michel de Preux
 



BRICOLES
 

LES BEAUX PRINCIPES

Créer des classes séparées pour les élèves étrangers est anticonstitutionnel. Cela enfreint les principes d'égalité de traitement et de non-discrimination, estime le Conseil fédéral, selon une dépêche de l'ATS parue dans nos quotidiens le 5 juin. A Berne, le gouvernement a rejeté une motion d'un député démocrate suisse demandant la création de classes distinctes dans les écoles comptant moins de 50% d'enfants parlant couramment l'allemand ou le français.
Ces beaux principes ne sont évidemment valables que pour l'école publique. Si vous êtes assez fortunés, vous aurez toute latitude pour placer votre enfant dans des classes particulières et des cours à niveaux, voire dans des écoles exclusivement réservées aux enfants de religion israélite.
La discrimination fondée sur le fric, ça n'est pas anticonstitutionnel et ça n'enfreint pas les principes d'égalité de traitement, de non-discrimination, voire de racisme.

PROMOTION

Mme Joelle ISLER, rédactrice à "24 Heures", conviait ses lecteurs à assister à un débat "à propos du révisionnisme", avec Pierre Vidal-Naquet le 9 juin dernier. De débat, il n'y eut évidemment point, puisque l'art. 261 bis du code pénal l'interdit. Mais la soirée permit à l'organisateur, l'association romande contre le racisme, d'assurer la promotion d'un opus récent : "Suisse : un essai sur le racisme d'Etat, 1900-1942" critiquant (évidemment) "l'antisémitisme suisse officiel". Ses auteurs ? Anne Weill-Lévy, Karl Grünberg et… Joelle Isler.

CONFÉRENCIERS

M. Bertrand Piccard, qui refuse d'honorer de sa présence la fête d'un orphelinat à moins qu'on ne lui verse des honoraires de dix mille francs, devrait offrir ses services à l'organisation américaine "Washington Speakers Bureau". Cette firme vient de signer un contrat avec M. Benjamin Netanyahou, ex-Premier ministre d'Israël, aux termes duquel celui-ci gagnera 60'000 dollars par conférence d'une heure.
Faire un tour du monde en ballon, sans escale, est un exploit dont le mérite revient principalement au constructeur et aux météorologues restés au sol. Dès lors, il faut être naïf pour croire que M. Piccard, fils et petit-fils de véritables scientifiques, pourrait avoir quelque chose à dire. Et pour le prix qu'il exige, autant dix minutes de Bibi !
 

LUTTE

Au lendemain du scrutin approuvant la distribution d'héroïne, par la Confédération, à trois fois plus de toxicomanes, les partisans de l'Etat-dealer sont soulagés, nous apprend une dépêche ATS : "La Suisse peut continuer de lutter contre la drogue (sic !) plutôt que de combattre ceux qui en dépendent" proclament-ils.
Distribuer de la drogue, n'est-ce pas une étrange manière de lutter contre elle ?

EPURATION

L'arrivées des soldats de l'UCK au Kosovo fait fuir des milliers de Serbes, qui habitaient cette province depuis plusieurs générations. Contrairement à ce qu'on pourrait supposer, il ne s'agit pas, là, d'une opération d'épuration ethnique. Ce ne sont pas les forces albanaises de l'UCK qui chassent les civils serbes, mais ce sont les Serbes qui, de leur plein gré, décident de s'en aller. C'est leur droit !