La guerre
des "fonds juifs"
Le film de l’été
Même le conseiller fédéral Pascal
Couchepin l’a
proclamé : c’est bien une guerre psychologique
que
mènent contre la Suisse les organisations juives
et leurs
avocats : "Ce qui les intéresse, c’est combien
la Suisse
et ses entreprises sont prêtes à payer.
Ils nous disent :
nous sommes en mesure de vous occasionner tel
dommage, et si vous payez la moitié, vous faites
encore
une bonne affaire".
Guerre psychologique, racket, chantage, le feuilleton
de
l’été se poursuit.
Après l’échec des négociations, au
tout début juillet, le
Congrès juif mondial s’en prenait violemment au
Conseil
fédéral lui-même, l’accusant d’être
responsable d’une
montée de l’antisémitisme et du racisme
en Suisse.
Les représentants du Crédit suisse et de
l’UBS, MM.
Robert O’Brien et Richard Capone, se montraient
extrêmement déçus des menaces de
sanction agitées par
la commission Havesi (du nom du chef des finances de
New York) "alors qu’aucune institution dans le monde
n’a répondu de façon aussi positive que
nous".
Personne n’avait expliqué à ces malheureux
que le fait
même de discuter avec un maître chanteur
rend
inévitable la ruine totale de sa victime.
Le public commence à s’irriter : un sondage
Isopublic-Gallup réalisé les 3 et 4 juillet
démontre que
50% des Suisses estiment que Berne devrait cesser les
versements au Fonds pour les victimes de l’Holocauste,
61% de la population réclame une plainte contre
Washington auprès de l’Organisation mondiale du
commerce, 59% des Suisses estiment que les banques
suisses ne devraient pas proposer plus de 600 millions
de dollars au organisations juives et 22% pensent même
qu’elles devraient retirer leur offre.
Le sous-secrétaire d’Etat américain Stuart
Eizenstat a
exigé, lors d’un téléphone à
M. Flavio Cotti, que la
Suisse (Confédération ou BNS) contribue
pour plus de
300 millions de dollars, au dédommagement. M.
Cotti a
refusé d’entrer en matière.
De son côté, M. Abraham Burg, président
de l’Agence
juive, exigeait la démission de M. Thomas Borer,
chef de
la "task force", lequel a refusé de prendre part
au show
organisé par le sénateur d’Amato.
M. Jean Ziegler, en revanche, a accepté l’invitation.
MM. Ed Fagan et Robert Swift, les avocats américains
représentant les intérêts de 31'000
"survivants de
l’Holocauste" déclaraient le 15 juillet : "Si
les banques
suisses veulent que nous les laissions saigner, alors,
nous les laisserons saigner". On apprend, à cette
occasion, que 100'000 "survivants de l’Holocauste"
vivent aux Etats-Unis.
Mercredi 12 août, le Crédit suisse et l’UBS
arrivaient à
un accord global avec les avocats représentant
les
victimes de la Shoah : les banques verseront 1, 25
milliards de dollars aux plaignants juifs. Ce versement
mettra fin à trois plaintes, dont celle de M.
Christoph
Meili, ancien gardien à l’UBS, qui renonce à
sa
revendication de 60 millions de dollars d’indemnité
et 2,5
milliards d’amende. C’est le juge fédéral
Edward R.
Korman qui décidera de l’affectation des fonds.
De son côté, l’Etat d’Israël annonçait
qu’il voulait "avoir
le contrôle sur la distribution des fonds des survivants
de l’Holocauste et de leurs héritiers en Israël".
Le
porte-parole du premier ministre, M. David Bar-Ilan,
soulignait que l’Etat hébreu "représente
le peuple
d’Israël et doit en répondre devant lui,
ce qui n’est pas
toujours le cas des organisations juives".
Le 21 août, le conseil de banque de la BNS décidait
de ne
pas participer au paiement de 1,25 milliards, au grand
dam du Crédit suisse et de l’UBS, qui espéraient
de notre
institut central "une certaine solidarité".
Pour une fois bien inspiré, M. Denis Barrelet,
dans 24
Heures du 25 août, fustige l’arrogance et l’effronterie
des banquiers, et s’inquiète de la personnalité
insaisissable de M. Flavio Cotti, animé par un
seul
critère : son image personnelle et le profit qu’elle
peut en
retirer.
Après les banques commerciales, c’est au tour des
compagnies d’assurances d’être "au cœur de la cible",
comme n’ont pas manqué de le souligner le sénateur
d’Amato et l’avocat Ed. Fagan. Quatre compagnies
européennes, dont la Bâloise et la Winterthur
ont signé
le 25 août à New York un accord extrajudiciaire
visant à
la création d’une commission internationale. Ed
Fagan
s’est opposé à cet accord, car il estime
que "les victimes
ne recevront rien si les organisations juives touchent
l’argent". Pour l’avocat, "ce protocole d’accord ne vaut
même pas le papier sur lequel il est écrit".
Les
plaignants n’ont donc pas l’intention d’abandonner
leurs plaintes.
Le 31 août, le Premier ministre israélien
conviait les
représentants de diverses organisations juives
et de
survivants de l’Holocauste à le rencontrer à
Jérusalem,
dans le but d’éviter une "guerre des Juifs" à
propos de
la répartition des 1250 millions de dollars avancés
par les
banques suisses.
Créé en 1996, la Commission Volcker est
un comité mixte
d’enquête placé sous la direction de l’ancien
président
de la Réserve fédérale américaine.
Selon les premiers
résultats de l’examen de cette commission, cités
par le
Financial Times du 9 septembre, les fonds en déshérence
atteindraient à peine 100 millions (72 millions,
selon
Georg von Segesser, avocat des plaignants), dont seule
une petite partie appartenait à des victimes de
l’Holocauste.
Les questions
J’ai pourtant lu et relu toutes les dépêches
d’agences,
tous les articles que mes très éminents
confrères ont
consacré, jour après jour, au feuilleton
de l’été.
Et je me pose trois questions :
Primo : Je sais maintenant que 100'000 survivants de
l’Holocauste vivent aux Etats-Unis et j’en suis bien
aise
pour eux.
Mais à ce propos, quel est le nombre des "survivants
de
l’Holocauste" dans le monde entier, et qu’entend-on
exactement par cette désignation ? Ce terme générique
comprend-il uniquement les rescapés des camps
de
concentration ou englobe-t-il leurs descendants ?
S’agit-il de tous les juifs domiciliés en Allemagne
et dans
les territoires occupés à un moment quelconque
entre
1933 et 1945 ? Entre 1939 et 1945 ?
Pourquoi les "survivants" devraient-ils toucher une
indemnisation alors même que les descendants de
ceux
qui n’ont pas survécu n’y auraient pas droit ?
En quoi le fait d’être le "survivant" d’un massacre,
quel
qu’il soit, confère-t-il des droits à une
indemnité ? L’Etat
d’Israël par exemple, a-t-il versé des indemnités
à tous
les Palestiniens en prière qu’un médecin
juif fanatique
n’était pas parvenu à massacrer ?
Secundo : Pourquoi les banques suisses, ou la
Confédération, ou la Banque nationale,
ou les
compagnies d’assurance devraient-elles faire plus que
de restituer aux ayants droit les sommes qu’elles leur
doivent ? J’entends par "ayants droit" des personnes
qui peuvent prouver, ou rendre hautement
vraisemblables un titre de propriété sur
un compte dit
"en déshérence", sur le capital d’une assurance-vie,
sur
un dépôt de titres ou de métal précieux.
Tertio : J’entends partout parler d’or nazi "volé".
Tout
l’or détenu par la Reichsbank était-il
volé ? A qui ?
S’agit-il d’or confisqué par des tribunaux réguliers
à des
particuliers, qui s’étaient rendus coupables de
trafic, en
violation des lois économiques de l’époque,
comme
l’article 59 de notre code pénal le prévoit
également ?
S’agit-il de la confiscation, par les troupes allemandes
d’occupation, du numéraire des instituts d’émission
des
pays occupés, comme la Belgique ou les Pays-Bas,
par
exemple, comme l’autorise expressément l’article
53 de la
Convention concernant les lois et coutumes de la guerre,
conclue à La Haye le 18 octobre 1907 et à
laquelle ont
adhéré 35 pays, dont l’Allemagne, la Belgique,
les
Etats-Unis et la Suisse ?
S’agit-il d’or confisqué aux prisonniers des camps
de
concentration ? Avant leur déportation ? sur place
?
Malgré une lecture attentive des journaux, je n’ai
trouvé
aucune réponse à ces trois questions, et
je n’ai trouvé
nulle part qu’un journaliste se les soit posées.
Peut-être qu’aujourd’hui, le seul fait de se poser
des
questions au sujet des prétentions émises
par les
organisations juives tombe sous le coup des
dispositions du code pénal réprimant l’incitation
à la
haine raciale.
Il me paraît néanmoins qu’avant de verser
1,25 milliard
de dédommagement à qui que ce soit, on
pourrait –
poliment – requérir que les demandeurs produisent
des
titres justificatifs de leur créance. Sinon, il
sera difficile
de convaincre le peuple suisse (qui perd dans
l’opération au moins 400 millions sous forme de
manque
à gagner fiscal) que les bénéficiaires
ont mené autre
chose qu’une opération de chantage, de racket
et
d’extorsion de fonds.
Claude PASCHOUD