Alstom Belfort: l'astuce

Le gouvernement français a découvert comment sauver l'usine Alstom de Belfort, qui devait fermer prochainement faute de rentabilité. L'Etat français a passé commande de quarante locomotrices TGV dont la SNCF n'a pas besoin pour 700 millions d'euros. Ces locomotrices seront en partie destinées à remplacer les motrices Corail sur les lignes «normales», ce qui va faire diminuer d'autant les commandes aux usines de Reichshoffen, en Alsace. En somme, on déshabille Pierre pour habiller Paul.

Contrairement à ce qu'on aurait pu craindre, la commissaire européenne à la concurrence n'y voit pas d'obstacle: «Non, nous n'avons bien sûr jusqu'à présent aucune inquiétude, ce dossier n'est pas sur notre bureau. Et s'il n'y a pas de dossier, il n'y a pas de décision dans les tuyaux», a-t-elle dit en marge d'une conférence à Florence, ce qui n'est, en réalité, pas aussi rassurant que la France veut bien se l'imaginer.

Deux questions: 1) s'il a fallu dépenser 700 millions pour acquérir des trains inutiles, aux seules fins de sauver sept cents emplois, n'aurait-il pas été plus simple de distribuer une prime de départ d'un million à chaque ouvrier pour qu'il se trouve un nouveau travail? et 2) les 700 millions devront-ils grever les comptes de campagne du candidat Hollande lors de l'élection présidentielle, à supposer qu'il soit dans la course? (cp)