Une question de prix

Guerre du lait

Sentimentalement, je partage les angoisses des producteurs de lait et je suis d’ailleurs prêt à payer moi-même deux francs le litre de ce breuvage si le paysan peut recevoir un franc pour sa peine. Actuellement, le paysan ne sait pas le prix qu’on lui versera pour le lait qu’il livre et il s’irrite des marges prélevées par les distributeurs.

Mais la révolte est vaine: il y a trop de producteurs, pour une demande insuffisante. La chute des prix éliminera les exploitations les moins rentables, ce qui fera diminuer l’offre et permettra l’adaptation des prix à la hausse.

Mais le cycle continuera : alléchés par la hausse du prix, certains paysans se lanceront à nouveau dans la production laitière, jusqu’à la prochaine surproduction et le prochain effondrement du prix.

En outre, l’homogénéisation du lait, sa pasteurisation, son conditionnement en briques ou en bouteilles, son transport dans les centres de distribution sont des services, dont le prix n’est pas négligeable. Je m’étonne qu’un consommateur puisse trouver «scandaleux» que l’ensemble de ces prestations coûte deux fois le prix du liquide, et trouve en revanche normal que le prix d’une bouteille d’eau plate, vendue au magasin, coûte deux cents fois la valeur du contenu.

Salaire des cadres supérieurs

Il est question régulièrement, dans la presse populaire, des revenus des dirigeants de multinationales, que certains voudraient limiter à n fois le salaire du salarié le plus modeste de l’usine.

Vous observerez que personne ne s’indigne des revenus d’un Zidane, d’un Federer ou d’un Tiger Woods, pas plus que des cachets perçus par Tokyo Hotel, ou des subventions allouées à Pro Helvetia.

Il est pourtant probable que l’action du Dr Vasella, patron de Novartis, a été et est encore plus bénéfique pour l’ensemble de la Suisse que celle d’un Michael Jackson pour l’Amérique.

Finalement, le salaire du président de Novartis ne concerne que les clients de cette entreprise et ses actionnaires. Et jusqu’à aujourd’hui, à ma connaissance, les grands groupes pharmaceutiques n’ont pas tendu la main pour obtenir des subventions publiques.

Le prix de la liberté d’expression

Quel est le prix de la liberté d’expression? Si l’on en croit M. Olivier Français, conseiller municipal de Lausanne, qui a fait interdire sur le territoire de cette commune l’affiche des opposants aux minarets, «il faut mettre un terme à une liberté d’expression devenue excessive».

Outre qu’une aussi colossale imbécillité mériterait à coup sûr le prix Champignac, il vaut la peine de s’interroger sur le prix qu’un peuple réputé évolué est disposé à payer pour la préservation de la liberté d’expression des autres !

Or, chaque fois qu’une opinion pourrait être de nature à chagriner une frange marginale de la population, elle est stigmatisée comme raciste, haineuse, discriminatoire et évidemment inadmissible…. à condition toutefois que la minorité qui pleurniche ou qui s’indigne fasse partie des groupes de pression que le politiquement correct se doit de caresser dans le sens du poil.

Parmi ceux-là, évidemment, les Africains, les juifs et les homosexuels. Loin derrière, les musulmans (qui ont tous les droits chez nous, mais pas dans la bande de Gaza), eux qui sont les disciples d’un prophète pacifique – quoique pédophile – et les bienveillants protecteurs des dhimmis que nous sommes.

Rien à voir avec d’autres sectes supposées maléfiques, comme l’Eglise de scientologie qui prétend guérir les toxicomanes – horresco referens – par l’abstinence, ou les raéliens, dont le Grand Maître s’est vu refuser une autorisation de séjour en Valais!

Le prix de l’impôt pour les chiens

En mai 1985, je commettais un article d’humeur proposant de réclamer aux propriétaires de chiens un impôt proportionné aux nuisances sociales provoquées par ces bestioles, «mettons, de dix à vingt mille francs par année, selon la race».

J’admettais néanmoins que pourraient en être dispensés «les chiens d’aveugles, les chiens d’avalanche et quelques autres, dont l’utilité sociale serait démontrée».

Bon prince, je concédais qu’on pourrait prévoir égalementun rabais«pour les spécimens aphones, édentés et rasés, en dehors des agglomérations urbaines».

Une avalanche de protestations salua mes propositions, que je réitère néanmoins aujourd’hui, au moment où une initiative vise à transformer l’impôt sur les chiens en une taxe affectée.

Les initiants pourraient d’ailleurs bien se tirer une balle dans le pied, car si l’on comptabilisait la totalité des nuisances générées par les chiens, dans les lieux privés et publics, et qu’on fasse payer aux propriétaires le dédommagement de ces nuisances, grâce à une taxe affectée, on pourrait assez vite faire grimper l’impôt actuel d’un sérieux pourcentage.

Finalement, ils l’auront bien cherché.

C.P.

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