Sottise ou mensonge?

«Sans surprise, les élus lausannois ont donné, mardi soir [6 septembre], leur feu vert à la Ville. Celle-ci pourra rejoindre le groupe formé par les grandes villes de Suisse qui souhaitent tester la consommation légale de cannabis au travers de différents projets. (…)»1

Il n'y a pas de surprise, en effet, car la commune de Lausanne manifeste depuis fort longtemps son «modernisme» en matière de lutte contre la toxicomanie, aussi bien à la Municipalité qu'au Conseil communal. Il faut dire qu'elle est dominée par la gauche.

Or donc, puisque la gauche l'a emporté, en l'occurrence, par cinquante-quatre voix contre vingt-cinq, voyons un peu les arguments qui l'ont poussée à rejoindre le groupe de travail constitué par les villes de Bâle, Berne, Genève et Zurich.

Vient tout d'abord le prétendu constat de l'échec de la répression. Et là, on parle chiffres, ça fait sérieux: 3,1 kilos de cannabis sont consommés quotidiennement à Lausanne et les toxicomanes suisses en absorbent annuellement 40 à 60 tonnes, «soit un marché illégal voisin du demi-milliard de francs, que les villes veulent tenter d'encadrer». Fort bien. Mais comme on ne nous dit pas à combien se monterait la consommation si on remplaçait la répression par la légalisation, l'argument ne vaut rien.

Et qu'entend-on par encadrer ce juteux marché?

Il semblerait que l'idée soit de mettre fin à l'activité des trafiquants en se substituant à eux. C'est du moins ce qu'on peut déduire des propos, paraît-il pleins d'humour, du député vert Vincent Rossi, qui affirme: «Le meilleur moyen de lutter contre les dealers de rue est de leur couper l'herbe sous le pied!»  Ha! Ha! Ha! Couper l'herbe… Vous avez compris?

Cette géniale idée n'a rien d'original et a été démolie il y a plus de vingt ans par le journaliste Jean-Philippe Chenaux2. La fourniture de la drogue par l'autorité ne supprimera ni le trafic ni les trafiquants. D'ailleurs, si tel était le cas, la gauche lausannoise n'aurait pas manqué d'en faire état à coups d'exemples bien documentés.

Dernier argument: «Continuer avec une recette qui ne donne pas de résultat est un signe de défaite, indigne de notre société.» C'est toujours M. Rossi qui s'exprime, pompeusement cette fois.

On pourrait affirmer, dans cette drôle de logique culinaire, qu'il faut cesser de réprimer le vol, le viol, le meurtre, l'assassinat, l'escroquerie, la pédophilie, l'enlèvement, la violence conjugale et j'en passe, puisque, en dépit de la répression, il y a toujours des voleurs, des violeurs, des meurtriers, des assassins, des escrocs, des pédophiles, des kidnappeurs, des maris qui battent leur femme et des femmes qui battent leur mari.

La gauche lausannoise n'a pas les pieds sur terre ou alors elle ment. Ce n'est pas une découverte. On en a eu un autre exemple, en matière de drogue, à propos du retour, en juin, du local d'injection et d'inhalation pudiquement baptisé, cette fois, «espace de consommation sécurisé»3. Ce local comporterait huit places: quatre pour l'injection et quatre pour l'inhalation. Or, nous dit-on, quelque cinq cents personnes seraient l'objet de la sollicitude municipale, ce qui est beaucoup trop pour un local d'aussi faible capacité. Le municipal Tosato balaie la difficulté d'un «seuls les plus démunis seront utilisateurs de cet espace» quelque peu discriminatoire. Comment ce socialiste concilie-t-il cette assertion avec l'égalitarisme si cher au cœur de ses pareils? Et comment compte-t-il alors restreindre les scènes de la drogue et veiller à ce que tous les consommateurs bénéficient d'une limitation des risques grâce à un espace hygiénique?

On ne sait pas trop si ces messieurs-dames de la gauche lausannoise manquent totalement de bon sens ou s'ils nous prennent pour des débiles mentaux.

M. P.

 

1 http://www.24heures.ch/vaud-regions/lausanne-region/oui-experience-joint-legal/story/16872179.

2 La drogue et l'Etat dealer, Lausanne, Centre Patronal, 1995.

3 http://www.24heures.ch/vaud-regions/Lausanne-un-local-d-injection-a-nouveau-sur-les-rails/story/11503770.

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